LE GESTE SOLIDAIRE CONTRE LE MEPRIS DE CLASSE!
S'adresser à un clochard crasseux, lui parler, ne relève pas de la charité mais témoigne d'un geste solidaire et politique qui heurte frontalement la haine de classe et le travail de division qui en découle. Puisque le FN et Sarkozy font le jeu du capital en divisant constamment les salariés et le peuple en stigmatisant le fainéant ou l'étranger alors le "geste solidaire" participe à recréer symboliquement l'unité que le travail de la haine casse . Reste qu'il faut ensuite tout faire pour favoriser l'intervention populaire transformatrice contre une logique mortifère.
- Ce qui empêche l'expression populaire contre le mépris de classe, pour le changement (1)!
Des élèves sortant des "grandes écoles" enchaînent des stages rémunérés à 300 euros par mois (2), des salariés précaires couchent dans leur auto et glissent vers la pauvreté et la vie misérable qui lui est associé . Parllèlement le racisme se diffuse dans la société . Les élites y jouent un rôle fondamental qui alimente la haine ordinaire . Bref toute la gamme des mécontentements du peuple est là. Elle doit s'exprimer, pour peu qu'elle ne se trompe pas de cible. S'exprimer pour revendiquer un clair changement et non pour ergoter sur "la mauvaise éducation des jeunes d'aujourd'hui" ou l'incurie des hommes politiques . Revendiquer le progrès social, la fraternité et l'égalité, voilà une noble activité qui est moins aisée que l'on croit . Elle existe comme aspiration évidente mais elle est contrecarrée par divers facteurs et acteurs chargés d'opérer divertissement . En l'espèce il n'y a pas que les médias a faire oeuvre perverse manifestement aliénante, de celle qui fait le lit du lepénisme et du fascisme .
En effet on trouve toujours des individus un brin adepte du FN ou des zélés du travail soumis aux dicktats du patronat pour en appeler au silence, ou au maintien de "l'effort au travail personnel", ou à la méditation spirituelle mais surtout et dans tous les cas au refus de l'examen des logiques libérales mortifères et destructrices. Les mêmes ne se privent nullement de diffuser une haine incoercible à l'encontre des pauvres, des voisins, des salariés revendicatifs (la haine du fonctionnaire) mais se taisent sur le travail de sape des possédants . D'ailleurs ils ignorent ce qu'est la bourgeoisie comme ils ne voient le mépris de classe qui les habite. Certes, nul n'a le monopole de l'amour et de la raison. Pas même, faut-il le préciser, celui qui écrit ces lignes et qui pourtant se refuse ordinairement aux facilités du mépris de classe comme du mépris sexiste et raciste . Je dirais à celles et ceux qui ont le mot "mauvaise éducation" aisément à la bouche pour culpabiliser les parents modernes que c'est aussi histoire d'éducation, une éducation certes différente de l'ordre moral de Bernard Anthony alias Romain Marie ! J'observe d'ailleurs que la haine des riches n'est pas aussi courante que celle diffusée contre son voisin différent mais pourtant si proche et qu'elle n'existe fondamentalement que par l'accroissement des inégalités, que par l'existence de l'appauvrissement généralisé y compris des couches sociales moyennes.
- La bourgeoisie n'a qu'une religion qui s'accomode de l'insécurité sociale!
Puisque j'évoque le rôle néfaste de la bourgeoisie je souligne avec Samuel HOLDER (2) qu'il y a "une façon trop sommaire d'apprécier uniquement les bourgeois comme une collection d'individus riches qui s'en mettent plein les poches, détruisent les services publics, licencient cyniquement les travailleurs et rejettent les pauvre dans la rue ou dans les zones de relégation en périphérie des villes. Tout cela est évidemment d'une vérité tangible, aveuglante. Mais la bourgeoisie a des armes de domination infiniment plus élaborées qui paralysent, font diversion et créent de faussent solidarités ("La France pays des Droits de l'Homme" ou "Allez les bleus!" par exemple) ; Elle fournit à toutes les classes les représentations du monde adéquates à sa domination, engrande partie par le canal de la télévision. Ces représentations s'étayent sur une manipulation sophistiquée des émotions, des désirs et des dégoûts des spectateurs. Le journal de 20 heures est à la fois un appel aux larmes devant le spectacle des malheurs du monde et un conditionnement à l'indifférence "/puisqu'on y peut rien/".
Le capital est de plus en plus obsédé par le profit maximum, par l'appropriation privée et la soumission de toutes les activités à la logique marchande, une grave addiction qui conduit aux pratiques d''exclusion les plus diverses , aux renouvellement des dispositifs d'exploitation de la force de travail y compris dans le secteur public. Le discours économique libéral est très largement dominant dans la société. A ses côtés on ne trouve que la cacophonie et l'anomie, celle de la diffusion médiatique qui favorise "la foire au sens" sur fond d'individualisme . Foire aux sens qui n'offre quasiment aucune perspective réellement critique puisque même les formes d'oppression comme le sexisme ou l'intégrisme religieux ou le racisme qui ne dépendent pas directement du fonctionnement du mode de production capitaliste peuvent perdurer.
Le travail de la raison critique va de pair avec l'éducation au geste solidaire qui repousse la haine de classe. Suivons ici la maxime de Martin LUTHER KING :" L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité, seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine, seul l'amour le peut."
Christian DELARUE
1 - La transformation sociale : un "dépassement" vers quelle société? Christian DELARUE Bellaciao
2 - Mise sous tension et perte de soi dans la société capitaliste par Samuel HOLDER in Carré Rouge n°37 nov 2006
2 - ibid p32