• à gauche Christian DELARUE, à droite Yves LORIETTE  

    MRAP : Tenir tous les bouts.

    <o:p> </o:p>

    Reprise pour l'AG de janvier 2007 d'un texte présenté au BE du 3 mars 2006

    Christian DELARUE secrétaire national

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    I - Ou va le MRAP ?

    <o:p> </o:p>

    De nombreux conflits internes ont émaillé la vie du MRAP et certains ont suscité des refus de ré-adhésion. Malgré tout notre mouvement perdure et continue d'accomplir sa mission, de remplir son objet. Il faudrait se garder cependant de persévérer dans un affrontement incompris et destructeur.

    <o:p> </o:p>

    Depuis l'intégration difficile (entrée puis mise en suspend puis réintégrée) de la notion d'islamophobie dans notre outillage d'analyse du racisme, les débats au sein de la direction du MRAP se sont d'une part durcis surtout avec l'entrée en scène des pro «indigènes de <st1:PersonName productid="la R←publique" w:st="on">la République</st1:PersonName>» ( ) et des pro-Respublica, durcissement qui a effacé les positions intermédiaires entre ces deux extrêmes et d'autre part de plus en plus décentrés par rapport aux préoccupations des comités locaux et des luttes qu'ils mènent .

    <o:p> </o:p>

    L'année <st1:metricconverter productid="2006 a" w:st="on">2006 a</st1:metricconverter> vu apparaître une nouvelle division avec l'affaire des « caricatures » : Mouloud Aounit et son groupe ami au BE et CA, a une nouvelle fois, selon ses détracteurs, « manifesté sa fascination pour les médias et sa démagogie communautariste » au détriment d'une politique d'animation d'un mouvement de masse. En réponse Paul Muzard (le 20/2) s'est indigné et a fustigé « les attaques et les menaces dont il est régulièrement l‘objet ». Ce dont tout le MRAP reconnaît et se montre solidaire. Cette crise a d'autre part confirmé « l'autonomie brouillonne » de Mouloud Aounit, voire son côté "aventurier". Il cherche pour certains à s'affirmer comme « porte parole auto-proclamé d'une partie de la population d'origine maghrébine et à négocier, sur cette base, une certaine reconnaissance à des fins électorales » ( ).

    <o:p> </o:p>

    Plusieurs débats se sont télescopé : S'agit-là de la critique du seul comportement de Mouloud ? S'agit-il d'un refus total de l'islamophobie ? refus du terme seul ? Refus d'un certain contenu (débat sur la définition toujours renouvelé) ?

    <o:p> </o:p>

    En tout cas, cette "politique", de crise et en crise, a exacerbé les tensions existantes au sein du MRAP ; au point de provoquer aujourd'hui, quatre mois après l'accord de fusion (de deux listes en une seule en vue de l'AG du 3 déc. 2005), la création de deux fractions durablement opposées au sein du Conseil d'administration et au-delà sans toutefois toucher l'ensemble des comités. Cette division est dangereuse mais n'a sans doute pas une portée dramatique. Car de chaque bord chacun a conscience qu'une scission du MRAP serait dommageable à l'ensemble de la lutte antiraciste. Reste que ce souci se borne à au seul évitement de la scission mais pas à la modération dans le conflit .

    <o:p> </o:p>

    Pour ma part, je prends acte de la division du MRAP mais je pense qu'il faut néanmoins travailler à l'empêchement de l'éclatement et au maintien de l'unité du MRAP. Ce qui suppose d'être encore en capacité de parler, échanger et négocier avec les parties aujourd'hui en voie de séparation. Les effets de « l'affaire Tévanian » se dissipant cela devient possible.

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    II - De quelques questions actuelles qui divisent l'antiracisme.

    <o:p> </o:p>

    Les questions qui divisent le MRAP se font sur fond de politique de ségrégation et d‘inégalités, d'attaque des droits des salariés et des peuples et notamment des couches qui cumulent tous les désavantages. Le racisme sous toutes ses formes est prégnant. <st1:PersonName productid="La CNCDH" w:st="on">La CNCDH</st1:PersonName> le confirme encore.

