• FSM 2008 : DE TOUT SANS TABOU : PARLER AUSSI D’ UN NOUVEAU SOCIALISME

    FSM 2008 : DE TOUT SANS TABOU

    PARLER AUSSI D'UN NOUVEAU SOCIALISME

    Tribune libre;


    *ACCROCHE* : « FSM 2008 : Altermondialisme : de la résistance au socialisme ! »
    http://www.france.attac.org/spip.php?article8036

    Ce texte reprends pour une part certaines remarques écrites pour défendre les collectifs mixtes individus / organisations (à propos du combat contre le traité simplifié) :
    L'ALTERMONDIALISME ET LES INTERNATIONALES COMMUNISTES ENSEMBLE

    Bellaciao : mardi 8 janvier 2008 (03h15) : *
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=58960

     



    PLUSIEURS DEFIS: D'abord évoquer un autre monde quand nous subissons jour après jour la politique néolibérale de Sarkozy c'est vouloir décoller fortement des questions du présent. Mais les forum peuvent laisser place à divers débats. Ensuite et surtout, il n'est pas évident ni facile d'avancer sur ce nouveau monde que l'on pense à partir des expériences de luttes des socialistes critiques du monde présent et ancien. D'une part, il n'y a pas nécessairement dans les FSM décentralisés des personnes ressources qualifiées pour baliser le terrain . D'autre part le mot même de « socialisme » peut apparaître provocateur, voire repoussant. Il constitue donc un obstacle épistémologique à la pensée critique et dialectique.



    DEBATTRE : Mon propos n'est pas ici « scientifique » mais citoyen, citoyen altermondialiste car toute pratique sociale nouvelle n'est pas en soi altermondialiste c'est à dire débouchant sur un autre monde et que donc il faut débattre de ce qui fait réellement « rupture franche » qui a évoquer une convergence de ruptures partielles. Personne n'a la vérité assurée. Pour autant il faut quand même avancer des hypothèses, des lignes d'orientation qui méritent approfondissements.



    APRES <st1:PersonName w:st="on" productid="LA CRISE">LA CRISE</st1:PersonName> : Pour le dire d'emblée l'autre monde que nous voulons se veut nouveau. Des éléments de l'ancien subsisteront après la crise opérant le passage de l'ancien au nouveau. Nouveau car les rapports sociaux capital / travail, propriétaires/locataires, appareil d'Etat / citoyens devront être largement réduit et transformer de même que les rapports à la nature. Cela est d'une nécessité absolue pour éradiquer les dégâts sociaux et environnementaux. Ce monde nouveau n'est pas abouti, car nous avons ne pas savoir le penser intégralement : il n'est plus capitaliste dominant, il n'est pas socialiste hyper-productiviste mais éco-socialiste. Il construit un développement économe et harmonieux respectueux des humains et de la nature.


    Pour certains altermondialistes, il ne faut pas nier l'existence de différences entre L'altermondialisme et les internationales communistes (<st1:PersonName w:st="on" productid="la III Internationale">la III Internationale</st1:PersonName> de Lénine et <st1:PersonName w:st="on" productid="la IV Internationale">la IV Internationale</st1:PersonName> de Trotski ) mais ils faut aussi mettre l'accent sur les points de convergence possibles, notemment sur l'autre monde nécessaire et possible.



    I – ADMETTRE LES DIFFERENCES ENTRE ALTERMONDIALISME ET INTERNATIONALES COMMUNISTES


    Elles sont visibles au plan de l'organisation comme au plan des contenus.

    A) DES MODELES ORGANISATIONNELS DIFFERENTS


    Les Forum « alter » se veulent un espace horizontal ouvert aux personnes et organisations engagées dans des luttes pour « un autre monde ». Un Forum Social Mondial se veut sans construction pyramidale et même sans leader ce qui suppose une organisation démocratique, l'égalité des participants étant un construit et non un état naturel.

    Reprenons alors la distinction de Raoul JENNAR (1) pour mieux saisir la différence.

    « Par nature, l'altermondialisme est une forme nouvelle d'internationalisme dont la particularité par rapport aux quatre internationales qui l'ont précédé est de ne pas être soumis à un centre qui dicte la pensée et les actes. L'altermondialisme est en soi un rejet de la forme d'action proposée par le léninisme et pratiquée par les deux internationales qui s'en sont réclamés. Les altermondialistes récusent les organisations hiérarchiques pyramidales. Ils fonctionnent en réseaux.

