• L’écosocialisme, ATTAC, les syndicats et l’écologie

         
     
     

    L'écosocialisme, ATTAC, les syndicats et l'écologie

    L'écosocialisme, ATTAC, les syndicats et l'écologie

    Il y a une erreur dans le titre, car si les syndicats ont pu parler du socialisme il y a encore une dizaine d'annèes ils ne le font plus. Tout au plus évoquent-t-ils la transformation sociale ; mais ils le font désormais en y inscrivant de plus en plus les objectifs du développement duarable (DD) . Quand à ATTAC, il articule certes plus aisément le social, l'économie et l'environnement mais il parle plus d'alterdéveloppement ou, de façon moins ambitieuse, d'altercroissance mais pas d'écosocialisme. En tout cas quand le terme est évoqué, il n'est pas défini . Pourtant l'alternative systèmique semble être dénommée par l'écosocialisme que pas l'alterdéveloppement.

    1. - LA CONVERGENCE DES ACTEURS...

    ATTAC et les syndicats de salariés s'opposent traditionnellement aux attaques du patronat et du gouvernement qui frappent les salarié(e)s, tant dans le travail que dans le hors travail . Ce mouvement altermondialiste dans sa diversité porte des revendications défensives mais aussi offensives et qui dessinent ici ou là des alternatives et parfois, par convergence pratique et théorique, une réelle alternative globale montrant qu'un autre monde est possible .

    Ce qui est nouveau, dans le syndicalisme des ouvriers, employés et techniciens tant public que privé, c'est que de plus en plus la dimension écologique est prise en compte, et ce via la problèmatique du développement durable (2) . La dégradation de la nature a engendré cette évolution . C'est un fait majeur qui répond aux impasses du passé . Une prise de conscience se généralise : Le capital ne s'attaque pas frontalement qu'aux conditions de travail du prolétariat . Il aggrave aussi "la pollution, l'effet de serre, la dégradation de la biodiversité et l'épuisement à brève échéance des ressources de la planète après avoir été accaparées notamment par les multinationales qui misent maintenant sur l'appropriation du vivant et des connaissances"(1). Et cela n'est pas sans rapport avec ce qui se fait dans l'entreprise et avec ce qui pourrait ce faire dans les services publics fonctionnant sous logique de service publique donc en opposition à la logique marchande.

    Le capitalisme ignore tout ce qui n'est pas susceptible de rapporter profit - voire tire son profit de ces dégradations . Et c'est par contrepoint nécéssaire que le mouvement altermondialiste et ses diverses composantes s'attèle à remette en cause le modèle de développement dominant et à promouvoir un alterdéveloppement répondant aux besoins sociaux , aux besoins de l'immense majorité de la population mondiale . La question de la bioshère qui planait au-dessus des classes sociales et des rapports sociaux s'y voit insérée par cette convergence netre le secteur associatif écologiste et le mouvement "ouvrier" ouvert à l'alterdéveloppement.

    2. - ... ET UNE REPONSE A UNE IMPASSE THEORIQUE

    D'aucuns estiment que les syndicats sont toujours en retard dans la prise en compte du DD . Et quand ils le font les préconisations sont modérées . Ce "retard' se comble en même temps que se règle la réponse à une impasse théorique avec " le débat qui est apparu pour savoir si la transformation sociale ne devait pas céder le pas à la transformation du rapport à la nature. En d'autres termes, le paradigme de l'émancipation sociale porté depuis deux siècles par le mouvement ouvrier n'aurait-il pas épuisé sa dynamique et ne devrait-il pas s'effacer devant un nouveau paradigme prenant en compte avant tout l'avenir de la planète ?"

    Jean-Marie HARRIBEY et d'autres ont chercher "à montrer que la transformation des rapports sociaux doit inclure la modification du rapport à la nature mais que l'établissement d'une hiérarchie qui placerait au sommet le respect de la nature indépendamment de ses conditions sociales d'utilisation conduirait dans une impasse théorique (la naturalisation des conditions de la production des moyens d'existence) et dans une impasse politique (l'impossibilité de faire se rejoindre les multiples fronts de lutte contre le capitalisme néo-libéral)".