    <o:p> </o:p>

    1. Juifs et arabes. Le racisme anti-arabe connaît lui une évolution inquiétante que le MRAP a analysé en 2003 (cf. site, le document de 30 pages intitulé Racisme anti-arabe - nouvelle évolution). Les divers rapports officiels de ces dernières années - commentés par le MRAP - montrent aussi que le racisme contre les juifs augmente. Le danger pour le MRAP mouvement laïque qui lutte contre tous les racismes serait alors de faire le jeu de l'affrontement des communautés et de laisser s‘implanter un tel affrontement ou la préférence communautaire des uns répondrait la défense communautaire des autres. Le groupe animé par Catherine BALLESTERO a permis d'avancer sur ce point.

    <o:p> </o:p>

    2. La question "religieuse", le sacré et le blasphème. Le mouvement ouvrier s'est toujours refusé à distinguer entre les exploités selon leur confession religieuse, leur croyance à une religion ou non. Le MRAP aussi. La bataille pour l'athéisme n'a pas ainsi été au coeur de l'activité de l‘un et l‘autre, laissant cette action à des associations et syndicats. Soit. Mais de ce fait, comme l'a écrit le 10/2 Pierre STAMBUL, il y a un évitement chez certains courants du mouvement ouvrier de la dimension « réenchantement du monde » dans l'actuel « retour du religieux ». Ce réenchantement lorsqu'il pousse aux manifestations religieuses ostensibles ou lorsqu'il vise à interdire la critique et le blasphème transforme la victime en persécuteur. Soyons clairvoyant ! Si le MRAP ne défend pas principalement le droit de critique des religions et droit au blasphème il ne peut aller contre pour peu évidemment que ce pseudo droit de critique ne soit pas simplement qu'un moyen de diffusion d'un nouveau racisme. Je pense ici aux propos raciste de Redeker.

    <o:p> </o:p>

    3. La laïcité et l'égalité. La laïcité n'est pas la défense de l'athéisme. Le MRAP ne milite pas principalement pour la laïcité mais cette dernière constitue le fond commun d'une société égalitaire et pacifique au sein duquel les différences identitaires ne sont pas reniées mais relativisées afin de pouvoir se rencontrer et vivre ensemble. A ce propos l'introduction de la tolérance au lieu et place d'un ordre public d'égalité et de laïcité est à critiquer ( ). Si la laïcité fait partie des projets du mouvement ouvrier, la question de son contenu a varié dans le temps et selon les courants. En suivant le versant d'émancipation de la laïcité, tout un pan du MRAP ne peut s'accommoder à raison du "deux poids, deux mesures". Toutes les religions doivent être à la même enseigne. A cet égard les interventions publiques concernant la mort du pape en France rapprochée du vote de la loi sur les signes religieux ostensibles est évocateur d'un traitement différencié totalement inacceptable ( ).

    <o:p> </o:p>

    4 . La question religieuse réapparaît aujourd'hui au travers de la religion musulmane. On parle d'un « retour du religieux » qui concerne surtout cette religion. L'attaque frontale de cette religion est-elle à proscrire au nom de la solidarité avec les peuples dominés du Sud ( ) ou pour éviter l'accusation d'islamophobie? Oui et non, tout dépend des modalités concrètes de la critique et de son contexte .On s'est déjà laissé surprendre par l'évolution internationale rapide d'un conflit d'interprétation (cf caricatures). Certes à la suite de Marx on peut faire valoir une certaine compréhension de la religion comme « protestation et âme d'un monde sans cœur » (Marx) mais elle n'est pas sans limite même si la défense de l'athéisme n'est la vocation ni du MRAP, ni du mouvement ouvrier. Cependant il ne s'agit pas pour autant d'être opportuniste et a-critique, notamment en matière de féminisme et de laïcité. On retrouve pour partie le débat sur ethnocentrisme et relativisme culturel. Le premier impératif à suivre semble bien de ne pas essentialiser cette religion, ce qu'a fait le sieur Redeker.

    <o:p> </o:p>

    5. Toutes ces questions ont une dimension internationale et même mondiale.

    Le MRAP, via ses recherches et son militantisme sur l'immigration et les migrants, a toujours eu une dimension internationale notamment nord-sud, une dimension européenne. Désormais peu de domaines échappent à la mondialisation des phénomènes. L'accroche altermondialiste ne saurait n'être qu'un supplément d'âme du mouvement antiraciste. Accentuer nos références à l'altermondialisme serait donc un premier pas positif mais insuffisant. Notre absence lors des forum sociaux régionaux ou mondiaux est dommageable.

