• EDVIGE,

    LA CITOYENNETE ET LA PENTE BONAPARTISTE

     

    EDVIGE est l'acronyme d'un fichier de police destiné au gouvernement. Nous y reviendrons.


    I - PREALABLE SUR LA CITOYENNETE ET LA DEMOCRATIE

    Ayant écrit plusieurs textes sur le sujet je m'en tiens à l'essentiel (1)

    -
    L'ambiguité de la citoyenneté : un lieu d'affrontement politico-idéologique.

    Contre une vision unilatérale je pose la citoyenneté comme ayant deux faces comme janus . La face lumineuse est celle qui fait passer une communauté humaine au statut de peuple politique via le droit de vote. Ce faisant c'est l'égalité de chaque citoyen au travers de la règle un homme = une voix, une femme = une voix qui est promu . C'est là une conquête historique à ne pas sousestimé . Pour autant il ne s'agit pas de la survaloriser, de la fétichiser. Dans la démocratie libérale, elle n'est qu'un laps de temps ! Autant dire alors que la citoyenneté a aussi une face sombre, celle qui permet le passage du peuple concret à la nation abstraite, englobante et mystificatrice qui masque les conflits de classe et qui crée un nouveau rapport social entre les élus, les élites politiques qui la représente et qui monopolise l'activité politique. En ce sens, la citoyenneté telle qu'elle est organisée par la démocratie libérale assure plus la dépossession du peuple et des citoyens que leur participation au destin commun. La face lumineuse est célébrée, la face sombre continue de faire l'objet de recherche critique et scientifique . En fait la citoyenneté dans ses modalités engage une conception de la démocratie.

    - La démocratie libérale est d'essence restreinte

    Elle s'accommode d'un usage restreint de l'activité citoyenne limité à la votation après s'être longtemps accommodé d'un vote masculin, d'un vote censitaire, d'un vote dess nationaux. Dans une version moins restreinte que l'on nomme démocratie participative conçue comme complémentaire à la démocratie représentative les citoyens sont autorisés à participer à des processus souvent très localisés (le quartier) de débats et de décisions. La démocratie libérale reconnait les conflits de classe à sa manière en permettant la grève et les manifestations. Cet ensemble le plus avancé ne forme qu'une démocratie rabougrie eu égard au champ d'intervention comme au temps consacré. Rien à voir avec l'alterdémocratie ou l'autre démocratie dont je suis le promoteur.



    II - EDVIGE POUSSE A RESTREINDRE PLUS ENCORE UNE INTERVENTION CITOYENNE DEJA LIMITEE

    Le décret du 27 juin qui a crée ce ficher EDVIGE a été critiqué par le syndicat de la magistrature et de nombreuses associations a bien des défauts . Je renvoie ici au site http://nonaedvige.ras.eu.org/   pour les détails du texte.

    - citoyenneté passive encouragée, citoyenneté active bridée.

    Ici, dans le cadre que je développe, je souligne un seul asppect , celui qui renforce la citoyenneté passive au détriment de la citoyenneté active . La citoyenneté passive est celle jadis valorisée par feu Michel Debré (la phrase qui me revient à l'esprit concerne le seul fonctionnaire et pas le citoyen ordinaire : “Le fonctionnaire est un homme de silence, il sert, il travaille et il se tait“, mais la formule oubliée participe de la même philosophie) . Le bon citoyen doit se contenter d'aller voter les rares fois ou la démocratie représentative l'appelle . Il doit, le reste du temps, se vouer à l'éducation des enfants et se replier sur les joies et les misères individuelles et familiales de la consommation marchande (pour peu que les dits citoyens soit suffisamment solvables).

    Le fichage des personnes actives dans les associations, les partis politiques et les groupes religieux est non seulement attentatoire aux libertés et contraire à l'Etat de droit et passible de recours devant le Conseil d'Etat ( tentative en cours lu sur Bellaciao) mais il pousse à restreindre fortement l'intervention militante et citoyenne dans la cité. Le fichage des militants et militants a un effet de contrainte : il vise de fait à limiter leur renouvellement des amimateurs du mouvement social ou du moins à n'autoriser que le militantisme qui plait au gouvernement.

    - L'individu-masse, le divertissement et le soutien bonapartiste.

