• Travail pour ATTAC et le MRAP - Christian DELARUE


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  • DECLIN DU POSITIVISME - MONTEE DE LA DIALECTIQUE

     

    Extrait d'une intervention de Daniel BENSAID (1) Site ESSF

    Le titre et les intertitres sont de Christian DELARUE

     

    Il semble que la culture philosophique soit obstinément réfractaire à la dialectique...

    I. Dans sa contribution introductive, Lucien Sève évoque un intérêt pour la pensée dialectique dans les années 50, qu'il illustre par de nombreux noms, auxquels j'ajouterais celui de Lucien Goldmann, comme si cette promesse avait connu une éclipse dans les années 70. Sans aller aussi loin qu'Alain Badiou, qui ne veut admettre que quatre dialecticiens français (certains d'entre vous parviendront à reconstituer cet attelage), on doit constater, en dépit des grandes figures dialectiques de Pascal ou de Rousseau, une misère tenace de la pensée dialectique en France. Déjà relevée par Marx, notamment dans ses brèves remarques impitoyables envers Auguste Comte, elle fut aussi soulignée par Trotsky qui notait dans La Révolution permanente " l'aversion " envers la dialectique " répandue dans les milieux de gauche français " ; ainsi que par Gramsci, constatant brutalement dans ses Cahiers de prison, que " le Français n'a pas une mentalité dialectique et concrètement révolutionnaire ". Cette aversion n'est évidemment pas le fait d'une incapacité génétique, mais d'une histoire politique et culturelle.

     

    1 - REPUBLIQUE REVOLUTIONNAIRE OU REPUBLIQUE THERMIDORIENNE

     

    II. Elle est le corollaire de la domination positiviste (pensée de " progrès dans l'ordre ") dans les sciences humaines universitaires et de son hégémonie dans le pacte républicain sur lequel s'est constituée la IIIe République. C'est contre cette emprise du " Parti intellectuel " et de ses Lanson, Lavisse, Langlois que s'insurgeaient marginalement le jeune Péguy ou Georges Sorel. Dans Pour Marx, Althusser considérait au contraire Comte comme " le seul grand philosophie français du XIXe ". Or, le positivisme est une idéologie typiquement thermidorienne visant à conjurer le péril révolutionnaire et ses turbulences. Blanqui fut l'un des rares, au sein du mouvement ouvrier naissant, à comprendre cette dimension apologétique du positivisme. Il faudrait citer sur ce point des pages entières de ses carnets.

     

    2 - LOGIQUE CLASSIFICATOIRE OU LOGIQUE DIALECTIQUE

     

    Le positivisme comme idéologie de réaction donc. Non plus la république révolutionnaire, mais la république contre la révolution, avec son catéchisme et sa religion civile. Ce qui s'explique : alors que les Allemands les Italiens, a fortiori les Russes, avaient besoin pour accomplir leur émancipation nationale ou sociale, de la critique dialectique, l'idéologie conservatrice française, après juin 1848 et la Commune a tout fait pour s'en débarrasser. Le " matérialisme souterrain de la rencontre ", joliment invoqué par Althusser dans ses derniers textes, était battu en France avant même la réception de Marx. Et le " marxisme introuvable " naissant, celui de Guesde et de Lafargue auteur du Déterminisme économique, était d'emblée mâtiné de positivisme. Il lui était donc difficile de passer d'une logique classificatoire des définitions à une logique dynamique (dialectique) des déterminations, de l'abstrait au concret, telle que Marx la met magistralement en œuvre dans le Capital. Sous ses formes les plus rigides, le structuralisme à la mode des années 60 put prolonger ce refoulement, en donnant à penser des structures pétrifiées, sans événements ni subjectivité, et des systèmes d'autant plus privés d'histoire que l'histoire réelle du siècle devenait douloureuse à penser.

     

    3 - DIAMAT STALINIEN CONTRE DIALECTIQUE

     

    III. Le marxisme orthodoxe, érigé en raison d'Etat dès les années 30 par la bureaucratie stalinienne triomphante, n'eut aucun mal à profiter de cet état de choses, pour établir l'emprise de son " diamat " dogmatisé et canonisé. Ce fut une sorte de seconde mise à mort de la dialectique. Une sorte de Thermidor dans la théorie, dont les prémisses sont évidentes dès la condamnation de la psychanalyse et du surréalisme lors du sinistre congrès de Kharkov, et dont l'immortelle brochure du " choryphée de la science ", Matérialisme historique et matérialisme dialectique, fixe la doctrine. La dialectique devient alors une méta-logique formelle, une sophistique d'Etat bonne à tout, et notamment à briser les hommes, en attendant de casser les briques. La dialectique de la conscience critique (Lukacs, Korsch) recule alors devant l'autorité de la Raison d'Etat.