    Concernant l'aspect international de l'affaire des caricatures sur Mahomet, ces dernières ont provoqué la réaction violente des secteurs intégristes des pays musulmans du Sud et de certaines communautés au Nord. Face à cette montée de violence des extrémistes qui instrumentalisent le sacré de la religion la défense de la liberté d'expression a connu ici un regain d'expression. Défendre la liberté d'expression ne signifie pas absence de combat sur le contenu et encore moins justifier ce contenu. L'affaire Redeker en est la preuve. L'aspect international est évoqué au regard des solidarités à envisager. Qu'en est-il donc des positions chez les musulmans laïques ? Certains ont défendu la liberté d'expression tout en dénonçant un amalgame qui stigmatise tous les musulmans et qui du coup fait le jeu des intégristes. D'autres soucieux de liberté et combattant ordinairement l'intolérance religieuse ont mis en avant le racisme des caricatures et le racisme de son contexte.

    <o:p> </o:p>

    6. Le fondamentalisme et l'intégrisme : L'emploi de ces notions font problème. Faut-il alors maintenir une longue dispute sur les définitions ? Les échanges entre certains protagonistes n'ont pas été inutiles mais n'ont pas débouché sur un accord. Faut-il alors en conclure que la division du MRAP est inéluctable sur cette question ? Non, pas en tout point. Lorsque des institutions religieuses musulmanes ou juives veulent imposer dans leurs sociétés ou dans certains quartiers l'intolérance, l'apologie d'ordres sociaux fondés sur l'asservissement des uns par les autres, discriminations sexistes, elles ne peuvent que rencontrer l'opposition la plus irréductible de ceux et celles attachés à l'émancipation humaine. Cela ne devrait pas poser de divergences ici. Mais la manifestation de cette opposition irréductible n'a de sens politique que si elle est compréhensible et susceptible de contribuer concrètement à un mouvement social capable de mettre en cause les errements dénoncés. C'est pourquoi, en la matière, un principe d'action devrait nous guider : pas de dénonciation de l'essence de la religion, mais mise en cause systématique de toute atteinte aux droits démocratiques à caractère universel. Cela impose une pré condition : ne pas mêler notre voix aux crocodiles qui déversent des larmes sur ces malheurs tout en étant complaisants sur les crimes de l'impérialisme.

    <o:p> </o:p>

    7. Le Hamas et le FIS : points communs et différences. Le Hamas est une organisation islamiste dont le programme – la charte – ne peut que rencontrer notre sévère critique. Malgré ce jugement négatif sur ce programme, on ne saurait oublier que le Hamas réel nous est moins connu mais aussi qu'il est une organisation enracinée dans la résistance du peuple contre l'occupation israélienne de type sioniste-coloniale. Et nous ne pouvons rester neutres ou silencieux devant les mesures récentes du gouvernement israélien refusant, en tout cas pour aujourd'hui, de reconnaître un gouvernement sans lequel participerait le Hamas. Il n'y a d'ailleurs pas au MRAP de texte qui justifie l'affirmation selon laquelle il y aurait eu bienveillance devant l'arrivée du Hamas : les positions écrites votées par le dernier CA sont cohérentes avec les positions du collectif " Palestine " dont font partie LCR, LDH , PC, etc...

    <o:p> </o:p>

    Ce même critère de place dans les rapports sociaux devrait conduire à formuler une tout autre appréciation sur l'organisation islamiste du FIS en Algérie qui a certes pu capter l'espoir d'opprimés mais qui est tout orienté contre les courants réellement existant se revendiquant d'un avenir d'émancipation. C'est bien l'appréciation politique sur le rôle concret de telle organisation politique ou religieuse qui doit nous guider (JCV).

    <o:p> </o:p>

    III - Sur quels points pouvons-nous collaborer et travailler ensemble ?

    <o:p> </o:p>

    1 La lutte contre le CESEDA de SARKOZY mais aussi proposer un programme alternatif aux dispositions restrictives antérieures du CESEDA (cf. exposé à l'université d'été d'attac 2006)

    <o:p> </o:p>

    2 Lutter contre le « tout sécuritaire » hard ou soft (de droite ou de gauche).

    <o:p> </o:p>

    3 Lutter contre l'égalité des chances pour l'égalité des droits et des conditions

    <o:p> </o:p>

    4 Réfléchir à un dispositif progressiste d'intégration et d'insertion économique et social des immigrés (cf. texte débat à Clamart).

