• E MRAP DOIT POURSUIVRE SES COMBATS

    LE MRAP DOIT POURSUIVRE SES COMBATS
     
    Cadre : 
    Le MRAP au bord de l'implosion
    http://vigilance-laique.over-blog.com/article-18368149.html
     
    Réponse à l'article “le MRAP au bord de l'implosion” écrit par Yann Barte dans le Courrier de l'Atlas d'avril 2008
    http://mrapnancy.over-blog.com/article-18800119.html
     
    Comment continuer ?

    Les trois visons de la lutte antiraciste dans le monde sous contrainte néolibérale.

    Il est assez clair que ma position au sein du MRAP est médiane, non par goût du "centrisme" mais par positionnement au fond depuis plusieurs années. Je suis pas le seul en ce cas. Mais comme membre de la direction du MRAP cela pose problème car il n'y a pas trois tendance dans le MRAP comme dans certains syndicats. Le MRAP est clivé entre deux camps, pire que dans ATTAC en 2005 puisque un courant autour de Régine TASSI avait réussi a former un troisième courant qui s'est fait écraser entre les deux blocs. Le MRAP n'a pas connu d'affaire d'élection truquée mais ce sont les activités politiques de son Président qui suscite les tirs croisés. Disons d'emblée que c'est nettement moins grave mais le problème est qu'il n'y a pas que cela. Evidemment . Il y a aussi des questions de fond.

    La mondialisation néolibérale et sa vulgate nommé "choc des civilisation" a eu d'énormes répercutions sur les luttes des peuples contre les diverses dominations et oppressions. la question des différences et des identités religieuse notamment est venu accroitre les différenciations au sein des peuples. Or la gauche et le syndicalisme travaille peu ou prou à l'unité de classe salariée pour son émancipation, à l'unité du peuple contre les élites dirigeantes qui colonisent les sommets de l'Etat et de la République. Cette mondialisation avec ses effets est donc venue aussi percuter de plein fouet le mouvement antiraciste (le MRAP) ainsi que diverses associations de droits de l'homme (LDH) et plus largement le mouvement antimondialiste devenu altermondialiste. Ainsi dans ATTAC comme dans le MRAP ceux qui défendaient le citoyen résident - pas que le nationa - et ce partout - pas que dans l'isoloir - car d'abord défenseur du monde du travail se sont trouvé coincé entre les défenseurs des identités et des différences d'un côté et les défenseurs de la Nation et de la République de l'autre . C'est mon cas mais pas seulement (car ce serait alors sans aucune importance).
    L'accusation de la gauche républicaine - exemple B CASSEN à Londres au FSE de 2004 - contre la gauche radicale - type SWP anglais - pointe l'abandon du combat social - ce que dit aussi Bernard TEPER - au profit du combat identitaire et différentialiste mais pour le rabattre sur la République et la Nation . Comme s'il n'y avait que deux grandes voies . C'est que défend explicitement Jean-Yves CAMUS : cet abandon du social a eu lieu parce que ces mouvements "ont oublié les deux notions clés que sont la citoyenneté et la Nation, cadres naturels dans lesquels peuvent se concilier les appartenances particulières et les idées universalistes". Défendre le peuple contre les élites, le salariat contre les bourgeoisies ne saurait être une position intermédiaire possédant sa logique propre. En somme il faut choisir entre le communautarisme et la Nation, entre la défense des identités et l'universalisme. Pas toujours !

    Dans l'entourloupe le social entendu soit comme le salariat exploité (ATTAC) ou le peuple (dominé) n'existe plus, pas plus que les migrations qui sont autre chose que des flux (migratoires). D'après
    Jean-Yves CAMUS, la Nation serait "en quelque sorte le chaînon manquant qui permet d'être critique vis-à-vis de la mondialisation et de la massification des cultures, qui est une mauvaise chose, sans tomber dans le modèle de la société tribale, lequel ne nous promet qu'un avenir de conflits, de concurrence victimaire et de choc des civilisations". Or l'idée de "chainon manquant" est ambivalente car le capitalisme mondial s'appuie aussi sur les frontières pour diviser les travailleurs et les peuples et donc accroitre l'exploitation salariale et opérer d'autres méfaits que je ne développe pas ici . Pour autant, si je ne partage pas pleinement la thèse de "la Nation chainon manquant" c'est pour un motif sérieux : les adeptes de la Nation fétichisée et ses défenseurs juristes se sont montrés incapables de défendre la citoyenneté des résidents étrangers d'origine extra-européenne. Par contre je pense qu'il convient d'articuler une citoyenneté de résidence avec la laicité. Le nationalisme solidaire est largement une vue de l'esprit. Parler d'ambivalente c'est reconnaitre une part de vrai . Par exemple la Nation comme simple cadre étatique et territorial permettant la nationalisation des entreprises conserve toute son utilité.