     

    4 - LE FRONT POPULAIRE EN PHILOSOPHIE

     

    IV. Cette réaction dans la théorie croise un autre processus, notamment en France. Sous prétexte de défense - légitime dans une certaine mesure et jusqu'à un certain point - du rationalisme et des Lumières contre les crépuscules mythologiques, ce que j'appelle le Front populaire en philosophie complète le Front populaire en politique, scellant un alliance anti-fasciste sous hégémonie de la bourgeoisie. A l'occasion de son tricentenaire, célébré par Politzer, Descartes c'était déjà la France ! Cette apologie de la raison non-dialectique, c'est aussi la victoire posthume de la sainte méthode sur le dialecticien Pascal (en dépit des audaces de Lefebvre à son propos). Même Lukacs, qui avait jusqu'à son texte de 1926 sur la spontanéité et la conscience, résisté au tribunal de ses détracteurs, s'attelle alors au livre, qui n'est pas son meilleur, sur la Destruction de la Raison (qui ne paraîtra qu'après la guerre). La victoire de la contre-révolution bureaucratique exige en effet une logique binaire (du : " qui n'est pas avec moi... " ; du : " ne pas hurler avec loups... ") du tiers exclu : pas de lutte possible, même asymétrique, sur deux fronts. Cette logique d'intimidation et de culpabilisation a fait bien des dégâts politiques (au moment de le Hongrie, de la Tchécoslovaquie, de la Pologne, et plus récemment encore de l'Afghanistan, ou des Balkans).

     

    5 UN NOUVEL ESSOR DE LA PENSEE DIALECTIQUE EN 7 POINTS

     

    Lucien Sève semble convaincu que nous assistons à un nouvel essor de la pensée dialectique. Ce serait bon signe. Un signe que les vents tournent et que le travail du négatif reprend vigueur contre la pensée-Carrefour, qui nous somme de " positiver " à tout prix, contre les rhétoriques du consensus et de la réconciliation générale. Il y aurait de bonnes et fortes raisons pour qu'il en soit ainsi : un urgent besoin de pensée critique et dialectique inscrit dans l'air du temps.

    1. Une raison historique d'abord. Après les tragédies du siècle écoulé, nous ne pouvons plus nous baigner dans le fleuve tranquille du progrès à sens unique et ignorer la redoutable dialectique benjaminienne du progrès et de la catastrophe. A fortiori dans la mutation incertaine du monde qui se dessine depuis une vingtaine d'années. Et ce besoin de dialectique s'exprime aussi dans le besoin d'une écologie critique capable de d'intervenir sur deux fronts, face aux béatitudes de la mondialisation marchande, mais aussi face aux tentations crépusculaires de la deep ecology.

    2. Le renouvellement des catégories d'une logique dialectique à la lumière des controverses scientifiques autour du chaos déterministe, de la théorie des systèmes, des causalités holistiques ou complexes, des logiques du vivant et de l'ordre émergent (à condition de circuler avec précaution d'un domaine à l'autre), mettent à l'ordre du jour un dialogue renouvelé entre différents champs de recherche et une mise à l'épreuve renouvelée des logiques dialectiques.

    3. Un besoin pressant de penser la mondialisation et la globalisation) du point de vue de la totalité (de la totalisation ouverte), pour comprendre les nouvelles figures de l'impérialisme tardif et intervenir politiquement dans le développement plus inégal et plus mal combiné que jamais de la planète.

    5. Un besoin pressant de penser le siècle du point de vue d'un espace/temps discontinu, socialement produit, et de conceptualiser une temporalité politique spécifique, de la non contemporanéité et du contretemps, au lieu de penser paresseusement l'histoire selon les catégories chronologiques linéaires du post et de l'ante (post-capitalisme, post-communisme...).

    6. Un besoin pressant de penser le progrès effectif du point de vue du développement (ou de la " transcroissance " dans la terminologie de Trotsky), et non de l'accumulation ou de " la croissance sans développement " que critiquait déjà pertinemment Lefebvre.

    7. Enfin, le dégel de la guerre froide et l'interférence complexe de multiples conflits oblige à sortir de la logique binaire des " camps " sous hégémonie étatique d'une mère patrie (fût-elle celle du socialisme réellement inexistant) et de réintroduire le tiers exclu pour s'orienter stratégiquement dans des conflits comme ceux des Balkans ou du Golfe.