    <o:p> </o:p>

    5 Proposer la citoyenneté de résidence.

    <o:p> </o:p>

    6 Lutter contre l'apologie du colonialisme (dans les textes -loi du 23 février 2005) et dans les faits DOM-TOM), de l‘impérialisme là-bas (pays ACP) (cf mon texte : fait colonial/fait impérial : les trois France).

    Promouvoir l'amitié entre les peuples, ce qui doit aujourd'hui passer par un ancrage fort à l'altermondialisme.


    votre commentaire
  • L'UNIVERSALISATION DES CRITERES FRANÇAIS DU SERVICE PUBLIC EST-ELLE POSSIBLE?

    ELEMENTS DE DISCUSSION

    <?xml:namespace prefix = o />

    On dit que les services publics sont une particularité française et qu'il est difficile en conséquence de vouloir étendre tel quel au reste du monde. Il me semble pourtant que les trois grands éléments définitionnels du service public peuvent être généralisés avec quelques adaptations afin de créer un système mondial hiérarchisé de service public permettant de garantir aux populations un accès de qualité aux biens et services essentiels pour vivre confortablement. Pris conjointement ces éléments heurtent frontalement la marchandisation généralisée des biens et services sur la planète ainsi que l'appropriation privée de leurs productions.


    1 - L'ELEMENT FONCTIONNEL caractérise le but poursuivi par les services public :

    Il s'agit d'une activité d'intérêt général et non d'une activité orientée vers le profit d'une personne privée. Il s'agit prioritairement de satisfaire les besoins ordinaires des usagers hors de la sphère marchande. Ces besoins sont certes variables dans le temps et dans l'espace mais les humains ont tous besoin de se loger, d'accéder à l'eau, de s'instruire, de se déplacer, de communiquer, d'accéder aux loisirs et à la culture, etc. Pour ce faire l'exigence de solvabilité sera en principe réduite par un système tarifaire - par nature différent du mécanisme aveugle des prix du marché - au point de rendre le cas échéant le service totalement gratuit.

    Le but de l'intérêt général justifie aussi des sujétions spécifiques de fonctionnement du service – service conçu alors non plus comme activité mais comme organisation. Ces sujétions se retrouvent dans l'élément matériel.

    2 - L'ELEMENT MATERIEL caractérise l'application d'exigences particulières inscrites dans le droit sous forme de normes.

    Je donne ici un autre sens à cet élément car le droit français évoque lui la référence à un régime juridique exorbitant du droit privé. Il y a là une particularité qui tient à l'existence d'un droit administratif différent du droit privé, du « droit du marché ». Sur le plan du fonctionnement un service public ne saurait fonctionner avec les mêmes règles qu'une entreprise privée ordinaire agissant pour accroître le profit et en concurrence avec les autres entreprises du marché. La question du fonctionnement du service concerne aussi le statut des personnels, lequel pose des règles et des garanties permettant de dégager plus ou moins la force de travail employée dans et pour le service public du statut ordinaire de simple marchandise qui demeure, à cause des insuffisances du droit du travail, la « vérité » du statut de la force de travail dans les entreprises privées.

    3 - L'ELEMENT ORGANIQUE indique que l'activité est prise en charge par une personne publique ou une entreprise publique.

    Cela découle nécessairement de la bonne application de l'ensemble des éléments précédents. Une personne privée gérant un service public contrôlé par la puissance publique ne saurait avoir les mêmes caractéristiques qu'une personne publique locale ou nationale. On y trouve des exigences de rentabilité qui rapproche de la recherche du profit et qui pervertissent la mission de service public. La valeur d'usage tend relativement à s'effacer devant la valeur d'échange. Autrement dit, l'usager tend à se transformer en client avec le regard « commercial » et intéressé vers le portefeuille... On y trouve aussi des règles de travail plus « souples » qui signifient que la vente de la force de travail se rapproche beaucoup plus du dur statut de marchandise comme dans les sociétés privées.


    Christian DELARUE


    votre commentaire
  • Les discriminations racistes comme « mal commun » des minorités dans le monde.

