• Laurent JOFFRIN et la "race" juive : qu'en pense SOS Racisme ?



    Laurent Joffrin, après Askolovitch, BHL et SOS Racisme, y est allé de son couplet (1) contre Siné et en faveur de Philippe Val . Ce papier a été épinglé par les bons soins de Michel Davesnes (2) qui mérite d'être lu. Et lu jusqu'au bout, y compris le petit et discret post scriptum ici repris et souligné :
    PS : Sur la même page que la tribune du directeur de Libération, on trouve un article de SOS racisme (3), qui dénonce une « intolérable campagne de haine » à l'encontre de Philippe Val. Mais que pense l'association anti-raciste du curieux concept de "race" juive utilisé par celui qui les héberge aussi aimablement ?

    Question pertinente.

    Christian DELARUE
    membre du BE et du CA du MRAP

    notes:

    1) L'article de L Joffrin : "Charlie Hebdo» : sanctionner l'antisémitisme" dans Libération du 25 juillet 2008

    http://www.liberation.fr/rebonds/341125.FR.php


    2) L'article de Michel Davesnes : Laurent Joffrin et la « race » juive : un mot « mal choisi », dit-il

    http://www.acrimed.org/article2939.html


    3) L'intolérable campagne de haine SOS Racisme

    http://www.liberation.fr/rebonds/341124.FR.php

    Réponse
     "Comment fonctionne la calomnie"

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/commentaires/20080728.OBS4999/comment_fonctionne_la_calomnie.html


    Autres points sur l'affaire:

    Sur la charge d' Askolovitch

    Claude Askolovitch persiste et signe contre Siné

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/medias/20080717.OBS3314/claude_askolovitch_persiste_et_signe_contre_sine.html

    Sur la charge de BHL :
    De quoi Siné est-il le nom ?, par Bernard-Henri Lévy
    LE MONDE | 21.07.08

    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/07/21/de-quoi-sine-est-il-le-nom-par-bernard-henri-levy_1075542_3232.html

    BHL : Siné réveille "l'écho de l'antisémitisme le plus rance"
    http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20080721.OBS3827/bhl__sine_reveille_lecho_de_lantisemitisme_le_plus_ranc.html

    Interprétation critique de BHL
    BHL, Siné et l'indignation sélective par W. Nepigo
    <http://blog.nepigo.net/post/2008/07/21/Sine-ou-l-indignation-selective>


    Sur la question de la liberté d'expression :

    Quand Philippe Val, /Charlie Hebdo/ et BHL maltraitent la liberté d'expression... Acrimed soutient Siné
    Grégory Rzepski
    Publié le mercredi 23 juillet 2008

    http://www.acrimed.org/article2937.html

    Sur Siné :

    Quand Siné appelait la France à reconnaître son rôle dans la Shoah

    http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20080728.OBS4979/quand_sine_appelait_la_france_a_reconnaitre_son_role_da.html

    Ce qu'en pense Guy Bedos

    http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20080718.OBS3428/ce_quen_pense_guy_bedos.html

    Enfin, une pétition de soutien à Siné

    http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20080718.OBS3420/une_petition_de_soutien_a_sine.html



    votre commentaire
  • L'empreinte de Durkheim et de Weber au sein de la gauche française.



    Il n'y a pas que Marx dans la gauche ! On répondra effectivement que la gauche solidariste et néosolidariste (1) fait beaucoup de place à Durkheim ainsi qu'à Bouglé, Bourgeois et Keynes au détriment de Marx dans ses projets. Mais ce n'est pas sur ce thème de la solidarité et de la citoyenneté que j'invoque ici Durkheim et plus secondairement Weber mais sur le seul aspect, beaucoup plus restreint, de la laïcité .

    L'idée soumise au débat ici est que la laïcité portée par la gauche sociale (syndicale et altermondialiste) et par la gauche politique celle solidariste ou celle socialiste (comme société opposée à la société dominée par le capitalisme) emprunte à Durkheim et Weber lorsqu'elle évoque la laïcité, le " retour du religieux " . Ce faisant elle peut tendre un moment à relativiser contre Marx la présence de rapports sociaux conflictuels dans la société civile . Mais précisément dira-t-elle l'espace laïc conçu comme espace neutralisé par refoulement des débats sur Dieu et les religions a pour but de créer un espace public qui permette de laisser place au débat politique au débat de société en lien avec les luttes sociale . Dans cette perspective quasiment l'ensemble de la gauche française a pu se
    rattacher intellectuellement aux principes dégagés à la fin du XIX ème siècle par Durkheim et Weber; du moins pour partie. La droite elle fera aussi appel à eux mais beaucoup moins, lui préférant Tocqueville.

     

    I - L'EMPREINTE d'Emile DURKHEIM

    1. Ce que la gauche laïque a conservé de Durkheim.

    A suivre Christian Dubois nous défendons au travers des théories de Durkheim d'une part des valeurs laïques et d'autre part l'école républicaine.

    - Les valeurs laïques : Pour Durkheim, " il existe des valeurs laïques qui peuvent être sacrées, c'est-à-dire à part, intouchables et, face aux valeurs théocratique (qualifiées de religieuses) en déclin, l'élaboration d'une morale nouvelle, indispensable à l'intégration sociale, a un côté nécessairement religieux (du sacré et une institution
    " ecclésiale " ). Sur quoi peuvent reposer les valeurs laïques ?

    Fondamentalement sur la raison et la connaissance scientifique : ce n'est pas un esprit de sacrifice en vue d'un monde meilleur qui va conduire l'individu à rogner sa liberté en acceptant des règles collectives, ce n'est pas non plus son intérêt bien compris, c'est la connaissance même du fonctionnement de la société qui impose à lui cette
    règle intouchable du respect des règles".

    - L'école républicaine gratuite pour tous . La diffusion de ces nouvelles valeurs communes visant à cimenter la société doit se faire de façon privilégiée par l'école où l'on doit acquérir un vivre ensemble reposant sur le savoir scientifique. Au plan politique, ces nouvelles valeurs communes viseront à faire prendre conscience du devoir civique et du rôle intégrateur de l'Etat. L'institution centrale de l'intégration dans la société moderne est donc l'école contrôlée par l'Etat et il ne faut pas perdre de vue que Durkheim était pédagogue avant que d'être sociologue et la sacralisation de la connaissance comme source de morale se retrouve à travers l'assimilation des enseignants à
    des modèles qui doivent être dignes du caractère sacré de ce qu'ils enseignent et qui doivent être respectés à l'instar des prêtres. Le lien citoyenneté et laïcité passe donc la conscience collective dont le lieu privilégié d'acquisition est l'école.

    B) La gauche laique ne suit pas Durkheim (et encore moins Tocqueville) sur la présence nécessaire de la religion !

    Durkheim reconnaît que la science ne peut se substituer entièrement aux croyances " théocratiques " et, il est même souhaitable qu'elle ne le puisse pas. Quelle place, dans ce cas, leur faire dans la conscience collective et sa transmission par l'école ? Les croyances sont un objet d'étude scientifique et doivent être abordées comme telles ce qui ne signifie pas qu'on les rejette entant que croyances ; au contraire, l'approche scientifique permet aux croyants d'avoir une approche plus rationnelle, finalement moralement plus efficace et plus en conformité avec la conscience collective. L'école ne forme pas des adeptes des religions mais donne à ces adeptes la possibilité de rendre ces
    croyances compatibles au sein de la société. La tâche de transmission de ces croyances relèvent de groupes secondaires que Durkheim souhaitent préserver, voire revivifier (en particulier les groupes professionnels)
    parce que l'Etat et la société politique sont loin et que la conscience collective a besoin d'être concrétisée. Ainsi si la citoyenneté, selon Durkheim, met l'accent sur le dépassement des individus dans une perspective rousseauiste, elle ne se réfère pas à un individu abstrait, sujet de droits, mais à un individu socialisé c'est-à-dire où se construit et s'actualise une conscience commune, déclinée à deux niveaux et qui doit permettre l'affirmation d'une conscience individuelle.

    Tocqueville va plus loin : le citoyen doit croire pour être pleinement citoyen et n'importe quelle religion peut faire l'affaire (il cite la métempsychose) avant de se raviser : certaines religions sont incompatibles avec la citoyenneté démocratique, celles qui comprennent explicitement des principes d'organisation de la société et des préceptes politiques et il désigne l'Islam.

    On voit que les propos de Sarkosy dans son discours de Latran qui justifient la présence utile de la religion doivent plus à Tocqueville qu'à Durkheim. Ainsi, pour Henri Tincq (3) il reprendrait même l'utilitarisme de Napoléon : "Nicolas Sarkozy a prononcé deux discours, à la basilique du Latran à Rome le 20 décembre 2007 et à Riyad le 14
    janvier, qui proposent une vision de la laïcité assez différente de celle qui avait fini par s'imposer en France après un siècle de crises. Depuis, certains prêtent au président français des intentions "concordatrices", dans la lignée d'un Napoléon qui avait une vision plutôt politique et cynique de la religion : "Comment avoir de l'ordre dans un Etat sans religion ? La société ne peut exister sans l'inégalité des fortunes et l'inégalité des fortunes ne peut subsister sans la religion", écrivait-il en 1801, l'année du concordat signé avec Pie VII, destiné à rétablir la paix civile et religieuse après la Révolution".

     

    La gauche laïque est marquée par Durkheim mais aussi par Max Weber

     

    II - L'EMPREINTE de Max WEBER

    1. La religion comme système de domination et comme présence durable dans la société.

    Pour la gauche laïque, il s'agit d'accepter la religion dès lors que son volet oppressif est annulé. Cela est-il possible? Oui si l'on ne confond pas domination directe et aliénation.

    • La religion comme système de domination

    La religion, toutes les religions ne sont pas neutres mais actives dans la société. "D'un point de vue des rapports de pouvoir dans la société, Weber analyse la religion comme un système de domination : le prêtre vise à domestiquer la masse sociale en imposant et en cherchant à légitimer des valeurs, des normes et de pratiques, cette domination est
    évidemment très liée à l'ordre social et politique et renvoie à des modes de socialisation spécifique". Contrairement à ceux qui comme Foucault voient des rapports de pouvoir partout et en complément à Weber, la gauche marxiste cherchera à repérer la présence d'une théologie de la libération parmi la théocrates des différentes religions. On ne peut ici que renvoyer au travail exemplaire de M LOWY.

    • Les religions sont durablement installées

    Pour Weber, si le poids de la religion régresse dans la société moderne, la probabilité qu'elle disparaisse du paysage social est faible. La gauche marxiste instruite des méthodes autoritaires et même exterminatrices de Staline et autres dictateurs du prolétariat est devenue plus libertaire et ne cherche pas à éradiquer la religion des consciences et ne fait pas du combat contre la religion un axe majeur ni même secondaire. Elle est laïque au sens ou elle entend à ce que la
    religion reste dans la sphère privé et que dans cette sphère privée elle ne prenne pas une dimension oppressive contre les femmes. Mais ici c'est la jonction de l'émancipation humaine avec l'émancipation des femmes qui est mis en avant et non pas la laïcité.

    B. L'influence de Weber sur la gauche ne s'arrête pas là.

    La compréhension des rapports entre sécularisation et laïcisation , c'est aussi à Weber - entre autres - qu'on la doit ! Mais ici on ne saurait parler de reprise in extenso mais simplement d'influence diffuse et partielle.
    Continuons avec Christian Dubois et l'apport de Weber : "La laïcisation est un processus d'affranchissement progressif des fonctions de la vie publique de la religion (à commencer par la fonction politique). La sécularisation exprime l'idée qu'il n'existe aucune force extérieure au monde pour l'expliquer, c'est le " désenchantement du monde ", il n'y a aucune puissance mystérieuse ou transcendante nécessaire pour comprendre le monde (ce qui ne préjuge pas de ce qui est nécessaire pour y vivre).

    La sécularisation a quatre caractéristiques :

    1. la religion cesse d'être un facteur organisationnel de la société
    2. la religion perd les attributions qui en sont pas strictement du domaine religieux (état-civil, santé, éducation, aide sociale..)
    3. pluralisation et privatisation des croyances
    4. autonomisation de la démarche individuelle en matière de croyance.

    Le désenchantement du monde n'est pas un mouvement linéaire et uniforme, il a pu se heurter à de très fortes résistances impliquant une spécification du processus et c'est là que la laïcité comme valeur va être promue (France), il a pu se réaliser progressivement allant jusqu'à vider de fait la référence au religieux institutionnel en dehors de la stricte sphère religieuse (Angleterre) mais, on connaît l'exemple d'un pays fortement sécularisé, la Suède, qui a fini par instaurer officiellement la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 2000.

    La sécularisation est un mouvement qui renvoie à des changements du système des valeurs dans l'ensemble des sphères de la vie sociale qui n'exclut pas mais n'impose pas la promotion de ces valeurs dans le domaine public c'est-à-dire la laïcité".

    Christian DELARUE

    1. Lire Jean Jacques LAKRIVAL

    Misère du solidarisme et du néosolidarisme

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article68170

    2) Les références sociologiques ont pour source : Citoyenneté et laïcité, approches sociologiques par Christian Dubois
    http://www3.ac-clermont.fr/pedago/ses/cours%20capes/cours%20citoyennetelaicite.htm

    3) M. Sarkozy, la laïcité et la "religion civile", par Henri Tincq 

    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/01/25/m-sarkozy-la-laicite-et-la-religion-civile-par-henri-tincq_1003594_3232.html


    et un article critique de Tincq sur Marianne

    " Sarkozy : la religion doit devenir l'opium des banlieues ! "

    http://www.marianne2.fr/Sarkozy-la-religion-doit-devenir-l-opium-des-banlieues-!_a82491.html?


    votre commentaire
  • Le voile islamique, Faiza M, contre-feux et le MRAP

    Le site contre-feux.com publie un texte qui, sous le titre "Sous la burqua, le désert", met en cause le MRAP.

    Comme membre de la direction du MRAP je tiens à faire observer que jamais le MRAP a défendu le voile et encore moins la burqa (ou burka). Le MRAP association antiraciste laïque défend une société sans discrimination raciste y compris pour des motifs religieux. Ce faisant le MRAP ne défend nullement une religion particulière. Il inscrit son action dans le cadre des lois existantes tant en France qu'en Europe . Par ailleurs, le MRAP n'est pas en premier lieu une association de défense de la laïcité et pas plus un association de défense de l'égalité entre hommes et femmes même si ces deux valeurs fondamentales constituent le socle de son action. En l'espèce le MRAP estime que "cette décision pose des questions" mais aucune décision d'aucune sorte n'a été entreprise par le MRAP pour s'opposer à la décision du Conseil d'Etat. Et, contrairement à ce j'ai pu lire ici ou là Mouloud AOUNIT ne s'est nullement distingué sur ce point.

    L'article cité sur contre-feux soulève un point fort pertinent insuffisamment développé à ma connaissance jusqu'alors à propos de cette décision ; à savoir la pression de certains hommes et de l'intégrisme religieux sur les femmes contraintes de porter voiles ou burka ou niqab. Là encore le MRAP combat l'intégrisme religieux. Mais sous ce terme il vérifie que ne cache pas une forme de discrimantion raciste.

    Christian DELARUE
    Membre du bureau exécutif et du conseil d'administration du MRAP

    Sous la burqa, le désert
    http://www.contre-feux.com/billets/sous-la-burqa-le-desert.php

    QUE RECOUVRE LE VOILE POLITICO-RELIGIEUX DE FAIZA M. ?
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article220

    votre commentaire
  • LA LAICISATION DU MONDE :

    UNE PERSPECTIVE POUR LE XXI ème SIECLE.

    par Christian DELARUE

     

    vendredi 18 juillet 2008

    sur Amitié entre les peuples

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article222 


    Dans certains cercles de gauche ou altermondialistes on évoque de plus en plus l'idée d'un socialisme du XXI ème siècle. Un socialisme nécessairement mondialisé et nécessairement porteur d'un alterdéveloppement remède aux dégâts écologique d'un capitalisme incapable de s'autolimiter. Parallèlement à cette perspective l'idée de promouvoir laïcité et droits des femmes se renforce. Une telle promotion doit s'effectuer de la façon la plus pacifique mais en répondant fermement à la fois la vision conquérante de la nation musulmane à étendre (point 2) et à son opposé venu des USA et nommé "choc des civilisations".

    1) La laïcité, comme processus et rapport de force.

    En effet, face au "retour du religieux" pas nécessairement problématique mais parfois par trop excessif il importe d'enclencher au niveau mondial un processus de laïcisation (1) et de promouvoir la laïcité comme valeur universelle comme cadre de cohabitation pacifique donc souhaitable partout dans le monde, comme espace commun pour tous et toutes. En effet "la laïcité permet à tous les individus d'un pays, qu'ils croient au ciel ou qu'ils n'y croient pas, qu'ils fassent partie d'une institution religieuse ou pas, qu'ils pratiquent ou non une religion ou qu'ils se réfèrent à une spiritualité ou une philosophie particulière ou à aucune, de participer en citoyens à la vie publique, à égalité de droits et de devoirs. Elle se caractérise par un double refus : celui d'un athéisme (ou d'une autre philosophie) d'État et celui de toute religion officielle et/ou exclusive. Ainsi comprise, la laïcité n'est l'apanage d'aucun groupe, d'aucun état, d'aucune culture."(2) Le principe de laïcité est en corrélation avec un exercice des droits civils et politiques totalement déconnectés de toute appartenance religieuse, philosophique et culturelle

    Pour enclencher cette laïcisation, il ne s'agit pas d'imposer la laïcité aux pays dominés par l'impérialisme mais d'avancer progressivement partout ou c'est possible et en fonction des situations "régionales". Ce n'est pas chose simple. Il convient sans doute de mieux intégrer les principes de laïcité dans les grandes déclaration des droits de niveau mondial ou sa place est dès plus restreinte . Certes ce ne sera pas un texte fondamental mondial sur la laïcité qui fera une application garantie dans tous les pays de la planète, mais ce serait un point d'appui qui manque de nos jours. Par ailleurs, le mieux semble encore de renforcer la laïcité là ou elle existe. A cet égard il convient de suivre particulièrement ce qui se passe au niveau européen. Améliorer le niveau de laïcité - si l'on accepte la formule qui sous-entant qu'il y a toujours des conquêtes à mener en matière de laïcité et qu'il ne faut pas se fier uniquement aux textes constitutionnels ou aux dispositifs juridiques complexes- en Europe est un gage de son extension pacifique dans le reste du monde.

    On définit traditionnellement la laïcité par trois grands principes (1) passibles d'une interprétation plus ou moins forte : 1°) la neutralité confessionnelle, spirituelle et philosophique du politique ce qui implique une autonomie de l'Etat par rapport aux religions. 2°) la reconnaissance de la liberté de croyance, de religion, de conviction philosophique et d'indifférence. 3°) la non-discrimination entre les citoyens qui implique l'égalité de traitement des personnes quelle que soit leur religion, leurs convictions, leur sexe, leurs conditions sociales et physiques et la dissociation de leurs droits et devoirs, notamment de citoyens, de toute appartenance ou de non appartenance à une religion, à une spiritualité ou à une philosophie.

    2) L'islam, sa nation et le nationalisme religieux offensif.

    L'islamophobie consiste surtout à constamment ramener l'islam à ce qui a de plus négatif dans cette religion aux fin de stigmatisation et d'exclusion de tous ses membres ou de n'importe quel de ses membres. Or l'islam comme d'autres religions est variées dans ses interprétations et ses pratiques géographiques et historiques. Il existe donc un islam progressiste ayant assimilé ce que l'on a coutume d'appeler la modernité c'est à dire l'égalité des sexes, la laïcité, le fait démocratique, etc.... Il existe aussi un islam réactionnaire à composante variable, plus ou moins offensif.

    - Deux obstacles épistémologiques et ethnocentriques à la compréhension du nationalisme musulman.

    Embrasser la religion musulmane c'est pour beaucoup ( combien ?) de ses membres appartenir à une nation mais une nation qui n'est pas celle que nous concevons ordinairement en France, autrement dit pas celle d'un Etat-nation . La nation de l'islam est de nature supra nationale. Plusieurs territoires ou pays en font donc partie intégrante . La référence matérielle à un territoire ne suffit pas à définir la nation de l'islam (cf ci-après) .

    Ce n'est pas tout : il faut encore retenir un autre élément complémentaire tout aussi oublié que le précédent alors qu'il donne, lui, la pleine signification à un islam de conquête, autrement dit à un nationalisme religieux offensif, pas nécessairement guerrier mais susceptible de le devenir.

    Les non-musulmans dans toutes leur diversité croyants ou athées ne forment eux aussi qu'une seule nation car ils sont tous des infidèles par rapport à l'islam. En somme, sur la planète il n'y a que deux nations : la nation des musulmans et la nation des non-musulmans, infidèles par définition. Le monde divisé en deux mondes non compatibles. L'islam de conquête ne signifie pas qu'il faille faire la guerre. Comme pour d'autres religions il peut suffire de simplement faire l'apologie des préceptes et des rituels traditionnels tant chez les jeunes que chez les adultes.

    - Débattre de cette dynamique en rapport avec son opposé.

    Comme l'islam possède une dimension politique du fait de la non séparation de la société civile et de l'Etat le risque de dégénérescence guerrière est aisé. Tout dépend en fait de l'équilibre des forces tant interne (dans le monde musulman lui-même) qu'externe (rapport de force entre les deux mondes). Une telle interprétation de l'islam ne valide cependant pas la théorie du "choc des civilisations" de Samuel Huttington reprise par les USA. Au contraire vouloir un monde de paix c'est refuser mais dans la plus grande lucidité possible l'affrontement de deux camps opposés l'Orient contre l'Occident. Par contre c'est lutter pour la réduction des inégalités de développement dans le monde économiquement hiérarchisé mais aussi ne pas céder à l'extension de la laïcité (même sous des définitions variables) et à l'égalité entre les hommes et les femmes.

    Le problème est encore plus complexe si on rapporte le nationalisme musulman avec le nationalisme arabe. Il y a là matière à une autre étude.

    3 ) La mentalité laïque contre la réislamisation par le voile islamique.

    Outre la question courante "De quoi le voile est-il le symbole ?" (affichage religieux, marquage sexuel) il faut aussi poser la question : A quelle dynamique sociale se rapporte le voile ? A lire les spécialistes de la question il y a tout lieu de penser d'un façon plus générale que le voile est le symbole d'une forte religiosité issue de la réislamisation qui à son tour génère une "mondanisation" problématique. "On observe un certain niveau d'individualisation à travers les pratiques religieuses, surtout dans les communautés musulmanes d'Europe, mais aussi dans certains pays musulmans. La foi s'individualise, et le conformisme communautaire perd de son influence face au libre choix de pratiquer ou non. Même la constitution des réseaux néo-fondamentalistes tend à se faire sur une base d'adhésion individuelle. Néanmoins, la religiosité demeure forte" cf A. Kazancýgil (document du CEMOTI en lien). Le divin est l'affaire de chacun sans cesser d'être aussi l'affaire de l'Etat. Mais sous la poussée de la réislamisation ce religieux s'est mondanisé au point d'envahir la sphère publique. Cet envahissement est parfois si fort et par ailleurs si clivé en terme de genre qu'il en devient étouffant, oppressant dans certains lieux.

    Il est important de noter, pour éviter de caricaturer négativement l'islam, qu'en Europe un très grand nombre de musulmanes ne portent pas le voile et ont une pratique moderne, discrète et pacifique de l'islam.

    http://cemoti.revues.org/document772.html


    Christian Delarue.
    Responsable national antiraciste

    Sur le fond je renvoie à un cadre interprétatif global

    LE CADRE DE NOTRE AMITIE ENTRE LES PEUPLES : CONTRE LE NOUVEAU CAMPISME MONDIAL<HTTP: article.php3%20?id_article="58125" fr bellaciao.org>


    NB : Cette division du monde porte des noms, une signification : Dar al-Islam, c'est la « Maison de la paix » celle de l'islam et Dar al-Harb, est la « Maison de la guerre », celle des non-musulmans en fait car Dar al-Kufr qui signifie domaine des infidèles" ou "domaine de l'incroyance" se rapporte au Dar al-Harb.

    D'après Wikipédia /Dar al-Islam/ et ses termes associés ne figurent pas dans les textes fondamentaux de l'Islam qui sont le Coran ou les Hadiths. Des disciples musulmans maintiennent que marquer un pays ou un lieu comme /Dar al-Islam/ ou /Dar al-Harb/ concerne la question de la sécurité religieuse sur le plan juridique. Cela signifie que si un musulman pratique l'islam librement, il peut alors être considéré comme vivant dans un espace dit Dar al-Islam, même s'il vit dans un pays non islamique. Cependant les théologiens musulmans affirment que les cinq appels à la prière quotidiens doivent être effectués pour qu'une zone soit considéré comme Dar al-Islam.

    (1) La laïcisation n'est pas la sécularisation même si ces processus vont de pair
    Un colloque a fait le point sous cet angle.
    Un point de vue assez largement répandu dans les opinions publiques et les médias occidentaux affirme l'incapacité des sociétés musulmanes d'entrer dans la modernité et, notamment, d'acclimater en leur sein la sécularité et la démocratie, qui en sont des caractéristiques majeures. La notion de sécularité et les processus de sécularisation ont été privilégiés ici par rapport au concept de laïcité. Il s'agit moins de discuter des manières dont les institutions et les acteurs politiques et étatiques ­ partis, gouvernements, appareils d'Etat ­ fonctionnent dans ces pays, mais plutôt d'y identifier, dans l'espace public et l'espace privé et aux plans individuel et collectif, les discours, les idées et les comportements, qui peuvent être interprétés comme des signes, des indicateurs de processus de sécularisation et de démocratisation et leur impact sur les institutions politiques et étatiques

    http://cemoti.revues.org/document772.html

    (2) Je reprends les principes dégagé dans "La Laïcité, Valeur universelle". par Yves HIVERT-MESSECA sans y mettre des conditions stricte qui dépendent du degré d'avancement de la laïcisation

    http://sog1.free.fr/Articles/ArtMesseca205Laicite.htm




    votre commentaire
  • QUE RECOUVRE LE VOILE POLITICO-RELIGIEUX

    DE FAIZA M. ?


    Reprise modifiée d'un premier et provisoire commentaire sur Bellaciao - Faiza M. : Nouvelle affaire de voile. par JJ Lakrival

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article68980

     

    aussi sur : http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article220


    Ce "voile-prison-du-corps" cache-t-il une femme? Plaisanterie certes puisqu'on sait qu'il cache un être humain, que cet être humain est toujours de sexe féminin ! C'est bien ce qui est insupportable à beaucoup de femmes libres mais aussi et c'est heureux à beaucoup d'hommes libres . Cache-t-il un corps de femme libre ou un corps de règles politico religieuses très contraignantes d'essence patriarcale ?

    Disons d'emblée que comme d'autres au MRAP, je me félicite de cette décision "FAIZA M" du Conseil d'Etat. Pour autant elle pose sans doute autant de questions qu'elle ne semble en résoudre, notemment en matière de non discrimination raciste. Disons que le point d'étape semble être : "Pas d'islamophobie mais pour autant toutes les pratiques de l'islam ne sont pas recevables".



    1 -Faiza M n'est pas fan de Ben Laden mais salafiste !

    L'arrêt du Conseil d'Etat, rendu le 27 juin dernier a refusé d'accorder la nationalité française à l'épouse marocaine d'un Français, âgée de 32 ans, vivant en France et mère de trois enfants nés en France, parlant bien la langue française, au motif qu'elle " a adopté, au nom d'une pratique radicale de sa religion, un comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française, et notamment le principe d'égalité des sexes ". (Voir en annexe l'article du Monde )

    Invoquant le principe de liberté religieuse garanti par la Constitution et le fait qu'elle n'a, depuis son arrivée en France en 2000, "jamais cherché à remettre en cause les valeurs fondamentales de la République", Mme M. avait demandé au Conseil d'Etat d'annuler le décret de 2005 refusant sa demande pour "défaut d'assimilation".

    Pour le Conseil d'Etat le radicalisme ne provient pas de l'adhésion explicte ou implicite à un mouvement politico-religieux radical (qui n'est pas nécessairement un groupement terroriste de type Al Quaïda) ou estimé tel, il peut aussi se déduire d'une pratique radicale de la religion. C'est là une interprétation nouvelle .

    <cid:part1.06090802.03020103@wanadoo.fr>Pour expliciter cette pratique radicale les juges invoquent l'entretien entre les services sociaux et la requérante ainsi que la famille. Cette dernière reconnaît appartenir au courant rigoriste salafiste de l'Islam. Questions : Les autres branches de l'islam, les chiites par exemple, n'ont-il pas eux aussi des pratiques rigoristes de la religion ? Ou commence une pratique rigoriste tant pour l'islam que pour les autres religions? En somme cette confidence de Faiza M est une bonne aubaine pour le Conseil d'Etat . Pour autant la pratique radicale de la religion ne saurait se réduire à la seule appartenance au salafisme . Au cas d'espèce le salafisme déclaré n'est qu'un des indices d'une pratique radicale de la religion . La question ne porte-t-elle pas alors sur ce qui distingue un islam acceptable d'un islam intolérable ou pour le dire autrement d'un ISLAM LAIC discret et pacifique mais aussi respectueux du droit des femmes d'un ISLAM RADICAL professant l'affichage religieux ostensible et la "pudeur" obsessionnelle et obligée pour les femmes à l'encontre des hommes irresponsables de leur concupiscence congénitale?

    2 - La critique reconduite des voiles politico-religieux couvrants ou non.

    Faiza M portait un voile religieux islamique couvrant . En parlant de voile et non de burka ou de niqab je met l'accent sur ce qui est commun quand d'autres, comme Jean Bauberot par exemple, soulignent les différences. Il y a bien des différences subjectives - inconfort et enfermement - et sociales - décliner son identité - entre les différents voiles mais je tiens ces différences pour négligeables . Les burka et niqab ne font qu'accentuer la symbolique patriarcale et religieuse et le non respect des principes défendus par l'altermondialisme pas seulement de laïcité mais aussi la liberté (de travailler ensemble aisément) la fraternité (la tolérance est unilatérale), et d'égalité (l'hommes ne se couvre pas). N'est-ce pas plus fondamental que le parler correctement la langue française ? Il est dit que Madame Faiza M. disposait d'une bonne maîtrise du français et ses trois enfants ont été suivie pendant ses grossesses par un gynécologue homme. A ce jour, la maîtrise de la langue française avait été considérée par les juges comme déterminante pour l'acquisition de la nationalité.

    Il est dit qu'il s'agit d'une burka et non d'un niqab. Et d'aucuns de faire une exègèse des textes religieux et des courants géopolitiques qui ont utilisé un certain type de voile à des fins de renforcement de l'oppression patriarcale. Ces recherches ne sont pas inutiles mais un laïc a-t-il à se faire l'interprète des textes religieux et de leurs usages politiques et religieux très variables dans le temps et dans l'espace ? En tout cas, ce n'est pas, mùe semblet-il, aux juges d'interpréter la religion et ses liens avec les régimes politiques. De façon plus générale n'est-il pas préférable d'adopter une position qui prend acte que la religion musulmane donne lieu, comme d'autres religions quoiqu'avec des spécificités, à de multiples pratiques sociales et à diverses normes concernant la relation au corps et notamment au corps des femmes. Il existe donc des comportement divers se réclamant de l'islam. Certains sont compatibles avec la laïcité et l'égalité des femmes d'autres pas. On sait qu'il existe un islam radical qui pousse au port du voile mais il ne s'agit pas nécessairement des voiles hyper couvrants. </cid:part1.06090802.03020103@wanadoo.fr>

    <cid:part1.06090802.03020103@wanadoo.fr>
    3 - Quelle spécificité des voiles très couvrants de type burka ou niqab par rapport aux voiles islamiques ordinaires ?

    - La burka ou le niqab relève de la symbolique générale des voiles islamiques tout en ayant une spécificité particulière, surtout en terme d'égalité des sexes.

    - Moindre spécificité : espace laïc, pacifique et de libertés réciproques. N'importe quel voile, légerement couvrant ou très couvrant, relève de l'ostensibilité des signes de la religion et témoigne d'une forme exhibitionniste et non discrète du religieux. La burka n'a donc aucune spécificité par rapport aux autres voiles en terme d'affichage excessif de sa religion. Le doit positif français depuis la loi de mars 2004 ( ) tire de l'ostensibilité des signes religieux des règles différentes suivant que l'on est à l'école ou hors de l'école. D'aucuns souhaitent une extension de la loi pour la sphère publique d'autres pour les milieux fermés ou la présence est obligatoire autrement dit les lieux de production. D'autres enfin souhaitent l'abrogation de cette loi de 2004 qui a pourtant le mérite de distinguer les signes religieux discrets qui sont autorisés des signes religieux ostensibles interdits et ce faisant de dégager une philosophie et un régime juridique de compromis, d'équilibre des tolérances.

    - Spécificité particulière : rapport de genre . La conception qui préside au port de voiles couvrants met l'accent, comme pour le voile islamique ordinaire, sur le facteur sexué et séducteur du corps de la femme mais il va jusqu'au bout : le visage aussi est dangereux. Il faut donc aussi le cacher . En ce sens ce voile intégral est radical . A suivre Emmanuel LEVINAS c'est l'humanité de la personne que l'on cache. Rapporté à la phobie des intégristes religieux, c'est aussi de par la simple expression d'un visage que l'Autre (homme ou femme) peut tomber amoureux ! Il faut donc aussi le cacher tout comme le reste du corps qui potentiellement suscite le désir. Dans cette conception l'homme est totalement irresponsable de son désir et de son regard et c'est la femme qui porte sur elle la totalité de la responsabilité de ce qu'elle a généré : elle est automatiquement fautive. Car la séduction est une faute. Loin d'être compatible avec l'amitié, elle pousserait immanquablement aux rapports sexuels hors mariage voire contre les mariages . Ce qui est une horreur pour cette religion comme pour d'autres d'ailleurs. Le voile islamique classique est fondamentalement une construction patriarcale - des hommes et non de Dieu - à l'égard des femmes mais aussi à l'encontre les hommes qui ne se conçoivent pas comme concupiscents, du moins pas uniquement, pas au point de ne pouvoir se maîtriser. Ce n'est pas ici que question de symbole mais aussi une question d'oppression matérialisée. La burka et le niqab y ajoute de façon plus accentuée la réalité du voile-enfermement, conçu comme le prolongement de la réclusion dans la sphère familiale (dans l'habitation).

    - A quelle dynamique sociale se rapporte le voile islamique ?

    Outre la question "De quoi le voile est-il le symbole ?" il faut aussi poser la question : A quelle dynamique sociale se rapporte le voile ? A lire les spécialistes de la question il y a tout lieu de penser d'une façon plus générale que le voile est le symbole d'une forte religiosité issue de la réislamisation qui à son tour génère une "mondanisation" problématique. "On observe un certain niveau d'individualisation à travers les pratiques religieuses, surtout dans les communautés musulmanes d'Europe, mais aussi dans certains pays musulmans. La foi s'individualise, et le conformisme communautaire perd de son influence face au libre choix de pratiquer ou non. Même la constitution des réseaux néo-fondamentalistes tend à se faire sur une base d'adhésion individuelle. Néanmoins, la religiosité demeure forte" cf A. Kazancýgil (document du CEMOTI en lien). Le divin est l'affaire de chacun sans cesser d'être aussi l'affaire de l'Etat. Mais sous la poussée de la réislamisation ce religieux s'est mondanisé au point d'envahir la sphère publique. Cet envahissement est parfois si fort et par ailleurs si clivé en terme de genre qu'il en devient étouffant, oppressant dans certains lieux.

    </cid:part1.06090802.03020103@wanadoo.fr>

    http://cemoti.revues.org/document772.html


    4 - Et l'antiracisme? Et l'islamophobie?

    Jusqu'alors, on pouvait faire quasiment toutes les critiques à tous les voiles islamiques pour peu que cela ne dégénère pas en stigmatisation de tous les musulmans (cf Redeker, clip Fitna) mais pour autant on ne pouvait exclure les femmes voilées. Ainsi quoiqu'on pense ou quoiqu'on dise on ne saurait, sauf à l'école, exclure une femme voilée. C'est ce qu'il faut retenir du jugement de discrimination religieuse issu de l'affaire Truchelut (dite du voile vosgien de Julienrupt). La décision du Conseil d'Etat va-t-elle opérer un bougé sur cette jurisprudence ? Il y a là une affaire à suivre.

    Aujourd'hui, une femme voilée devrait pouvoir entrer dans un gîte sans avoir à ôter son accoutrement religieux couvrant et ostensible mais la même femme ne saurait obtenir la nationalité française alors que par ailleurs elle remplit tous les critères formels à l'exception d'une certaine conformité aux principes républicains qui ne font pas pleinement consensus ! L'antiracisme est pertinent dans un cas ne l'est plus dès lors qu'il s'agit d'invoquer la nationalité. Certes les faits jugés sont différents ainsi que la demande (entrer dans un gîte - obtenir la nationalité française) mais cette décision du Conseil d'Etat qui se prononce contre le port du voile, contre l'islam radical et semble bien ce faisant soutenir les partisans de la laïcité, de l'antisexisme. Il convient sans doute de ne pas s'en tenir à ces premiers traits pour comprendre la portée de cette décision.


    5 - Pas d'islamophobie en France mais pour autant tout l'islam n'est pas recevable !

    S'il faut retenir le point d'étape actuel sur la question, la formule qui suit, à préciser à l'avenir, semble pertinente : "Pas d'islamophobie mais pour autant toutes les pratiques de l'islam ne sont pas recevables". On en revient à l'idée que l'islam est normalement accepté dans un pays censé refuser les discriminations religieuses, et cela comme d'autres religions ni plus ni moins, dès lors qu'il respecte certaines valeurs fondamentale . En conséquence il peut être rejeté dès qu'il prend des aspects inacceptables. On ne saurait dès lors se prévaloir de l'islamophobie ou d'un racisme antimusulman. Quels sont ces aspects inacceptables? La lecture de la décision laisse entendre qu'il s'agit de pratiques jugées telles dans toutes les sociétés les plus libérales au plan politique ; des sociétés civiles et des Etats qui ne confondent pas tolérance et acceptation de tous les excès issus du retour intempestif du religieux partout dans le monde. Que recouvre ces excès ? Sont-ils tous assimilables à de l'intégrisme ? Sans doute pas. Ce sera au juge de le préciser.

    Reste que cette décision du Conseil d'Etat pose bien des jalons, des points de repères sur lesquels s'appuyer pour faire barrage aux excès du religieux mais sans certitude dans l'interprétation. Elle fournit juste une indication de sens sur le port de la burka et sur tout voile assimilé mais elle ne règle rien sur la cohérence des règles et principe de la République française. Le juge administratif conserve les moyens de juger autrement. On voit qu'il reste en France à mieux articuler laicité, droit des femmes et antiracisme du moins tel que ce dernier est aujourd'hui interprêté. C'est sans doute toute une interprétation des principes républicains qui est à développer.


    Christian DELARUE
    Responsable national du MRAP s'exprimant à titre personnel.

    <cid:part1.06090802.03020103@wanadoo.fr>sur chrismondial blogg : </cid:part1.06090802.03020103@wanadoo.fr><cid:part1.06090802.03020103@wanadoo.fr>TLEMCEN 1990- Oppression : quand la poitrine est compressée et que le souffle de la vie passe mal...


    <cid:part1.06090802.03020103@wanadoo.fr></cid:part1.06090802.03020103@wanadoo.fr>*ANNEXE*

    Une Marocaine en burqa se voit refuser la nationalité française
    La burqa est-elle incompatible avec la nationalité française ? Une Marocaine de 32 ans, mariée à un Français et mère de trois enfants nés en France, vient de se voir refuser la nationalité au motif qu'elle "a adopté, au nom d'une pratique radicale de sa religion, un comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française, et notamment le principe d'égalité des sexes".
    Pour la première fois en France, le Conseil d'Etat, dans un arrêt du 27 juin, a pris en compte le niveau de pratique religieuse pour se prononcer sur la capacité d'assimilation d'une personne étrangère. Jusqu'à présent, dans la communauté musulmane, seules des personnes jugées proches de mouvements fondamentalistes ou ayant publiquement tenu des propos relevant de l'islam radical se sont vu refuser la nationalité française. Et aucune n'est allée au bout de la procédure.
    Dans le cas de Faiza M., ce sont sa tenue vestimentaire et sa vie privée qui sont mises en avant pour confirmer le refus de la nationalité française. Invoquant le principe de liberté religieuse garanti par la Constitution et le fait qu'elle n'a, depuis son arrivée en France en 2000, "jamais cherché à remettre en cause les valeurs fondamentales de la République", Mme M. avait demandé au Conseil d'Etat d'annuler le décret de 2005 refusant sa demande pour "défaut d'assimilation".
    La commissaire du gouvernement (chargée de donner un avis juridique), Emmanuelle Prada-Bordenave, a insisté sur les entretiens qu'a eus le couple avec les services sociaux et la police. A trois reprises, Faiza M. se serait présentée "recouverte du vêtement des femmes de la péninsule arabique, longue robe tombant jusqu'aux pieds, voile masquant les cheveux, le front et le menton et une pièce de tissu masquant le visage et ne laissant voir les yeux que par une fente".
    Le couple reconnaît "spontanément" son appartenance au salafisme. Ce courant de l'islam, qui prône une lecture littérale et rigoriste du Coran, s'inspire du mode de vie des premiers fidèles du prophète Mahomet. Faiza M. a affirmé qu'elle n'était pas voilée quand elle vivait au Maroc et a indiqué "qu'elle n'a adopté ce costume qu'après son arrivée en France à la demande de son mari et qu'elle le porte plus par habitude que par conviction".
    "D'après ses propres déclarations, a souligné la commissaire du gouvernement, elle mène une vie presque recluse et retranchée de la société française. Elle n'a aucune idée sur la laïcité ou le droit de vote. Elle vit dans la soumission totale aux hommes de sa famille." Faiza M. semble "trouver cela normal et l'idée même de contester cette soumission ne l'effleure même pas", a ajouté Mme Prada-Bordenave, estimant que ces déclarations sont "révélatrices de l'absence d'adhésion à certaines valeurs fondamentales de la société française".
    Parallèlement, il est apparu que Mme M. "parle bien français", un critère habituellement retenu dans l'attribution de la nationalité et que, durant ses grossesses, elle a été suivie par un gynécologue homme.
    Cette décision, qui est prise quelques semaines après l'annulation d'un mariage entre deux époux musulmans, au motif que la femme avait menti sur sa virginité, traduit l'émergence dans la société française de questions liées aux particularismes religieux et culturels. "Cette affaire montre que le droit est de plus en plus amené à se prononcer sur les conflits de valeurs que pose l'islam à la société", constate Didier Leschi, ancien chef du bureau des cultes au ministère de l'intérieur, spécialiste de la laïcité. Sans possibilité de recours, Faiza M. pourra, selon les juristes, renouveler sa demande quand elle aura prouvé qu'elle "a fait siennes les valeurs de la République".
    Stéphanie Le Bars

    Source : www.lemonde.fr – 11 juillet 2008 </cid:part1.06090802.03020103@wanadoo.fr>


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires