• Les ambivalences de la religion et les solidarités nécessaires.

    FSM : Les ambivalences de la religion et les solidarités nécessaires.

    Quelles alliances altermondialistes ?

    Le prochain FSM de 2013 va permettre une rencontre d’altermondialistes membres de divers peuples-classe (1) mais de cultures différentes. Certains venant du nord majoritairement athées et laïques et d’autres du sud avec une culture différente, et d’ailleurs variable, sauf à vouloir les placer au sein d’une configuration unifiée, notamment sous le prisme de la religion.

    Le but de cette rencontre sera le combat altermondialiste contre le néolibéralisme sous toutes ses formes qui in fine réduit l’individu à peu de chose. Mais la lutte solidaire contre la domination néolibérale ne se limite pas aux aspects politiques et économiques. Elle a d’autres aspects plus sociaux et culturels.

    1 - Individu néolibéral, appartenance et religion.

    Il n’y a pas d’individu sans appartenances, lesquelles sont multiples. Chacun et chacune les combinent d’une façon qui lui est propre, dans le cadre des possibles qui lui est donné.

    Le dépassement de l’individu replié sur son égo tel que façonné par le néolibéralisme s’effectue de trois façons (les trois pans d’un triangle) : l’une du côté de la citoyenneté sur le plan démocratique et l’autre du côté de de la solidarité au plan social et enfin du côté de l’ouverture aux problématiques de l’environnement. Ces modes d’ouverture de l’individu sur le monde ne se réalise pas abstraitement mais dans un contexte social et culturel particulier. Si le social dispose d’une forte charge de détermination des attitudes et comportements, il en va de même du culturel . Ici il s’agira des modes de vie dominants s’exprimant quotidiennement : les façons de manger, de se rencontrer, de s’habiller de participer à des rituels socio-culturels divers dont la religion est fortement productrice. C’est ce dernier aspect qui va faire l’objet de ce texte.

    Le phénomène religieux perdure tant au nord qu’au sud au sein des peuples-classe surtout. Il peut peut être instrumentalisé à des fins de soumission des peuples et des individus, surtout les femmes. C’est courant au sein des mouvances intégristes. Il peut aussi servir d’appui pour l’émancipation. Ce point est parfois contesté chez les athées y compris à gauche. Croire en Dieu serait non seulement une illusion (qui est plus qu’une erreur ) mais ce serait d’emblée une aliénation. Mais une ouverture existe au-delà des positions dogmatiques des uns et des autres en fonction des orientations réellement proposées. Le critère est là.

    Au-delà du débat idéologique remarquons qu’il existe dans le mouvement altermondialiste des forces croyantes - chrétiennes - qui se réclament de la théologie de la libération et s’emploie à l’émancipation de leur peuple-classe contre l’impérialisme et contre leur classe dominante. Cela s’est vu notamment en Amérique latine. Un auteur comme Michael LOWY a abondamment étudié ce phénomène. Certes, on a pu dire que ce souci d’émancipation sociale avait ses limites : d’une part par rapport au féminisme notamment celui qui défend l’avortement, d’autre part au plan stratégique pour mener à bien la lutte des travailleurs vers la réussite. Ces objections sont mineures pour certains et rédhibitoires pour d’autres.

    Ce genre de division se retrouve lorsque l’on quitte l’Amérique latine pour d’autres contrées ou l’islam est dominant et même hégémonique. La lutte pour l’émancipation politique (moins d’autoritarisme) et sociale ne s’accompagne pas toujours d’un souci d’égalité homme-femme et d’une réduction de l’emprise du religieux dans la société. Ce qui suscite aussi des débats dans l’altermondialisme.

    Le prochain FSM de 2013 va permettre une rencontre d’altermondialistes de cultures différentes. Un accord est aisément possible en vue d’une solidarité de lutte pour avancer vers
    - un Etat de droit qui reconnaisse les libertés des citoyens. Là-bas et ici il faut sortir de l’arbitraire et de la corruption.
    - un Etat démocratique qui permette une réelle intervention des citoyens dans la vie de la cité
    - un Etat social qui permette la construction de services publics travaillant à la satisfaction des droits et des besoins sociaux
    - une société écologique qui préserve les générations futures. Par contre un accord sera plus difficile sur les droits des femmes et sur la laïcité. Il faudra ici repérer les revendications qui permettent de faire avancer d’un pas net et franc l’émancipation sans vouloir le maximum d’emblée.

    2 - Quel féminisme alter contre l’intégrisme islamique ?

    Christine DELPHY a théorisé l’articulation de l’antiracisme et de l’antisexisme dans "Antiracisme ou antisexisme , un faux dilemme" . Ce texte constitue le dernier chapitre de son livre "Classer, dominer - Qui sont les "autres" ?" (La fabrique 2008). Il est principalement ordonné autour de l’affaire du voile islamique, ce qui réduit la question des rapports entre antiracisme et antisexisme. Cependant la loi d’avril 2004 sur l’interdiction des signes religieux ostensibles a durablement divisé le mouvement féministe. Ses effets se font encore sentir quoique de façon différente depuis la montée en force des courants d’extrême-droite défendant subitement et mensongèrement la laicité et les droit des femmes.

    Le point d’entame du débat pour C Delphy est la prise en compte de la gêne des féministes "silencieuses". Pour C Delphy, il s’agit de féministes ne sachant pas vraiment choisir entre antiracisme et féminisme. Le voile est pour les unes tout à la fois un étendard de la religion et un symbole de la soumission des femmes. Pour les autres il faut distinguer entre un port imposé et un port libre. Par ailleurs, le voile n’est pas le seul marqueur de soumission des femmes.

    Ici C Delphy s’attache à mettre en parallèle l’injonction de se couvrir avec celle de se découvrir. Elle cite d’ailleurs Michèle Dayras qui fut pourtant pro-loi. Mais, peut-on sous l’emploi du terme "injonction" mettre à égalité les dynamique de voilages et celles de mise à nue ? Voilà qui n’apparaît pas certain à bon nombre de féministes. Ou sont les mises à nue ? Dans les viols certes mais surtout - pour ce qui concerne toutes les femmes - au sein des publicités pour l’essentiel, c’est à dire de façon indirecte. On parle alors d’injonction. Mais ces féministes n’hésitent pas à critiquer la publicité, le viol et la prostitution mais elles ne mettent pas ces contraintes ou injonctions (pour une certaine publicité) et ces violences (viol et autres) au même niveau que celles nettement plus directes et autrement plus péremptoires qui concernent le voilage et bien d’autres contraintes. Ici l’injonction se fait obligation ferme. Et la sanction en cas de transgression ne se fait pas attendre. Ce n’est plus une pression diffuse comme l’incitation au maquillage, exemple souvent cité par C Delphy. Le courant de C Delphy riposte en effet sur deux plans : d’une part contre la valorisation de sexualisation de l’apparence féminine et contre la survalorisation de l’imposition du voile ce qui permet d’insister sur le fait que nombre de musulmanes le portent librement. Ce qui est exact. Mais cela n’enlève rien à la force du voilage imposé.

    Pour les autres féministes, le sexisme est partout mais il y a des différences importantes d’intensité niées par le courant Delphy. Il existe à l’évidence toujours un sexisme au nord mais il est moins puissant qu’au sud ou l’autoritarisme religieux se combine à un lourd hyper-patriarcat. Ce qui manque au sud ce sont des législations favorables à l’égalité hommes-femmes car les courants intégristes des religions y ont une forte influence. L’islam féministe d’émancipation est violenté et limité. L’islam réactionnaire freine toute émancipation des femmes en rajoutant une forte dose de sexisme et de sexo-séparatisme. De fait un islam particulièrement autoritaire et réactionnaire - qui ne représente heureusement tout l’islam - se déploie sur deux axes, d’une part contre la démocratie et la laïcité au plan politique et d’autre part contre la liberté des femmes au plan des mœurs. Ce l’on nomme sexo-séparatisme, n’en est que l’aboutissement : l’enfermement au foyer est le pendant de l’enfermement sous voile.

    Christian DELARUE


    votre commentaire
  • L'empilement des appartenances.

     

    L'individualisme n'a pas faire disparaître les sentiment d'appartenance à des groupes humains plus large, que soit en terme géographique ou sociologique. La tendance est même à l'empilement des appartenances. On lit dans cette étude la remarque suivante : "On observe deux grands types d'appartenance : ceux qui s'identifient à un lieu et à une classe sociale et ceux qui s'identifient à un monde et un groupe social défini par l'aisance.