    <?xml:namespace prefix = o />

    Identité, minorité, communauté.

    Plutôt que de parler de « minorités visibles » à l'instar de ce qui nous vient du Canada, pourquoi ne pas évoquer non pas les minorités racisées mais les minorités discriminées ?

    Il s'agit là d'un débat entamé cet été au sein d' ATTAC à Toulouse mais aussi un débat qui fait suite à celui engagé (au sein du MRAP au printemps 2007 cf .2) sur la légitimité des statistiques ethniques.

    Problème : le terme « minorité » peut être étendu aux femmes, ce qui a suscité et suscitera encore des réactions compréhensibles. Débat à poursuivre donc...

    Voici donc pour éclaircissement le texte que j'ai cité (mais non lu) à l'appui d'une intervention dans un débat d'un atelier de l'Université d'été 2007 d' ATTAC à Toulouse.

    Christian DELARUE

    Secrétaire national du MRAP

    Membre du CA d'ATTAC France

    Voici l'extrait de : « De la question sociale à la question raciale ? Représenter la société française ». J'ai ajouté les deux sous-titres.

     

    1 - Egale reconnaissance des identités méprisées ou reconnaissance des discriminations : De la politique identitaire à la politique minoritaire.

    La perspective multiculturaliste qui prévaut en Amérique du Nord est fondée sur l'idéal d'une égale reconnaissance des identités méprisées, des cultures dominées, des communautés opprimées. Or, en France, aujourd'hui, et notre ouvrage (1) s'efforce de le montrer, l'enjeu est plutôt la reconnaissance, non des identités, mais des discriminations. Ce qui est reconnu, ou pas, ce qui doit l'être ou non, c'est le fait discriminatoire.

    La distinction n'est pas sans conséquence : elle nous fait passer de la politique identitaire à la politique minoritaire. En effet, qu'est-ce qu'une minorité ? C'est une catégorie naturalisée par la discrimination. Si les communautés ont en partage une culture, ce qui définit les minorités, c'est l'assujettissement d'un rapport de pouvoir. Il ne s'agit pas de les opposer, mais de les distinguer : la minorité à la différence de la communauté n'implique pas nécessairement l'appartenance à un groupe et l'identité d'une culture ; elle requiert en revanche l'expérience partagée de la discrimination. Les « Noirs » ou les « Arabes » en France, aujourd'hui, ont en commun, non pas la « race » mais le racisme.

    C'est d'ailleurs également vrai, en parallèle avec les questions raciales, pour les minorités sexuelles – les femmes confrontées au sexisme ou les homosexuels à l'homo phobie. Ce ne sont ni la nature ni la culture qui sont au principe de la minorité, mais la naturalisation, fût-ce dans le registre culturaliste, d'une catégorie sociale par des pratiques discriminatoires.

     

    2 - L'intérêt politique de ce déplacement.

    On entrevoit tout l'intérêt politique de ce déplacement. Tant bien que mal, la politique identitaire s'applique à constituer des coalitions entre communautés hétérogènes, dont chacune combat d'abord pour la reconnaissance de sa propre culture. En revanche, non seulement la politique minoritaire s'exprime plus aisément dans le registre universaliste de la lutte contre toutes les discriminations, mais en outre, elle est engagée dans une critique transversale des assignations normatives. Elle est donc ouverte non seulement aux diverses minorités, mais aussi à tous ceux qui, quand bien même ils pourraient trouver leur place dans la culture majoritaire, ne peuvent ou ne veulent pas se reconnaître dans un ordre racial dont les effets normatifs pèsent lourdement sur tous et pas seulement sur les minorités » (p251)

    1 De la question sociale à la question raciale ? Représenter la société française.

    Sous la direction de Didier FASSIN et Eric FASSIN

    <?xml:namespace prefix = st1 /><st1:PersonName w:st="on" productid="La D←couverte">La Découverte</st1:PersonName> 2006

    2 RACISME ET ANTIRACISME 2007
    DEBATS ANTIRACISTES DU PRINTEMPS 2007. ( EN GUISE D'INTRODUCTION AUX DEBATS DE L'AUTOMNE. )

    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=51942

     


    votre commentaire
  • Photo au siège du MRAP: Christian DELARUE (à gauche) et ses ami(e)s

    DEBATS ANTIRACISTES DU PRINTEMPS 2007.

