Prostitution et relativisation des rapports
sexuels.
Je prends bien prostitution au sens strict : vendre
son corps comme une marchandise à quelqu'un et non pas les actes de séduction
que l'on peut faire pour séduire l'autre car c'est radicalement différent. Je
défends la séduction mais je combats la prostitution .
Mon combat tient à un positionnement personnel -
qui ne m'est pas propre - que je pourrais dire brièvement : toute femme qui
entre dans mon lit devient autre et va prendre une importance certaine puisque
même si elle ne va pas nécessairement devenir la femme - je suis hétérosexuel - de ma vie elle
va être autre chose qu'une femme ordinaire, une collègue. Cela recouvre
le fait que la sexuaelité est psychosexualité mais plus encore. Le concept a besoin d'être
défendu.
Pour être plus clair, je dirais que je ne "baise pas", je partage un moment important de
l'existence avec l'autre qui m'ouvre son intimité. Ce propos n'emporte pour autant pas fétichisme du rapport sexuel devant se faire dans le cadre du mariage .Il n'emporte pas plus un modèle de relation sexuelle si ce n'est peut-être la prise en compte de ce
que l'on appelle "carte du tendre".
Traces amoureuses et sédimentation affective : la
joie d'aimer !
Si j'ai eu une certaine chance pour l'homme que je suis (mais
le propos est généralisable mais avec des variations personnelles), c'est de voir au
cours de l'existence dans chaque relation amoureuse partagée un moment
constructif de ma vie. C'est donc un bonheur sobre
mais réel de reconnaitre - alors que je n'ai pas encore fini le parcours de ma
vie - dans toutes les relations sentimentales reconnues de bons moments .
Ces relations peuvent pourtant avoir été très
différentes, certaines passionnelles et de faible durée, d'autres plus longues et d'un amour fort d'une complicité
maintenue.
Dans quasiment tous les cas ces femmes ont laissés
en moi des traces de joie et de bonheur. C'est un remerciement renouvelé.
- Du remerciement à l'estime
Pourtant tout pousse à dire que seule la dernière
compte, ou seul compte celle qui t'a donné de beaux enfants. La morale dominante
essaie de valoriser certaines relations et pas d'autres. Il est évident que
toutes les relations ne se valent pas . Mais la tendance lourde est d'oublier
que toutes ou preque ont apporté leur pierre à l'édifice de ce que je suis. Je
sens bien que tous ne raisonnent pas ainsi.
Cette vision en quelque sorte cumulative de mes
relations pourrait laisser penser que je suis plus dans la multiplicité que dans l'approfondissement d'une relation inscrite dans le temps. Ce n'est pas vrai. Je
ne vais pas m'en défendre. C'est de peu d'importance . Il est juste exact que
j'ai connu plusieurs femmes, suffisamment pour me rendre compte de l'importance
de certaines relations . Mais je ne crois pas pour autant que je sois un
"collectionneur" ou un "baiseur" qui se précipite sur tout ce qui bouge de féminin
(puisque je suis hétérosexuel). Chaque femme qui a mis la main sur moi a laissé
des traces en moi, y compris parfois celles qui pour un raison ou pour une autre
n'ont pas durablement inscrit les premiers émois dans la durée.
Les relations vécues ont été diverses mais je n'en
renie quasiment aucune. La vie veux - du moins selon le modèle dominant - que
l'on se détache suffisamment pour engager une autre relation. Mais c'est
l'autenthicité de la relation passée qui lui donne sa valeur. Et chaque relation
possède ses caractéristiques qui ne ressemblent pas à la précédente . Cette valeur permet le passage à l'amitié ou quand ce n'est pas possible à l'estime de l'autre duquel on s'est séparé.
- et à l'amitié
Une autre chose est que j'aime aussi
d'amitié certaines femmes que je n'ai pourtant jamais tiré à moi ni pris dans mes bras mais avec qui
j'ai tant discuté des relations humaines qu'elles ont pris aussi de la valeur
pour moi. Ici il ne s'agit plus de relativiser la distinction entre amour
passion de l'amour oblatif le seul valorisé des
philosophes et psychologues mais la distinction amour physique / amour amitié. Même cette distinction n'a pas pour moi de
l'importance. J'aime les femmes car j'ai des relations avec elles différentes
d'avec les hommes. Il y a quelques hommes pour qui j'ai de l'amitié mais
peu.
Christian DELARUE