    Si cette actualité de la pensée dialectique se vérifie, il faut s'attendre (et s'en réjouir) à ce qu'apparaisse demain ou après-demain, après le Livre noir du Communisme et le Livre noir de la psychanalyse, un " Livre noir de la dialectique ". Cela signifierait que la contradiction antagonique n'a pas été neutralisée sous couvert de complémentarité, ni dissoute dans une " opposition non de contradiction mais de corrélation ". Cela signifierait aussi la mise en échec du fétichisme du fait accompli, de l'éviction du possible au profit d'un réel appauvri. Et que la " philosophie du non ", le travail du négatif, le point de vue de la totalité, les " sauts " imprédictibles célébrés par Lénine dans ses notes marginales à la Logique de Hegel, n'ont pas été définitivement domptés.

    A travers la dialectique, c'est bien la Révolution qui est visée.

    Le Lukacs de Histoire et Conscience de classe et de La pensée de Lénine l'avait bien compris. C'était, il est vrai, au cœur de la tourmente, pendant les années de crise qui sont, logiquement, des années d'intensité dialectique.

     

    1 Extrait de :

    Etat de la pensée dialectique en France et dans le monde ?

    BENSAÏD Daniel

    septembre 2005

    Intervention au séminaire sur la dialectique organisé par Lucien Sève et Espaces Marx, septembre 2005.

     

     

     

     

     


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  • Tribune libre 

    FSM 2008 : L'ALTERMONDIALISME CONTRE LE RALLYE DAKAR

    C'est avec joie que de nombreux militant(e)s altermondialistes ont appris que le rallye Dakar ne soufflera pas sa 30e bougie cette année ! L'article de Romain AMARO (1) sur le site Bellaciao en témoigne: ce serait "la première bonne nouvelle de l'année" !

    Il n'aura pas lieu pour des raisons de fond mais pour des raisons conjoncturelles de sécurité : c'est uniquement les répercussions de l'assassinat de quatre touristes français en Mauritanie qui AURAIENT commandé l'annulation de l'édition 2008 du Paris-Dakar.

    Si nous déclarons constamment notre condamnation du terrorisme comme moyen d'établir le droit de vivre dignement et la fin des inégalités contre la logique du profit nous affirmons aussi que ces rallyes sont odieux : ils charrient tout ce qui nous révulse en termes de mépris multiples :

    - mépris des peuples, car les populations n'ont évidemment jamais été sollicitées pour un tel déferlement de machines, car si le profit est juteux pour les organisateurs nous ne voyons pas les retombées positives pour les populations pauvres de cette région du monde, alors que les nuisances elles sont réelles. Avec cette débauche de fric et de jouets couteux (les 4X4) devant la misère ce sont bien les riches qui viennent scandaleusement s'amuser devant les pauvres.

    - mépris de la vie, - car il y a cette apologie paroxistique de la « bagnole » qui va au-delà de ce gout morbide pour ce qui est froid et mécanique pour aller jusqu'au laisser faire criminel avec les multiples accidents occasionnés par les passages des bolides dans les villages ou près de ceux-ci. - car si le profit est juteux pour les organisateurs nous ne voyons pas les retombées positives pour les populations pauvres de cette région du monde, alors que les nuisances elles sont réelles. Avec cette débauche de fric et de jouets couteux (les 4X4) devant la misère ce sont bien les riches qui viennent s'amuser devant les pauvres.

    - mépris écologique car ces engins sont polluants mais aussi très consommateurs de pétrole.

    Face à tous ces maux, il importe de stopper ces "rallyes de la honte".

    Une pétition est ouverte sur le site

    http://www.stop-rallyedakar.com

    1) Le Dakar ne soufflera pas sa 30e bougie cette année ! de Romain AMARO

    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=58776


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  • LE GESTE SOLIDAIRE CONTRE LE MEPRIS DE CLASSE!

    S'adresser à un clochard crasseux, lui parler, ne relève pas de la charité mais témoigne d'un geste solidaire et politique qui heurte frontalement la haine de classe et le travail de division qui en découle. Puisque le FN et Sarkozy font le jeu du capital en divisant constamment les salariés et le peuple en stigmatisant le fainéant ou l'étranger alors le "geste solidaire" participe à recréer symboliquement l'unité que le travail de la haine casse . Reste qu'il faut ensuite tout faire pour favoriser l'intervention populaire transformatrice contre une logique mortifère.

    - Ce qui empêche l'expression populaire contre le mépris de classe, pour le changement (1)!

