• Une critique bienveillante de la "société du mérite" de D Girardot

    Une critique bienveillante de la "société du mérite" de D Girardot

     

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1718

    Une note, déjà publiée, sur cet ouvrage sera rapportée (à l’exception de son dernier paragraphe) avant d’envisager un complément critique.

    I - Lire la"société du mérite" de D Girardot.

    http://dazibaoueb.fr/article.php?art=23126

    La "société du mérite" (1) sous-titré "Idéologie méritocratique & violence néolibérale" de Dominique GIRARDOT est subdivisé en deux grosses parties : 1) Le mérite à l’œuvre et 2) Le sujet du mérite.

    L’ensemble de l’ouvrage opère une longue déconstruction de l’affirmation frappée du coin du bon sens selon lequel "la récompense ou la reconnaissance doit aller à celles et ceux qui font des efforts et uniquement eux" (pour ne rien dire "en creux" des sanctions humiliantes et méprisantes) . Une autre version de la même idée est venue d’en-haut avec N Sarkozy en 2006 "Tout se mérite, rien n’est acquis, rien n’est donné". On comprend aisément que ce discours de l’effort nécessairement sanctionné soit générateur d’inégalité sociales. Et l’auteur de nous montrer les différents champs d’application : le travail, l’intégration, l’école, le civisme, etc. L’auteur développe son fil critique de l’idéologie méritocratique sur ses rapport avec la dignité due à tous et toutes puis avec la démocratie et le néolibéralisme. La "société du mérite" n’est pas le vecteur d’une société émancipée mais au contraire d’une société profondément clivée qui enrichit les riches et laisse les autres les "bras cassés", les "assistés", les "non intégrés", les "casquettes de travers" dans la culpabilité de leur situation dégradée.

    Le mérite comme clé de voûte et mode de gestion de la société dans et hors travail pose partout la question de la valeur individuelle en terme objectif (tout se mesure de façon précise) et en terme de résultats. La compétition est sévère. La lutte des places n’admet aucun répis. Soyons sans pitié. Il y a un côté sociobiologie ou si vous préférez "darwinisme social" (il ne faut pas aider les faibles) sur fond de monde hobbésien ("l’homme est un loup pour l’homme") dans cette société méritocratique et élitiste. Mais notre professeur de philosophie ne prend pas ce fil d’analyse. Il puise chez Hannah Arendt pour approfondir la question de la banalisation du mal. Car la banalisation du mal se répand. Car les gens ordinaires laissent faire et même acquiescent (reprise du propos de Christophe Dejour ici).

    Dans une société hyper-concurrentielle ou l’Etat social est en voie de décomposition cette valorisation des plus compétitifs et de l’élite ne peut que faire beaucoup de mal. La guerre économique et sociale tue autant que la guerre militaire. Les politiques d’ajustement structurel au Sud puis au Nord sont criminels. Seuls les plus forts survivent.

    II - Complément critique des thèses de D Girardot contre le mérite.

    Nous approuvons pleinement les thèses de cet ouvrage. Le complément critique que nous y ajoutons se veut bienveillant, et en prolongation des thèses de l’auteur.

    A) Hors du mérite, il faut agir, construire.

    Le modèle de l’activité humaine ne serait donc pas celui de "la guerre économique" du secteur hyper concurrentiel qui incite à l’élimination des faibles, des "bras cassés", des "assistés", mais plutôt celui du service public et des entreprises non lucratives.

    1) Eric Fromm : l’homme sain est productif.

    L’hyper compétition et la valorisation des grands travailleurs tend à dégouter et démobiliser les jeunes moins favorisés du travail et même du désir de faire, d’agir pour la société. Eric Fromm psychanalyste et philosophe rappelle que l’homme sain est productif mais simplement, sobrement. Entre la "vie de légume" et l’addiction compulsive au travail qui fait le succès du travaillisme il y a place pour un entre-deux.

    Etre productif signifie produire des biens et services utiles aux humains. Il s’agit d’être tourné vers autrui et de participer aux tâches de construction de la société. Il ne s’agit pas d’être productiviste ni de s’adonner au travaillisme. Etre productif ne signifie pas non plus inscription nécessaire dans le travail salarié et en cas de travail salarié, cela ne signifie pas travail soutenu ou intense. Être productif ce n’est pas le travaillisme ou la productivité ou le rendement machinique. Etre productif peut s’appliquer au sein de l’économie non marchande, dans les service public et avec beaucoup moins de 35 h00 par semaine.

    2) Jean-Marie Brohm : quand la critique du sport n’invalide pas l’activité physique.

    La "sportivisation" du travail et du monde du travail incite a appeler à la barre Jean-Marie Brohm, un critique "féroce" du sport. Mais c’est pour sauver l’activité physique.

    La critique du sport, associé à la compétition et à la performance débouche sur la critique de l’entrainement qui en est le vecteur . L’auteur critique la quantophrénie, la culture de la mesure et du résultat qui aboutie à produire un corps machine. Mais cette critique radicale du sport n’est pas et ne devrait pas être l’excuse à la sédentarité complète. Notre auteur laisse en creux la possibilité et même la nécessité de pratiquer une activité physique non sportive. Hors du sport (nécessairement de compétition) professionnel ou amateur il reste toujours possible et même nécessaire de pratiquer une activité physique : marcher, courir, nager sans compter le temps ou la distance.

    B) Transition : Que faire dans le monde réel des requins ?

    1) Travail et principes républicains : Défendre la qualification et non la compétence.

    La qualification est une compétence reconnue selon un processus neutre. Évoquer le fondement républicain de la qualification signifie une sélection des candidats à un emploi, surtout un emploi public, en fonction d’un diplôme national reconnu comme tel. Cette sélection évite le plus possibles le favoritisme et donc préconise l’usage de l’écrit avec identité cachée. A l’issue de cette sélection, le candidat reçu reçoit une formation d’adaptation à l’emploi. Cette formation comble l’écart entre les connaissances acquises dans la scolarité et les connaissances requises pour la tenue du poste. Il existe bien souvent un troisième niveau de formation à contenu encore plus ciblé venant compléter formation générale initiale avant concours de recrutement et formation technique au poste suite à réussite au concours . Cette formation professionnelle ciblée au plus près des besoins vient renforcer l’expérience acquise après quelques mois de travail sur le nouveau poste.

    2) Revenus et principes républicains : Pour une grille resserrée des revenus.

    Une grille resserrée des revenus combinée à une fiscalité juste permet de vivre dans un monde commun dans une société en cohésion et non avec des "très riches" sur une autre planète. La grille fonctionnelle des emplois selon la qualification doit permettre de réelles évolutions de carrière sans qu’en-haut de la grille les plus qualifiés "en sortent" avec des revenus exorbitants. Un revenu maximal spécifique, différent du revenu maximal global préconisé pour brider l’hyper-classe (donc plus bas) est nécessaire pour les hauts fonctionnaires et les grands élus politiques. Ces deux catégories de personnes ne doivent pas travailler pour s’enrichir (à l’instar des grands entrepreneurs du privé) mais pour satisfaire les besoins sociaux des populations (usagers du service public et citoyens ordinaires). Il importe qu’ils n’aient pas des revenus qui les éloignent de trop des soucis du peuple-classe. Qu’ils puisent vivre aisément (entre 2500 et 4000 euros net par mois) ne fait pas souci mais cela doit être bien distingué de vivre comme un très riche . La différence n’est pas toujours faite. A tort.

    Christian DELARUE

    Le fondement républicain de la qualification.

    http://www.lepost.fr/article/2010/01/28/1911604_le-fondement-republicain-de-la-qualification.html

    Monde commun, écart de revenus , méritocratie, égalité des chances.

    http://www.legrandsoir.info/Monde-commun-ecart-de-revenus-meritocratie-egalite-des-chances.html


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