• LES STATISTIQUES ETHNIQUES INUTILES ET DANGEREUSES


    Limité à des cercles restreints (1) - celui des scientifiques en faisant usage - le débat sur les statistiques ethnique est apparu sur la scène médiatique (2). La question des statistiques ethniques n'est pas seulement technique - besoin d'améliorer et de perfectionner plus l'appareil existant (3 ) mais éthique et politique.

    Pour ceux qui en font la défense, il s'agirait de se doter des outils permettant réellement de "favoriser la diversité" (3) et même d'éviter le communautarisme (les mêmes dans Regard). Pour d'autres l'outil actuel permet de connaitre suffisamment (4) l'état des discriminations racistes tant dans l'emploi que dans le logement et dans d'autres domaines encore.

    - Réduire les discriminations, mon oeil !

    Ce n'est donc pas principalement du côté de la technique qu'il faut regarder mais du côté des effets d'une telle politique. Même dans un contexte positif les statistiques ethniques sont un danger car dans un premier mouvement elles mettent les individus en catégories, en "races" alors que non seulement là n'est pas leur identité réelle (en ce sens que la discrimination raciale même à des fins compensatrices reste encore et toujours une discrimination raciste) mais en plus ce n'est pas leur identité ressentie . De plus dans le mouvement plus abouti, elles opèrent nécessairement une classification fausse, aux frontières aléatoire et donc contestables. Ces statistiques ethniques ont des effets sociaux pervers : elles vont accroitre une catégorisation, une éthnicisation, une racisation qu'il s'agit précisément d'empêcher ou de réduire. Déjà à ce niveau le MRAP se déclare contre les statistiques etniques.

    - Diviser pour régner : on dit désormais "communautariser".


    Vu le contexte politique (Un président de la Pépublique N. Sarkozy reprenant plus qu'il ne les combat les thèses du FN) et législatif (La loi Hortefeux part en guère contre les migrants) ces statistiques ethniques ne peuvent à fortiori trouver à développer une queconque politique positive . Le contexte autoritaire et xénophobe voire raciste n'est pas à la mise en application d'une politique de discrimination positive visant à réhausser dans la société la place des immigrés qui pour l'essentiel subissent la domination, les différentes formes d'oppressions et d'exclusions, notamment dans l'emploi et le logement mais aussi dans d'autres secteurs. Le danger est donc grand.qu'un tel appareillage serve plus à conforter ces inégalités d'accés et ses discriminations racistes. Vu le contexte le MRAP est résolument contre les statistiques ethniques.

    - La droite et le patronat joue sur les deux tableaux !

    Le même qui pendant sa campagne électorale stigmatisait globalement les musulmans sous couvert de communautarisme s'emploi à le favoriser. Car Claude BEBEAR comme Nicolas SARKOZY savent que l'ethnicisation du social produit des effets similaire à celui de sa nationalisation : ce sont les conflits de classe qui passent à l'arrière plan avec notamment les enjeux qui en forme le contenu.: en termes de garanti de l'emploi, de garanti du service public partout sur le territoire et notamment dans les quartiers les plus abandonés de la République, et in fine enjeux de redistribution des richesses . Ce qui nous fait dire que la solution passe par une politique économique et sociale forte en faveur de l'emploi, du logement, de l'école y compris des universités et plus généralement des services publics. Nous pensons qu'il faut favoriser la présence syndicale dans les entreprises petites ou grandes afin que ces syndicats puissent intervenir contre les discriminations racistes et toutes les autres discriminations injustes..

    Christian DELARUE

    1)- La revue La Recherche consacre son dossier du mois d'octobre 2006 au thème «L/a science et les races/» (n°401, 5,95 €).
    Les conclusions du colloque du 19 octobre 2006 sur les statistiques ethniques sont consultables à partir du lien ci-dessous:
    http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/notecussetstatistiquesethniques.pdf

    2) - Pour la première fois la CNIL organise en janvier 2007 des auditions ouvertes à la presse sur le thème de la mesure de la diversité.
    http://www.cnil.fr/index.php?id=2171

    Les acteurs associatifs interviennent : Le combat des pétitions relaté dans un article de Libération:.

    Contre les associations, des chercheurs se disent favorables au recensement racial.
    Les statistiques ethniques, ni tout blanc ni tout noir .
    Par Didier ARNAUD, Catherine COROLLER
    QUOTIDIEN : mercredi 7 mars 2007
    http://www.liberation.fr/actualite/societe/239234.FR.php

    - Le Cran riposte.
    Pas d'etnique dans les statistiques.
    http://www.liberation.fr/actualite/societe/236953.FR.php
    Alors que le communautarisme s'invite dans la campagne, «Libération» publie une pétition qui s'élève contre l'apparition de «statistiques de la diversité» en France.
    Par Didier ARNAUD, Fabrice TASSEL
    QUOTIDIEN : vendredi 23 février 2007


    3) - Une étude de scientifiques favorables aux statistiques etniques:
    Patrick SIMON et Martin CLEMENT de l'INED ont rédigé un Rapport d'enquête pour caractériser l'origine. Ils ont distingué trois manières de caractériser l'origine : l'ascendance, l'origine géographique, l'identité ethno-raciale (Blanc, Noir, Arabe, Asiatique...)
    http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1206/publi_pdf1_139.pdf