    Je pousse le raisonnement sur une hypothèse à confirmer : N'est-ce pas ainsi au temps du travailler plus longtemps et plus vite et avec des cerveaux livrés aux divertissements des médias (2) et non disponibles à l'activité citoyenne que l'on crée des individus-masse prêt à soutenir les entreprises politiques bonapartistes, autrement dit celles qui se veulent dures et austères pour les travailleurs et même autoritaires et répressives mais en passant par le suffrage démocratique ? Je n'ai pas encore lu l'ouvrage de Dominique LOSURDO sur "Démocratie et bonapartisme" mais j'espère y glaner des éléments confirmant la dégénèrescence de la démocratie libérale en bonapartisme. J'avais pour ma part pointer la dégénérescence de cette démocratie en gouvernance (3 ).


    Christian DELARUE
    Groupe "Démocratie" ATTAC Fce

    1) Notamment,mes précédentes études : 
    a) D'abord, un cadre théorique de fond qui doit beaucoup à Antoine ARTOUS
    - ATTAC mouvement anti/altermondialiste donc mouvement d'émancipation !
    http://rennes-info.org/ATTAC-mouvement-anti
    ou
    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=19670

    - ALTERCITOYEN : CITOYEN CONFINE, SEPARE, EXCLUS ou CITOYEN D'EMANCIPATION

    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=34633

    - ELEMENTS SUR L'ALTER-REPUBLIQUE

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article51391


    b) Ensuite une application sous la forme de la distinction entre deux sphères démocratiques matérialisées par une rupture qualitative et systèmique. J'ai appelé Alterdémocratie le modèle abouti, terme qui se rapproche de démocratie globale de Michel LASSERE (lien ci-dessos).

    - ALTER-DEMOCRATIE et ALTER-ECONOMIE
    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=47228

    - La "démocratie modeste" d'acceptation de l'ordre existant

    http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article66073
    plutôt que :
    Les limites de la démocratie bourgeoise De : Emrah KAYNAK
    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article67329

    - [ATTAC 35] Introduction : aller vers une autre démocratie, citoyenne et populaire
    http://www.local.attac.org/35/Introduction-ALLER-VERS-UNE-AUTRE

    ou ALTERDEMOCRATIE / AUTRE DEMOCRATIE : LE TRAJET ET LE BUT.
    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article58009

    - LA SOUVERAINETE-COMMISSION, UNE THEORIE TRANSITOIRE VERS L'ALTERDEMOCRATIE ?
    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=35054


    DEMOCRATIE POLITIQUE, DEMOCRATIE ECONOMIQUE, DEMOCRATIE GLOBALE de Michel LASSERE

    http://www.lagauche.com/lagauche/spip.php?article458

    2) Le Lay (TF1) vend « du temps de cerveau humain disponible »
    http://www.acrimed.org/article1688.html

    3) De la « représentation » à la « gouvernance néolibérale » ou du dévoiement de la critique de la représentation à son rétablissement possible
    http://www.france.attac.org/spip.php?article7311

    Sur l'hyprésidentialisme et le bonapartisme:
    Bonapartisme
    http://www.la-sociale.net/article.php3?id_article=292

    ULTRABONAPARTISME ET HYPERPRESIDENTIALISME*
    http://www.c6r.org/article.php3?id_article=886

    Dire non à ce coup d'Etat permanent
    http://www.mediapart.fr/journal/france/210708/dire-non-a-ce-coup-d-etat-permanent


    votre commentaire
  • Laurent JOFFRIN et la "race" juive : qu'en pense SOS Racisme ?



    Laurent Joffrin, après Askolovitch, BHL et SOS Racisme, y est allé de son couplet (1) contre Siné et en faveur de Philippe Val . Ce papier a été épinglé par les bons soins de Michel Davesnes (2) qui mérite d'être lu. Et lu jusqu'au bout, y compris le petit et discret post scriptum ici repris et souligné :
    PS : Sur la même page que la tribune du directeur de Libération, on trouve un article de SOS racisme (3), qui dénonce une « intolérable campagne de haine » à l'encontre de Philippe Val. Mais que pense l'association anti-raciste du curieux concept de "race" juive utilisé par celui qui les héberge aussi aimablement ?

    Question pertinente.