    L'altermondialisme est né d'une convergence : celle d'associations et d'ONG, issues de la société civile - au sens gramschien et non pas anglo-saxon de l'expression - chacune active dans un domaine bien précis (genre, enfance, droits humains, écologie, développement, actions humanitaires,...) et découvrant progressivement qu'elles se heurtent au même mal : la mondialisation, nom donné à la phase présente du développement du capitalisme caractérisée par une dérégulation et une financiarisation à l'échelle de la planète. »



    B) DES NOTIONS FONDATRICES DIFFERENTES MAIS EN DEBAT

    La différence de contenu programmatique saute au yeux d'emblée car la référence au communisme et même au socialisme est marginale. Le marxisme s'il n'est pas rejeté n'est pas la base de tout sur lequel on ajoute un arbre doctrinal qui porte le nom des grandes figures du mouvement ouvrier international : Lénine, Rosa Luxembourg, Gramsci, puis ici Staline, Trotski ou Mao ou autre chose. Dans l'altermondialisme Marx sera évoqué avec beaucoup d'autres penseurs contemporains ou anciens. Par exemple, la sociologie de la domination de Bourdieu y voisine avec la sociologie de la contradiction de Marx. Il en va de même en économie.

    Elle ne s'arrête pas là : L'altermondialisme a pour figure centrale le citoyen qui veut faire valoir ses droits démocratiques et républicains dans le cadre national ou européen voire au plan mondial.

    La classe ouvrière est effacée. Mais derrière l'abstraction des marchés ce que chacun repère ou imagine c'est une « bourgeoisie », une classe sociale dominante qui agit contre le reste de l'humanité (et de la nature). Ce reste de l'humanité pourrait se nommer « le peuple » – comme je l'ai proposé après Patrick TORT (2) – mais le dictionnaire Alter ignore le mot. On y évoque pas les masses mais seulement la nation. Et la nation est un objet conflictuel (3 ).



    II – ...MAIS NE PAS NIER LES POINTS COMMUNS ENTRE ALTERMONDIALISME ET INTERNATIONALES COMMUNISTES




    Il importe d'abord de repérer l'altermondialisme de l'altermondialisation et des mouvements divers qui en sont éloignés plus ou moins. Etape nécessaire pour repérer des points communs entre altermondialisme et internationales communistes (III et IV).


    A) PREALABLE : ALTERMONDIALISATION et ALTERMONDIALISME


    Il faut distinguer les forums, les réseaux et ATTAC.

    - Le risque du réseau et des forum : la pente de l'altermondialisation...


    On pourrait penser que le risque de ce type d'organisation est l'altermondialisation, le mouvementisme sans but unique mais avec de multiples micro-projets voire parfois des pratiques purement individuelles sans actions collectives pour changer les structures. L'altermondialisation est donc le nom d'un processus multiforme de construction d'un monde qui n'est pas radicalement différent de celui-ci. On peut dire que l'altermondialisation veut aménager l'existant, le modifier plus ou moins mais pas en changer les base, notamment pour passer de la propriété privée des moyens de production et d'échange à l'appropriation publique (nationalisations) puis sociales. L'altermondialisation s'en prendra à certains effets du capitalisme sans vouloir remettre en cause la dynamique et les rapports sociaux qui en sont à la racine : la critique portera par exemple contre la concurrence, la « compétition » ou le « consumérisme » sans affronter le cœur de la logique capitaliste.


    En fait, l'altermondialisation milite pour d'autres mondes aux marges du mode de production dominant régulé. Deux choses donc dans l'altermondialisation : d'une part une croyance qu'il est possible de réguler le capitalisme et d'autre part la volonté de construire des archipels de « mondes » plus ou moins dégagés des logiques marchande avec la promotion du seul néosolidarisme, du seul coopérativisme, de la seule économie sociale et solidaire (ESS).


    - ATTAC résolument tourné vers l'altermondialisme


    Mais ce qui s'est déployé dans ATTAC notamment depuis ce qui a été nommé en 2003 « la nouvelle dynamique » et réaffirmé plus encore par la suite avec le Manifeste altermondialiste c'est la volonté de dégager des « ruptures franches » avec le capitalisme dans sa phase actuelle dite néolibérale. « L'altermondialisme milite lui pour un autre monde car « il n'y a pas de fatalité, cette mondialisation n'est qu'un choix politique auquel on peut lui en opposer d'autres, qu'il y a des alternatives et qu'un autre monde est possible. » ainsi que le dit RMJ

    Mon propos ne vise pas à délaisser les forums mais à y intervenir vigoureusement pour y donner un contenu autre que la vente du café équitable !