    4)- Claude BEBEARD dans son rapport fustige "l'opacité satistique" comme un défaut de moyen donné en vue d'assurer la diversité dans le recrutement et l'intégration dans les entreprises.
    Rapport officiel
    Des entreprises aux couleurs de la France
    Minorités visibles : relever le défi de l'accès à l'emploi et de l'intégration dans l'entreprise
    par CLAUDE BEBEAR Président de l'Institut Montaigne, Président du Conseil de Surveillance d'AXA et Président du Conseil d'Administration d'IMS-Entreprendre pour la cité
    http://docsite.cgt.fr/1112620600.pdf

    http://www.ladocumentationfrancaise.fr/catalogue/9782110058775/



    5 ) - Les stats ethniques existent déjà :
    - François HERAN, Directeur Général de l'INED, après avoir distinguer les fichiers anonymes ou anonimisés des fichiers nominatifs rappelle que "la statistique publique étudie de longue date les origines des immigrés y compris s'ils ont acquis la nationalité française".
    http://cgtinsee.free.fr/dossiers/stats%20ethniques/article%20le%20monde%20la%20stat%20ethnique%20possible%2015%20sept%202006.pdf
    - Un propos de Dominique VIDAL : "Là encore, certains découvrent la lune. Depuis 1999, des enquêtes officielles de l'Institut national des études démographiques (INED) ont intégré le pays d'origine et la nationalité des personnes". in
    *Quelles statistiques ethniques ?
    *http://www.monde-diplomatique.fr/2007/05/VIDAL/14708

    - Faut-il des statistiques ethniques ?
    Section de Toulon de la LDH <HTTP: www.ldh-toulon.net>
    http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article165

    - Débat interne SOS Racisme
    Racisme, le bon côté des quotas
    http://www.discrimscope.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=60&Itemid=54
    /Francis Terquem avocat, fondateur de SOS Racisme, membre des Amis du Cran /contre son confrère et camarade Patrick Klugman, vice-président de SOS Racisme


    "DISCRIMINATION RACIALE" ou DISCRIMINATION RACISTE. Christian Delarue
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=51155

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    CONTRE LA TRIBALISATION, LES ASSIGNATIONS IDENTITAIRES ET L'ONTOLOGISATION DES DIFFERENCES 

    Extrait d' « Une note de lecture de Catherine Kintzler, philosophe de la laïcité »  

    Une ontologisation des différences, Catherine Kintzler, blog Mezetulle, 16 nov. 2007. 

    - CONTRE LES STATISTIQUES ETHNIQUES 

    Le cortège des "discriminations positives" est le chantier le plus fécond de la déconstruction républicaine, puisqu'il s'agit tout simplement de récuser l'égalité des droits au profit d'une stratégie statistique qui nie le corps politique pour lui substituer une représentation destinée à "refléter" une prétendue composition de la population, composition que celle-ci ne définit pas elle-même, mais qui lui est fournie par une expertise douteuse qui lui échappe.  

    - POPULATION, PEUPLE ETHNIQUE, PEUPLE POLITIQUE
     

    Et du reste, la notion même de "population", pertinente en sciences humaines, ne l'est pas en politique, laquelle a pour fin de lutter contre les données et les pesanteurs sociales. Suffit-il de former un groupe pour constituer un peuple et n'y a-t-il pas un abîme entre un peuple ethnique et un peuple politique ? Il faudrait tout de même poser la question : en quoi puis-je faire confiance à un représentant sur le seul motif qu'il me ressemble ? Pourquoi une femme devrait-elle nécessairement mieux se reconnaître dans une femme, un Blanc dans un Blanc, un Noir dans un Noir ? Il y a là une accréditation des différences et une négation de toute circulation du débat politique, autrement dit une négation même de l'objet politique, réduit à des cristallisations intangibles, ramené à une tribalisation dont nous ont délivré les fondateurs de la pensée politique classique, Locke et Rousseau.


     


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  • Réponse de Christian DELARUE (à gauche) à Mouloud AOUNIT (qui n'est pas sur la photo prise dans le local "café" du siège national du MRAP): La reconnaissance d'un racisme spécifiquement anti-musulman.

    « UN SIMPLE FOULARD ? UN VULGAIRE FICHU ? OU AUTRE CHOSE »

    Pour situer mon intervention, il me faut dire que j'approuve de nombreuses considérations de ce texte. Je critique principalement le premier paragraphe. J'avance d'autres considérations librement comme un antiraciste qui a fréquenté des musulmans et des musulmanes de plusieurs pays ayant des références religieuses variables et surtout - c'est le plus important - avec des pratiques différentes notamment par rapport à la religion, à la laïcité, aux droits des femmes mais aussi par rapport à l'anti-impérialisme, au sionisme, etc...

    "DISCRIMINATION RELIGIEUSE"

    Tel est le verdict du jugement du 9 octobre 2007 tranchant le conflit entre Horia DEMIATI musulmane voilée et Fany TRUCHELUT propriétaire du gîte de Julienrupt dans les vosges. D'une part c'est une victoire contre le racisme qui frappe les musulmans, d'autre part la présence de l'objet-voile laisse planer une ambiguïté, donc une insatisfaction. D'un côté un motif de contentement, de l'autre le sentiment de confusion. Car peut-on généraliser ce verdict de discrimination religieuse à chaque demande d'enlèvement du voile ou ce cas était-il particulier car le voile n'était que masque d'un racisme anti-musulman. Avec un contexte différent - épuisement de l'idéologie du 'choc des civilisations" - que va-t-on choisir comme positionnement ? Est-ce que l'on distinguera enfin la musulmane et sa religion ou le seul voile. Pour l'heure il semble bien qu'il faille recevoir les musulmanes voilées et donc éviter l'exclusion discrimination, mais rien n'empêche de dire nonobstant que le voile est honni.

    En effet le verdict aurait été différent si la musulmane ostensible avait été reçu dans le gîte mais en précisant que son accoutrement offensif indisposait ! Car on peut haïr les signes religieux trop ostensibles mais se garder de préconiser l'exclusion du travail ou du logement. Reste le problème de devoir travailler plusieurs heures et plusieurs jours avec une femme voilée à ses côtés - ce qui est une situation jugée insupportable par beaucoup - car ressenti comme une oppression religieuse plus pénible encore qu'un crucifix sur un mur.

