• LA LAICISATION DU MONDE : UNE PERSPECTIVE POUR LE XXI ème SIECLE.

    LA LAICISATION DU MONDE :

    UNE PERSPECTIVE POUR LE XXI ème SIECLE.

    par Christian DELARUE

     

    vendredi 18 juillet 2008

    sur Amitié entre les peuples

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article222 


    Dans certains cercles de gauche ou altermondialistes on évoque de plus en plus l'idée d'un socialisme du XXI ème siècle. Un socialisme nécessairement mondialisé et nécessairement porteur d'un alterdéveloppement remède aux dégâts écologique d'un capitalisme incapable de s'autolimiter. Parallèlement à cette perspective l'idée de promouvoir laïcité et droits des femmes se renforce. Une telle promotion doit s'effectuer de la façon la plus pacifique mais en répondant fermement à la fois la vision conquérante de la nation musulmane à étendre (point 2) et à son opposé venu des USA et nommé "choc des civilisations".

    1) La laïcité, comme processus et rapport de force.

    En effet, face au "retour du religieux" pas nécessairement problématique mais parfois par trop excessif il importe d'enclencher au niveau mondial un processus de laïcisation (1) et de promouvoir la laïcité comme valeur universelle comme cadre de cohabitation pacifique donc souhaitable partout dans le monde, comme espace commun pour tous et toutes. En effet "la laïcité permet à tous les individus d'un pays, qu'ils croient au ciel ou qu'ils n'y croient pas, qu'ils fassent partie d'une institution religieuse ou pas, qu'ils pratiquent ou non une religion ou qu'ils se réfèrent à une spiritualité ou une philosophie particulière ou à aucune, de participer en citoyens à la vie publique, à égalité de droits et de devoirs. Elle se caractérise par un double refus : celui d'un athéisme (ou d'une autre philosophie) d'État et celui de toute religion officielle et/ou exclusive. Ainsi comprise, la laïcité n'est l'apanage d'aucun groupe, d'aucun état, d'aucune culture."(2) Le principe de laïcité est en corrélation avec un exercice des droits civils et politiques totalement déconnectés de toute appartenance religieuse, philosophique et culturelle

    Pour enclencher cette laïcisation, il ne s'agit pas d'imposer la laïcité aux pays dominés par l'impérialisme mais d'avancer progressivement partout ou c'est possible et en fonction des situations "régionales". Ce n'est pas chose simple. Il convient sans doute de mieux intégrer les principes de laïcité dans les grandes déclaration des droits de niveau mondial ou sa place est dès plus restreinte . Certes ce ne sera pas un texte fondamental mondial sur la laïcité qui fera une application garantie dans tous les pays de la planète, mais ce serait un point d'appui qui manque de nos jours. Par ailleurs, le mieux semble encore de renforcer la laïcité là ou elle existe. A cet égard il convient de suivre particulièrement ce qui se passe au niveau européen. Améliorer le niveau de laïcité - si l'on accepte la formule qui sous-entant qu'il y a toujours des conquêtes à mener en matière de laïcité et qu'il ne faut pas se fier uniquement aux textes constitutionnels ou aux dispositifs juridiques complexes- en Europe est un gage de son extension pacifique dans le reste du monde.

    On définit traditionnellement la laïcité par trois grands principes (1) passibles d'une interprétation plus ou moins forte : 1°) la neutralité confessionnelle, spirituelle et philosophique du politique ce qui implique une autonomie de l'Etat par rapport aux religions. 2°) la reconnaissance de la liberté de croyance, de religion, de conviction philosophique et d'indifférence. 3°) la non-discrimination entre les citoyens qui implique l'égalité de traitement des personnes quelle que soit leur religion, leurs convictions, leur sexe, leurs conditions sociales et physiques et la dissociation de leurs droits et devoirs, notamment de citoyens, de toute appartenance ou de non appartenance à une religion, à une spiritualité ou à une philosophie.

    2) L'islam, sa nation et le nationalisme religieux offensif.

    L'islamophobie consiste surtout à constamment ramener l'islam à ce qui a de plus négatif dans cette religion aux fin de stigmatisation et d'exclusion de tous ses membres ou de n'importe quel de ses membres. Or l'islam comme d'autres religions est variées dans ses interprétations et ses pratiques géographiques et historiques. Il existe donc un islam progressiste ayant assimilé ce que l'on a coutume d'appeler la modernité c'est à dire l'égalité des sexes, la laïcité, le fait démocratique, etc.... Il existe aussi un islam réactionnaire à composante variable, plus ou moins offensif.

    - Deux obstacles épistémologiques et ethnocentriques à la compréhension du nationalisme musulman.

    Embrasser la religion musulmane c'est pour beaucoup ( combien ?) de ses membres appartenir à une nation mais une nation qui n'est pas celle que nous concevons ordinairement en France, autrement dit pas celle d'un Etat-nation . La nation de l'islam est de nature supra nationale. Plusieurs territoires ou pays en font donc partie intégrante . La référence matérielle à un territoire ne suffit pas à définir la nation de l'islam (cf ci-après) .

    Ce n'est pas tout : il faut encore retenir un autre élément complémentaire tout aussi oublié que le précédent alors qu'il donne, lui, la pleine signification à un islam de conquête, autrement dit à un nationalisme religieux offensif, pas nécessairement guerrier mais susceptible de le devenir.

