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Par ockren le 31 Mai 2010 à 21:44
CUMUL DES EMPRISES ALIENANTES
EMPRISE DU RELIGIEUX ET EMPRISE DU TRAVAIL ET DU DIVERTISSEMENT
Introduction sur "autrui" avec Fromm et Sartre.
Autrui et Fromm et Sartre : Equilibration contre hybris
Le Fromm de la destructivité et celui de la possessivité
Le Sartre de "la valeur de l'être humain" et celui de "l'enfer c'est les autres".
Fromm distingue Etre et avoir mais précise qu'il y a quand même besoin d'avoir. C'est surtout l'hybris (l'excès) de l'avoir qu'il condamne. Ses thèses s'ordonnent plus me semble-t-il vers la destructivité de certaines personnalités que sur la possessivité qui ne peut qu'être un aspect du premier " défaut ". Il a écrit un seul livre sur le sujet - Etre ou avoir - qui n'est pas le meilleur ouvrage de l'auteur. Point de vue personnel qui mériterait développements, je lui préfère le "Coeur de l'homme" par exemple plus riche en analyse. Fromm est psychanalyste mais sur un champ théorique particulier que l'on dit culturaliste au sens large. En fait il laïcise les normes des trois grands monothéismes en insufflant une pensée qu'il nomme alternativiste à partir de Spinoza, Freud et Marx. Je l'ai beaucoup fréquenté et je le trouve aujourd'hui un brin austère sur les normes et trop généraliste au plan des connaissances et de l'épistémologie. Je me suis donc éloigné de lui sans nécessairement l'oublier.
A) Autre regard sur la possessivité.
La possessivité en matière relationnelle peut se traduire par deux excès, l'un par l'exclusivisme au sein du couple (la bonne vieille morale religieuse laïcisée) et l'autre par la conquête effrénée des "don juan" masculin ou féminin (libertinage). Ce n'est pas le comportementalisme qui renseigne en vérité sur la force de cet instinct ni sur ses modalités variables selon les sociétés et les individus. De même, l'attachement peut aussi bien être la composante qui valorise pleinement l'humain qu'un manque d'autonomie relevant de la pathologie. Là aussi la psychologie cognitiviste renseigne peu. Son incompétence incite selon mes vues à tendre vers de la tolérance et de la compréhension.
B) Sartre, la rencontre de l’autre et la question de l’estime et de la reconnaissance.
Mettre l'humain au centre des relations c'est accorder avec force malgré nos limites une valeur, une estime à l'autre quelque soit les modalités réelles de la relation. Il faut je crois être plus précis : l'autre n'est pas ce qui empêche l'autonomie mais un enrichissement relationnel, un enrichissement de soi . En ce sens je suis contre le Sartre de "l'enfer c'est les autres" qui s'accorde d'ailleurs bien avec l'individualisme du concurrentialisme contemporain mais je suis en accord avec un autre Sartre qui pose avec force
"L'être de l'homme, c'est la valeur". Ce qui place la reconnaissance au cœur du projet altermondialiste.C) Religerer : Se relier à deux niveaux
Point de Dieu dans le ciel ni trop de fétiches marchands mais un projet qui pose une transcendance sociale. On dit une alternative. " Religerer " signifie ici se relier horizontalement avec autrui dans une dynamique de respect, d'amour et d'amitié. Religerer avec un projet qui n'exclue pas la jouissance immédiate contre le militantisme ou le familialisme - deux hybris ici aussi - mais néanmoins d'un projet qui - outre les tâches éducatives obligées (responsabilité à l’égard des enfants) - implique une pratique de transcendance de l'existant. C’est ici que reconnaissance s’articule à émancipation car il n’y a pas que les relations choisies, il y a les multiples rapports sociaux reproduisant oppression, exploitation et domination.
I - SORTIR DE L EMPRISE ALIENANTE DES RELIGIONS.
