• CUMUL DES EMPRISES ALIENANTES

    EMPRISE DU RELIGIEUX ET EMPRISE DU TRAVAIL ET DU DIVERTISSEMENT

     

     

    Introduction sur "autrui" avec Fromm et Sartre.

    Autrui et Fromm et Sartre : Equilibration contre hybris

    Le Fromm de la destructivité et celui de la possessivité

    Le Sartre de "la valeur de l'être humain" et celui de "l'enfer c'est les autres".

     

    Fromm distingue Etre et avoir mais précise qu'il y a quand même besoin d'avoir. C'est surtout l'hybris (l'excès) de l'avoir qu'il condamne. Ses thèses s'ordonnent plus me semble-t-il vers la destructivité de certaines personnalités que sur la possessivité qui ne peut qu'être un aspect du premier " défaut ". Il a écrit un seul livre sur le sujet - Etre ou avoir - qui n'est pas le meilleur ouvrage de l'auteur. Point de vue personnel qui mériterait développements, je lui préfère le "Coeur de l'homme" par exemple plus riche en analyse. Fromm est psychanalyste mais sur un champ théorique particulier que l'on dit culturaliste au sens large. En fait il laïcise les normes des trois grands monothéismes en insufflant une pensée qu'il nomme alternativiste à partir de Spinoza, Freud et Marx. Je l'ai beaucoup fréquenté et je le trouve aujourd'hui un brin austère sur les normes et trop généraliste au plan des connaissances et de l'épistémologie. Je me suis donc éloigné de lui sans nécessairement l'oublier.

    A) Autre regard sur la possessivité.

    La possessivité en matière relationnelle peut se traduire par deux excès, l'un par l'exclusivisme au sein du couple (la bonne vieille morale religieuse laïcisée) et l'autre par la conquête effrénée des "don juan" masculin ou féminin (libertinage). Ce n'est pas le comportementalisme qui renseigne en vérité sur la force de cet instinct ni sur ses modalités variables selon les sociétés et les individus. De même, l'attachement peut aussi bien être la composante qui valorise pleinement l'humain qu'un manque d'autonomie relevant de la pathologie. Là aussi la psychologie cognitiviste renseigne peu. Son incompétence incite selon mes vues à tendre vers de la tolérance et de la compréhension.

    B) Sartre, la rencontre de l’autre et la question de l’estime et de la reconnaissance.

    Mettre l'humain au centre des relations c'est accorder avec force malgré nos limites une valeur, une estime à l'autre quelque soit les modalités réelles de la relation. Il faut je crois être plus précis : l'autre n'est pas ce qui empêche l'autonomie mais un enrichissement relationnel, un enrichissement de soi . En ce sens je suis contre le Sartre de "l'enfer c'est les autres" qui s'accorde d'ailleurs bien avec l'individualisme du concurrentialisme contemporain mais je suis en accord avec un autre Sartre qui pose avec force
    "L'être de l'homme, c'est la valeur". Ce qui place la reconnaissance au cœur du projet altermondialiste.

    C) Religerer : Se relier à deux niveaux

    Point de Dieu dans le ciel ni trop de fétiches marchands mais un projet qui pose une transcendance sociale. On dit une alternative. " Religerer " signifie ici se relier horizontalement avec autrui dans une dynamique de respect, d'amour et d'amitié. Religerer avec un projet qui n'exclue pas la jouissance immédiate contre le militantisme ou le familialisme - deux hybris ici aussi - mais néanmoins d'un projet qui - outre les tâches éducatives obligées (responsabilité à l’égard des enfants) - implique une pratique de transcendance de l'existant. C’est ici que reconnaissance s’articule à émancipation car il n’y a pas que les relations choisies, il y a les multiples rapports sociaux reproduisant oppression, exploitation et domination.

    I - SORTIR DE L EMPRISE ALIENANTE DES RELIGIONS.

    A) Le procès des religions

    Les trois religions monothéistes juive, chrétienne et islamique forment des "coincés" de la sexualité. C'est ce qui ressort des lectures de Michel Onfray qui poursuit les travaux d'un Raoul Vaneigem. Ce n'est pas parce qu'il existe des individus entièrement dominés par le sexe comme d'autres le sont par le jeux ou l'alcool au point de ne pouvoir faire autre chose (signe de dépendance) qu'il faille tordre le bâton dans l'autre sens en se privant de rapport sexuel. Les trois monothéismes ont peur du sexe et de la femme. Patriarcat oblige la peur du sexe débouche sur la peur de la femme - misogynie - et sur un discours et des pratiques sexo-séparatistes dures. Si l'islam radical et même l'islam tout court est le plus offensif dans la défense de ce volet patriarcal (1) , les autres religions ne sont pas inactives. Elles sont juste plus allusives. En tout état de cause les relations homosexuelles et les relations hors mariages sont fustigées plus que les autres péchés capitaux. Tendanciellement, la femme ne doit pas exister, elle doit passer d'enfant à mère (2).

    Ce faisant les religions incitent à renier une part de soi-même pourtant source de bonheur et d'enrichissement. C'est cette austérité qui est critiquée à raison par Michel Onfray. Pendant longtemps les croyants et surtout les croyantes ont vécu les relations humaines sur le mode de la prudence, de crainte de sombrer dans le péché et d'aller en enfer sous les flammes de Satan. Cette modalité craintive n'a pas disparue mais elle est moins dominante qu'avant. L'autre sexe n'est pas nécessairement perçu comme dangereux mais les religions, selon des modalités variables, continuent d'encadrer "l'amour normal" de façon stricte. De ce fait la moindre phrase dans la Bible, la Thora ou le Coran allant dans le sens d'une limitation des relations sexuelles est exploitée à des fins interdictives et avec une extrême sévérité. Du point de vue de l'intensité de la charge de culpabilisation religieuse, il vaut mieux vaut sombrer dans l'alcoolisme ou la dépendance au jeux vidéo ou être accro du travail que libertin et ouvert aux relations humaines dans leur diversité.  Pour ces derniers l'obligation de respect humain se transforme vite en invectives et combat de redressement moral.

    B) Libération et ouverture.

    Si il y a une souffrance qui vient de la religion c'est bien cette intox du surmoi qui plombe les individus soumis. La libération vient avec la sérénité avec l'acceptation du désir sexuel comme élément normal de tension vers autrui. La libération vient quand la tolérance envers soi-même et envers autrui s'affirme au sens ou l'on se juge moins et l'on juge moins autrui.

    Une fois cette critique faite, il convient d'ajouter une collusion avec le système capitaliste patriarcal. Perdre l'influence de la religion ne suffit pas au "bien vivre relationnel" car il y a encore le travaillisme qui pousse à épuiser sa force de travail pour vivre avec son complément contemporain l'addiction télévisuelle ou pour les jeunes l'addiction aux jeux vidéo . Ces activités viennent hors toute pesanteur religieuse tuer le désir de rencontre charnelle de l'autre. D'autres couples factuels viennent assécher une possible richesse relationnelle : travaillisme et sport intensif ou travaillisme et activisme militant. A décharge, militer apparait comme une nécessité. Ne jamais oublier de revendiquer une baisse du temps de travail et de son intensification est nécessaire au "bien vivre".

    «Pour un monde de jouissances à gagner, nous n’avons à perdre que l’ennui.»
    Raoul Vaneigem  in  Traité de savoir vivre à l’usage des jeunes générations

    Notes :
    1) Le Traité d’athéologie de Michel Onfray et l’islamofascisme. C Delarue
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1068

    2) Comment les trois monothéismes ont-ils tué la femme ? C Delarue
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1075


    II - EMPRISE DU NEOCAPITALISME SUR LES "CERVEAUX DISPONIBLES" : ALLIANCE DU TRAVAILLISME ET DE LA TELEVISION

     

    Le néo-capitalisme correspond à celui de l'emprise des consciences via la télévision. Il est au service de la "religion du marché " (Eric Toussaint) Les propos qui suivent sont issus d'un texte (2) de B Stiegler. Je ne suis pas l'auteur sur l'ensemble de sa position mais ses vues sont stimulantes pour la réflexion.

    A) Reconnaissance comme point de passage entre subsistance et existence

    Le capitalisme du XXe siècle a capté notre libido et l’a détournée des investissements sociaux. Or c’est par la sublimation que notre libido fait de nous des êtres sociaux plutôt que des barbares. C’est l’énergie libidinale qui est à l’origine de ce qu’Aristote appelait la philia, l’amitié entre les individus (philia, en grec, veut dire amour). Aristote dit que pour vivre en société il faut que nous nous aimions, que nous ayons de l’estime les uns pour les autres, et d’abord pour nous-mêmes. Aujourd’hui nous n’existons plus : nous subsistons. Exister, c’est être reconnu par les autres à travers des relations sociales. Il n’y a plus de relations sociales, d’échange symbolique, de libido. Le marketing a exploité la libido des parents puis celle des enfants et les a détruites.

    B) Libido et les deux pulsions


    Or, quand on détruit la libido, il reste les pulsions qui donnent al Qaeda aussi bien que Richard Durn, cet homme qui a assassiné la moitié du conseil municipal de Nanterre en 2002.

     Tous, nous sommes pulsionnels mais, en principe, notre éducation transforme nos pulsions en libido. Par exemple quand on tombe amoureux d’un homme ou d’une femme, on ne lui saute pas dessus. Cela existe, s’appelle le viol, et c’est réprimé. Quand on tombe amoureux on socialise la pulsion sexuelle et on cultive dans le temps une relation où l’on considère que l’objet de son amour n’a pas de prix. C’est ce sentiment que le capitalisme détruit peu à peu. Il est ainsi en train de détruire la parentalité.

    Christian Delarue

    http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=12945

    BERNARD STIEGLER | Le capitalisme est en train de s'auto-détruire - Les devenirs de la philosophie à Paris 8

    http://www.paris-philo.com/article-bernard-stiegler-le-capitalisme-est-en-train-de-s-auto-detruire-40379381.html


    votre commentaire
  • Le clash des intégristes islamiques à Montreuil

    Méthodes autoritaires

    Le clash des intégristes islamiques à Montreuil, lors d'un débat portant sur la burqa et ayant réuni 150 personnes n'a pas permis d'écouter deux élus de la République, le député socialiste Manuel Valls et le député communiste de Seine Saint Denis Jean-Pierre Brard . Lubna Al Hussein, la journaliste soudanaise condamnée à 40 fouets pour avoir porté le pantalon, était invité pour témoigner de son combat pour la liberté des femme dans le monde.


    Sans prendre fait et cause pour Sihem HABCHI et son mouvement Ni Putes Ni Soumises il convient de remarquer que l'on ne saurait admettre les méthodes autoritaires des intégristes musulmans lors de ce débat . Abdelhakim Sefrioui, responsable du collectif Cheik Yassine, groupuscule radical proche des salafistes et des frères musulmans a organisé un sabotage de la réunion pendant deux heures.

    Opérer cette critique est élémentaire et ne doit pas non plus signifier une quelconque soumission au "camp sioniste" . Il faut refuser de se mouler dans le prisme du Choc des civilisations qui met en toute occasion un affrontement les pro-israéliens et les pro-musulmans. Certes cet affrontement-là existe sous la forme de l'occupation coloniale des territoires palestiniens, sous forme de la guerre militaire (il y a plus d'un an maintenant) et policière (et pas qu'aux points de passage, mais aussi économique et culturelle (changement des noms des villages palestiniens) contre les palestiniens. Tous cela doit être fermement combattu. D'ailleurs le MRAP soutien la campagne BDS et se félicite que le boycott des produits colonialistes d'Israel.

    On peut déplorer qu'en France Zemmour le raciste soit toujours mieux reçu dans les médias que Dieudonné l'antisémite car cela montre qu'un racisme semble plus acceptable qu'un autre mais en l'espèce il convient surtout de critiquer la politique française et européenne sans s'adonner au racisme antisémite. On pourrait en dire autant pour la différence de situation entre "l'ingénue" Clotilde Reiss libérée (lire Eva sur ce blog) et Salah Hamouri (1) toujours emprisonné.

    Défendre la cause palestinienne ne saurait aboutir à l'antisémitisme mais pas plus à une approbation de l'islam radical. Il est scandaleux d'assimiler l'islam sous ses formes diverses de sa version radicale, obsédée à la folie par un projet sexo-séparatiste autoritaire.

    Le sexo-séparatisme n'est pas un "vivre ensemble" préconisé par le MRAP qui critique aussi la loi interdisant partout le voile intégral. Reste que ce voile est une insulte aux femmes (comme aux hommes). Retenons ce que répète Annie Sugier « Le voile intégral exerce une pression sur celles qui le voient » . C'est pourquoi il faut freiner le phénomène. Le voile est un symbole fait pour être vu et exercer une pression aussi sur celles qui le voient, en particulier sur les autres musulmanes qui ne veulent pas de voile.

    L'islam radical va bien plus loin que toutes les religions en matière de stigmatisation du corps des femmes. Mais Israel se montre d'une racipation se fait contre Israel mais aussi contre l'islam radical.

    Christian Delarue

    Salah Hamouri est membre d’une organisation de jeunesse réputée prochedu FPLP. C’est est un jeune franco-palestinien détenu en Israël sans procès depuis mars 2005 parce que trois mois exactement avant son arrestation il est passé de nuit, en voiture, devant la maison sous
    surveillance d’un rabbin particu lièrement extrémiste, le rabbin Ovadia Yossef. Celui là même qui parlant des Palestiniens avait déclaré : « Il faut anéantir les Arabes. Il ne faut pas avoir pitié d’eux, il faut leur tirer dessus avec des super missiles, les anéantir, ces méchants, ces maudits ». Ce rabbin est le chef du parti Shass, qui dispose de députés à la Knesset et qui soutient le gouvernement Olmert.


    votre commentaire
  • Rassemblement en commémoration du massacre à Sétif  le 8 mai 1945.

    La ville de Rennes est jumelée avec celle de Sétif.

    Intervention de Christian DELARUE membre du Bureau exécutif et du Conseil d'Administration du MRAP.



    Chers ami(e)s bonjour,

    Le MRAP est le mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples. Il lutte contre toutes les formes de racisme.

    Mon intervention comme membre du MRAP visera à souligner trois séries de faits porteur de sens avant de pointer trois autres évènements plus contemporains.

    Les trois points à rappeler sont historiques. Je ne fais que les dégager pour les mettre en valeur, les précédents orateurs ayant développés plusieurs aspects de cet évènement.

    1 - Le 8 mai 1945 est une victoire contre le fascisme pas contre les Allemands . Il est le jour de la capitulation de l'Allemagne nazie.

    2 - Une vaste population d'indigènes du Maghreb et d'Afrique noire a participé à la guerre aux côtés des français.

    3 - En guise de remerciement, la puissance coloniale tire sur la foule à Sétif et à Guelma. Le mépris colonial est toujours là. Il n'avait pas cessé.

    Voilà les trois points qui apparaissent essentiel et dont il faut se souvenir.

     

    Mais je vous ai annoncé trois autres remarques complémentaires plus actuelles.

    1 - Aujourd'hui encore il reste quelques membres de l'OAS qui perdurent sur la pente fasciste et colonialiste. Des villes du sud de la France veulent parfois ériger des stèles sur leur demande.

    2 - Aujourd'hui encore et depuis la loi du 23 février 2005, les méfaits du colonialisme sont niés par un subterfuge qui vise à placer faussement cote à cote des effets positifs et des effets négatifs et même meurtriers. Chirac a même évoqué "des moments de lumière et des moments plus sombres".  Notez bien qu'il n'a même pas dit des moments noirs. Les moments de lumière sont le fait des rebelles français à l'ordre colonial et pas de ses profiteurs.  Le postcolonialisme est pour partie cette incapacité à voir la vérité de la domination coloniale pour la relativiser, l'euphémiser.

    3 - Aujourd'hui plus de 25 ans après la marche des beurs de 1983, le racisme verbal ou sous forme de discrimination factuelle se développe. Il n'y a qu'à écouter Zemmour pour savoir à qui s'adresse ce racisme.

    J'arrête ici ces remarques d'apparence décentrées mais en fait très proche de ce passé qui passe mal.


    votre commentaire
  • Le peuple-classe inspiré d'un Rousseau ayant lu Marx.

    La pensée de JJ Rousseau est au centre de la pensée politique. Elle est fondatrice de la distinction entre ethnos et demos . Mais certains traits qui ne pouvaient être développés à l'époque montraient sa force émancipatrice. Lire Rousseau par-dessus l'épaule de Marx enrichi la pensée républicaine et démocratique de JJ Rousseau. Rousseau n'est pas Montesquieu, il aime le peuple et sa réflexion sut le contrat social et la démocratie vise à assurer la prise en compte de ses intérêts et de son émancipation.
     
    Il y a deux peuples chez Rousseau. Il y a le peuple qui se constitue en nation et le peuple majoritaire qui constitue la démocratie. Mais c'est le premier qui constitue le "démos" citoyen alors que le second fonde le "démos" social.

    I - Deux peuples, deux demos.
     
    On doit à Rousseau l'invention du peuple démos contre le peuple ethnos et contre la multitude. En effet dès le début du Contrat social Rousseau décrit les modalités de production du peuple en personne publique, en corps politique. Ce corps politique est composé de citoyens. Ces modalités de production se rapportent au pacte social constitutif de la communauté qui est plus de l'ordre de l'artifice que de l'intérêt commun. Néanmoins le peuple politique est fondé plus sur une association fût-elle problématique que sur une agrégation d'individus. Cette conception du peuple "demos" 'est là une indéniable avancée dans la pensée politique.

     
    Le peuple de la démocratie se rapporte au gouvernement du plus grand nombre et au profit du plus grand nombre mais avec une conception qui se met au service de ceux d'en-bas, les paysans et artisans à l'époque. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Rousseau ne croit pas à l'avènement de la démocratie entendue ainsi. Devinait-il le sens commun de la démocratie qui s'exerce au profit d'une immense majorité qui préserve d'abord les riches. Contre cela, JJ Rousseau envisage en quelque sorte l'intérêt de ceux d'en-bas mais sans y voir un rapport social si ce n'est quand même contre une élite qui dépossède le peuple. Introduire plus nettement l'idée de rapport social revient à faire intervenir Marx avant l'heure. Reste que Rousseau a le souci d'un peuple largement majoritaire qui devrait avoir une élite pour servir les intérêts populaires et qu'une telle configuration se nomme démocratie. La démocratie véritable se rapporte au "demos" social . Il n'y croit pas. C'est donc l'idée de "demos" citoyen qui fera la renommée de JJ Rousseau. Elle sera fondatrice contre l'idée de peuple ethnos. Le démos citoyen est dans le réel une conquête contre sa conception censitaire par le mouvement ouvrier puis le mouvement féministe car seul le propriétaire était citoyen. Ensuite seuls les hommes avaient le droit de vote.


    II - La portée critique du "demos socia"l face au "demos citoyen".

    Le demos citoyen et la démocratie représentative qui lui est consubstantielle emporte une ambiguïté dans la mesure ou l'accès positif de l'individu à la citoyenneté emporte aussi une forme de dépossession au profit de l'élite. On dirait aujourd'hui la "classe politique" érigée au-dessus des citoyens.  Les grands élus" ont les moyens de se constituer durablement en caste séparée au-dessus de la nation. Quand à la bourgeoisie, elle vote tout en sachant que son pouvoir est ailleurs. Pas dans la rue mais dans les groupes de pression.

    Rousseau pointe bien l'existence d'une élite au service d'elle-même . Il ne parle pas de l'existence d'une classe politique constituée au-dessus du peuple et ignore encore plus - c'est normal au regard de 'époque - l'existence d'une classe possédante dominante qui serait la bourgeoisie. Cette dernière est montante mais cachée par une société française toujours divisée en trois ordres : le clergé, le tiers-état et les nobles.

    III - Marx avec JJ Rousseau
     
    Un JJ Rousseau post 1789 qui a lu Marx en arriverait aisément à concevoir un peuple-classe structurellement opposé non seulement à une classe politique d'élus qui s'éloigne des citoyens mais aussi d'une classe bourgeoise bien constituée en classe dominante et qui veille à la reproduction de sa domination. De multiples facteurs jouent dans différents champs - politique, économique, social - pour créer non seulement un écart (thème de la fracture sociale de la droite) mais un rapport social de commandement et de dépossession-enrichissement.
     
    Le peuple-classe est une notion à l'intersection de la science politique qui étudie la nation, le peuple, les régimes de gouvernement et de la sociologie d'inspiration marxiste qui étudie les classes sociales, les ethnies, la société civile et les mouvements sociaux.
     
    Christian Delarue

    votre commentaire
  • HISTOIRE D’UNE AMPUTATION RELIGIEUSE SÉCULAIRE

    Comment les trois monothéismes ont-ils tué la femme ?

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1075

     

    Suite à une lecture antiraciste et antifasciste du Traité d’athéologie de M Onfray .

    Le Traité d’athéologie de Michel Onfray et l’islamofascisme.

    Entre temps, l’auteur vient de se faire rudement tancer par Elisabeth Roudinesco à propos de son dernier ouvrage contre Freud. (Mais je n’ai pas encore lu son dernier livre !)

    A propos d’amputation...

    Les trois monothéismes ne sont pas responsables des pratiques d’excision contre le plaisir des femmes même si ici ou là dans l’histoire cette pratique barbare s’est bien intégrée au sein de l’ensemble des pratiques religieuses, celle de l’islam surtout. Ils ont fait pire ils ont amputé les femmes de la complétude de leur être adulte.

    1 - LA MERE ET LA FAMILLE PATRIARCALE

    Les trois monothéismes - malgré leurs différences d’approche sur certains points - , ainsi que le note Michel Onfray , ont procédé autrement. Ils ont créé la mère et la famille patriarcale.

    D’abord, l’homosexualité est exclue. C’est une constante.

    Ensuite, l’homme qui devient mari et père reste un homme mais il n’en va pas de même pour la femme qui elle doit perdre son statut de femme en deux temps selon M Onfray d’abord en devenant épouse ensuite en devenant mère. Une éducation stricte contre la sexualité assimilée au mal et à la dépravation incite à la chasteté et interdit aussi la masturbation. Les contrôles sont rigoureux et les punitions sévères.

    Pour ma part, je vois que la religion sous domination patriarcale fait disparaître la femme et avec elle le désir et le plaisir en trois temps plutôt qu’en deux : 1 en associant virginité avant mariage et mariage à sexualité exclusive ensuite (la polygamie ne change rien ici pour les femmes) puis 2 sexualité et procréation exclusive puis 3 éducation des enfants et vocation maternelle. Au hommes restent le travail... et les rencontres. Cette configuration d’oppression a perduré des siècles. Elle a durablement marqué les esprits jusqu’à l’avènement du féminisme.

    2 - UN REGIME CULPABILISANT ET PUNITIF SEXUE.

    Les hommes qui sont donc plus libres sont aussi nettement moins culpabilisés. Les religions ont aussi institué un régime différencié de la culpabilité. Les obligations de chasteté pèsent sur les deux sexes mais dans la réalité les jeunes hommes apprennent vite qu’il s’agit pour eux d’une faute vénièle alors que les jeunes femmes comprennent assez rapidement que pour elles la faute est gravissime.

    Le problème - car il y a un problème - est que ces hommes ne rencontrent que des mères et pas de femmes. Les femmes n’existant pas la rencontre exclue le plaisir de la femme donc l’égalité et la réciprocité. La relation sexuelle est fondamentalement struturée par la domination. La domination n’est pas un jeu sexuel éventuel dans un environnement égalitaire mais le seul vécu possible : elle est la perpétuation de la domination extérieure dans l’intimité. En outre la domination n’est pas le pire car la rencontre est fondée sur l’adultère très sévèrement réprimée pour les femmes. A la culpabilité gravissime vient s’ajouter l’opprobre social au mieux et des sanctions très sévères au pire. L’islam est certes en tête des pratiques punitives hypersexistes du type lapidation mais n’en a pas l’exclusivité loin de là. Les autres religions ont pratiqué abondamment le tabassage punitif. La coutume s’est banalisée après la "mort de Dieu". La sécularisation n’a pas éteint la violence. Elle a au mieux enlevé le discours de justification. Mais les masculinistes sont de retour.

    Mesurons bien l’emprise de la religion mortifère qui se drape d’amour. Pour que les mères courent le risque de l’adultère il faut vraiment qu’elles aient envie de connaître les plaisirs qui leur sont interdits par la culture patriarcale et religieuse. Cela arrive fatalement. Pendant le mariage le plaisir est absent car la sexualité est limitée à la procréation et même au moment de procréer le plaisir est quasiment impossible du moins pour la femme. Le plaisir fait peur. C’est peu de dire qu’il n’y a aucune éducation à la sexualité tant pour les hommes que pour les femmes. Il s’agit bien plutôt d’une anti-éducation puisqu’on y apprend pas les usages raisonnables de la liberté pour soi et pour autrui mais l’évitement de tout signes de désir. Il faudra attendre les années 1970 et le mouvement féministe pour que les choses changent.

    3 - LA NAISSANCE DIFFICILE DE LA FEMME AU XX ème siècle

    Les féminises disent les femmes pour éviter une naturalisation, une essentialisation. Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas ici de défendre LA femme modèle par rapport à d’autres femmes mais de l’avènement de la femme qui n’est plus seulement enfant ou mère. Mesurons qu’il s’agit bien d’une révolution. Une révolution non achevée avec de plus son thermidor.

    La marchandisation du monde a libéré la femme de la religion patriarcale pour la faire basculer comme icône sexy. Le phénomène a donné lieu à la fois à un regain de religiosité réactionnaire dont le port du voile islamique est un avatar mais aussi fort heureusement à une conception féministe du corps. "Il m’appartient. J’en fais ce que je veux". Formule qui fait pièce à fois contre la marchandisation charnelle et contre l’austérité religieuse. Cette position a permis d’enclencher un combat plus ferme contre la prostitution et contre la pornographie mais pas contre l’érotisme librement consenti. L’érotisme a toujours du à se défendre contre deux adversaires : la pudibonderie ancienne d’un côté et la marchandisation du sexe de l’autre.

    On doit au féminisme et à la science d’avoir promu la pilule, l’IVG et avec cela une conception de l’égalité et de la réciprocité entre hommes et femmes. Évidemment l’égalité et le partage ne se limite pas à la sexualité libérée et à l’érotisme ; elle doit s’appliquer aussi dans et hors travail. Partout. Ce que refusent les masculinistes (croyants ou athées) qui aujourd’hui militent pour le retour au foyer des femmes au prétexte d’un dfférentialisme biologique et naturel. Ce sont eux aussi qui nient la violence des hommes sur les femmes.

    Christian Delarue Rennes


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires