• Démocratie et populisme

    Démocratie et populisme

    Pour introduire cette problématique "populisme et démocratie" il faut définir les deux termes sommairement, en première approche (le corps du texte apportant des précisions) : la démocratie est le pouvoir (cratos) du peuple (demos) et le populisme la défense et promotion du peuple par un leader qui demande mobilisation du dit peuple. Plusieurs enjeux apparaissent : de quel peuple s’agit-il ? Et de quel type de démocratie ? Quelle citoyenneté ? Quel type de mobilisation ?

    Le populisme se défini par un soutien affirmé du peuple. Ce soutien est critiqué comme démagogique (critique faible) et surtout et plus sérieusement comme faisant problème à la démocratie. Le populisme est aussi souvent (pas toujours) vu comme soutien du peuple contre les élites ou la caste, sans que l'on considère que ces élites soient élues ou non. En fait c'est surtout le rapport du populisme a la démocratie qui est surtout interrogé.

    Pour faciliter la présentation du problème il y a lieu - c’est le choix de ce  texte pour réduire l’exposé mais il y a évidemment d’autres plus long par intégration de phénomènes historiques : boulangisme, populisme russe, etc... -  de distinguer le populisme de droite et le populisme de gauche en rapportant ces deux ordres de populisme à l’enjeu démocratique, le plus souvent évoqué pour le dénigrer : populisme comme foncièrement non démocratique. 

    Le populisme de droite est de facture IDENTITAIRE et le populisme. de gauche relève lui du SOCIAL. Le rapport "eux-nous" est de ce fait différent: interne-externe pour l'un (droite) et en-haut/en-bas pour l'autre (avec un recoupement travail-capital lorsque fécondé par le marxisme).

    I - Le populisme de DROITE avec une tendance à nier la démocratie, à vouloir de nos jours une démocrature

    Le populisme de droite fétichise la nation comme un tout pour deux fonctions l'unifier et l'homogénéiser dans l’ordre interne - le Nous - via une sorte de "communautarisme national" et poser un "Eux" pour l’extérieur vu comme différent, dangereux, nuisible soit une xénophobie, un racisme multiforme. 

    Le nationalisme constitue une sorte de "communautarisme national" qui  d'une part homogénéise un peuple-nation sans clivage interne dans un "nous" identitaire ou républicain mais avec une diversité limitée de bon aloi car conforme à une identité laquelle identité masque des inégalités et un clivage et notamment et surtout le classisme soit une lourde domination de classe et d'autre part montre un "eux" externe ou exogène (si déjà sur le territoire national) que pour les dénigrer, les rabaisser ce qui constitue du racisme, à tout le moins de la xénophobie. 

    Ce populisme de droite s’abstient de toute critique des inégalités diverses et notamment entre la classe financière et le reste de la population (les 99%) ce qui renforce le communautarisme national. Si il y a critique des élites c'est uniquement parce qu'elles trahissent la nation comme communauté historique et homogène, pas par volonté de supprimer toute élite.

    Ce populisme de droite qui ne porte aucune critique du néolibéralisme et encore moins du système capitaliste ( ) et porte critique la démocratie représentative que pour établir une dictature ou à défaut, eu égard au contexte, une démocrature. Et s'agissant du contexte présent, la tendance césariste de M Macron va bien au RN.

    II - Le populisme DE GAUCHE souhaite démocratiser la démocratie représentative

    Le rapport au peuple et à la démocratie est différent

    Le peuple du populisme de gauche est foncièrement social, même s’il évoque à l’occasion, des citoyen-des, et il désigne un peuple « non riche » de format variable, qui est soit les 80% d’en-bas, soit les 90% d’en-bas, soit les 99% d’en-bas - nommé ici peuple-classe 99% (Ch Delarue) - mais en ce cas en considérant qu’il existe une sous-bourgeoisie des 9% qui est aisée mais nettement moins riche que la classe financière au-dessus largement bénéficiaire d’un gros flux de dividendes

    S’agissant de la mobilisation du peuple social il n’y a pas - contrairement à une idée reçue - que le supposé leader populiste a s’en charger à sa façon car il y a aussi les acteurs syndicaux qui sont bien des acteurs centraux et locaux de mobilisation populaire, essentiellement des travailleurs et travailleuses du privé et du public plus les chômeurs-es et les retraité-es, plus des travailleurs indépendants voire plus rarement des petits patrons. On a vu cela en 2023 que les manifestant-es dépassèrent largement les 70% !

    Ce populisme de gauche critique certes la "démocratie réellement existante", celle le plus souvent assimilée à la démocratie représentative avec quelques ajouts comme des possibilités réduites de référendum, mais c’est pour la démocratiser, pour l'améliorer (car elle a des défauts d'accaparement par les notables) pas pour détruire toute démocratie. Comme on dit à ATTAC : « Une autre démocratie est possible ».

    Quel citoyenneté ? Dans l’entreprise? Hors du peuple-nation au niveau continental ? Pour autre chose que de nommer des élus ? Avec quel pouvoir de contrôle ? On voit que la question est vaste pour construire plus de démocratie.

    Christian DELARUE

    D comme démocrature

    https://blogs.mediapart.fr/edition/abecedaire-citoyen-du-club-2024/article/100924/c-comme-democrature

    C comme Classisme

    https://blogs.mediapart.fr/edition/abecedaire-citoyen-du-club-2024/article/080824/c-comme-classisme

    Je note comme "démocrate" que des contradicteurs ont répondu : "oui une autre démocrature est possible avec un césar marxiste-léniniste" ! Pensent-ils à Mélenchon (qui n'est pas d'extrême-gauche) ou à Poutou du NPA ou autre leader révolutionnaire qui, faut-il le préciser, ne fonctionne pas au coup d'Etat et peut se monter vigilant aux accaparements de pouvoirs des bureaucraties de parti avec avantages de caste.

     
     

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