A) Le procès des religions
Les trois religions monothéistes juive, chrétienne et islamique forment des "coincés" de la sexualité. C'est ce qui ressort des lectures de Michel Onfray qui poursuit les travaux d'un Raoul Vaneigem. Ce n'est pas parce qu'il existe des individus entièrement dominés par le sexe comme d'autres le sont par le jeux ou l'alcool au point de ne pouvoir faire autre chose (signe de dépendance) qu'il faille tordre le bâton dans l'autre sens en se privant de rapport sexuel. Les trois monothéismes ont peur du sexe et de la femme. Patriarcat oblige la peur du sexe débouche sur la peur de la femme - misogynie - et sur un discours et des pratiques sexo-séparatistes dures. Si l'islam radical et même l'islam tout court est le plus offensif dans la défense de ce volet patriarcal (1) , les autres religions ne sont pas inactives. Elles sont juste plus allusives. En tout état de cause les relations homosexuelles et les relations hors mariages sont fustigées plus que les autres péchés capitaux. Tendanciellement, la femme ne doit pas exister, elle doit passer d'enfant à mère (2).
Ce faisant les religions incitent à renier une part de soi-même pourtant source de bonheur et d'enrichissement. C'est cette austérité qui est critiquée à raison par Michel Onfray. Pendant longtemps les croyants et surtout les croyantes ont vécu les relations humaines sur le mode de la prudence, de crainte de sombrer dans le péché et d'aller en enfer sous les flammes de Satan. Cette modalité craintive n'a pas disparue mais elle est moins dominante qu'avant. L'autre sexe n'est pas nécessairement perçu comme dangereux mais les religions, selon des modalités variables, continuent d'encadrer "l'amour normal" de façon stricte. De ce fait la moindre phrase dans la Bible, la Thora ou le Coran allant dans le sens d'une limitation des relations sexuelles est exploitée à des fins interdictives et avec une extrême sévérité. Du point de vue de l'intensité de la charge de culpabilisation religieuse, il vaut mieux vaut sombrer dans l'alcoolisme ou la dépendance au jeux vidéo ou être accro du travail que libertin et ouvert aux relations humaines dans leur diversité. Pour ces derniers l'obligation de respect humain se transforme vite en invectives et combat de redressement moral.
B) Libération et ouverture.
Si il y a une souffrance qui vient de la religion c'est bien cette intox du surmoi qui plombe les individus soumis. La libération vient avec la sérénité avec l'acceptation du désir sexuel comme élément normal de tension vers autrui. La libération vient quand la tolérance envers soi-même et envers autrui s'affirme au sens ou l'on se juge moins et l'on juge moins autrui.
Une fois cette critique faite, il convient d'ajouter une collusion avec le système capitaliste patriarcal. Perdre l'influence de la religion ne suffit pas au "bien vivre relationnel" car il y a encore le travaillisme qui pousse à épuiser sa force de travail pour vivre avec son complément contemporain l'addiction télévisuelle ou pour les jeunes l'addiction aux jeux vidéo . Ces activités viennent hors toute pesanteur religieuse tuer le désir de rencontre charnelle de l'autre. D'autres couples factuels viennent assécher une possible richesse relationnelle : travaillisme et sport intensif ou travaillisme et activisme militant. A décharge, militer apparait comme une nécessité. Ne jamais oublier de revendiquer une baisse du temps de travail et de son intensification est nécessaire au "bien vivre".
«Pour un monde de jouissances à gagner, nous n’avons à perdre que l’ennui.»
Raoul Vaneigem in Traité de savoir vivre à l’usage des jeunes générations
Notes :
1) Le Traité d’athéologie de Michel Onfray et l’islamofascisme. C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1068
2) Comment les trois monothéismes ont-ils tué la femme ? C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1075II - EMPRISE DU NEOCAPITALISME SUR LES "CERVEAUX DISPONIBLES" : ALLIANCE DU TRAVAILLISME ET DE LA TELEVISION
Le néo-capitalisme correspond à celui de l'emprise des consciences via la télévision. Il est au service de la "religion du marché " (Eric Toussaint) Les propos qui suivent sont issus d'un texte (2) de B Stiegler. Je ne suis pas l'auteur sur l'ensemble de sa position mais ses vues sont stimulantes pour la réflexion.
A) Reconnaissance comme point de passage entre subsistance et existence
Le capitalisme du XXe siècle a capté notre libido et l’a détournée des investissements sociaux. Or c’est par la sublimation que notre libido fait de nous des êtres sociaux plutôt que des barbares. C’est l’énergie libidinale qui est à l’origine de ce qu’Aristote appelait la philia, l’amitié entre les individus (philia, en grec, veut dire amour). Aristote dit que pour vivre en société il faut que nous nous aimions, que nous ayons de l’estime les uns pour les autres, et d’abord pour nous-mêmes. Aujourd’hui nous n’existons plus : nous subsistons. Exister, c’est être reconnu par les autres à travers des relations sociales. Il n’y a plus de relations sociales, d’échange symbolique, de libido. Le marketing a exploité la libido des parents puis celle des enfants et les a détruites.
B) Libido et les deux pulsions
Or, quand on détruit la libido, il reste les pulsions qui donnent al Qaeda aussi bien que Richard Durn, cet homme qui a assassiné la moitié du conseil municipal de Nanterre en 2002.Tous, nous sommes pulsionnels mais, en principe, notre éducation transforme nos pulsions en libido. Par exemple quand on tombe amoureux d’un homme ou d’une femme, on ne lui saute pas dessus. Cela existe, s’appelle le viol, et c’est réprimé. Quand on tombe amoureux on socialise la pulsion sexuelle et on cultive dans le temps une relation où l’on considère que l’objet de son amour n’a pas de prix. C’est ce sentiment que le capitalisme détruit peu à peu. Il est ainsi en train de détruire la parentalité.
Christian Delarue
http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=12945
BERNARD STIEGLER | Le capitalisme est en train de s'auto-détruire - Les devenirs de la philosophie à Paris 8
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Par ockren le 13 Janvier 2010 à 02:38
Critique de l’émancipation selon N Sarkozy
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Ce petit billet critique de l’émancipation selon N Sarkozy est dédié à la mémoire de Daniel Bensaïd .
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Figurez-vous que N Sarkozy, chef de l’Etat français, a évoqué l’émancipation dans un de ses discours (1). Bon c’est rare. Très rare.
Si vous avez loupé ce moment, il vous faut juste écouter ou lire ou relire son discours en participation au "grand débat" sur l’identité nationale lancé par Eric Besson . Occupé à fournir des réponses sur d’autres aspects de son discours le thème de l’émancipation est passé inaperçu . Émancipation de qui par rapport à quoi ? Quelle domination ? Écoutons d’abord N Sarkozy. "La France est un pays d’émancipation où chacun aspire à s’élever selon ses talents, ses mérites, son travail". Le début de phrase porte sur l’aspect collectif de l’émancipation et la fin de phrase sur l’aspect individuel. De ce point de vue on peut dire que N Sarkozy prend en charge les deux volets de l’émancipation. Une prise en charge particulière !
I - Critique de l’aspect COLLECTIF de l’émancipation selon N Sarkozy
Il dit : La France est un pays d’émancipation. Veut-il dire que la France est périodiquement adepte de grands mouvements de contestation, de résistance, de révolutions sociales ? Il le sait mais c’est précisément ce qu’il veut nier. Cet effacement se fait en deux temps, dans l’aspect collectif - ici - et dans l’aspect individuel (en II).