    Des élèves sortant des "grandes écoles" enchaînent des stages rémunérés à 300 euros par mois (2), des salariés précaires couchent dans leur auto et glissent vers la pauvreté et la vie misérable qui lui est associé . Parllèlement le racisme se diffuse dans la société . Les élites y jouent un rôle fondamental qui alimente la haine ordinaire . Bref toute la gamme des mécontentements du peuple est là. Elle doit s'exprimer, pour peu qu'elle ne se trompe pas de cible. S'exprimer pour revendiquer un clair changement et non pour ergoter sur "la mauvaise éducation des jeunes d'aujourd'hui" ou l'incurie des hommes politiques . Revendiquer le progrès social, la fraternité et l'égalité, voilà une noble activité qui est moins aisée que l'on croit . Elle existe comme aspiration évidente mais elle est contrecarrée par divers facteurs et acteurs chargés d'opérer divertissement . En l'espèce il n'y a pas que les médias a faire oeuvre perverse manifestement aliénante, de celle qui fait le lit du lepénisme et du fascisme .

    En effet on trouve toujours des individus un brin adepte du FN ou des zélés du travail soumis aux dicktats du patronat pour en appeler au silence, ou au maintien de "l'effort au travail personnel", ou à la méditation spirituelle mais surtout et dans tous les cas au refus de l'examen des logiques libérales mortifères et destructrices. Les mêmes ne se privent nullement de diffuser une haine incoercible à l'encontre des pauvres, des voisins, des salariés revendicatifs (la haine du fonctionnaire) mais se taisent sur le travail de sape des possédants . D'ailleurs ils ignorent ce qu'est la bourgeoisie comme ils ne voient le mépris de classe qui les habite. Certes, nul n'a le monopole de l'amour et de la raison. Pas même, faut-il le préciser, celui qui écrit ces lignes et qui pourtant se refuse ordinairement aux facilités du mépris de classe comme du mépris sexiste et raciste . Je dirais à celles et ceux qui ont le mot "mauvaise éducation" aisément à la bouche pour culpabiliser les parents modernes que c'est aussi histoire d'éducation, une éducation certes différente de l'ordre moral de Bernard Anthony alias Romain Marie ! J'observe d'ailleurs que la haine des riches n'est pas aussi courante que celle diffusée contre son voisin différent mais pourtant si proche et qu'elle n'existe fondamentalement que par l'accroissement des inégalités, que par l'existence de l'appauvrissement généralisé y compris des couches sociales moyennes.

    - La bourgeoisie n'a qu'une religion qui s'accomode de l'insécurité sociale!

    Puisque j'évoque le rôle néfaste de la bourgeoisie je souligne avec Samuel HOLDER (2) qu'il y a "une façon trop sommaire d'apprécier uniquement les bourgeois comme une collection d'individus riches qui s'en mettent plein les poches, détruisent les services publics, licencient cyniquement les travailleurs et rejettent les pauvre dans la rue ou dans les zones de relégation en périphérie des villes. Tout cela est évidemment d'une vérité tangible, aveuglante. Mais la bourgeoisie a des armes de domination infiniment plus élaborées qui paralysent, font diversion et créent de faussent solidarités ("La France pays des Droits de l'Homme" ou "Allez les bleus!" par exemple) ; Elle fournit à toutes les classes les représentations du monde adéquates à sa domination, engrande partie par le canal de la télévision. Ces représentations s'étayent sur une manipulation sophistiquée des émotions, des désirs et des dégoûts des spectateurs. Le journal de 20 heures est à la fois un appel aux larmes devant le spectacle des malheurs du monde et un conditionnement à l'indifférence "/puisqu'on y peut rien/".

    Le capital est de plus en plus obsédé par le profit maximum, par l'appropriation privée et la soumission de toutes les activités à la logique marchande, une grave addiction qui conduit aux pratiques d''exclusion les plus diverses , aux renouvellement des dispositifs d'exploitation de la force de travail y compris dans le secteur public. Le discours économique libéral est très largement dominant dans la société. A ses côtés on ne trouve que la cacophonie et l'anomie, celle de la diffusion médiatique qui favorise "la foire au sens" sur fond d'individualisme . Foire aux sens qui n'offre quasiment aucune perspective réellement critique puisque même les formes d'oppression comme le sexisme ou l'intégrisme religieux ou le racisme qui ne dépendent pas directement du fonctionnement du mode de production capitaliste peuvent perdurer.

    Le travail de la raison critique va de pair avec l'éducation au geste solidaire qui repousse la haine de classe. Suivons ici la maxime de Martin LUTHER KING :" L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité, seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine, seul l'amour le peut."

