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Par ockren dans 1- 7 : Alterdeveloppement (dev écologique de la valeur d'usage) le 16 Septembre 2008 à 18:44La généralisation des services publics nationaux pour un autre développement sur la planète.
En guise d'introduction : Du mondial au local et retour:
*Contre le "mal développement" ou le « développement inégal et combiné » du capitalisme :*
"Tous les pays ne se sont pas développés au même rythme, et ne sont pas devenus capitalistes en même temps. Les premiers pays capitalistes (Angleterre, France) ont développé un besoin vital d'expansion : besoin d'envahir de nouveaux pays, pour y introduire le capitalisme, profiter des matières premières et de la main d'œuvre, et pour y écouler leurs marchandises. C'est le stade impérialiste du capitalisme.
Mais ce que Trotsky a découvert, c'est que les pays « retardataires » ne suivent pas, en accéléré, le même chemin que les premiers pays capitalistes : développement de l'économie de marché, de la démocratie bourgeoise...(comme l'argumentaient les courants social-démocrate et stalinien). Comme le développement capitaliste de ces pays s'effectue sous pression étrangère, cela perturbe profondément les structures économiques, sociales et politiques du pays. Et le résultat est une combinaison (instable et explosive) entre les maux de la vieille société et l'exploitation capitaliste".
Le « cauchemar de Darwin » comme exemple local:
"Dans la Tanzanie actuelle décrite par Le cauchemar de Darwin, l'introduction d'une industrie de filets de poissons a complètement détruit l'ancien commerce et l'ancienne société, sans les remplacer par une société bourgeoise démocratique. Cela a créé une classe ouvrière surexploitée dans des usines de conditionnement de poisson, à côté des couches sociales issues de la société traditionnelle (pécheurs, marchands...)"
La question écologique ne saurait y être omise
Un cheval de Troie dans l'écologie de Marx - Daniel TANURO
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article306
Vers un néosocialisme vert : Etendre le marché ou le circonscrire ? - C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article354
Contre l'appropriation privée et la marchandisation du monde il importe de généraliser l'appropriation publique et les services publics.
I - Propriété publique et sociale et démarchandisation.: les fondamentaux
Sur le sujet, on ne peut faire l'économie des maîtres de la théorie. J'en choisi deux mais il y en a d'autres.
A) Service public, entreprises publiques et appropriation sociale - Y Salesse
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article29
B) Une économie politique de la démarchandisation
Réexamen du travail productif pour théoriser la démarchandisation - Eléments pour une économie politique de l'altermondialisme - Jean-Marie Harribey
voir aussi : Le travail productif dans les services non marchands et l'impôt
http://www.france.attac.org/spip.php?article7995
Lire aussi sur ce thème Stéphanie TREILLET (voir sur internet)
II - Le service public, ce n'est pas le solidarisme ni le coopérativisme
A) Réorienter les services publics pour satisfaire les besoins populaires dans les quartiers délaissées et les campagnes
C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article159
B) Anti-étatisme radical et coopérativisme béat
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article61325
C) L'altermondialisme n'est pas soluble dans le néosolidarisme.
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article145
et Misère du solidarisme et du néosolidarisme - JJ Lakrival
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article320
III - Théorie appliquée à la question des territoires .
Pour la mise en oeuvre de la logique d'appropriation publique et de service public la cadre national n'est pas contradictoire avec le cadre européen. Une extension des principes est envisageable au niveau mondial.
A) Que faut-il nationaliser ? - C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article335
B) Pour une dynamique de service public en Europe ! - C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article191
C) Se battre pour l'universalisation des critères de service public - C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article370
Pour conclure :
REPRENDRE L'OFFENSIVE CONTRE LE NEOLIBERALISME - C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article356
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LAÏCITÉ ET RACISME
A propos de quelques débats dans l'antiracisme
Si la laïcité peut être l'alibi du racisme, l'accusation de racisme peut servir aussi à faire reculer la laïcité et à permettre l'emprise du religieux dans la société.
