• Altermondialisme, la reprise des vieux combats

    contre la démocratie libérale rabougrie, pour une autre démocratie.


    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1722

    Les pistes de réformes institutionnelles viennent des luttes des peuples-classe contre les oligarchies qui instaurent des systèmes de gouvernance, de démocratie libérale rabougrie ou les privatisations, le marché et la finance prennent toutes la place au plus grand profit des grandes firmes et des élites économiques.

    I - La bourgeoisie et l'oligarchie ne veulent pas vraiment de la démocratie !

    La démocratie a de gros défauts pour les élites. Elle coute cher. Elle prend du temps et de l'énergie. Son résultat n'est pas garantit puisqu'il arrive souvent au peuple de se tromper en votant contre les projets des élites (exemple contre le TCE le 29 mai 2005) et ce malgré la présence de gros appareils d'influence idéologique aux ordres des puissants. En fait la classe dominante et les élites de façon générale s'accomode de la démocratie dans son acception la plus étroite possible. Il n'est guère question que le peuple-classe intervienne trop souvent.

    La démocratie est donc un des objets de la lutte des classes. Les règles et les pratiques qui sont instituées sont mouvantes. Elles peuvent faire l'objet d'avancées et de reculs au sein du cadre global qui est le sien, la démocratie libérale dite aussi "démocratie de marché" . Mais elle peut aussi donner lieu à des ruptures franches à "effet cliquet" (pour reprendre une formule d'ATTAC) ou l'on bascule nettement dans un autre système. Par exemple, une démocratie ou le peuple décide directement l'ensemble des paramètres du mode de transport en France (moins d'avions, moins d'autos et d'autoroutes, plus de train) en plus de la démocratisation des structures productives privées et publiques n'est plus une démocratie libérale mais socialiste. Un saut qualitatif marque le changement de configuration démocratique.

    II - 2011 ou la résurgence démocratique et sociale.


    Aujourd'hui le mouvement altermondialiste, à la suite des révolutions arabes en cours et des "indignés" en Europe, se doit de promouvoir et d'établir un ensemble de droits et d'institutions d'émancipation notamment avec des droits démocratiques mieux affirmés, des droits sociaux garantis avec de bons services publics, des droits culturels lorsqu'ils sont revendiqués massivement. Ces droits sont ceux qu'opposent les divers peuples-classe contre les ploutocraties financières, contre les oligarchies qui se sont renforcées par collusion entre la bourgeoisie économique et la caste politique. Au sud, en Tunisie et en Egypte et ailleurs, on observe que les revendications démocratiques sont immédiatement suivie d'exigences sociales. Aussitôt la liberté de parole acquise, les bouches s'ouvrent pour réclamer la justice sociale et fiscale. Il en va de même pour en finir avec les oppressions culturelles (voir le souci de plurinationalité chez les indigènes en Bolivie). L'écologie n'est pas en reste avec le refus de la prédation extractiviste par exemple.

    - Etendre partout la démocratisation.

    Ce mouvement global reprend d'anciens combats au plan de la démocratie. La démocratie est réclamée non seulement au sein des Etats mais aussi au plan continentale et même mondiale.

    On ne sait trop comment instituer une démocratie mondiale à la place des G8 et G20 mais l'idée fait son chemin que ces gouvernances-là ne sont plus tolérables. Si la démocratie mondiale prend la figure d'une aporie des pistes sont ouvertes : d'abord élargir et approfondir le mouvement de résistance à la mauvaise mondialisation ensuite favoriser l'établissement de droits protecteurs des peuples, des travailleurs, de l'agriculture, des cultures dominées, de l'environnement, etc... L'ONU conserve ici un rôle important quoiqu'insuffisant. Au plan mondial, il importe aussi de ne pas laisser les Etats religieux autoritaires donner le ton sur les modes de vivre et de penser. En même temps l'exigence de respect de la pluralité humaine doit être validée.

    Au plan continental la démocratie est souvent plus réduite qu'au plan national. C'est un peu comme si l'extension du champ géographique se combinant avec une nouvelle distance des élus face au peuple citoyen. C'est le cas pour l'Union européenne ou la démocratie est l'alibi d'une caste politique très éloignée des citoyens des nations. Cette distance se remarque hors du champ politique au sein des syndicats. Les membres de la CES sont largement inconnus des syndiqués de base. Ces problèmes ramènent l'exigence de démocratie dans le cadre des Etats.

    Ce que l'on nomme pudiquement pour l'Union européenne le "déficit démocratique" (pour ne rien dire d'une histoire proprement anti-démocratique) trouve deux solutions classiques : le fédéralisme et le confédéralisme. Une autre solution pro-démocratique doit penser à transformer la BCE et la gestion de l'Euro. Au plan de l'organisation des institutions politiques, le fédéralisme suppose un haut degré intégration démocratique avec une constitution devant fermement éviter la formation d'une caste politique coupée des peuples-classe d'Europe mais soumise aux lobbies patronaux et financiers. Le fédéralisme suppose par exemple un Président pour l'Europe et des institutions nettement plus représentatives . Le bicaméralisme doit s'appliquer avec une chambre sociale et une chambre des nations. Comment faire pour que la chambre sociale ne soit pas dominée par les couches sociales les plus aisées ? L'introduction d'une réglementation sur les mandats pourrait accompagner l'introduction marginale du tirage au sort.

    - Approfondir la démocratie ici au lieu de la brider.

    En France, la démocratie est une longue conquête liée à la Révolution inachevée de 1789 (lire D Bensaid) à l'instauration de la République tout aussi inachevée (lire "la République dans la tourmente" de Christian Picquet) contre le système autocratique ancien qui combinait royauté, noblesse, clergé et tiers-état. La démocratie est fondée sur l'intervention d'une nouvelle catégorie de peuple : le peuple-citoyen c'est-à-dire le peuple légalement habilité à voter pour des élus.

    Le contenu de ce peuple-citoyen a fait l"objet de débat et de nouvelles conquêtes se rapportant à la disparition du cens, à l'abaissement de l'âge pour voter ou être élu, au droit de vote des femmes, au droit de vote des militaires, des résidents étrangers en de rares moments, etc...  On ne peux que renvoyer ici à une histoire spécifique.

    Il faut noter la participation constante du mouvement ouvrier socialiste et communiste et même parfois anarchiste au renforcement des droits démocratiques. Ces formations politiques critiquaient le cadre conservateur et bourgeois de la démocratie parlementaire mais ils se sont attachés à le démocratiser. C'est en fonction de ce combat historique que l'on peut dire que la démocratie est une triple chose : un état présent, un mouvement d'amélioration contre mouvement contraire de résistance, une perspective politique avec la démocratie socialiste.

    Le type de mandat qui définit le rapport démocratique entre les citoyens et les élus a donné lieu à l'instauration du mandat politique représentatif . Celui-ci met en place une souveraineté déléguée et non une souveraineté véritablement populaire. Le mandat impératif sent tellement la poudre qu'il est même interdit en France.

    Le type de scrutin a aussi donné lieu a débat entre le majoritaire et le proportionnel. Derrière le mode délégataire de la souveraineté le mouvement de démocratisation a cherché à avancer sur deux plans d'une part favoriser la démocratie directe lorsqu'elle était réalisable notamment avec le référendum et d'autre part améliorer le caractère représentatif de la démocratie déléguée.

    Le site officiel de l'Assemblée Nationale (1) est explicite : "La notion de souveraineté déléguée recouvre la situation dans laquelle les gouvernés donnent mandat à des gouvernants, qu'ils élisent, pour agir à leur place, en leur nom et sous leur contrôle." Selon l'article 3 de la Constitution, " la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum ". La souveraineté peut être déléguée : en élisant des députés, le peuple souverain confie un mandat à ses représentants. Le Parlement représente la Nation : la souveraineté est nationale.

    Face à la souveraineté nationale monopolisée par les élites il y a eu plusieurs sortes de démocratisation : celle sociale, celle régionale, celle de genre, celle des résidents étrangers durablement installés sur le territoire. La démocratie sociale voulait une assemblée nationale avec plus d'ouvriers et employés en rapport avec leur nombre dans la population française. L'idée du mouvement ouvrier était de "désembourgeoiser" l'Assemblée nationale et de supprimer le Sénat mconservateur. Le terme "bourgeois", très idéologisé, frappait largement et concernait la petite bourgeoisie libérale : notaires, avocats et médecins. Concernant le Sénat, c'est le monde agricole qui a été critiqué comme couche conservatrice de soutien du capital par des juristes de gauche. Le cas de Maurice Duverger est connu quoiqu'ancien déjà.

    D'autres critiques sont apparues : la présidentialisation du régime parlementaire contre le poids du chef de gouvernement issu de l'assemblée nationale. Le mode d'élection du Président de la République est aussi vivement critiquée. Autre chose encore : l'institutionnalisation d'un Conseil constitutionnel au-dessus de la représentation nationale est aussi perçu comme une forme d'élitisme technico-juridique qui s'oppose au pouvoir populaire. En même temps, la constitution d'un Etat de droit laisse naturellement la place aux spécialistes de la question contre le retour toujours possible des totalitarismes.

    Christian Delarue

    Le site officiel de l'Assemblée Nationale consulté :
    http://www.assemblee-nationale.fr/juniors/parlements.asp


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  • Une critique bienveillante de la "société du mérite" de D Girardot

     

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1718

    Une note, déjà publiée, sur cet ouvrage sera rapportée (à l’exception de son dernier paragraphe) avant d’envisager un complément critique.

    I - Lire la"société du mérite" de D Girardot.

    http://dazibaoueb.fr/article.php?art=23126

    La "société du mérite" (1) sous-titré "Idéologie méritocratique & violence néolibérale" de Dominique GIRARDOT est subdivisé en deux grosses parties : 1) Le mérite à l’œuvre et 2) Le sujet du mérite.

    L’ensemble de l’ouvrage opère une longue déconstruction de l’affirmation frappée du coin du bon sens selon lequel "la récompense ou la reconnaissance doit aller à celles et ceux qui font des efforts et uniquement eux" (pour ne rien dire "en creux" des sanctions humiliantes et méprisantes) . Une autre version de la même idée est venue d’en-haut avec N Sarkozy en 2006 "Tout se mérite, rien n’est acquis, rien n’est donné". On comprend aisément que ce discours de l’effort nécessairement sanctionné soit générateur d’inégalité sociales. Et l’auteur de nous montrer les différents champs d’application : le travail, l’intégration, l’école, le civisme, etc. L’auteur développe son fil critique de l’idéologie méritocratique sur ses rapport avec la dignité due à tous et toutes puis avec la démocratie et le néolibéralisme. La "société du mérite" n’est pas le vecteur d’une société émancipée mais au contraire d’une société profondément clivée qui enrichit les riches et laisse les autres les "bras cassés", les "assistés", les "non intégrés", les "casquettes de travers" dans la culpabilité de leur situation dégradée.

    Le mérite comme clé de voûte et mode de gestion de la société dans et hors travail pose partout la question de la valeur individuelle en terme objectif (tout se mesure de façon précise) et en terme de résultats. La compétition est sévère. La lutte des places n’admet aucun répis. Soyons sans pitié. Il y a un côté sociobiologie ou si vous préférez "darwinisme social" (il ne faut pas aider les faibles) sur fond de monde hobbésien ("l’homme est un loup pour l’homme") dans cette société méritocratique et élitiste. Mais notre professeur de philosophie ne prend pas ce fil d’analyse. Il puise chez Hannah Arendt pour approfondir la question de la banalisation du mal. Car la banalisation du mal se répand. Car les gens ordinaires laissent faire et même acquiescent (reprise du propos de Christophe Dejour ici).

    Dans une société hyper-concurrentielle ou l’Etat social est en voie de décomposition cette valorisation des plus compétitifs et de l’élite ne peut que faire beaucoup de mal. La guerre économique et sociale tue autant que la guerre militaire. Les politiques d’ajustement structurel au Sud puis au Nord sont criminels. Seuls les plus forts survivent.

    II - Complément critique des thèses de D Girardot contre le mérite.

    Nous approuvons pleinement les thèses de cet ouvrage. Le complément critique que nous y ajoutons se veut bienveillant, et en prolongation des thèses de l’auteur.

    A) Hors du mérite, il faut agir, construire.

    Le modèle de l’activité humaine ne serait donc pas celui de "la guerre économique" du secteur hyper concurrentiel qui incite à l’élimination des faibles, des "bras cassés", des "assistés", mais plutôt celui du service public et des entreprises non lucratives.

    1) Eric Fromm : l’homme sain est productif.

    L’hyper compétition et la valorisation des grands travailleurs tend à dégouter et démobiliser les jeunes moins favorisés du travail et même du désir de faire, d’agir pour la société. Eric Fromm psychanalyste et philosophe rappelle que l’homme sain est productif mais simplement, sobrement. Entre la "vie de légume" et l’addiction compulsive au travail qui fait le succès du travaillisme il y a place pour un entre-deux.

    Etre productif signifie produire des biens et services utiles aux humains. Il s’agit d’être tourné vers autrui et de participer aux tâches de construction de la société. Il ne s’agit pas d’être productiviste ni de s’adonner au travaillisme. Etre productif ne signifie pas non plus inscription nécessaire dans le travail salarié et en cas de travail salarié, cela ne signifie pas travail soutenu ou intense. Être productif ce n’est pas le travaillisme ou la productivité ou le rendement machinique. Etre productif peut s’appliquer au sein de l’économie non marchande, dans les service public et avec beaucoup moins de 35 h00 par semaine.

    2) Jean-Marie Brohm : quand la critique du sport n’invalide pas l’activité physique.

    La "sportivisation" du travail et du monde du travail incite a appeler à la barre Jean-Marie Brohm, un critique "féroce" du sport. Mais c’est pour sauver l’activité physique.

    La critique du sport, associé à la compétition et à la performance débouche sur la critique de l’entrainement qui en est le vecteur . L’auteur critique la quantophrénie, la culture de la mesure et du résultat qui aboutie à produire un corps machine. Mais cette critique radicale du sport n’est pas et ne devrait pas être l’excuse à la sédentarité complète. Notre auteur laisse en creux la possibilité et même la nécessité de pratiquer une activité physique non sportive. Hors du sport (nécessairement de compétition) professionnel ou amateur il reste toujours possible et même nécessaire de pratiquer une activité physique : marcher, courir, nager sans compter le temps ou la distance.

    B) Transition : Que faire dans le monde réel des requins ?

    1) Travail et principes républicains : Défendre la qualification et non la compétence.

    La qualification est une compétence reconnue selon un processus neutre. Évoquer le fondement républicain de la qualification signifie une sélection des candidats à un emploi, surtout un emploi public, en fonction d’un diplôme national reconnu comme tel. Cette sélection évite le plus possibles le favoritisme et donc préconise l’usage de l’écrit avec identité cachée. A l’issue de cette sélection, le candidat reçu reçoit une formation d’adaptation à l’emploi. Cette formation comble l’écart entre les connaissances acquises dans la scolarité et les connaissances requises pour la tenue du poste. Il existe bien souvent un troisième niveau de formation à contenu encore plus ciblé venant compléter formation générale initiale avant concours de recrutement et formation technique au poste suite à réussite au concours . Cette formation professionnelle ciblée au plus près des besoins vient renforcer l’expérience acquise après quelques mois de travail sur le nouveau poste.

    2) Revenus et principes républicains : Pour une grille resserrée des revenus.

    Une grille resserrée des revenus combinée à une fiscalité juste permet de vivre dans un monde commun dans une société en cohésion et non avec des "très riches" sur une autre planète. La grille fonctionnelle des emplois selon la qualification doit permettre de réelles évolutions de carrière sans qu’en-haut de la grille les plus qualifiés "en sortent" avec des revenus exorbitants. Un revenu maximal spécifique, différent du revenu maximal global préconisé pour brider l’hyper-classe (donc plus bas) est nécessaire pour les hauts fonctionnaires et les grands élus politiques. Ces deux catégories de personnes ne doivent pas travailler pour s’enrichir (à l’instar des grands entrepreneurs du privé) mais pour satisfaire les besoins sociaux des populations (usagers du service public et citoyens ordinaires). Il importe qu’ils n’aient pas des revenus qui les éloignent de trop des soucis du peuple-classe. Qu’ils puisent vivre aisément (entre 2500 et 4000 euros net par mois) ne fait pas souci mais cela doit être bien distingué de vivre comme un très riche . La différence n’est pas toujours faite. A tort.

    Christian DELARUE

    Le fondement républicain de la qualification.

    http://www.lepost.fr/article/2010/01/28/1911604_le-fondement-republicain-de-la-qualification.html

    Monde commun, écart de revenus , méritocratie, égalité des chances.

    http://www.legrandsoir.info/Monde-commun-ecart-de-revenus-meritocratie-egalite-des-chances.html


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  • H.Kempf, Eva Joly, la bourgeoisie, l'oligarchie et les perspectives.

     

     

     

    version du 3 juin 2011 publiée sur AELP
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1716

     

    Avec Hervé Kempf nous allons aborder une série de notions politiques utiles à la caractérisation du régime politico-économique dans lequel nous vivons. Caractérisation utile aussi à l’élaboration de meilleures perspectives d’émancipation. Pas de "science politique" positiviste et conservatrice ici !

    I - Du césarisme à l’oligarchie.

    Le type de gouvernement de la France de N Sarkozy a pu être qualifié de "césarisme démocratique" (1), une sorte de bonapartisme politique moderne fondé sur le rituel de l’élection. D’une part, les élections démocratiques de type délégataire se transforment en outil de dépossession des citoyens au profit d’une "caste politique" coupée des citoyens mais liée aux puissants et d’autre part le type de l’élection - la présidentielle - favorise une dérive autoritaire des institutions. Il faudrait ici évoquer le rôle des médias, de la publicité, etc. Sur un autre aspect, Nicolas Sarkozy a pu être qualifié aussi de "Président des riches" (titre d’un ouvrage bien connu) pour ses liens étroits avec la bourgeoisie. Cet ensemble caractérisé par le terme de "démocratie libérale" (versus démocratie restreinte et fort poids du marché et des firmes) (2) ou de démocratie délégataire (versus critique de la démocratie représentative) tend à être caractérisé aujourd’hui par le terme d’oligarchie pour marquer une évolution.

    En effet, Hervé Kempf (3) renouvelle l’analyse et met en avant la notion d’oligarchie. La référence à la démocratie s’estompe encore plus pour souligner le gouvernement d’une minorité, une minorité riche. La caste politique est en lien étroit avec le petit monde des banques et de la finance.

    II - Bourgeoisie + caste politique = oligarchie ?

    Hervé Kempf ne définit pas la bourgeoisie à l’instar des Pinçon-Charlot (4) ou des auteurs de "Bourgeoisie : Etat d’une classe dominante" (5). Penser la classe dominante incite à rechercher aussi les couches sociales d’appui qui conforte la domination de la classe dominante. Le capitalisme ayant évolué, a bourgeoisie contemporaine n’est plus seulement la bourgeoisie industrielle de la fin du XIX ème siècle telle que décrite par de nombreux auteurs et reprise par Marx. Il y a une bourgeoisie commerciale qui accumule le profit dans la grande distribution. Il y a la bourgeoisie d’affaire proche de la bourgeoisie financière et rentière elle-même très liée à la classe capitaliste de la production. Et la bourgeoisie nationale côtoie la haute bourgeoisie mondialisée. Surtout, tout ce monde-là est très soucieux de maintenir leur domination sur le peuple-classe et il forme à ce titre la seule vraie classe dise les Pinçon-Charlot car ils sont tout à la fois une classe objective et une classe subjective, très consciente de ses intérêts et privilèges.

    Hervé Kempf, ne parle d’ailleurs pas de classe dominante mais ce qu’il dit de l’oligarchie (dans un entretien avec Eva Jolly) montre qu’il s’en approche fortement. Pour lui, reprenant un point de vue sociologique, l’oligarchie c’est l’actuelle" classe dirigeante, qui mêle pouvoir économique, pouvoir politique, hauts fonctionnaires, dirigeants de grands médias". La "classe dirigeante" n’est pas la classe dominante mais l’oligarchie fusionne la classe dominante à la caste politique. L’oligarchie est globale est domine le peuple-classe. La mal nommée "classe politique" est en fait une caste coupée vers le bas du peuple-classe par les mécanismes de la délégation "démocratique" mais ouverte sur le côté et vers le haut vers les dirigeants administratifs et économiques, vers les grands possédants.