    TRANSFORMER PAR LE LANGAGE LE COUTEAU EN PETITE CUILLERE

    Le texte de Mouloud AOUNIT banalise le voile islamique (terme générique qui recouvre diverses catégories de voile - 10). Pourtant le port d'un fichu ou d'un foulard ne pose de problème à personne y compris à la propriétaire du gîte vosgien. Je pourrais parier qu'elle a pu en mettre un dans les dix ans qui viennent de s'écouler. Pour ma part, j'avoue qu'il m'arrive de mettre un bonnet (quand il neige) et un casque (quand je suis en moto). Donc si l'on veut être sérieux, il faut bien dire qu'il s'agit d'autre chose. A partir du moment ou le voile est porté été comme hiver, dehors comme dedans ce n'est plus un simple fichu c'est autre chose.

    NB: La "découverte" par le climat date de juin 1989 à Epinal (dans les Vosges déjà et encore)

    L' article de Ghislaine Ottenheimer (2) explique qu'à la faveur de récréations, alors qu'il faisait très chaud, <st1:PersonName productid="la Directrice" w:st="on">la Directrice</st1:PersonName>, voyant une fillette suer, lui aurait demandé de retirer son foulard, ce que la fillette refusa de faire. Au delà de l'anecdote[2], Ghislaine Ottenheimer insiste bien sur l'époque et sur le climat : « Mais de quel droit, sous quel prétexte s'offenser du port d'un couvre-chef quel qu'il soit, en plein hiver ? Là, à la faveur des premiers rayons de soleil, la directrice a testé le caractère emblématique et religieux de ce fichu. ». (voir archive MRAP sur site )



    I - ANALYSES CRITIQUES D'UN EMBLEME

    A) DECONSTRUIRE

    - DONC AUTRE CHOSE

    Le voile islamique est outil de voilage et outil d'un certain islam. Le "certain" fait toute la différence. Il est d'une part un étendard pour l'extérieur et d'autre part pour de nombreuses féministes un instrument d'aliénation pour celles qui le portent. Cet outil d'imprégnation idéologique dit objectivement deux choses : je crois en Dieu, je crois en Dieu en permanence... ce qui finit par insupporter. L'intolérance suscite le rejet. Il dit aussi je suis une femme respectable, ce qui signifie un double insulte :
    - pour un femme sans voile : tu n'es qu'une femme-objet (ou plus vulgairement une pute - et ce n'est pas un phénomène restreint) ;
    - pour les hommes : vous ne me verrez pas comme femme séduisante car vous êtes violeur ou du moins trop concupiscent pour me voire aussi comme être humain dans le même mouvement.

    Je renvoie à ma colère "VOILE ISLAMIQUE ET SEDUCTION" sur Bellaciao (3) et blog chrismondial

    - L'AMALGAME D'UN CERTAIN ANTIRACISME

    La phrase (9) ci après - et notamment l'emploi du terme Autre qui globalise à les musulmanes - montre que le travail de "désimbrication" n'a pas été suffisamment fait : "les personnes interrogées (9) qui adoptent des positions à la fois féministes et antiracistes sont celles qui s'opposent le plus à la loi (de mars 2004), qui refusent de la justifier au nom de la laïcité, de désigner l'Autre (ici les Musulman-e-s) comme différent et de le stigmatiser". Il ne faut en effet pas se tromper de stigmatisation. Il ne faut pas généraliser.

    Car il y a un réel mensonge à amalgamer la critique et la phobie du voile islamique à la phobie de l'islam dans sa globalité. C'est le piège du "faux nez" (7). C'est contraire aux pratiques d'analyse que le MRAP met en oeuvre par ailleurs. D'une certaine manière on pratique ici ce que l'on critique sous le terme d'islamophobie, de racisme anti-musulman ! On reste dans la prise de position inverse - technique classique du mauvais antiracisme de simple renversement - sans passer par la distinction.

    Effectivement le MRAP dénonce à raison " l'amalgame entre islam -intégrisme -islamisme radical" avec pour exemple "l'affaire des bagagistes de Roissy qui se sont vu retirer leurs badges en raison de leurs pratique religieuse" (qui n'avait rien d'anti-laïque ou de sexiste). Effectivement, une argumentation historique et sociologique dès plus conséquente que cite Mouloud AOUNIT dans son texte pèse pour dire que la phobie du voile PEUT cacher un racisme anti-musulman. Mais il n'y a pas de causalité automatique. Il importe de dire qu'il s'agit d'une possibilité de dérapage, d'une forte probabilité mais pas d'une nécessité absolue. De nombreux laïcs et de nombreux antisexistes ou féministes sont critiques et phobiques du voile sans être raciste . "N'allons pas dire - écrit Eric FASSIN - que les femmes des quartiers, en dénonçant la violence qu'elles subissent, ou les féministes laïques, en s'insurgeant contre l'oppression sexiste, sont racistes, ni même qu'elles ne sont que les alibis du racisme" (8)

    B) RECONSTRUIRE

    - PEDAGOGIE ANTIRACISTE : LES DISTINCTIONS A REPETER CONSTAMMENT

    - De nombreux antiracistes critiquent le voile, ils le haïssent mais cela s'arrête strictement au voile. Autrement dit ce rejet ne porte ni sur la personne ni sur la religion. Donc pas sur l'Autre. La religion musulmane est diverses : certains religieux pensent que le voile est une obligation mais pas tous. L'islam d'emprisonnement et d'affichage offensif est très minoritaire en France : peu de jeunes filles et de femmes musulmanes portent le voile.

