• Masturbation et politique : Se masturber devant quel support ?

     

    Masturbation et politique :

    Se masturber devant quel support ?


    On pourrait dire comme le titre d'un livre : l'amour çà ne fait pas grossir ! Et bien la masturbation ne rend pas sourd ! N'ayant pas compétence pour parler du rapport entre santé et masturbation, je vais évoquer le volet politique.

    La bataille des modèles.


    Longtemps le modèle sain de relation sexuelle a été strictement centré sur l'accouplement hétéro-sexuel avec amour ce qui signifiait alors dans le cadre familial. Même hors des religions l'homosexualité était condamnée ainsi que les relations hétéro-sexuelles hors mariage . Ce n'était pas la seule marque de la dictature contre le désir et le plaisir qui était imposée. Dans le cadre du mariage obligé tout n'était pas permis et ce même si chacun était consentant : pas de masturbation, pas de rapport sexuel trop fréquent, des rapports de nuit ou dans l'ombre, pas de jeux sexuels divers. Thanatos régnait plus qu'Eros ! La centration sur le coit sous les couvertures était le modèle .

    Sortir de ce cadre très restreint était cependant très courant. Les forces de vie faisaient éclater régulièrement ces murs d'étouffement. Mais les escapades étaient aussi très sanctionnées. Surtout contre les femmes ! Dans l'histoire avec Jésus comme héros on se souvient que ce n'est pas un homme qui est lapidé (1) mais une femme. La contradiction "de genre" est au coeur des relations humaines lorsque l'on sait que, déjà à cette époque, les tromperies étaient très courantes malgré les risques. La violence et la répression envers les femmes ont continué avec ou au mieux en dépit des religions, toutes très patriarcales et très complices. La rhétorique de l'amour humain va de pair avec un statut différent entre l'homme et la femme. C'est pourquoi il est assez peu étonnant de voir combien les femmes ont du subir de fortes sanctions en cas de transgressions alors que les hommes étaient non seulement non inquiétés mais de plus disculpés.

    La montée de l'égalité entre les sexes a ouvert le débat sur le sens à promouvoir pour l'égalité. Pour certains c'est vers l'amour restreint pour tous et pour d'autres c'est vers la liberté pour tous pour peu qu'il y ait consentement. La tendance générale va vers la libération des mœurs, y compris en Orient, pour peu qu'il y ait consentement réciproque mais il existe, c'est peu de le dire, des résistances qui ne sont pas que religieuses bien que l'origine religieuse soit très dominante.


    Quid de la masturbation ?

    La vie ne donne pas l'occasion d'assouvir des besoins sexuels immédiatement. L'ordre de la civilisation le plus souple et éloigné des rigueurs des religions impose le passage par la séduction de l'autre, par son consentement et sa disponibilité. Un ensemble de faits impose donc périodiquement de rester sans relation sexuelle. Il importe assez peu de savoir ici si le penchant sexuel est un besoin du même type que manger ou boire. Il suffit de remarquer qu'il existe une forte tendance humaine à se rencontrer, se voir, se toucher qui n'est pas qu'amicale et spirituelle mais aussi charnelle, libidinale et sexuelle. Contre tous les coincés il faut répéter que l'amour physique ne fait pas grossir et qu'il participe du bonheur humain. Celles et ceux qui font l'amour ou se masturbent 10 ou 15 fois par semaine ne sont pas plus malades que les amoureux qui le font sous l'effet de la passion.

    L'ordre de la civilisation s'il ne veut pas tomber dans son inverse barbare n'empêche pas les relations sexuelles lorsqu'elles sont possibles et consenties. La civilisation n'empêche pas non plus la masturbation. Les religions se sont longtemps opposées à cette pratique stigmatisée comme vicieuse. Dans le même temps la prostitution était tolérée.

    La masturbation s'est développée avec les supports en dessin en photographie et en film. De nombreux individus, surtout les hommes, se masturbent en présence d'un support. Mais ce support n'est pas neutre du point de vue des dominations perpétuées. Se masturber devant des jeunes mineurs en film ou en photos est interdit et cet interdit est justifié. C'est un interdit majeur. Se masturber seul ou devant "son compagnon ou sa compagne" est permis et la chose est courante mais des questions se posent à propos des supports de masturbations solitaires.


    De quelques questions pour un débat.


    Il ne s'agit pas d'être exhaustif mais de poser quelques repères pour avancer. Quatre questions méritent discussion celle du type de support, celle de la marchandisation, celle du type de message et celle de la modèlisation.

    1. Sur le support : Un dessin n'implique aucune personne réelle, des photos impliquent un individu photographié mais avec une participation différente d'un film, surtout si le modèle est seul ou s'il n'y a pas de pénétration. Dans les films les choses sont différentes puisque les femmes subissent en général plusieurs pénétrations et non une. Elles subissent aussi des violences diverses. Un ensemble à prendre en considération au titre de la domination.

    2. Sur la marchandisation il importe de distinguer les supports gratuits des supports payants afin de ne pas enrichir les entreprises de films pornographiques. Les supports gratuits sont pour l'essentiel des supports amateurs. Il y a aussi les supports professionnels gratuits d'incitation à la consommation payante. Refuser la consommation payante est un premier acte y compris pour les films les plus anodins.

    3. Sur les messages portés : Les messages de relations non consenties sont détestables. De même que les messages porteurs de violences physiques. Ce qui n'implique pas un jugement négatif contre les personnes qui ont des relations sado-masochistes consenties. A ces deux grandes catégories s'ajoute à un moindre degré la vision de scène à plusieurs mais c'est déjà nettement plus toléré y compris par celles et ceux qui n'envisagent nullement de pratiquer l'échangisme ou le polyamour. Cela sert simplement de support à l'excitation et aux fantasmes mais sans effet de normativité.

    4. Sur l'effet de normativité: Elle diffère selon les supports et leur diffusion. Ceux qui sont à grande diffusion parce que gratuits ont plus d'impact. L'effet de normativité joue plus sur la prédominante d'une modalité de satiSfaction des sens - celui du voir contre celui du toucher - que sur la prééminence absolue d'une pratique particulière. On dit par exemple que le gout pour le sexe féminin rasé est l'effet des films pornographiques. Les motifs du tout voir viendraient s'ajouter au motif de l'hygiène. Il semble cependant que les gouts restent très variables et qu'un même individu, femme ou homme, puisse changer de gout selon ses fréquentations (avoir un amant ou une amante stimule la libido) et selon son âge.

    CD

    Pour la distinction érotisme et pornographie voir sur le grand soir

    Sur la burqatitude et le sexo séparatisme aller sur Dazibaoueb



     


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