    Mais il n'y a plus d'appartenance déclarée à de grands systèmes sociaux, économiques, religieux, idéologiques, qui expliqueraient les comportements et opinions des individus." Les individus peuvent donc disposer d'un sentiment d'appartenance à un groupe social (ou une classe sociale) ou à un localité mais pas à une conception du monde qu'il s'agisse du socialisme, du nationalisme, du mondialisme ou du néolibéralisme. Ce qui ne signifie pas que ces conceptions soient neutres comme facteur de mobilisation.

    Elles peuvent attirer, servir peu ou prou de point de repère mais pas au point de s'y attacher, d'y cultiver un sentiment d'appartenance. Ce qui peut surprendre c'est le poids de l'appartenance localiste au détriment de l'appartenance nationale et à fortiori continentale (Europe) et mondiale. Ce repli sur le local souvent compris comme échelon inférieur à la région à de quoi interroger les altermondialistes.

    CD

    in Le sentiment d'appartenance Le monde entier ou ma cité ?

    http://www.millenaire3.com/uploads/tx_ressm3/textes_valeursappart.pdf


    votre commentaire
  • Ecosocialisme ou misérabilisme !

     

    Partisan de l'écosocialisme j'approuve le propos de Pierre Rabhi  « La croissance est un problème, pas une solution ». C'est un double problème qui élude non seulement la question écologique mais aussi la question sociale, qui elle-mê se dédouble avec d'une part celle de la production négligée de valeur d'usage via les services publics et les entreprises publiques et d'autre part celle de la distribution des salaires à l'immense majorité des travailleurs salariés (pas à tous, pas aux 5 % d'en-haut sur-rémunérés notamment).

    Quand il dit "Si nous nous y accrochons, ce sera le dépôt de bilan planétaire." Il n'explique pas pourquoi le peuple-classe s'accroche. Il évoque la publicité mais c'est un peu court. C'est étonnant que ceux à qui l'on doit la diffusion du terme productiviste ne parle qu'assez peu de mode de production mais quasi exclusivement de consommation. Ils font d'ailleurs comme si nous passions notre temps dans les magasins ! P Rabhi, homme honorable s'il en est, a le défaut de faire surtout de la morale sur la consommation et l'éducation en négligeant la racine de ce qui construit la société . Il faut bien construire la société, et même tout un chacun(e), sauf les jeunes et les vieux, a le devoir d'y participer à proportion de ses facultés. Ainsi il faut des logement spacieux et pas chers, il faut aussi des moyens de transport accessibles mais aussi écologiques. Il faut des services publics pour le peuple-classe contre  la classe dominante qui n'en veut pas.

    P Rabhi, surtout, globalise beaucoup trop. Son optique humaniste globalisante néglige les clivages de classe. Une gauche écologique authentique doit affirmer que les grands possédants doivent passer d'abord à la sobriété via l'impôt mais aussi par une législation sur l'écart des revenus. C'est élémentaire du point de vue de la justice sociale. C'est un élément de cohésion sociale au sein d'une République qui préconise le "vivre ensemble" et c'est un élément de pédagogie incitative pour la sobriété dans la consommation.

    Il y a quelque chose de choquant de voir des écologistes demander la sobriété à des individus victimes de l'austérité. Ce misérabilisme - se contenter de peu - passe mal chez celles et celles qui ont des fins de mois difficiles, autrement dit les prolétaires. Ils forment quand même 85 à 90 % de la population du pays. Le dernier décile (90%) débute à 2600 euros par mois. Un tel salaire permet face aux marchés de disposer d'un certain confort de vie bien appréciable, sans qu'on puisse parler de riche. Hollande estimait que les premiers riches débutaient à 4000 euros net par mois. Rien à voir avec les grands possédants !

    Contre une vision manichéenne qui voit le nord riche et le sud pauvre il faut répéter qu'il y a du nord au sud et du sud au nord. Il en est de même d'ailleurs du point de vue du pouvoir. Les classes possédantes sont les classes dominantes. Même la Chine n'échappe pas au clivage entre peuple-classe et classe dominante.

    Christian Delarue

    Pierre Rabhi : « Si nous nous accrochons à notre modèle de société, c’est le dépôt de bilan planétaire »

    http://www.bastamag.net/article2370.html


    votre commentaire
  • Faire vivre l'amitié.

    Amitié comme souci d'ouverture vers l'autre et de considération. C Delarue - Amitié entre les peuples
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1721


    votre commentaire