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Par ockren le 25 Septembre 2011 à 11:28
Lettre critique mais bienveillante d'un altermondialiste à Jean-Luc MELANCHON.
http://blogdekrisdlr.over-blog.com/
J'apprécie Monsieur Mélanchon mais j'ai horreur que Jean-Luc parle du peuple tout court quand il évoque les classes dominées en lutte. C'est que dans le peuple il y a la bourgeoisie, il y a la classe dominante. Et j'ai horreur que l'on mélange les dominants avec les dominés. Absolument horreur. Je ne fais à cela qu'une exception. C'est lorsque le peuple démocratique est appelé en tant que citoyen a désigner ses représentants. Le reste du temps je ne ne vois que des travailleurs salariés en lutte ou si l'on veut embrasser plus largement, comme Jean-Luc Mélanchon le fait à raison, que le peuple-classe. Dans le peuple-classe il y a notamment le petit patronat victime de la finance mais qui n'est pas toujours tendre avec les ouvriers. Il faut donc employer les mots justes pour nommer ceux qui ne sont pas membre de la classe dominante et qui subissent sa domination. Monsieur Mélanchon ce peuple-là se nomme "peuple-classe".
- Le peuple-classe pour une autre démocratie.
Il faut continuer à évoquer le peuple-classe lorsqu'il s'agit de reconstruire l'Etat social car c'est le rapport de force social qui permettra des avancées conséquentes en la matière. Il faut même continuer à évoquer le peuple-classe lorsque l'on lutte pour la reconstitution d'un peuple souverain contre la troïka (FMI, BCE, Union européenne) car il ne s'agit pas de demander à la bourgeoisie, fusse la bourgeoisie nationale de le faire. C'est pour nous, le peuple-classe dans sa diversité qu'il faut refonder la démocratie qu'il faut inventer une autre démocratie beaucoup plus participative que celle actuellement existante. Il n'y aura jamais de saut qualitatif appréciable en matière de vie démocratique sans un appel au peuple-classe. Et je n'aimerais pas que ce soit Marine Le Pen qui se mette à en appeler au peuple-classe pour in fine réconforter le pouvoir de la classe dominante. C'est pourquoi je me permet de signaler l'exigence de nomination de ce peuple-classe au M'PEP, au POI et au MRC qui tous luttent contre la troïka pour la souveraineté populaire.
Dès que l'on dit peuple et citoyens il fait savoir de qui ont parle car il y a les citoyens des quartiers riches de la bourgeoisie dans chaque grande ville et les autres citoyens ceux du peuple-classe. Les membres de l'oligarchie sont aussi des citoyens. La citoyenneté se rapporte de façon générale à l'exercice démocratique et plus particulièrement au rapport de délégation de pouvoir dans les démocraties dites représentatives . Ces dernières cachent une oligarchie. Les démocraties représentatives-délégataires à contenu oligarchique semblent bien malgré leur insuffisances démocratiques être la forme la plus achevée des démocraties existantes. L'utopie est donc de passer à une autre démocratie. De faire subir à la démocratie rabougrie occidentale et en cours de mondialisation un saut qualitatif aussi important que le droit de vote des femmes par exemple.
- Le peuple-classe pour la dignité et contre la domination de la classe dominante.
Supprimer la domination de classe de la bourgeoisie ce n'est pas passer les quartiers bourgeois au karcher populaire qui ferait en quelque sorte le nettoyage des biens de luxe en cassant les vitrines et en rossant les impétrants à coup de bâton. Cette version de la lutte de classe correspond sans doute aux jacqueries que la bourgeoisie redoute car cela surgit périodiquement face aux insuffisances de la réponse de classe institutionnelle jugée sans doute trop respectueuse des intérêts de la classe dominante. Il y a aussi une autre fausse "lutte de classe" plus instinctive qui frappe plus contre son voisin mieux loti que soi que contre les riches. Laissons ce cas de côté.
Qu'il y ait des insuffisances dans la réponse de la gauche et des syndicats de travailleurs c'est certain . Pour autant le saccage du bas peuple ne permet pas d'en finir avec la domination de classe. La suppression de la classe dominante est autrement plus complexe et porte contre tous les dispositifs de pouvoir qui lui assurent sa domination. La propriété des grands moyens de production n'en est que l'un d'eux.
En fait ce genre de comportements réactionnel correspond au mépris de classe d'en-bas contre l'en-haut comme il existe un mépris de classe d'en-haut contre l'en-bas. Un nettoyage au karcher d'en-bas serait l'inverse de celui de Sarkozy qui contient un mépris de classe contre la "populace", contre les exclus de la société, un mépris qui frappe les noirs, les métis et les blancs qui ont le tort d'être "mal éduqué" - ce qui peut être partiellement vrai - par des parents alcooliques et au chômage, par des familles habitant dans des quartiers totalement délaissés au plan économique, politique et social. Et je ne dis rien des "familles polygames" ciblées comme cause des luttes de novembre 2005 par B Accoyer. A soigner ce type ! Mais les fantasmes xénophobes se soignent-ils ?
Monsieur Mélanchon j'aime la France sans fétichisme et surtout je n'aime pas la France de Sarkozy et vous savez pourquoi car dans un rapport d'intervention (1) vous avez accusé tous les défenseurs de la bourgeoisie et de la France conservatrice d'une grave indignité. Et l'indignité de 2005 a été renforcée par la crise de 2008 et ce n'est pas fini. Cette indignité vous l'avez rappelé ainsi Monsieur Mélanchon : "La vérité seule et unique, c’est que si nous sommes déchirés c’est parce que la richesse est mal partagée. Les uns ont tout, les autres n’ont rien. La pauvreté n’est pas à la marge du système, elle en est devenue le coeur, le moteur." Dans la lancée du discours, il y a juste peut-être un biais négatif qui est fréquemment exploité à gauche et que je nomme ouvriérisme. Cet ouvriérisme tend trop aisément à voir les riches juste au-dessus de soi et plus globalement dès les couches sociales dites moyennes dont seuls les spécialistes savent ou elles commencent ou elles finissent. Pour ma part j'évoque les prolétaires (2) en-dessous d'une triple petite-bourgeoisie (3). Le peuple-classe rassemble les prolétaires et les petite-bourgeoisies.
- Peuple ethnique, communautés ethniques.
Passons à un autre point. Vous dites : "Il faut mener une lutte implacable pour l’assimilation et contre le racisme, l’antisémitisme et le communautarisme. Nous marquerons des points d’autant plus décisifs contre le communautarisme que nous ne laisserons pas à penser qu’il y a une communauté dominante blanche, bien née, dans les bons quartiers. Quand la communauté légale républicaine sera plus protectrice que les micro-communautés qui ont toutes les tares du monde, mais dont la seule qualité est de sentir bon la chaleur des fratries, alors la République l’emportera sur les communautés de la manière la plus certaine." Cher Jean-Luc la France défend l'intégration en un sens dialectique qui ne signifie nullement assimilation. Nous sommes loin de la France de Sarkozy et de Le Pen. Ici il convient de penser et vivre l'interculturel comme l'écrit Gilles Verbunt (4). L'exigence interculturelle n'est ni multiculturalisme ni assimilation au monoculturalisme dominant. Le vecteur principal en est la citoyenneté ce qui convient à la République mais là encore le social est juste derrière, ce qui convient à la République sociale et même au socialisme démocratique. Et vous l'aurez compris, c'est au peuple-classe multicolore et multiconfessionnel mais laique qu'il faut s'adresser pour combiner l'interculturel, le social et le démocratique.
A ce titre, il convient d'abandonner les références racialistes du PIR (5) qui mènent à des dérives racistes sous prétexte de défendre bec et ongles les "indigènes". Et s'il faut abolir l'apartheid social c'est en liant le combat anti-discriminatoire et anti-raciste au combat social . Ce dernier a une dimension territoriale et urbaine. Il importe de lutter contre le développement économique, social et culturel inégal des territoires. L'implantation des services publics et d'une économie non marchande dans les quartiers délaissés de la République va heurter de front les "règles d'or" de la finance et des créanciers. Un dur combat s'annonce. Vous ne le porterez pas seul dans les assemblées de la République. C'est dans la rue que le rapport de force va se construire.
J'ajoute que cela vaut aussi pour féconder l'écologie. Car la lutte contre le consommationnisme suppose de s'attaquer au productivisme et donc d'après moi au travaillisme (6)
Christian DELARUE
Militant altermondialiste et antiraciste1) Abolir l’apartheid social dans les banlieues
http://www.gauchemip.org/spip.php?article692
2) Les prolétaires "à la Wéber" et "à la Marx"
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1836
3) Les trois "petite-bourgeoisies"
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1835
4) L’interculturel entre multiculturalisme et monoculturalisme.
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1829
5) Pour une critique antiraciste du PIR
http://blogdekrisdlr.over-blog.com/
6) Capitalisme productiviste : le travail et la consommation, l’émancipation et le socialisme.
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1181
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Par ockren le 12 Septembre 2011 à 22:58
Le peuple-classe a besoin d'une force plurielle élargie.
Plus précisément, le peuple-classe a besoin d’une alternative rouge et verte et d'une force politique plurielle élargie.
Les analyses qui suivent ne sont sans doute pas totalement " bien informées " sur certains aspects. C'est que mon job militant se rapporte massivement à l'altermondialisme et l'antiracisme. Pour autant, j'ai " fréquenté " durablement la gauche politique pour exprimer un " désir de politique " . Il se peut même qu'une certaine distance permette précisément de pointer des manques cruciaux dans la période. Une certitude : Le peuple-classe a besoin d'une force politique plurielle forte pour initier de nouveaux rapports démocratiques et fonder un Etat social qui corresponde beaucoup plus à ses besoins, et ce dans une perspective écologique.
Bref retour nécessaire pour pointer une dynamique : Septembre 2007, nous étions, en France, dans les tous premiers mois de l'installation de la présidence de N Sarkozy et de sa contre-révolution libérale conservatrice. Il y avait aussi à gauche le souvenir cuisant de la division autour des candidatures des " trois B " à savoir "Bové, Buffet, Besancenot". Le spectre du repli sur soi des forces politiques "vraiment à gauche" remettait à l'ordre du jour la question du rassemblement et de la bonne méthode pour ce rassemblement.
I - Les difficultés du rassemblement à gauche d'une base rouge et verte.
A - Le cadre général alternance (rose) ou alternative (rouge) comme premier repère.
a) A propos d'une distinction.
Le périmètre général de ce rassemblement politique restait le seul élément stable dans la mesure ou le "de gauche" signifiait d'alternative et non d'alternance, ce qui excluait d'emblée le PS et les écologistes socialement modérés qui ne cessent de poursuivre une pente socialibérale depuis trente ans s'agissant du PS. Cette démarcation ne signifie pas refus de voir ce qui se décante au sein du PS comme courant de gauche. Mais au plan politique global le débat interne au PS continue de se focaliser majoritairement sur des grandes personnalités "recentrées", toutes obsédées par l'alternance, c'est à dire d'accompagnement social du capitalisme ; toutes incapables de proposer autre chose que ce qui a déjà été fait pendant 30 ans et qui a généré la situation actuelle du peuple-classe. Cela concerne un certain nombre d'écologistes strictement insérés dans une logique d'alternance et d'une " économie de marché ". On évoquera seulement ici le PS.
b) L'alternance du PS.
Au regard de la situation récente et notamment de la crise de l'été 2011, le PS pourrait défendre plus hardiment le peuple-classe contre la finance et même disputer cette défense à la droite qui ne défend plus les PME et qui entérine les attaques contre les couches modestes et moyennes. Or rien de sérieux n'est proposé par le PS pour contenir et réduire la finance et domestiquer les banques. Si les nationalisations n'y figurent pas au programme, ce qui est une absence très significative du projet, on y trouve quand même la séparation des banques de dépôt avec les banques d'affaire mais ce thème n'est pas popularisé. Il y a donc de forte chance qu'il reste dans les cartons bien loin d'une quelconque réalisation. Même la TTF n'est pas solidement défendue. Quand aux travailleurs qui espèrent plus de salaires pour les prolétaires (ceux à moins de 3000 euros net par mois) et plus de RTT on ne voit ni la RTT à 30 heures hebdomadaires, ni l'échelle mobile des salaires.
c) Les écologistes ou le refus de distinguer alternance et alternative.
Au sein des écologistes, la dynamique qui prévaut est au rassemblement large qui casse la distinction alternance-alternative pour rassembler tous les écologistes soit l'écologie socialibérale avec une écologie sociale et même une écologie socialiste. La dynamique globale est d'alternance pas d'alternative. Il existe bien cependant un projet de fond mais il est précisément dépourvu d'un marquage clair à gauche comme plusieurs auteurs l'ont remarqué. De ce fait c'est la dynamique électoraliste qui prévaut avec un rapprochement avec le PS. Cependant ce rapprochement n'est pas conçu "à froid" mais en fonction d'un rapport de force mesuré sur le terrain électoral.
B - Gauche d'alternative mais laquelle ?
Pour le reste de la gauche, le terme de gauche, y compris parfois avec la précision de gauche d'alternative, est régulièrement réfuté - la "gôche"- par de nombreux partis qui se réclament de façon diverse du marxisme certains sont à orientation communiste-autogestionnaire, d'autres pour une alternative socialiste démocratique, d'autres sont plus écologistes, d'autres moins notamment par rapport au nucléaire. Mais les mêmes ne peuvent que constater régulièrement une incapacité politique au rassemblement au sein d'une organisation plurielle de masse. Les impasses du sectarisme politique restent extrêmement pesantes.
Un des masques à ce sectarisme est à gauche l'ouverture aux mouvements de grève et de manifestations. Il y a effectivement une gauche qui s'appuie plus sur la "rue" que sur les "urnes". Soit. Mais une telle ouverture au social revendicatif cache mal parfois un sectarisme politique néfaste. En France de nombreux petits partis politiques sont "naturellement" actifs dans les luttes sociales mais incapables du moindre rassemblement politique. Regardez outre le PCF et la LCR (devenu NPA) des groupes comme le POI ou LO plus les groupes se réclamant de l'anarchisme.
Le parti politique apparaît comme un producteur naturel de sectarisme politique si des correctifs n’apparaissent pas. Le sectarisme n'est pas une fatalité. Par chance, certains partis politiques sont explicitement construits pour travailler au rassemblement. Regardez la Gauche unitaire. Autrement dit dans le paysage politique français il y a besoin d'un appareil politique spécialisé pour œuvrer à la convergence des appareils politiques ! Il ne suffit pas d'invoquer le nécessaire ancrage sur les luttes sociales pour offrir le débouché politique tout aussi nécessaire. La raison tient au fait que d'une part les luttes sociales ne sont pas permanentes mais espacées et que d'autre part la signification des luttes n'est pas univoque.
Le parti comme producteur naturel de sectarisme politique, cela semble valoir tout autant pour les partis à dominante "machine électorale" - rose ou verte - autour d'un ou plusieurs élus que pour les partis beaucoup plus programmatiques. Malgré ce défaut, on imagine mal l'exercice de la démocratie hors de la confrontation des projets et programmes politiques et donc des organisations qui les portent. Ce qui apparaît en politique comme dans le syndicalisme c'est la "clause de convergence" : l'unité fait parti des revendications sociales et politiques.
Or la tendance lourde des partis est à la crispation sur la "carte d'identité" politique. Et il y a une bonne raison à cela : tous les programmes politiques ne sont pas mutuellement compatibles à gauche de la gauche. Et même, au sein d'un même parti on trouve déjà une matrice commune et plusieurs déclinaisons différentielles. Le goût excessif de la différenciation tue l’unité des dominés. L'unité réclame toujours un effort pour d'abandonner l'accessoire pour rester intransigeant sur l'essentiel. Et cette détermination de l'essentiel ne va pas de soi. Elle passe par le débat démocratique. La volonté d'unification doit partir du réel et non d'une vision fantasmée et idéaliste du rassemblement.
II - La dynamique de construction du Front de gauche se poursuit .
L’examen du passé récent permet d’espérer (un peu) de l’avenir.
A) La dynamique passée.
1) Au sein du PCF depuis l'appel dit Ramuleau de l'été 2003, un courant politique appelle tout à la fois au décolage du PCF de l'ornière socialibérale mais aussi de l'aventure en solitaire du PCF et donc à l'ouverture aux autres forces de gauche. Le PCF depuis des années se caractérisait principalement par la combinaison d'un opportunisme à droite vers le PS et d'un sectarisme agressif à l'encontre des forces anticapitalistes. Plus marginalement, il existe aussi en son sein un groupe qui défend le "PCF seul" tout à la fois contre le PS mais aussi contre les autres forces politiques marxistes à la gauche du PS. Ce groupe très en défense du communisme dans les congrès se fait silencieux en période électorale. Depuis le programme commun de la gauche de 1972 il est contraint d'avaler la couleuvre des alliances avec le PS et 35 ans de trahison de la gauche de gouvernement.
2) Au sein du PS il existe aussi un courant de gauche qui en appelle régulièrement à l'unité des gauches sur une base sociale de gauche et pour un véritable socialisme. Mais avant le départ de Jean-Luc Mélanchon du PS le parcours de cette tendance a toujours été de rejoindre les grandes têtes de courants qui toutes au-delà de leurs différences optent pour le recentrage et l'accompagnement du capitalisme. Il n'y a plus guère qu'un Arnaud Montebourg pour offrir une carte de gauche mais sur un volet anti-mondialisation qui est loin de faire l'unanimité à gauche.
3) Au sein de la LCR, il y a 4 ans dans le bulletin UNIR de la tendance "100% à gauche" de la LCR animée par Christian PICQUET ce dernier appelait à "Refonder une gauche de gauche" et "Construire un nouveau parti pour le socialisme". En janvier 2011 fut officialisé par un congrès de fondation la GU, soit la Gauche unitaire qui existait déjà depuis plusieurs mois, depuis la scission de ce courant UNIR du tout nouveau NPA. Politiquement, les bases de cet appel de septembre 2007 reposait négativement sur une double faillite celle d'une gauche d'accompagnement social du libéralisme et celle d'une gauche radicale incapable de porter une alternative sociale et démocratique.
Avec cet appel il s'agissait de rassembler dans la pluralité des parcours les antilibéraux et les anticapitalistes au sein d'une force nouvelle qui "inscrirait son action dans la perspective d'un socialisme rénové et démocratique" et qui "illustrerait sa vision du changement social par un ancrage sans cesse renouvelé dans les mobilisations populaires, refuserait toute subordination de sa politique aux contraintes de la participation aux institutions.
B) La dynamique se poursuit et doit se poursuivre
La crise du NPA peut déboucher sur une prise de conscience. On sait que le dernier congrès du NPA a débouché sur une grave scission interne et qu'une fraction s'est montrée disponible pour le rassemblement . Le reste du NPA va-t-il se replier sur un repli politique et se marginaliser ? Le rassemblement politique a besoin de toute la gauche critique celle déterminée à inverser le cours des choses pour l'immense majorité de la population. Les disputes sur le vote du second tour apparaissent stériles. Supputer des alliances permanentes et structurelles avec le PS relève du procès d'intention et empêche la réalisation du bloc politique efficace.
Le fait que la FASE ait rejoint le Front de gauche est une initiative qui réconforte les partisans de l'élargissement. On ne saurait se résoudre à clore le cadre politique du Front de gauche autour du PCF, du PG et de la GU.
Il semble par contre improbable que les autres forces d'extrême-gauche - POI ou LO - qui sont resté durablement dans une logique d'affirmation identitaire hyper-minoritaire puissent rejoindre un jour le Front de gauche.
Néanmoins, la dynamique de rassemblement se poursuit.
Christian DELARUE
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Par ockren le 24 Mai 2011 à 23:36
Stratégie du PS et "société dominante" : quelles couches d'appui ?
Le texte de Jean-Marie Harribey intitulé "Les équations perdantes du PS" critique deux contributions politiques "pro PS" de nature différente, l'une qui défend une option "culturelle" et l'autre à préférence "sociale" pour l'orientation du PS lors des prochaines élections. Ces deux orientations artificiellement très opposées pourraient être fusionnées. Mais passons... La première propose de s'adresser aux couches moyennes car "ouvertes et tolérantes", la seconde s'adresse elle aux ouvriers et aux catégories populaires. On remarquera d'emblée qu'il n'est pas proposé au PS de défendre tout à la fois les couches sociales d'en-bas et les couches moyennes. Pourquoi?
La première orientation voit les ouvriers et employés de base comme racistes et indécrotablement "à droite" ; la seconde estime elle qu'il faut aller à la conquête des couches populaires délaissés par la gauche. Mais cette contribution le fait en proposant la "société du travail" le tout sans augmentation de salaires ni RTT. Faut oser ! Il s'agit d'un projet droitier typiquement DSK : contre les "bras cassés" et les "assistés" comme la droite mais sans le dire ouvertement. Allons plus loins dans l'analyse. Qu'est-ce qui n'est pas dit et qui est stratégique ? De façon générale, les deux contributions se positionnent dans l'acceptation du capitalisme, ce que remarque bien JM Harribey ,mais sans lier économie capitaliste et classes sociales. Or qui dit capitalisme dit bourgeoisie comme classe dominante.
Ce point est à remarquer impérativement pour qui veut comprendre la suite en terme stratégique. En effet, bien que cela ne soit pas dit, les deux contributions se proposent de constituer, certes de façon différente, une "société dominante" terme de F Mitterrand (avec la classe dominante comme pilier par définition). La différence entre les deux contributions évoquées par JM Harribey tient aux couches d'appui de la bourgeoisie qui sont différentes: les couches moyennes pour l'une et les couches populaires pour l'autre. Mais les deux peuvent être acceptées par la bourgeoisie, les grands possédants.
Au passage on remarque que ce type d'élection, voire ce type de démocratie, tend à la reproduction de la "société dominante" à travers la recherche d'un centre, et donc d'une alternance et pas d'une alternative. Pour une alternative, il faudrait souder un bloc social de type "peuple-classe" (couches d'en-bas et couches moyennes). Un tel bloc social ne signifie pas rester que sur des proposition sociales en oubliant celles écologiques ou démocratiques ou culturelles. Mais ces dernières propositions ne doivent pas casser le bloc social "peuple-classe".
Christian Delarue
JMH : Les équations perdantes du PS
http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2011/05/25/les-equations-perdantes-du-ps/
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Par ockren le 4 Janvier 2009 à 11:31
L'Appel Politis "Européennes 2009" : rudiments de politique par temps de crise.
L'appel de Politis pour les élections européennes de 2009 débute ainsi : "Les politiques de l'Union européenne ont lourdement contribué à la crise financière, économique, sociale, écologique et démocratique. Elles ont sur nos vies des effets désastreux. Plus que jamais, il est nécessaire de remettre en cause cette Europe libérale et de construire autrement l'Europe, avec les Européens, et pour eux."
I - De quels européens s'agit-il ?
1) Quand les dirigeants savent que le peuple-classe (salariés + indépendants mais sans la bourgoisie) risque de mal voter ils annulent purement et simplement la démocratie. L'histoire récente fournit l'exemple de la vision utilitariste des libéraux en matière de démocratie. Nos démocrates sont bien mal placés désormais pour critiquer la fraction du mouvement ouvrier qui avec Staline a remisé la démocratie comme avatar de la République bourgeoise.
"En 2005, les peuples français et néerlandais avaient rejeté, par référendum, le Traité constitutionnel européen (TCE), sur la base de leur expérience, et après un très large débat sur le contenu et les conséquences de ce traité. Depuis, Sarkozy a fait ratifier par le Parlement le traité de Lisbonne qui reprend l'essentiel du TCE, en contradiction avec le choix du peuple, et sans même le consulter. Le seul pays qui a organisé un référendum, l'Irlande, a dit « non » à ce nouveau traité, bloquant sa mise en œuvre et permettant de proposer une alternative."
En France, les élections européennes de juin 2009 doivent permettre aux citoyens de s'exprimer sur ce qui a été décidé sans eux, au mépris de toute démocratie, de rejeter la politique de Sarkozy, de prolonger la victoire de 2005 et de se prononcer sur le projet européen qu'ils appellent de leurs vœux.
2) Les procédures démocratiques en régime libéral ne sont mis en œuvre que quand le peuple-classe vote bien c'est à dire de façon conforme à ce que souhaite la bourgeoisie de leur pays si cette dernière à une vue unifiée sur la question ou à défaut en respectant les intérêts supérieurs de leur bourgeoisie national et au-delà des bourgeoisies européennes. Car s'il y a des concurrences réelles entre les différentes bourgeoisies nationales en Europe il y a surtout des intérêts communs entre elles par rapport à leur peuples-classe et notamment par rapport à leurs salariés.
C'est pourquoi dit l'Appel, "ces élections doivent être l'occasion de proposer ensemble un projet nous libérant d'une logique capitaliste qui sacrifie les intérêts de la grande majorité de la population et l'avenir de la planète pour permettre à une petite minorité d'accumuler le maximum de profits". L'appel Politis distingue le peuple-classe des capitalistes regroupés en classe dominante contre ce peuple et en classe exploiteuse contre les travailleurs salariés.
II - "Construire autrement l'Europe" : les grandes lignes du projet sont connues.
Ce que dit l'Appel : Un projet d'Europe sociale, écologiste, démocratique et de paix, c'est-à-dire de coopération et non de concurrence entre les peuples, en Europe comme dans le monde, avec les changements des institutions et des traités internationaux que cela implique. Avec une harmonisation des droits par le haut, favorisant une meilleure répartition des richesses. Avec une réorientation globale des choix économiques et sociaux porteuse d'une plus grande efficacité au service des besoins humains. Avec l'instauration d'un bouclier social protégeant les salariés des conséquences de la crise financière.Un projet reposant sur un autre mode de développement, pour éviter la catastrophe écologique qui menace. Sur une égalité des droits pour les résident(e)s dans l'Union européenne. Sur des services publics développés et démocratisés. Et des pouvoirs aux peuples pour leur permettre d'être souverains.
Nous disposons pour cela de toutes les propositions crédibles et réalisables élaborées en commun ces dernières années. Les campagnes contre le TCE ou le Traité de Lisbonne l'ont montré : il est possible de mener ensemble une grande campagne de mobilisation, d'éducation populaire, de débats, riches de notre diversité, en lien avec les luttes et dans le prolongement des dynamiques altermondialistes. Cela, alors qu'au sein du Parti socialiste dominent les forces favorables au Traité de Lisbonne et à l'Europe libérale, dont la crise montre la nocivité et l'échec.
Commentaire : On ne saurait s'accommoder de Maastricht et Amsterdam pour construire cette belle Europe. Cela va de soi mais je préfère l'ajouter. Mais ajouter cela ne se conçoit pour cet Appel que dans le cadre d'une dynamique alter europe et non pas pour un repli nationaliste seul. Seul, car pour autant on ne saurait négliger trop facilement ce qui peut se faire au plan national (nationalisations notemment). Pas simple la politique en temps de crise !
De même que le "social" et le "démocratique" devraient pouvoir s'appliquer aussi (progressivement) aux résidents étrangers extra-communautaires. Un oubli ? De la fatigue après avoir débattu longuement des grandes questions économico-sociales et écologiques ? ou un désaccord ? On verra là si une "alliance de civilisation" est possible. Soyons ouvert et optimiste. Mais le nucléaire va fâcher.
III - Le pari du rassemblement.
L'Appel dit : Pour sortir de cette impasse et rendre possibles d'autres choix, nous appelons toutes les forces de la gauche de transformation sociale et écologiste à faire front commun. Unies elles peuvent envoyer un grand nombre de députés européens porteurs de ce projet et de cette démarche au Parlement de Strasbourg, faisant en sorte que ce dernier corresponde plus fidèlement à la volonté exprimée par les peuples qui ont rejeté le TCE et le Traité de Lisbonne, et aux aspirations de tous ceux qui partagent cette autre vision de l'Europe.
Plusieurs forces politiques se sont d'ores et déjà prononcées pour la constitution de listes communes aux élections européennes et d'autres n'ont pas écarté la possibilité d'une démarche unitaire. C'est aussi, évidemment, l'esprit des signataires de l'Appel « L'alternative à gauche : organisons-la ! » lancé à l'initiative de Politis. De nombreuses citoyennes et de nombreux citoyens non organisés ou membres de syndicats, d'associations, de réseaux, de collectifs, aspirent à un tel rassemblement.
La diversité des forces de la gauche de transformation sociale et écologiste qui peuvent s'unir est un atout pour rassembler les citoyens autour d'un projet commun.
Commentaire : C'est quoi la "gauche de transformation sociale et écologiste" (label GTSE non déposé) ? Est-ce le PS? Est-ce le PG? Quel Verts ? Le pari est que la réponse n'est pas donné d'avance. Mais on ne pars pas de rien. La base d'appui est circonscrite mais elle existe.Le NPA doit en faire parti nonobstant ce qu'en dit Samy Joshua.
IV - Reproduire 2005 ?
L'Appel dit : Comme en 2005, la dynamique politique à créer devrait s'enraciner dans les localités, les lieux de travail et dans tous les secteurs de la société. Elle dépendra de l'engagement et la mobilisation des centaines de milliers de citoyennes et citoyens et de membres d'organisations politiques, de syndicats, d'associations qui avaient permis de rejeter le Traité Constitutionnel européen, et sur tous ceux qui ont envie de porter ce projet. Tout dépend de cette unité. Elle est possible ; elle est indispensable. Nous y appelons.
Commentaire : Le rassemblement n'exclue pas les divergences. On sait qu'il y en a sur le nucléaire, sur les alliances ou non avec le PS, etc.. La liste est longue. Partons de ce qui nous est commun contre le capitalisme de casino.porté par les forces au pouvoir en Europe. Exprimons les divergences au sein du cadre commun. Ce qui se fait au plan syndical ne peut-il se faire au plan politique ? L'unité syndicale se fait souvent sur une base minimaliste avec peu de revendications précises mais tous les syndicats engagés dans la lutte avancent leurs revendications. C'est la pratique syndicale du recto(unitaire) et du verso (revendicatif) . C'est ainsi que le syndicalisme de classe vient bousculer le syndicalisme d'accompagnement social pour inverser de façon significative et durable le rapport de force entre le travail et le capital au lieu de conforter la dynamique du capital.
Christian Delarue
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