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    VOILE ISLAMIQUE ET SEDUCTION

    Sur Bellaciao

    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=54555#forum196928


    1 - LA SEDUCTION COMME LIBERTE ENCADREE

    La séduction est un rapport spécifique d'attirance et de rencontre entre les femmes et les hommes. Le lien ou la rencontre est de l'ordre du sexué mais selon des codifications les plus variées. Dès qu'il y a séduction il y a initiative d'une femme à l'adresse d'un homme (l'inverse existe aussi) ou d'une autre femme. La séduction manifeste le pouvoir relatif exercé par une femme à l'égard d'un homme ou des hommes. Ce pouvoir peut être exercé malgré elle(s) : cas des femmes très belles. Ce pouvoir peut faire peur à certains hommes qui vont le juger dangereux, mal maîtrisable.

    Par ailleurs ce pouvoir s'exerce au sein d'un cadre plus ou moins codifié de ce qui est susceptible d'entraîner la séduction. Les femmes entrent peu ou prou dans un jeu de rôle qui est plus ou moins contraignants selon les sociétés. Les artifices de la séduction ne sont pas neutres dans des sociétés marquées par l'oppression des hommes sur les femmes .

    Il faut observer que tous les hommes ne sont pas des violeurs ou des prédateurs, ni même des « mecs lourds ». Ceux qui adoptent des principes d'égalité et de réciprocité peuvent apprécier la séduction des femmes mais dans un esprit de compréhension de sa nature facultative, de simple jeu d'exacerbation du désir et du plaisir partagé.

    2 - LE VOILE COMME INJONCTION DE NON SEDUCTION ABSOLUE.

    Dans les sociétés ouvertes et libres les femmes peuvent choisir les artifices les moins contraignants .

    - Elles peuvent aussi refuser la séduction quand elles n'en n'ont plus envie .

    - Enfin elles peuvent la refuser totalement et de façon permanente .

    Mais la séduction reste de l'ordre du possible. En quelque sorte : "si je veux je peux".

    La séduction n'est donc pas totalement frappée d'interdit comme dans les sociétés ou une religion rigoriste et pudibonde impose aux femmes une injonction totale de non séduction et de voilage. Le voile est sous cette approche une critique radicale de la rencontre sexuelle passant par la séduction et ses artifices sociaux, ses codes sociaux, ses jeux (dont on sait qu'ils sont jeux d'excitation), y compris donc la « petite séduction » (exemple : mettre une jupe, ou mettre du rouge à lèvre ou tout artifice vestimentaire ou corporel « non structurel », donc s'enlevant aisément) . Le voile incite donc à n'avoir que des rencontres amicales ou du moins non sexuées d'être humain à être humain.

    3 - LA STIGMATISATION DES "PUTES" (au sens de femmes sexy) !

    Certaines féministes musulmanes peuvent défendre le voile en ce sens : il est anti-sexy, anti-séduction, et même - comme il n'est pas rare d'entendre et de lire sur internet – anti-pute (ce qui détermine au passage notre détermination à réagir). Provenant du secteur le plus réactionnaire et patriarcal de la religion musulmane le voile (avec ses différentes variétés) correspond en effet à une « injonction de non séduction » à double détente : elle s'oppose bien sûr aux hommes concupiscents (et aux femmes complices) mais aussi à l'injonction publicitaire et marchande de la femme dénudée et sexy (une injonction très indirecte qui est loin de peser autant que les normes ancestrales religieuses de pudeur inculquées depuis des lustres aux femmes).

    Le voile étant porté de façon manifeste et permanente, il est alors un outil militant offensif idéal. N'est ce pas ce militantisme radicalement anti-séduction qui est aussi combattu? En somme des femmes et des hommes luttent, via la critique du voile islamique, contre les femmes qui voient la séduction comme contraire à la volonté divine et comme une transformation de la femme en objet mais évidemment sans y voir aussi le sujet désirant (V DAOUST). Pour ces musulmanes voilées la séduction du corps n'est plus un jeu maîtrisé par la femme et entre individus libres mais aliénation totale et permanente. Plus globalement, avec l'interdit religieux de la séduction c'est une fraction du désir et du plaisir qui est interdit.

    4 - RESPECT/ SOLIDARITE / EGALITE/ RECIPROCITE :

    NOUS SOMMES TOUTES ET TOUS DES "PUTES" (au sens de SEXY)!

    Finalement, face à la montée de l'invective contre la jeunes filles sexy-pute, l'idée surgit d'un renversement subversif : nous sommes tous des putes hommes et femmes . Le slogan ne remplace pas les revendications féministes courantes (cf conclusion). Il répond à un phénomène précis. - que les femmes soient libres d'entrer (ou non) dans le jeu de la séduction comme elles le veulent . - que les femmes puissent aussi en sortir comme bon leur semble. Mais entre le refus pour soi de « l'injonction de séduire » et la manifestation militante d'un refus de la séduction entre les femmes et les hommes il y a une différence. Or au plan mondial depuis KHOMEINY cette idéologie rigoriste est en voie d'expansion. Ce n'est pas tout l'islam qui est en cause mais son interprétation réactionnaire qui concerne la conception de la sexualité .Les militants progressistes solidaire des féministes ne se trompent pas de combat :

    - Ce sont les hommes qui violent et qui insécurisent les femmes.

    - Ce sont encore les hommes qui sont des « mecs lourds » (cf. mon article sur bellaciao).

    Dans le cadre de rapports pacifiés et sécurisés entre les hommes et le femmes la séduction prend un autre sens : pour soi : le droit se sentir belle/beau , pour l'autre : une invitation à la rencontre (étant entendu que l'homme aussi doit respecter des codes civilisés de réponse).

