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    N Sarkozy & B Apparu : Un nouveau pacte entre République et Islam ?

    C'est là un sujet explosif qui nous éloigne des préoccupations ordinaires de beaucoup de personnes qui portent sur de meilleures conditions de travail, de logement, de vie en général.

    Face à l'islam des rues ou l'islam des caves les politiques sentent qu'ils doivent agir. Ils ne le font pas pour les mêmes raisons. Certains veulent séculariser l'islam (entendez le privatiser, le "cacher") et l'intégrer (le conformer à une conception donnée de la communauté nationale), d'autres veulent simplement favoriser une pratique religieuse digne pour les musulmans . Du coup ce nouveau pacte n'a pas la même configuration selon les acteurs. Certains font du clientélisme auprès des religieux pour proposer des fonds sans contrepartie aucune pour la construction de mosquée, un peu comme l'Etat l'a fait pour "sauver les banques" . D'autres pensent à un vrai pacte républicain mais le contenu en est différent selon les profils.

    Quel est ce pacte ? Ce nouveau pacte semble devoir se construire à partir d'une proposition qui voit l'Etat débloquer des fonds publics pour la construction de mosquées en France mais ou en contrepartie il contrôlerait, pour partie variable, l'usage religieux de ces lieux de culte. Tout est dans le "pour partie". Concrètement on trouve aujourd'hui d'une part la proposition de Benoist Apparu et d'autre part les annonces de N Sarkozy en faveur d'un "Islam de France", distinct d'un Islam en France.

    Ce pacte modifierait-il la laïcité en France. C'est ce qui est en tout cas annoncé. B Apparu entend modifier la loi de 1905 sur la laïcité. Question : était-ce nécessaire ? Il semble que oui. Jean Bauberot aime à rappeler que "La loi de 1905 n'a pas empêché la construction de la Mosquée de Paris sur fonds publics, en 1926". C'est l'article 1 de la loi de 1905 qui entend "garantir le libre exercice des cultes" qui est interpété de façon extensive à partir du terme "garantir". Car garantir c'est effectivement plus que respecter. Cela va jusqu'à prendre les dispositions nécessaires pour assurer son bon fonctionnement. Mais jusqu'ou peux-t-on pousser l'interprétation ? Jusqu'à parler de financement public massif de lieux de culte ? On peut en douter. Cependant, malgré la loi de séparation de 1905, l'Etat subventionne indirectement églises, mosquées, temples ou synagogues. Lire 1.  Alors qu'en penser ? S'agit-il d'une loi constamment tirée vers la non séparation ? Pas simple ! Un débat est ici pointé et (un peu) balisé mais non tranché .

    Christian DELARUE

    B. Apparu veut autoriser la construction de mosquées avec l'argent public

    http://www.rmc.fr/editorial/148528/b-apparu-veut-autoriser-la-construction-de-mosquees-avec-largent-public/

    Comment est financée la construction des lieux de culte ?


    http://www.rue89.com/explicateur/2010/12/22/comment-est-financee-la-construction-des-lieux-de-culte-181999

     



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  • REGIME DE TOLERANCE OU L’AFFRONTEMENT DES EXPRESSIONS.

    La tolérance se comprend comme régime d’affrontement de l’expression des " consciences " qui suit historiquement celui de la censure et de l’intolérance. La laïcité est venue circonscrire ce champs de tolérance mais pas l’annuler. La laïcité opère séparation pas neutralité généralisée. Des lois sont venus limiter la liberté d’expression, celle de la parole raciste notemment.

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    Avec la Révolution française la liberté de conscience est sortie gagnante de siècles d’intolérance. L’intolérance venait de la religion catholique. Elle n’autorisait pas la liberté de conscience. Elle tolérait parfois tel ou tel acte mais dans un monde d’intolérance. Un peu comme dans certains Etats musulmans aujourd’hui.

    Durant le XIX ème siècle les combats ont perduré. La liberté des conscience a libéré les affrontements. Mais le poids énorme de l’Eglise ajouté à l’inexistence de la laïcité il ne faisait toujours pas bon de se déclarer protestant ou athée. La tolérance en version conflictuelle s’est néanmoins affirmée en France et dans d’autres pays. Mais il a fallu aller plus loin que la tolérance pour contenir l’emprise de la religion alors quasiment unique et sans concurrence. Les premiers pas de la laïcité furent posés vers 1880. Mais le changement qualitatif ne fût franchi qu’en décembre 1905 . Il se nomme laïcité.

