Suite du 35 ème congrès du MRAP d’octobre 2024
Contribution sous l'angle altermondialiste
Nos axes
Le Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples - MRAP - a tenu son 35 ème congrès les 11 et 12 octobre 2024 à Bobigny. Ce fut un riche congrès de par les débats engagés . D'autres que moi pourront le préciser. Mais ce fut reconnu de divers invité.es et délégué.es.
- Sur les suites de ce congrès
Un BN (bureau national) et un CN (conseil national) a été élu en fin de congrès (1). La composition de la co-présidence et du BN est ici : https://mrap.fr/-organisation-et-instances-.html
Le nouveau BN du MRAP s’est réuni le 16 novembre, en même temps que la "RCL" d’ATTAC (rencontre des comités locaux d'ATTAC ), instance qui est à peu près l’équivalent de la réunion des "PST" (président, secrétaire, trésorier) des comités locaux du MRAP
Un nouveau CN - dont je suis membre - s’est réuni hier 30 novembre 2024.
- Sur l’accroche du MRAP à l’altermondialisme ,
Outre les interventions sur divers points à l'ordre du jour (Trump, loi terrorisme, 18 décembre, commissions, fonctionnement CN, cotisation, etc...) je suis intervenu spécifiquement sur ce point pour mieux informer le CN, les nouveaux membres comme les anciens.
L’altermondialisme se comprend comme mouvement diversifié de résistance émancipatrice aux dominations les plus diverses, aux oppressions et exploitations des humains et de la nature au temps de l'Entreprisocène et du Richocène de la modernité néolibérale (Jacques Bidet évoque lui un "modernocène" (1), et pour une alternative globale systémique à construire via des émancipations plurielles. Le MRAP participe bien d'une vaste composante émancipatrice des dominations, terme employé ici en un sens générique.
Comme délégué du MRAP à l’altermondialisme et à ATTAC je suis intervenu comme invité au BN préparatoire du 11 octobre, pour un très court CR d’activité et pour informer le BN que je souhaitais terminer mon activité et ma mission-fonction de délégué car j’étais sollicité pour devenir président du CADTM France (devenu effectif) . J’ai repris la parole par deux fois lors du 35 ème congres sur l’activité puis sur l’orientation du MRAP concernant son affiliation à l’altermondialisme, car cela est moins connu que jadis du temps ou j'étais au BE (bureau executif).
C’est Mouloud Aounit qui a historiquement rattaché le MRAP à ATTAC et à l’altermondialisme en septembre 1998. ATTAC est né en juin 1998 (après un article à succès d’Ignacio Ramonet dans le Monde Diplomatique en décembre 1997 - portant sur l'état de la financiarisation du monde et de ses dégâts) Mais ce n’est pas Mouloud lui-même qui menait l’activité altermondialiste du MRAP dans ATTAC. Il convient de ne pas ignorer le travail réel des militant-es depuis plus de 25 ans.
Ce fut d’abord Claudie Garnier qui en fut chargé sur deux mandats de trois ans (de début 99 à fin 2004). J’ai pris sa suite, après le congrès de début décembre 2004 ou je fus dès janvier 2005 tout à la fois au CA et au BE du MRAP et en même temps au CF (conseil des fondateurs) d'ATTAC et au CA d’ATTAC. Il n’est nullement obligé d’être au CA d’ATTAC pour un (co)fondateur. C’est Augustin Grosdoy qui m’a remplacé en 2011 (tuilage jusqu'en octobre 2012) jusqu’en 2018. J’ai repris ce mandat en juin 2018, puis en octobre 2021 et je le transmets là en octobre 2024. C’est certes François Sauteray, actuel co-président du MRAP, qui prend la suite de Mouloud Aounit et d'Augustin Grosdoy mais il s’agit néanmoins de nommer un-e délégué en capacité de mener une réelle activité altermondialiste pour le MRAP. Il s’agit de s’investir dans une ou plusieurs commissions voire de participer à une instance de direction du mouvement : son CA. Pour ma part je suis à la commission démocratie mais je fus jadis à celle migrations (livre collectif en 2009 chez Syllepse) et aussi celle cultures et société (livre collectif en 2017) pour les questions dites d’intégration -insertion (atelier à Université d’été Poitiers 2006). Participation à plusieurs Forum Sociaux (Paris, Malmoe, Istanbul) et Université d'été . La candidate actuelle se nomme Tahina Botton du MRAP Roubaix . Il s’agit pour les nouvelles instances du MRAP de valider cette candidature afin qu’elle puisse s’inscrire dans le « processus d’ATTAC » qui part du week-end stratégique de St Gilles Croix de vie (ou j’étais présent) jusqu’au congrès d’ATTAC en juin 2025.
