• " Dieu est mort " mais il faut toujours " se sauver " !

     

    " Dieu est mort " mais il faut toujours " se sauver " !

     

    Christian Delarue

    Il s'agit ici d'une modeste réflexion à partir de Sartre, Fromm et un peu Marx et M Luther-King concernant les relations humaines ici plus que les rapports sociaux.

    1 – "Je suis un homme fait de tout les hommes"

    La fameuse citation de J-P Sartre montre que nous sommes tous face à une tâche importante, avec ou sans " talent " (guillemets de l’auteur nécessaires) : " Ce que j'aime en ma folie, c'est qu'elle m'a protégé, du premier jour, contre les séductions de "l'élite": jamais je ne me suis cru l'heureux propriétaire d'un "talent" : ma seule affaire était de me sauver - rien dans les mains, rien dans les poches - par le travail et la foi. Du coup ma pure option ne m'élevait au-dessus de personne: sans équipement, sans outillage je me suis mis tout entier à l'œuvre pour me sauver tout entier. Si je range l'impossible salut au magasin des accessoires, que reste-t-il ? Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui ".

    La formule de Jean-Paul SARTRE a le mérite de rappeler que nul n'échappe à la dynamique de condition humaine avec ses choix difficiles bien que certains partent dans la vie avec une situation sociale très défavorable. Evidemment des conditions sociales d’existence ou de mal-vie sont déterminantes.

    2 – Un pari vers le bien : " Entreprendre c'est espérer, persévérer c'est réussir. "

    Eric FROMM concevait (voir ci-dessous) clairement l’homme comme de nature intrinsèquement contradictoire. L'homme même déterminé par ses conditions sociales de naissance et d'existence garde une possibilité de se construire à partir de choix ; des choix qui peuvent prendre plusieurs sens . Il dispose en effet d'une part d'une capacité de faire du bien, de prendre soin de l'autre, d'avoir des attentions et des égards pour lui (ou elle). Mais il a d'autre part une capacité à faire du mal à autrui, à le blesser, le faire souffrir.

    Là ou l'on retrouve la formule de Sartre - je suis un homme fait de tout les hommes - c'est que les personnes plutôt intelligentes et gentilles d'ordinaires ne sont pas évidemment pas exempt d'un basculement dans la haine ou le mépris. Fromm, sans se référer à Sartre, précisait que l'homme pouvait pencher vers un côté ou vers l'autre de façon variable selon l'éducation reçue, les conditions sociales d'existence, etc mais surtout en fonction d’une certaine auto-discipline. Plus on " s'entraîne " à être du bon côté et plus c'est aisé d'y rester disait Fromm. Si on y arrive pas seul on peut s'y mettre à plusieurs. Il faut alors choisir ses amis.

    3 - S'obstiner à blesser l'autre de façon répétée c'est risquer une réponse similaire.

    Si comme disait Karl MARX " l'amour engendre l'amour " alors à contrario on peut en déduire que faire du mal à l'autre positivement ou par indifférence forcée (refus de salutation par exemple) c'est risquer aussi en retour que celui-ci vous fasse aussi du mal à son corps défendant. Il faut peut-être alors risquer l’agressivité constructive, biophile disait Fromm qui la distinguait de l’agressivité destructrice. C’est un pari. Rien n’est sûr. Martin LUTHER KING abondait dans ce sens : " L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité ; seule la lumière le peut. La haine ne peut chasser la haine ; seul l'amour le peut. "

    Choisir la voie de la considération mutuelle, du respect réciproque n’est pas aisé. Le faux-pas est possible. La parole doit être mis en application, devenir une pratique. Quand aucune pratique n'est possible l’affirmation de soi devient elle-même une pratique. Ecarter le ressentiment, le mépris et la haine en voyant aussi la face lumineuse d’autrui ambivalent comme soi est sans doute une tâche difficile et plus encore déjouer les manipulations. Rester dans la pratique positive. Si le geste a été mal fait, s'excuser. Recommencer différemment. Si le geste a été mal compris, s'expliquer. Ne jamais renoncer à se faire comprendre. Si la relation est difficile proposer un compromis. Si le compromis ne convient pas en proposer un autre. Salomé indique que l’on est responsable " que de son bout " dans une relation. Pas plus. Pas de toute la relation. Et chacun a un bout qu’il le veuille ou non ! Isabelle Fillozat dans " l’intelligence émotionnelle " lançait des " bulles d’amour " à son contradicteur méprisant.

    La philosophie résumée d'Eric FROMM

    I - Problématique philosophique générale : La critique frommienne des insuffisances de la philosophie classique :

    Est-il possible de parler d'essence humaine, de nature humaine?

    La question se pose sérieusement car pour E Fromm, la conception classique de l'homme pose un dilemme :

    * soit l'homme est une substance . Alors soit l'homme porte le mal en lui , soit inversement il est "homme de bien", mais il ne peut évoluer.

    * soit l'homme est en perpétuel devenir mais il n'a plus de définition.

    * E Fromm propose de sortir du dilemme par une conception dialectique et matérialiste particulière.

    II - La conception d'E. Fromm pour sortir du dilemme : une conception dialectique et matérialiste particulière de l'humain.

    Difficile de résumer plus que dans ces trois points :

    1 - Sa définition de l'humain : il est doublement contradictoire !

    Ce dernier vit en permanence dans une contradiction qui prend racine dans les conditions de l'existence humaine .La contradiction est inhérente à l'espèce humaine.

    - L'homme est :

    * à la fois animal et intelligent

    * à la fois dans la nature et transcendant celle-ci.

    - L'homme est donc souvent en proie à un conflit .

    2 - Choisir la solution positive :

    Ce n'est pas tout de dire que l'homme est dans le conflit, il convient d'indiquer une solution:

    - la solution régressive consiste à rejeter sa part humaine, sa conscience

    - la solution progressiste vise à développer son humanité.

    L'homme doit donc lutter contre les tendances régressives.

    3 - Cette lutte est théorique et pratique, individuelle et collective.

    C'est dans l'Art d'aimer que Fromm explique la double nature - théorie et pratique - de ce combat humain. Outre la théorie il explique surtout qu'il s'agit d'un art, et donc d'une discipline.

    Puisque toute personne, ou presque, est susceptible de régresser dans un état archaïque (*) - même si les plus entraînés " chutent " moins souvent - tout humain, constamment, et quasiment à chaque étape de sa vie, doit faire des choix de développement humain.

    * p 173 de " Le cœur de l'homme "


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