1) La laïcité raciste existe.
"Il est évident écrit Maxime Rodinson que quelque racisme se mêle chez beaucoup à la mobilisation laïque" (1). Effectivement, il existe bien une laïcité a géométrie variable qui systématiquement orientée sur la critique de l'islam se montre singulièrement protectrice à l'égard de la religion chrétienne notamment catholique en France. Ce type de laïcité doit être condamné. Le problème est que cette condamnation peut venir de plusieurs sortes d'orientations en matière de laïcité, l'une de la laïcité ouverte l'autre de la laïcité stricte auquel au peut ajouter la critique issue de la "mentalité laïque".
Le point suivant constitue une opinion différente du CA du MRAP. Je développe donc un peu plus mais je reste plus bref qu'à l'ordinaire.
2) L'accusation de racisme peut servir d'alibi pour faire reculer la laïcité et permettre le renforcement de l'emprise du religieux dans la société.
Tout ce qui est critique de la religion n'est pas raciste or les laïques "ouverts" refusent la critique des signes religieux ostensibles et surtout la critique du voile islamique. La chose n'est pas récente puisque déjà en 1989 le même Maxime Rodinson écrivait (1) "Il ne faut pas brimer les porteurs de divers vêtements . Mais il faut être très vigilants envers le communautarisme". Il ajoute plus loin "proscrirait-on ici ou là la culotte tyrolienne ou la jupe écossaise" Comme si tous les vêtement relevaient la "diversité culturelle" de façon indistincte. Il est évident que chacun et chacune doit pouvoir s'habiller comme il veut mais il est tout aussi certain que des pressions sociales de nature religieuse poussent à certaines vestimentations et que cela n'est surtout pas neutre tant au plan global qu'au plan relationnel. Ce n'est pas une simple question de forme, de couleur ou de taille. Il s'agit de la signification intrinsèque du vêtement hors sa signification subjective (que l'on ne connait pas le plus souvent) . Certains vêtements s'inscrivent dans une dimension religieuse offensive et parfois dans une dimension sexiste, et ce dès le plus jeune âge . Il n'y a donc pas lieu de se priver de critique . Il faut préciser, et ce n'est pas un détail, que ce n'est pas la religion qui est visée mais un de ses usages. Chacun adopte la religion qu'il veut ou aucune. Ce point est une question de liberté fondamentale. Par contre l'expression extérieure de la religion n'est pas neutre.La laïcité institue un espace neutre, respectueux et pacifique fort différent de la tolérance unilatérale ou du multiculturalisme religieux.
Lorsque le caractère religieux est reconnu se pose alors deux autres questions : 1) s'agit-il d'un geste autonome ou d'un comportement obligé, 2) quel est la signification subjective par rapport à la signification objective. Les partisans de la laïcité minimale affirment tantôt la polysémie du voile - ce qui masque les significations objectives réelles qui relèvent de deux champs qui sont d'une part l'affirmation intempestive du religieux et d'autre part l'enfermement de la femme face à la concupiscence des hommes - tantôt la pente raciste en évoquant la lepénisation des esprits et même le racisme franc et net lorsque la question de la spécificité de la discrimination religieuse est abordé, notamment avec l'argument que toutes les différences ne sont pas admissibles et tolérables.
3) Le cas de la burka ou du niqab.
Ce bâchage des femmes est révoltant: vivre dans un monde laique, vivre sans oppression sexiste. Mais les mesures de protection ne vont pas de soi sur deux plans:
- le régistre républicain-national d'exclusion qui ici distingue le "eux" du "nous" qui se trouve activé y compris chez les critiques ordinaires de la nation et du nationalisme, mais sur la modalité des valeurs communes à promouvoir. Radicalement chez des antifascistes et antiracistes il y a bien cet idée que le port de la burka n'est pas admissible et tolérable partout donc par défaut en quelque sorte "chez nous".
Le "chez nous" peut être national ou européen. En fait il est intolérable partout, puisque la laïcité et le droit des femmes est un combat mondial mais la situation concrète justifie une territorialisation du combat. Une telle option ne signifie d'ailleurs pas passage avec armes et bagages ni du côté du racisme islamophobique ni du côté de "l'unilatéralisme du gouvernement des USA" (2). Nous ne somme pas plus du côté de "la tentation de construire une « Forteresse Europe » culturellement homogène" (2). La diversité mais dans la laïcité.
- le registre de la discrimination : la loi antiraciste énumère les différents types de discriminations à combattre dont la discrimination religieuse. Et s'il fallait faire des distinctions ? Toutes les différences doivent-elles être protégées en tout lieu et en toute occasion ? Un retour sur la loi de 1972?
4) Toute la diversité partout sur la planète mais sans l'offensive généralisé du religieux.
La religion exhibée - voile ou kippa - est un outil de reconquête religieuse de l'espace qui n'a rien à voir avec le respect mutuel ou la rencontre pacifique. La paix et le respect relève de la mentalité laique, laquelle respecte le sentiment religieux (tout comme les sentiments spirituels athées). "La laïcité n'est pas l'organisation du combat contre les religions" mais cependant elle n'accepte pas les excès du religieux "en retour". Elle pose un ordre de paix et de respect mutuel. Cela diffère de la laicité ouverte qui autorise la tolérance unilatérale et donc l'oppression du religieux intempestif contre tous ceux - croyants ou non - que cet affichage ostensible indispose.
Christian Delarue
Article paru dans Le Monde le 1/12/1989 dans un passage intitulé "le cauchemar de Jasienski"
1) Article paru dans Le Monde le 1/12/1989 dans un passage intitulé "le cauchemar de Jasienski"
2) Du bon usage de la laïcité sous la direction de Marc Jacquemain et Nadine Rosa-Rosso (laicité ouverte)
http://www.legrandsoir.info/spip.php?article6691
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Par ockren dans 1 - 1 : Altermondialisation / Altermondialisme & Internationalisme le 14 Septembre 2008 à 15:52
The MRAP and alter-globalization
ATTAC Citizens' University Toulouse, August 2008
Translated from French by Lorraine Buckley for Coorditrad.
Plenary on alter-globalism
Speech by Christian DELARUE [1],
on behalf of the MRAP [2], founder member of Attac
At this stage of the debate, I would like to go back to the subway metaphor' which distinguishes the big travellers from the small ones, so as to situate the MRAP the Movement against Racism and for Friendship between Peoples within the movement. In other words, is it a second fiddle' in the global movement or a fundamental actor? But first of all, I need to recall the distinction between alter-globalism and alter-globalization.
I - What are the connections between the dynamics on the ground and the alternative vision?
- The summa divisio'
Alter-globalism is the discourse about another possible world' as evoked by the Porto Alegre Charter. This discourse combines two characteristics: it is plural and it does not come from above. It is worth clarifying that this specificity being plural and horizontal does not exclude globalizing theories, which aim to assemble a coherent corpus of alternatives to neo-liberalism. Just that these theorizations simply illuminate the debate while respecting other discourses or theories on the other world'.
Alter-globalization is first of all the movement itself. Alter-globalization is linked to the heterogeneous building processes (of another globalization). Alter-globalization, whether one defines it as a tendency or as a movement of movements, is in any case a large, heterogeneous and lasting movement, comprising a multitude of actors, some of whom are clearly alter-globalists, but there are also other actors whose objectives are more limited. So that is the first sense broad and inclusive of the term alter-globalization.
- The secondary division
But we can't leave it at this one main distinction (the theory of alter-globalism and real, historic alter-globalization). We have to go deeper to grasp the complexity of the movement, by specifying the internal subdivisions within the global movement. In fact, on the alter-globalization train (in the broader sense), we can see on one hand the alter-globalist movement(s)[3], those such as ATTAC who bring into the real world several alternatives which are relatively well developed and could be effective as far as our aims are concerned: another world'; and on the other the actors whose aims are more limited; one could say they belong to alter-globalization, but here in the narrow sense of different movements which are only struggling against one specific form of oppression or domination, of different actual social practices debated in the social forums.
At this point I would like to go back to the subway metaphor and make MRAP's position explicit.
II - The MRAP as an alter-globalist movement by extension
Is the MRAP a long-term actor in alter-globalization in its sense of tendency or movement of movements? And if so, is it alter-globalist ?
- Realizing MRAP's statutory goals presupposes its belonging to a broader movement
There is no problem with anti-racism being the main objective of a committed organization such as the MRAP, but it also seems a given to me that our struggles should be linked to or supported by others concerning extension of social rights, decent housing for all, public goods, public services in underprivileged areas. Hence MRAP's commitment to ATTAC, and to alter-globalization in general, is certain, and for the long haul.
- Apart from that, what can the MRAP call itself alter-globalist in ?
Within these global and plural dynamics, is the MRAP alter-globalist or simply a movement with limited objectives (alter-globalization in the narrow sense)? I think it is both, and specifically an alter-globalist movement. Over the years, thanks to MRAP's belonging to ATTAC and taking part in the various social forums, the MRAP has really become an alter-globalization movement in the sense of a movement deliberately striving for another world'. Here, it all depends on what one means by another world.
- Another world?
Of course, it's about more than just wanting a better world, which doesn't mean choosing between reforms and revolution (another problem which I am not going to tackle and which is outside MRAP's statute). Despite that, the MRAP subscribes neither to the old antidemocratic socialist view, nor to 21st century neo-socialism bringing alter-democracy and ecology, while pointing out that the neo-socialism aspired to here and there will certainly not be identical in Latin America, in Asia and in Europe, in particular as far as treating religion and secular status are concerned.
Naturally, no MRAP meeting has ever discussed what the other world' should comprise. Nevertheless, the MRAP wants a world without racism and without colonialism or imperialism, just as our other actor friends want a world without sexism, without war (which doesn't mean a totally pacified world on the inter-relations front), a world where the market is regulated and even circumscribed, a world where other social relations of domination, exploitation and oppression are eliminated. If capitalism comprises these diverse forms of domination, some of which are not generated by capitalism itself (such as sexism and racism), then the global alternative to capitalism must also include diverse freedoms from dominations.
A small aside: these are the reasons why in another debate I proposed adding to the Porto Alegre Charter, which rightly but too narrowly, criticizes capitalism and imperialism, a reference to four demands: alter-democracy, ecology, non-sexism and non-racism.
If this understanding of the real situation and aims on the ground are accepted, the MRAP's specific struggle is situated both within the dynamics of alter-globalization and within the alter-globalist perspective. So then it is certainly an alter-globalist movement.
Christian DELARUE is a member of the executive office and Board of Directors of MRAP
MRAP: Mouvement contre le Racisme et l'Amitié entre les Peuples: Movement against Racism and for Friendship between Peoples
Alterglobalism, a long-term process leading to alternatives, by Susan George, Jean-Marie Harribey, Gustave Massiah, Chico Whitaker
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Par ockren dans 1 - 1 : Altermondialisation / Altermondialisme & Internationalisme le 4 Septembre 2008 à 01:12
Relire "La Nation" de Pierre FOUGEYROLLAS 20 ans après !
L'ouvrage a été publié il y plus de 20 ans, en 1987, avec un sous-titre évocateur : "Essor et déclin des sociétés modernes". L'ouvrage découpé en 4 parties - 1 - La formation des nationalités, 2 - L'organisation des nations, 3 - L'universalisation du phénomène national , 4 - La nation en question - montre essentiellement que la nation est un produit de l'histoire. Elle n'est pas intemporelle.
Une lecture hâtive à la fin des années 80 pouvait laisser entendre que cette forme d'organisation sociale touchait à sa fin. Cela se combinait alors avec des considérations fréquentes mais propre à la formation sociale française que la nation était menacée à la fois par en-haut avec l'Europe en cours de renforcement ( Acte unique européen date de 1986) et par en-bas avec les régions qui s'affirmaient . En 1988, Michel Rocard lance la Réforme de l'Etat, ce qui inaugure une déconstruction multiforme et progressive de l'organisation de l'Etat-nation. Mais ce sera la mondialisation de l'économie qui peu à peu viendra menacer plus encore l'organisation de la forme nation. En 1985 Charles-Albert MICHALET reprend in extenso son ouvrage "Le capitalisme mondial" (PUF) : "Cet essai se veut une contribution à un projet iconoclaste. Il s'agit de renverser le vieux paradigme de l'économie internationale pour lui substituer celui de l'économie mondiale" Et il entreprend d'étudier le phénomène de multinationalisation et ses impacts sur les espaces nationaux. Le vecteur en est les firmes multinationales (FMN) et non plus.les sociétés transnationales (STN). Quoique l'on pense de la théorie au plan économique, une chose est sûre : la mondialisation économique qui n'est pas nouvelle se renforce.
Mais rien n'est encore dit sur la globalisation financière, ni sur la marchandisation du monde. Il faudra attendre dix ans de plus pour que la menace prenne sens : le 1 er janvier 1995 est crée l'OMC (Organisation mondiale du commerce) et en 1994 François Chesnais publie "La mondialisation du capital" qui sera relativement lu eu égard à la forte technicité de l'ouvrage! Capital financier, productif, marchand, tout est lié . Il ne s'agit pas seulement de critiquer "les 4 comportements des financiers : prédateur, spéculatif, court-termiste et maximisateur" (1) mais un ensemble de paramètres complexes qui forment système et qui détruisent au sein des nations le social et l'environnemental. Les individus menacés dans la nation ne sont pas l'oligarchie financière ou la bourgeoisie mais les couches salariés mal payées et les salariés désaffiliés et précarisés et au-delà quasiment tout le salariat ainsi que la paysannerie artisanale.
Retour au livre de P Fougeyrollas. Objectivement la nation est une communauté historique qui peut disparaître mais la nation a une deuxième face dit-il. "Subjectivement, la nation se présente sous les espèces de représentations et d'affects fréquemment générateur de passion". D'où les rapports complexes entre peuple, élites dirigeantes et nation qui laissent place à l'idéologie et même aux manipulations. Un comparaison historique (pour rester dans le cadre français qui n'est évidemment pas le seul abordé par l'auteur) permet de trancher. "Sous la Révolution française, la nation est pour ainsi dire immanente au peuple qui acquiert sa souveraineté en devenant nation. Sous la Troisième République, lorsque l'impulsion révolutionnaire de 1789 a épuisé ses effets, la nation devient transcendante, du moins dans l'idéologie répandue à travers le corps social par les classes dirigeantes. Elle est cette entité à laquelle chaque citoyen doit son dévouement, ses impôts et, en cas de guerre, sa vie, par de-delà les inégalités ou les injustices sociales observables". La nation a épuisé son potentiel progressiste pour se faire le vecteur de force guerrières et anti-sociales.
Mais il arrive qu'il y ait des exceptions. Les peuples peuvent protester derrière la nation, notamment avec les derniers référendums européens. Et tout n'est pas à brader dans la nation - notamment les nationalisations - du moins tant que l'Europe n'est pas fondée sur des bases plus progressiste ou/et tant que, contrairement à ce que dit Christophe Aguiton (2 ), le monde ne nous appartient pas ! Ainsi à ce propos, Philippe Zarifian, celui de L'échelle du monde" (3), défenseur de la mondialité remarque avec pertinence qu'" à la différence des sociétés nationales, la société-monde ne bénéficie pas d'un Etat, d'institutions démocratique, de normes sociales et de mécanismes de régulation, de processus d'intégration et de socialisation (p21). En somme le monde ne forme pas société, il n'y a pour les dominés, pour les exclus du monde des affaires que l'humanité qui fasse sens pour la solidarité internationale entre les peuples (avec une composante "ouvrière" et une composante "genre") et la planète qui fasse sens pour sa préservation écologique. La cosmopolitique est une utopie. Une belle utopie mais nécessaire tout autant que le néosocialisme (4) qu'il faut faire advenir mais sans doute par des processus historiques qui laissent place aux formations nationales et continentales. L'essentiel serait alors d'articuler ces différents niveaux d'organisation sans nationalisme ou européanocentrisme mais avec le sentiment d'appartenance à l'humanité (via le genre ou la classe sociale) et à la planète. Ce serait un gage de démarche constructive.
Ce n'est pas l'ordre qu'il faut rétablir mais le sens du droit. Voilà l'exigence internationale portée par le mouvement altermondialiste contre l'irrespect institutionnalisé par les grandes institutions mondiales - OMC, FMI, BM et continentales mais aussi par le nationalisme guerrier ou sécuritaire et policier, contre la forme "xénophobie d'Etat" qui se métamorphose en Europe forteresse. Le droit peut passer par la construction de services publics dans un cadre national ou par des réseaux publics continentaux.
La nation n'est pas morte mais elle n'est plus un fétiche. Le mouvement populaire doit la reprendre à la bourgeoisie nationale. Le mouvement alter doit aussi éviter que l'Europe ne soit que la patrie des élites "hors sol". La nation doit donc être ouverte sur le monde. A défaut elle ne sera qu'une bêtise immonde !
Christian DELARUE
1) cf p96 in "Le capitalisme financier" de Laurent Batsch qui se place du point de vue de l'entreprise et non sur le plan macro-économique
2) Le monde nous appartient (Plon 2001) de Christophe Aguiton fut un des premiers ouvrages portant sur l'altermondialisation
3) Philippe Zarifian, L'échelledu monde" La Dispute 2004
4) Vers un néosocialisme vert : Etendre le marché ou le circonscrire ? - C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article354
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Par ockren dans 1 - 3 : "Définanciarisation", déprivatisation, démarchandisation le 1 Septembre 2008 à 17:58
Vers un néosocialisme vert : Etendre le marché ou le circonscrire ?
Libérer l'entreprise de la tutelle de la propriété capitaliste ne signifie pas abolir le marché (1) . La chose est entendue même par ceux qui entendent le circonscrire par la démarchandisation, la promotion des services publics, de la sécurité sociale et d'un volet de planification démocratique. Mais dans l'altermondialisation certains veulent le réguler et même l'étendre.
I - Contre les pollutions, l'écologie de marché et un altercapitalisme vert?
Dans l'altermondialisation entendue comme mouvance large (qui comprend en son sein un fort courant altermondialiste antisystémique) il y a l'espoir de forger un "bon" capitalisme à la fois social et vert. Cela suppose d'oublier que le fonctionnement du capitalisme au plus près de sa logique intrinsèque suppose à la fois un taux de profit suffisant et des débouchés sur les marchés. Le capital marchand a partie liée avec le capital productif. A la différence de Ricardo Marx a montré l'articulation entre la loi de la valeur et la loi de l'offre et de la demande (2 ). De même que l'on ne peut lutter seulement contre le capital financier jugé pervers en pensant que les autres formes de capital sont saines et ajustables.
L'altercapitalisme vert croit aux vertus coordinatrices du marché ; Il voudrait faire même faire l'inverse que de circonscrire le marché puisqu'il imagine des procédés de réinsértion des "externalités " dans le marché. Voici, par exemple, ce qu'écrit Marc Fleurbaey dans "Capitalisme ou démocratie" (p153) : "Une autre condition pour que le marché aboutisse à l'efficacité est que toutes les interactions économiques entre individus soient médiés par les marchés. Lorsque ce n'est pas le cas, on dit qu'il y a des "externalités", c'est à dire des interactions extérieures aux marchés, et cela perturbe l'efficacité de l'allocation résultante. Un exemple classique est celui de la pollution. Lorsque je circule en ville avec ma voiture, je dérange quelques personnes en polluant l'air, en faisant du bruit, en encombrant le trafic routier. Or pour prendre ma décision d'aller en ville avec ma voiture, les seuls marchés qui contraignent mes possibilités sont le marché de l'automobile sur lequel j'ai acheté ma voiture, le marché de l'assurance automobile, et le marché des carburants. Il n'y a aucun marché où je doive payer pour le dérangement et la pollution que ma décision entraîne, et donc aucun moyen pour les personnes dérangées de m'informer des conséquences néfastes de ma décision".
Les externalités étant fort nombreuses, peut-on vraiment les intégrer à "l'ordre marchand". Non répond Michel Husson ( 3) Et Daniel Tanuro d'enfoncer le clou : les mécanismes du marché pourrissent le climat ! (4)
Changeons de logique sans plus tarder car faire reculer les marchés c'est ouvrir une autre perspective économique et sociale.
II - La marchandise pour les profits contre les besoins sociaux- changer de dynamique
L'une des tendances les plus frappantes du capitalisme contemporain est de chercher à transformer en marchandises ce qui ne l'est pas ou ne devrait pas l'être, et d'abord les services publics et la protection sociale. Un tel projet est doublement réactionnaire : il affirme à la fois la volonté du capitalisme de retourner à son état de nature en effaçant tout ce qui avait pu le civiliser ; il révèle en outre son incapacité profonde à prendre en charge les problèmes nouveaux qui se posent à l'humanité.
La distinction établie par Marx entre valeur d'usage et valeur d'échange est ici une clé essentielle pour comprendre les exigences du capitalisme. Il veut bien répondre à des besoins rationnels et à des aspirations légitimes, comme soigner les malades du sida ou limiter les émissions de gaz à effet de serre ; mais c'est à condition que cela passe sous les fourches caudines de la marchandise et du profit. (Extrait p 183 de "Un pur capitalisme" de Michel Husson)- changer de paradigme théorique au sein du marxisme
J-M HARRIBEY : CONSTRUIRE UNE ECONOMIE POLITIQUE DE LA DEMARCHANDISATION
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article152
III - Le néosocialisme comme perspective de l'autre monde possible.
Le néosocialisme combine un mouvement de nationalisations ou d'appropriation publique des grands moyens de productions, d'échange et de distribution notamment dans ce qui relève des piliers du systèmes énergétique et une dynamique d'abolition des rapports sociaux capitalistes de production dans les entreprises de niveau local qui vont être motrices non seulement en terme de relocalisation mais aussi pour aller vers l'autogestion mais qui ne peuvent assurer une coordination et une distribution égalitaire sur un territoire large. Ce n'est pas tout : le néosocialisme veut aussi faire reculer fortement la "marchandisation du monde" et "la dictature des marchés" (pas que celui de la finance).
Globalement, il s'agit donc bien de passer à un autre monde radicalement différent et non de se satisfaire d'un monde meilleur à base d'un nouveau compromis keynésien et d'un néosolidarisme à "économie plurielle" (5 ). Pour autant, le néosocialisme ne méprise pas l'économie sociale et solidaire (ESS) ni les sociétés coopératives ( SCOP) car pour ce qui n'a pas besoin d'une centralisation permettant une meilleure redistribution égalitaire ou faisant intervenir une inégalité de péréquation (réfléchie et démocratiquement décidée) l'ESS et les SCOP peuvent se monter efficaces, en tout cas mieux que sous la domination du capital et sous le poids des logiques marchandes. Enfin tout cela ne signifie pas choisir entre réformes et révolution ni donc refuser de militer ensemble. Des réformes "à effet cliquet" permettent de faire reculer le néolibéralisme et d'avancer vers l'autre monde possible.
Retour sur les marchés : Le marché des biens et services comme le marché de la force de travail institue des rapports sociaux très inégalitaires (à défaut d'être antagoniques comme les rapports de production capital/travail) . Il est mystificateur d'évoquer les choix libres du consommateur fût-il "éclairé" et "citoyen" car d'une part il lui faut être solvable et d'autre part les choix proposés sont restreints par le mode de production. De plus en plus le consommateur ne peut choisir que des enveloppes différentes de biens similaires à obsolescence plus ou moins rapide, ce qui est contraire au "développement durable" ou plutôt à l'alter-développement.
Si le socialisme autoritaire s'appuyait déjà sur une économie de satisfaction des besoins sociaux contraire à une économie du profit et du marché alors le néosocialisme marquera lui son empreinte par un double souci : démocratique et écologique . C'est toute la tâche de l'altermondialisme. La crise écologique met à l'ordre du jour l'éco-socialisme et notamment un alter-développement qui préconise une dialectique croissance / décroissance fondée sur des choix démocratiques. La "pulsion démocratique" débridée par le néosocialisme va beaucoup plus loin que ce que peux accepter la démocratie libérale, qui est foncièrement très restreinte de par sa configuation idéologico-historique, et qui tend d'ailleurs à régresser sous la forme de la gouvernance et de la "démocratie des lobbies". Le néosocialisme intègre lui un stade supérieur nouveau de configuration démocratique : une "alterdémocratie" (6 ) car elle fait intervenir les citoyens-producteurs dans le champ économique aussi bien dans que hors l'entreprise. Il ne s'agit pas, il faut le répéter, d'abolir le marché mais pour autant évoquer simplement sa régulation (Marc Fleurbaey) ne suffit pas. Il importe d'empêcher son extension et même de le circonscrire notamment par la mise en place d'une planification démocratique (7) combinée à une extension des services publics. Les services publics ne répondent pas à une demande solvable mais à des usagers. Ils visent à satisfaire des besoins dès lors que dégagés de l'influence pernicieuse des logiques marchandes envahissantes. Soumis au politique et à la décision démocratique d'un peuple réellement citoyen (et non juste pour un vote de temps en temps) il peuvent se dégager du court terme économique des sociétés à dominante capitaliste.
IV - Conserver l'expression altermondialiste de l'autre monde.
Il est souhaitable que le mouvement altermondialiste conserve l'expression ouverte "autre monde" non seulement parce que c'est dans la Charte de Porto Alègre mais aussi parce que la formule permet de combiner librement et sans théorisation à priori plusieurs libérations d'oppression et de domination hors l'exploitation du travail par le capital et hors la domination productiviste de la nature par le capital . Ainsi les mouvements antiracistes militent pour un monde sans racisme et sans colonialisme ni impérialisme comme d'autres acteurs amis veulent un monde sans sexisme, un monde sans guerre (ce qui ne signifie pas totalement pacifié au plan relationnel). Ces dominations et oppressions se confortent et l'on peut penser que le capitalisme dans sa dynamique historique les a articulé y compris celles qui ne sont pas générées par lui (comme le sexisme et le racisme) mais l'histoire du mouvement ouvrier international montre qu'il convient de conserver l'autonomie de chaque lutte ce qui n'empêche nullement de penser leur articulation ni de penser le néo-socialisme.
L'altermondialisme est une promesse, celle de renouveler la pensée et la pratique de l'émancipation et ce faisant tenir les promesses non tenues du passé.
Christian DELARUECA d'ATTAC Fce
1) in Jacques Bidet et Gérard Duménil in Altermarxisme Un autre marxisme pour un autre monde p249
2) Relire le capital de Tran Hai Hac volume II page 127
3) Le capitalisme vert est-il possible ? Michel Husson
http://hussonet.free.fr/capivert.pdf
4) Comment les mécanismes du marché pourrissent le climat. TANURO Danielhttp://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article352
5) Misère du solidarisme et du néosolidarisme - JJ Lakrival
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article320
Lire aussi : L'économie sociale et solidaire n'existe pas - M. HELY
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article66291
Deux critiques de la "société de marché"
http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article58371
6 ) Alterdémocratie / Autre démocratie : le trajet et le but.http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1157) La planification à l'ordre du jour - Michel Husson
http://hussonet.free.fr/sarkopla.pdf
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