• <?xml:namespace prefix = st1 /><st1:PersonName w:st="on" productid="LA DIVERSITE">LA DIVERSITE</st1:PersonName> :

    REFLEXION SUR UN COMBAT NECESSAIRE MAIS AMBIGU 

    <?xml:namespace prefix = o /><o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    Contribution sur « communautarisme, discrimination, diversité » - orientation du MRAP pour 2008.

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    Le MRAP a pour but d'agir contre les discriminations racistes ce qui l'amène agir pour la reconnaissance de la diversité. Or ce thème de la diversité est balisé d'écueils malgré une reconnaissance certaine quoique limitée de la diversité ethnico-culturelle.

    <o:p> </o:p>

    I - LES LIMITES DE <st1:PersonName w:st="on" productid="LA RECONNAISSANCE RECENTE">LA RECONNAISSANCE RECENTE</st1:PersonName> DE <st1:PersonName w:st="on" productid="LA DIVERSITE">LA DIVERSITE</st1:PersonName>

    <o:p> </o:p>

    Aujourd'hui le thème de la diversité est « porteur » car un des éléments de la politique d'intégration et de la politique de lutte contre les discriminations « raciales » (1)

    <o:p> </o:p>

    Le problème est de savoir d'après une rapide évocation de sources sur quelles bases, quels intérêts et dans quel domaine le thème de la diversité est mis en œuvre.

    <o:p> </o:p>

    La diversité dans l'égalité des chances est une approche issue des travaux du très libéral institut Montaigne (qui se présente comme un « think tank indépendant ») à l'attention des chefs d'entreprise. Début 2004, le rapport « Les oubliés de l'égalité des chances » (2) encourageait les entreprises à mieux refléter dans leur effectif la diversité de la population française, et à faire de la non discrimination et de la diversité un axe stratégique.

    <o:p> </o:p>

    Le rapport Dominique VERSINI (3) sur la « diversité sociale » dans <st1:PersonName w:st="on" productid="la Fonction">la Fonction</st1:PersonName> publique prévoit l'extension de la problématique pour les jeunes issus des milieux défavorisés dans un cadre fort différent, celui de <st1:PersonName w:st="on" productid="la Fonction">la Fonction</st1:PersonName> publique.

    <o:p> </o:p>

    Les « chartes de la diversité » préconisées dans ce cadre ont certes permis de sensibiliser certains secteurs de la production à la lutte contre les discriminations racistes. Ces chartes sont non contraignantes, simplement incitatives. Il n'y a pas d'obligation de résultats et encore moins de quotas d'embauches prévus. D'après Claude BEBEAR président de l'Institut 1500 entreprises auraient signé ces chartes fin 2006 (Le Figaro 07.12.06 reproduit sur le site Diversitéplus.fr)

    <o:p> </o:p>

    La diversité en politique est dès plus misérable : Sur 370 000 communes de France, pas un seul maire est issu de l'immigration des ex colonies. A l'exception de George-Pau Langevin, ancienne Présidente du MRAP, seule députée de la diversité, il n'y a pas un seul député métropolitain issu de la diversité sur 477 élus.

    <o:p> </o:p>Sur la diversité des quartiers : Quel est le sens de cette diversité d'après Jean-Marie DELARUE spécialiste du droit de la ville et des quartiers en relégation ( ) : « Les sociétés urbaines ne sont pas des espaces de mixité sociale. Les quartiers sont fortement homogènes socialement et on observe des phénomènes de ségrégation et de relégation ». Le combat à mener d'après Christian DELARUE (4) : la mobilisation citoyenne combinée à une forte politique sociale pas seulement locale mais surtout nationale.<o:p>
    </o:p>
    <o:p> </o:p>

    II – <st1:PersonName w:st="on" productid="la R←publique.">LA RECHERCHE DE</st1:PersonName> « BALISES » POUR LES POSITIONS DU MRAP SUR <st1:PersonName w:st="on" productid="LA DIVERSITE">LA DIVERSITE</st1:PersonName>

    <o:p> </o:p>

    Il s'agira de promouvoir la diversité sans s'inscrire dans un processus de communautarisation, ni à fortiori de communautarisme. Il s'agira aussi, pour d'autres ou pour les mêmes, de promouvoir la diversité sans recourir à la discrimination positive à l'américaine. Comme le MRAP critique par ailleurs les insuffisances de la politique gouvernementale d'égalité des chances au regard du constat de sous représentation de la diversité ethnique on comprendra que les marges du positionnement politique du Mouvement soient étroites et que le débat soit vif.

    <o:p> </o:p>

    A) Le projet d'orientation du MRAP sur la diversité.

    <o:p> </o:p>

    Le MRAP pose son projet d'orientation sur ce thème entre les deux positions suivantes :

    « Au sujet de la diversité il faut rejeter sans ambiguïté ceux qui la prône au nom du communautarisme et ceux qui porte l'exigence d'égalité républicaine en s'appuyant sur un respect de la diversité fondé d'abord et exclusivement sur la compétence. »

    <o:p> </o:p>

    - La première balise - <st1:PersonName w:st="on" productid="LA COMMUNAUTARISATION">LA COMMUNAUTARISATION</st1:PersonName> - ne semble pas faire problème :

    <o:p> </o:p>

    Le MRAP n'est pas un mouvement communautaire défendant une minorité visible. Il lutte contre toutes les formes de racisme. Dans cette perspective la communautarisation est un redoutable poison pour le vivre ensemble. D'abord elle érige des murs, ensuite elle assigne des individus sur le plus petit dénominateur commun d'une société  fragmentée (1) en tribus, d'une société cloisonnée en clans. Elle favorise aussi les réponses racistes et ethniques au détriment des réponses sociales. Quand au communautarisme, il est l'idéologie et la politique qui défend ces processus d'assignation ethnico-culturelle. Le communautarisme se déploie sur les reculs et renoncements de la politique sociale de <st1:PersonName w:st="on" productid="la R←publique.">la République.</st1:PersonName>

    <o:p> </o:p>

    - La deuxième balise pose la question de la nouvelle « DISCRIMINATION POSITIVE A <st1:PersonName w:st="on" productid="LA FRANCAISE">LA FRANCAISE</st1:PersonName> » (5).

    <o:p> </o:p>

    Le recrutement de la diversité opère, d'après M DOYTCHEVA (5) en usant de deux vecteurs : d'une part l'informel via les associations, d'autre part l'aléatoire via les quartiers. Dans ce dernier cas il s'agit d'une territorialisation de la lutte antidiscriminatoire.

    <o:p> </o:p>

    B) Quid du « modèle » républicain ? "Ecart inévitable" ou « hypocrisie républicaine » ?

    <o:p> </o:p>Dans une société démocratique les statuts et positions sociales sont supposés ne pas se transmettre mais être acquis en fonction des compétences personnelles à la faveur d'un processus de compétition sociale qui ne l'oublions pas (6) débouche sur l'établissement d'un système de qualifications.
    <o:p> </o:p>
    L'égalité des chances, qui va au-delà de l'égalité juridique, (puisqu'elle admet la possibilité d'un traitement préférentiel) relève plus d'une logique redistributive (comme l'impôt sur le revenu) ou réparatrice que d'une stricte logique d'affirmative action qui déroge fondamentalement à l'idéologie méritocratique pour aller vers une égalité des résultats. La « discrimination positive à la française » n'interviendrait donc, à suivre les lignes de la préface de Dominique SCHNAPPER (6), que comme accommodements ou assouplissements au « modèle républicain ». Quid des exceptions au modèle ?
    <o:p> </o:p>

     «L'universel républicain » ne serait pas figé dans ses déclinaisons concrètes. Au-delà des grands principes fondateurs il évolue en confrontation avec la « subsidiarisation » car les fonctions traditionnelles de l'Etat national ont été rognées par le bas avec l'émergence du local (cf notamment mais pas seulement les deux vecteurs de diversité ci-dessus) et par le haut avec la construction très libérale de l'Europe.

    <o:p> </o:p>

    -

    Le MRAP me semble plus soucieux de promouvoir la diversité en évitant la communautarisation et l'ethnicisation du social que de trancher sur ces questions théoriques. En débattre n'est cependant pas inutile pour éviter des contradictions entre le dire et le faire car la voie me semble étroite. D'où cette contribution.

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    Christian DELARUE

    Secrétaire national du MRAP

    <o:p> </o:p>

    1) Haut Conseil à l'Intégration 1998 :

    Lutte contre les discriminations : faire respecter le principe d'égalité : rapport au Premier ministre
    <o:p> </o:p>

    2) Yazid Sabeg et Laurence Méhaignerie « Les oubliés de l'égalité des chances » mais aussi Laurent BLIVET  « Ni quotas, ni indifférence : l'entreprise et l'égalité positive. » Claude BEBEAR  Minorités visibles : relever le défi de l'accès à l'emploi et de l'intégration dans l'entreprise.

    Sur les chartes et l'institut Montaigne :

    http://www.institutmontaigne.org/charte-de-la-diversite-dans-l-entreprise-2050.html
    <o:p> </o:p>

    3) Rapport VERSINI

    http://www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/054000049.shtml

    et l'appréciation d'un syndicat : le SNADGI-CGT (Impôts)

    http://www.snadgi.cgt.fr/spip/IMG/pdf/INFO-SNADGI-No100.pdf
    <o:p> </o:p>

    4) Réponse sociale dans les quartiers

    http://www.mrap.fr/interventions/confdebquartiers-1.pdf
    <o:p> </o:p>
    5) Michel WIEVIORKA (dir) Une société fragmentée, le multiculturalisme en débat. <st1:PersonName w:st="on" productid="La D←couverte">La Découverte</st1:PersonName> 1996.
    <o:p> </o:p>
    6) Cf. Une discrimination positive à la française ? Ethnicité et territoire dans les politiques de la ville par Miléna DOYTCHEVA in <st1:PersonName w:st="on" productid="La D←couverte">La Découverte</st1:PersonName> 2007 avec une préface de Dominique SCHNAPPER. Miléna DOYTCHEVA a également publié en 2005 « Le multiculturalisme » en collection Repères ed <st1:PersonName w:st="on" productid="La Découverte.">La Découverte.</st1:PersonName>
    <o:p> </o:p>

    7) Cf. sur ce point : La mise en concurrence des compétences ou les dévoiements de la reconnaissance libérale.
    http://www.france.attac.org/spip.php?article6574

     <st1:PersonName productid="act" outlook=""></st1:PersonName>


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  •  Jean François VIAL de Relais étranger / Christian DELARUE MRAP

    POUR <?xml:namespace prefix = st1 /><st1:PersonName w:st="on" productid="LA RATIFICATION DE">LA RATIFICATION PAR</st1:PersonName> LA FRANCE DE <st1:PersonName w:st="on" productid="LA CONVENTION INTERNATIONALE"><st1:PersonName w:st="on" productid="la Convention">LA CONVENTION</st1:PersonName> INTERNATIONALE</st1:PersonName> SUR LES DROITS DES TRAVAILLEURS MIGRANTS

    <?xml:namespace prefix = o />

    (ONU 18/12/1990)

    Conférence de Jean-François VIAL et Christian DELARUE sur le thème: « Pour une politique d'immigration respectueuse des droits des migrants » dans le cadre de la campagne « Etat d'urgence planétaire, pour une France solidaire » le 29 mars 2007 à Rennes au cinéma ARVOR après le film AFRICA PARADIS.

    Ici figure la seule partie de l'intervention de Christian DELARUE portant sur la nécessité de revendiquer la ratification par <st1:PersonName w:st="on" productid="la France">la France</st1:PersonName> de <st1:PersonName w:st="on" productid="la Convention">la Convention</st1:PersonName> sur les droits des travailleurs migrants (et travailleuses migrantes).

    I - DE QUOI S'AGIT IL ?

    <st1:PersonName w:st="on" productid="la Convention">La Convention</st1:PersonName> internationale sur les droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille fut adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 18 décembre 1990 dans sa résolution 45/158.

    Le texte de 93 articles est disponible sur le site du HCNU aux droits de l'homme au lien suivant :

    http://www.ohchr.org/french/law/cmw.htm

    Génèse : La force de travail des migrants ont été si durement surexploité dans les pays de destination que leur conditions de travail et de vie a été assimilée à de l'esclavage, c'est assez dire que cette surexploitation devait être abolie tout comme l'esclavage par un texte contraignant faisant mondialement autorité. Ce qui explique la durée des travaux préparatoires d'un tel document : de 1980 à 1990 soit dix ans ! Mais il fallu encore 13 ans de plus pour que parvienne la vingtième ratification – celle du Guatémala - permettant l'entrée en vigueur le 1er juillet 2003 du traité (art 87). Aujourd'hui 30 Etats, majoritairement des pays d'origine, y ont adhéré. Les Etats de destination (des migrations) boude toujours ce texte.

    II - DES DROITS POUR TOUS LES MIGRANTS SANS EXCEPTION

    Des droits intangibles sont posées pour tous les migrants réguliers ou irréguliers (« sans papiers ») sans discrimination : droit à la vie, droit à la liberté d'opinion, interdiction de la torture ou des peines inhumaines ou dégradantes, interdiction du travail forcé,etc...

    - La reconnaissance d'un SOCLE DE DROITS pour les migrants irréguliers s'oppose frontalement au droit international le plus ordinaire qui reconnaît la souveraineté des Etats, au droit des Etats de reconnaître des droits en faveur de leurs seuls ressortissants.

    - Des DROITS PLUS ETENDUS sont attribués aux travailleurs migrants réguliers (cf partie 4 de <st1:PersonName w:st="on" productid="la Convention">la Convention</st1:PersonName> article 36 et suivant). On y retrouve notamment non seulement le droit de circuler librement mais aussi le droit de résidence, les droit de se syndiquer ou de se mettre en association, le droit de vivre en famille donc le droit au regroupement familial et des droits politiques comme le droit de vote.

    Une 5 ème partie prévoie les droits des travailleurs frontaliers, des travailleurs saisonniers, des travailleurs itinérants, des travailleurs admis pour un emploi spécifique

    III – DES SERVICES PUBLICS DES MIGRATIONS

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->pour formuler et mettre en œuvre des politiques concernant les migrations

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->pour les coopérations entre Etats

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->pour renseigner les employeurs et les travailleurs migrants

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->etc..

    IV - DES ENGAGEMENTS CONTRE L'IMMIGRATION CLANDESTINE

    Fournissant un socle de droits aux migrants irréguliers, <st1:PersonName w:st="on" productid="la Convention">la Convention</st1:PersonName> prévoit de mettre fin par engagement réciproque au trafic de main d'œuvre, de sanctionner les employeurs de travailleurs irréguliers, etc...

    V – 24 FEVRIER 2005, LE PARLEMENT EUROPEEN invite dans sa résolution les Etats membres à ratifier <st1:PersonName w:st="on" productid="la Convention">la Convention</st1:PersonName> des Nations unies sur les travailleurs migrants.

    Pour conclure ce thème, « notre campagne » propose que :

    - <st1:PersonName w:st="on" productid="la France">La France</st1:PersonName> ratifie cette Convention onusienne et en fasse la promotion au sein de l'UE.

    - La législation française respecte ces engagements.

    Christian DELARUE secrétaire national du MRAP

    Jean-François VIALE « Relais étranger »

    <!--[endif]-->


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  • LE CADRE DE NOTRE AMITIE ENTRE LES PEUPLES

    CONTRE LE NOUVEAU CAMPISME MONDIAL

     

    <?xml:namespace prefix = o />

    Congrès du MRAP (janv 2008): contribution "orientation" de la commission « mondialisation »

     

    Le campisme est la vision du monde qui divise ce dernier en deux camps irréductiblement opposés. Une telle vision pousse nettement à choisir son camp et à y être fidèle corps et âme.

    I - EST ou OUEST : de 1917 jusqu'en 1989/1991.

    Le campisme a connu son heure de gloire avec l'émergence en 1917 du « camp dit socialiste » soutenu par <?xml:namespace prefix = st1 /><st1:PersonName w:st="on" productid="la III Internationale"><st1:PersonName w:st="on" productid="la III">la III</st1:PersonName> Internationale</st1:PersonName> communiste en opposition au « monde libre », au camp capitaliste incarné par les USA et ses alliés occidentaux. Le « court XX ème siècle » a été marqué par une puissante logique de camp qui s'est achevé entre 1989 et 1991 : la « chute du mur » de Berlin intervient le 9 novembre 1989 mais c'est le putsch communiste raté en URSS du 28 aout 1991 qui symbolise la fin du système soviétique. La dissolution du CAEM (COMECON) et du pacte de Varsovie interviennent aussi en 1991.

    Il a été vraiment très difficile d'échapper à la force binaire du campisme mondial. Mais on ne saurait faire l'impasse sur quelques tentatives ayant eu des succès vartiables. Citons :

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->LE TROTSKYSME dès 1923 mais surtout en 1938 avec la naissance de <st1:PersonName w:st="on" productid="la IV Internationale."><st1:PersonName w:st="on" productid="la IV">la IV</st1:PersonName> Internationale.</st1:PersonName> Il est plus juste de parler des trotskysmes y compris au regard des différents positionnements de « soutien critique » de l'URSS par les différents partis se réclamant du combat de « l'Opposition de gauche » en URSS : tantôt plus en soutien, tantôt plus en critique.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->LE MAOÏSME, qui malgré ses spécificités s'est difficilement dégagé du stalinisme au point que cette notion a pu englober toutes les expériences autoritaires du socialisme.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->LE TIERS-MONDISME en 1955 (Conférence de Bandung) avec là-aussi des variantes plus ou moins réussies de non alignement et des références idéologiques variables : arabe ou arabisant, marxiste, chrétien, africain, asiatique, sud-américain... Les références anti-impérialistes et de solidarité entre les peuples remonte à la conférence de Bakou de 1920. En terme de mouvement le tiers-mondisme a très difficilement trouvé une conscience et une unité. Ce qui ne signifie pas absence de réalité effective au-delà de la diversité.

     

    Ainsi, en 1993, deux ans après la chute du système du socialisme bureaucratique, Thomas COUTOT et Michel HUSSON persistent et écrivent (dans "Les destins du Tiers Monde") : Si,"quoi qu'on en dise, le "Tiers-Monde" recouvre une incontestable réalité" car"les pays qui le composent continuent à subir toutes les conséquences de la maturation tardive et incomplète des rapports de production capitaliste en leur sein. Parmi ces conséquences, leur position dominée sur le marché capitaliste mondial". L'année suivante, en 1994, François CHESNAIS publiait "La mondialisation du capital" (Syros), base de la matrice altermondialiste. Aujourd'hui l'usage du mot "Sud" ou de "la périphérie" a remplacé Tiers-Monde. Mais dès lors qu'il s'agit de confronter des « modèles », des auteur(e)s, comme Stéphanie TREILLET (CS d'ATTAC), continue d'user du terme Tiers-Monde dans son ouvrage sur « l'économie du développement : De Bandoung à la mondialisation »

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->L'EUROCOMMUNISME a cherché à se différencier nettement du communisme de <st1:PersonName w:st="on" productid="la III Internationale"><st1:PersonName w:st="on" productid="la III">la III</st1:PersonName> Internationale</st1:PersonName> mais il a sombré dans la social-démocratie. Comme les « nouveaux philosophes » apparus en 1977 (Glucksman, BHL,..) l'euro-communisme n'a fait que changer de camp. Il a abandonné sa référence au socialisme authentique luttant contre le socialisme perverti pour passer du côté de la défense de l'Occident impérialiste.

    L'ALTERMONDIALISME constitue pour partie un avatar moderne des luttes anti-impérialiste ou anti-colonialiste, une version des solidarités entre les peuples adaptée au temps de la phase néolibérale de la mondialisation capitaliste. Les économites critiques d'ATTAC posent la perspective du développement d'une société économe et solidaire non capitaliste ( ).

    II - LE NOUVEAU CAMPISME DU « CHOC DES CIVILISATIONS »

    A) LES PREMISSES DES 1991 :

    Les faits : La « guerre du Golf » dite « Désert Storm » (Tempête du désert ») déclenchée en janvier 1991 année de la « chute du mur » de Berlin initie une nouvelle ligne de démarcation. Andre GUNTER FRANK la nomme “Third world war” ou « guerre “tiersmondiale” ce qui signifie à la fois “troisième guerre mondiale” et “guerre du tiers-monde”. L'auteur remarque qu'au cours des dernières années les conflits Est/Ouest se sont estompés alors que ceux entre le Nord et le Sud ont gagné en intensité. Il ajoute que « nombre de conflits Est-Ouest n'ont été qu'apparents et ont fait écran devant les contradictions Nord – Sud toujours à l'œuvre (p25).

    La « théorie » : Le "Choc des civilisations" de Samuel Huntington a été écrit en 1993 deux ans après la chute du mur de Berlin. L'ouvrage a connu un grand succès planétaire a cause de l'attaque des Twin Towers le 11 septembre 2001.

    B) <st1:PersonName w:st="on" productid="LA PLEINE REALISATION">LA PLEINE REALISATION</st1:PersonName> EN 2001 ET 2003:

    Le nouveau campisme est issu de l'interprétation du choc du 11 septembre 2001 soit dix ans après 1991. La guerre contre l'Irak enclenchée le 19 mars 2003 par les USA en constitue la première réalisation.

    Le "Choc des civilisations" de Samuel Huntington voit son contenu vulgarisé et diffusé à l'échelle de la planète : d'un côté Bush, le « Bien », l'Occident démocratique, libéral et civilisé; de l'autre Ben Laden, l'Orient, le Mal , les dictatures, l'islam et la barbarie. La guerre d'Irak en <st1:metricconverter w:st="on" productid="2003 a">2003 a</st1:metricconverter> permis un nouvel élargissement de la thèse dichotomique.

    Proche de Bush, W. Kristol et L Kaplan dans leur livre « Notre route commence à Bagdad » écrivent pour expliquer la guerre en Irak : « Cette cause avait pour enjeu la sécurité de l'Amérique et celle du monde, mais aussi la volonté d'apporter la démocratie dans un pays étouffant sous un système totalitaire". Que les causes réelles soient ailleurs c'est certain, que la cause affichée soit assez peu réalisable pour plusieurs raisons (quel méthode d'apport ? quel modèle démocratique "apporter"?) d'autres l'ont souligné (ex Christian LAZZARI dans Quelle démocratie voulons-nous?). Ce qu'il importe ici pour le MRAP c'est l'affichage quasi-explicitement d'une supériorité institutionnelle s'intégrant dans la compréhension du "Choc des civilisations".

    Au plan idéologique la thèse du « choc des civilisations » s'est répandue sur la planète a eu des effets massifs indéniables que l'on ne peut ignorer, en particulier l'assimilation de tout arabe à un musulman et de tout musulman à un adepte de Ben Laden .

    III – LE MRAP POUR UN ALTERMONDIALISME DE SOLIDARITE CRITIQUE

    Au plan des principes on peut se déclarer « non aligné » ou « non campiste », on peut avancer « ni Bush ni Al Qaida. » ou plus concrètement « l'ennemi de mon ennemi n'est pas toujours mon ami ». Mais il arrive dans la « vrai vie » que la position à prendre soit plus délicate. Par exemple, le CA du MRAP a eu a débattre du soutien au Hezbollah au moment de l'invasion du Liban en 2006 : Le Hezbollah ne pouvait être considéré comme étant des « nôtre » mais avec d'autres forces il a su repousser l'armée israélienne. Le débat collectif a permis de trancher. La commission internationale du MRAP a permis d'actualiser les connaissances utiles sur les forces en présence et les enjeux.

    <!--[if !supportLists]-->A) <!--[endif]-->D'UNE PART L'ANTI-IMPERIALISME PERDURE COMME PREMIER COMBAT DE L'AMITIE ENTRE LES PEUPLES.

    Le monde est un système de domination hiérarchisé complexe. Nous présentons une trame évidemment trop brève pour offrir toute l'ampleur de cette complexité. Mais la complexité du réel, qui devrait introduire les termes et la dynamique historique du « développement inégal et combiné du capitalisme » ne saurait se réduire à de simples rapports d'Etat à Etat (théorie économique classique des "avantages comparatifs"). Nous vivons dans un ordre mondial très inégal et hiérarchisé.

    L'ennemi des peuples est connu : le pouvoir et la domination du monde est le fait des dirigeants économiques, militaires et économiques des USA et de l'Europe. Une petite classe sociale internationale - que l'on nomme bourgeoisie - détient via les firmes multinationales (principalement nord-américaine) et les institutions étatiques, régionales et internationales le pouvoir de dominer le monde.

    Il y a du sud au nord : Le monde c'est aussi bien les peuples occidentaux (USA et Europe) qu'orientaux. Le salariat mondial est de plus en plus exploité (notamment en baisse de salaire global, en intensité de travail, en temps de travail) y compris au Nord. Le grand capital financier, industriel et commercial qu'il soit américain ou européen exige partout une force de travail docile, flexible, mal payée, sans garanti contre une marchandisation complète et contre le chômage. Les fonctionnaires sont devenus les boucs émissaires des politiques néo-libérales.

    Il y a du nord au sud : Les pays du sud sont gouvernés par une bourgeoisie compradores qui émarge au système capitaliste mondiale et qui répercute plus ou moins docilement les consignes du FMI contre leurs peuples.

    La principale arme du capital est la division et la mise en concurrence au sein du salariat mondial. Il s'agit d'opposer les exclus contre les inclus, les salariés du privé contre les fonctionnaires, les immigrés contre les nationaux, les femmes contre les hommes, les homosexuels contre les hétérosexuels, les basanés contre les blancs, les chrétiens contre les musulmans, les croyants contre les non-croyants. Admettre la diversité « catégorielle » mais dans l'unité supérieur de l'ensemble de ce qui fonde le salariat. Admettre la diversité mais pas les différences oppressives, donc défendre la laïcité et l'égalité des droits tel est la ligne de réponse solidaire.

    Malgré le débat encore vif sur cette question, l'altermondialisme n'ignore pas l'effet « nation » comme cadre territorial pertinent de protection-deconnexion : protection par nationalisation contre la montée de la propriété lucrative, contre l'appropriation privée des principaux moyens de production et d'échanges. Ce qui ne signifie pas absence de volonté d'étendre les services publics au-delà des frontières nationales au sein des pays « régionaux », au sein de l'Europe.

    Par contre la nation comme identité réactivée par les dirigeants à l'égard des nationaux comme outil de fermeture à l'immigration est vivement critiquée comme étant au service de la « guerre aux migrants »

    <!--[if !supportLists]-->B) <!--[endif]-->D'AUTRE PART L'ISLAMISME POLITIQUE EST AUSSI A COMBATTRE

    Il est acquis ici que l'islamisme radical qui n'est pas seulement celui de Ben Laden n'est pas assimilable à l'islam ordinaire pratiqué, de façon diverse d'ailleurs, par les musulmans.

    Ceci dit, notre anti-impérialisme ne saurait s'accommoder d'un certain nombre de traits souvent présents au sein des mouvements politico-religieux radicaux, ceux de l'islam politique. Les dominés et opprimés peuvent être à leur tour dominant et oppresseur. Donc pas d'opportunisme à leur égard. Il arrive cependant que des forces réactionnaires accompagnent un temps un mouvement de lutte de libération populaire. En ce cas, et sous réserve d'une analyse collective de la situation réelle, nous n'avons pas à écarter une solidarité qui nuirait à notre combat contre l'impérialisme.

    Ceci dit, nous sommes :

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre la vision englobante multiclassiste qui ignore les conflits sociaux de classes.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre la vision profondément anti-démocratique et anti-individualiste d'un mouvement qui ne reconnaît que Dieu et la loi divine, le seul « droit » du peuple étant d'exprimer son allégeance aux autorités religieuses qui sont ceux qui savent interpréter la loi divine.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre le caractère globalisant mais très hiérarchisé de la famille très fétichisé qui méconnaît le droit des femmes pour survaloriser le pouvoir de l'homme patriarcal.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre l'endoctrinement de la jeunesse via les écoles religieuses et les mosquées

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre la répression généralisée de l'armée et de la police qui laisse la société désarmée et impuissante pour se libérer tant en interne qu'en externe.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre la division généralisée du monde entre la communauté des croyants (ouma) et les non croyants persécutés. Ce qui aboutit au fait que les syndicats sous influence de l'islam politique défendront le patronat islamique contre le travailleur athée ou autrement croyant. Ce qui aboutit aussi à la haine généralisée du non croyant ou du autrement croyant.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre le rejet obscurantiste des Lumières au sein des masses populaires, et donc de la raison émancipatrice dès lors que cette dernière ne saurait se limiter à la seule raison instrumentale et technicienne soumise à la loi islamique. Ce qui aboutit à une religiosité fruste sans élaboration enrichie par une relative ouverture intellectuelle notamment à ce qui n'est pas religieux.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre le rejet de la sphère privé par rapport à la sphère publique totalitaire, ce qui aboutit au déni de la société civile, le gouvernement islamique contrôlant tout. Ignorant la société civile par envahissement de l'Etat islamique c'est le clivage en classes sociales antagoniques qui est masqué.

    Cependant le rôle du MRAP n'est pas principalement de lutter contre ses traits qui peuvent par ailleurs se retrouver au nord, notamment dans le bonapartisme de N SARKOZY

    Christian DELARUE

    Commission mondialisation du MRAP

    Rennes le 16/12/2007

    Andre GUNTER FRANK a écrit « La guerre tiermondiale : économie de la guerre du golf » (dans Bush Impérator)

    Le § B s'inspire d'un article d'Ardeshir MEHRDAD et Yasmine MARTHER militants iraniens en exil luttant à la fois contre la perspective guerrière de Bush et contre <st1:PersonName w:st="on" productid="la R←publique">la République</st1:PersonName> islamique. (Texte traduit et publié par Carré Rouge de novembre 2006)

    Livres d'ATTAC: Le développement a-t-il un avenir? et Inégalités, crises, guerres: sortire de l'impasse.

    Développement inégal et combiné du capitalisme :

    "Tous les pays ne se sont pas développés au même rythme, et ne sont pas devenus capitalistes en même temps. Les premiers pays capitalistes (Angleterre, France) ont développé un besoin vital d'expansion : besoin d'envahir de nouveaux pays, pour y introduire le capitalisme, profiter des matières premières et de la main d'œuvre, et pour y écouler leurs marchandises. C'est le stade impérialiste du capitalisme. Mais ce que Trotsky a découvert, c'est que les pays « retardataires » ne suivent pas, en accéléré, le même chemin que les premiers pays capitalistes : développement de l'économie de marché, de la démocratie bourgeoise...(comme l'argumentaient les courants social-démocrate et stalinien). Comme le développement capitaliste de ces pays s'effectue sous pression étrangère, cela perturbe profondément les structures économiques, sociales et politiques du pays. Et le résultat est une combinaison (instable et explosive) entre les maux de la vieille société et l'exploitation capitaliste".

    Le « cauchemar de Darwin » comme exemple : "Dans <st1:PersonName w:st="on" productid="la Tanzanie">la Tanzanie</st1:PersonName> actuelle décrite par Le cauchemar de Darwin, l'introduction d'une industrie de filets de poissons a complètement détruit l'ancien commerce et l'ancienne société, sans les remplacer par une société bourgeoise démocratique. Cela a créé une classe ouvrière surexploitée dans des usines de conditionnement de poisson, à côté des couches sociales issues de la société traditionnelle (pécheurs, marchands...)"


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  • L'AMOUR SOURCE PUISSANTE DE VIE

     

    Si l'amour est tant recherché, si l'on a tant de peine à l'oublier quand on l'a rencontré, c'est probablement, dit Patrick De Neuter, parce qu'il apporte tout à la fois la reconnaissance de soi comme être aimable et, lorsque la sexualité s'y conjoint, la reconnaissance de soi comme être désirable.

    Dans « reconnaissance » il y a « naissance » et les amoureux décrivent fréquemment leur amour naissant comme une naissance, du moins une nouvelle jeunesse. Il est le surgissement miraculeux d'un nouvel élan vital, une découverte d'une partie de soi méconnue ou encore l'ouverture à de nouvelles possibilités créatrices.

    Dire à quelqu'un « je t'aime », sauf en cas de clivage du mouvement tendre et du mouvement sensuel, signifie souvent « je te désire ». Pour Jacqueline SCHAEFFERT (1) : la rencontre d'un amant amoureux effracteur est nécessaire à la femme pour accéder à sa féminité. Et l'homme ajoute Patrick De Neuter ne deviens vraiment homme que s'il rencontre une femme qui peut ainsi l'ouvrir à la plénitude de sa virilité.

    L'importance psychique immense de l'objet d'amour.
    Ces expériences d'amour et de désir amoureux sont d'une importance psychique considérable pour chacun de ceux qui les vivent et l'on comprend que la pulsion d'emprise se développe inévitablement à l'égard de celui ou celle qui en est l'occasion ou la cause. On peut aussi comprendre l'angoisse du déclin et de la fin de l'amour ainsi que celle de l'abandon. La jalousie à l'égard de qui pourrait détourner l'aimée prend ici tout son sens, ainsi que l'extrême dépendance de l'amoureux(se) à l'égard de l'aimé(e).

    1) in « Clinique du couple » ouvrage collectif ERES 2007 actualité de la psychanalyse

    2) in « Le refus du féminin » PUF 1997

    AMOUR : ON EN SE CHOISIT PAS PAR HASARD ! 

    - Selon J.-G. Lemaire, l'idéalisation est le fondement de l'amour :" Il n'y a guère de rencontre amoureuse sans cette forme de surévaluation du partenaire, sans cette euphorie annulatrice d'anxiété. Si l'objet est totalement bon, le sujet aussi est heureux et tout-puissant. " Cette phase qui s'appuie sur le clivage et le déni de la réalité, à la limite du " pathologique ", fait peur à tous les frileux qui redoutent la fusion et diabolisent la passion.
     
    - Ils ne supportent pas de perdre la maîtrise de leurs émotions, mais ils ont tort, précise Alberto Eiguer, psychothérapeute de couple, car cet élan passionnel est une victoire de la libido, une dynamique d'Eros " pour la vie contre la mort, pour la fusion contre la séparation, pour le plaisir contre la souffrance " (3). Toute rencontre amoureuse tend à la fusion avec l'autre. Comme le rappelle Freud, aux prémisses de l'état amoureux, la démarcation entre moi et l'objet tend à s'effacer. Toi et moi ne font qu'un.
     
    http://www.psychologies.com/cfml/dossier/c_dossier.cfm?id=528

     


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  • "CARTE DU TENDRE" ET CHOIX DU PARTENAIRE

    Les deux courants de la "carte du tendre" posent souvent problème mais sont aussi source de joies. La lecture de Colette CHILAND et Danielle BASTIEN aide à comprendre les enjeux de nos rencontres loin d'une idéologie de l'amour désincarné.

    Christian DELARUE 


    1) Colette CHILAND

    Un des thèmes du livre "Le sexe mène le monde" de Colette CHILAND porte sur la "love map"



    Colette CHILAND aborde (1) la question (mystérieuse) du choix du partenaire et son propos est des plus intéressants. Nous ne suivons pas nécessairement les positions de l'auteur sur tous les thèmes abordés par ailleurs mais les précisions fournies sur la "carte du tendre" viennent donner du sens à des comportements courants. Ils ont une portée explicative forte.

    Ses réflexions sont celle d'une psychanalyste, qui rappelle que la sexualité humaine est d'abord une psychosexualité. Au contraire des sexologues, qui traitent les troubles du comportement sexuel, les psychanalystes, en effet, parlent d'une sexualité indissociable du psychisme parce que précisément elle organise celui-ci.

    A propos du choix du partenaire Colette Chiland évoque ici les travaux de John Money, les “sexual maps”, la “carte sexuelle” ou “carte du tendre” qui, comme ne l'indique pas son nom, ne concerne pas seulement l'aspect tendre de la de la sexualité et de la relation sexuelle, mais aussi son aspect sexuel, érotique. Une carte a deux faces donc.

    L'enjeu est double d'une part le "fonctionnement" tendanciellement différent de la "carte du tendre" chez l'homme et chez la femme et d'autre part l'ajustement des cartes dans le choix du partenaire. L'ensemble de la problèmatique de la "carte du tendre" explique la qualité ou l'insuffisance des rencontres de qualité comme les deuils difficiles.

    Ainsi que le remarque Jean-François Rabain (2) Collette Chiliand réconcilie Freud et Bowlby : la satisfaction pulsionnelle cherchant l'objet, la figure d'attachement, et non seulement la pure décharge mécanique. Elle montre, par
    ailleurs, qu'il n'existe pas d'amour aussi bienveillant soit-il qui ne soit mêlé d'ambivalence. L'ambivalence dans son inéluctabilité est pour les freudiens une “conséquence” de la dernière théorie des pulsions, Freud décrivant une force de déliaison à l'œuvre associée à une force de liaison. Face à Thanatos, face aux forces de destruction, Eros, Philia et Agapé “représentent notre espérance”.


    1) Colette Chiland, "Le sexe mène le monde" Éditions Odile Jacob, 1999.
    2) Note de lecture de Jean-François Rabain
    http://www.carnetpsy.com/archives/ouvrages/Items/cp46a.htm

     Pour aller plus loin à propos de la "carte du tendre" comme pièce maîtresse de la relation hétérosexuelle ou homosexuelle:

    2) Danielle BASTIEN

    dans son article "Le scandale du féminin" dans l'ouvrage collectif "Clinique du couple" ERES

     

    "Freud nous invite à penser les courants tendres et sensuels associés chez les femmes et plus volontiers dissociés chez les hommes" écrit Danielle BASTIEN

    Cette observation explique un certain décalage entre les hommes et les femmes dans les rencontres intimes. Cela explique aussi le sentiment intense de bonheur lorsqu'un homme voit s'unifier pleinement sa carte du tendre qu'il avait auparavant plus ou moins clivée. Ce bonheur se retrouve chez les femmes qui connaissent le désir "comme effet d'un amour inaugural"

    Danielle BASTIEN décrit ensuite les différentes formes de dissociation de la plus "soft" à la plus radicale :

    "CHEZ LES HOMMES en effet, pour qui, enfant, la mère à la fois incarne à la fois l'attachement tendre pré-oedipien pour devenir ensuite l'objet visé par le courant sensuel du désir oedipien, ce qui sera la plupart du temps problématique, c'est de voir rassemblés ces deux courants chez une femme : leur épouse, leur compagne, à la fois amante et mère des enfants. Se voit ainsi classiquement expliqué, voire justifié, le clivage mère / putain qui pousse certains hommes, sans doute nombreux, à dissocier aussi dans leur vie réelle les deux courants sous des modalités diverses :

    - celle de l'épouse et de la maïtresse clandestine, maïtresse qui attendra très longtemps de pouvoir prendre la place de l'épouse, alors que précisément si la situation est structurée sur ce mode, c'est pour dissocier ces deux figures et pas seulement pour varier les plaisirs.

    - Il y a aussi la figure de l'épouse et du recours aux prostituées ;

    - de l'épouse et des aventures multiples et répétitives annexes ;

    - voire dans une version plus moderne, de l'épouse et de l'utilisation d'Internet.

    Tout ceci venant une fois encore reproduire la même configuration : d'un côté, l'épouse respectable, idéalisée et éventuellement mère des enfants ; de l'autre, les femmes objet de désir". .../...

    La carte du tendre hyperclivée fournit une explication sur les déterminants masqués de "l'amour vrai". En fait La carte du tendre hyperclivée explique le caractère idéologique de l'amour désincarné de certains philosophes ou psychologues.

    Reprenons le propos de Danille BASTIEN : "Chez certains hommes d'ailleurs, dans une version encore plus radicale, c'est la dissociation obligatoire qui s'imposera : ils ne pourront aimer que celles qu'il ne désirent pas et ne désirer que celles qu'ils n'aiment pas. Dans une version plus symptomatique, des difficultés sexuelles, voire l'impuissance, apparaîtront dans un des couples, alors que pourra advenir une puissance sexuelle avec l'autre. On comprend dès à présent à quel point l'harmonie conjugale est si peu souvent aisée.

    CHEZ LES FEMMES par contre, c'est le clivage, tel qu'il a été conceptualisé par Freud et puis par Lacan, qui sera insupportable. Il le sera parce que l'amour seul pourra être le voile imaginaire qui permet de masquer la crudité du désir. Voilà aussi pourquoi la passion amoureuse est tellement valorisée et recherchée par les femmes.

    Celle-ci constituerait une sorte de preuve majeure, pour la femme, qu'elle est non seulement aimée et désirée, mais bien plus, aimée au point de devenir la seule et l'unique qui puisse susciter la force de ce sentiment. Ce qui est en effet très loin, voire opposé à l'objectalisation précédemment décrite, où elle ne serait "qu'un petit bout de corps". L'un - l'amour ou la passion -, proposent ces auteurs, permettant l'autre - le fait d'être objectalisée."

     


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