    Christian DELARUE


    1 - La transformation sociale : un "dépassement" vers quelle société? Christian DELARUE Bellaciao
    2 - Mise sous tension et perte de soi dans la société capitaliste par Samuel HOLDER in Carré Rouge n°37 nov 2006
    2 - ibid p32

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  • LA DEMOCRATIE, L'EDUCATION POPULAIRE ET LA REDISTRIBUTION DES RICHESSES.

    (Com. Démocratie)


    I - ATTAC ET LA REDISTRIBUTION DES RICHESSES


    ATTAC s'est interessé d'abord à la taxe Tobin (cf petit livre de François CHESNAIS) puis aux paradis fiscaux (du moins certains comités comme celui de St Malo) Cela était nécessaire au regard de l'évolution de la financiarisation du monde (cf appel d'Ignacio RAMONET de décembre 1997) . Mais il faut aller plus loin car notre système démocratique est déficient à propos du budget . La démocratie devrait normalement permettre une information claire sur l'impôt et sur la redistribution financière. Ce n'est pas vraiment le cas.

    Dés lors ATTAC association d'éducation populaire a bien à remplir une mission en la matière. ATTAC a publié en 2005 un petit livre intitulé "Vive l'impôt" qui brosse largement le sujet et qui contredit d'emblée la vulgate libérale-populiste. Enfin localement, Michèle RAULT du comité de St Malo a récemment clarifié les notions utiles à une bonne appréhension de la question.



    II - LA DEMOCRATIE ET LA REDISTRIBUTION DES RICHESSES


    Pour son fonctionnement en mode réduit (façon libérale ou social-libéral) ou en mode élargi (développement des services publics) l'appareil d'Etat, via le MINEFI et notamment la DGI et le Trésor, doit régulièrement prélever des ressources pour les réaffecter . Un souci élémentaire de justice sociale implique se pencher sur les deux aspects : d'abord le prélèvement des ressources et ensuite la redistribution financière.

    - Quel prélèvement des ressources : Revendiquer de façon démagogique - si ce n'est poujadiste - la "baisse des impôts" permet aux libéraux de sauter le questionnement critique et citoyen pour maintenir le peuple dans un état de réaction émotionnelle primaire .Avant de répéter bêtement le mot d'ordre des riches encore faut-il savoir qui est surtout sollicité pour la contibution . En clair, qui paye ? Plutôt les entreprises ou surtout les particuliers? Ou en est-t-on de l'impôt sur les sociétés ? Parmi les particuliers - les ménages - les riches sont-ils réellement sollicités "à proportion de leur facultés contributives"? Ou en est-on de l'impôt sur la fortune? N'est-ce pas les couches salariées intermédiaires que l'Etat sollicite surtout? Le mode d'imposition est-il juste faisant appel à un impôt progressif tel l'impôt sur le revenu ou, au contraire, est-il particulièrement injuste, faisant appel à une taxation fixe sur la consommation qui désavantage les ménages modestes qui ne peuvent épargner et qui consomment l'intégralité de leur salaire? La recherche des fraudeurs est-elle ambitieuse par la mise en oeuvre de moyens efficaces à l'encontre des professions qui peuvent aisément dissimuler leurs bénéfices ou se contentent-elle de vérifier les professions les plus transparentes?

    - Quelle redistribution des ressources? Les entreprises ont besoin d'un environnement qui favorise leur implantation et le développement de leur production marchande. Va-t-on prendre sur les profits accumulés des entreprises pour satisfaire les besoins du capital ou va-t-on pomper les "contribuables" ordinaires? Les services publics ont aussi besoin d'être financé. Mais est-ce les pauvres et les couches moyennes qui vont devoir payer ce financement?



    III - LA JUSTICE FISCALE ET LES LIBERTES

    Bien d'autres questions sont posées tant sur les prélèvements que sur l'allocation. Le débat démocratique lors des prochaines élections devrait permettre d'éviter le détournement des aspirations du peuple à la justice fiscale par le patronat. Le récent "besoin d'air" du MEDEF (livre de Laurence PARISOT) consiste une fois de plus à exiger de nouvelles libertés pour le capital au détriment des salariés : liberté de ne pas payer d'impôts, liberté d'entreprendre, liberté de licencier, liberté de mal payer, liberté de faire travailler plus vite et plus longtemps, bref liberté d'exploiter toujours plus... Décidemment, nos libertés ne sont pas les leurs!

    Christian DELARUE
    Commission démocratie

    Fiscalité internationale pour des ressources publiques
    http://www.france.attac.org/article.php3?id_article=3583

    A économie mondialisée, fiscalité globalisée
    http://www.france.attac.org/spip.php?article2901

     


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