• SERVICE PUBLIC et CLASSISME

    SERVICE PUBLIC et CLASSISME

    En mémoire de feu Michel Husson (1941-2021)

    et Les casseurs de l'Etat social

    Le service public comme enjeu et objet d'une politique pour en-bas large apparait à la fin du texte . Le classisme ne porte pas ici sur l'exploitation de la force de travail dans la production marchande ou non marchande puisque l'article concerne la production de valeur d'usage, les services publics et la satisfaction des besoins sociaux d'en-bas largement compris dans un nouveau cadre (bas carbone et écologique).

    Le classisme renvoie aussi à d'autres rapports de domination qui se croisent comme racisme, sexisme mais qui ne sont pas ici intégrés à ce texte. Enfin, le classisme - il faut le répéter - n'est pas simplement du mépris de classe ou une discrimination sociale ne visant qu'une minorité d'individu-es. C'est aussi autre chose.

    Illustration 1
    rapport de classe  © CH DLR - CA Converg SP

     

    I - LE CLASSISME  : Le contenu d'un rapport social.

    Il est tout le contenu de la politique de classe de la classe dominante contre les autres classes sociales dominées, un ensemble de classes sociales nommé peuple-classe 98-99% mais surtout contre les 85% et plus encore contre d'autres encore plus atteintes (là on pourrait intégrer le racisme et le sexisme). On montre là, très précisément, avec ce mot "contre" un rapport social, un rapport de classe.  En analyse marxiste, il n'y a pas de classes sociales sans rapport de classe.

    Le classisme se situe sous forme d' actes divers et multiples dans le « contre » et ce faisant se trouve au coeur, dans le coeur d’un rapport social global avec une classe dominante qui l'exerce et une ou des classes sociales dominées qui le subissent diversement.

    Le classisme est souvent une violence de classe invisible (via le droit) et sans injure ni coups (mais pas toujours : la police) . Cette domination de classe diminue la puissance d’agir des classes sociales dominées, plus évidemment les classes les plus pauvres que celles moins atteintes mais qui néanmoins subissent les politiques de classe d'en-haut.

    II - Il existe ce faisant UNE CLASSE DOMINANTE.

    Il existe de longues théorisations élaborées . Ici il faut être plus bref .

    Structuration : On a pu la dire bicéphale car divisée verticalement entre branche privée capitaliste et branche publique bénéficiaire de dividendes et de pouvoirs. Cette classe dominante peut être aussi stratifiée en terme de richesse au sein du 1 à 2% .

    L'important est surtout de la voir comme classe dominante en soi et pour soi  Et secondairement de voir qu'elle est la seule classe sociale en soi et pour soi . Les classes sociales dominées le sont objectivement mais pas subjectivement. Souvent c'est le syndicalisme, qui aide, à sa façon et à sa mesure, à donner une conscience de classe, et à permettre des alliances de classes sociales dominées.

    En soi et pour soi : Autrement dit la classe dominante « se sert les coudes » malgré des différences de secteurs.  Et la « main droite » de l’Etat participe à souder les interêts de classe secondaires (exemple secteur productif et secteur distributif ou commercial). L'Etat peut nommer ensuite "intérêt général" ce qui n'est que l'intérêt bien compris des classes dominantes, éventuellement en y ajoutant de menus avantages pour la sous-bourgeoisie (dans le 9% sous le 1%).

    III : DEFINITION RELATIONNELLE avec STRATIFICATION

    Dire que la classe dominante est dans le 1 à 2 % ne fait que souligner un aspect : elle est aujourd’hui très riche de dividendes financiers. Il y a un gap qui clive la nation entre les dominants et les dominé-es.

    Mais elle est classe dominante non pas simplement car elle est riche mais surtout car elle domine par le classisme contre un ensemble de classes sociales dominées. J’ai nommé cet ensemble social de classes sociales dominées peuple-classe. 

    IV - PEUPLE-CLASSE comme ensemble des classes sociales dominées

    Reprenant comme marxiste altermondialiste le (déjà ancien) « we are 99% » j’ai assimilé le peuple-classe à ce format. Il n’est pas stable. Il est indicatif. Le peuple social n'est lui qu'un peuple objet un peuple pensé technocratiquement hors toute conflictualité et hors appréciation des intérêts des uns et des autres.

    Le peuple-classe existe quasiment partout dans le monde sous la classe dominante qui s'est universalisée, y compris dans les formations de capitalisme d'Etat ou de socialisme autoritaire. Les deux noms existent . Le capitalisme d'Etat est marqué par un secteur public dominant à côté d'un secteur privé capitaliste non dominant : la logique de profit qui perdure va pour partie au bénéfice de l'Etat qui peut redistribuer au peuple (le mot socialisme convient mieux pertinent alors) mais qui peut aussi servir une caste bureaucratique (capitaliste d'Etat-parti). Les profits ne vont plus massivement à des capitalistes privés. L'enjeu est son mode de régulation et le type d'Etat de droit. 

    Aujourd’hui au sein du peuple-classe on peut recouper deux modes de désignation, de délimitation

    1 - Désignation en termes de rapport de classe: On aura le vaste monde du travail salarié, public et privé, qui vend sa force de travail pour vivre à un patron privé ou à l'Etat-patron. On désigne donc ici un prolétariat large qui n'est pas la "classe ouvrière de l'industrie", telle que désignée notamment dans le tout récent livre "Etre là ou çà se passe" d'Hugo Melchior avec préface de Jean-Paul Salles (cf décision de congrès LCR de l'époque (1978-79) incitant ses militant.es à aller travailler comme ouvrier dans l'industrie au lieu d'être professeur ou infirmière ou même médecin ). 

    Illustration 2
    Etre là ou çà se passe - HM © Ch DLR ex LCR

    2 - Désignation stratifiée (hors référence à une classe moyenne) : on distingue d’une part une sous-bourgeoisie aisée, souvent des cadres, dans le décile d'en-haut soit les 9% voir parfois les 14% sous le 1% et d’autre part un ensemble de classes sociales situées sous les 85%.

     V - Pourquoi intégrer ici un peu d'analyse stratificationniste dans l'analyse marxiste ?

    Hors du travail (emploi) d’autres membres des 99% qui ne sont pas des travailleurs salariés subissent bien la casse des services publics qui est au coeur du classisme des classes dominantes qui n’en veulent pas des services publics ou en tout cas pas comme le veulent les 90-99% avec du gratuit ou une tarification différente des prix de marché et un accès plus généralisé, plus effectif.

    Le classisme ne sévit pas uniquement contre le prolétariat entendu comme celui qui vend sa force de travail à un patron. Il y a aussi des travailleurs et travailleuses non salariées, indépendantes, qui subissent des formes de classisme.

    Par ailleurs les cadres de commandement public dans le 1% participent à la domination de classe en recevant des traitements à 5 chiffres.

    Cet aménagement théorique limité - hypothèse issue de l'expérience syndicale du fonctionnement des services publics "à la française" et aux lectures dites stratificationnistes sur la richesse qui étaient moins courantes jadis - se fait aux marges de l'analyse marxiste des rapports sociaux de classe à propos du secteur de la production de valeur d'usage hors logique de profit capitaliste. Elle est soumise à débat.

    XX

    Aujourd’hui les services publics, la sécurité sociale et d’autres institutions historiques à usage d’appui des 90-99% sont perverties, marchandisées, financiarisées, détournées de leur objectif de satisfaction des besoins sociaux redéfinis dans un cadre écologique

    Christian Delarue

    CA Converg SP

    NB: l''image du haut sur le rapport de classs provient d'une photo d'un numéro spécial sur Marx de la revue Alternatives économiques

     

    Illustration 3
    Convergence des SP  © Ch DLR CA Converg SP 

     

     

     

     

     


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