    ( EN GUISE D'INTRODUCTION AUX DEBATS DE L'AUTOMNE. )

    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=51942

    <?xml:namespace prefix = o />

    Il ne s'agit pas de tous les débats engagés par le MRAP mais seulement de ceux qui ont le plus retenu mon attention. Il y a d'abord eu les débat sur le racisme (I) puis les débats sur les réponses au racisme (II). Il s'agit de dominantes car évidemment il n'y a pas un cloisonnement étanche sur ces questionnements.

     

    I - DEBAT SUR LES FORMES DU RACISME.

    L'affaire REDEKER s'estompait mais la recherche sur "Les métamorphoses contemporaines de l'idéologie raciste" perdurait.

    <!--[if !supportLists]-->A) <!--[endif]-->Le racisme de REDEKER et ses suites.

    - Cette « affaire » a permis de dégager rigoureusement un racisme islamophobique qui n'a rien à voir avec la critique de l'islam. : L'essentialisation d'une religion combinée à l'essentialisation d'un peuple suffit pour dire ce n'est plus une critique de la religion, une opinion mais une insulte raciste.

    Je renvoie à « Robert REDEKER : Distinguons son méfait de la menace qu'il subit ! » sur le blog chrismondial mais aussi sur bellaciao et yonne lautre

    http://www.blogg.org/blog-44839-date-2006-09.html

     

    - Le MRAP et les antiracistes ne sont pas pour la censure.

    Cela devait être clarifié et précisé en 2007. Ainsi en matière de critique des religions deux textes permettaient de voir que je ne cédais pas à l'impérium du religieux et du sacré : l'un sur la liberté de critique de toute religion (4), l'autre sur le blasphème. Les principes affirmés par le MRAP en matière de blasphème lors de l'affaire des caricatures de Mahomet ont donné lieu à une recherche personnelle complémentaire (5)

    <!--[if !supportLists]-->B) <!--[endif]-->Les métamorphoses contemporaines de l'idéologie raciste.

    Pour ma part c'est une lecture (1) de Michel Terestchenko sur ces métamorphoses (in "Philosophie politique, tome 2 : Ethique, science et droit") qui a prolongé une réflexion (2) sur le combat antiraciste « non tribal » (3) du MRAP depuis 1977.

    De fait, la conférence faite à Privas intitulée « Le racisme? Où en sommes nous? » ne faisait que reprendre les fondamentaux du MRAP donc « l'ancien racisme » (qui perdure) et le « nouveau racisme » en abordant les deux grandes formes contemporaines qui font débat à savoir la judéophobie et l'islamophobie .

    Mais cette conférence n'abordait pas la thématique des « minorités visibles » (qui reste à « creuser ») et surtout n'intégrait pas le fait qu'au USA certains libéraux usaient de la revendication de « non discrimination raciale » pour revenir en arrière sur les conquêtes des années passées (d'après lecture d'un texte d'Eric FASSIN si je ne me trompe)

     

    II – DEBAT SUR LES FORMES DE L'ANTIRACISME

    <!--[if !supportLists]-->A) <!--[endif]-->Des statistiques raciales ou racistes ?

    Au printemps 2007 le CA du MRAP a débattu des statistiques ethniques car une controverse apparaissait dans la presse entre défenseurs et adversaires des statistiques raciales. L'ensemble des interventions a bien souligné le fort danger de la subdivision de l'humanité en races même dans une intention de discrimination positive autrement dit de lutte antiraciste. Je crois que ce débat n'est pas clos. Néanmoins sur première commande j'ai rédigé un texte sur discriminations raciales / discriminations racistes (publié sous forme de brève sur Bellaciao : DISCRIMINATION RACIALE" ou DISCRIMINATION RACISTE.
    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=51155)

    <!--[if !supportLists]-->B) <!--[endif]-->« Politique identitaire » ou « politique minoritaire » ?

    Distinguer clairement « politique identitaire » et « politique minoritaire » (6) est essentiel car cela permet un repérage sur ce qui constitue ou non un élargissement de l'horizon de la lutte antiraciste. En effet, « l'horizon de la politique identitaire c'est la question de la différence – du droit à la différence – celui de la politique minoritaire, c'est la référence à l'égalité » (7). La minorité reçoit une définition nouvelle : elle est « l'expérience partagée de la discrimination. ». Mais l'usage du terme « minorité » fait débat surtout pour son extension aux femmes subissant le sexisme.


    <!--[if !supportLists]-->C) <!--[endif]-->Quid de la discrimination positive ?

    Les USA ont pratiqué la discrimination positive avec un certain succès. Aujourd'hui, au nom de la lutte contre les discriminations la droite veut combattre les conquêtes antiracistes. Ce phénomène (à mieux étudier) suscite un intérêt renouvelé pour la discrimination positive. Sans vouloir promouvoir une telle politique en France je propose néanmoins de partir d'un argumentaire fort sérieux en défense et promotion de cette politique de discrimination positive, ce afin de dégager les faux débats récurrents sur ce thème Je pense au plaidoyer de. Patrick Le Tréhondat et Patrick Silberstein .

    <!--[if !supportLists]-->D) <!--[endif]-->La nécessaire articulation du combat du MRAP avec les réponses altermondialistes et les politiques de transformation sociale.

    - L'antiracisme libéral se borne à la promotion d'une égalité abstraite entre individus. Cet antiracisme de reconnaissance est nécessaire mais insuffisant car il ne remet pas en cause l'ordre du monde divisé en Etats et surtout en continents hiérarchisés économiquement et militairement et engagés dans le « choc des civilisation ». La raison d'Etat n'est pas la raison solidaire mais son inverse (cf. Jean ZIEGLER).

    - L'antiracisme libéral se borne au respect de la propriété privée des moyens de production et l'ordre marchand généralisé qui ne satisfait que très peu les besoins sociaux des populations non solvables or le racisme frappe surtout les couches sociales défavorisées tant dans l'emploi que le logement ou l'accès à l'école ou aux soins.

    D'ou la participation du MRAP aux initiatives locales ou nationales d' ATTAC ainsi qu'aux forums altermondialistes (car le MRAP de lui-même n'a pas vocation à élaborer - sauf si immédiatement en rapport avec son objet statutaire - des alternatives sociales sectorielles ou globales.<o:p>
    </o:p>

    Christian DELARUE

    Membre du Bureau exécutif et du Conseil d'Administration du MRAP

     

    1 - Lecture publiée en brève sur Bellaciao sous le titre "Le racisme comme anti-mouvement social ou la philosophie politique E RACISME COMME ANTI-MOUVEMENT SOCIAL OU <?xml:namespace prefix = st1 /><st1:PersonName w:st="on" productid="LA PHILOSOPHIE POLITIQUE">LA PHILOSOPHIE POLITIQUE</st1:PersonName> DE L'ANTIRACISME".
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=50276

    2 – sous le titre « Le MRAP 1977- 2007 : contre le racisme sous toutes ses formes » publié sur rennes-info.org le vendredi 9 mars 2007 :
    http://rennes-info.org/Le-MRAP-1977-2007-contre-le.html

    Le racisme? Où en sommes nous? Christian DELARUE

    http://www.mrap.fr/interventions/racismeouensom

    3 - L'antiracisme non tribal est un clin d'œil à une contribution de Mouloud AOUNIT : « Contre l'antiracisme tribal » publié dans LE MONDE le 15.06.06.
    http://www.mrap.fr/interventions/monde/document_view?month:int=6&year:int=2007

    4 - SUR <st1:PersonName w:st="on" productid="LA LIBERTE DE">LA LIBERTE DE</st1:PersonName> CRITIQUE DE TOUTE RELIGION publié sur Belaciao le vendredi 26 janvier 2007
    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=41768

    5 - LES BLASPHEMES DU MECREANT : Blasphème, démocratie et émancipation : un sujet délicat publié sur le site ATTAC France rubrique Démocratie et sur le site ESSF (Europe Solidaire Sans Frontière)
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article6596

    6 – « De la question sociale à la question raciale ? Représenter la société française » sous la direction de Didier FASSIN et Eric FASSIN ; <st1:PersonName w:st="on" productid="La D←couverte">La Découverte</st1:PersonName> 2006.

