• DIFFERENCIATION ETAT / REGIME POLITIQUE. de Nicolas BENIES

    extrait de L’ Après libéralisme (1) publié d'abord sur Dazibaoueb 2000 environ puis repris sur amitie-entre-les-peuples.org

    XX

    Dans les faits la politique d’austérité est contradictoire avec la nécessité pour le régime politique d’apparaître légitime aux yeux de la grande masse des citoyens . Les nécessités de l’accumulation obligent l’Etat à remettre en cause les conquêtes de la classe ouvrière, et donc à ne plus apparaitre comme l’arbitre entre les classes . C’est pourtant l’intérêt des régimes politiques.

    Le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte

    La différenciation Etat / régime politique est issue de l’analyse de Marx dans le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte qui montre que le régime politique incarnant l’Etat à un moment donné peut se constituer contre la bourgeoisie et s’appuyer sur la classe moyenne. C’est la quintessence de cet adage : "La bourgeoisie règne mais ne gouverne pas "(1), du moins le plus souvent. La bourgeoisie délègue ses pouvoirs politiques pour conserver l’essentiel : les rapports de production capitalistes. Ainsi, et Marx en fait une brillante démonstration le régime politique apparait au-dessus des classes alors que la nature de l’Etat reste capitaliste.

    Cette analyse eminamment dialectique a été souvent mal perçue, beaucoup d’auteurs ont cru discerner deux définitions de l’Etat (2), alors que Marx part de la définition abstraite de l’Etat, "capitaliste collectif en idée", pour appréhender le régime politique qui représente la forme de l’existence de l’Etat. Il s’agit donc de deux niveaux d’abstraction différents, mais qui ne se conçoivent pas l’un sans l’autre.

    Ce qui permet de comprendre que la politique étatique qui correspond aux nécessités de l’accumuation du capital, de sa valorisation, prime sur les nécessités de la légitimation. Car pour apparaître légitime, un gouvernement doit pouvoir satisfaire quelques revendications des travailleurs ("le grain à moudre" pour parler comme les dirigeants syndicaux réformistes) et, plus généralement, être perçu comme le garant des acquis, par l’intermédiaire de lois et donc du développement du droit, en particulier du droit du travail. Toutes choses qui expliquent l’abandon des politiques de relance keynésiennes, adéquates à la longue période de décroissance mais qui ne répondent plus aux nécessités de l’accumulation en période de crise. Et aussi ce que les politologues appellent "l’usure des équipes au pouvoir", qui provient directement de la mise en œuvre de la politique d’austérité, conduisant aux attaques répétées contre le niveau de vie et les conditions de travail de la majorité de la population. Ce n’est que pendant la période dite de prospérité (les "Trente Glorieuses", qui n’ont pas duré trente ans et n’ont pas été glorieuses, sinon pour l’accumulation capitaliste) que les impératifs de l’accumulation et de la légitimation ont pu coïncider.

    (1) PEC La Brèche 1988 p 30 et 31


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  • Deux positions du MRAP en défense du peuple arménien et du peuple palestinien
     
    Pour la paix encore et toujours en préservant les intérêts matériels et moraux des peuples opprimés par les gouvernements des nations dominantes.
     
    Septembre 2023
    Haut-Karabakh : le MRAP solidaire du peuple arménien
     
    puis octobre 2023
    ISRAEL-PALESTINE : Halte au feu, négociations, droit international pour mettre fin à l'engrenage de la violence.
     

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  • Essai et hypothèses théoriques du simple au complexe 

    Dynamiques contradictoires :

    I - Combiner deux séries théoriques 

    Première série : la contradiction historique fondamentale centrale

    1) L’opposition Capital-Travail perdure avec différentes formes de capitalisme, d’exploitation de la force de travail

    2) Travail : La classe sociale des salariées et salariés qui vendent leur force de travail pour vivre. 
    3) Capital : La classe sociale des capitalistes dont le statut social est celui d’acheteur de forces de travail. 

    Seconde série : Le classisme contemporain , comme forte domination de classe

    4) Toute formation sociale, à dominante capitaliste ou non (bureaucratie de parti issue du stalinisme ), connait la domination de classe, le classisme

    5) Il y a dans le monde contemporain universalité des riches classes sociales dominantes avec domination économique, politique et idéologique. 

    6) Le peuple-classe forme l’ensemble des classes sociales dominées : les 99% d’en-bas.

    II - Complexifier les théorisations

    Troisième série : le complexe du réel

    7) Un peuple peut être doublement dominé, par sa classe dominante, par une classe dominante étrangère et son impérialisme. Tout impérialisme est un classisme.

    8) Les classes dominantes sont hiérarchisées (1% divisé horizontalement et verticalement), les classes dominées aussi (des cadres au "sous-sol" de la hiérarchie sociale")

    9) En entre-deux on trouve très souvent l’espace réduit des « dominants-dominés » qui sont souvent des cadres salariés bien rémunérés pour faire faire le « sale boulot classiste » du sur-travail et de l’intensification du travail salarié.

    10) On trouve le travail indépendant, non salarié comme on trouve aussi le petit patronat qui est à la fois patron-dominant et aussi victime de la classe dominante ou des classes dominantes.

    Un autre niveau de complexité intervient pour les forces de résistance et d'émancipation (pluri-émancipation)

    Quatrième série : Combinaisons des autres dominations et oppressions

    11) Contre la sur-exploitation de la nature, du vivant, des animaux non humains : Ecologie, anti-spécisme, véganisme.

    12) D’autres formes de dominations ou oppressions interviennent quasiment partout : la xénophobie et le racisme, le sexisme , l’homophobie et autres haines lgbtqi+, l’intégrisme religieux transversal et mondialisé, etc.

    III - Répondre, résister ouvrir des émancipations et une alternative systèmique

    5) Que faire ?

    L’articulation des résistances et émancipations

    Etre de gauche c’est articuler des refus pour les émancipations:

    Ni Classisme, ni Sexisme, ni Racisme mais il n'y a pas que ce triptyque sommaire qui tend à regrouper d'autres refus avec du complexe.

    Respect du vivant, de la biosphère, 

    Le refus du spécisme et du carnisme 

    6) Ou va-t-on ? 

    Quelle alternative ?

    Quel autre monde ?

    Quel nouveau socialisme ? Eco-socialisme ?

    Quelle autre démocratie que celle existante, liée au capitalisme ?

    "Une autre démocratie est possible" dit-on dans ATTAC. Des pistes sont discutées.

    Et

    https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/180823/defendre-un-altermondialisme-ecosocialiste-dans-le-mouvement-social-et-solidaire

    Christian Delarue


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  • Intégrisme, voile, interdits limités

    Trois tendances du féminisme en 2003-2004

    http://altermd-krisdlr.centerblog.net/211-integrisme-voile-interdits-limites


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  • Critiques du voile et féminisme antiraciste - Ch Delarue

    Comme nous pensons qu'il y a trois positions sur le voile et non pas deux seulement nous mettons en avant ce texte de janvier 2004 de trois féministes bien connues.

    Le 27 janvier 2004, à la suite des débats de la « commission Stasi » de 2003 et peu avant la loi de mars 2004 contre les signes religieux ostensibles fut publié un article important signé Suzy ROJTMAN, Maya SURDUTS et Josette TRAT, militantes du Collectif national pour les droits des femmes. Article important car dans la LCR comme dans le MRAP (je fus à l'un et à l'autre) et d'autres organisations syndicales ou politiques cette "position" fut jugée pertinente et défendue.


    Le titre est sans équivoque : "On ne peut taire les critiques à l'égard du voile au nom de la solidarité avec les jeunes des quartiers populaires. Contre le racisme et pour les femmes." Du point de vue de la lutte contre l’oppression intégriste religieuse il y a bien une critique du voile à mener . On ne peut y échapper . Ce n'est pas possible de se taire !

    Mais dans le même temps, il faut clairement se démarquer du racisme anti-musulman « Nous dénonçons tous les amalgames cultivés depuis le 11 septembre 2001, selon lesquels jeunes issus de l'immigration = musulmans = intégristes = terroristes. ». Cet amalgame est insupportable .

    Mais rien n’y fait : On tend à caler de plus en plus l'identité musulmane aux prescriptions de l’islam intégriste. C’est fort nuisible !

    D’ou cette critique : « Pour lutter contre les humiliations et retrouver leur dignité, certain(e)s jeunes de confession musulmane, inspiré(e)s ou non par des imams fondamentalistes, ont choisi de mener une bataille politique pour le droit des jeunes filles à porter le voile à l'école, ou dans les services publics en tant que salariées. C'est se tromper de lutte. »

    suite sur :http://eleuthera.free.fr/html/232.htm?

    Le principe de séparation entre les Eglises et l'Etat obtenu en 1905 est le résultat d'un combat de plus d'un siècle pour la liberté de conscience et contre les prétentions de l'Eglise catholique à gouverner le pays selon ses normes. La laïcité est une chance : c'est la possibilité pour les jeunes d'apprendre à se connaître et à se respecter indépendamment de leurs affiliations religieuses ; à l'inverse, la multiplication des signes religieux à l'école risque d'encourager la division et tous les sectarismes. La laïcité, c'est la garantie que la liberté d'enseignement et de discussion ne sera pas limitée par des normes religieuses. 

    Aujourd'hui, il ne faut pas moins mais plus de laïcité : suppression du concordat en Alsace et Moselle ; suppression des aumôneries dans les collèges et lycées d'externat ; suppression des subventions publiques aux écoles privées. Proposer cela, ce n'est pas remettre en cause le droit d'exercer son culte. C'est considérer que l'engagement religieux est une affaire privée et que l'école n'a pas à connaître les convictions religieuses des unes et des autres pour faire son travail d'éducation. Par ailleurs, les musulmans doivent pouvoir faire construire des mosquées sans tracasseries administratives.

    Au nom de la solidarité avec les jeunes des quartiers populaires contre le racisme, certaines personnalités nous invitent à censurer nos critiques à l'égard du voile. Elles se trompent. Quel que soit le sens donné à titre personnel par une minorité de jeunes filles musulmanes au port du voile (et nous savons qu'il est multiple), le port du voile prend le même sens dans toutes les religions monothéistes, à partir du moment où il est présenté comme une prescription religieuse incontournable. Ce n'est en rien un symbole d'émancipation. Il s'agit, par ce biais, de stigmatiser le corps des femmes comme la source de tous les péchés, d'assimiler le désir sexuel et la sexualité à quelque chose de honteux. C'est un moyen de faire le tri entre les femmes «pudiques» et les autres. Les femmes non voilées, musulmanes ou non, sont ainsi désignées comme «impudiques» et rendues responsables des agressions et des viols qu'elles peuvent subir. 

    Nous avons combattu pour la liberté des femmes à disposer de leur corps, avoir les moyens de contrôler leurs maternités grâce à la contraception et à la liberté d'avorter en cas de besoin ; nous avons combattu pour que les femmes, comme les hommes, puissent exercer librement leur sexualité dans et hors mariage, sans être insultées ou stigmatisées. Ce combat reste d'actualité à la fois parce que le gouvernement sabre les budgets sociaux, mais également parce que la vieille morale traditionnelle qui veut enfermer les femmes adultes dans une fonction prioritaire, celle d'épouse et de mère, retrouve une nouvelle vigueur. Nous dénonçons également les partisan (e) s des nouvelles normes néolibérales qui assimilent la liberté à la liberté du marché, la prostitution à un choix, et la multiplication des références porno- graphiques dans la publicité à une émancipation sexuelle.

    Les féministes et les antiracistes sont divisés sur l'opportunité d'une loi ou pas, sur la conception même de la laïcité, mais nous pensons toutes et tous que la défense de la laïcité et de l'égalité des sexes mérite mieux qu'un débat simplificateur par médias interposés et que le projet de loi gouvernemental électoraliste qui a réussi à nous diviser. Malgré nos divergences, associations, partis et syndicats devons retrouver le chemin de l'unité face au développement de la pauvreté qui touche en particulier les jeunes et les femmes seules avec enfants, face aux menaces multiples qui pèsent sur les droits des femmes, des chômeurs et des salariés des deux sexes. Seul le développement de l'action unitaire peut aider à sortir des replis identitaires.

    Le 8 mars doit être l'occasion pour toutes les féministes et toutes celles et tous ceux qui veulent défendre les droits des femmes de se retrouver. 


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