Dans la conception de N Sarkozy l’émancipation collective est déjà là. Et même pour une grande par elle relève même du passé. La tâche est donc accomplie. Il n’y a plus de lutte collective de libération a engager. Sans trop faire dans la surinterprétation , on peut penser que N Sarkozy s’inscrit dans le courant de pensée qui voit dans la Révolution française de 1789 une révolution achevée. Sans doute l’histoire de France depuis lors a montré des reculs et des avancées en matière de droits démocratiques, de droits humains mais le cadre est posé pour lui comme pour les libéraux. Les français doivent faire avec puisque la France est sortie de l’ombre et de la domination des ordres rigides qui caractérisait le Moyen Age en 1789.
Petit doute quand même. Voilà qui semble contredire certains de ses propos de campagne de 2007 sur l’identité nationale française ; une identité qui remonterait à la nuit des temps et que les identitaires reprennent aujourd’hui. Rapprochement : Le néolibéralisme a une spécificité qui le distingue du libéralisme classique qui fait que l’émancipation peut être plus celle des marchés que des droits humains. Fin aout 2007, devant une assemblée de patrons du MEDEF, N Sarkozy faisait l’apologie de l’entrepreneur. Voilà une catégorie sociale, une " section de peuple " qui doit avoir les " coudées franches " pour la conquête des marchés. L’émancipation des marchés se décline en émancipation des entrepreneurs et des entreprises. Point d’émancipation pour les travailleurs. De la subordination et mieux, une acceptation consciente des contraintes comme signe de liberté puisque philosophiquement il faut accepter ce que l’on ne peut changer.
Le mérite de cette position, avec son infléchissement, si elle est correctement explicitée, montre à quel point pour la droite, la révolution de 1789 est achevée. La question sociale apparue au XIX siècle ne saurait déboucher sur une autre révolution qui prendrait la suite de celle de 1789. La Commune de Paris de 1871 n’est donc pas un pas de plus vers l’émancipation collective mais une erreur du peuple en colère. Pour la Gauche, à quelques exceptions, la Révolution française est une promesse, un commencement, un appel à la citoyenneté, à la construction d’institutions sociales. L’émancipation collective est loin d’être terminée. L’histoire donne pour partie raison à la gauche. Dans cette perspective, la gauche a soutenu Caillaux et son impôt sur le revenu alors que la droite l’a combattu et faisait plus tard la promotion d’un impôt injuste : la TVA. La gauche d’après guerre instituait la Sécurité sociale, de nombreux services publics avec un statut du fonctionnaire et de nombreux droits sociaux dont le SMIC. Le mouvement ouvrier est largement à l’origine de l’élargissement du sujet démocratique . Or aujourd’hui Kessler ( ) appelle les politiques à détruire ces conquêtes ouvrières. Hélas il n’y a pas que la droite à avoir répondu positivement à Kessler et ce bien avant que Kessler ait explicitement posé la revendication du MEDEF.
La dimension collective de l’émancipation est bloquée et en régression sous l’effet de deux grands ordres de pratique. Il y a d’une part le néolibéralisme qui ne se contente pas de détruire des conquêtes sociales et démocratiques pour revenir en arrière mais qui entend étendre la sphère des institutions du capital donc le nombre des entreprises privées travaillant pour le profit via le marché mais aussi instituer - c’est sa spécificité par rapport au libéralisme classique - des normes de type marchande là ou le marché ne saurait s’implanter. Il y a d’autre part la dégénérescence bureaucratique du communisme du XX ème siècle.
II - Critique de la dimension INDIVIDUELLE de l’émancipation
La fin de sa phrase porte sur l’aspect individuel : "Chacun aspire à s’élever selon ses talents, ses mérites, son travail".
