• Sexualité et mixité des corps valides et non valides

    Sexualité et mixité des corps valides et non valides

    Si le sexe n’est pas indispensable à l’épanouissement il y participe quand même grandement et pour de très nombreuses personnes, valides ou non valides, d’ou l’idée d’une aide à l’accomplissement d’une sexualité entravée ou empêchée (si elle l’est), aide qui peut être soit simplement masturbatoire soit d’aide à l’accouplement des corps (leur "emboitement"), quand ce n'est pas - hors de l'aide proprement dite - un recours prostitutionnel complet ou "tout est pris en charge (sic) de l'excitation au soulagement jouissif", prestation facturée à prix plus élevé proportionnellement à la difficulté. Le CLHEE refuse ce type d’aide dans son manifeste.

    Ce collectif revendique l’accès à une sexualité libre et non marchande, qui implique de la réciprocité dans le désir et un échange égalitaire qui ne peut exister ni dans le rapport marchand ni dans le rapport caritatif. Cela suppose sans doute un recul plus important de l’handiphobie (soit le peu d’attirance sinon la franche aversion pour les personnes handicapées).

    Christian Delarue

    Voici ses propositions : 

    La défense d’une sexualité libre et non marchande, incompatible avec l’instauration d’une assistance sexuelle

    Les personnes handicapées sont des êtres sexués et des partenaires potentiels à part entière au même titre que les autres, aux attentes et orientations sexuelles variées.

    S’il est vrai que des limites physiques et/ou psychiques peuvent rendre difficile l’accès de certaines personnes handicapées à une vie affective et sexuelle, elles ne peuvent expliquer, à elles seules, les obstacles rencontrés dans ce domaine.

    De multiples barrières sociales, telles que le manque d’accessibilité ou la vie en institution, mettent les personnes handicapées à l’écart de la cité et restreignent leurs libertés et possibilités de rencontres.

    A ces préjugés propres au handicap s’ajoutent les stéréotypes d’ordre général sur la sexualité, la féminité, la virilité et la beauté. Véhiculés par les médias, la publicité, la pornographie, ils confortent l’idée que le sexe est indispensable à l’épanouissement, qu’il est lié au physique, à la santé et qu’il est une performance. 

    Dans un cadre aussi étriqué et normalisant, la sexualité des personnes handicapées ne peut trouver de place.

    Comme principale réponse à ces difficultés, certaines personnes concernées demandent l’instauration d’un service d’assistance sexuelle.

    Or, nous sommes fondamentalement opposés à la mise en place d’un tel système.

    En effet, l’assistance sexuelle relève d’une approche médicale passéiste du handicap.

    L’assistance sexuelle suppose que les personnes handicapées constituent un groupe homogène avec une sexualité « spécifique » à laquelle elle serait la plus apte à répondre et associe à tort l’assistance sexuelle aux soins, dont elle serait une sorte de prolongement.

    Elle offre une réponse stigmatisante vers laquelle toutes les personnes handicapées, y compris les non « bénéficiaires », seront systématiquement renvoyées et qui les enfermera dans une sexualité de seconde zone, marginale et étrange.

    L’assistance sexuelle entretient des liens ambigus avec la prostitution.

    Dans l’hypothèse d’un service payant, l’assistance sexuelle ne serait qu’une « spécialité » au sein de la prostitution, considérée comme valorisante car s’adressant à un public «indésirable», «intouchable», totalement rejeté sans cette solution.

    Tout comme la prostitution, le système s’adresserait d’abord aux hommes handicapés qui feraient le même raisonnement que les clients de prostitués : leurs besoins sexuels sont irrépressibles et vitaux. Il doit exister un système pour les satisfaire.

    L’assistance sexuelle serait dès lors un système misogyne et archaïque de marchandisation du corps supplémentaire, mais acceptable, qui demanderait à être reconnu légalement, à titre exceptionnel.

    Dans l’hypothèse d’un service gratuit, ou rémunéré à titre symbolique, c’est-à dire, quasiment gratuit, il s’agirait d’un acte de bienfaisance réalisé par des volontaires qui seraient persuadés de faire une bonne action qui les grandirait.

    Nous rejetons donc la solution simpliste et conformiste que constitue l’assistance sexuelle qui, selon nous :

    –      S’inscrit à la fois dans la logique économique libérale qui présente le sexe comme un service commercial, dont elle nous propose d’être consommateurs, et dans une vision judéo-chrétienne qui appréhende la personne handicapée comme objet de charité.

    –      Ne remet pas en cause le système de valeurs et les représentations en vigueur dans notre société.

    –      Ne va ni dans le sens de l’émancipation et de l’autonomie des personnes handicapées, ni de leur libération sur un plan sexuel.

    Nous revendiquons l’accès à une sexualité libre et non marchande, qui implique de la réciprocité dans le désir et un échange égalitaire qui ne peut exister ni dans le rapport marchand ni dans le rapport caritatif.

    Nous exigeons que soient favorisés :

    –      L’éducation sexuelle dès le plus jeune âge afin que les personnes handicapées puissent se percevoir comme des partenaires à part entière.

    –      Le développement des solutions techniques existantes qui pourraient aider les personnes handicapées dans leur sexualité.

    –      La déconstruction des préjugés liés aux genres, aux représentations du sexe et du handicap qui entravent la sexualité des personnes handicapées.

     

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