    B) NOUVEAU MONDE : UNE NOUVELLE PEDAGOGIE DU SOCIALISME ECOLOGIQUE


    1. DISTINGUER LES BUTS ET LES MOYENS*

    Le projet socialiste vise la satisfaction des besoins ce qui diffère de ce qui se fait sous le capitalisme dominant à savoir répondre surtout et principalement à une demande solvable via le(s) marché(s) en vu d'un profit .Le capitalisme subordonne la production de valeurs d'usage à la valorisation marchande, à la réalisation d'une valeur d'échange. Le socialisme se dégage largement de cette subordination. Une "autre démocratie" fait partie des objectifs du projet socialiste.

    Cet objectif du socialisme se réalise d'une part via une large et profonde démocratisation aboutissant à une "autre démocratie" et d'autre part au moyen d'un outil qui permet une distribution égale et rationnelle des biens et services, des accès aux droits sur tout le territoire. Cet outil qui n'est pas que bureaucratie rationnelle se nomme "Etat socialiste" puisque la démocratie économique est mise en place d'une façon impensable sous le capitalisme. Démocratisation et Etat socialiste redistributif sont des moyens important de réalisation des objectifs mais ce ne sont que des outils : Pas de fétichisme de l'Etat socialiste ! Il ne doit être désiré que pour la réalisation de l'alterdémocratie (4) qui est un but quasiment de même niveau que la satisfaction des besoins.


    2. VAINCRE LES TROIS « BETES NOIRES » OBSTACLES A <st1:PersonName w:st="on" productid="LA PENSEE DU">LA PENSEE DU</st1:PersonName> SOCIALISME


    Etat socialiste redistributif et égalitaire signifie-t-il totale planification ? totale nationalisation ? suppression total du marché ? Non. Soupir de soulagement pour celles et ceux pour qui ces termes signifient Léviathan totalitaire. Mais aussi tôt une question surgit : quel est alors cet Etat socialiste? Ne s'agit-t-il pas d'un Etat capitaliste démocratisé et fonctionnant au profit du peuple, du salariat? Non ! Un saut qualitatif très important est nécessaire pour accéder à la satisfaction des besoins et à l'alterdémocratie. De nombreuses ruptures franches avec effets cliquets sont nécessaires et in fine un basculement dans l'autre société avec notamment la planification, de nombreuses nationalisations, et une vaste démarchandisation notamment avec des services publics fonctionnant à partir de leur logique propre mais aussi démarchandisation de la force de travail.

    -

    Pour conclure, débattons bien de tout y compris de ce qui est le moins évident, le plus discutable. Car la lutte sera dure avant comme après la crise. Car crise sociale et politique il y aura ! Parions pour un autre « Mai 68 » avec transcendance des luttes au-delà des frontières et autre débouché en terme de « nouvelle société ».




    Christian DELARUE

    Membre du CA d'ATTAC France


    1 Raoul JENNAR in « L'altermondialisme et les gauches »
    http://wb.attac.be/L-altermondialisme-et-les-gauches.html


    2 Patrick TORT in Le marxisme aujourd'hui

    3 Nation

    ATTAC France n'a pas, je crois, mis à part un socle commun minimal, de positions bien développées sur la Nation. La Nation est le cadre reconnu - sous couvert de profonde démocratisation - pour un projet l'appropriation publique et de façon générale pour l'application des principes de service public partout sur le territoire. Les syndicats - comme l'UGFF CGT par exemple - y sont attachés comme cadre de mission. Mais il y débat par rapport à la citoyenneté des résidents d'origine extracommunautaires tout comme sur le rôle de la Nation comme obstacle à la mondialisation capitaliste. De même l'Etat ne fait pas l'objet d'une conception partagée : capitaliste pour les uns, contradictoire pour d'autres, républicain d'abord pour d'autres encore. Quand à la notion de peuple, plus concrète, plus en contestation des élites ou la classe dirigeante qui se cache derrière la Nation ne figure pas dans le dictionnaire Alter. C'est un manque pour avancer sue la démocratie populaire et économique que j'ai nommé alterdémocratie.

    4 Alterdémocratie sur site ATTAC 35, Bellaciao, ce blog

     

     


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