Si l’émancipation doit se poursuivre c’est dans une perspective individuelle et même individualiste fondée sur le mérite. Point de privilège de naissance comme sous l’Ancien Régime mais une reconnaissance assurée au mérite. Et le mérite passe par le travail . Mais ce travail s’inscrit au sein d’une école très sélective s’agissant de l’acquisition des qualifications et au sein du salariat et de son rapport social pour ce qui est du travail proprement dit. Ce n’est plus la simple reconnaissance de ce qui avance en chacun de nous y compris les moins avancés . N Sarkozy défend ce cadre-là avec sa double dimension concurrentialiste et travailliste-productiviste. Son modèle d’individu est celui de l’entrepreneur conquérant inséré dans la guerre économique. Cette guerre économique est un fatum. Aucune émancipation collective n’est concevable à son égard. On ne peut qu’y participer avec éthique. L’éthique de la guerre et l’éthique du capitalisme ne saurait évidemment empêcher de poursuivre ces deux guerres.
Or le concurrentialisme et le travaillisme-productiviste ne sont pas de l’ordre de la nature mais un construit social tout comme le marché. Et ce construit social est très générateur de dominations donc de recherches d’émancipations collectives et individuelles. N Sarkozy n’y peut rien. Juste réprimer un temps . Pas plus. C’est de l’ordre du réel appréhendé sous l’angle de la contradiction dynamique. Une résistance nait toujours de l’oppression. Et de cette résistance surgit des capacités et de nouvelles puissances d’émancipation et d’alternative(s). Emanciper c’est donner de la puissance pas de la violence.
N Sarkozy et la droite font semblant d’ignorer la domination au travail issue de l’exploitation du travail salarié tout comme d’ailleurs les autres formes de domination dont le sexisme et le racisme. Il saute aux yeux que rien n’interdit à priori à une société donnée de continuer à développer les capacités diverses dans le cadre scolaire et de promouvoir ensuite que nul (adulte) n’est exempt de participer à la production de l’existence sociale ce qui suppose un partage du travail entre travailleurs et chômeurs par une RTT non compensée en intensification du travail. Un écrasement des revenus est aussi possible en relevant ceux d’en-bas et baissant ceux d’en-haut.
Depuis l’avènement du néolibéralisme se construit un individu compétent et entrepreneur tourné exclusivement vers la recherche maximale du profit . Il participe de plus en plus à l’oppression d’autrui et à la domination dans le travail salarié subordonné. Cela crée des résistances et une aspiration collective au changement social. C’est de cette aspiration que surgit la perspective d’un socialisme pluriel.
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Résumé pour les adeptes de la lecture transversale :
* au plan collectif de l’émancipation, N Sarkozy dit la lutte du tiers-état est finie et la lutte de classe aussi avec une exception notoire il faut "aider" la classe des entrepreneurs opprimés par les rigidités diverses.
* au plan individuel, il fait l’apologie de la lutte des places.
Christian Delarue ex-LCR
Sarkozy apporte sa contribution au débat controversé sur l’identité nationale
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Par ockren le 28 Novembre 2009 à 09:39
MANAGEMENT
Malgré les souffrances dans le prive le "sale boulot" arrive dans le public!
Initialement c'est une note sur le rapport Difenbacher pour la CE du SNADGI-CGT 35. Je l'ai aménagé et complété ici ou là.
Le contexte 2009 concernant le travail est constitué de suicides, de souffrances sur fond de précarité, de chômage, d'intensification du travail, de salaires à la baisse. Ce contexte salarial n'est pas que français, puisque des auteurs comme Michel Husson ont montré que l'écart salaire-profit n'avait cessé de s'agrandir depuis 20 ans au détriment des salaires ( ). Quand au chômage et à la précarité, nul besoin de longs développements car nombreuses sont les familles qui ont un jeune mais aussi un adulte dans cette situation. C'est dans ce contexte, et à la suite de l'orientation de N Sarkozy en 2007 sur le "travailler plus pour gagner plus" que Michel Diffenbacher, député, rend son rapport en mai 2009 sur "L'interessement dans la fonction publique", dans les trois fonctions publiques en fait.Les entreprises privées connaissent un système de prime depuis 1959. Ce système s'est perfectionné et a été généralisé, notamment dans les entreprises publiques lorsque les socialistes se mirent à faire l'apologie de l'entreprise au début des années 8O. Avec les primes apparurent les cadences infernales non seulement dans les usines mais aussi dans les bureaux. L'infomatisation a accrue cette intensification. Mais il ne suffisait pas aux entreprises d'accroitre les cadences pour augmenter les profits, il fallait aussi pour satisfaire la clientèle maintenir un travail de qualité. La norme fut donc celle du travail intensif de qualité. Aux managers de trouver le moyen de parvenir à ce niveau d'exigence. La réponse fut un système plus élaboré de primes, avec pour pilier une très forte prime pour celles et ceux qui parviennent à obtenir quantité et qualité.