    La laïcité n’a pas évacué pour autant la question de la tolérance. Elle a posé un champs de neutralité ou la religion n’avait plus son mot à dire mais elle a laissé libre la dispute des consciences et des croyances dans la société civile. Dans ce champ social la tolérance était la règle et la bataille continuait.

    Il faut à ce stade bien mesurer ce qu’est le régime de tolérance par rapport à l’état antérieur d’intolérance.

    La liberté de conscience est un droit alors que la tolérance n’est qu’une concession (1). Au tribunal de la conscience aujourd’hui personne ne siège. La religion n’est plus monopolistique pour imposer la bonne façon de penser et de se comporter. Non seulement elle a cédé à la configuration sociale globale faite de relativisation et de doute radical mais de plus avec la mondialisation les individus ont peu à peu découvert une offre pluriel de dieux, donc plusieurs religions. Chacune dispose de ses rituels de ses gourous (masculins en général). Dans les grandes métropoles, le client en mal de consolation choisit son dieu sur un marché hétéroclite ou les sectes croisent les grandes religions.

    La tolérance fonctionne comme pluralité des consciences agnostiques ou athées et des croyances religieuses dans la société civile mais pas au sein de l’Etat et de ses appareils . Cette pluralité conflictuelle admet le blasphème face à l’emprise du sacré religieux. Au sein de l’Etat, dans les bâtiment publics et dans la fonction publique la neutralité religieuse s’impose. Les signes discrets religieux sont interdits, ce qui produit une pacification qui annule la fonction de la tolérance d’affrontement des consciences . Le blasphème y devient rare car inutile.

    La tolérance suppose en effet non la neutralité mais la concurrence et le conflit entre les opinions affichées. Au sein de l’Etat la neutralité par retrait du religieux assure la paix mais dans la société civile c’est le rapport de force qui exprime ce qu’est le régime de tolérance. Ce n’est donc pas un long fleuve tranquille. Cette observation-là doit venir enrichir la formule sartrienne " Réaliser la tolérance autour d’autrui, c’est faire qu’autrui soit jeter de force dans un monde tolérant. C’est lui ôter par principe ces libres possibilités de résistances courageuses, de persévérance, d’affirmation de soi qu’il eût eu l’occasion de développer dans un monde d’intolérance" (2 ) .

    Retenons que si un monde de tolérance ne signifie pas long fleuve tranquille - puisque la critique perdure ainsi que le blasphème face à certaines expressions religieuses - il faut bien garder à l’esprit qu’un monde d’intolérance est bien pire encore. Un monde d’intolérance est invivable puisqu’on y traque les mauvaises pensées et les écrits jugés illégitimes par les clercs de la religion. Et les sanctions y sont en général sévères. Par opposition, un monde de tolérance pratiquera à défaut de critiques, la distance, la fuite de la rencontre d’autrui ; le blasphème sera l’exception en particulier lorsque l’on ne peut faire autrement pour se dégager d’un sacré lourd et envahissant (3 ).

    A l’opposée, l’idée de laïcité suppose la suspension du conflit des croyances, du moins dans le champ dégagé de l’emprise de la religion ie l’Etat. C’est cette conception de pacification qui a été préconisée pour l’école avec la loi du 15 mars 2004 qui autorise les signes discrets mais pas les signes ostensibles. C’est là une avancée inestimable qui ne saurait être étendu à d’autres champs sociaux comme celui du travail privé et ce malgré les problèmes remarqués.

    Passons très brièvement à une autre évolution plus récente. Avec Herbert Marcuse (4) l’idée va s’affirmer que certains propos sont intolérables. La liberté ne saurait cautionner l’oppression. En ce sens un mouvement de conscience spécifique s’est affirmer pour condamner en France en 1972 le propos raciste comme opinion licite. D’un pays à l’autre les lois peuvent changer mais il demeure que certaines stigmatisations sont qualifiées de délits et sont sanctionnées pénalement.

    Christian Delarue Le "carré républicain" : Liberté, Egalité, Adelphité, Laïcité

    http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/le-carre-republicain-liberte-64065

    1. Ces quelques lignes prennent ici ou là des propose de Patrick Thierry sur La tolérance, société démocratique, opinions, vices et vertus.

    2. Jean-Paul Sartre in L’être et le néant p 460

    3. Diffamation de la religion ou le blasphème complément de la laicité.

    4. Herbert Marcuse in Répressive Tolérance . A critique of pure tolérance


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  • Laïcité d’équilibration en France : Entre liberté de croyance et liberté de religion.

    Texte repris le 31 janvier 2010

    Nous avons deux concepts en opposition qui ne sont pas pleinement satisfaisants : l’un la liberté de croyance peut apparaitre comme minimaliste, insuffisante, alors que l’autre, la liberté de religion peut apparaitre comme maximaliste, ouvrant droit à des excès. Si cette hypothèse se vérifie cela signifie que la première liberté parait un infra-droit humain alors que l’autre serait un droit-privilège, un droit qui excède les droits proprement humain.

    Ce texte centré sur la distinction liberté de croyance - liberté de religion ne fait aucun développement sur la liberté de conscience plus générale qui pourtant figure dans les grands textes juridiques des droits humains et en bonne place. C’est d’ailleurs heureux pour les agnostiques et les athées. La liberté de conscience englobe croyance religieuse et convictions athées, non religieuses. La liberté de conscience est une liberté individuelle, la liberté des cultes est une liberté collective. Mutatis mutandis, la liberté de croyance est de même une liberté individuelle et la liberté de religion une liberté collective.

    On connait un certain nombre de droits qui peuvent connaitre une dérive "dominatrice". Le droit d’entreprendre peut aboutir à défendre l’entreprise comme entité globale abstraite au-dessus des humains qui la constituent. Le droit de propriété peut aboutir à préférer la défense de la chose plus que la défense de l’humain. C’est pourquoi nombre de droits humains posés comme absolu aux XIX ème siècle ont connu des limitations par la suite.

    **

    I - Du droit international au droit national

    Un premier examen des grands textes montre une contradiction relative qui tombe avec un second.

    A) Trois grands textes juridiques posent des droits différents.

    La liberté de croyance est défendu dans la Constitution française de 1958 alors que la liberté de religion est défendue par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 et la Convention européenne des Droits de l’homme de 1950 ;

    - La DUDH défend la liberté de religion en son article 18. "Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion (1) ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites."

    La CEDH - Convention européenne des Droits de l’homme - de 1950, dit en son article 9 : " Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Elle reprend donc le même début de phrase que la DUDH art 18. L’art 9 poursuit : Ce droit implique… la liberté de manifester sa religion individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites ".

    - Dans l’article 1 de la Constitution française de 1958, il est stipulé que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »

    B) Comment se fait-il que la Constitution française ait posé une règle inférieure à la DUDH et moindrement à la CEDH ?

    La Constitution parle de croyance et non de religion, une notion plus extensive.

    * Arguments de fond : La DUDH fait apparaitre une conception extensive, maximale, de la liberté de conscience en défendant aussi la liberté de religion. Mais la laïcité n’est pas évoquée dans ce texte. Au plan international, de nombreux Etats non seulement ne veulent pas entendre parler de laïcité mais de plus veulent interdire le blasphème dans la société civile.

    Cette conception extensive laisse libre toutes les formes d’expression organisée de la croyance religieuse (2) tant dans la société civile que dans la société politique, à savoir l’Etat et ses appareils administratifs. Dans les Etats laïques "la bataille des libertés" est circonscrite à la société civile qui permet le blasphème mais interdit le racisme.

    * Argument de droit : La DUDH, dans son article 29 alinéa 2. Ce dernier autorise les Etats à voter, dans un cadre démocratique, des restrictions aux droits donnés par la DUDH "exclusivement en vue d’assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d’autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l’ordre public et du bien-être général dans une société démocratique."

    S’agissant de la CEDH, Jean Boussinesq dans Union Rationaliste précise que "cette convention, qui a force de loi en France, n’ajoute rien à ce que disaient les lois françaises, mais elle est explicite".

    Il précise encore que les débats au Parlement et la jurisprudence ultérieure montrent que par " cultes " il ne faut pas entendre seulement les cérémonies cultuelles, mais que ce terme est pratiquement équivalent de ceux de " religion ", de " confession ". Cet auteur reconnait donc que le terme culte est trop étroit. Le terme religion outre le coté religare - être relié à un divin, surnaturel - comporte aussi et surtout un volet organisationnel et matériel et même une activité.

    A partir de cette disposition, la France a institué un régime original qui a pour thème : laïcité et voie moyenne entre liberté de croyance et liberté de religion.

    * *

    II - La conception française tend vers l’équilibration des droits et libertés entre croyance et expression de la croyance.

    Equilibration car cette conception protège d’une trop forte emprise du religieux par "en-haut" ou par "en-bas" mais donne néanmoins des droits réels d’expression aux religions.

    A ) La Constitution française défend, outre la liberté de croyance, la laïcité.

    La constitution défend la liberté de croyance, pas plus. Elle défend aussi la laicité. En conséquence, la liberté de religion ne s’applique pas dans la fonction publique même avec des signes discrets. Ici la neutralité totale est de rigueur du bas de la hiérarchie à son sommet.

    La République française applique ici une orientation qui a ses racines depuis 1880 mais surtout depuis la loi du 9 décembre 1905. La liberté de religion se déploie par contre dans la société civile. L’emprise du religieux par "en-bas" reste possible, ce qui est source de conflits, les religions étant naturellement prosélytes.

    B) Les lois du 9 décembre 1905 et du 15 mars 2004 forment un compromis qui va plus loin que la Constitution de 1958.

    * Article 1 loi de 1905 : "La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public". Le libre exercice des cultes est donc reconnu mais n’est pas absolu. La liberté de conscience - croyance ou non croyance - est elle assurée absolument, y compris dans l’appareil d’Etat.

    * La protection de la « croyance » mais non de « religion » a aussi permis à la France de légiférer, par la loi du 15 mars 2004, interdisant les signes religieux ostensibles à l’école. L’école a pour particularité d’être fréquenté par des jeunes qui doivent être protégés de la "bataille des convictions" qui animent la société civile. Cette disposition permet de diminuer l’usage du blasphème face à l’affichage ostensible.

    Aspect philosophique : Cette loi montre implicitement une philosophie de l’équilibration, de la "tolérance réciproque", dans la mesure ou les signes religieux discrets sont autorisés à l’école mais pas les signes ostensibles. On a la un modèle de tolérance réciproque.

    Aspect juridique : C’est une loi de complément de la Constitution de 1958 et de sa seule liberté de croyance . Elle s’inscrit à la suite de la conception de la laïcité de 1905 telle que formalisée en son article 1 précité qui pose un droit de culte non absolu.

    **

    La liberté de croyance (partie de la liberté de conscience) possède son prolongement sous forme de signes extérieurs autorisés (ceux discrets). La liberté de croyance possède donc bien un droit d’expression. Il y a donc bien reconnaissance d’une certaine liberté de religion mais une liberté mesurée, non excessive, pacificatrice et pacifiée. Cela évite l’emprise du religieux à l’école. Ailleurs la bataille règne. Le blasphème est alors le complément de la laïcité. Le blasphème remplace la loi d’équilibration telle que posée pour l’école.

    Christian Delarue

    1) “Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion... Les tous premiers mots de l’article 18 DUDH indique une progressivité mais avec un saut qualitatif. La liberté de pensée et de conscience porte sur la liberté de conviction en général alors que la liberté de religion indique une liaison au divin.

    Avec le troisième terme il y a un double saut qualitatif.

    D’une part il s’agit d’une conscience particulière, à savoir une croyance divine, surnaturelle, transcendante puisque le mot “religion” vient de religare, verbe latin qui signifie relier et d’autre part une croyance particulière organisée. L’aspect matériel - l’activité religieuse organisée - est très important .

    Il distingue la religion de la simple dimension spirituelle qui relie l’individu à une transcendance . Un matérialiste n’est pas nécessairement dépourvu de toute conscience spirituelle ne serait-ce qu’à travers l’expérience amoureuse pour autant il ne s’agit pas de religion. Il n’est pas accroché à un Dieu mais à du sens. Et il ne participe pas à une machine de promotion d’un surnaturel.

    Car c’est le point important : pas de véritable religion sans appareil avec ses cadres, ses croyants de base, un budget, des bâtiments, une doctrine partagée qui décline sa "différence dogmatique"

    2) La religion au sens de manifestation organisée de la croyance signifie :

    * Le droit de pratiquer un culte et de tenir des réunions se rapportant à une religion ou à une conviction et d’établir et d’entretenir des lieux à ces fins ; * Le droit de fonder et d’entretenir des institutions charitables ou humanitaires appropriées ; * Le droit de confectionner, d’acquérir et d’utiliser, les objets et le matériel requis par les rites ou les usages d’une religion ou d’une conviction ; * Le droit d’écrire, d’imprimer et de diffuser des publications sur ces sujets ; * Le droit d’enseigner une religion ou une conviction dans les lieux convenant à cette fin ; * Le droit de solliciter et de recevoir des contributions volontaires, financières et autres, de particuliers et d’institutions ; * Le droit de former, de nommer, d’élire ou de désigner par succession les dirigeants appropriés, conformément aux besoins et aux normes de toute religion ou conviction ; * Le droit d’observer les jours de repos et de célébrer les fêtes et cérémonies conformément aux préceptes de sa religion ou de sa conviction ; * Le droit d’établir et de maintenir des communications avec des individus et des communautés en matière de religion ou de conviction aux niveaux national et international.


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  • Sur islam et laicité :

    Cinq ans après, retour sur le rapport de 2003 de la CNCDH (Islam en France)
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article300

     



    A propos de l'Avis de la CNCDH du 12 juin 2008
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article304


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  • LA LAICISATION DU MONDE :

    UNE PERSPECTIVE POUR LE XXI ème SIECLE.

    par Christian DELARUE

     

    vendredi 18 juillet 2008

    sur Amitié entre les peuples

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article222 


    Dans certains cercles de gauche ou altermondialistes on évoque de plus en plus l'idée d'un socialisme du XXI ème siècle. Un socialisme nécessairement mondialisé et nécessairement porteur d'un alterdéveloppement remède aux dégâts écologique d'un capitalisme incapable de s'autolimiter. Parallèlement à cette perspective l'idée de promouvoir laïcité et droits des femmes se renforce. Une telle promotion doit s'effectuer de la façon la plus pacifique mais en répondant fermement à la fois la vision conquérante de la nation musulmane à étendre (point 2) et à son opposé venu des USA et nommé "choc des civilisations".

    1) La laïcité, comme processus et rapport de force.

    En effet, face au "retour du religieux" pas nécessairement problématique mais parfois par trop excessif il importe d'enclencher au niveau mondial un processus de laïcisation (1) et de promouvoir la laïcité comme valeur universelle comme cadre de cohabitation pacifique donc souhaitable partout dans le monde, comme espace commun pour tous et toutes. En effet "la laïcité permet à tous les individus d'un pays, qu'ils croient au ciel ou qu'ils n'y croient pas, qu'ils fassent partie d'une institution religieuse ou pas, qu'ils pratiquent ou non une religion ou qu'ils se réfèrent à une spiritualité ou une philosophie particulière ou à aucune, de participer en citoyens à la vie publique, à égalité de droits et de devoirs. Elle se caractérise par un double refus : celui d'un athéisme (ou d'une autre philosophie) d'État et celui de toute religion officielle et/ou exclusive. Ainsi comprise, la laïcité n'est l'apanage d'aucun groupe, d'aucun état, d'aucune culture."(2) Le principe de laïcité est en corrélation avec un exercice des droits civils et politiques totalement déconnectés de toute appartenance religieuse, philosophique et culturelle

    Pour enclencher cette laïcisation, il ne s'agit pas d'imposer la laïcité aux pays dominés par l'impérialisme mais d'avancer progressivement partout ou c'est possible et en fonction des situations "régionales". Ce n'est pas chose simple. Il convient sans doute de mieux intégrer les principes de laïcité dans les grandes déclaration des droits de niveau mondial ou sa place est dès plus restreinte . Certes ce ne sera pas un texte fondamental mondial sur la laïcité qui fera une application garantie dans tous les pays de la planète, mais ce serait un point d'appui qui manque de nos jours. Par ailleurs, le mieux semble encore de renforcer la laïcité là ou elle existe. A cet égard il convient de suivre particulièrement ce qui se passe au niveau européen. Améliorer le niveau de laïcité - si l'on accepte la formule qui sous-entant qu'il y a toujours des conquêtes à mener en matière de laïcité et qu'il ne faut pas se fier uniquement aux textes constitutionnels ou aux dispositifs juridiques complexes- en Europe est un gage de son extension pacifique dans le reste du monde.