    Les non-musulmans dans toutes leur diversité croyants ou athées ne forment eux aussi qu'une seule nation car ils sont tous des infidèles par rapport à l'islam. En somme, sur la planète il n'y a que deux nations : la nation des musulmans et la nation des non-musulmans, infidèles par définition. Le monde divisé en deux mondes non compatibles. L'islam de conquête ne signifie pas qu'il faille faire la guerre. Comme pour d'autres religions il peut suffire de simplement faire l'apologie des préceptes et des rituels traditionnels tant chez les jeunes que chez les adultes.

    - Débattre de cette dynamique en rapport avec son opposé.

    Comme l'islam possède une dimension politique du fait de la non séparation de la société civile et de l'Etat le risque de dégénérescence guerrière est aisé. Tout dépend en fait de l'équilibre des forces tant interne (dans le monde musulman lui-même) qu'externe (rapport de force entre les deux mondes). Une telle interprétation de l'islam ne valide cependant pas la théorie du "choc des civilisations" de Samuel Huttington reprise par les USA. Au contraire vouloir un monde de paix c'est refuser mais dans la plus grande lucidité possible l'affrontement de deux camps opposés l'Orient contre l'Occident. Par contre c'est lutter pour la réduction des inégalités de développement dans le monde économiquement hiérarchisé mais aussi ne pas céder à l'extension de la laïcité (même sous des définitions variables) et à l'égalité entre les hommes et les femmes.

    Le problème est encore plus complexe si on rapporte le nationalisme musulman avec le nationalisme arabe. Il y a là matière à une autre étude.

    3 ) La mentalité laïque contre la réislamisation par le voile islamique.

    Outre la question courante "De quoi le voile est-il le symbole ?" (affichage religieux, marquage sexuel) il faut aussi poser la question : A quelle dynamique sociale se rapporte le voile ? A lire les spécialistes de la question il y a tout lieu de penser d'un façon plus générale que le voile est le symbole d'une forte religiosité issue de la réislamisation qui à son tour génère une "mondanisation" problématique. "On observe un certain niveau d'individualisation à travers les pratiques religieuses, surtout dans les communautés musulmanes d'Europe, mais aussi dans certains pays musulmans. La foi s'individualise, et le conformisme communautaire perd de son influence face au libre choix de pratiquer ou non. Même la constitution des réseaux néo-fondamentalistes tend à se faire sur une base d'adhésion individuelle. Néanmoins, la religiosité demeure forte" cf A. Kazancýgil (document du CEMOTI en lien). Le divin est l'affaire de chacun sans cesser d'être aussi l'affaire de l'Etat. Mais sous la poussée de la réislamisation ce religieux s'est mondanisé au point d'envahir la sphère publique. Cet envahissement est parfois si fort et par ailleurs si clivé en terme de genre qu'il en devient étouffant, oppressant dans certains lieux.

    Il est important de noter, pour éviter de caricaturer négativement l'islam, qu'en Europe un très grand nombre de musulmanes ne portent pas le voile et ont une pratique moderne, discrète et pacifique de l'islam.

    http://cemoti.revues.org/document772.html


    Christian Delarue.
    Responsable national antiraciste

    Sur le fond je renvoie à un cadre interprétatif global

    LE CADRE DE NOTRE AMITIE ENTRE LES PEUPLES : CONTRE LE NOUVEAU CAMPISME MONDIAL<HTTP: article.php3%20?id_article="58125" fr bellaciao.org>


    NB : Cette division du monde porte des noms, une signification : Dar al-Islam, c'est la « Maison de la paix » celle de l'islam et Dar al-Harb, est la « Maison de la guerre », celle des non-musulmans en fait car Dar al-Kufr qui signifie domaine des infidèles" ou "domaine de l'incroyance" se rapporte au Dar al-Harb.

    D'après Wikipédia /Dar al-Islam/ et ses termes associés ne figurent pas dans les textes fondamentaux de l'Islam qui sont le Coran ou les Hadiths. Des disciples musulmans maintiennent que marquer un pays ou un lieu comme /Dar al-Islam/ ou /Dar al-Harb/ concerne la question de la sécurité religieuse sur le plan juridique. Cela signifie que si un musulman pratique l'islam librement, il peut alors être considéré comme vivant dans un espace dit Dar al-Islam, même s'il vit dans un pays non islamique. Cependant les théologiens musulmans affirment que les cinq appels à la prière quotidiens doivent être effectués pour qu'une zone soit considéré comme Dar al-Islam.

    (1) La laïcisation n'est pas la sécularisation même si ces processus vont de pair
    Un colloque a fait le point sous cet angle.
    Un point de vue assez largement répandu dans les opinions publiques et les médias occidentaux affirme l'incapacité des sociétés musulmanes d'entrer dans la modernité et, notamment, d'acclimater en leur sein la sécularité et la démocratie, qui en sont des caractéristiques majeures. La notion de sécularité et les processus de sécularisation ont été privilégiés ici par rapport au concept de laïcité. Il s'agit moins de discuter des manières dont les institutions et les acteurs politiques et étatiques ­ partis, gouvernements, appareils d'Etat ­ fonctionnent dans ces pays, mais plutôt d'y identifier, dans l'espace public et l'espace privé et aux plans individuel et collectif, les discours, les idées et les comportements, qui peuvent être interprétés comme des signes, des indicateurs de processus de sécularisation et de démocratisation et leur impact sur les institutions politiques et étatiques

    http://cemoti.revues.org/document772.html

    (2) Je reprends les principes dégagé dans "La Laïcité, Valeur universelle". par Yves HIVERT-MESSECA sans y mettre des conditions stricte qui dépendent du degré d'avancement de la laïcisation

    http://sog1.free.fr/Articles/ArtMesseca205Laicite.htm




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