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Note de lecture de de "Philosophie politique, tome 2 : Ethique, science et droit" de Michel Terestchenko
LE RACISME COMME ANTI-MOUVEMENT SOCIAL OU <?xml:namespace prefix = st1 /><st1:PersonName w:st="on" productid="LA PHILOSOPHIE POLITIQUE">LA PHILOSOPHIE POLITIQUE</st1:PersonName> DE L'ANTIRACISME.
Note de lecture de "Philosophie politique, tome 2 : Ethique, science et droit" de Michel Terestchenko
Mes camarades et amis antiracistes militants de terrain ont de plus en plus le "nez dans le guidon" et d'une permanence d'accueil à un rassemblement, d'une diffusion de tracts à une réunion de collectif, ils n'ont majoritairement retraités exceptés - guère le temps de lire des ouvrages de philosophie qui abordent pourtant leur champ d'action. Et quand ils doivent approfondir un thème c'est bien souvent du côté du droit qu'il se tournent. Le droit spécialisé dès lors qu'il exploite au plus près la variété des situations concrètes n'est pas me semble-t-il plus aisé à lire que la philosophie. Chaque domaine a son registre sémantique particulier pour approfondir son champ de réflexion ou son objet scientifique. En fait il apparaît que le droit est immédiatement utilisable pour l'action. L'effort est donc fait à cette fin.
C'est donc sans illusion que je vais brièvement présenter un petit ouvrage de philosophie politique qui fait suite au premier (Individu et société) et qui devrait intéresser les antiracistes à plus d'un titre.
Après un chapitre 1 sur "L'idée d'humanité et la pluralité des cultures" et un chapitre 2 sur "Nation et nationalismes", l'auteur développe un chapitre 3 sur "Racisme et antiracisme" et un chapitre 4 sur "citoyenneté et immigration". Je suis sûr que la lecture se poursuivra avec le chapitre 5 intitulé "tolérance et relativité des valeurs", les deux derniers chapitres étant plus éloigné de nos préoccupations militantes.
Je présente ici "Racisme et antiracisme" qui se subdivise en trois sections:
1 - Les métamorphoses contemporaines de l'idéologie raciste montre A) Le passage du racisme biologique au racisme culturel, puis deux formes d'expression du racisme en B) Hétérophobie et hétérophilie : l'antinomie fondamentale avec notamment une critique de l'ontologisation de la différence qui débouche sur un phénomène de naturalisation propre à l'idéologie raciste.Cette naturalisation est le fait des racistes mais son "double antiraciste" existe aussi, donc vigilance. Si toutes les différences ne sont pas bonnes reste alors au-delà d'une éthique des bons sentiments l'exigence d'égalité.
En C) la problématique de "l'indétermination du racisme" est pointée pour ses généralisations-métaphorisations abusives comme:" racisme anti-jeunes" ou "racisme anti-femmes" et pour le caractère flou de la définition du racisme dans la loi du 1 er juillet 1972.
2 - Racisme et antiracisme : types idéaux et paradoxes décrit la double attitude de racisation - autovalorisation de son groupe - mépris de l'autre groupe - en indiquant à l'appui de Taguieff que cette diabolisation peut être aussi le fait des antiracistes humanistes.Pour clarifier les choses M Terestchenko expose alors les cinq principes de l'idéologie raciste :
- le rejet de l'universel,
- la catégorisation des individus dans des classes fixes
- le postulat de la différence absolue (entre ethnies ou entre cultures) empêchant le mixage
- la naturalisation des différences qui pèsent comme un destin (essentialisation)
- interprétation inégalitaire de ces différences.
3 - Les causes sociales du racisme :- Race ? Avec Michel Wieviorka une compréhension purement sociologique est développée notamment à partir de la compréhension tocquevilienne et wéberienne du racisme comme conséquence paradoxale de l'égalisation des conditions. Aujourd'hui c'est la peur du déclassement qui est à l'appui du rejet de la liberté d'installation des migrants . La race n'est pas une notion biologique pseudo-scientifique mais une notion sociale construite par les acteurs soumis au préjugé en vue d'une ségrégation ou d'une violence.
- Racisme ? Le racisme est en même temps un mouvement communautaire (qui sacralise l'unité d'un groupe - l'oumma ou l'occident blanc - ou d'une société : la communauté nationale ou la communauté "régionale") et un anti-mouvement social (qui reconnait la division conflictuelle au sein de la société). Pourquoi? Parce que le racisme est la résultante de l'incapacité à résoudre les conflits sociaux . Plus la société s'organise à partir d'un conflit proprement social plus l'espace du racisme est étroit. A l'inverse plus, plus les conflits sociaux sont de faible portée plus l'espace du racisme s'élargit.
Christian DELARUE
Membre du BureAu exécutif et du Conseil d'administration du MRAP
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