• CONTRE LA PROSTITUTION DES IMMIGREES ET DES FRANCAISES.

    CONTRE LA PROSTITUTION DES IMMIGREES ET DES FRANCAISES.

    Hormis la prostitution vraiment très occasionnelle et non contrainte c'est bien la prostitution de toutes les femmes et de tous les hommes d'ici ou de là-bas qui doit être abolie. Mais la nécessité de mettre à bas le système prostitutionnel ne va pas de soi pour tous.

    Ce n'est pas si souvent que le MRAP aborde la question de la prostitution. A la différence d'ATTAC, il n'a pas vocation à se positionner sur cette question. Il s'occupe occasionnellement de défendre les prostituées immigrées sans papier.

    Néanmoins je lance le débat à peine évoqué il y a quatre ans.

    Depuis la chute du Mur la prostitution a pris de l'ampleur, en France et en Europe. Il y a eu une arrivée massive de prostituées étrangères. Le phénomène a suscité de vives réactions et une loi. Pourquoi ?

    D'abord rappelons en suivant Eric FASSIN (1) trois faits majeurs :

    - c'est d'immigration qu'il s'agit, ce qui réactive les fantasmes sécuritaires,
    - c'est la seule prostitution de rue qui est visée, autrement dit celle qui se voit, d'ou les réactions de riverains,
    - c'est de la prostitution féminine dont il s'agit alors que la prostitution masculine concernerait aujourd'hui 30% des personnes se prostituant.



    I - REPERES DES POSITIONS EN PRESENCE EN 2003 (très brièvement).

    La droite va mener une politique d'ordre public qui ne vise pas à abolir la prostitution mais à la cacher.

    - Pour la gauche féministe « libertaire » :

    Pour Marcela IACUB et d'autres signataires d'un " manifeste " les femmes sont " libres de se prostituer ". (Le Monde du 9 janvier 2003) Il s'agit
    pour elles de défendre au moins deux principes : " le consentement " (contre la " police de la sexualité ") et " la libre disposition de son corps ". Les prostituées ne sont donc " ni coupable ni victime " mais libres.

    - Pour la gauche féministe « morale »

    Les socialistes répondent (Le Monde 15 janvier 2003) que " 'acte de se prostituer n'est pas illégal, qu'il ne nuit pas à autrui " mais que l'on ne saurait " promouvoir la marchandisation des êtres humains ". La proposition débouche sur la sanction des clients. Ils reçoivent le soutien de Christine Boutin.

    - Pour la droite « pragmatique »

    Christian Estrosi rétorque ; " Vous choisissez de punir le client pour supprimer la prostitution. Plus modestement nous choisissons de lutter contre les réseaux qui s'apparentent à l'esclavage ".

    - Pour la gauche féministe abolitionniste

    La « gauche libertaire » et la « gauche morale » s'aveuglent sur l'empire de la norme et ne soulèvent pas la question de la domination qui est à la racine de l'exigence abolitionniste. C'est le proxénétisme qui est à la racine du système qu'il faut alors abattre (cf Marie Victoire Louis).

    J'ai choisi l'abolitionnisme qui lutte contre le proxénétisme. J'ai signé :

    « Des hommes s'engagent : Faire l'amour, pas la haine - Non à la virilité machiste !»

    ">http://encorefeministes.free.fr/actions/action20amour.php3

    Le corps humain est inaliénable ! Pour l'abolition de la prostitution !
    par Collective des luttes pour l'abolition de la prostitution (CLAP) 15 janvier 2006

    http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2208

    Le groupe « genre » d'ATTAC développe aussi l'exigence abolitionniste. « S'en tenir à condamner et combattre le système prostitution pour ses aspects marchands et pour ses affinités avec le capitalisme néo-libéral comporterait le risque d'occulter ce qui fait de la prostitution une des pires manifestations de la violence sociale contre les femmes et de la domination masculine, à la fois
    physique et symbolique. »

    ATTAC France Mondialisation de la prostitution
    http://www.france.attac.org/spip.php?article6979



    II - LES EVOLUTIONS DE LA PROSTITUTION MANIFESTE UN FORT REGAIN DE LA DOMINATION

    L'emploi des termes « temps de la misère sexuelle » (A) et « temps de la libération sexuelle » au sein du couple ont le mérite d'indiquer un changement explicatif de la motivation du client des prostituées depuis quelques années. Il ne faudrait pas croire cependant que la « libération sexuelle
    » et la sexualité épanouie soit le régime dominant dans les couples contemporains (cf Babin). Par ailleurs, je reprends ici les propos d'Eric Fassin in « Liberté, égalité, sexualités »

    A) LA PROSTITUTION TRADITIONNELLE DU TEMPS DE LA « MISERE SEXUELLE »

    Traditionnellement, la prostitution était l'envers du mariage bourgeois: les prostituées compensaient par leur légèreté la « vertu » des épouses. Les hommes venaient chercher dans le bordel, ou dans la rue, ce qu'ils ne trouvaient pas chez eux : une sophistication sexuelle de fille publique qu'ils n'auraient pas aimée chez une femme « honnête ».

    - La baisse relative de la « raison prude » entraîne la fin de la soupape sexuelle de la prostitution

    La libération sexuelle, c'est aussi la libération des épouses. Des pratiques sexuelles hier jugées vicieuses sont aujourd'hui légitimes, tous les magazines féminins nous le rappellent, à mesure que le désir féminin s'affirme. Bref, la soupape sexuelle de la prostitution perdait sa raison d'être.



    B) LA PROSTITUTION MODERNE DU TEMPS DE LA « LIBERATION SEXUELLE »

    - L'activité des prostituées ne présente plus les dessous affriolants d'hier : on est loin des raffinements coquins. Bien au contraire, la « consommation sexuelle » semble furtive et sordide, dans les embrasures de portes et sur les banquettes de voitures pareillement inconfortables.

    - Qu'est-ce qui rend désirables ces jeunes femmes réduites en « esclavage » ?

    N'est-ce pas précisément leur condition dominée, leur soumission quasi absolue ? On peut de demander si ce n'est pas justement, parce qu'elles n'ont aucun droit ou presque – même pas le droit à la parole, certaines ne connaissent pas trois mots de français – que ces femmes sont convoitées.

    Dans ce cas, le désir de consommation s'expliquerait comme la contrepartie de l'égalité sexuelle grandissante dans le couple. C'est seulement dans la prostitution que s'affirme aujourd'hui une domination incontestée : elle est le refuge des frustrations modernes de la domination masculine. Au contraire d'une épouse la prostituée n'exige pas d'être séduite ; elle n'attend pas de plaisir. La seule négociation porte sur l'argent, et non sur le désir.

    - La concurrence des victimes et la surdomination contemporaine dans la nouvelle prostitution.

    Il est d'ailleurs significatif que les prostituées étrangères se révèlent pour les « franco-françaises » de dangereuses concurrentes : non seulement elles sont moins chères, mais elles ne refusent personne. Elles acceptent même sans préservatif !


    Christian DELARUE

    Secrétaire national du MRAP

    Délégué membre fondateur d'ATTAC France, élu au CA d'ATTAC France

    « Liberté, égalité, sexualités » Actualité politique des questions
    sexuelles Belfond 2003 Entretien entre Clarisse FABRE et Eric FASSIN


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