L’inscription du MRAP dans la sphère de l’émancipation altermondialiste des individus et des peuples ne consiste pas uniquement à la défense des droits des migrant-es (qui ne se réduit pas à celle des sans-papiers) ni à la défense des peuples autochtones (intervention d’Augustin Grosdoy à Nantes 2021). Ces deux volets sont certes ceux historiques du MRAP et ils correspondent d’ailleurs à deux commissions importantes du MRAP. Mais l’accroche du MRAP à l’altermondialisme va au-delà puisque le MRAP participe via la commission mondialisation (qui a disparue sous ce nom) et via son délégué à diverses initiatives qui relèvent de la mouvance altermondialiste sous le slogan « un autre monde est possible » qui se décline avec un triple refus combiné : sans classisme, sans racisme, sans sexisme, et une triple alternative combinée : pour le social, l’écologie, la démocratie.
Dans l’altermondialisme, je suis, du fait de mon appartenance ancienne au MRAP et à une réflexion sur les notions multiples de peuple, celui qui a porté en un même lien à la notion de peuple démocratique et celle de peuple-classe 99% (aménagement du fameux "we are the 99%") qui rassemble dans de très nombreuses nations (cf phénomène d’universalisation de la nation puis émergence de configurations continentales ) les classes sociales dominées (du salariat précaire aux cadres du privé et du public avec les travailleurs indépendants des 99%) par une classe sociale dominante bicéphale privée et publique sise dans le 1% d’en-haut. Cette domination classiste s’est renforcée au fil des décennies dans et hors travail-emploi avec le néolibéralisme et ce depuis son émergence au début des années 80 (années Reagan-Thatcher).
Dans l'altermondialisme le classisme se combine avec sexisme et racisme dans le vaste champs des dominations et oppressions. Là le MRAP forme la composante de l’émancipation antiraciste et ce en lien étroit (et non pas éloigné) avec le mouvement féministe des 99% et le mouvement syndical des luttes d'en-bas qui mobilise non seulement le salariat des 99% mais plus largement le peuple-classe 99% contre la domination classiste . Le MRAP comme la CGT et d’autres syndicats ont d'ailleurs fait parti du NFP (Nouveau Front populaire) contre l’extrême-droite dont on voit son "national-classisme" qui rejoint un classisme plus mondialisé de M Macron. Il s'agit de promouvoir le social, l'écologie et le démocratique avec un contenu conséquent face aux rabougrissements opérés par les oligarchies et classes dominantes.
C'est l'honneur du MRAP de participer à ce processus actuel et à cette dynamique historique !
Christian Delarue
CN du MRAP et ex délégué à l'altermondialisme pour le MRAP
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1) Le MRAP a connu depuis 30 ans deux types d'organisation outre sa présidence ou secrétaire général : d'une part BE-CA (bureau exécutif et conseil d'administration ) et d'autre part BN-CN (bureau national et conseil national) et une erreur est donc toujours possible dans la bonne dénomination mais c'est très secondaire.
2) "Modernocène" de Jacques Bidet dans "La classe populaire peut-elle gouverner" Ed Syllepse sept 2023 - terme à rajouter au recensement effectué dans l'ouvrage VORTEX au sein duquel figure déjà "entreprisocène" et "richocène" mais pas me semble-t-il "modernocène".
La classe populaire de Jacques Bidet s'apparente à la notion de peuple-classe que j'utilise depuis le "we are 99%" et même avant comme vaste ensemble populaire sous la classe sociale dominante privée et publique dite aussi "classe financière" car bénéficiaire privilégiée du fort ruissellement des dividendes (cf Oxfam) . Il s'agit pour Jacques Bidet d'une large classe populaire sous la classe sociale dominante bi-céphale. Il n'use pas du terme classisme au sens de guerre de classe ou domination de classe mais il répète que "la guerre est d'en-haut et la lutte d'en-bas" et un "en-bas" largement compris allant du salariat précaire aux cadres.