- Exposé d'Olivier TRIC : Peux-t-on parler d'une crise du logement en France ?
- Exposé de Christian DELARUE : Pour un service public national du logement et de l'habitat
Eléments sur le livret A menacé et riposte.
Il s'agit d'une présentation
rapide pour la réunion d'ATTAC Rennes du 5 mars 2008. Cette note n'entre pas dans les questions de techniques financières mais qui
vise à montrer succinctement la situation de crise et les perspectives pour en
sortir. Nous reviendrons sur ce dossier.
I - LIVRET " A ", LA CRISE !
A) Une institution
au service de l'intérêt général
1) Les caractéristiques particulières du
Livret A.
Le livret A a été crée le 22 mai 1818. C'est une institution
ancienne.
Le livret A est un compte d'épargne réglementé dont
l'ouverture s'effectue seulement auprès des agences de la Caisse d'Epargne
et de la Banque postale. Le Crédit Mutuel dispose d'un Livret bleu
apparenté au Livret A.
Ce livret présente trois caractéristiques
originales qui sont à l'origine de son succès :
1 - Son taux
d'intérêt est administré - ie fixé par les pouvoirs publics -, il ne dépend
donc pas des fluctuations du marché financier.
2 - Les sommes épargnées
sont garanties par l'Etat.
3 - L'usage des fonds collectés : ils servent à la
satisfaction d'une mission d'intérêt général.
Le livret A est un
produit d'épargne populaire : il est utilisé en France par environ 46
millions d'épargnants.
2) En arrière plan, la CDC et le logement
social
Les ressources de l'épargne populaire collectée par les
trois établissements distributeurs du produit sont centralisées par la Caisse des Dépôts et Consignation - CDC -
qui gère et affecte ces fonds au financement du logement social,
notamment par l'octroi de prêts de longue durée (dépassant même les 40
ans) et à des conditions uniformes de financement.
B) Une institution
menacée par la finance
1) D'ou vient la menace
- Elle vient de la
Commission européenne qui le 10 mai 2007 a demandé à la France de mettre fin
aux "droits spéciaux de distribution des livrets A".
- Quatre banques
françaises - le Crédit Agricole, la BNP, la Société Générale, les Banques
populaires - et une banque néerlandaise avaient en 2005 déposé plainte
contre la restriction à la libre exploitation de produits
d'épargne. Sarkozy veut mettre en application cette réforme en suivant
le rapport Campdessus récemment publié. .
2) La solution
libérale : le rapport Camdessus du 17 décembre 2007 et la "cannibalisation"
du livret A.
L'auteur a pour principe de "bonne économie" (libérale) la
concurrence et donc la bancarisation généralisée. La situation
oligopolistique y est donc critiqué comme un archaïsme aux fins
d'attribution de gestion à toutes les banques.
Le livret A comme
institution de service public est victime d'un double mouvement
économico-social générateur de crise :
- d'une part de la montée des
placement financiers risqués mais aussi plus rémunérateurs depuis une
quinzaine d'années ;
- d'autre part de la hausse continue et soutenu des
prix de l'immobilier qui est de plus de 147 % depuis 10 ans.
Ces
livrets représentaient en 1980 plus de 26 % du patrimoine financier
des ménages mais seulement 9,5 % en 1993 et 4 % en 2005.
Le Livret A
est donc en crise comme l'est le logement pour tous et notamment le logement
social.
II - REAGIR ET FOURNIR DES PERSPECTIVES
A - Les principes qui guident notre choix politique :
La méthode est
dangereuse : le livret A va être progressivement "cannibalisé" par les
divers produits d'épargne. Il faut donc refuser la banalisation et la
soumission au marché.
Les effets de la réforme seront dramatiques pour
les plus démunis. Au lieu de défendre et améliorer un bon outil d'intérêt
général dans le cadre du service public les libéraux veulent le détruire par
sa généralisation et sa marchandisation . La spécificité du produit va
disparaître. C'est l'épargne populaire et un financement spécifique qui
risque de disparaître.
B) Ce que nous proposons:
a..
Rejet de la réforme et maintien le Livret A et de la CDC.
b.. Boycotter les
banques marchandes (un peu tard désormais)
- Penser l'alternative à la
financiarisation par un pôle financier public et semi-public qui permettrait
de réintroduire la décision politique et démocratique contre l'anarchie des
marchés financiers. Le non dit des libéraux c'est le refus de voir la
nécessité de conforter un pôle financier public en capacité non seulement de
s'opposer à la finance actionnariale mais surtout de réorienter le
financement de l'économie.
- Instituer un service public national du
logement (cf doc Christian Delarue sur site ATTAC France)
- Enclencher une réforme de maîtrise du foncier (cf doc Olivier TRIC sur ATTAC France).
CCL :
Etat de la mobilisation d'après les infos de Lïc DAGUZAN
Christian DELARUE
DE L'HEBERGEMENT AU LOGEMENT .
POUR UN SERVICE PUBLIC NATIONAL DU FONCIER ET DU LOGEMENT
Atelier "logement" de la CNCL d'ATTAC du 10 février 2007 :
Eléments de discussion.
- Jean-Jacques DELUCHEY a bien décrit en introduction au débat de l'atelier que les réponses gouvernementales au mouvement de lutte des sans logis consitait à trouver des possibilités d'hébergement provisoire et peu adapté aux familles et non d'offrir des logements décents et encore moins de l'habitat confortable.
- Dans un monde ou la religion mondiale du marché aboutit à la production de situations extrêmes en la matière à savoir des super palaces d'un côté et des bidonvilles de l'autres tant au Nord qu'au Sud, alors se pose la question de la maitrise politique et publique de l'ensemble du processus du début à la fin, du foncier (le terrain à bâtir) et du logement (la construction) . (Ce que je regroupe sous le terme d'habitat qui comprends aussi un troisième aspect environnemental. )
- Le premier pas consite à s'en prendre à la racine du mal en luttant contre la spéculation foncière et immobilière . Deux moyens sont envisageables : d'une part la taxation (voir site ) - qui reste une méthode défensive - et d'autre part et surtout une appropriation publique du foncier et du bâti. Le service public du foncier trouve donc ici sa première justification .
- Mais ce n'est pas tout. Lutter contre la seule spéculation financière immobilière ne suffira pas à faire reculer l'emprise du marché générateur de profondes inégalités. Il n'y a pas toujours eu spéculation financière mais la logique marchande a bien recouvert la logique de service depuis longtemps.
- En matière de logement, il importe de réhabiliter le service public du logement social pour tous . Quant on dit pour tous on sait que les riches vont s'en passer. Par contre toutes les catégories sociales intermédiaires qui ne sont ni riches ni pauvres devraient pouvoir avoir accès à un logement confortable .
- Cela suppose de passer de passer d'une offre marchande (prix) à une offre tariffée peu chère, qu'il s'agissent de location ou ce vente.
- Mais vouloir un habitat réellement confortable ou l'on ne rechigne pas sur les surfaces utiles suppose aussi de passer d'une économie fondée sur le profit par une économie orientée vers les besoins. L'économie de profit, l'économie capitaliste génère fondamentalement un mal développement qui se retrouve au niveau mondial sur plusieurs plans.
- Evoquer une économie de besoin signifie privilégier la valeur d'usage contre la valeur d'échange. En pratique il s'agit de répondre aux besoins réels des populations, lesquels besoins sont différents d'un pays à un autre. En France, disposer de chambres spacieuses, d'une arrière cuisine, d'une pièce bureau, etc ne devrait pas être considéré comme un luxe . Au niveau mondial, il se dégage une tendance universelle vers un habitat propre et salubre ce qui est inexistant dans plusieurs pays d'Afrique. Mais ce n'est pas le capital impérialiste qui doit exploiter cette tendance à des fins de profit plus que de satisfaction des besoins.
Christian DELARUE
Site ami : http://www.kybermath.com de Robert PALLU DE LA BARRIERE