    Un champ durablement conflictuel entre les "Indigènes de la République" et Respublica ou Riposte laïque
    Il y donc bien une position intermédiaire entre les "Indigènes de la République" et Respublica ou Riposte laïque qui se manifeste au sein du MRAP au travers d'une position qui reconnait l'islamphobie comme forme de racisme (à la différence de l'opposition ici proche de Caroline FOUREST ) tout en défendant la libre critique des religions et même le blasphème (ce que fait aussi la majorité mais avec beaucoup de circonspection). Mon positionnement, qui a donné lieu à critique plus en externe qu'en interne (cf. "le MRAP ATTAC" ) est maintenant bien affirmé et même confirmé à chaque affaire qui a pu surgir depuis trois ou quatre ans et ce même si j'ai choisi d'être tantôt du côté de l'opposition tantôt du côté de la majorité, comme depuis l'affaire REDEKER confirmée par le clip de Wilders . Comme je ne ménage pas non plus l'islam radical je ne peux certainement pas être accusé d'être un faire-valoir de l'islamisme en général et de Tariq Ramadan en particulier ainsi que cela à pu être dit pour une branche de l'altermondialisme et de la gauche trotskiste britannique comme d'une fraction de l'antiracisme notamment le MRAP proche de Mouloud AOUNIT.
    La direction du MRAP a répondu longuement et sur plusieurs chefs d'accusation à la charge de l'opposition parue ce mois d'avril dans le Courrier de l'Atlas. Est-ce que les relations internes vont s'améliorer ? Je ne sais . Toujours est-il que le MRAP joue actuellement son avenir comme outil de l'antiracisme en France du fait de ce clivage qui perdure. Comme dans le mouvement ouvrier internationale la fraction dissidente s'organise et crée un MRAP Reconstruction (diffusé ce soir sur les listes internes et sans doute prochaine ment sur le site oppositionnel).

    La question de la diversité en politique : un test à réussir pour le "MRAP historique" !
    Aujourd'hui, le MRAP se pose la question de la diversité dans la sphère politique. C'est une orientation de congrès à mettre en oeuvre mais avec prudence . Il s'agit de bien débattre et d'écouter tous les arguments . Ce thème malgré les précautions de mise en débat peut tout aussi bien être l'occasion d'un approfondissement du clivage interne que d'un rapprochement . Du fait des discriminations et des inégalités sociales, la diversité en politique piétine. Comment la faire mieux respecter sans tomber dans le différentialisme ou le communautarisme . Voilà l'enjeux des débats à venir . Ceci dit, ce n'est pas le MRAP qui va pousser le mouvement altermondialiste à oublier la dimension proprement politique et sociale des luttes, celle qui devrait viser à l'instauration d'un ordre économique et social prenant pleinement en compte les besoins des citoyens, et non "d'une véritable tyrannie de la diversité et des droits des groupes, qu'ils soient religieux, ethniques, linguistiques ou de genre, plutôt que des droits politiques, économiques et sociaux des individus" (JYC). Le MRAP se doit de lutter contre toutes les formes de racisme dont l'islamophobie mais sans faire l'apologie des différences pas plus d'ailleurs que l'apoligie du "même". Pas facile.
    Toute différence n'est pas en soi respectable De la différence on peut passer au différencialisme, c'est-à-dire le projet idéologique qui consiste à promouvoir une société dans laquelle l'unicité du genre humain, l'égalité juridique entre les individus et la citoyenneté disparaissent au profit de la valorisation de ce qui sépare, c'est-à-dire les aptitudes intellectuelles et physiques données comme innées, et aussi l'appartenance ethnique, raciale ou religieuse. Dans le projet différentialiste, les individus ne sont pas des acteurs de leur propre devenir : toute leur vie est déterminée par leur patrimoine génétique, leur hérédité. De l'autre côté l'apologie du "même" débouche sur l'acceptation de la logique libérale et de sa pratique capitaliste et mmarchande qui standardise et uniformise les besoins et les désirs au plan culturel . Une certaine droite pouvait se trouver aux côté de l'antimondialisation monochrome quand en 2002 Alain de Benoist du GRECE désignait « l'idéologie du Même » comme l'ennemi principal car le projet ultra-libéral vise à massifier les cultures et à abolir les Nations, ce qui pour lui comme pour une certaine gauche républicaine est intolérable.
     
    Christian DELARUE
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    Altermondialisme et gauche radicale face au différentialisme par Jean-Yves Camus, chercheur associé à l'IRIS, spécialiste des extrémismes politiques, auteur de Extrémismes en France, faut-il en avoir peur ? (Editions Milan, 2006) Intervention de Jean-Yves Camus lors du colloque « La République face aux communautarismes » organisé au Sénat le 24 novembre 2006.


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