    - En conséquence plutôt que de reprendre la distinction l'islam invisible et l'islam visible je distinguerais s'agissant des individus l'islam discret et pacifique d'un l'islam ostensible et offensif. A l'égard de ce dernier on ne saurait se montrer tolérant.. Il faut certes respecter la loi mais être aussi à l'offensive.


    - UNE CERTAINE PEDAGOGIE LAIQUE : UNE ETHIQUE DE <st1:PersonName productid="LA RENCONTRE" w:st="on">LA RENCONTRE</st1:PersonName>

    Je précise d'emblée - notamment par rapport à la précision d'un texte de Bernard TEPER publié recemment (6) - que je ne me réfère pas ici au corpus de la laïcité institutionnelle française de 1905 - qui doit certes être défendue en France - mais à l'évolution d'une "mentalité laïque" strictement individuelle qui veut que l'on préfère les signes religieux discrets (voire aucun) aux signes ostensibles ou ostentatoires. Sous l'influence d'une compréhension de l'évolution de la civilisation humaine dans l'histoire (issue d'une lecture personnelle des thèses de Patrick TORT sur le darwinisme) je milite pour que cette mentalité laïque progresse dans tous les pays, pour qu'un pas historique conséquent soit fait en ce sens.

    Le signe religieux ostensible - voile ou kippa ou autre - est donc contraire à la mentalité laique qui se contente de signes discrets .

    - EN CONTRE : Ces derniers manifestent un bon compromis entre liberté d'afficher sa religion sans oppresser l'autre. Car l'affichage ostensible est bien une forme d'oppression. Le fait qu'elle ne soit pas ressenti comme tel par tous ne signifie pas son absence chez certains, notamment chez celles et ceux qui ont déjà subi l'influence du religieux.

    - EN POUR : Le signe religieux discret permet la rencontre pacifique, Comme le souligne le comité de Vitrolle du MRAP (1) un tel espace (laïque) permet la rencontre sans que les croyances, restant intimes (ou du moins discrètes), soit un obstacle relationnel.

    Un voile comme une croix ou une kippa çà s'enlève aisément, sans pour autant abandonner sa religion. Il suffit d'adopter des signes discrets pour satisfaire la mentalité laïque et les critiques de nombreuses féministes. Parler de racisme anti-voile c'est, à la limite, ne pas comprendre ce qu'est le racisme réel, ce que subissent celles - ceux qui ne peuvent enlever tout qui les racise : cheveux frisés, peau mat ou noire, etc.... Et de plus, cela ne signifie pas mépris de la religion (que nous pouvons néanmoins critiquer sur tel ou tel point) que les croyants peuvent pratiquer librement tout en respectant l'autre celui ou celle qui pratique sa religion sans la brandir constamment aux yeux du monde. Cela ne signifie donc pas acceptation des discriminations pour les croyances religieuses des musulmans comme des autres religions. Certaines pratiques religieuses seulement sont à critiquer vivement: celles qui sont offensives.

    II - ANALYSE CRITIQUE DES AUTRES PRESUPPOSES

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    - SORTIR DE <st1:PersonName productid="LA VISION DES" w:st="on">LA VISION DES</st1:PersonName> TROIS COMMUNAUTES FONDAMENTALES

    Dans une contribution au Monde Mouloud AOUNIT (4) écrit : "<st1:PersonName productid="La France" w:st="on">La France</st1:PersonName> républicaine des années 2000 serait-elle composée de trois communautés, une majoritaire "catho-laïque" repliée sur elle-même, et deux minoritaires, juive et musulmane, qui seraient susceptibles de s'affronter à tout moment ?" Le propos vise à sortir la lutte antiraciste de la sectorisation de la tribalisation. Ce qui est positif.
    Mais le même propos devrait conduire à une vision plus contrastée des processus de communautarisation. En fait il n'y a pas plus UNE communauté catho-laique unifiée qu'UNE communauté musulmane unifiée. On pourrait en dire de même pour les juifs de France. Sans doute y a-t-il des points communs qui justifient cette vision en trois communautés mais les différences voire les conflits internes semblent plus importants. Ce qui devrait inciter à relativiser la vision tricommunautaire bien rigide. D'autant que le fractionnement en de multiples sous communautés est renforcée par la diversité du religieux.

    - PRENDRE ACTE DE <st1:PersonName productid="LA DIVERSITE DES" w:st="on">LA DIVERSITE DES</st1:PersonName> INTERPRETATIONS RELIGIEUSES

    Quand on évoque le "retour du religieux" on oubli pour les trois grandes religions monothéistes que l'unanimité d'interprétation des textes et plus encore que l'uniformité dans la diffusion des normes et prescriptions religieuses est un mythe. Au-delà d'un corpus fondateur de chacune, on repère rapidement en quelque sorte des "théologies" dans chaque religion et les pratiques qui en sont issues sont encore plus diverses dans chaque religion. La diversité domine tant au plan historique qu'au plan géographique. On trouvera donc pour chaque religion toute la gamme des visions du monde allant du libéral progressiste acquis relativement à la laicité et à l'égalité des sexes aux visions réactionnaires, à l'intégrisme le plus violent.

    - PRENDRE ACTE DES EFFETS D'INTEGRATION

    Il faudrait ajouter certains effets de la logique républicaine d'intégration-assimilation qui quoi qu'on en pense (elle est passible de vives et justes critiques) vient renforcer la tendance à mentalité laïque.