    Christian DELARUESecrétaire national du MRAP

    1 cf conclusion de PANTALON ET VOILE / SEINS NUS ET JUPE : LE REGARD ET LE RESPECT (sur Bellaciao et chrismondial blogg) - Ces quelques lignes montrent assez la nécessité de promouvoir d'autres rapports entre hommes et femmes en luttant radicalement contre le viol, le harcèlement sexuel et "le machisme insidieux des mecs lourds" . Pour mener à bien cette tâche il importe que soit reconnu la liberté de séduire franchement et de s'engager librement une relation sexuelle sans passer par le mariage. Par contre il convient de rappeler au pape que le préservatif est une protection essentielle. Et il ne s'agit pas non plus de défendre seulement les rapports hétérosexuels.

     

    2) RAS-LE-BOL :

    NOUS SOMMES TOUS ET TOUTES DES PUTES :

    L'injure de pute et de salope n'est pas nouvelle. Simplement elle prends des proportions inquiétantes quand ce sont des femmes et des jeunes filles voilées qui l'emploient. D'autant que lorsque le terme injurieux n'est pas employé c'est une signification tout aussi méprisante qui ressort.

    Le voile a mondialisé la figure de la pute. L'invective est internationale et se diffuse dans toutes les langues.

    Hommes ou femmes, croyants ou non croyants, individu du nord ou du sud, nous sommes toutes et tous des putes !

     

    I - PUTE COMME INSULTE

    A) INSULTE TRADITIONNELLE DES FEMMES QUI SE PROSTITUENT

    Il y a surtout de la prostitution féminine mais la prostitution masculine existe aussi de façon treès minoritaire. Il y a donc aussi des « putes » homme.

    1° Il faut abolir la prostitution

    2° mais dans le même temps faire reculer la misère sexuelle sinon la prostitution reviendra.

    Le terme « pute » reste donc féminin à cause de l'histoire de la domination masculine.

    B) - INSULTE MODERNE DES FEMMES SEXY (par extension de sens)

    Les conditionnements historiques perdurent, d'autant que les différentes morales religieuses continuent de peser de tout leur poids pour culpabiliser les femmes sexy surtout et moindrement les hommes, qui les insultent du nom de putes mais qui les lorgnent néanmoins. Les mêmes sont clients des prostituées. Cette contradiction masculine tient à une moindre culpabilisation des hommes par la religion combinée avec une facile position d'oppression contre les femmes.

    C'est à cause de ce conditionnement socio-historique que le sens du mot dépasse le cadre de la prostitution réelle, de la femme qui se fait payer pour sa prestation. Le mot est alors chargé de l'interdit refoulé « la femme séductrice » honnie des religieux et des hommes croyants, le tout soutenu un temps par la science.

     

    II - LE RENVERSEMENT DU SENS : PUTE N'EST PLUS UNE INSULTE!

     

    A) - LA FEMME SEXY LE TEMPS DU JEU : UNE TENDRE DOUCEUR

     

    Le terme "pute" est passé dans les fantasmes pour signifier « femme excitante » quelque soit son look d'ailleurs. Cela n'est pas nouveau. Ce qui l'est plus est qu'au plan de l'imaginaire, certains hommes (plutôt la jeune génération mais pas seulement) emploient le terme pute ou salope au sens « de se donner totalement ». Un homme qui dit à son amante « je suis ta pute » signifie qu'il entends se donner pleinement « âme et corps » à elle. Si l'on se trouve dans le cadre non seulement du consentement mais encore de l'égalité et de la réciprocité mais encore du cadre qui délimite le jeu il n'y a pas problème . On peut juger ne pas croire qu'il s'agit d'un jeu sexuel qui retourne le conditionnement historique qui veut que la femme ne séduise que par son intelligence et non par son corps ou par le souci de vouloir satisfaire les fantasmes de son amants... et réciproquement. Le jeu ne dure que le temps de la transgression, l'emploi du mot est ensuite interdit. La règle "moderne" est ainsi.

    On sait que les prostituées ne donnent pas leur âme mais seulement leur corps. Ce à quoi les féministes rétorquent que la sexualité est une psychosexualité et que l'on ne saurait opérer durablement pareille division sans s'aliéner.

     

    B) - LA DEFENSE DE LA JEUNE FILLE SEXY MALTRAITE (DE PUTE) : GAUCHE TENDANCE CLAIRE BRETECHER !

     

    Il s'agit alors de défendre (selon le contexte) les "putes" (sexy) contre les rigoristes et pudibonds islamistes ou non, hommes ou femmes. Le mot est donc ici prononcé en respect et en solidarité avec les femmes sexy contre leurs détracteurs.

    Le slogan est : nous sommes tous et toutes des putes sexy !

     

    Christian DELARUE une pute altermondialiste, antisexiste et antiraciste


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  • UN SIMPLE FOULARD ? UN VULGAIRE FICHU ? ou AUTRE CHOSE...

    Contribution au débat lancé par le texte Mouloud AOUNIT

    notamment publié sur Bellaciao ce 6/11/07.

    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=54626

     

    Pour situer mon intervention, il me faut dire que j'approuve de nombreuses considérations de ce texte. Je critique principalement le premier paragraphe. J'avance d'autres considérations librement comme un antiraciste qui a fréquenté des musulmans et des musulmanes de plusieurs pays ayant des références religieuses variables et surtout - c'est le plus important - avec des pratiques différentes notamment par rapport à la religion, à la laïcité, aux droits des femmes mais aussi par rapport à l'anti-impérialisme, au sionisme, etc...

    "DISCRIMINATION RELIGIEUSE"

    Tel est le verdict du jugement du 9 octobre 2007 tranchant le conflit entre Horia DEMIATI musulmane voilée et Fany TRUCHELUT propriétaire du gite de Julienrupt dans les vosges. D'une part c'est une victoire contre le racisme qui frappe les musulmans, d'autre part la présence de l'objet-voile laisse planer une ambiguité, donc une insatisfaction. D'un côté un motif de contentement, de l'autre le sentiment de confusion. Car peut-on généraliser ce verdict de discrimination religieuse à chaque demande d'enlèvement du voile ou ce cas était-il particulier car le voile n'était que masque d'un racisme anti-musulman. Avec un contexte différent - épuisement de l'idéologie du 'choc des civilisations" - que va-t-on choisir comme positionnement ? Est-ce que l'on distinguera enfin la musulmane et sa religion ou le seul voile. Pout l'heure il semble bien qu'il faille recevoir les musulmanes voilées et donc éviter l'exclusion discrimination, mais rien n'empêche de dire nonobstant que le voile est honni .

