• LES BLASPHEMATEURS SONT-ILS DES MECREANTS NON TOLERABLES?



    La question du blasphème resurgit à propos de "l'injure à la religion" (sic) . Voici la phrase à contenu blasphématoire : "Le "saint Coran" comme la "sainte Bible" ne sont que des choses qui ne valent pas plus qu'une crotte ! Par confort, il faut juste éviter de marcher dessus ! .." (1) Point de faux-fuyant, ce n'est pas ici le contenu du texte qui est en cause mais sa caractérisation qui suscite le blasphème : à savoir sa "sainteté" ou son caractère "sacré ".

    Dans un monde laïcisé et libéral (tolérant) l'injure comme la diffamation s'adresse aux humains pas aux divinités. En ce sens l'expression "injure à la religion" est un abus de langage. Mais les religieux ne l'entendent pas de la sorte . Les religieux dominants surtout car une parole (ou un acte) n'est pas blasphématoire dans l'absolu. Son caractère blasphématoire et la gravité de ce blasphème ne peuvent être évalués que par rapport à ce que défend une religion, dans le contexte particulier où elle est posée, et suivant la manière dont elle est interprétée comme une agression par les croyants offensés. Blasphème et tolérance : « Deux poids, deux mesures » .

    Cependant on se saurait invoquer la tolérance que dans un seul sens, celui de la protection des religions voire de la religion dominante (comme en Angleterre ou seul l'anglicanisme est protégé du blasphème). Et n'oublions pas que Jean-Marc ROUBAUD avait proposé en 2006 une loi visant à interdire les propos et les actes injurieux contre toutes les religions en France . Le député UMP voulait remettre au goût du jour la loi sur «le délit de blasphème», abolie en 1791 sauf pour l'Alsace-Loraine ou il est toujours interdit . Tout cela oblige à rappeler que chacun bénéficie de la liberté religieuse, mais cette liberté n'implique aucunement le droit de ne pas être choqué (heurté, inquiété) dans sa foi ou ses croyances. Après tout les agnostiques et les athées peuvent aussi être « choqués » par le mépris de leurs idéaux, la dépréciation de leurs valeurs sans que cela soit sanctionné comme blasphème, injure ou diffamation.



    I - LE MECREANT ET LE BLASPHEME, LE SACRE ET LE SAINT.




    Lorsqu'une institution dit ceci (tel Dieu, tel Livre, tel Objet...) est sacré ou saint il signifie ceci est supérieur aux hommes vous devez respecter et même vénérer cette supériorité. Libre à chacun de vénérer comme saint ou sacré quoi que ce soit ! Mais le blasphème est le pendant de la diffusion mondiale du sacré au-dessus des humains.



    - Blasphème, injure, diffamation.


    Le blasphème dès lors qu'il se contente de rétablir l'égalité humaine en maintenant le respect humain du à tous n'est pas condamnable, bien au contraire . Car par définition, me semble-t-il, il ne peut que s'en tenir à ce rétablissement puisqu'on on ne blasphème pas les humains : cela s'appelle alors l'injure. La diffamation est autre chose encore. Mais là encore la diffamation s'adresse aux personnes pas aux croyances ou aux fétiches.



    - Le blasphème comme enlèvement de la majuscule au fétiche.


    En fait le blasphème se résume à l'enlèvement de la majuscule . Il défétichise. Il met les dieux et même toutes les abstractions avec une minuscule . En rabaissant le sacré il fait d'une pierre deux coup car il rétablit l'humain, il le relève alors qu'il était agenouillé. Le blasphème authentique est une arme autolimitée par nature :il a uniquement une portée défensive du respect humain dans ce qui fait l'égalité tous les humains . A l'instar de la laïcité il opère quoique différemment une avancée de l'humanité pour le maintien de la paix et de l'égalité.




    II - LE SACRE ET LE PROFANE HISTORIQUE : que font les hommes du sacré ? : de la violence symbolique à la guerre.




    La tendance des institutions gestionnaires d'un sacré - les appareils religieux pour l'essentiel - est à minima de procéder continûment à un travail doctrinal et de prosélytisme, un travail qui ne se limitent pas "à l'interne", aux seules adeptes. En effet cette lutte idéologique tend fortement - et parfois au travers de pratiques sociales bienfaitrices - à l'imposition d'un contenu normatif.

    Ce n'est que la tendance bénigne - ce qui ne signifie pas anodine - de ces appareils qui historiquement sont allés beaucoup plus loin en employant une forme très maligne : la guerre. La guerre n'est évidemment pas le propre des religions mais les religions ont été et sont encore bien souvent l'ingrédient majeur des guerres contemporaines (à défaut d'en être le déterminant causal) .

    De cette racine historique pesante on ne saurait aujourd'hui confondre les deux tendances, d'autant que chaque religion peut manifester une diversité d'interprétation. Mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt et la diversité d'interprétation qui donne place à des courants progressistes ne doit pas cacher les tendances réactionnaires qui perdurent massivement.



    Christian DELARUE
    Responsable national antiraciste

    1) commentaire sous *Fitna : juste un clip con ?*

    Le sécrétaire général de l'OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, a ajouté que le film a diffamé et a dénigré "le saint Coran" (1).

    Eh bien sans la partie finale de Fitna (2) qui donne effet d'attribution raciste de sa charge à tous les musulmans, il n'y aurait pas diffamation mais blasphème car la diffamation s'applique aux humains pas aux choses . Le "saint Coran" comme la Bible ne sont que des choses qui ne valent pas plus qu'une crotte ! Par confort, il faut juste éviter de marcher dessus !

    in "L'OCI condamne le film anti musulman « Fitna » « dans termes les plus vigoureux»

    <HTTP: index.php%c2%a0?action="article&numero=18266" www.alterinfo.net=""></HTTP:>

    2) FITNA, un film islamophobe, anti-musulmans

    http://www.bellaciao.org/fr/spip.ph... <HTTP: spip.php?article64146="" fr="" www.bellaciao.org=""></HTTP:>

    Fitna : juste un clip con ?
    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article64198


    Peut-on être condamné pour "délit de blasphème" ?- La laïcité à l'usage des éducateurs
    http://www.laicite-educateurs.org/article.php3?id_article=14

    Il arrive que des croyants se posent la question :

    Comment et pourquoi la religion, dont le but ultime se veut pourtant être l'épanouissement de l'homme le plus élevé et le plus complet, aboutit-elle aussi souvent à sa destruction et à sa souffrance ? Quelle explication ou quelle analyse peut-on donner de ce phénomène aberrant, insupportable ?
    http://www.ict-toulouse.asso.fr/istr/site/039.html

    Liberté d'expression blasphème racisme : essai d'analyse philosophique et comparée

    http://www.philodroit.be/IMG/pdf/WP-2007-1-GHaarscher.pdf

     


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