    7 – Lire ici « Différences, discriminations, universalisme » par Antoine ARTOUS in « Dossier Discrimination » de Critique Communiste n°183. Antoine ARTOUS prend pour point de départ de son article le livre précité car il analyse « la représentation d'une France racialisée » ce qui constitue bien un fait nouveau à prendre en compte.<o:p>
    </o:p>

    votre commentaire
  • HALTE A LA LIQUIDATION PHYSIQUE DES OPPOSANTS POLITIQUES AU REGIME DES MOLLAHS EN IRAN.

    SOLIDARITE AVEC L'OPPOSITION DEMOCRATIQUE ET LAïQUE ICI ET LA-BAS !

    mardi 7 août 2007 (14h44) :
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=51370

    Le régime des mollahs a multiplié les exécutions en publics. Le plus inquiétant est la liquidation physique de nombreux opposants politiques parmi cette nouvelle vague d'exécutions.

    Le 2 août, deux jeunes nommés Hossein et Madjid Kavoussi-Far ont été exécutés en public en présence de Saïd Mortazavi, le procureur de la République islamique.

    Oncle et neveu, ces deux jeunes ont été pendu en public pour avoir assassiné un procureur de régime.

    Mortazavi a déclaré avant l'exécution que les deux jeunes hommes n'ont pas regretté leur acte.

    La foule a copieusement conspué le régime en saluant le courage des victimes. Des affrontements ont éclaté sur la place au moment de la pendaison et de nombreuses personnes ont été arrêtés selon les témoins.

    Douze autres personnes ont été pendues le dimanche 22 juillet à la prison d'Evine à Téhéran selon les sources officielles. Les informations parvenues montrent qu'au moins deux parmi les 12 étaient des prisonniers politiques. Fazel Ramezani et Hadj-Morad Mohammadi, de la tribu Bakhtyari (sud-ouest de l'Iran), avaient été arrêtés lors d'affrontements avec les gardiens de la révolution et incarcérés à la prison de Gohardacht de la ville de Karadj en banlieue de Téhéran. Samedi, ils avaient été transférés dans la capitale à la prison d'Evine où ils ont été exécutés avec dix autres prisonniers. (photo ci-joint)

    Le procureur de Téhéran Saïd Mortazavi a déclaré que la peine de mort avait aussi été demandée pour 17 autres prisonniers, avant de rappeler que la semaine dernière quatre détenus avaient été pendus dans la capitale.

    Mortazavi est celui qui a assassiné sous la torture, il y a quatre ans la photojournaliste irano-canadienne, Zahra Kazemi.

    Le journal gouvernemental Keyhan a écrit le 25 juillet 2007 qu'un individu nommé Mahmoud Aminzadeh qui a été pendu dans la ville de Kermanchah (ouest du pays) était membre des groupes contre-révolutionnaires.

    Exécuter des prisonniers politiques sous prétexte de délits de droit commun est une pratique bien connue du régime des mollahs et jusqu'à présent de très nombreux prisonniers politiques notamment des Moudjahidine du peuple ont été exécutés sous prétexte de trafic de drogue.

    Le 16 juillet 2007, deux journalistes Adnan Hassanpour et Abdolvahed “Hiva” Botimar ont été condamné à mort par le tribunal de la Révolution de Marivan, dans le kurdistan iranien.

    Le régime des mollahs se sent incapable de contenir de nouvelles émeutes. Il ne voit d'autre porte de sortie que la multiplication des exécutions et des châtiments barbares. Jeudi prochain une conférence de presse sera organisée à paris pour dénoncer ces multiplications des exécutions en Iran particulièrement d'opposants politiques.



    Conférence de Presse :

    Des personnalités et associations de défense des droits de l'Homme, des élus d'Ile de France et d'anciens prisonniers politiques iraniennes présenteront lors d'une conférence de presse des documents en vidéo et en photo sur cette situation intolérable avec les dernières informations parvenues de l'Iran.

    Jeudi 9 août 07 11h00

    Hôtel Concorde Montparnasse 40 rue du commandant Mouchotte 75014 Paris


    Christian DELARUE Perm politique du MRAP du 1 au 15/8/ 2007 



    Pour information consulter le site du Conseil de <?xml:namespace prefix = st1 /><st1:PersonName w:st="on" productid="la Résistance">la Résistance</st1:PersonName> qui lutte pour un Iran démocratique et laïc.

    http://www.ncr-iran.org/fr/content/view/27/44/



    1 commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires