• COMMUNAUTARISME :

    ** 

    USAGE VULGAIRE / USAGE SCIENTIFIQUE.
     
    Catherine Kintzler sur l'essai de Julien Landfried : Une ontologisation des différences, (blog Mezetulle)


    Face à la profusion des articles sur le communautarisme abondent, l'idée surgit de distinguer un usage vulgaire d'un usage "savant" disons scientifique. L'usage vulgaire n'est pas nécessairement sans contenu argumentatif mais son objet polémique tend à le réduire à de l'idéologie acritique, dogmatique. Comme le communautarisme fait un retour sur scène publique d'une part avec les usages qu'en a fait Nicolas SARKOZY pendant sa campagne et d'autre part avec la parution du livre de Julien Landfried Contre le communautarisme (Paris : Armand Colin, 2007) il n'est pas sans intérêt de reprendre une nouvelle fois la problématique.

    Catherine Kintzler dans sa note de lecture sur l'essai de Julien Landfried précité : Une ontologisation des différences, (blog Mezetulle, 16 nov. 2007) suscite déjà des questions. Pourtant on y lira des clarifications conceptuelles utiles. A l'instar de Patrick TORT j'essaie de lire un texte scientifique en distinguant le discours de la science du discours de l'idéologie. Est-il scientifique d'affirmer les deux thèses de son introduction : un anti-modèle et un mode de pensée. "Le communautarisme n'est pas un phénomène de mode importé des sociétés où le "lobbying" est une façon de peser sur les décisions politiques: c'est un véritable modèle anti-politique destiné à court-circuiter le modèle républicain et par lequel le clientélisme, supplantant l'assemblée des citoyens et de leurs représentants élus, se substitue à la volonté générale. Au-delà d'un modèle aux antipodes de l'association républicaine (qui ne connaît que des individus souverains) et ouvertement destiné à la détruire, c'est aussi un mode de pensée et une façon de vivre qui s'installent, avec une morale fondée sur le ressentiment dont le ressort principal est la culpabilité". La réponse vient en premier lieu de l'explicitation des concepts de communauté et de communautarisme.

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    Qui parle ? Je ne suis nullement scientifique mais militant (*) donc largement idéologue mais favorable à la diffusion le plus possible d'un esprit critique, d'une pensée dialectique qui voie les mouvements contradictoires agissant derrière les apparences.

    Citons l'auteur:

    Communautés et communautarisme

    Situons d'abord les concepts. Nul ne songe à remettre en cause l'existence, partout répandue, de communautés - sauf lorsqu'elles s'inspirent explicitement de motifs prohibés comme le racisme, l'antisémitisme, etc. Présenter <?xml:namespace prefix = st1 /><st1:PersonName w:st="on" productid="la R←publique">la République</st1:PersonName> française comme un lieu d'uniformisation et de nivellement est profondément faux : toute communauté peut non seulement se former librement mais peut recevoir un statut juridique grâce notamment à la
    loi sur les associations.

    Dire que <st1:PersonName w:st="on" productid="la R←publique">la République</st1:PersonName> française a "persécuté" les langues régionales est également une contre information - on sait peu que ces langues ont largement prospéré sous <st1:PersonName w:st="on" productid="la IIIe R←publique">la IIIe République</st1:PersonName> par le biais d'associations et d'académies locales, et aujourd'hui elles sont enseignées. Cet exemple permet de construire le concept communautarisme : une langue,
    puisqu'elle peut s'enseigner et se transmettre, n'est pas "par nature" réservée à un groupe particulier sur critère d'origine ou de naissance. Si par exemple le corse est enseigné dans des établissements publics, je dois pouvoir, moi qui ne suis pas d'origine corse et qui n'habite pas en Corse, passer une licence de corse et, si mon niveau me le permet, passer un CAPES
    me permettant d'enseigner cette langue, en Corse ou ailleurs. M'interdire de le faire au prétexte que je n'ai pas de "racines", vouloir réserver ces emplois à un groupe particulier, proposer une "corsisation" de certaines fonctions, c'est du communautarisme.

