• EMPRISE DU RELIGIEUX ET EMPRISE DU TRAVAIL ET DU DIVERTISSEMENT

    CUMUL DES EMPRISES ALIENANTES

    EMPRISE DU RELIGIEUX ET EMPRISE DU TRAVAIL ET DU DIVERTISSEMENT

     

     

    Introduction sur "autrui" avec Fromm et Sartre.

    Autrui et Fromm et Sartre : Equilibration contre hybris

    Le Fromm de la destructivité et celui de la possessivité

    Le Sartre de "la valeur de l'être humain" et celui de "l'enfer c'est les autres".

     

    Fromm distingue Etre et avoir mais précise qu'il y a quand même besoin d'avoir. C'est surtout l'hybris (l'excès) de l'avoir qu'il condamne. Ses thèses s'ordonnent plus me semble-t-il vers la destructivité de certaines personnalités que sur la possessivité qui ne peut qu'être un aspect du premier " défaut ". Il a écrit un seul livre sur le sujet - Etre ou avoir - qui n'est pas le meilleur ouvrage de l'auteur. Point de vue personnel qui mériterait développements, je lui préfère le "Coeur de l'homme" par exemple plus riche en analyse. Fromm est psychanalyste mais sur un champ théorique particulier que l'on dit culturaliste au sens large. En fait il laïcise les normes des trois grands monothéismes en insufflant une pensée qu'il nomme alternativiste à partir de Spinoza, Freud et Marx. Je l'ai beaucoup fréquenté et je le trouve aujourd'hui un brin austère sur les normes et trop généraliste au plan des connaissances et de l'épistémologie. Je me suis donc éloigné de lui sans nécessairement l'oublier.

    A) Autre regard sur la possessivité.

    La possessivité en matière relationnelle peut se traduire par deux excès, l'un par l'exclusivisme au sein du couple (la bonne vieille morale religieuse laïcisée) et l'autre par la conquête effrénée des "don juan" masculin ou féminin (libertinage). Ce n'est pas le comportementalisme qui renseigne en vérité sur la force de cet instinct ni sur ses modalités variables selon les sociétés et les individus. De même, l'attachement peut aussi bien être la composante qui valorise pleinement l'humain qu'un manque d'autonomie relevant de la pathologie. Là aussi la psychologie cognitiviste renseigne peu. Son incompétence incite selon mes vues à tendre vers de la tolérance et de la compréhension.

    B) Sartre, la rencontre de l’autre et la question de l’estime et de la reconnaissance.

    Mettre l'humain au centre des relations c'est accorder avec force malgré nos limites une valeur, une estime à l'autre quelque soit les modalités réelles de la relation. Il faut je crois être plus précis : l'autre n'est pas ce qui empêche l'autonomie mais un enrichissement relationnel, un enrichissement de soi . En ce sens je suis contre le Sartre de "l'enfer c'est les autres" qui s'accorde d'ailleurs bien avec l'individualisme du concurrentialisme contemporain mais je suis en accord avec un autre Sartre qui pose avec force
    "L'être de l'homme, c'est la valeur". Ce qui place la reconnaissance au cœur du projet altermondialiste.

    C) Religerer : Se relier à deux niveaux

    Point de Dieu dans le ciel ni trop de fétiches marchands mais un projet qui pose une transcendance sociale. On dit une alternative. " Religerer " signifie ici se relier horizontalement avec autrui dans une dynamique de respect, d'amour et d'amitié. Religerer avec un projet qui n'exclue pas la jouissance immédiate contre le militantisme ou le familialisme - deux hybris ici aussi - mais néanmoins d'un projet qui - outre les tâches éducatives obligées (responsabilité à l’égard des enfants) - implique une pratique de transcendance de l'existant. C’est ici que reconnaissance s’articule à émancipation car il n’y a pas que les relations choisies, il y a les multiples rapports sociaux reproduisant oppression, exploitation et domination.

    I - SORTIR DE L EMPRISE ALIENANTE DES RELIGIONS.

    A) Le procès des religions

    Les trois religions monothéistes juive, chrétienne et islamique forment des "coincés" de la sexualité. C'est ce qui ressort des lectures de Michel Onfray qui poursuit les travaux d'un Raoul Vaneigem. Ce n'est pas parce qu'il existe des individus entièrement dominés par le sexe comme d'autres le sont par le jeux ou l'alcool au point de ne pouvoir faire autre chose (signe de dépendance) qu'il faille tordre le bâton dans l'autre sens en se privant de rapport sexuel. Les trois monothéismes ont peur du sexe et de la femme. Patriarcat oblige la peur du sexe débouche sur la peur de la femme - misogynie - et sur un discours et des pratiques sexo-séparatistes dures. Si l'islam radical et même l'islam tout court est le plus offensif dans la défense de ce volet patriarcal (1) , les autres religions ne sont pas inactives. Elles sont juste plus allusives. En tout état de cause les relations homosexuelles et les relations hors mariages sont fustigées plus que les autres péchés capitaux. Tendanciellement, la femme ne doit pas exister, elle doit passer d'enfant à mère (2).

    Ce faisant les religions incitent à renier une part de soi-même pourtant source de bonheur et d'enrichissement. C'est cette austérité qui est critiquée à raison par Michel Onfray. Pendant longtemps les croyants et surtout les croyantes ont vécu les relations humaines sur le mode de la prudence, de crainte de sombrer dans le péché et d'aller en enfer sous les flammes de Satan. Cette modalité craintive n'a pas disparue mais elle est moins dominante qu'avant. L'autre sexe n'est pas nécessairement perçu comme dangereux mais les religions, selon des modalités variables, continuent d'encadrer "l'amour normal" de façon stricte. De ce fait la moindre phrase dans la Bible, la Thora ou le Coran allant dans le sens d'une limitation des relations sexuelles est exploitée à des fins interdictives et avec une extrême sévérité. Du point de vue de l'intensité de la charge de culpabilisation religieuse, il vaut mieux vaut sombrer dans l'alcoolisme ou la dépendance au jeux vidéo ou être accro du travail que libertin et ouvert aux relations humaines dans leur diversité.  Pour ces derniers l'obligation de respect humain se transforme vite en invectives et combat de redressement moral.

    B) Libération et ouverture.

    Si il y a une souffrance qui vient de la religion c'est bien cette intox du surmoi qui plombe les individus soumis. La libération vient avec la sérénité avec l'acceptation du désir sexuel comme élément normal de tension vers autrui. La libération vient quand la tolérance envers soi-même et envers autrui s'affirme au sens ou l'on se juge moins et l'on juge moins autrui.

    Une fois cette critique faite, il convient d'ajouter une collusion avec le système capitaliste patriarcal. Perdre l'influence de la religion ne suffit pas au "bien vivre relationnel" car il y a encore le travaillisme qui pousse à épuiser sa force de travail pour vivre avec son complément contemporain l'addiction télévisuelle ou pour les jeunes l'addiction aux jeux vidéo . Ces activités viennent hors toute pesanteur religieuse tuer le désir de rencontre charnelle de l'autre. D'autres couples factuels viennent assécher une possible richesse relationnelle : travaillisme et sport intensif ou travaillisme et activisme militant. A décharge, militer apparait comme une nécessité. Ne jamais oublier de revendiquer une baisse du temps de travail et de son intensification est nécessaire au "bien vivre".

    «Pour un monde de jouissances à gagner, nous n’avons à perdre que l’ennui.»
    Raoul Vaneigem  in  Traité de savoir vivre à l’usage des jeunes générations

    Notes :
    1) Le Traité d’athéologie de Michel Onfray et l’islamofascisme. C Delarue
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1068

    2) Comment les trois monothéismes ont-ils tué la femme ? C Delarue
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1075


    II - EMPRISE DU NEOCAPITALISME SUR LES "CERVEAUX DISPONIBLES" : ALLIANCE DU TRAVAILLISME ET DE LA TELEVISION

     

    Le néo-capitalisme correspond à celui de l'emprise des consciences via la télévision. Il est au service de la "religion du marché " (Eric Toussaint) Les propos qui suivent sont issus d'un texte (2) de B Stiegler. Je ne suis pas l'auteur sur l'ensemble de sa position mais ses vues sont stimulantes pour la réflexion.

    A) Reconnaissance comme point de passage entre subsistance et existence

    Le capitalisme du XXe siècle a capté notre libido et l’a détournée des investissements sociaux. Or c’est par la sublimation que notre libido fait de nous des êtres sociaux plutôt que des barbares. C’est l’énergie libidinale qui est à l’origine de ce qu’Aristote appelait la philia, l’amitié entre les individus (philia, en grec, veut dire amour). Aristote dit que pour vivre en société il faut que nous nous aimions, que nous ayons de l’estime les uns pour les autres, et d’abord pour nous-mêmes. Aujourd’hui nous n’existons plus : nous subsistons. Exister, c’est être reconnu par les autres à travers des relations sociales. Il n’y a plus de relations sociales, d’échange symbolique, de libido. Le marketing a exploité la libido des parents puis celle des enfants et les a détruites.

    B) Libido et les deux pulsions


    Or, quand on détruit la libido, il reste les pulsions qui donnent al Qaeda aussi bien que Richard Durn, cet homme qui a assassiné la moitié du conseil municipal de Nanterre en 2002.

     Tous, nous sommes pulsionnels mais, en principe, notre éducation transforme nos pulsions en libido. Par exemple quand on tombe amoureux d’un homme ou d’une femme, on ne lui saute pas dessus. Cela existe, s’appelle le viol, et c’est réprimé. Quand on tombe amoureux on socialise la pulsion sexuelle et on cultive dans le temps une relation où l’on considère que l’objet de son amour n’a pas de prix. C’est ce sentiment que le capitalisme détruit peu à peu. Il est ainsi en train de détruire la parentalité.

    Christian Delarue

    http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=12945

    BERNARD STIEGLER | Le capitalisme est en train de s'auto-détruire - Les devenirs de la philosophie à Paris 8

    http://www.paris-philo.com/article-bernard-stiegler-le-capitalisme-est-en-train-de-s-auto-detruire-40379381.html


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