• DEUX CONCEPTIONS DE "L'AUTRE DEMOCRATIE"

    De l'alterdémocratie "de complément" à l'alterdémocratie "globale" et alternative

     

    Cette contribution au Manifeste d'ATTAC vise à insérer le souci de généralisation des mécanismes démocratiques dans une compréhension des différents niveaux de vie démocratique.

     

    I - LES SYSTEMES DEMOCRATIQUES RESTREINTS

    Il s'agit d'un essai sur des repères qui sont autant de points de ruptures pour une vie démocratique qualitativement supérieure, pour préciser encore ce qu'est « l'autre démocratie » (2). Il ne s'agit donc pas de faire œuvre technique descriptive et comparative des systèmes démocratiques existants.

    A) Les deux niveaux de démocratie restreinte.

    Il y a deux niveaux de démocratie restreinte : une vraiment très rabougrie, une autre moins restreinte mais toujours très limitée.

    - La « démocratie très rabougrie » se nomme "démocratie représentative" tel que mis en place dans la plupart des régimes dit démocratiques.

    - La « démocratie restreinte » s'apparente elle à la démocratie représentative avec une "alterdémocratie" complémentaire, sorte de béquille de la démocratie représentative. L'ensemble forme encore une démocratie restreinte.

    B) Les deux conceptions de l'alterdémocratie.

    1 - La première conception : l'alterdémocratie de complément.

    Quelle est cette démocratie complémentaire ou différente de la démocratie de base ? Voici ce que dit La Revue du MAU/SS (1) de l'alterdémocratie (de complément) : "Le précédent numéro de La Revue du MAUSS dressait le constat de l'existence d'un malaise, à tout le moins, dans la démocratie. Le doute sur ses potentialités et sur sa réalité s'étend chaque jour un peu plus. Mais jusqu'où convient-il de désespérer ? La seule chose sûre est que, dans leur état actuel, les mécanismes de la démocratie représentative ne peuvent plus se suffire à eux-mêmes et qu'il faut revigorer l'esprit même de la démocratie. Ce sont les modalités, les potentialités et les limites de ces alternatives à la démocratie représentative - démocratie participative, associationniste ou directe, forums plus ou moins hybrides, organisations ou coopérations en réseau, etc. -, bref, de tout ce qui relève de l'alterdémocratie, que le présent numéro se propose d'examiner et d'évaluer, avec une réouverture symétrique du débat sur l'alteréconomie ».

    2 - La seconde conception : l'alterdémocratie globale et alternative.

    Ici l'alterdémocratie est conçue comme un ensemble totalement différent des systèmes démocratiques existants qui sont à "démocratie restreinte". L'alterdémocratie est une visée et non pas simplement la béquille de la démocratie représentative. La conception réellement alter de la démocratie ne saurait s'accommoder de l'alterdémocratie complément d'âme de la démocratie représentative existante.

     

    II - RUPTURE FRANCHE : L'ALTERDEMOCRATIE POUR UN ALTERDEVELOPPEMENT.

     

    A) Rupture franche quand au champ d'application

    L'alterdémocratie systémique fonctionne sur un champ élargi et embrasse le champ économique et donc provoque la décision citoyenne au-delà ce que l'on nomme ordinairement le champ politique. Elle relève de l'altermondialisme (un autre monde) et non de l'altermondialisation (les processus vers un monde plus ou moins meilleur).

    Autrement dit, l'alterdémocratie globale suppose un autre contexte qui n'est pas seulement une autre répartition des richesses mais aussi un alterdéveloppement.

    B) Rupture franche sur la dynamique systémique : un autre mode de production et de consommation.

    - *L'alterdémocratie suppose une économie généralisée de la valeur d'usage.*

    Une telle alter-économie implique donc l'appropriation publique, la généralisation des services public et la réduction de la sphère marchande, autrement dit de l'économie de la valeur d'échange, laquelle économie masque une économie de profit du capital alors qu'il s'agit de favoriser une économie de satisfaction des besoins. L'alterdémocratie n'est donc pas seulement afférente à l'économie sociale et solidaire, complément d'âme de l'économie capitaliste (3).

    - *L'alterdémocratie suppose la mise en place d'une planification démocratique de la production.*

    Il s'agit de réaliser un réel "développement durable" qui combine une autre production et une autre consommation. L'alterdéveloppement nomme un développement équilibré au plan écologique, territorial et un développement socialement postcapitaliste - écosocialiste (4)- donc réduisant fortement les mécanismes liés à l'exploitation de la force de travail ainsi que toutes les autres formes de domination et d'oppression que le capitalisme a "trouvé" en chemin et a maintenu voire amplifié.