Voilà ce que M Difenbacher préconise pour les trois FP. On sait pourtant aujourd'hui plus qu'avant l'état de tension généré par ce système très inégalitaire puisque seuls les plus performants reçoivent un gain conséquent. Les sentiments de déclassement des uns sont plus courants et plus vifs d'autant que les effets du surclassement des autres peuvent être insupportables. L'auteur le sait et préconise une phase de transition avec moins d'écart en montant de prime. La somme qu'il propose est de 300 euros dans un premier temps. Ce qui est attendu est que les "rapides" vont se mettre à soigner la qualité et que les "qualitatifs" trop lents vont se mettre à accélérer le pas. Ceux qui n'arriveront pas seront pénalisés car il ne s'agit plus de payer le travail mais la performance. Son rapport précise que ce changement majeur heurte la culture de la FP mais que les mentalités évoluent et que le moment est venu . Effectivement les cadres des trois FP deviennent de plus en plus les laquais du capital. Il deviennent de plus en plus des "exploiteurs" froids et cyniques, les yeux rivés sur les tableaux de statistique... et sur leurs primes. Par contre les personnels de base - C, B, A - sont plus résistants et critiques ainsi que la plupart des syndicats. Pas tous car le passage par la signature des "partenaires sociaux" est préconisé avant le passage au Parlement.
M Difenbacher précise aussi que son projet de réforme ne serait pas contraire au statut de la fonction publique. Pourtant le statut de la FP est fondé sur la qualification - diplôme national -concours catégoriel - formation au poste - et non sur la compétence . La compétence est le fruit de la formation théorique et pratique d'adaptation au poste d'affectation. Ce statut de la FP permettrait donc pareille situation d'arbitraire et d'inégalité ! Pour riposter, M Difenbacher ose citer M Thorez et l'idée de proportionnalité de la rémunération à l'effort. Sans vouloir défendre Thorez il faut souligner l'habileté et même la manipulation . Car l'auteur oublie évidement le cadre statutaire fait du respect des qualifications qui empêche que le plus gradé gagne moins que le moins gradé et le principe qui veut que tout fonctionnaire doit bien vivre de son travail, y compris les moins "performants" . Or il y existe aujourd'hui en France des fonctionnaires pauvres. Longtemps la Grande-Bretagne en a eu la spécificité. C'est fini. En outre, désormais il faut attendre la fin de carrière pour disposer d'un salaire au-dessus du salaire médian. Et le salaire médian est peu élevé. N'oublions pas qu'aujourd'hui l'immense majorité des fonctionnaires sont des prolétaires (1).Il faut refuser
- Le harcèlement comme méthode managériale de suivi - même poli en la forme - quotidien des objectifs et résultats tant quantitatifs que qualitatifs.
- la dynamique de déclassement-surclassement produite par le système des primes à la performance.
- la baisse généralisée des salaires
Il faut défendre:
- la rémunération du travail ordinaire hors tout référence à la performance
- le système de la qualification
- une nouvelle RTT hebdomadaire en France et en Europe
L'inversion de la dynamique historique de réduction hebdomadaire du temps de travail liée à l'intensification du travail et à la réaction sarkozystz produit le surtravail des uns et le chômage des autres. Pour les travailleurs l'intensification produit en outre, hors travail, un penchant fort pour le divertissement le plus plat, par ailleurs totalement contraire à l'investissement citoyen. Le soir, après le travail, les envies de ressortir pour des activités citoyennes sont anéanties et les capacités de lecture sont réduites et même les émissions de télévision ne suivent pas la pente de la qualité. La demande rejoint l'offre sur une base de médiocrité. C'est ainsi que se prépare les régimes fascistes. L'expression paraîtra forte mais un auteur a pu montrer que la propagande abrutissante avait grandement participé à la montée du nazisme.
XX
1) Prolétaires signifie qu'ils épuisent chaque mois leur salaire pour vivre ou faire vivre leur famille. La frontière supérieure du prolétariat dans les pays développés évolue de 2700 euros à 3200 euros selon les conditions de vie. Au-dessus, entre 3000 et 5000 euros par mois, il y a la couche aisée des travailleurs (salariés ou indépendants) ou du petit patronat. Au-dessus des 7000 euros commence la rémunération des dirigeants. Ce n'est plus alors le mois qui est l'unité de "poids" mais l'année. Certains atteignent des niveaux exorbitants qui font d'eux une espèce humaine à la fois très cupide mais aussi très parasitaire. Les parasites d'en-bas font pitié pas ceux d'en-haut. Vers eux ce tourne notre colère revendicative.
Débat sur l'Humanité entre G Tron UMP, J-M Canon UGFF-CGT et Anicet Le Pors Ancien Ministre de la FP.
http://sgpen.cgtnord.free.fr/Binder1.pdfvotre commentaire
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Par ockren le 29 Janvier 2009 à 21:57Mieux vaut cinq jours de grève à la suite que...
jeudi 29 janvier 2009 (19h19)
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article79211Mieux vaut cinq jours de grève à la suite que 10 journées éparpillées dans l'année.
Les premiers chiffres entendus sont impressionnants. Il ne sont pas encore justes. Reste qu'on en rêvait depuis longtemps de cette manifestation !
C'est clair, le peuple-classe de France ne veut pas trimer plus quand les fauteurs de crise s'en mettent encore plein les poches ! La minorité politiquement dirigeante autour de Sarko, de son gouvernement et de son parti ainsi que la minorité économiquement dominante autour de Parisot, du MEDEF et du grand patronat doivent entendre le peuple-classe en colère dans toute sa diversité, tant en âges qu'en professions y compris les retraités et la jeunesse étudiante. Il y manquait sans doute des indépendants et les hauts cadres du privé et du public. Il y manquait ceux et celles qui risquent le licenciement s'ils font grève. Il y manquait les "fayots" en tout genre. Mais cela importe peu ce 29 janvier il y avait bcp de salariés et des professions indépendantes dans la grève et dans la rue pour NE PAS VOULOIR PAYER LEUR CRISE, celle de l'oligarchie financière, celle de la bourgeoisie, celle des capitalistes. Je l'ai entendu comme jamais ! Je n'en reviens pas. Les revendications sont loin d'être identiques. Un syndicat cfdt ne voulait qu'un "contenu social" à la relance ! Des batailles sont à mener !
Ce qui signifie que la question de la suite de la grève se pose avec force. Maintenant aux syndicats d'entendre aussi que la journée massive ne suffit pas. Il ne suffit pas de scander grève générale pour qu'elle surgisse. Mais dans plusieurs villes, comme à Rennes, des syndicalistes unitaires et de lutte ont crée des assemblées pour envisager les modalités de reconduction démocratique et collective de la grève. Mieux vaut cinq jours de grève à la suite que 10 journées éparpillées dans l'année. Voilà une idée qui fait son chemin.
La base militante bouge. Elle sait bien qu'il faudra pousser pour gagner ! Par chance une large fraction des manifestants semble déterminée.
Christian Delarue
Un texte plus long publié le lendemain
29 janvier, une première réponse à Sarkozy et Parisot. C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article586
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Par ockren le 30 Décembre 2008 à 18:02
Manifestation à Paris de camarades rennais
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