    III - Quel type d’oligarchie ? Une ploutocratie.

    H.Kempf rappelle dans une émission (cf vidéo) les trois types connus d’oligarchie. Ce qui lui permet de souligner que nous sommes en ploutocratie. C’est à dire gouverné par une minorité de riches.

    Face à Eva Jolly, Hervé Kempf poursuit son propos en précisant que "l’oligarchie est un système dans lequel le politique n’est pas le pouvoir essentiel. Il faut mettre l’accent sur le pouvoir économique, par exemple avec la nationalisation des banques". Effectivement, ni les écologistes ni le PS n’ont cette lucidité. Il faut aller plus à gauche pour trouver cette perspective. Pour Hervé Kempf, les "pontes" du PS font aussi partie de l’oligarchie. Qu’est-ce qui distinguait un DSK d’un Sarkozy ? DSK est un économiste très libéral (ainsi que le souligne Gadrey) doublé d’un bourgeois et Sarkozy est un avocat d’affaire "bling bling" et Fouquet’s. Ce n’est pas la Porsche qui fait le bourgeois mais l’ensemble du patrimoine mobilier et immobilier. Cela ramène au projet politique.

    IV - Eva Joly, un néo-capitalisme vert offensif contre le capitalisme morbide ?

    Il est certain qu’Eva Joly et ses amis écologistes entendent faire reculer l’oligarchie "nucléaire", une fraction de l’oligarchie globale. Mais s’ils sont déterminés sur ce plan c’est que l’alternative réside pour eux sur le développement d’un capitalisme vert et propre. Ils entendent s’appuyer sur un patronat national venu du monde rural moindrement impliqué dans la finance et l’appareil d’ Etat. C’est pourquoi on peine à lire chez Eva Joly un programme écologiste qui s’attaque fermement à la classe dominante en se montrant solidaire du peuple-classe. Cette solidarité suppose en effet de défendre les différentes couches sociales en tenant compte de leur position dans la hiérarchie sociale. Cela suppose de défendre et étendre les services publics en passant par des nationalisations. Cela suppose de défendre l’échelle mobile des salaires en pensant que les prolétaires sont nombreux en France. Est-ce possible sans passer par la relance de la production ? Il faudrait ici promouvoir certaines productions contre d’autres en rompant avec les consignes de l’Union européenne et en s’affrontant à une plus large fraction du capital.

    Le volet fiscal suit le volet social : Est-elle d’accord pour voir, comme François Hollande en 2007, les premiers riches (les "petits riches") à 5000 euros brut par mois (soit 4000 euros net) par individu ? Ce qui signifie que ces riches-là doivent réellement participer à la justice fiscale mais aussi et surtout les gros riches au-dessus. Le revenu mensuel élevé est aussi un indice de patrimoine conséquent. Plus au-dessus encore, l’hyper-classe internationale (le 1% tout en haut) doit être amputée de ses revenus par l’instauration d’un revenu maximum. Il parait très élevé chez les écologistes. Mais son existence est un bon signe. Les autres partis de gauche (sauf le PS semble-t-il) l’ont aussi dans leur programme. Reste à avoir la volonté de l’appliquer une fois au commande du pays.

    Christian Delarue

    1) Déconstruire le césarisme démocratique du sarkozysme Christian DELARUE sur contre-feux.com et Marianne.

    http://www.contre-feux.com/politique/sarkozysme-deconstruire-le-cesarisme-democratique.php

    2) Les cercles de l’émancipation par la démocratisation http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article690

    3) Comment en finir avec l’oligarchie, dialogue entre Eva Joly et Hervé Kempf - Présidentielle - Basta !

    http://www.bastamag.net/article1551.html

    mais aussi la vidéo : "La France devient-elle une oligarchie ?" (Hervé Kempf)

    http://www.youtube.com/watch?v=Q3ZLZMdKGKc

    4) Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Le président des riches.

    http://www.legrandsoir.info/Michel-Pincon-et-Monique-Pincon-Charlot-Le-president-des-riches.html

    5) "Bourgeoisie : Etat d’une classe dominante" ouvrage collectif chez Syllepse.

    http://www.myboox.fr/livre/bourgeoisie-etat-d-une-classe-dominante-263743.html


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