    Ainsi le communautarisme consiste à ériger une "communauté" préalablement constituée comme un fait (et sur des critères souvent discutables) en force politique, en autorité politique dont la fin est d'établir des droits réservés aux membres de ladite "communauté" ou de les exempter de devoirs imposés au reste des citoyens. Avec le communautarisme, c'est bien la
    question de la reconnaissance politique et celle de la déclinaison des droits qui est posée, avec lui, c'est le régime commutatif de l'égalité qui est remis en cause au profit d'un régime distributif d'"équité" - autrement dit de droits différenciés. A l'horizon se profile l'obligation
    d'appartenance, donc l'abandon de celui qui souhaite se détacher de toute communauté et n'être qu'un citoyen, et, avec les appartenances, l'inévitable rivalité qui les met en concurrence. Le communautarisme, non content de river les individus à des groupes, non content de subordonner les droits de l'individu à ceux de la communauté plus ou moins puissante à laquelle il se doit d'appartenir, installe une mosaïque de revendications concurrentes dans laquelle l'intérêt général se perd. La collectivité ne tend plus vers
    l'universel, mais est rabattue vers une multiplicité de "minorités" jalouses qui la divisent et l'opposent à elle-même.

    Fin de citation

    Refuser l'ethnicisation du social n'oblige pas à tout ramener au national.

    Catherine Kintzler : "Quand les classes sociales passent à la trappe, les minorités visibles font leur apparition" - du reste le communautarisme, ici comme ailleurs, fait bon ménage avec les multinationales. Devant des inégalités, susbstituer l'explication ethnique à l'explication sociale (comme cela a été fait lors des émeutes de 2005) est une forme de diversion en même temps qu'une opération de subreption où les rapports structurels entre dominants et dominés sont convertis en rapports ontologiques: dès lors, les luttes sociales sont discréditées, il n'y a plus qu'à s'affronter entre "différences" irréductibles. Il en résulte un escamotage quasi-total des ouvriers et des employés de l'espace politique bien pensant.

    Le peuple n'est pas la nation, le peuple n'est pas non plus les couches sociales « smicardisées »

    Catherine Kintzler : On reconnaît là, avec l'invention de fausses divisions qu'on jette au peuple comme un opium autodestructeur, un archaïsme que l'ouvrage situe parfaitement - le comble est que l'accusation de ringardise vient désormais frapper perpétuellement les classes populaires (les "beaufs"). C'est la réintroduction des "corps intermédiaires" dont <st1:PersonName w:st="on" productid="la R←volution">la Révolution</st1:PersonName> française nous a délivrés. Encore que cette comparaison fasse bien de l'honneur au communautarisme contemporain qui, comme le montre l'auteur, est bien souvent fondé sur des projections fantasmatiques.


    Fin de l'usage scientifique passage à l'usage vulgaire :

    1 Le MRAP ne défend pas des identités fantasmées ou non.


    Le problème est que ces identités sont bien souvent fantasmées. On pense à l'exemple du mariage homosexuel pour ainsi dire jamais réclamé par les prétendus "intéressés", à la très
    grande faiblesse numérique des organisations "antiracistes", à celle des ethnonationalistes corses à peine capables de rassembler quelques centaines de personnes lors des "journées internationales" de Corte. On songe à l'UOIF - organisation islamique supposée la plus populaire - qui ne rassemble que 0,5% des musulmans pratiquants, ou au CRIF qui, dans
    l'hypothèse la plus favorable, ne rassemble qu'un sixième des Juifs de France...

    Réponse : Le MRAP s'est prononcé contre les statistiques ethniques car racistes ce qui montre implicitement mais l'avenir le confirmera qu'il s'engage contre les "discriminations positives" qui est d'après Catherine Kintzler « le chantier le plus fécond de la déconstruction républicaine, puisqu'il s'agit tout simplement de récuser l'égalité des droits au profit d'une stratégie statistique qui nie le corps politique pour lui substituer une représentation destinée à "refléter" une prétendue composition de la population, composition que celle-ci ne définit
    pas elle-même, mais qui lui est fournie par une expertise douteuse qui lui
    échappe.

    2 Le MRAP contre l'antiracisme tribal, contre toutes les formes de racisme

    - Population, peuple ethnique, peuple politique.

    Catherine Kintzler : La notion même de "population", pertinente en sciences humaines, ne l'est pas en politique, laquelle a pour fin de lutter contre les données et les pesanteurs sociales. Suffit-il de former un groupe pour constituer un peuple et n'y a-t-il pas un abîme entre un peuple ethnique et un peuple politique ? Il faudrait tout de même poser la question : en quoi
    puis-je faire confiance à un représentant sur le seul motif qu'il me ressemble ?

    Pourquoi une femme devrait-elle nécessairement mieux se reconnaître dans une femme, un Blanc dans un Blanc, un Noir dans un Noir ? Il y a là une accréditation des différences et une négation de toute circulation du débat politique, autrement dit une négation même de l'objet
    politique, réduit à des cristallisations intangibles, ramené à une tribalisation dont nous ont délivré les fondateurs de la pensée politique classique, Locke et Rousseau.

    - Réponse : Le MRAP pour la citoyenneté des résidents et favorable à plus de diversité

    Le peuple est plus concret que la nation qui elle est abstraite et unifie peuple et bourgeoisie. Le peuple c'est ceux-d'en bas, entendu largement, les dirigés (P TORT), les salariés et les paysans et autres indépendants.. J'ai le même soupçon quand je vois peu de femmes au sommet de la hiérarchie administrative ou de celle des grandes entreprises privées que quand je vois que des blancs parmi les élus.

    <o:p>Christian DELARUE</o:p>

    BE et CA du MRAP

    mercredi 19 décembre 2007 (14h57) :
    <st1:PersonName w:st="on" productid="LA DIVERSITE">LA DIVERSITE</st1:PersonName> : REFLEXIONS SUR UN COMBAT NECESSAIRE MAIS AMBIGU
    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=58112

    Lire la note sur le blog Mezetulle.


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  • FSM 2008 : DE TOUT SANS TABOU

    PARLER AUSSI D'UN NOUVEAU SOCIALISME

    Tribune libre;


    *ACCROCHE* : « FSM 2008 : Altermondialisme : de la résistance au socialisme ! »
    http://www.france.attac.org/spip.php?article8036

    Ce texte reprends pour une part certaines remarques écrites pour défendre les collectifs mixtes individus / organisations (à propos du combat contre le traité simplifié) :
    L'ALTERMONDIALISME ET LES INTERNATIONALES COMMUNISTES ENSEMBLE

    Bellaciao : mardi 8 janvier 2008 (03h15) : *
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=58960

     



    PLUSIEURS DEFIS: D'abord évoquer un autre monde quand nous subissons jour après jour la politique néolibérale de Sarkozy c'est vouloir décoller fortement des questions du présent. Mais les forum peuvent laisser place à divers débats. Ensuite et surtout, il n'est pas évident ni facile d'avancer sur ce nouveau monde que l'on pense à partir des expériences de luttes des socialistes critiques du monde présent et ancien. D'une part, il n'y a pas nécessairement dans les FSM décentralisés des personnes ressources qualifiées pour baliser le terrain . D'autre part le mot même de « socialisme » peut apparaître provocateur, voire repoussant. Il constitue donc un obstacle épistémologique à la pensée critique et dialectique.



    DEBATTRE : Mon propos n'est pas ici « scientifique » mais citoyen, citoyen altermondialiste car toute pratique sociale nouvelle n'est pas en soi altermondialiste c'est à dire débouchant sur un autre monde et que donc il faut débattre de ce qui fait réellement « rupture franche » qui a évoquer une convergence de ruptures partielles. Personne n'a la vérité assurée. Pour autant il faut quand même avancer des hypothèses, des lignes d'orientation qui méritent approfondissements.