     

    Christian DELARUE

    Com.Démocratie ATTAC France

     

    Note : (1) : _http://www.yodawork.com/websp/SW2_consult_ref ?F_refid=26471&F_ent_diff_id=1_ /www.yodawork.com/websp/SW2_consult_ref ?F_refid=26471&F_ent_diff_id=1 /www.yodawork.com/websp/SW2_consult_ref?F_refid=26471&F_ent_diff_id=1>>

    (2 ) [ATTAC 35] Introduction : aller vers une autre démocratie, citoyenne et populaire http://www.local.attac.org/35/Introduction-ALLER-VERS-UNE-AUTRE [ATTAC 35] Alterdémocratie http://www.local.attac.org/35/-Alterdemocratie-

    (3) L'altermondialisme n'est pas soluble dans le néosolidarisme - Par Christian Delarue http://www.pag69.org/article.php3 ?id_article=352

    (4) Sur l écosocialisme lire Mickaël LOWY Essai personnel sur Bellaciao : Un postcapitalisme écosocialiste


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  • Université d'été d' ATTAC 2007 TOULOUSE
    Manifeste d' ATTAC :
    Contre le septième et dernier pilier du néolibéralisme : "La diversité culturelle contre le formatage des esprits"


    LA CRISE CULTURELLE DU CAPITALISME, L'HETEROPHOBIE DIFFUSE, LE RACISME... <http: www.bellaciao.org="" fr="" article.php3?id_article="50629"></http:>
    mardi 10 juillet-22:41

    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=50629


    LA PLURALITE ET L'INTERPENETRATION DES CULTURES

    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=50628

    <http: www.bellaciao.org="" fr="" article.php3?id_article="50628"></http:>
    mardi 10 juillet-22:21
    de : Christian DELARUE


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  • ALTERCITOYEN :
     
    CITOYEN CONFINE, SEPARE, EXCLUS   ou    CITOYEN D'EMANCIPATION


     

    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=34633

     

    Face à la mondialisation capitaliste sous ses trois formes marchande, financière et d'appropriation privée, ATTAC a placé le citoyen au centre de son dispositif intellectuel et militant afin d'une part d'en assurer sa promotion - le citoyen dispose d'un rôle mineur dans les démocraties réellement existantes - et d'autre part pour assurer la construction d'un autre monde vraiement autre par l'activité citoyenne.

    Un défi, une gageure ! Je tiens cette promotion du citoyen pour ambiguë dès lors que le peuple est ignoré (il ne figure pas dans Alter, le nouveau dictionnaire altermondialiste), que l'égalité n'est pas assurée et que la "démocratie participative" ne tend bien souvent qu'à des faux-semblant d'intervention citoyenne.

    La notion de citoyen qui fait le lien entre deux "cultures" présentes au sein d' ATTAC, la culture de mouvement et culture de gouvernement, semble s'accommoder de la vision libérale d'une société globale clivée entre société civile et Etat. Pour autant il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain : Contre le citoyen instrumentalisé par le néolibéralisme l'altermondialisme a raison de défendre et promouvoir le citoyen collectivement engagé pour la libération des peuples.

     

    I. - CITOYEN ENTRE SOCIETE CIVILE ET ETAT :

    LE CITOYEN INSTRUMENTALISE PAR LE NEOLIBERALISME.

     

    Le citoyen est le bouche-trou des théories libérales . Sans lui le vide de la séparation aliénante entre l'Etat et la société serait intolérable.

    A) Le citoyen comme masque de la séparation entre société civile et Etat :

    On ne voit pas d'emblée cette séparation entre société civile et Etat puisque l'accent est mis d'une part sur les notions englobantes, d'autre part sur les rapports de médiation qui masquent la séparation.

    Les libéraux aiment les notions englobantes, les entités unies sous un destin commun sans conflit ni rapports sociaux. Ils aiment la Nation, la famille, l'entreprise. Si structuration il y a c'est sur le mode de la complémentarité dans la hiérarchie : l'Armée et le drapeau pour la nation, le père pour la famille, le chef d'entreprise propriétaire et manager pour l'entreprise. Le seul clivage mis en avant par les libéraux mais qui camoufle tous les autres c'est celui de la société civile contre l'Etat. Il fait le bonheur des libéraux et sociaux-libéraux et ce quelque soit leur positionnement de part et d'autre de ce clivage, qu'ils soient acteurs de la société civile ( patrons ) ou acteurs étatiques (élu ou haut fonctionnaire).