    Le prolétariat est toujours là ! Rien ne permet d'accréditer l'idée que, sociologiquement, le prolétariat (c'est-à-dire les salariés vendeurs de leur force de travail) soit en régression à l'échelle mondiale. C'est une thèse avancée depuis pratiquement la naissance du prolétariat par la sociologie bien-pensante et qui est démentie par les statistiques mais surtout par l'homogénisation des conditions d'exploitation et de domination des deux fractions numériquement les plus importantes du salariat, à savoir les ouvriers et les employés, représentant 60% de la population active d'un pays comme la France qui fait partie des pays développés dans lesquels il est souvent dit que les anciens clivages de classes ont disparu. Le fait que les représentations (autrefois, on disait la « conscience de classe »...) se soient brouillées ne suffit pas à dissoudre la réalité matérielle. Si l'on regarde le monde entier, le salariat s'étend en même temps que le capitalisme. Il paraît alors difficile de théoriser la substitution d' « un mouvement non classiste » à un mouvement de classe. L'enracinement des luttes d'émancipation ne se situe toujours dans les rapports sociaux de production .Qu'il y ait un salariat "productiviste" ne saurait être un argument pertinent pour effacer les rapports de classe et le système capitaliste au profit d'un écologisme "humain" ou "social-libéral".

    Réintroduire le "productivisme" dans le capitalisme : Le capitalisme ne peut être réduit à du productivisme . Il n'y a pas de compréhension possible de l'accumulation financière sans théorie de la plus-value, pas de compréhension de la mondialisation sans théorie de la marchandise, et, au final pour notre projet, pas de nouvelle conception de la richesse ni d'extension de la sphère non marchande sans théorie mettant en relation travail et valeur. Le productivisme, c'est produire pour le profit sans fin d'une classe, la bourgeoisie privée qui accumule du capital, ou bien, comme en URSS, pour celui d'une classe bureaucratique qui concentre le pouvoir.

    Richesse et biens naturels : Les biens naturels sont de la richesse et n'ont pourtant pas de valeur économique intrinsèque, contrairement à ce qu'affirment les économistes néo-classiques. Ce point découle de la même distinction précédente. La nature fournit de la richesse et est improductive en elle-même de valeur pour le capital ; lorsqu'elle est appropriée, elle peut être exploitée par le biais d'un travail productif de valeur.

    Richesse et services publics : L'avenir des services publics est de fonctionner hors logique marchande, pour la production de valeur d'usage qui ne soit pas valeur d'échange. La perspective écosocialiste est là, dans la sortie de la soumission au capital . Car les services non marchands sont de la richesse sans valeur pour le capital. Donc le travail qui en est à l'origine est productif de richesses mais improductif de valeur pour le capital. Insupportable pour lui ! Exemple : Les travaux domestiques sont productifs de richesse sans valeur marchande ni monétaire. La reproduction de la force de travail n'est pas, dans le cadre domestique, productrice en elle-même de valeur pour le capital.

    Et parler d'économie, de rapports sociaux, pire, de rapports sociaux de production, ne condamne pas à rester dans l'univers utilitariste ou économiciste. Cest ce que démontre Jean-Marie HARRIBEY dans l'article ci-dessous dont j'ai tiré les idées essentielles.

    Christian DELARUE ATTAC Rennes

    1- citations de Jean-Marie HARRIBEY in "Rapports sociaux et écologie : hiérarchie ou dialectique?"

    http://netx.u-paris10.fr/actuelmarx/m4harriecolo.htm

    2 - voir sur Bellaciao récemment "DEVELOPPEMENT DURABLE (DD) : GOUVERNANCE OU CONVERGENCE DES ACTEURS SYNDICAUX ET ASSOCIATIFS " Intervention de fin de stage universitaires/syndicalistes - ISSTO Rennes Nov. 2005 par Christian DELARUE snadgi-cgt35 et ATTAC


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