    En effet le verdict aurait été différent si la musulmane ostensible avait été reçu dans le gîte mais en précisant que son accoutrement offensif indisposait ! Car on peut haïr les signes religieux trop ostensibles mais se garder de préconiser l'exclusion du travail ou du logement. Reste le problème de devoir travailler plusieurs heures et plusieurs jours avec une femme voilée à ses côtés - ce qui est une situation jugée insupportable par beaucoup - car ressenti comme une oppression religieuse plus pénible encore qu'un crucifix sur un mur.



    TRANSFORMER PAR LE LANGAGE LE COUTEAU EN PETITE CUILLERE

     

    Le texte de Mouloud AOUNIT banalise le voile islamique (terme générique qui recouvre diverses catégories de voile - 10) . Pourtant le port d'un fichu ou d'un foulard ne pose de problème à personne y compris à la propriétaire du gîte vosgien. Je pourrais parier qu'elle a pu en mettre un dans les dix ans qui viennent de s'écouler. Pour ma part, j'avoue qu'il m'arrive de mettre un bonnet (quand il neige) et un casque (quand je suis en moto). Donc si l'on veut être sérieux, il faut bien dire qu'il s'agit d'autre chose. A partir du moment ou le voile est porté été comme hiver, dehors comme dedans ce n'est plus un simple fichu c'est autre chose.

    NB: La "découverte" par le climat date de juin 1989 à Epinal (dans les Vosges déjà et encore)

    L' article de Ghislaine Ottenheimer (2) explique qu'à la faveur de récréations, alors qu'il faisait très chaud, la Directrice, voyant une fillette suer, lui aurait demandé de retirer son foulard, ce que la fillette refusa de faire. Au delà de l'anecdote[2], Ghislaine Ottenheimer insiste bien sur l'époque et sur le climat : « Mais de quel droit, sous quel prétexte s'offenser du port d'un couvre-chef quel qu'il soit, en plein hiver ? Là, à la faveur des premiers rayons de soleil, la directrice a testé le caractère emblématique et religieux de ce fichu. ». (archive MRAP)



    I – ANALYSES CRITIQUES D'UN EMBLEME

    A) DECONSTRUIRE

    - DONC AUTRE CHOSE

    Le voile islamique est outil de voilage et outil d'un certain islam. Le "certain" fait toute la différence. Il est d'une part un étendard pour l'extérieur et d'autre part pour de nombreuses féministes un instrument d'aliénation pour celles qui le portent. Cet outil d'imprégnation idéologique dit objectivement deux choses : je crois en Dieu, je crois en Dieu en permanence... ce qui finit par insupporter. L'intolérance suscite le rejet. Il dit aussi je suis une femme respectable, ce qui signifie un double insulte :
    - pour un femme sans voile : tu n'es qu'une femme-objet (ou plus vulgairement une pute - et ce n'est pas un phénomène restreint) ;
    - pour les hommes : vous ne me verrez pas comme femme séduisante car vous êtes violeur ou du moins trop concupiscent pour me voire aussi comme être humain dans le même mouvement.

    Je renvoie à ma colère "VOILE ISLAMIQUE ET SEDUCTION" sur Bellaciao (3) et blog chrismondial

    - L'AMALGAME D'UN CERTAIN ANTIRACISME

    La phrase (9) ci après - et notamment l'emploi du terme Autre qui globalise à les musulmanes - montre que le travail de "désimbrication" n'a pas été suffisamment fait : "les personnes interrogées (9) qui adoptent des positions à la fois féministes et antiracistes sont celles qui s'opposent le plus à la loi (de mars 2004), qui refusent de la justifier au nom de la laïcité, de désigner l'Autre (ici les Musulman-e-s) comme différent et de le stigmatiser". Il ne faut en effet pas se tromper de stigmatisation. Il ne faut pas généraliser.

    Car il y a un réel mensonge à amalgamer la critique et la phobie du voile islamique à la phobie de l'islam dans sa globalité. C'est le piège du "faux nez" (7). C'est contraire aux pratiques d'analyse que le MRAP met en oeuvre par ailleurs. D'une certaine manière on pratique ici ce que l'on critique sous le terme d'islamophobie, de racisme anti-musulman ! On reste dans la prise de position inverse - technique classique du mauvais antiracisme de simple renversement - sans passer par la distinction.

    Effectivement le MRAP dénonce à raison " l'amalgame entre islam -intégrisme -islamisme radical" avec pour exemple "l'affaire des bagagistes de Roissy qui se sont vu retirer leurs badges en raison de leurs pratique religieuse" (qui n'avait rien d'anti-laïque ou de sexiste). Effectivement, une argumentation historique et sociologique dès plus conséquente que cite Mouloud AOUNIT dans son texte pèse pour dire que la phobie du voile PEUT cacher un racisme anti-musulman. Mais il n'y a pas de causalité automatique. Il importe de dire qu'il s'agit d'une possibilité de dérapage, d'une forte probabilité mais pas d'une nécessité absolue. De nombreux laïcs et de nombreux antisexistes ou féministes sont critiques et phobiques du voile sans être raciste . "N'allons pas dire - écrit Eric FASSIN - que les femmes des quartiers, en dénonçant la violence qu'elles subissent, ou les féministes laïques, en s'insurgeant contre l'oppression sexiste, sont racistes, ni même qu'elles ne sont que les alibis du racisme" (8)

    B) RECONSTRUIRE

    - PEDAGOGIE ANTIRACISTE : LES DISTINCTIONS A REPETER CONSTAMMENT

    - De nombreux antiracistes critiquent le voile, ils le haïssent mais cela s'arrête strictement au voile. Autrement dit ce rejet ne porte ni sur la personne ni sur la religion. Donc pas sur l'Autre. La religion musulmane est diverses : certains religieux pensent que le voile est une obligation mais pas tous. L'islam d'emprisonnement et d'affichage offensif est très minoritaire en France : peu de jeunes filles et de femmes musulmanes portent le voile.

    - En conséquence plutôt que de reprendre la distinction l'islam invisible et l'islam visible je distinguerais s'agissant des individus l'islam discret et pacifique d'un l'islam ostensible et offensif. A l'égard de ce dernier on ne saurait se montrer tolérant.. Il faut certes respecter la loi mais être aussi à l'offensive.


    - UNE CERTAINE PEDAGOGIE LAIQUE : UNE ETHIQUE DE LA RENCONTRE

    Je précise d'emblée - notamment par rapport à la précision d'un texte de Bernard TEPER publié recemment (6) - que je ne me réfère pas ici au corpus de la laïcité institutionnelle française de 1905 - qui doit certes être défendue en France - mais à l'évolution d'une "mentalité laïque" strictement individuelle qui veut que l'on préfère les signes religieux discrets (voire aucun) aux signes ostensibles ou ostentatoires. Sous l'influence d'une compréhension de l'évolution de la civilisation humaine dans l'histoire (issue d'une lecture personnelle des thèses de Patrick TORT sur le darwinisme) je milite pour que cette mentalité laïque progresse dans tous les pays, pour qu'un pas historique conséquent soit fait en ce sens.

     

    Le signe religieux ostensible - voile ou kippa ou autre - est donc contraire à la mentalité laique qui se contente de signes discrets .

     

    - EN CONTRE : Ces derniers manifestent un bon compromis entre liberté d'afficher sa religion sans oppresser l'autre. Car l'affichage ostensible est bien une forme d'oppression. Le fait qu'elle ne soit pas ressenti comme tel par tous ne signifie pas son absence chez certains, notamment chez celles et ceux qui ont déjà subi l'influence du religieux.

    - EN POUR : Le signe religieux discret permet la rencontre pacifique, Comme le souligne le comité de Vitrolle du MRAP (1) un tel espace (laïque) permet la rencontre sans que les croyances, restant intimes (ou du moins discrètes), soit un obstacle relationnel.

     

    Un voile comme une croix ou une kippa çà s'enlève aisément, sans pour autant abandonner sa religion. Il suffit d'adopter des signes discrets pour satisfaire la mentalité laïque et les critiques de nombreuses féministes. Parler de racisme anti-voile c'est, à la limite, ne pas comprendre ce qu'est le racisme réel, ce que subissent celles - ceux qui ne peuvent enlever tout qui les racise : cheveux frisés, peau mat ou noire, etc.... Et de plus, cela ne signifie pas mépris de la religion (que nous pouvons néanmoins critiquer sur tel ou tel point) que les croyants peuvent pratiquer librement tout en respectant l'autre celui ou celle qui pratique sa religion sans la brandir constamment aux yeux du monde. Cela ne signifie donc pas acceptation des discriminations pour les croyances religieuses des musulmans comme des autres religions. Certaines pratiques religieuses seulement sont à critiquer vivement: celles qui sont offensives.


     

    II – ANALYSE CRITIQUE DES AUTRES PRESUPPOSES


    - SORTIR DE LA VISION DES TROIS COMMUNAUTES FONDAMENTALES

    Dans une contribution au Monde Mouloud AOUNIT (4) écrit : "La France républicaine des années 2000 serait-elle composée de trois communautés, une majoritaire "catho-laïque" repliée sur elle-même, et deux minoritaires, juive et musulmane, qui seraient susceptibles de s'affronter à tout moment ?" Le propos vise à sortir la lutte antiraciste de la sectorisation de la tribalisation. Ce qui est positif.
    Mais le même propos devrait conduire à une vision plus contrastée des processus de communautarisation. En fait il n'y a pas plus UNE communauté catho-laique unifiée qu'UNE communauté musulmane unifiée. On pourrait en dire de même pour les juifs de France. Sans doute y a-t-il des points communs qui justifient cette vision en trois communautés mais les différences voire les conflits internes semblent plus importants. Ce qui devrait inciter à relativiser la vision tricommunautaire bien rigide. D'autant que le fractionnement en de multiples sous communautés est renforcée par la diversité du religieux.

    - PRENDRE ACTE DE LA DIVERSITE DES INTERPRETATIONS RELIGIEUSES

    Quand on évoque le "retour du religieux" on oubli pour les trois grandes religions monothéistes que l'unanimité d'interprétation des textes et plus encore que l'uniformité dans la diffusion des normes et prescriptions religieuses est un mythe. Au-delà d'un corpus fondateur de chacune, on repère rapidement en quelque sorte des "théologies" dans chaque religion et les pratiques qui en sont issues sont encore plus diverses dans chaque religion. La diversité domine tant au plan historique qu'au plan géographique. On trouvera donc pour chaque religion toute la gamme des visions du monde allant du libéral progressiste acquis relativement à la laicité et à l'égalité des sexes aux visions réactionnaires, à l'intégrisme le plus violent.

    - PRENDRE ACTE DES EFFETS D'INTEGRATION

    Il faudrait ajouter certains effets de la logique républicaine d'intégration-assimilation qui quoi qu'on en pense (elle est passible de vives et justes critiques) vient renforcer la tendance à mentalité laïque.

    Ici et maintenant on ne peut plus aisément raciser la jeune fille voilée par simple effet de l'évidence avec le réel. Ce phénomène de racisation ne peut se produire que dans les sociétés ou islam et voile vont ensemble comme une "seconde nature". Au temps de la colonisation toutes les femmes étaient voilées (énormément du moins) et donc le "racisme anti-voile" était un réel racisme islamophobique (avant le mot) lié au colonialisme. Aujourd'hui le nombre de musulmanes non voilées est immensément supérieur à la petite minorité de jeunes filles voilées, et l'effet d'amalgame ne joue plus automatiquement . Pour beaucoup, la phobie discriminante est très circonscrite à l'objet-voile et ne saurait donc être, sauf délire paranoiaque (11), une islamophobie raciste. Parler d'islamophobie non raciste - car très circonscrite à l'objet voile - laisse d'ailleurs entendre qu'il existe bien une islamophobie raciste. Mais c'est à l'analyse de le montrer. On ne peut recourir à l'évidence comme du temps de la colonisation.

     

    Christian DELARUE

     

    Addendum: - CIRCONSCRIRE L'OPPRESSION

    Dire et répéter que le voile signifie, au-delà de la conscience de celle qui le porte, « oppression » (religieuse et/ou sexiste) doit s'accompagner d'un propos de prudence qui vise à relativiser "l'agression". Il faut ici promouvoir une sorte intelligence des rapports humains car il est facile de devenir soi-même oppresseur en luttant contre l'oppression. Au cas présent de devenir raciste islamophobe.

    Pour être plus précis - vu mes responsabilités antiracistes - je ne voudrais pas être mal compris . Mon net rejet du voile ne m'empêche nullement de réagir quand par exemple un chauffeur de bus de ma ville interpelle de façon injurieuse une jeune femme voilée dans son bus. Pas d'injure aux jeunes filles voilées! Le respect de l'humanité de la personne est de droit au-delà de ce qui nous heurte dans son comportement.

    Quant à l'éventualité d'une loi sur l'interdiction des signes religieux ostensibles dans les lieux publics clos ceux ou l'on doit rester en permanence avec de tels individus offensifs, je renvoie au texte écrit sur ce sujet (5).

    Notes:

    1 cf. Différences n° 254 Article intitulé Laîcité, soupçons,tensions... Comment tenter de « désarmer Dieu ? »

    2 cf. site MRAP rubrique archive sous rubrique voile

    3 VOILE ISLAMIQUE ET SEDUCTION
    sur Bellaciao le dimanche 4 novembre 2007 (23h09)
    :
    - http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=54555

    4 Contre l'antiracisme tribal, par Mouloud Aounit LE MONDE 15.06.06
    http://www.mrap.fr/interventions/monde

    5 Que penser, que proposer suite au verdict "julienrupt" (voile vosgien) sur ce blog

    6 Lire : Qu'est-ce que la laïcité ? par Bernard Teper du vendredi 19 octobre 2007
    article publié dans la lettre 31
    http://www.ufal.info/media_flash/1,article,181,,,,,_Qu-est-ce-que-la-laicite.htm

    7 Gérard Bouvier, cité dans la presse avec ces propos : « Le tribunal ne s'est pas laissé abuser par les arguments pseudo-féministes et pseudo-laïcs avancés par Madame (...). Ces arguments sont un faux-nez derrière lequel on trouve un comportement raciste. » .

    8 Eric FASSIN p 242 de "De la question sociale à la question raciale".

    9 De l'affaire du voile à l'imbrication du sexisme et du racisme site du Mouvement des indigènes de la République

    10 J'ai repéré 14 types de "voile" d'après un ouvrage de Fawzia Zouari

    http:/www.re2.freesurf.fr/laic/voile2html

    11 On peut cependant dire que pour l'extrême droite et une certaine droite la "théorie" ou plutôt l'idéologie du "Choc des civilisations" a réactivé en quelque sorte le vieux racisme anti-musulmans de l'époque coloniale. Une telle idéologie et une telle peur reste cependant en grand écart par rapport au réel français et européen. Elle ne saurait être majoritaire. Nous serions alors en plein fantasme paranoïaque de masse. Ce serait un délire "cimenté" par une idéologie de moins en moins rationnelle, de moins en moins théorisée et théorisable, donc plus proche d'une croyance stupide qui vise à voir Ben Laden derrière toute jeune fille voilée.

     


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  • FAIRE RECULER LE MACHISME INSIDIEUX DES "MECS LOURDS"

    Alors que je disais à une amie "j'y vais dare dare" (sans intonation renvoyant à du sexuel), elle me répond : "et pourquoi pas clito clito". Certes ! J'aurais pu dire si j'avais été moins surpris "Tu n'a qu'à dire clito-clito quand je dis "dare dare". Dans un régistre moins soft mais provenant toujours d'une femme, j'ai déjà entendu une remarque stigmatisante d'une féministe à une autre à propos de son décolté pigeonnant.

    Voilà pour l'exception . Le plus souvent ce sont les femmes qui sont surprises d'entendre des propos oppresseurs ou ressentis comme oppresseurs. Un propos vulgaire adressé à cantonade dans une foire agricole sur "le sperme des vaches" n'est pas nécessairement sexiste s'il s'adresse à un public mixte, il reste néanmoins lourd et vulgaire.

    <o:p>Le "machisme insidieux" ou le "paternalisme lubrique" sont les termes théoriques de la réflexion féministe. Cela correspond à ce que les femmes nomment ordinairement "propos de mecs lourds"; du "soft sexisme" qui n'est pas le sexisme résiduel d'une société socialiste qui a vaincu le sexisme historique mais un sexisme léger qui vient s'ajouter au sexisme dominant. La chose est donc sérieuse.</o:p>

     

    I - LES DEGRES DU SEXISME

     

    J'ai parlé ailleurs d'hypersexisme . Certaines de mes amies féministes ont douté de la pertinence du propos. En évoquant l'hypersexisme je précisais pourtant clairement que cette violence supérieure ou extrême à l'encontre des femmes ne saurait faire l'impasse sur le sexisme ordinaire multiforme. Autrement dit l'existence de l'un ne saurait s'accomoder de l'autre. Ici je veux aller plus loin encore avec ce que l'on peut appeler avec Natacha Henri "le paternalisme lubrique".

    Le sexisme se compose d'insultes, de propos dévalorisants et autres pratiques clairement sexistes qui, si elles sont répétées, tournent au harcèlement. Lorsqu'elles sont très occasionnelles, elles ne traumatisent pas, elles n'empêchent pas de vivre mais les insultes restent des insultes. Le sexisme ordinaire ne passe d'ailleurs pas nécessairement par des insultes verbales mais il est aisément repérable par les femmes qui le subissent . Il témoigne de l'emprise du sexisme dans la société, dans toutes les sociétés.

     

    II – LE PATERNALISME LUBRIQUE DES « MECS LOURDS »

    <o:p> </o:p>

    Outre l'hypersexisme et le sexisme il y a encore le sexisme plus soft, la zone grise du machisme insidieux, celui qui ne se veut pas nécessairement méchant - dire "ma biche" relève plus d'une familiarité déplacée que de la franche méchanceté - mais qui s'inscrit bel et bien dans la domination masculine contre les femmes. Ceux qui en abusent quotidiennement ou très souvent sont nommés par Natacha Henri "Les mecs lourds" (1). Cela va du regard trop appuyé au commentaire déplacé notamment sur les vêtements des femmes, sur la séduction d'une jolie femme ou sur la laideur d'une autre.

    <o:p> </o:p>

     

    III – SITUER, COMPRENDRE

    <o:p> </o:p>

    Est-ce à dire qu'il ne faille plus plaisanter ? Est à dire que parler de sexualité est interdit. Non mais encore faut-il éviter la vulgarité, du moins la vulgarité unilatérale celle qui systématiquement diminue les femmes. De plus faut-il parler de sexualité à la première venue, celle que l'on croise sur le trottoir? Il ne s'agit pas d'être "coincé" mais simplement de ne pas accroître la domination masculine sur les femmes.

    Il s'agit bien de voir les femmes à qui l'on s'adresse comme des personnes, comme des êtres humains avant de les voir comme femmes . Comme j'imagine la réponse moqueuse alors je précise : on peut dans le même mouvement voir la femme, l'être humain sexué, autrement dit sa séduction, sa beauté (ou le contraire) mais aussi l'être humain non sexué . Du coup c'est sans hypocrisie que dans un même mouvement l'on fait d'une par intervenir un frein qui manifeste la conscience de la nécessaire respectabilité due à tout être humain et d'une part la prise en compte de la différence qui attire les hommes Impossible ? Non la séduction existe et elle doit pouvoir se manifester librement et pour toutes sans exception mais pour cela il lui faut un cadre de respect et de sécurité. Nous n'irons pas vers une société de rencontres authentiques en étant répressif à l'encontre des manifestations de séduction des femmes (que ces dernières soient jugées belles ou non selon les critères du moment) .

    Enfin n'oublions pas que les femmes subissent les viols masculins dans toutes les sociétés et qu'en conséquence cela traumatise non seulement les victimes mais insécurisent aussi toutes femmes.

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    IV - S'ENGAGER ...

     

    A) <st1:PersonName w:st="on" productid="LA PAROLE..">LA PAROLE..</st1:PersonName>.

     

    S'abstenir de remarques sur une jolie fille qui passe, c'est le SMIC de l'homme respectueux. Et c'est quand les hommes sont "entre eux" que la remarque s'applique surtout. Ces abstentions sur le long temps sont remarquées par les adolescents, elles sont donc éducatives à l'égard des fils qui n'entendent jamais de la bouche du père des commentaires de ce type.

     

    B) ...ET LE REGARD

     

    Il faut aller plus loin et s'interroger sur le regard que les hommes portent sur les femmes. C'est évidemment beaucoup plus difficile que de s'abstenir de parler.

    <o:p> </o:p>

    Commençons par le plus simple : Ne pas se retourner pour regarder la femme que vous venez de croiser dans la rue, c'est aussi le SMIC du respect des femmes. Si l'on doit le faire pour une bonne raison ne pas le faire de façon visible car cela humilie. Passons au cran au-dessus: Ne pas laisser un regard appuyé sur une femme que l'on juge belle est-ce si difficile? Oui s'il l'on vient de tomber amoureux. Mais on ne tombe pas amoureux à chaque coin de rue. Donc là encore le self contrôle est de rigueur. Quand une femme vous plait vous la regardez et c'est normal mais si certains sont "lourds" selon le langage féminin c'est qu'ils sont incapables soit de ne pas regarder ailleurs soit de ne la regarder que modérément. Autrement dit elle devient femme-objet.

    <o:p> </o:p>

    C) LE CAFE

    <o:p> </o:p>

    De nombreux hommes ont la fâcheuse tendance au travail à demander aux femmes de faire le café. Surtout dans les milieux ou les hommes sont majoritaires. Là ou les femmes sont majoritaires une « éducation antisexiste » repousse le machisme insidieux. La tâche de faire le café est un révélateur du niveau de machisme des hommes au travail.

    <o:p> </o:p>

    Les hommes antisexistes ne le deviennent pas par hasard. Dis moi si tu fréquentes surtout des hommes ou surtout des femmes et je te dirais comment tu te comportes avec les femmes.

     

    Christian DELARUE

    1) Les mecs lourds : c'est aussi le titre de son livre paru en 2003 chez Robert Laffond.

    On peut lire aussi sur le même sujet :

    http://toutpourelles.over-blog.com/article-4123981.html

      Le machisme insidieux des "mecs lourds également sur:
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=54238

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    UN CRAN AU-DESSUS: LE PORNO-SOFT

    Personnellement, je trouve très pédagogique d'aborder le porno-soft ainsi de la part de féministes:

    Christina Aguilera, tout comme Jennifer Lopez, Kylie Minogue, Shakira ou tant d'autres, se contente de se déhancher lacivement dans une tenue de quelques millimètres. On est dans le "peu habillé" devenu extrêmement commun dans la mode et le spectacle. C'est aguichant, mais en soi ça ne dit rien, tout dépend des personnes qui les entourent à l'écran et de ce qui se passe, le fait qu'elles soient habillées légèrement peut avoir des significations très différentes selon le contexte. Quelques exemples pour saisir la nuance.

    la suite sur:
    http://arbobo.over-blog.com/article-2665704.html

    Le texte s'intitule: Ton micro n'est pas une bite (le porno soft comme "genre musical" dans les clips vidéo) - Arbobo

    <o:p> </o:p>

    4 commentaires
  • Maurice WINNYKAMEN vient de publier

    GRANDEUR ET MISERE DE L ANTIRACISME : Le MRAP est-il dépassé ?

    aux Editions Tribord

    L'auteur né en 1933 est un ancien militant du MRAP . Il a quitté le MRAP avant 1977, avant que le MRAP deviennent Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples. Il a donc connu et fait vivre un MRAP que beaucoup n'ont pas connu, en tout cas que je n'ai pas connu (1) celui qui va de 1941 - le MNCR - et 1949 - MRAP - alors que le MRAP signifiait « Mouvement contre le Racisme et l'Antisémitisme et pour la Paix » à 1977 date du changement de nom. C'est donc avec intérêt et respect et même admiration que j'ai lu la première partie de l'ouvrage qui porte sur les années antérieures à 1977.
     

    Avenir du MRAP : Réponse à Maurice WINNYKAMEN 1*
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=53901

    *Avenir du MRAP : Réponse à Maurice WINNYKAMEN 2*
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=53936

    Christian DELARUE

    Secrétaire national du MRAP 

     


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  •  

    QUE PENSER, QUE PROPOSER

    SUITE AU VERDICT "JULIENRUPT" (VOILE VOSGIEN) ?

     

    QUE FAIRE CONTRE LE VOILE ISLAMIQUE SUITE AU VERDICT "JULIENRUPT" (VOILE VOSGIEN) ?
    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=55118

     

    La propriétaire d'un gîte rural de Julienrupt, dans les Vosges, a été condamnée par le tribunal correctionnel d'Epinal pour avoir refusé d'accueillir une cliente qui portait un voile islamique.

    http://www.lepoint.fr/content/a_la_une/article?id=204489

    Cette femme de 54 ans a été reconnue coupable de discrimination religieuse.. On a discuté en séance et dans les couloirs sur le point de savoir s'il fallait caractériser la discrimination de raciale ou de religieuse. Ce n'est pas anodin. Nul doute que des débats vont se tenir sur cette différence. Cette décision peut faire date.

    Cette différence souligne une double hypocrisie. La deuxième portant sur le voile indique qu'il va falloir étendre le champ ouvert en 2004.

     

    I - LUTTER CONTRE UNE DOUBLE HYPOCRISIE.

    Le racisme avance masqué, il faut donc le dénoncer (A). Mais à l'inverse un certain discours globalisant risque de tordre le bâton dans l'autre sens en portant des accusations injustifiées. La critique de la « voilophobie » ne sautait être sommaire ! (B)

     

    A – Oui un "RACISME PERNICIEUX" se déploie en ce moment.

    Il n'est d'ailleurs pas si nouveaux puisque déjà en 2003, donc avant la loi du 15 mars 2004 des préjugés et des actes antiarabes et antimusulmans se sont banalisés. Je ne pense pas avoir relativisé cet aspect ainsi que le laisse penser le message "en réponse à C DELARUE" posté sur Bellaciao. Simplement je pense, à la différence de Mouloud AOUNIT, que des compréhensions se sont fait jour depuis 2004. Une prise de conscience s'est développée entre islamophobie globale débouchant sur du racisme et critique ou blasphème du voile soit comme signe religieux ostensible oppresseur des autres soit comme symbole d'aliénation pour les femmes.

    Reste que le racisme sous toutes ses formes constitue un réel problème en France et en Europe qui nécessite le renfort du mouvement antiraciste. Car il y a besoin d'un mouvement antiraciste fort en France mais un mouvement en capacité d'éviter les amalgames .A cette heure je suis dubitatif. . Je ne conçois pas un tel mouvement qui se met sans débat en ordre de bataille derrière un rapport, que dis-je derrière quelques passages d'un rapport . Autrement dit , on ne peut prendre comme un dogme la phrase répétée ces jours-ci : "Selon le rapport de l'ONU de sept 2007 , l'islamophobie constitue, dans le contexte actuel, la forme la plus grave de diffamation des religions. C'est une forme contemporaine de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance". Il existe un racisme généré par l'islamophobie mais aussi des rejets de certains abus de l'islam et notamment d'un islam politisé qui ne sont pas raciste.

    Le mouvement antiraciste doit s'attacher plus encore à développer son volet social, son ancrage altermondialiste, notamment sur l'extension des logiques sécuritaires et guerrières.

     

    B - DERRIERE LE VOILE : LAICITE et FEMINISME ou RACISME ANTI-ARABE / RACISME ANTI-MUSULMAN

    Derrière le voile, il ne faut pas s'abstenir de l'analyse avant de conclure. La "voilophobie" n'est pas systématiquement raciste. "<st1:PersonName w:st="on" productid="LA VOILOPHOBIE N">LA VOILOPHOBIE N</st1:PersonName>'EST PAS NECESSAIREMENT L'ISLAMOPHOBIE INDISTINCTE". Le voile met en jeu plusieurs éléments :

    - d'une part la ‘liberté de religion' qui n'est pas sans limite. Des compromis sont à rechercher. Le droit international protège la liberté religieuse mais ignore la laïcité.. La mentalité laïque est à conquérir contre l'esprit religieux ostensible ou ostentatoire

    - d'autre part le racisme caché derrière le refus du voile car en ce cas c'est en fait toute la personne avec sa croyance voir son appartenance ethnique qui est rejetée. C'est du racisme islamophobique ou du racisme anti-arabe (il faut analyser de près).

    Mais on ne saurait procéder constamment par soupçon facile et générateur d'amalgame. Les choses sont plus compliquées dans la vie réelle. Ainsi, de nombreuses personnes non racistes ( y compris des musulmanes ) ne supportent pas le voile soit comme féministes soit comme personnes attachées à la mentalité laïque.

    Mais il faut bien prendre garde à distinguer le comportement ou l'apparence de la personne elle-même. Autrement dit distinguer le voile comme accessoire facultatif (outil objectif d'oppression) qui peut être enlevé
    au moins pendant le temps du vivre en commun et la personne qui ne doit pas se sentir rejetée pour sa croyance religieuse (de quelque religion qu'il s'agisse) encore que la croyance religieuse puisse elle aussi être critiquée sans que cela se comprenne comme une attaque à la personne même.

    - Le voile est ressenti d'une part comme une OPPRESSION EXTRAVERTIE

    Autrement dit comme un message offensif vers l'extérieur, c'est-à-dire contre les autres, les proches, ceux qui subissent la présence constante du signe ostensible.

    - Les personnes de mentalité laïque, sensibles au prosélytisme religieux insidieux mais permanent (je crois, je crois, je crois, croyez, croyez...) refusent souvent le voile à ce titre. Ils ne rejettent ni les arabes ni les musulmanes, ni l'islam. Ils sont tolérants. Ils s'opposent juste à un instrument d'oppression, pas plus. Ils ne sauraient être accusés de racisme.

    - Des hommes non sexistes ou antisexistes éprouvent comme une oppression le message insidieux du voile: les hommes seraient tous incapables de maîtriser leurs désirs, ils seraient trop concupiscents et même aisément violeurs. Le même message signifie aux femmes "occidentalisées" qu'elles sont aussi "dépravées" que les hommes et qu'en cas d'agression elles sont responsables.

    - Le voile est d'autre part perçu comme outil d'OPPRESSION INTROVERTIE

    Autrement dit comme une aliénation, c'est-à-dire tournée à l'encontre de la personne même qui le porte. Les féministes sont sensibles à cet aspect. On pourrait dire que l'on ne libère pas une personne malgré elle. Que c'est à la personne elle-même de faire son trajet de libération. Les féministes n'ignorent évidemment pas cela. Reste que de nombreuses femmes ne supportent pas le voile à ce titre et uniquement à ce titre et que dès lors elles ne sauraient être assimilées à des racistes.

    Les deux volets - laic et féministe – de la critique se combinent souvent dans la réalité.

     

     

    II – LUTTER SUR PLUSIEURS FRONTS : ANTI RACISME, ANTISEXISME, COMBAT SOCIAL ET ALTERMONDIALISTE...

    MAIS AUSSI EXTENSION DE <st1:PersonName w:st="on" productid="LA LAICITE">LA LAICITE</st1:PersonName> !

     

     

    Qu'il faille poursuivre la lutte antiraciste comme la lutte antisexiste le tout dans un cadre élargi d'un combat social de type altermondialiste est une nécessité . Il faut aussi poursuivre le travail engagé en 2004 (A) en tenant compte des effets pervers (B).

    A) <st1:PersonName w:st="on" productid="LA FRANCE DISPOSE">LA FRANCE DISPOSE </st1:PersonName>D ‘UN POINT D APPUI...

    - UNE AVANCEE : La loi interdisant les « signes religieux ostensibles » a constitué une avancée par rapport aux textes fondateurs (les lois de 1881, 1882 et 1886) qui ne concernait que les locaux, les programmes scolaires et le personnel enseignant mais pas les élèves ou les mères accompagnatrices. Une avancée car l'envahissement pénible des signes religieux ne provient pas seulement du crucifix isolé en hauteur sur le mur d'une classe ou d'éventuels propos religieux d'enseignants mais aussi du nombre de personne supportant constamment du matin au soir des signes religieux
    ostensibles ..Le partage entre l'institution soumise à la laicité et ses usagers libres est dépassé. Ce partage est en fait maintenu mais la loi du 15 mars 2004 va plus loin encore.

    - UNE DISTINCTION CAPITALE : La distinction entre signes discrets autorisés et signes ostensibles interdits constitue un principe fondamental pouvant donner contenu clair pour l'humanité à ce que l'on peut appeler « la mentalité laïque » . L'esprit laïc, que n'est pas l'athéïsme, doit enfin progresser au plan historique et mondial . Pour l'heure la mentalité laïque peine à sortir de la préhistoire du fait de la puissance du pouvoir religieux et patriarcal archaïque. De plus en plus d'individus, y compris des croyants, et de quasiment toutes les religions, sont gênés par l'affichage de signes par trop ostensibles. Ils préfèrent adopter des signes discrets voire garder pour eux leur croyance.

     

    B) ... MAIS IL FAUT ËTRE TRES PRUDENT !

    - DES INSUFFISANCES DANGEREUSES : Si la loi du 15 mars 2004 pouvait encourir la critique c'était plutôt du fait que rien n'était prévu, notamment dans le privé, pour recevoir les jeunes musulmanes à l'affichage religieux ostensible . La déscolarisation des élèves est un fait à prendre en considération pour des militants laics responsables tout comme d'ailleurs pour des féministes. Je le souligne, même si cela ne fait pas plaisir aux laics et aux féministes anti-voile, car il ne faudrait pas qu'un gouvernement prenne pour les lieux de production des mesures irresponsables génératrices d'exclusion .

    - POUR UNE EXTENSION : Pour moi, cette philosophie de la loi du printemps 2004 ne saurait rester limitée aux portes de l'école . Sont également concernés les autres lieux clos qui sont des lieux de partage contraint de l'espace . Cela concerne principalement les lieux de travail . Toutes les entreprises ne peuvent prévoir des lieux distincts pour les femmes voilées et les femmes non voilées. Le passage par la loi semble difficile, sauf s'il s'agit d'une loi indicatrice qui ouvre sur des discussions et des compromis. Le principe étant de favoriser le vivre ensemble le plus possible et donc d'éviter le licenciement.

    - UNE METHODE : Le principe se couple aussi avec l'idée que l'émancipation ne s'obtient pas par la répression. Il s'agit de trouver un compromis entre liberté de porter un signe et souci de ne pas oppresser une autre personne par ce port constant et proximal.

     

    Christian DELARUE

    Secrétaire national du MRAP


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