    La théorie libérale est celle ou "tous les chats sont gris" ou il n'y a ni bourgeois ni prolétaire, ni Etat de classe .La théorie constitutionnelle classique enseignée dans les universités et tout particulièrement celle de la démocratie ignore les rapports sociaux qui clivent la société et donc les inégalités structurelles distributrices de pouvoirs institués, de dominations, d'exploitation, d'oppression .

    B) Les médiations entre société civile et Etat :

    Cette théorie et ses diverses variantes prend la société civile comme un tout et met en rapport cette société civile et l'Etat. A ce stade il sera évoqué soit les "corps intermédiaires" entre la société civile et l'Etat, autrement dit les associations, syndicats qui mettent en mouvement la société civile ; soit la théorie de la représentation qui légitime les pouvoirs de l'Etat démocratique et séculier . La théorie de l'Etat de droit ne vient qu'ensuite compléter ce dispositif.

    La médiation sociale : Les associations peuvent avoir un positionnement ambigu par rapport à l'Etat car soit elles viennent compléter bénévolement son action (jugée insuffisante au regard des besoins non satisfaits) tout en le percevant comme un outil neutre, soit elles portent une critique qui atteint la nature même de l'Etat, notamment son rôle de "Conservateur" de la propriété privée des moyens de production et d'échange ou son rôle de redistribution des richesses au profit des riches. Une association qui s'inscrit dans une perspective et une dynamique altermondialiste ne saurait s'accomoder d'un rôle d'accompagnement social du libéralisme. Cette ambiguîté n'épargne pas les syndicats de salariés pourtant inscrits au coeur du conflit de résistance face aux attaques de la classe patronale.

    La médiation individuelle : Avec l'invention de la représentation, la société civile est individualisée sous la forme du citoyen, doté du pouvoir "un homme = une voix" . Cette théorie adopte ce faisant une vision contractuelle de la représentation par laquelle chaque citoyen opère délégation de souveraineté . Elle en vient alors à décrire les mécanisme de représentation, souligner les distortions, etc. Elle va étudier les rapports entre le mandataire et le mandant et la meilleure représentation possible. La population est y est conçue comme une addition de citoyens qui délèguent leur souveraineté en se faisant représenter.

     

    II. - POUR UNE CITOYENNETE D'EMANCIPATION ET DE LUTTE
     

    A ) Un engagement fondé sur la critique de la représentation et l'invention de l'Etat séparé (2) :

    Car il y a aussi un autre statut de la représentation, inspiré de Marx : celle-ci serait la forme d'organisation politique de la société civile-bourgeoise (1). C'est alors le mouvement d'organisation politique de la société qui est le point de départ : "L'élection est le rapport réel de la société civile bourgeoise réelle à la société civile bourgeoise du pouvoir législatif, à l'élément représentatif. Ou : l'élection est le rapport immédiat, le rapport direct, qui n'est pas simplement de représentation, mais d'être, de la société civile-bourgeoise à l'Etat politique" ( ) La représentation est d'abord ce par quoi s'institue l'Etat politique. Ce qui donne lieu à une double critique formelle et de contenu.
    Formelle : Les députés de la société civile bourgeoise sont une société qui n'est pas en liaison avec ses commettants par la forme de l'instruction de la commission. Formellement ils sont commis mais dès qu'ils le sont réelement ils ne sont plus des commis. Ils sont censés être des députés, ils ne le sont plus.
    Matérielle : En ce qui concerne les intérêts , c'est l'inverse qui a lieu. Ils sont commis en tant que représentant de l'affaire universelle mais représentent réellement les affaires particulières.

    B) Le citoyen engagé pour la libération du peuple et des peuples...

    Pareille critique aide à voire l'intervention de l'Etat dans la société sur le mode foncièrement inégalitaire, notamment dans son rôle essentiel et primordial de conservation et promotion de la propriété privée , rôle camoufflé par le discours socialibéral de "justice sociale" et de "démocratie participative" des élites politiques et administratives . L'Etat n'est pas neutre et la société civile est elle-même clivée entre peuple et dirigeants, entre salariés et patrons. Dès lors, la lutte citoyenne se mène contre le néolibéralisme agissant tant dans la société civile qu'au coeur de l'Etat . Car le néolibéralisme s'emploie à détourner les aspirations de chacun à la maîtrise individuelle et collective du destin commun, à la participation aux choix de la production sociale de l'existence.

    ...et pour l'égalité : Une telle participation ne saurait se concevoir avec les autres inégalités notamment racistes. Si des camarades d' ATTAC souhaitent se placer plus sous les auspices de Jaurès que de ce Marx-là afin d'en appeler à "lier le combat laic et le combat social" (cf B Teper ) alors soyons clair et faisons dire à Jaurès qu'il approuve ce qui est au coeur d'une dynamique citoyenne et républicaine à savoir l'égalité "une et indivisible". Il en va de la lutte contre le sexisme et le racisme. Et le racisme diffusé sous le discours sécuritaire contemporain est bien la dynamique radicalement anticitoyenne, antiégalitaire incompatible avec la construction d'un autre monde possible.

    Christian DELARUE Rennes
    Secrétaire national du MRAP Membre du CA d' ATTAC France

    notes :

    1) Lire "Marx, l'Etat et la politique" par Antoine ARTOUS Syllepse

    2) Sur la double séparation à surmonter : ATTAC mouvement anti/altermondialiste donc mouvement d'émancipation ! Christian Delarue http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=19670


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  • Le communisme ne saurait abolir la séduction et l'érotisation.

     

    L'histoire pèse lourd sur le comportement des femmes. Les prescriptions hygiénistes, qui ont complété celles des religieux, et des esprits étroits (1), s'adressaient surtout aux femmes qui devaient se montrer discrètes, afin d'éviter l'érotisation. Un certain féminisme a aussi milité en faveur de l'indifférentiation : le pantalon pour tous , aujourd'hui sorte de voile laïc, mais hier interdit aux femmes et réservé aux hommes.

    Il ne faudrait pas croire que la publicité débridée actuelle a changé profondément cela. La séduction est certes admise et même encouragée par les marchands mais pas l'érotisme (2). Là le mépris régne, le respect de l'altérité est oublié . Du coup c'est dans la publicité que la séduction érotique apparait.

    Le communisme devrait inverser les choses. La séduction et l'érotisme devront quitter l'affiche pour passer dans la réalité de la vie. L'érotisme et le plaisir qui lui est lié ne semble pas aller sans contrainte et sans rituel (3) mais ces codes sont librement adoptés. Ce que le communisme devra par contre éradiquer c'est la prostitution .

    (1) Contre le puritanisme, la pudibonderie et l'ordre moral

    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=50505

    (2) Pour l'érotisme et mai 68 sur ce blog

    (3)A lire Jean-Claude KAUFMANNN dans Corps de femmes, regard d'hommes. Nathan 1995


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  • CONTRE LE PURITANISME, LA PUDIBONDERIE ET L'ORDRE MORAL.

    La police du string ostensible et la chasse aux nombrils visibles...

    ...font dans de nombreux pays les beaux jours de l'ordre moral qui combine l'alliance de la police, des religieux et des esprits étroits. Ce n'est pas un sujet secondaire car il n'y aura pas d'émancipation de tous et toutes sans avancées sur cette question!

    Le reproche de "l'allumeuse" irresponsable est récurrent et inadmissible . Il procède par inversion, celle qui consiste à faire porter sur les femmes "sexy" la responsabilité du harcèlement et des violences "sexuelles" qu'elles peuvent subir de la part de certains hommes . Cette logique est sexiste et profondément réactionnaires mais elle fonctionne y compris chez les femmes. Elle traverse toutes les couches sociales tant chez les "élites" que chez les jeunes des banlieues.

    Et ce qui est arrivé au Congo peut arriver ailleurs pour peu qu'il n'y ait pas d'opposition.

    Par ailleurs, il ne faut pas confondre liberté de s"habiller sexy sans remarque des hommes et... des femmes et acceptation des publicités sexistes. Ici, par exemple, le conseil général des Yvelines ne fait guère preuve d'imagination pour donner du département une image moins sexiste et ringarde que cette « technolologie ». Voir le slogan sur la poitrine de la jeune femme - une femme ordinaire mais en tronc sans tête - sur le site

    http://www.yvelines.fr/actu2007/i_love_techno/

    Il y a bien pire que ce slogan signalé par La Meute. On trouve toujours trop de photos de femmes nues sans rapport avec le produit. Pour vendre des sous-vêtements çà se comprends, pour vendre des biscuits c'est du sexisme.

    Christian DELARUE


    La police du string
    Les Congolaises ne doivent plus laisser dépasser ce sous-vêtement par Habibou Bangré *

    Certains agents de police congolais arrêtent les jeunes femmes qui laissent leur string dépasser de leur pantalon. Une mode, inspirée des Etats-Unis et jugée indécente par Brazzaville. Les policiers qui interpellent les « contrevenantes » utilisent tous les moyens pour les décourager de recommencer. Des plus pédagogues aux plus violents.

    http://www.afrik.com/article7101.html

    Cachez ce string que je ne saurais voir. Depuis plusieurs mois, des agents de police du Congo Brazzaville interpellent les jeunes femmes qui laissent dépasser de leur pantalon ce sous-vêtement sexy. Cette mode n'est pas du goût des autorités, qui la jugent malsaine et potentiellement dangereuse pour l'ordre public. Sans l'interdire légalement, ils s'emploient à chasser cette coquetterie brocardée comme « déplacée ». Tous les moyens sont bons pour dissuader les contrevenantes : des cours d'instruction civique, aux insultes, en passant par les violences physiques.

    *C'est la faute aux Etats-Unis*

    Ceux qui s'opposent au port du string ostensible accusent les vedettes américaines de détourner du droit chemin les Congolaises. « Des jeunes filles de 13 à 18 ans se lancent dans cette mode. Mais pas seulement : des femmes d'une trentaine d'années la suivent aussi », certifie Béatrice, 40 ans. Comme la majorité des parents, elle est scandalisée par la visibilité que prend ce sous-vêtement et n'autoriserait jamais sa fille de 13 ans à adopter un tel style vestimentaire. Toutefois, elle considère que « cela constitue surtout un problème lorsque la fille est majeure. Dans ce cas, c'est un vrai manque de pudeur ».

    Problème moral, donc, mais aussi social. La population estime qu'il y a deux types de femmes qui portent le string de cette façon. D'une part, les jeunes Congolaises qui veulent s'identifier aux chanteuses américaines, comme « Janet Jackson ou Madonna ». Dans ce cas, elles portent surtout la tenue incriminée pour sortir en boite de nuit. L'autre catégorie est celle des prostituées. « Elles rôdent autour des hôtels et des boites de nuits pour attirer et séduire les hommes », explique Célestine Kouakoua, maire de Moungali, quatrième arrondissement de Brazzaville. Et d'ajouter que « les filles de bonne famille ne s'habillent pas de cette façon ».

    *Opération Espoir*

    Afin d'encadrer cette mode jugée indécente, les autorités ont pris les devants. Des agents de police de l'Opération Espoir, lancée il y a quelques mois pour en priorité lutter contre le grand banditisme, peuvent interpeller les Congolaises « en infraction ». Bien que médiatisée, cette nouvelle fonction policière ne semble pas avoir fait grand bruit dans les plus hautes sphères politiques. Au cabinet du ministère de la Sécurité et de la Police, l'une des administrations en charge de l'Opération, on assure ne pas être au courant de ce que des agents de police arrêtent des jeunes filles pour ce motif. Mais on n'exclut pas qu'il puisse exister des cas isolés.

    Des cas isolés, mais qui alimentent certaines conversations dans la rue congolaise. « Depuis que l'Opération espoir est entrée en vigueur, les filles qui portent des strings qui dépassent du pantalon sont parfois sévèrement punies. Elles peuvent être envoyées en prison ou frappées. Les policiers se montrent parfois vraiment méchants et brutaux si les filles protestent contre leur interpellation », commente Rosalie, 41 ans.

    *Retour au « civisme »*

    Célestine Kouakoua n'a pas connaissance de ces méthodes violentes. « Dans mon arrondissement, il n'y a pas beaucoup de jeunes filles qui s'habillent de la sorte. Elles sont surtout aux frontières de ma circonscription. Mais quand les agents de police interviennent, c'est surtout pour les rappeler à l'ordre », explique-t-elle. Un rappel à l'ordre qui peut prendre plusieurs formes. Un simple avertissement verbal, un détour par le commissariat, en passant par une amende ou l'obligation de suivre des cours d'instruction civique.

    Les églises se sont jointes aux efforts des autorités. « Elles refoulent les femmes qui ne sont pas habillées comme il faut », explique Béatrice. Ces mesures semblent être efficaces. « Je vois de moins en moins de filles qui portent le string dépassant de leur pantalon dans la rue », assure Rosalie. A la chasse aux strings ostensibles, pourrait bientôt s'ajouter la chasse aux nombrils visibles. Les ventres trop dénudés sont également perçus comme indécents.


    http://www.afrik.com/article7101.html


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