    Christian DELARUE
    membre du BE et du CA du MRAP

    notes:

    1) L'article de L Joffrin : "Charlie Hebdo» : sanctionner l'antisémitisme" dans Libération du 25 juillet 2008

    http://www.liberation.fr/rebonds/341125.FR.php


    2) L'article de Michel Davesnes : Laurent Joffrin et la « race » juive : un mot « mal choisi », dit-il

    http://www.acrimed.org/article2939.html


    3) L'intolérable campagne de haine SOS Racisme

    http://www.liberation.fr/rebonds/341124.FR.php

    Réponse
     "Comment fonctionne la calomnie"

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/commentaires/20080728.OBS4999/comment_fonctionne_la_calomnie.html


    Autres points sur l'affaire:

    Sur la charge d' Askolovitch

    Claude Askolovitch persiste et signe contre Siné

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/medias/20080717.OBS3314/claude_askolovitch_persiste_et_signe_contre_sine.html

    Sur la charge de BHL :
    De quoi Siné est-il le nom ?, par Bernard-Henri Lévy
    LE MONDE | 21.07.08

    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/07/21/de-quoi-sine-est-il-le-nom-par-bernard-henri-levy_1075542_3232.html

    BHL : Siné réveille "l'écho de l'antisémitisme le plus rance"
    http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20080721.OBS3827/bhl__sine_reveille_lecho_de_lantisemitisme_le_plus_ranc.html

    Interprétation critique de BHL
    BHL, Siné et l'indignation sélective par W. Nepigo
    <http://blog.nepigo.net/post/2008/07/21/Sine-ou-l-indignation-selective>


    Sur la question de la liberté d'expression :

    Quand Philippe Val, /Charlie Hebdo/ et BHL maltraitent la liberté d'expression... Acrimed soutient Siné
    Grégory Rzepski
    Publié le mercredi 23 juillet 2008

    http://www.acrimed.org/article2937.html

    Sur Siné :

    Quand Siné appelait la France à reconnaître son rôle dans la Shoah

    http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20080728.OBS4979/quand_sine_appelait_la_france_a_reconnaitre_son_role_da.html

    Ce qu'en pense Guy Bedos

    http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20080718.OBS3428/ce_quen_pense_guy_bedos.html

    Enfin, une pétition de soutien à Siné

    http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20080718.OBS3420/une_petition_de_soutien_a_sine.html



    votre commentaire
  • L'empreinte de Durkheim et de Weber au sein de la gauche française.



    Il n'y a pas que Marx dans la gauche ! On répondra effectivement que la gauche solidariste et néosolidariste (1) fait beaucoup de place à Durkheim ainsi qu'à Bouglé, Bourgeois et Keynes au détriment de Marx dans ses projets. Mais ce n'est pas sur ce thème de la solidarité et de la citoyenneté que j'invoque ici Durkheim et plus secondairement Weber mais sur le seul aspect, beaucoup plus restreint, de la laïcité .

    L'idée soumise au débat ici est que la laïcité portée par la gauche sociale (syndicale et altermondialiste) et par la gauche politique celle solidariste ou celle socialiste (comme société opposée à la société dominée par le capitalisme) emprunte à Durkheim et Weber lorsqu'elle évoque la laïcité, le " retour du religieux " . Ce faisant elle peut tendre un moment à relativiser contre Marx la présence de rapports sociaux conflictuels dans la société civile . Mais précisément dira-t-elle l'espace laïc conçu comme espace neutralisé par refoulement des débats sur Dieu et les religions a pour but de créer un espace public qui permette de laisser place au débat politique au débat de société en lien avec les luttes sociale . Dans cette perspective quasiment l'ensemble de la gauche française a pu se
    rattacher intellectuellement aux principes dégagés à la fin du XIX ème siècle par Durkheim et Weber; du moins pour partie. La droite elle fera aussi appel à eux mais beaucoup moins, lui préférant Tocqueville.

     

    I - L'EMPREINTE d'Emile DURKHEIM

    1. Ce que la gauche laïque a conservé de Durkheim.

    A suivre Christian Dubois nous défendons au travers des théories de Durkheim d'une part des valeurs laïques et d'autre part l'école républicaine.

    - Les valeurs laïques : Pour Durkheim, " il existe des valeurs laïques qui peuvent être sacrées, c'est-à-dire à part, intouchables et, face aux valeurs théocratique (qualifiées de religieuses) en déclin, l'élaboration d'une morale nouvelle, indispensable à l'intégration sociale, a un côté nécessairement religieux (du sacré et une institution
    " ecclésiale " ). Sur quoi peuvent reposer les valeurs laïques ?

    Fondamentalement sur la raison et la connaissance scientifique : ce n'est pas un esprit de sacrifice en vue d'un monde meilleur qui va conduire l'individu à rogner sa liberté en acceptant des règles collectives, ce n'est pas non plus son intérêt bien compris, c'est la connaissance même du fonctionnement de la société qui impose à lui cette
    règle intouchable du respect des règles".

    - L'école républicaine gratuite pour tous . La diffusion de ces nouvelles valeurs communes visant à cimenter la société doit se faire de façon privilégiée par l'école où l'on doit acquérir un vivre ensemble reposant sur le savoir scientifique. Au plan politique, ces nouvelles valeurs communes viseront à faire prendre conscience du devoir civique et du rôle intégrateur de l'Etat. L'institution centrale de l'intégration dans la société moderne est donc l'école contrôlée par l'Etat et il ne faut pas perdre de vue que Durkheim était pédagogue avant que d'être sociologue et la sacralisation de la connaissance comme source de morale se retrouve à travers l'assimilation des enseignants à
    des modèles qui doivent être dignes du caractère sacré de ce qu'ils enseignent et qui doivent être respectés à l'instar des prêtres. Le lien citoyenneté et laïcité passe donc la conscience collective dont le lieu privilégié d'acquisition est l'école.

    B) La gauche laique ne suit pas Durkheim (et encore moins Tocqueville) sur la présence nécessaire de la religion !

    Durkheim reconnaît que la science ne peut se substituer entièrement aux croyances " théocratiques " et, il est même souhaitable qu'elle ne le puisse pas. Quelle place, dans ce cas, leur faire dans la conscience collective et sa transmission par l'école ? Les croyances sont un objet d'étude scientifique et doivent être abordées comme telles ce qui ne signifie pas qu'on les rejette entant que croyances ; au contraire, l'approche scientifique permet aux croyants d'avoir une approche plus rationnelle, finalement moralement plus efficace et plus en conformité avec la conscience collective. L'école ne forme pas des adeptes des religions mais donne à ces adeptes la possibilité de rendre ces
    croyances compatibles au sein de la société. La tâche de transmission de ces croyances relèvent de groupes secondaires que Durkheim souhaitent préserver, voire revivifier (en particulier les groupes professionnels)
    parce que l'Etat et la société politique sont loin et que la conscience collective a besoin d'être concrétisée. Ainsi si la citoyenneté, selon Durkheim, met l'accent sur le dépassement des individus dans une perspective rousseauiste, elle ne se réfère pas à un individu abstrait, sujet de droits, mais à un individu socialisé c'est-à-dire où se construit et s'actualise une conscience commune, déclinée à deux niveaux et qui doit permettre l'affirmation d'une conscience individuelle.

    Tocqueville va plus loin : le citoyen doit croire pour être pleinement citoyen et n'importe quelle religion peut faire l'affaire (il cite la métempsychose) avant de se raviser : certaines religions sont incompatibles avec la citoyenneté démocratique, celles qui comprennent explicitement des principes d'organisation de la société et des préceptes politiques et il désigne l'Islam.

    On voit que les propos de Sarkosy dans son discours de Latran qui justifient la présence utile de la religion doivent plus à Tocqueville qu'à Durkheim. Ainsi, pour Henri Tincq (3) il reprendrait même l'utilitarisme de Napoléon : "Nicolas Sarkozy a prononcé deux discours, à la basilique du Latran à Rome le 20 décembre 2007 et à Riyad le 14
    janvier, qui proposent une vision de la laïcité assez différente de celle qui avait fini par s'imposer en France après un siècle de crises. Depuis, certains prêtent au président français des intentions "concordatrices", dans la lignée d'un Napoléon qui avait une vision plutôt politique et cynique de la religion : "Comment avoir de l'ordre dans un Etat sans religion ? La société ne peut exister sans l'inégalité des fortunes et l'inégalité des fortunes ne peut subsister sans la religion", écrivait-il en 1801, l'année du concordat signé avec Pie VII, destiné à rétablir la paix civile et religieuse après la Révolution".

     

    La gauche laïque est marquée par Durkheim mais aussi par Max Weber

     

    II - L'EMPREINTE de Max WEBER

    1. La religion comme système de domination et comme présence durable dans la société.

    Pour la gauche laïque, il s'agit d'accepter la religion dès lors que son volet oppressif est annulé. Cela est-il possible? Oui si l'on ne confond pas domination directe et aliénation.

    • La religion comme système de domination

    La religion, toutes les religions ne sont pas neutres mais actives dans la société. "D'un point de vue des rapports de pouvoir dans la société, Weber analyse la religion comme un système de domination : le prêtre vise à domestiquer la masse sociale en imposant et en cherchant à légitimer des valeurs, des normes et de pratiques, cette domination est
    évidemment très liée à l'ordre social et politique et renvoie à des modes de socialisation spécifique". Contrairement à ceux qui comme Foucault voient des rapports de pouvoir partout et en complément à Weber, la gauche marxiste cherchera à repérer la présence d'une théologie de la libération parmi la théocrates des différentes religions. On ne peut ici que renvoyer au travail exemplaire de M LOWY.

    • Les religions sont durablement installées

    Pour Weber, si le poids de la religion régresse dans la société moderne, la probabilité qu'elle disparaisse du paysage social est faible. La gauche marxiste instruite des méthodes autoritaires et même exterminatrices de Staline et autres dictateurs du prolétariat est devenue plus libertaire et ne cherche pas à éradiquer la religion des consciences et ne fait pas du combat contre la religion un axe majeur ni même secondaire. Elle est laïque au sens ou elle entend à ce que la
    religion reste dans la sphère privé et que dans cette sphère privée elle ne prenne pas une dimension oppressive contre les femmes. Mais ici c'est la jonction de l'émancipation humaine avec l'émancipation des femmes qui est mis en avant et non pas la laïcité.

    B. L'influence de Weber sur la gauche ne s'arrête pas là.

    La compréhension des rapports entre sécularisation et laïcisation , c'est aussi à Weber - entre autres - qu'on la doit ! Mais ici on ne saurait parler de reprise in extenso mais simplement d'influence diffuse et partielle.
    Continuons avec Christian Dubois et l'apport de Weber : "La laïcisation est un processus d'affranchissement progressif des fonctions de la vie publique de la religion (à commencer par la fonction politique). La sécularisation exprime l'idée qu'il n'existe aucune force extérieure au monde pour l'expliquer, c'est le " désenchantement du monde ", il n'y a aucune puissance mystérieuse ou transcendante nécessaire pour comprendre le monde (ce qui ne préjuge pas de ce qui est nécessaire pour y vivre).

    La sécularisation a quatre caractéristiques :

    1. la religion cesse d'être un facteur organisationnel de la société
    2. la religion perd les attributions qui en sont pas strictement du domaine religieux (état-civil, santé, éducation, aide sociale..)
    3. pluralisation et privatisation des croyances
    4. autonomisation de la démarche individuelle en matière de croyance.

    Le désenchantement du monde n'est pas un mouvement linéaire et uniforme, il a pu se heurter à de très fortes résistances impliquant une spécification du processus et c'est là que la laïcité comme valeur va être promue (France), il a pu se réaliser progressivement allant jusqu'à vider de fait la référence au religieux institutionnel en dehors de la stricte sphère religieuse (Angleterre) mais, on connaît l'exemple d'un pays fortement sécularisé, la Suède, qui a fini par instaurer officiellement la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 2000.

    La sécularisation est un mouvement qui renvoie à des changements du système des valeurs dans l'ensemble des sphères de la vie sociale qui n'exclut pas mais n'impose pas la promotion de ces valeurs dans le domaine public c'est-à-dire la laïcité".

    Christian DELARUE

    1. Lire Jean Jacques LAKRIVAL

    Misère du solidarisme et du néosolidarisme

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article68170

    2) Les références sociologiques ont pour source : Citoyenneté et laïcité, approches sociologiques par Christian Dubois
    http://www3.ac-clermont.fr/pedago/ses/cours%20capes/cours%20citoyennetelaicite.htm

    3) M. Sarkozy, la laïcité et la "religion civile", par Henri Tincq 

    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/01/25/m-sarkozy-la-laicite-et-la-religion-civile-par-henri-tincq_1003594_3232.html


    et un article critique de Tincq sur Marianne

    " Sarkozy : la religion doit devenir l'opium des banlieues ! "

    http://www.marianne2.fr/Sarkozy-la-religion-doit-devenir-l-opium-des-banlieues-!_a82491.html?


    votre commentaire
  • Le voile islamique, Faiza M, contre-feux et le MRAP

    Le site contre-feux.com publie un texte qui, sous le titre "Sous la burqua, le désert", met en cause le MRAP.

    Comme membre de la direction du MRAP je tiens à faire observer que jamais le MRAP a défendu le voile et encore moins la burqa (ou burka). Le MRAP association antiraciste laïque défend une société sans discrimination raciste y compris pour des motifs religieux. Ce faisant le MRAP ne défend nullement une religion particulière. Il inscrit son action dans le cadre des lois existantes tant en France qu'en Europe . Par ailleurs, le MRAP n'est pas en premier lieu une association de défense de la laïcité et pas plus un association de défense de l'égalité entre hommes et femmes même si ces deux valeurs fondamentales constituent le socle de son action. En l'espèce le MRAP estime que "cette décision pose des questions" mais aucune décision d'aucune sorte n'a été entreprise par le MRAP pour s'opposer à la décision du Conseil d'Etat. Et, contrairement à ce j'ai pu lire ici ou là Mouloud AOUNIT ne s'est nullement distingué sur ce point.

    L'article cité sur contre-feux soulève un point fort pertinent insuffisamment développé à ma connaissance jusqu'alors à propos de cette décision ; à savoir la pression de certains hommes et de l'intégrisme religieux sur les femmes contraintes de porter voiles ou burka ou niqab. Là encore le MRAP combat l'intégrisme religieux. Mais sous ce terme il vérifie que ne cache pas une forme de discrimantion raciste.

    Christian DELARUE
    Membre du bureau exécutif et du conseil d'administration du MRAP

    Sous la burqa, le désert
    http://www.contre-feux.com/billets/sous-la-burqa-le-desert.php

    QUE RECOUVRE LE VOILE POLITICO-RELIGIEUX DE FAIZA M. ?
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article220

    votre commentaire
  • LA LAICISATION DU MONDE :

    UNE PERSPECTIVE POUR LE XXI ème SIECLE.

    par Christian DELARUE

     

    vendredi 18 juillet 2008

    sur Amitié entre les peuples

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article222 


    Dans certains cercles de gauche ou altermondialistes on évoque de plus en plus l'idée d'un socialisme du XXI ème siècle. Un socialisme nécessairement mondialisé et nécessairement porteur d'un alterdéveloppement remède aux dégâts écologique d'un capitalisme incapable de s'autolimiter. Parallèlement à cette perspective l'idée de promouvoir laïcité et droits des femmes se renforce. Une telle promotion doit s'effectuer de la façon la plus pacifique mais en répondant fermement à la fois la vision conquérante de la nation musulmane à étendre (point 2) et à son opposé venu des USA et nommé "choc des civilisations".

    1) La laïcité, comme processus et rapport de force.

    En effet, face au "retour du religieux" pas nécessairement problématique mais parfois par trop excessif il importe d'enclencher au niveau mondial un processus de laïcisation (1) et de promouvoir la laïcité comme valeur universelle comme cadre de cohabitation pacifique donc souhaitable partout dans le monde, comme espace commun pour tous et toutes. En effet "la laïcité permet à tous les individus d'un pays, qu'ils croient au ciel ou qu'ils n'y croient pas, qu'ils fassent partie d'une institution religieuse ou pas, qu'ils pratiquent ou non une religion ou qu'ils se réfèrent à une spiritualité ou une philosophie particulière ou à aucune, de participer en citoyens à la vie publique, à égalité de droits et de devoirs. Elle se caractérise par un double refus : celui d'un athéisme (ou d'une autre philosophie) d'État et celui de toute religion officielle et/ou exclusive. Ainsi comprise, la laïcité n'est l'apanage d'aucun groupe, d'aucun état, d'aucune culture."(2) Le principe de laïcité est en corrélation avec un exercice des droits civils et politiques totalement déconnectés de toute appartenance religieuse, philosophique et culturelle

    Pour enclencher cette laïcisation, il ne s'agit pas d'imposer la laïcité aux pays dominés par l'impérialisme mais d'avancer progressivement partout ou c'est possible et en fonction des situations "régionales". Ce n'est pas chose simple. Il convient sans doute de mieux intégrer les principes de laïcité dans les grandes déclaration des droits de niveau mondial ou sa place est dès plus restreinte . Certes ce ne sera pas un texte fondamental mondial sur la laïcité qui fera une application garantie dans tous les pays de la planète, mais ce serait un point d'appui qui manque de nos jours. Par ailleurs, le mieux semble encore de renforcer la laïcité là ou elle existe. A cet égard il convient de suivre particulièrement ce qui se passe au niveau européen. Améliorer le niveau de laïcité - si l'on accepte la formule qui sous-entant qu'il y a toujours des conquêtes à mener en matière de laïcité et qu'il ne faut pas se fier uniquement aux textes constitutionnels ou aux dispositifs juridiques complexes- en Europe est un gage de son extension pacifique dans le reste du monde.

    On définit traditionnellement la laïcité par trois grands principes (1) passibles d'une interprétation plus ou moins forte : 1°) la neutralité confessionnelle, spirituelle et philosophique du politique ce qui implique une autonomie de l'Etat par rapport aux religions. 2°) la reconnaissance de la liberté de croyance, de religion, de conviction philosophique et d'indifférence. 3°) la non-discrimination entre les citoyens qui implique l'égalité de traitement des personnes quelle que soit leur religion, leurs convictions, leur sexe, leurs conditions sociales et physiques et la dissociation de leurs droits et devoirs, notamment de citoyens, de toute appartenance ou de non appartenance à une religion, à une spiritualité ou à une philosophie.

    2) L'islam, sa nation et le nationalisme religieux offensif.

    L'islamophobie consiste surtout à constamment ramener l'islam à ce qui a de plus négatif dans cette religion aux fin de stigmatisation et d'exclusion de tous ses membres ou de n'importe quel de ses membres. Or l'islam comme d'autres religions est variées dans ses interprétations et ses pratiques géographiques et historiques. Il existe donc un islam progressiste ayant assimilé ce que l'on a coutume d'appeler la modernité c'est à dire l'égalité des sexes, la laïcité, le fait démocratique, etc.... Il existe aussi un islam réactionnaire à composante variable, plus ou moins offensif.

    - Deux obstacles épistémologiques et ethnocentriques à la compréhension du nationalisme musulman.

    Embrasser la religion musulmane c'est pour beaucoup ( combien ?) de ses membres appartenir à une nation mais une nation qui n'est pas celle que nous concevons ordinairement en France, autrement dit pas celle d'un Etat-nation . La nation de l'islam est de nature supra nationale. Plusieurs territoires ou pays en font donc partie intégrante . La référence matérielle à un territoire ne suffit pas à définir la nation de l'islam (cf ci-après) .

    Ce n'est pas tout : il faut encore retenir un autre élément complémentaire tout aussi oublié que le précédent alors qu'il donne, lui, la pleine signification à un islam de conquête, autrement dit à un nationalisme religieux offensif, pas nécessairement guerrier mais susceptible de le devenir.

    Les non-musulmans dans toutes leur diversité croyants ou athées ne forment eux aussi qu'une seule nation car ils sont tous des infidèles par rapport à l'islam. En somme, sur la planète il n'y a que deux nations : la nation des musulmans et la nation des non-musulmans, infidèles par définition. Le monde divisé en deux mondes non compatibles. L'islam de conquête ne signifie pas qu'il faille faire la guerre. Comme pour d'autres religions il peut suffire de simplement faire l'apologie des préceptes et des rituels traditionnels tant chez les jeunes que chez les adultes.

    - Débattre de cette dynamique en rapport avec son opposé.

    Comme l'islam possède une dimension politique du fait de la non séparation de la société civile et de l'Etat le risque de dégénérescence guerrière est aisé. Tout dépend en fait de l'équilibre des forces tant interne (dans le monde musulman lui-même) qu'externe (rapport de force entre les deux mondes). Une telle interprétation de l'islam ne valide cependant pas la théorie du "choc des civilisations" de Samuel Huttington reprise par les USA. Au contraire vouloir un monde de paix c'est refuser mais dans la plus grande lucidité possible l'affrontement de deux camps opposés l'Orient contre l'Occident. Par contre c'est lutter pour la réduction des inégalités de développement dans le monde économiquement hiérarchisé mais aussi ne pas céder à l'extension de la laïcité (même sous des définitions variables) et à l'égalité entre les hommes et les femmes.

    Le problème est encore plus complexe si on rapporte le nationalisme musulman avec le nationalisme arabe. Il y a là matière à une autre étude.

    3 ) La mentalité laïque contre la réislamisation par le voile islamique.

    Outre la question courante "De quoi le voile est-il le symbole ?" (affichage religieux, marquage sexuel) il faut aussi poser la question : A quelle dynamique sociale se rapporte le voile ? A lire les spécialistes de la question il y a tout lieu de penser d'un façon plus générale que le voile est le symbole d'une forte religiosité issue de la réislamisation qui à son tour génère une "mondanisation" problématique. "On observe un certain niveau d'individualisation à travers les pratiques religieuses, surtout dans les communautés musulmanes d'Europe, mais aussi dans certains pays musulmans. La foi s'individualise, et le conformisme communautaire perd de son influence face au libre choix de pratiquer ou non. Même la constitution des réseaux néo-fondamentalistes tend à se faire sur une base d'adhésion individuelle. Néanmoins, la religiosité demeure forte" cf A. Kazancýgil (document du CEMOTI en lien). Le divin est l'affaire de chacun sans cesser d'être aussi l'affaire de l'Etat. Mais sous la poussée de la réislamisation ce religieux s'est mondanisé au point d'envahir la sphère publique. Cet envahissement est parfois si fort et par ailleurs si clivé en terme de genre qu'il en devient étouffant, oppressant dans certains lieux.

    Il est important de noter, pour éviter de caricaturer négativement l'islam, qu'en Europe un très grand nombre de musulmanes ne portent pas le voile et ont une pratique moderne, discrète et pacifique de l'islam.

    http://cemoti.revues.org/document772.html


    Christian Delarue.
    Responsable national antiraciste

    Sur le fond je renvoie à un cadre interprétatif global

    LE CADRE DE NOTRE AMITIE ENTRE LES PEUPLES : CONTRE LE NOUVEAU CAMPISME MONDIAL<HTTP: article.php3%20?id_article="58125" fr bellaciao.org>


    NB : Cette division du monde porte des noms, une signification : Dar al-Islam, c'est la « Maison de la paix » celle de l'islam et Dar al-Harb, est la « Maison de la guerre », celle des non-musulmans en fait car Dar al-Kufr qui signifie domaine des infidèles" ou "domaine de l'incroyance" se rapporte au Dar al-Harb.

    D'après Wikipédia /Dar al-Islam/ et ses termes associés ne figurent pas dans les textes fondamentaux de l'Islam qui sont le Coran ou les Hadiths. Des disciples musulmans maintiennent que marquer un pays ou un lieu comme /Dar al-Islam/ ou /Dar al-Harb/ concerne la question de la sécurité religieuse sur le plan juridique. Cela signifie que si un musulman pratique l'islam librement, il peut alors être considéré comme vivant dans un espace dit Dar al-Islam, même s'il vit dans un pays non islamique. Cependant les théologiens musulmans affirment que les cinq appels à la prière quotidiens doivent être effectués pour qu'une zone soit considéré comme Dar al-Islam.

    (1) La laïcisation n'est pas la sécularisation même si ces processus vont de pair
    Un colloque a fait le point sous cet angle.
    Un point de vue assez largement répandu dans les opinions publiques et les médias occidentaux affirme l'incapacité des sociétés musulmanes d'entrer dans la modernité et, notamment, d'acclimater en leur sein la sécularité et la démocratie, qui en sont des caractéristiques majeures. La notion de sécularité et les processus de sécularisation ont été privilégiés ici par rapport au concept de laïcité. Il s'agit moins de discuter des manières dont les institutions et les acteurs politiques et étatiques ­ partis, gouvernements, appareils d'Etat ­ fonctionnent dans ces pays, mais plutôt d'y identifier, dans l'espace public et l'espace privé et aux plans individuel et collectif, les discours, les idées et les comportements, qui peuvent être interprétés comme des signes, des indicateurs de processus de sécularisation et de démocratisation et leur impact sur les institutions politiques et étatiques

    http://cemoti.revues.org/document772.html

    (2) Je reprends les principes dégagé dans "La Laïcité, Valeur universelle". par Yves HIVERT-MESSECA sans y mettre des conditions stricte qui dépendent du degré d'avancement de la laïcisation

    http://sog1.free.fr/Articles/ArtMesseca205Laicite.htm




    votre commentaire