    APRES <st1:PersonName w:st="on" productid="LA CRISE">LA CRISE</st1:PersonName> : Pour le dire d'emblée l'autre monde que nous voulons se veut nouveau. Des éléments de l'ancien subsisteront après la crise opérant le passage de l'ancien au nouveau. Nouveau car les rapports sociaux capital / travail, propriétaires/locataires, appareil d'Etat / citoyens devront être largement réduit et transformer de même que les rapports à la nature. Cela est d'une nécessité absolue pour éradiquer les dégâts sociaux et environnementaux. Ce monde nouveau n'est pas abouti, car nous avons ne pas savoir le penser intégralement : il n'est plus capitaliste dominant, il n'est pas socialiste hyper-productiviste mais éco-socialiste. Il construit un développement économe et harmonieux respectueux des humains et de la nature.


    Pour certains altermondialistes, il ne faut pas nier l'existence de différences entre L'altermondialisme et les internationales communistes (<st1:PersonName w:st="on" productid="la III Internationale">la III Internationale</st1:PersonName> de Lénine et <st1:PersonName w:st="on" productid="la IV Internationale">la IV Internationale</st1:PersonName> de Trotski ) mais ils faut aussi mettre l'accent sur les points de convergence possibles, notemment sur l'autre monde nécessaire et possible.



    I – ADMETTRE LES DIFFERENCES ENTRE ALTERMONDIALISME ET INTERNATIONALES COMMUNISTES


    Elles sont visibles au plan de l'organisation comme au plan des contenus.

    A) DES MODELES ORGANISATIONNELS DIFFERENTS


    Les Forum « alter » se veulent un espace horizontal ouvert aux personnes et organisations engagées dans des luttes pour « un autre monde ». Un Forum Social Mondial se veut sans construction pyramidale et même sans leader ce qui suppose une organisation démocratique, l'égalité des participants étant un construit et non un état naturel.

    Reprenons alors la distinction de Raoul JENNAR (1) pour mieux saisir la différence.

    « Par nature, l'altermondialisme est une forme nouvelle d'internationalisme dont la particularité par rapport aux quatre internationales qui l'ont précédé est de ne pas être soumis à un centre qui dicte la pensée et les actes. L'altermondialisme est en soi un rejet de la forme d'action proposée par le léninisme et pratiquée par les deux internationales qui s'en sont réclamés. Les altermondialistes récusent les organisations hiérarchiques pyramidales. Ils fonctionnent en réseaux.

    L'altermondialisme est né d'une convergence : celle d'associations et d'ONG, issues de la société civile - au sens gramschien et non pas anglo-saxon de l'expression - chacune active dans un domaine bien précis (genre, enfance, droits humains, écologie, développement, actions humanitaires,...) et découvrant progressivement qu'elles se heurtent au même mal : la mondialisation, nom donné à la phase présente du développement du capitalisme caractérisée par une dérégulation et une financiarisation à l'échelle de la planète. »



    B) DES NOTIONS FONDATRICES DIFFERENTES MAIS EN DEBAT

    La différence de contenu programmatique saute au yeux d'emblée car la référence au communisme et même au socialisme est marginale. Le marxisme s'il n'est pas rejeté n'est pas la base de tout sur lequel on ajoute un arbre doctrinal qui porte le nom des grandes figures du mouvement ouvrier international : Lénine, Rosa Luxembourg, Gramsci, puis ici Staline, Trotski ou Mao ou autre chose. Dans l'altermondialisme Marx sera évoqué avec beaucoup d'autres penseurs contemporains ou anciens. Par exemple, la sociologie de la domination de Bourdieu y voisine avec la sociologie de la contradiction de Marx. Il en va de même en économie.

    Elle ne s'arrête pas là : L'altermondialisme a pour figure centrale le citoyen qui veut faire valoir ses droits démocratiques et républicains dans le cadre national ou européen voire au plan mondial.

    La classe ouvrière est effacée. Mais derrière l'abstraction des marchés ce que chacun repère ou imagine c'est une « bourgeoisie », une classe sociale dominante qui agit contre le reste de l'humanité (et de la nature). Ce reste de l'humanité pourrait se nommer « le peuple » – comme je l'ai proposé après Patrick TORT (2) – mais le dictionnaire Alter ignore le mot. On y évoque pas les masses mais seulement la nation. Et la nation est un objet conflictuel (3 ).



