• mardi 21 mars 2006, 10h58

    Un lycée lance une "Journée de la jupe" pour lutter contre les préjugés

    VITRE (AFP) - Un lycée rural vient de lancer en Bretagne la "Journée de la jupe" pour soutenir les jeunes filles qui n'en portent pas par crainte de remarques déplacées de la part des garçons ou des autres adolescentes, et lutter ainsi contre les préjugés."Se mettre en jupe, c'était un défi à relever. Il y a les remarques négatives, les sifflets, les regards qui font mal, voire les insultes", raconte Tifenn, une élève de la classe de 1ère à l'origine de cette initiative.

    La "Journée de la jupe" est programmée pour jeudi dans son établissement, l'institut privé secondaire, supérieur et agricole (Ipssa) d'Etrelles à une
    quarantaine de km à l'est de Rennes. L'idée a déjà fait des émules en Ille-et-Vilaine: le lycée public de Saint-Aubin-du-Cormier prend le relais vendredi, tandis que l'opération a fait ses preuves jeudi dernier à quelques kilomètres de là dans les Ipssa de Vitré et de La Guerche. Quelques garçons s'y sont même mis.

    Environ la moitié des filles avait troqué le pantalon pour la jupe à La Guerche et un tiers à Vitré, alors que les volants se comptent habituellement sur les doigts de la main dans ces deux établissements.

    "C'est beau une fille en jupe. C'est vraiment bête de leur faire des remarques. C'est galère pour elles", lancent à l'unisson les garçons de 1ère d'Etrelles qui travaillent depuis plusieurs semaines sur le projet. "L'idée est née lors d'ateliers sur la sexualité, au cours desquels les filles ont expliqué qu'il était impensable de mettre une jupe", explique Thomas Guiheneuc, de l'association Liberté Couleur qui encadre l'opération.

    Les organisateurs de la Journée espèrent convaincre des établissements plus urbains. Car les préjugés de type "jupe égale fille facile" ne sont pas propres aux lycées de campagne, assure M. Guiheneuc qui a travaillé depuis six ans avec plusieurs établissements de Rennes.

    "La jupe est un symbole. La journée de la jupe, c'est l'occasion d'instaurer une discussion avec et entre les adolescents dont le vocabulaire est de plus en plus cru et influencé par le porno et qui ne se rendent pas compte à quel point ils blessent", explique M. Guiheneuc.

    Le problème ne se limite pas aux sections où les garçons sont majoritaires. "Les filles sont très dures entre elles. Elles se traitent souvent de prostituées", relève Monique Vivien, directrice de l'Ipssa de La Guerche.

    Mais la peur des insultes ne suffit pas à expliquer que la jupe ait déserté les salles de classe."C'est aussi une question de mode, de confort ou de complexes", rappelle une professeur, observant que les jeunes filles sont beaucoup moins hésitantes sur les décolletés, plus à la mode.

    Gardant en mémoire la bataille menée par les femmes il y a quelque quarante ans pour avoir le droit de porter un pantalon, certaines enseignantes ne cachent pas qu'elles auraient préféré un autre vêtement que la jupe pour symbole.


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  • Horya MERKRELOUF et Christian DELARUE 

    Sexisme et jeunes filles immigrées

    Elément pour un débat.

    (notamment à partir d'un échange "MRAP et NPNS" - 2004)



    * Nous refusons de stigmatiser "le garçon arabe"
    en tant que tel et de considérer que la culture dite "arabe" (ce quisuppose une unicité de ladite culture alors qu'elle est traversée par
    diverses idéologies) serait sexiste par essence et les hommes dits"arabes" sexistes" par nature . (cf. "Le scandale des tournantes" de L
    Mucchielli) . Nous savons que la violence sexiste est partout, dans tous les milieux sociaux .


    Pour autant nous pouvons dénoncer comme eux les violences sexistes dans les quartiers pauvres et abandonnés de
    la République. Le fait d'être arabe ou musulman ne saurait être prétexte pour le silence sur ce point (cf. Josette TRAT contre N
    Guénif-Souilamas).




    * Plus particulièrement, nous pouvons être amené à dénoncer une autre pratique de masse à savoir, le contrôle de la sexualité des filles notamment sur le principe de la virginité . C'est ce que fait aussi l'association NPNS . Mais la façon dont nous aurons à faire cette
    dénonciation sera sans doute différente. Ce contrôle se fait sur les filles et pas sur les garçons. Il y a là certes une discrimination
    choquante et critiquable . Mais le fait de l'attribuer à la religion musulmane, voire à la "culture arabe" peut poser problème au MRAP .
    Pour ma part, je refuse de mettre cela sur la "culture arabe", un mot valise trop englobant . L'attribution à la religion musulmane est plus
    correcte mais là encore attention de ne pas la montrer comme unique et faire de cette religion un ensemble réactionnaire par nature . Je
    préconise l'emploi, si besoin est, du terme d'excès réactionnaire du religieux musulman. Il s'agit alors de préciser qu'il existe bien une
    interprétation réactionnaire et sexiste de cette religion ; cette interprétation donne lieu à des normes condamnables . En fait comme de
    nombreuses religions ont adopté une pratique discriminatoire à la fois sexiste et patriarcale. On pourrait à l'occasion le relater.



    * Concernant le fait de l'émancipation des jeunes filles immigrées .

    C'est plus implicitement qu'explicitement que nous approuvons cette émancipation. Elles ne sont jamais évoquées sur nos listes de débat . Ces jeunes filles émancipées des règles sexistes et patriarcales sont pourtant objet de critiques des indigènes" anti bounty " (*). Elles feraient le jeu de la société dominante et cautionnerait le racisme dominant . Rien moins.
    Cette problématique pose questions:
    .Tout d'abord, doit-on considérer que ces jeunes filles émancipées sont totalement en rupture avec LA culture d'origine de leur famille ou
    doit-on plutôt considérer qu'une même famille immigrée est l'objet d'une "culture mixte", non figée. Cela relève du débat de spécialistes
    mais la tendance va vers le mixage des cultures.

    A un niveau intermédiaire remarquons que ces familles n'échappent pas aux débats idéologiques contemporains et que les jeunes filles adoptent de plus en plus des principes et des pratiques d'émancipation. Cela pose certes souvent des problèmes et génère des conflits dans les familles. Nous avons tendance à ignorer ces effets (parce que nous sommes "blancs", (disons plutôt car nous faisons parti de la société dominante).Soit.
    Mais doit-on pour autant rester neutre afin d'éviter la "manipulation raciste", celle qui à l'occasion stigmatise le "garçon arabe" ? Pire, faut-il les nommer "beurettes émancipées" pour mieux les stigmatiser sous l'étiquette de bounty ? Faut-il refuser l'idée de "l'intégration réussie" sous prétexte d'un possible discours assimilationiste/raciste sous jacent ?

    Ne peut-on penser que l'idée de jeunes filles immigrée assumant une identité musulmane positive - lorsque c'est le cas - est plus à défendre qu'à stigmatiser. Ce n'est pas principalement au MRAP de faire cela . Mais par solidarité nous sommes du coté de l'émancipation.

    Christian Delarue -

    * bounty = friandise au chocolat et à la noix de coco, gâteau blanc à l'intérieur et noir à l'extérieur. La formule souligne pour ceux qui en sent une trahison des individus de
    couleurs qui se comportent comme des blancs. Ils sont dit anti-bounty car ils défendent la culture d'origine y compris le port du voile et mêmes les pratiques sexistes plus graves . La défense de la culture d'origine n'est pas critiquable en soi mais dans toute culture des critiques sont à mener et desdroits sont à défendre.


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