    On définit traditionnellement la laïcité par trois grands principes (1) passibles d'une interprétation plus ou moins forte : 1°) la neutralité confessionnelle, spirituelle et philosophique du politique ce qui implique une autonomie de l'Etat par rapport aux religions. 2°) la reconnaissance de la liberté de croyance, de religion, de conviction philosophique et d'indifférence. 3°) la non-discrimination entre les citoyens qui implique l'égalité de traitement des personnes quelle que soit leur religion, leurs convictions, leur sexe, leurs conditions sociales et physiques et la dissociation de leurs droits et devoirs, notamment de citoyens, de toute appartenance ou de non appartenance à une religion, à une spiritualité ou à une philosophie.

    2) L'islam, sa nation et le nationalisme religieux offensif.

    L'islamophobie consiste surtout à constamment ramener l'islam à ce qui a de plus négatif dans cette religion aux fin de stigmatisation et d'exclusion de tous ses membres ou de n'importe quel de ses membres. Or l'islam comme d'autres religions est variées dans ses interprétations et ses pratiques géographiques et historiques. Il existe donc un islam progressiste ayant assimilé ce que l'on a coutume d'appeler la modernité c'est à dire l'égalité des sexes, la laïcité, le fait démocratique, etc.... Il existe aussi un islam réactionnaire à composante variable, plus ou moins offensif.

    - Deux obstacles épistémologiques et ethnocentriques à la compréhension du nationalisme musulman.

    Embrasser la religion musulmane c'est pour beaucoup ( combien ?) de ses membres appartenir à une nation mais une nation qui n'est pas celle que nous concevons ordinairement en France, autrement dit pas celle d'un Etat-nation . La nation de l'islam est de nature supra nationale. Plusieurs territoires ou pays en font donc partie intégrante . La référence matérielle à un territoire ne suffit pas à définir la nation de l'islam (cf ci-après) .

    Ce n'est pas tout : il faut encore retenir un autre élément complémentaire tout aussi oublié que le précédent alors qu'il donne, lui, la pleine signification à un islam de conquête, autrement dit à un nationalisme religieux offensif, pas nécessairement guerrier mais susceptible de le devenir.

    Les non-musulmans dans toutes leur diversité croyants ou athées ne forment eux aussi qu'une seule nation car ils sont tous des infidèles par rapport à l'islam. En somme, sur la planète il n'y a que deux nations : la nation des musulmans et la nation des non-musulmans, infidèles par définition. Le monde divisé en deux mondes non compatibles. L'islam de conquête ne signifie pas qu'il faille faire la guerre. Comme pour d'autres religions il peut suffire de simplement faire l'apologie des préceptes et des rituels traditionnels tant chez les jeunes que chez les adultes.

    - Débattre de cette dynamique en rapport avec son opposé.

    Comme l'islam possède une dimension politique du fait de la non séparation de la société civile et de l'Etat le risque de dégénérescence guerrière est aisé. Tout dépend en fait de l'équilibre des forces tant interne (dans le monde musulman lui-même) qu'externe (rapport de force entre les deux mondes). Une telle interprétation de l'islam ne valide cependant pas la théorie du "choc des civilisations" de Samuel Huttington reprise par les USA. Au contraire vouloir un monde de paix c'est refuser mais dans la plus grande lucidité possible l'affrontement de deux camps opposés l'Orient contre l'Occident. Par contre c'est lutter pour la réduction des inégalités de développement dans le monde économiquement hiérarchisé mais aussi ne pas céder à l'extension de la laïcité (même sous des définitions variables) et à l'égalité entre les hommes et les femmes.

    Le problème est encore plus complexe si on rapporte le nationalisme musulman avec le nationalisme arabe. Il y a là matière à une autre étude.

    3 ) La mentalité laïque contre la réislamisation par le voile islamique.

    Outre la question courante "De quoi le voile est-il le symbole ?" (affichage religieux, marquage sexuel) il faut aussi poser la question : A quelle dynamique sociale se rapporte le voile ? A lire les spécialistes de la question il y a tout lieu de penser d'un façon plus générale que le voile est le symbole d'une forte religiosité issue de la réislamisation qui à son tour génère une "mondanisation" problématique. "On observe un certain niveau d'individualisation à travers les pratiques religieuses, surtout dans les communautés musulmanes d'Europe, mais aussi dans certains pays musulmans. La foi s'individualise, et le conformisme communautaire perd de son influence face au libre choix de pratiquer ou non. Même la constitution des réseaux néo-fondamentalistes tend à se faire sur une base d'adhésion individuelle. Néanmoins, la religiosité demeure forte" cf A. Kazancýgil (document du CEMOTI en lien). Le divin est l'affaire de chacun sans cesser d'être aussi l'affaire de l'Etat. Mais sous la poussée de la réislamisation ce religieux s'est mondanisé au point d'envahir la sphère publique. Cet envahissement est parfois si fort et par ailleurs si clivé en terme de genre qu'il en devient étouffant, oppressant dans certains lieux.

    Il est important de noter, pour éviter de caricaturer négativement l'islam, qu'en Europe un très grand nombre de musulmanes ne portent pas le voile et ont une pratique moderne, discrète et pacifique de l'islam.

    http://cemoti.revues.org/document772.html


    Christian Delarue.
    Responsable national antiraciste

    Sur le fond je renvoie à un cadre interprétatif global

    LE CADRE DE NOTRE AMITIE ENTRE LES PEUPLES : CONTRE LE NOUVEAU CAMPISME MONDIAL<HTTP: article.php3%20?id_article="58125" fr bellaciao.org>


    NB : Cette division du monde porte des noms, une signification : Dar al-Islam, c'est la « Maison de la paix » celle de l'islam et Dar al-Harb, est la « Maison de la guerre », celle des non-musulmans en fait car Dar al-Kufr qui signifie domaine des infidèles" ou "domaine de l'incroyance" se rapporte au Dar al-Harb.

    D'après Wikipédia /Dar al-Islam/ et ses termes associés ne figurent pas dans les textes fondamentaux de l'Islam qui sont le Coran ou les Hadiths. Des disciples musulmans maintiennent que marquer un pays ou un lieu comme /Dar al-Islam/ ou /Dar al-Harb/ concerne la question de la sécurité religieuse sur le plan juridique. Cela signifie que si un musulman pratique l'islam librement, il peut alors être considéré comme vivant dans un espace dit Dar al-Islam, même s'il vit dans un pays non islamique. Cependant les théologiens musulmans affirment que les cinq appels à la prière quotidiens doivent être effectués pour qu'une zone soit considéré comme Dar al-Islam.

    (1) La laïcisation n'est pas la sécularisation même si ces processus vont de pair
    Un colloque a fait le point sous cet angle.
    Un point de vue assez largement répandu dans les opinions publiques et les médias occidentaux affirme l'incapacité des sociétés musulmanes d'entrer dans la modernité et, notamment, d'acclimater en leur sein la sécularité et la démocratie, qui en sont des caractéristiques majeures. La notion de sécularité et les processus de sécularisation ont été privilégiés ici par rapport au concept de laïcité. Il s'agit moins de discuter des manières dont les institutions et les acteurs politiques et étatiques ­ partis, gouvernements, appareils d'Etat ­ fonctionnent dans ces pays, mais plutôt d'y identifier, dans l'espace public et l'espace privé et aux plans individuel et collectif, les discours, les idées et les comportements, qui peuvent être interprétés comme des signes, des indicateurs de processus de sécularisation et de démocratisation et leur impact sur les institutions politiques et étatiques

    http://cemoti.revues.org/document772.html

    (2) Je reprends les principes dégagé dans "La Laïcité, Valeur universelle". par Yves HIVERT-MESSECA sans y mettre des conditions stricte qui dépendent du degré d'avancement de la laïcisation

    http://sog1.free.fr/Articles/ArtMesseca205Laicite.htm




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