    II – ...MAIS NE PAS NIER LES POINTS COMMUNS ENTRE ALTERMONDIALISME ET INTERNATIONALES COMMUNISTES




    Il importe d'abord de repérer l'altermondialisme de l'altermondialisation et des mouvements divers qui en sont éloignés plus ou moins. Etape nécessaire pour repérer des points communs entre altermondialisme et internationales communistes (III et IV).


    A) PREALABLE : ALTERMONDIALISATION et ALTERMONDIALISME


    Il faut distinguer les forums, les réseaux et ATTAC.

    - Le risque du réseau et des forum : la pente de l'altermondialisation...


    On pourrait penser que le risque de ce type d'organisation est l'altermondialisation, le mouvementisme sans but unique mais avec de multiples micro-projets voire parfois des pratiques purement individuelles sans actions collectives pour changer les structures. L'altermondialisation est donc le nom d'un processus multiforme de construction d'un monde qui n'est pas radicalement différent de celui-ci. On peut dire que l'altermondialisation veut aménager l'existant, le modifier plus ou moins mais pas en changer les base, notamment pour passer de la propriété privée des moyens de production et d'échange à l'appropriation publique (nationalisations) puis sociales. L'altermondialisation s'en prendra à certains effets du capitalisme sans vouloir remettre en cause la dynamique et les rapports sociaux qui en sont à la racine : la critique portera par exemple contre la concurrence, la « compétition » ou le « consumérisme » sans affronter le cœur de la logique capitaliste.


    En fait, l'altermondialisation milite pour d'autres mondes aux marges du mode de production dominant régulé. Deux choses donc dans l'altermondialisation : d'une part une croyance qu'il est possible de réguler le capitalisme et d'autre part la volonté de construire des archipels de « mondes » plus ou moins dégagés des logiques marchande avec la promotion du seul néosolidarisme, du seul coopérativisme, de la seule économie sociale et solidaire (ESS).


    - ATTAC résolument tourné vers l'altermondialisme


    Mais ce qui s'est déployé dans ATTAC notamment depuis ce qui a été nommé en 2003 « la nouvelle dynamique » et réaffirmé plus encore par la suite avec le Manifeste altermondialiste c'est la volonté de dégager des « ruptures franches » avec le capitalisme dans sa phase actuelle dite néolibérale. « L'altermondialisme milite lui pour un autre monde car « il n'y a pas de fatalité, cette mondialisation n'est qu'un choix politique auquel on peut lui en opposer d'autres, qu'il y a des alternatives et qu'un autre monde est possible. » ainsi que le dit RMJ

    Mon propos ne vise pas à délaisser les forums mais à y intervenir vigoureusement pour y donner un contenu autre que la vente du café équitable !



    B) NOUVEAU MONDE : UNE NOUVELLE PEDAGOGIE DU SOCIALISME ECOLOGIQUE


    1. DISTINGUER LES BUTS ET LES MOYENS*

    Le projet socialiste vise la satisfaction des besoins ce qui diffère de ce qui se fait sous le capitalisme dominant à savoir répondre surtout et principalement à une demande solvable via le(s) marché(s) en vu d'un profit .Le capitalisme subordonne la production de valeurs d'usage à la valorisation marchande, à la réalisation d'une valeur d'échange. Le socialisme se dégage largement de cette subordination. Une "autre démocratie" fait partie des objectifs du projet socialiste.

    Cet objectif du socialisme se réalise d'une part via une large et profonde démocratisation aboutissant à une "autre démocratie" et d'autre part au moyen d'un outil qui permet une distribution égale et rationnelle des biens et services, des accès aux droits sur tout le territoire. Cet outil qui n'est pas que bureaucratie rationnelle se nomme "Etat socialiste" puisque la démocratie économique est mise en place d'une façon impensable sous le capitalisme. Démocratisation et Etat socialiste redistributif sont des moyens important de réalisation des objectifs mais ce ne sont que des outils : Pas de fétichisme de l'Etat socialiste ! Il ne doit être désiré que pour la réalisation de l'alterdémocratie (4) qui est un but quasiment de même niveau que la satisfaction des besoins.


    2. VAINCRE LES TROIS « BETES NOIRES » OBSTACLES A <st1:PersonName w:st="on" productid="LA PENSEE DU">LA PENSEE DU</st1:PersonName> SOCIALISME


    Etat socialiste redistributif et égalitaire signifie-t-il totale planification ? totale nationalisation ? suppression total du marché ? Non. Soupir de soulagement pour celles et ceux pour qui ces termes signifient Léviathan totalitaire. Mais aussi tôt une question surgit : quel est alors cet Etat socialiste? Ne s'agit-t-il pas d'un Etat capitaliste démocratisé et fonctionnant au profit du peuple, du salariat? Non ! Un saut qualitatif très important est nécessaire pour accéder à la satisfaction des besoins et à l'alterdémocratie. De nombreuses ruptures franches avec effets cliquets sont nécessaires et in fine un basculement dans l'autre société avec notamment la planification, de nombreuses nationalisations, et une vaste démarchandisation notamment avec des services publics fonctionnant à partir de leur logique propre mais aussi démarchandisation de la force de travail.

    -

    Pour conclure, débattons bien de tout y compris de ce qui est le moins évident, le plus discutable. Car la lutte sera dure avant comme après la crise. Car crise sociale et politique il y aura ! Parions pour un autre « Mai 68 » avec transcendance des luttes au-delà des frontières et autre débouché en terme de « nouvelle société ».




    Christian DELARUE

    Membre du CA d'ATTAC France


    1 Raoul JENNAR in « L'altermondialisme et les gauches »
    http://wb.attac.be/L-altermondialisme-et-les-gauches.html


    2 Patrick TORT in Le marxisme aujourd'hui

    3 Nation

    ATTAC France n'a pas, je crois, mis à part un socle commun minimal, de positions bien développées sur la Nation. La Nation est le cadre reconnu - sous couvert de profonde démocratisation - pour un projet l'appropriation publique et de façon générale pour l'application des principes de service public partout sur le territoire. Les syndicats - comme l'UGFF CGT par exemple - y sont attachés comme cadre de mission. Mais il y débat par rapport à la citoyenneté des résidents d'origine extracommunautaires tout comme sur le rôle de la Nation comme obstacle à la mondialisation capitaliste. De même l'Etat ne fait pas l'objet d'une conception partagée : capitaliste pour les uns, contradictoire pour d'autres, républicain d'abord pour d'autres encore. Quand à la notion de peuple, plus concrète, plus en contestation des élites ou la classe dirigeante qui se cache derrière la Nation ne figure pas dans le dictionnaire Alter. C'est un manque pour avancer sue la démocratie populaire et économique que j'ai nommé alterdémocratie.

    4 Alterdémocratie sur site ATTAC 35, Bellaciao, ce blog

     

     


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  • L'ALTERMONDIALISME ET LES INTERNATIONALES
    COMMUNISTES ENSEMBLE
    ***
    En défense des collectifs mixtes individus / organisations
    (contre le traité simplifié qui nous remet l'Europe libérale )

    in Bellaciao : mardi 8 janvier 2008 (03h15) : *
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=58960


    Contre le pessimisme de Raoul JENNAR in « L'altermondialisme et les gauches »
    http://wb.attac.be/L-altermondialisme-et-les-gauches.html

     



    La créations des collectifs mixtes individus/organisations syndicales et politiques contre le traité qui nous remet l'Europe libérale relance le débat sur les rapports entre les altermondialistes et les partis politiques de gauche. Les considérations allant contre les collectifs mixtes proviennent souvent des propos de Raoul JENNAR dans son texte « L'altermondialisme et les gauches » que nous allons reprendre.