    Ici et maintenant on ne peut plus aisément raciser la jeune fille voilée par simple effet de l'évidence avec le réel. Ce phénomène de racisation ne peut se produire que dans les sociétés ou islam et voile vont ensemble comme une "seconde nature". Au temps de la colonisation toutes les femmes étaient voilées (énormément du moins) et donc le "racisme anti-voile" était un réel racisme islamophobique (avant le mot) lié au colonialisme. Aujourd'hui le nombre de musulmanes non voilées est immensément supérieur à la petite minorité de jeunes filles voilées, et l'effet d'amalgame ne joue plus automatiquement . Pour beaucoup, la phobie discriminante est très circonscrite à l'objet-voile et ne saurait donc être, sauf délire paranoiaque (11), une islamophobie raciste. Parler d'islamophobie non raciste - car très circonscrite à l'objet voile - laisse d'ailleurs entendre qu'il existe bien une islamophobie raciste. Mais c'est à l'analyse de le montrer. On ne peut recourir à l'évidence comme du temps de la colonisation.

    * Christian DELARUE secrétaire national du MRAP

    Addendum: - CIRCONSCRIRE L'OPPRESSION

    Dire et répéter que le voile signifie, au-delà de la conscience de celle qui le porte, « oppression » (religieuse et/ou sexiste) doit s'accompagner d'un propos de prudence qui vise à relativiser "l'agression". Il faut ici promouvoir une sorte intelligence des rapports humains car il est facile de devenir soi-même oppresseur en luttant contre l'oppression. Au cas présent de devenir raciste islamophobe.

    Pour être plus précis - vu mes responsabilités antiracistes - je ne voudrais pas être mal compris . Mon net rejet du voile ne m'empêche nullement de réagir quand par exemple un chauffeur de bus de ma ville interpelle de façon injurieuse une jeune femme voilée dans son bus. Pas d'injure aux jeunes filles voilées! Le respect de l'humanité de la personne est de droit au-delà de ce qui nous heurte dans son comportement.

    Quant à l'éventualité d'une loi sur l'interdiction des signes religieux ostensibles dans les lieux publics clos ceux ou l'on doit rester en permanence avec de tels individus offensifs, je renvoie au texte écrit sur ce sujet (5).

    Notes:

    1 cf. Différences n° 254 Article intitulé Laîcité, soupçons, tensions... Comment tenter de « désarmer Dieu ? »

    2 cf. site MRAP rubrique archive sous rubrique voile

    3 VOILE ISLAMIQUE ET SEDUCTION
    sur Bellaciao le dimanche 4 novembre 2007 (23h09)
    :
    - http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=54555

    4 Contre l'antiracisme tribal, par Mouloud Aounit LE MONDE 15.06.06
    http://www.mrap.fr/interventions/monde

    5 Que penser, que proposer suite au verdict "julienrupt" (voile vosgien) sur ce blog

    6 Lire : Qu'est-ce que la laïcité ? par Bernard Teper du vendredi 19 octobre 2007
    article publié dans la lettre 31
    http://www.ufal.info/media_flash/1,article,181,,,,,_Qu-est-ce-que-la-laicite.htm

    7 Gérard Bouvier, cité dans la presse avec ces propos : « Le tribunal ne s'est pas laissé abuser par les arguments pseudo-féministes et pseudo-laïcs avancés par Madame (...). Ces arguments sont un faux-nez derrière lequel on trouve un comportement raciste. » .

    8 Eric FASSIN p <st1:metricconverter productid="242 in" w:st="on">242 in</st1:metricconverter> "De la question sociale à la question raciale".

    9 « De l'affaire du voile à l'imbrication du sexisme et du racisme » sur le site du Mouvement des indigènes de <st1:PersonName productid="la R←publique" w:st="on">la République</st1:PersonName>

    10 J'ai repéré 14 types de "voile" d'après un ouvrage de Fawzia Zouari

    http:/www.re2.freesurf.fr/laic/voile2html

    11 On peut cependant dire que pour l'extrême droite et une certaine droite la "théorie" ou plutôt l'idéologie du "Choc des civilisations" a réactivé en quelque sorte le vieux racisme anti-musulmans de l'époque coloniale. Une telle idéologie et une telle peur reste cependant en grand écart par rapport au réel français et européen. Elle ne saurait être majoritaire. Nous serions alors en plein fantasme paranoïaque de masse. Ce serait un délire "cimenté" par une idéologie de moins en moins rationnelle, de moins en moins théorisée et théorisable, donc plus proche d'une croyance stupide qui vise à voir Ben Laden derrière toute jeune fille voilée.

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  • Maurice WINNYKAMEN vient de publier

    GRANDEUR ET MISERE DE L ANTIRACISME : Le MRAP est-il dépassé ?

    aux Editions Tribord

    L'auteur né en 1933 est un ancien militant du MRAP . Il a quitté le MRAP avant 1977, avant que le MRAP deviennent Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples. Il a donc connu et fait vivre un MRAP que beaucoup n'ont pas connu, en tout cas que je n'ai pas connu (1) celui qui va de 1941 - le MNCR - et 1949 - MRAP - alors que le MRAP signifiait « Mouvement contre le Racisme et l'Antisémitisme et pour la Paix » à 1977 date du changement de nom. C'est donc avec intérêt et respect et même admiration que j'ai lu la première partie de l'ouvrage qui porte sur les années antérieures à 1977.
     

    Avenir du MRAP : Réponse à Maurice WINNYKAMEN 1*
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=53901

    *Avenir du MRAP : Réponse à Maurice WINNYKAMEN 2*
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=53936

    Christian DELARUE

    Secrétaire national du MRAP 

     


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  • à gauche Christian DELARUE, à droite Yves LORIETTE  

    MRAP : Tenir tous les bouts.

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    Reprise pour l'AG de janvier 2007 d'un texte présenté au BE du 3 mars 2006

    Christian DELARUE secrétaire national

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    I - Ou va le MRAP ?

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    De nombreux conflits internes ont émaillé la vie du MRAP et certains ont suscité des refus de ré-adhésion. Malgré tout notre mouvement perdure et continue d'accomplir sa mission, de remplir son objet. Il faudrait se garder cependant de persévérer dans un affrontement incompris et destructeur.

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    Depuis l'intégration difficile (entrée puis mise en suspend puis réintégrée) de la notion d'islamophobie dans notre outillage d'analyse du racisme, les débats au sein de la direction du MRAP se sont d'une part durcis surtout avec l'entrée en scène des pro «indigènes de <st1:PersonName productid="la R←publique" w:st="on">la République</st1:PersonName>» ( ) et des pro-Respublica, durcissement qui a effacé les positions intermédiaires entre ces deux extrêmes et d'autre part de plus en plus décentrés par rapport aux préoccupations des comités locaux et des luttes qu'ils mènent .

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    L'année <st1:metricconverter productid="2006 a" w:st="on">2006 a</st1:metricconverter> vu apparaître une nouvelle division avec l'affaire des « caricatures » : Mouloud Aounit et son groupe ami au BE et CA, a une nouvelle fois, selon ses détracteurs, « manifesté sa fascination pour les médias et sa démagogie communautariste » au détriment d'une politique d'animation d'un mouvement de masse. En réponse Paul Muzard (le 20/2) s'est indigné et a fustigé « les attaques et les menaces dont il est régulièrement l‘objet ». Ce dont tout le MRAP reconnaît et se montre solidaire. Cette crise a d'autre part confirmé « l'autonomie brouillonne » de Mouloud Aounit, voire son côté "aventurier". Il cherche pour certains à s'affirmer comme « porte parole auto-proclamé d'une partie de la population d'origine maghrébine et à négocier, sur cette base, une certaine reconnaissance à des fins électorales » ( ).

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    Plusieurs débats se sont télescopé : S'agit-là de la critique du seul comportement de Mouloud ? S'agit-il d'un refus total de l'islamophobie ? refus du terme seul ? Refus d'un certain contenu (débat sur la définition toujours renouvelé) ?

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    En tout cas, cette "politique", de crise et en crise, a exacerbé les tensions existantes au sein du MRAP ; au point de provoquer aujourd'hui, quatre mois après l'accord de fusion (de deux listes en une seule en vue de l'AG du 3 déc. 2005), la création de deux fractions durablement opposées au sein du Conseil d'administration et au-delà sans toutefois toucher l'ensemble des comités. Cette division est dangereuse mais n'a sans doute pas une portée dramatique. Car de chaque bord chacun a conscience qu'une scission du MRAP serait dommageable à l'ensemble de la lutte antiraciste. Reste que ce souci se borne à au seul évitement de la scission mais pas à la modération dans le conflit .

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    Pour ma part, je prends acte de la division du MRAP mais je pense qu'il faut néanmoins travailler à l'empêchement de l'éclatement et au maintien de l'unité du MRAP. Ce qui suppose d'être encore en capacité de parler, échanger et négocier avec les parties aujourd'hui en voie de séparation. Les effets de « l'affaire Tévanian » se dissipant cela devient possible.

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    II - De quelques questions actuelles qui divisent l'antiracisme.

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    Les questions qui divisent le MRAP se font sur fond de politique de ségrégation et d‘inégalités, d'attaque des droits des salariés et des peuples et notamment des couches qui cumulent tous les désavantages. Le racisme sous toutes ses formes est prégnant. <st1:PersonName productid="La CNCDH" w:st="on">La CNCDH</st1:PersonName> le confirme encore.

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    1. Juifs et arabes. Le racisme anti-arabe connaît lui une évolution inquiétante que le MRAP a analysé en 2003 (cf. site, le document de 30 pages intitulé Racisme anti-arabe - nouvelle évolution). Les divers rapports officiels de ces dernières années - commentés par le MRAP - montrent aussi que le racisme contre les juifs augmente. Le danger pour le MRAP mouvement laïque qui lutte contre tous les racismes serait alors de faire le jeu de l'affrontement des communautés et de laisser s‘implanter un tel affrontement ou la préférence communautaire des uns répondrait la défense communautaire des autres. Le groupe animé par Catherine BALLESTERO a permis d'avancer sur ce point.

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    2. La question "religieuse", le sacré et le blasphème. Le mouvement ouvrier s'est toujours refusé à distinguer entre les exploités selon leur confession religieuse, leur croyance à une religion ou non. Le MRAP aussi. La bataille pour l'athéisme n'a pas ainsi été au coeur de l'activité de l‘un et l‘autre, laissant cette action à des associations et syndicats. Soit. Mais de ce fait, comme l'a écrit le 10/2 Pierre STAMBUL, il y a un évitement chez certains courants du mouvement ouvrier de la dimension « réenchantement du monde » dans l'actuel « retour du religieux ». Ce réenchantement lorsqu'il pousse aux manifestations religieuses ostensibles ou lorsqu'il vise à interdire la critique et le blasphème transforme la victime en persécuteur. Soyons clairvoyant ! Si le MRAP ne défend pas principalement le droit de critique des religions et droit au blasphème il ne peut aller contre pour peu évidemment que ce pseudo droit de critique ne soit pas simplement qu'un moyen de diffusion d'un nouveau racisme. Je pense ici aux propos raciste de Redeker.

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    3. La laïcité et l'égalité. La laïcité n'est pas la défense de l'athéisme. Le MRAP ne milite pas principalement pour la laïcité mais cette dernière constitue le fond commun d'une société égalitaire et pacifique au sein duquel les différences identitaires ne sont pas reniées mais relativisées afin de pouvoir se rencontrer et vivre ensemble. A ce propos l'introduction de la tolérance au lieu et place d'un ordre public d'égalité et de laïcité est à critiquer ( ). Si la laïcité fait partie des projets du mouvement ouvrier, la question de son contenu a varié dans le temps et selon les courants. En suivant le versant d'émancipation de la laïcité, tout un pan du MRAP ne peut s'accommoder à raison du "deux poids, deux mesures". Toutes les religions doivent être à la même enseigne. A cet égard les interventions publiques concernant la mort du pape en France rapprochée du vote de la loi sur les signes religieux ostensibles est évocateur d'un traitement différencié totalement inacceptable ( ).

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    4 . La question religieuse réapparaît aujourd'hui au travers de la religion musulmane. On parle d'un « retour du religieux » qui concerne surtout cette religion. L'attaque frontale de cette religion est-elle à proscrire au nom de la solidarité avec les peuples dominés du Sud ( ) ou pour éviter l'accusation d'islamophobie? Oui et non, tout dépend des modalités concrètes de la critique et de son contexte .On s'est déjà laissé surprendre par l'évolution internationale rapide d'un conflit d'interprétation (cf caricatures). Certes à la suite de Marx on peut faire valoir une certaine compréhension de la religion comme « protestation et âme d'un monde sans cœur » (Marx) mais elle n'est pas sans limite même si la défense de l'athéisme n'est la vocation ni du MRAP, ni du mouvement ouvrier. Cependant il ne s'agit pas pour autant d'être opportuniste et a-critique, notamment en matière de féminisme et de laïcité. On retrouve pour partie le débat sur ethnocentrisme et relativisme culturel. Le premier impératif à suivre semble bien de ne pas essentialiser cette religion, ce qu'a fait le sieur Redeker.

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    5. Toutes ces questions ont une dimension internationale et même mondiale.

    Le MRAP, via ses recherches et son militantisme sur l'immigration et les migrants, a toujours eu une dimension internationale notamment nord-sud, une dimension européenne. Désormais peu de domaines échappent à la mondialisation des phénomènes. L'accroche altermondialiste ne saurait n'être qu'un supplément d'âme du mouvement antiraciste. Accentuer nos références à l'altermondialisme serait donc un premier pas positif mais insuffisant. Notre absence lors des forum sociaux régionaux ou mondiaux est dommageable.

    Concernant l'aspect international de l'affaire des caricatures sur Mahomet, ces dernières ont provoqué la réaction violente des secteurs intégristes des pays musulmans du Sud et de certaines communautés au Nord. Face à cette montée de violence des extrémistes qui instrumentalisent le sacré de la religion la défense de la liberté d'expression a connu ici un regain d'expression. Défendre la liberté d'expression ne signifie pas absence de combat sur le contenu et encore moins justifier ce contenu. L'affaire Redeker en est la preuve. L'aspect international est évoqué au regard des solidarités à envisager. Qu'en est-il donc des positions chez les musulmans laïques ? Certains ont défendu la liberté d'expression tout en dénonçant un amalgame qui stigmatise tous les musulmans et qui du coup fait le jeu des intégristes. D'autres soucieux de liberté et combattant ordinairement l'intolérance religieuse ont mis en avant le racisme des caricatures et le racisme de son contexte.

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    6. Le fondamentalisme et l'intégrisme : L'emploi de ces notions font problème. Faut-il alors maintenir une longue dispute sur les définitions ? Les échanges entre certains protagonistes n'ont pas été inutiles mais n'ont pas débouché sur un accord. Faut-il alors en conclure que la division du MRAP est inéluctable sur cette question ? Non, pas en tout point. Lorsque des institutions religieuses musulmanes ou juives veulent imposer dans leurs sociétés ou dans certains quartiers l'intolérance, l'apologie d'ordres sociaux fondés sur l'asservissement des uns par les autres, discriminations sexistes, elles ne peuvent que rencontrer l'opposition la plus irréductible de ceux et celles attachés à l'émancipation humaine. Cela ne devrait pas poser de divergences ici. Mais la manifestation de cette opposition irréductible n'a de sens politique que si elle est compréhensible et susceptible de contribuer concrètement à un mouvement social capable de mettre en cause les errements dénoncés. C'est pourquoi, en la matière, un principe d'action devrait nous guider : pas de dénonciation de l'essence de la religion, mais mise en cause systématique de toute atteinte aux droits démocratiques à caractère universel. Cela impose une pré condition : ne pas mêler notre voix aux crocodiles qui déversent des larmes sur ces malheurs tout en étant complaisants sur les crimes de l'impérialisme.

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    7. Le Hamas et le FIS : points communs et différences. Le Hamas est une organisation islamiste dont le programme – la charte – ne peut que rencontrer notre sévère critique. Malgré ce jugement négatif sur ce programme, on ne saurait oublier que le Hamas réel nous est moins connu mais aussi qu'il est une organisation enracinée dans la résistance du peuple contre l'occupation israélienne de type sioniste-coloniale. Et nous ne pouvons rester neutres ou silencieux devant les mesures récentes du gouvernement israélien refusant, en tout cas pour aujourd'hui, de reconnaître un gouvernement sans lequel participerait le Hamas. Il n'y a d'ailleurs pas au MRAP de texte qui justifie l'affirmation selon laquelle il y aurait eu bienveillance devant l'arrivée du Hamas : les positions écrites votées par le dernier CA sont cohérentes avec les positions du collectif " Palestine " dont font partie LCR, LDH , PC, etc...

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    Ce même critère de place dans les rapports sociaux devrait conduire à formuler une tout autre appréciation sur l'organisation islamiste du FIS en Algérie qui a certes pu capter l'espoir d'opprimés mais qui est tout orienté contre les courants réellement existant se revendiquant d'un avenir d'émancipation. C'est bien l'appréciation politique sur le rôle concret de telle organisation politique ou religieuse qui doit nous guider (JCV).

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    III - Sur quels points pouvons-nous collaborer et travailler ensemble ?

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    1 La lutte contre le CESEDA de SARKOZY mais aussi proposer un programme alternatif aux dispositions restrictives antérieures du CESEDA (cf. exposé à l'université d'été d'attac 2006)

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    2 Lutter contre le « tout sécuritaire » hard ou soft (de droite ou de gauche).

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    3 Lutter contre l'égalité des chances pour l'égalité des droits et des conditions

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    4 Réfléchir à un dispositif progressiste d'intégration et d'insertion économique et social des immigrés (cf. texte débat à Clamart).

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    5 Proposer la citoyenneté de résidence.

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    6 Lutter contre l'apologie du colonialisme (dans les textes -loi du 23 février 2005) et dans les faits DOM-TOM), de l‘impérialisme là-bas (pays ACP) (cf mon texte : fait colonial/fait impérial : les trois France).

    Promouvoir l'amitié entre les peuples, ce qui doit aujourd'hui passer par un ancrage fort à l'altermondialisme.


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  • EDUC POP ET LANGAGE :

    DE LA PROBLEMATIQUE NOTION DE "DISCRIMINATION RACIALE " A CELLE DE DISCRIMINATION RACISTE.



    La législation nationale sur les discriminations et la plupart des textes internationaux évoquent la "race" y compris quand il s'agit de combattre les discriminations. Les sociologues qui cherchent à comprendre les processus discriminatoires existants parlent de discriminations racistes tout comme les associations de lutte contre le racisme qui combattent les discriminations racistes et non les discriminations "raciales" comme le font les juristes. Pourquoi ?

    Il s'agit pour l'essentiel et pour le dire rapidement de combattre l'effet de reconnaissance du langage. Un effet faux et nuisible.

    - Les effets du langage ordinaire.

    Parler de "discrimination raciale" serait reconnaître l'existence des races au sein de l'espèce humaine, ce que le science contemporaine refuse d'admettre car aucune recherche scientifique n'a pu aboutir à une distinction valide des "races" au sein des humains. Les humains n'appartiennent pas à une race comme ils appartiennent nécessairement à un sexe . Déjà la notion d'appartenance religieuse doit être distinguée de l'appartenance à un sexe car les humains peuvent changer de religion ou, ce qui arrive plus souvent, ne plus embrasser aucune religion..

    - Les effets du langage juridique

    Inscrire la "discrimination raciale" dans le droit n'est pas neutre . Cela emporte des effets de reconnaissance dommageables, effets renforcés par le fait que les textes ne mettent pas le terme entre guillemet pour marquer une distance critique avec le terme employé. C'est la législation coloniale et la législation antisémite de Vichy qui a généralisé cette terminologie que les juristes ont repris. Mais aucun des textes juridiques ne s'aventure à définir le contenu des termes utilisés qu'il s'agisse de race ou d'ethnie.

    Christian DELARUE MRAP

    Je me suis inspiré de l'étude bien documentée de Danièle Lochak : La *race* : une catégorie juridique ?
    http://www.anti-rev.org/textes/Lochak92a/

    1. LA *RACE* OBJET DE REGLEMENTATION POSITIVE

    A. La *race*, référent implicite des catégories du droit positif : la
    législation coloniale
    1. Le code noir
    2. De la législation coloniale au régime des territoires d'outre-mer
    B. La *race* érigée en catégorie juridique explicite : la législation
    antisémite de Vichy

    2. LA *RACE*, REFERENCE AMBIGUE DE LA LEGISLATION ANTI-RACISTE
    1. La mise hors la loi des discriminations raciales
    2. La pénalisation des actes et propos racistes
    3. La *race*, donnée "sensible"

    Il semble d'après Danièle Lochak (1) que l'on puisse faire remonter la première apparition du terme race dans la législation française au décret-loi Marchandeau, du 21 avril 1939, qui réprimait la diffamation commise par voie de presse envers "un groupe de personnes appartenant par leur origine à une /race/ ou à une religion déterminée" dans le but d'exciter à la haine entre les citoyens ou les habitants.

    En toute rigueur, prohiber et punir les discriminations fondées sur la /race/ revient logiquement à postuler que de telles discriminations sont concevables, et donc, par voie de conséquence, que les races existent reconnait D Loschak.
    Le Code Noir, promulgué en 1685, a pour objet de "régler ce qui concerne l'état et la qualité des esclaves" dans les Antilles françaises et en Guyane. Malgré son nom et malgré son objet, on y chercherait en vain le mot
    /race/. Il est vrai que ce mot, appliqué aux groupes humains, n'est pas encore d'usage courant, puisque, selon le /Robert/, il ne serait apparu dans cet emploi qu'en 1684. Une autre distinction apparaît en fonction de la
    couleur de peau entre Blancs et Noirs : "Défendons à nos sujets blancs de contracter mariage avec les Noirs",
    Le droit d'outre-mer ne peut ignorer le pluralisme ethnique des sociétés locales, de sorte que de fréquentes références à l'origine ou à l'appartenance ethnique par exemple pour "tenir compte des coutumes et genres de vie des divers groupements /ethniques/"

    L'ambiguïté de la référence aux "origines raciales" est surtout apparue en pleine lumière lors de la publication au /Journal Officiel/ de deux décrets : le premier, en date du 2 février 1990, autorisant les juridictions à mettre en mémoire les données nominatives nécessaires à l'accomplissement de leur mission et faisant notamment apparaître les origines raciales des parties au litige ; le second, en date du 27 février 1990, autorisant le service des renseignements généraux à collecter des informations nominatives faisant apparaître "l'origine ethnique [des personnes fichées] en tant qu'élément de signalement"


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