    A Rennes un tel collectif animé par des « communistes unitaires » et des ex-bovétistes intègre des citoyens et deux organisations : la LCR et ATTAC. Le PCF n'y vient jamais sans rapport de force. Les Verts n'y sont pas. Des PS de « gauche » sont attendus.

    I – LA DIFFERENCE ORGANISATIONNELLE EST REELLE


    Elle a bien été repérée par Raoul JENNAR

    « Par nature, l'altermondialisme est une forme nouvelle d'internationalisme dont la particularité par rapport aux quatre internationales qui l'ont précédé est de ne pas être soumis à un centre qui dicte la pensée et les actes. L'altermondialisme est en soi un rejet de la forme d'action proposée par le léninisme et pratiquée par les deux internationales qui s'en sont réclamés. Les altermondialistes récusent les organisations hiérarchiques pyramidales. Ils fonctionnent en réseaux.

    L'altermondialisme est né d'une convergence : celle d'associations et d'ONG, issues de la société civile - au sens gramschien et non pas anglo-saxon de l'expression - chacune active dans un domaine bien précis (genre, enfance, droits humains, écologie, développement, actions humanitaires,...) et découvrant progressivement qu'elles se heurtent au même mal : la mondialisation, nom donné à la phase présente du développement du capitalisme caractérisée par une dérégulation et une financiarisation à l'échelle de la planète. »

    II – LE CONTENU PROGRAMMATIQUE ALTER EST VARIABLE

    Il faut distinguer les forums, les réseaux et ATTAC .

    - Le risque du réseau et des forum : la pente de l'altermondialisation...

    On pourrait penser que le risque de ce type d'organisation est l'altermondialisation, le mouvementisme sans but unique mais avec de multiples micro-projets. L'altermondialisation est le nom d'un processus de construction d'un monde qui n'est pas radicalement différent de celui-ci. L'altermondialisation veut aménager l'existant, le modifier plus ou moins mais pas en changer les base, notamment pour passer de la propriété privée des moyens de production et d'échange à l'appropriation publique (nationalisations) puis sociales. L'altermondialisation milite pour d'autres mondes aux marges du mode de production dominant régulé. Deux choses donc dans l'altermondialisation : d'une part une croyance qu'il est possible de réguler le capitalisme et d'autre part la volonté de construire des archipels de « mondes » plus ou moins dégagés des logiques marchande avec la promotion du néosolidarisme, du coopérativisme, de l'économie sociale et solidaire.

    - ATTAC résolument tourné vers l'altermondialisme


    Mais ce qui s'est déployé dans ATTAC notamment depuis ce qui a été nommé en 2003 « la nouvelle dynamique » et réaffirmé plus encore par la suite avec le Manifeste altermondialiste c'est la volonté de dégager des « ruptures franches » avec le capitalisme dans sa phase actuelle dite néolibérale. « L'altermondialisme milite lui pour un autre monde car « il n'y a pas de fatalité, cette mondialisation n'est qu'un choix politique auquel on peut lui en opposer d'autres, qu'il y a des alternatives et qu'un autre monde est possible. » ainsi que le dit RMJ

    Mon propos ne vise pas à délaisser les forums mais à y intervenir vigoureusement pour y donner un contenu autre que la vente du café équitable !

    III - UN AUTRE MONDE NECESSAIRE OBLIGE A LA CONVERGENCE de l'altermondialisme et de la gauche non socialibérale (ni PS, ni Verts pâles)

    La définition du contenu programmatique de l'altermondialisme importe au moins autant que son type d'organisation. ATTAC est contre le libéralisme et le social-libéralisme et pour un autre monde mais aussi – et c'est une exigence à part - pour une démocratisation radicale débouchant sur une « autre démocratie ». La démocratisation peut s'opérer de plusieurs façons : on peut puiser dans l'histoire du mouvement ouvrier comme dans les nouveaux mouvements sociaux des outils et des méthodes qui renforcent la démocratie. Les réseaux ne sont pas le nec plus ultra de la démocratie.

    Ce n'est pas la seule raison : les appareils que critiquent justement RMJ sont toujours et ils ont une force puissante soit pour ne rien faire ou freiner une dynamique (ne pas participer aux collectifs quand la pression est insuffisante) soit par leur capacité de mobilisation au regard des citoyens qui ne s'engagent qu'épisodiquement.

    L'expérience de 2005 – victoire du 29 mai- débouche sur celle de 2007 – arrivée au pouvoir de Sarkozy. Mais a-t-on aujourd'hui d'autres choix que de faire converger les appareils et les altermondialistes, qui ne sont d'ailleurs pas que les bovétistes, lesquels doivent d'ailleurs dresser le bilan de leur propre échec, (hors de ce qui provient du PCF et de la LCR !) Il faut donc peser plus que jamais pour l'unité et les convergences. Et maintenant ! La préservation des appareils doit céder tout comme doit céder aussi une certaine vision défaitiste qui ne valorise que des citoyens sans étiquettes. Dans les collectifs on trouve bien souvent des individus et des organisations. L'avenir est à ce type de « collectif mixte » qui met côte à côte les citoyens alter et les partis de gauche PCF LCR et autres.

    -Maintenant !


    Si ce partenariat n'est pas réalisé et dans des temps réduits, le « peuple de gauche » (chômeurs, ouvriers, employés, cadres moyens...) va subir un nouvel échec politique Il ne s'en relèvera pas sans dommages !

    Christian DELARUE
    Altermondialiste
    Membre du CA d'ATTAC France
    Responsable antiraciste (MRAP)

    NB L'objet des collectifs:

    PAS SANS NOUS
    Nous voulons un référendum
    http://www.nousvoulonsunreferendum.eu/images/appel%20nb.pdf

     

     


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  • Tribune libre 

    FSM 2008 : L'ALTERMONDIALISME CONTRE LE RALLYE DAKAR

    C'est avec joie que de nombreux militant(e)s altermondialistes ont appris que le rallye Dakar ne soufflera pas sa 30e bougie cette année ! L'article de Romain AMARO (1) sur le site Bellaciao en témoigne: ce serait "la première bonne nouvelle de l'année" !

    Il n'aura pas lieu pour des raisons de fond mais pour des raisons conjoncturelles de sécurité : c'est uniquement les répercussions de l'assassinat de quatre touristes français en Mauritanie qui AURAIENT commandé l'annulation de l'édition 2008 du Paris-Dakar.

    Si nous déclarons constamment notre condamnation du terrorisme comme moyen d'établir le droit de vivre dignement et la fin des inégalités contre la logique du profit nous affirmons aussi que ces rallyes sont odieux : ils charrient tout ce qui nous révulse en termes de mépris multiples :

    - mépris des peuples, car les populations n'ont évidemment jamais été sollicitées pour un tel déferlement de machines, car si le profit est juteux pour les organisateurs nous ne voyons pas les retombées positives pour les populations pauvres de cette région du monde, alors que les nuisances elles sont réelles. Avec cette débauche de fric et de jouets couteux (les 4X4) devant la misère ce sont bien les riches qui viennent scandaleusement s'amuser devant les pauvres.

    - mépris de la vie, - car il y a cette apologie paroxistique de la « bagnole » qui va au-delà de ce gout morbide pour ce qui est froid et mécanique pour aller jusqu'au laisser faire criminel avec les multiples accidents occasionnés par les passages des bolides dans les villages ou près de ceux-ci. - car si le profit est juteux pour les organisateurs nous ne voyons pas les retombées positives pour les populations pauvres de cette région du monde, alors que les nuisances elles sont réelles. Avec cette débauche de fric et de jouets couteux (les 4X4) devant la misère ce sont bien les riches qui viennent s'amuser devant les pauvres.

    - mépris écologique car ces engins sont polluants mais aussi très consommateurs de pétrole.

    Face à tous ces maux, il importe de stopper ces "rallyes de la honte".

    Une pétition est ouverte sur le site

    http://www.stop-rallyedakar.com

    1) Le Dakar ne soufflera pas sa 30e bougie cette année ! de Romain AMARO

    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=58776


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