• LE CADRE DE NOTRE AMITIE ENTRE LES PEUPLES

    CONTRE LE NOUVEAU CAMPISME MONDIAL

     

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    Congrès du MRAP (janv 2008): contribution "orientation" de la commission « mondialisation »

     

    Le campisme est la vision du monde qui divise ce dernier en deux camps irréductiblement opposés. Une telle vision pousse nettement à choisir son camp et à y être fidèle corps et âme.

    I - EST ou OUEST : de 1917 jusqu'en 1989/1991.

    Le campisme a connu son heure de gloire avec l'émergence en 1917 du « camp dit socialiste » soutenu par <?xml:namespace prefix = st1 /><st1:PersonName w:st="on" productid="la III Internationale"><st1:PersonName w:st="on" productid="la III">la III</st1:PersonName> Internationale</st1:PersonName> communiste en opposition au « monde libre », au camp capitaliste incarné par les USA et ses alliés occidentaux. Le « court XX ème siècle » a été marqué par une puissante logique de camp qui s'est achevé entre 1989 et 1991 : la « chute du mur » de Berlin intervient le 9 novembre 1989 mais c'est le putsch communiste raté en URSS du 28 aout 1991 qui symbolise la fin du système soviétique. La dissolution du CAEM (COMECON) et du pacte de Varsovie interviennent aussi en 1991.

    Il a été vraiment très difficile d'échapper à la force binaire du campisme mondial. Mais on ne saurait faire l'impasse sur quelques tentatives ayant eu des succès vartiables. Citons :

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->LE TROTSKYSME dès 1923 mais surtout en 1938 avec la naissance de <st1:PersonName w:st="on" productid="la IV Internationale."><st1:PersonName w:st="on" productid="la IV">la IV</st1:PersonName> Internationale.</st1:PersonName> Il est plus juste de parler des trotskysmes y compris au regard des différents positionnements de « soutien critique » de l'URSS par les différents partis se réclamant du combat de « l'Opposition de gauche » en URSS : tantôt plus en soutien, tantôt plus en critique.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->LE MAOÏSME, qui malgré ses spécificités s'est difficilement dégagé du stalinisme au point que cette notion a pu englober toutes les expériences autoritaires du socialisme.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->LE TIERS-MONDISME en 1955 (Conférence de Bandung) avec là-aussi des variantes plus ou moins réussies de non alignement et des références idéologiques variables : arabe ou arabisant, marxiste, chrétien, africain, asiatique, sud-américain... Les références anti-impérialistes et de solidarité entre les peuples remonte à la conférence de Bakou de 1920. En terme de mouvement le tiers-mondisme a très difficilement trouvé une conscience et une unité. Ce qui ne signifie pas absence de réalité effective au-delà de la diversité.

     

    Ainsi, en 1993, deux ans après la chute du système du socialisme bureaucratique, Thomas COUTOT et Michel HUSSON persistent et écrivent (dans "Les destins du Tiers Monde") : Si,"quoi qu'on en dise, le "Tiers-Monde" recouvre une incontestable réalité" car"les pays qui le composent continuent à subir toutes les conséquences de la maturation tardive et incomplète des rapports de production capitaliste en leur sein. Parmi ces conséquences, leur position dominée sur le marché capitaliste mondial". L'année suivante, en 1994, François CHESNAIS publiait "La mondialisation du capital" (Syros), base de la matrice altermondialiste. Aujourd'hui l'usage du mot "Sud" ou de "la périphérie" a remplacé Tiers-Monde. Mais dès lors qu'il s'agit de confronter des « modèles », des auteur(e)s, comme Stéphanie TREILLET (CS d'ATTAC), continue d'user du terme Tiers-Monde dans son ouvrage sur « l'économie du développement : De Bandoung à la mondialisation »

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->L'EUROCOMMUNISME a cherché à se différencier nettement du communisme de <st1:PersonName w:st="on" productid="la III Internationale"><st1:PersonName w:st="on" productid="la III">la III</st1:PersonName> Internationale</st1:PersonName> mais il a sombré dans la social-démocratie. Comme les « nouveaux philosophes » apparus en 1977 (Glucksman, BHL,..) l'euro-communisme n'a fait que changer de camp. Il a abandonné sa référence au socialisme authentique luttant contre le socialisme perverti pour passer du côté de la défense de l'Occident impérialiste.

    L'ALTERMONDIALISME constitue pour partie un avatar moderne des luttes anti-impérialiste ou anti-colonialiste, une version des solidarités entre les peuples adaptée au temps de la phase néolibérale de la mondialisation capitaliste. Les économites critiques d'ATTAC posent la perspective du développement d'une société économe et solidaire non capitaliste ( ).

    II - LE NOUVEAU CAMPISME DU « CHOC DES CIVILISATIONS »

    A) LES PREMISSES DES 1991 :

    Les faits : La « guerre du Golf » dite « Désert Storm » (Tempête du désert ») déclenchée en janvier 1991 année de la « chute du mur » de Berlin initie une nouvelle ligne de démarcation. Andre GUNTER FRANK la nomme “Third world war” ou « guerre “tiersmondiale” ce qui signifie à la fois “troisième guerre mondiale” et “guerre du tiers-monde”. L'auteur remarque qu'au cours des dernières années les conflits Est/Ouest se sont estompés alors que ceux entre le Nord et le Sud ont gagné en intensité. Il ajoute que « nombre de conflits Est-Ouest n'ont été qu'apparents et ont fait écran devant les contradictions Nord – Sud toujours à l'œuvre (p25).

    La « théorie » : Le "Choc des civilisations" de Samuel Huntington a été écrit en 1993 deux ans après la chute du mur de Berlin. L'ouvrage a connu un grand succès planétaire a cause de l'attaque des Twin Towers le 11 septembre 2001.

    B) <st1:PersonName w:st="on" productid="LA PLEINE REALISATION">LA PLEINE REALISATION</st1:PersonName> EN 2001 ET 2003:

    Le nouveau campisme est issu de l'interprétation du choc du 11 septembre 2001 soit dix ans après 1991. La guerre contre l'Irak enclenchée le 19 mars 2003 par les USA en constitue la première réalisation.

    Le "Choc des civilisations" de Samuel Huntington voit son contenu vulgarisé et diffusé à l'échelle de la planète : d'un côté Bush, le « Bien », l'Occident démocratique, libéral et civilisé; de l'autre Ben Laden, l'Orient, le Mal , les dictatures, l'islam et la barbarie. La guerre d'Irak en <st1:metricconverter w:st="on" productid="2003 a">2003 a</st1:metricconverter> permis un nouvel élargissement de la thèse dichotomique.

    Proche de Bush, W. Kristol et L Kaplan dans leur livre « Notre route commence à Bagdad » écrivent pour expliquer la guerre en Irak : « Cette cause avait pour enjeu la sécurité de l'Amérique et celle du monde, mais aussi la volonté d'apporter la démocratie dans un pays étouffant sous un système totalitaire". Que les causes réelles soient ailleurs c'est certain, que la cause affichée soit assez peu réalisable pour plusieurs raisons (quel méthode d'apport ? quel modèle démocratique "apporter"?) d'autres l'ont souligné (ex Christian LAZZARI dans Quelle démocratie voulons-nous?). Ce qu'il importe ici pour le MRAP c'est l'affichage quasi-explicitement d'une supériorité institutionnelle s'intégrant dans la compréhension du "Choc des civilisations".

    Au plan idéologique la thèse du « choc des civilisations » s'est répandue sur la planète a eu des effets massifs indéniables que l'on ne peut ignorer, en particulier l'assimilation de tout arabe à un musulman et de tout musulman à un adepte de Ben Laden .

    III – LE MRAP POUR UN ALTERMONDIALISME DE SOLIDARITE CRITIQUE

    Au plan des principes on peut se déclarer « non aligné » ou « non campiste », on peut avancer « ni Bush ni Al Qaida. » ou plus concrètement « l'ennemi de mon ennemi n'est pas toujours mon ami ». Mais il arrive dans la « vrai vie » que la position à prendre soit plus délicate. Par exemple, le CA du MRAP a eu a débattre du soutien au Hezbollah au moment de l'invasion du Liban en 2006 : Le Hezbollah ne pouvait être considéré comme étant des « nôtre » mais avec d'autres forces il a su repousser l'armée israélienne. Le débat collectif a permis de trancher. La commission internationale du MRAP a permis d'actualiser les connaissances utiles sur les forces en présence et les enjeux.

    <!--[if !supportLists]-->A) <!--[endif]-->D'UNE PART L'ANTI-IMPERIALISME PERDURE COMME PREMIER COMBAT DE L'AMITIE ENTRE LES PEUPLES.

    Le monde est un système de domination hiérarchisé complexe. Nous présentons une trame évidemment trop brève pour offrir toute l'ampleur de cette complexité. Mais la complexité du réel, qui devrait introduire les termes et la dynamique historique du « développement inégal et combiné du capitalisme » ne saurait se réduire à de simples rapports d'Etat à Etat (théorie économique classique des "avantages comparatifs"). Nous vivons dans un ordre mondial très inégal et hiérarchisé.

    L'ennemi des peuples est connu : le pouvoir et la domination du monde est le fait des dirigeants économiques, militaires et économiques des USA et de l'Europe. Une petite classe sociale internationale - que l'on nomme bourgeoisie - détient via les firmes multinationales (principalement nord-américaine) et les institutions étatiques, régionales et internationales le pouvoir de dominer le monde.

    Il y a du sud au nord : Le monde c'est aussi bien les peuples occidentaux (USA et Europe) qu'orientaux. Le salariat mondial est de plus en plus exploité (notamment en baisse de salaire global, en intensité de travail, en temps de travail) y compris au Nord. Le grand capital financier, industriel et commercial qu'il soit américain ou européen exige partout une force de travail docile, flexible, mal payée, sans garanti contre une marchandisation complète et contre le chômage. Les fonctionnaires sont devenus les boucs émissaires des politiques néo-libérales.

    Il y a du nord au sud : Les pays du sud sont gouvernés par une bourgeoisie compradores qui émarge au système capitaliste mondiale et qui répercute plus ou moins docilement les consignes du FMI contre leurs peuples.

    La principale arme du capital est la division et la mise en concurrence au sein du salariat mondial. Il s'agit d'opposer les exclus contre les inclus, les salariés du privé contre les fonctionnaires, les immigrés contre les nationaux, les femmes contre les hommes, les homosexuels contre les hétérosexuels, les basanés contre les blancs, les chrétiens contre les musulmans, les croyants contre les non-croyants. Admettre la diversité « catégorielle » mais dans l'unité supérieur de l'ensemble de ce qui fonde le salariat. Admettre la diversité mais pas les différences oppressives, donc défendre la laïcité et l'égalité des droits tel est la ligne de réponse solidaire.

    Malgré le débat encore vif sur cette question, l'altermondialisme n'ignore pas l'effet « nation » comme cadre territorial pertinent de protection-deconnexion : protection par nationalisation contre la montée de la propriété lucrative, contre l'appropriation privée des principaux moyens de production et d'échanges. Ce qui ne signifie pas absence de volonté d'étendre les services publics au-delà des frontières nationales au sein des pays « régionaux », au sein de l'Europe.

    Par contre la nation comme identité réactivée par les dirigeants à l'égard des nationaux comme outil de fermeture à l'immigration est vivement critiquée comme étant au service de la « guerre aux migrants »

    <!--[if !supportLists]-->B) <!--[endif]-->D'AUTRE PART L'ISLAMISME POLITIQUE EST AUSSI A COMBATTRE

    Il est acquis ici que l'islamisme radical qui n'est pas seulement celui de Ben Laden n'est pas assimilable à l'islam ordinaire pratiqué, de façon diverse d'ailleurs, par les musulmans.

    Ceci dit, notre anti-impérialisme ne saurait s'accommoder d'un certain nombre de traits souvent présents au sein des mouvements politico-religieux radicaux, ceux de l'islam politique. Les dominés et opprimés peuvent être à leur tour dominant et oppresseur. Donc pas d'opportunisme à leur égard. Il arrive cependant que des forces réactionnaires accompagnent un temps un mouvement de lutte de libération populaire. En ce cas, et sous réserve d'une analyse collective de la situation réelle, nous n'avons pas à écarter une solidarité qui nuirait à notre combat contre l'impérialisme.

    Ceci dit, nous sommes :

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre la vision englobante multiclassiste qui ignore les conflits sociaux de classes.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre la vision profondément anti-démocratique et anti-individualiste d'un mouvement qui ne reconnaît que Dieu et la loi divine, le seul « droit » du peuple étant d'exprimer son allégeance aux autorités religieuses qui sont ceux qui savent interpréter la loi divine.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre le caractère globalisant mais très hiérarchisé de la famille très fétichisé qui méconnaît le droit des femmes pour survaloriser le pouvoir de l'homme patriarcal.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre l'endoctrinement de la jeunesse via les écoles religieuses et les mosquées

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre la répression généralisée de l'armée et de la police qui laisse la société désarmée et impuissante pour se libérer tant en interne qu'en externe.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre la division généralisée du monde entre la communauté des croyants (ouma) et les non croyants persécutés. Ce qui aboutit au fait que les syndicats sous influence de l'islam politique défendront le patronat islamique contre le travailleur athée ou autrement croyant. Ce qui aboutit aussi à la haine généralisée du non croyant ou du autrement croyant.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre le rejet obscurantiste des Lumières au sein des masses populaires, et donc de la raison émancipatrice dès lors que cette dernière ne saurait se limiter à la seule raison instrumentale et technicienne soumise à la loi islamique. Ce qui aboutit à une religiosité fruste sans élaboration enrichie par une relative ouverture intellectuelle notamment à ce qui n'est pas religieux.

    <!--[if !supportLists]-->- <!--[endif]-->Contre le rejet de la sphère privé par rapport à la sphère publique totalitaire, ce qui aboutit au déni de la société civile, le gouvernement islamique contrôlant tout. Ignorant la société civile par envahissement de l'Etat islamique c'est le clivage en classes sociales antagoniques qui est masqué.

    Cependant le rôle du MRAP n'est pas principalement de lutter contre ses traits qui peuvent par ailleurs se retrouver au nord, notamment dans le bonapartisme de N SARKOZY

    Christian DELARUE

    Commission mondialisation du MRAP

    Rennes le 16/12/2007

    Andre GUNTER FRANK a écrit « La guerre tiermondiale : économie de la guerre du golf » (dans Bush Impérator)

    Le § B s'inspire d'un article d'Ardeshir MEHRDAD et Yasmine MARTHER militants iraniens en exil luttant à la fois contre la perspective guerrière de Bush et contre <st1:PersonName w:st="on" productid="la R←publique">la République</st1:PersonName> islamique. (Texte traduit et publié par Carré Rouge de novembre 2006)

    Livres d'ATTAC: Le développement a-t-il un avenir? et Inégalités, crises, guerres: sortire de l'impasse.

    Développement inégal et combiné du capitalisme :

    "Tous les pays ne se sont pas développés au même rythme, et ne sont pas devenus capitalistes en même temps. Les premiers pays capitalistes (Angleterre, France) ont développé un besoin vital d'expansion : besoin d'envahir de nouveaux pays, pour y introduire le capitalisme, profiter des matières premières et de la main d'œuvre, et pour y écouler leurs marchandises. C'est le stade impérialiste du capitalisme. Mais ce que Trotsky a découvert, c'est que les pays « retardataires » ne suivent pas, en accéléré, le même chemin que les premiers pays capitalistes : développement de l'économie de marché, de la démocratie bourgeoise...(comme l'argumentaient les courants social-démocrate et stalinien). Comme le développement capitaliste de ces pays s'effectue sous pression étrangère, cela perturbe profondément les structures économiques, sociales et politiques du pays. Et le résultat est une combinaison (instable et explosive) entre les maux de la vieille société et l'exploitation capitaliste".

    Le « cauchemar de Darwin » comme exemple : "Dans <st1:PersonName w:st="on" productid="la Tanzanie">la Tanzanie</st1:PersonName> actuelle décrite par Le cauchemar de Darwin, l'introduction d'une industrie de filets de poissons a complètement détruit l'ancien commerce et l'ancienne société, sans les remplacer par une société bourgeoise démocratique. Cela a créé une classe ouvrière surexploitée dans des usines de conditionnement de poisson, à côté des couches sociales issues de la société traditionnelle (pécheurs, marchands...)"


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  • L'AMOUR SOURCE PUISSANTE DE VIE

     

    Si l'amour est tant recherché, si l'on a tant de peine à l'oublier quand on l'a rencontré, c'est probablement, dit Patrick De Neuter, parce qu'il apporte tout à la fois la reconnaissance de soi comme être aimable et, lorsque la sexualité s'y conjoint, la reconnaissance de soi comme être désirable.

    Dans « reconnaissance » il y a « naissance » et les amoureux décrivent fréquemment leur amour naissant comme une naissance, du moins une nouvelle jeunesse. Il est le surgissement miraculeux d'un nouvel élan vital, une découverte d'une partie de soi méconnue ou encore l'ouverture à de nouvelles possibilités créatrices.

    Dire à quelqu'un « je t'aime », sauf en cas de clivage du mouvement tendre et du mouvement sensuel, signifie souvent « je te désire ». Pour Jacqueline SCHAEFFERT (1) : la rencontre d'un amant amoureux effracteur est nécessaire à la femme pour accéder à sa féminité. Et l'homme ajoute Patrick De Neuter ne deviens vraiment homme que s'il rencontre une femme qui peut ainsi l'ouvrir à la plénitude de sa virilité.

    L'importance psychique immense de l'objet d'amour.
    Ces expériences d'amour et de désir amoureux sont d'une importance psychique considérable pour chacun de ceux qui les vivent et l'on comprend que la pulsion d'emprise se développe inévitablement à l'égard de celui ou celle qui en est l'occasion ou la cause. On peut aussi comprendre l'angoisse du déclin et de la fin de l'amour ainsi que celle de l'abandon. La jalousie à l'égard de qui pourrait détourner l'aimée prend ici tout son sens, ainsi que l'extrême dépendance de l'amoureux(se) à l'égard de l'aimé(e).

    1) in « Clinique du couple » ouvrage collectif ERES 2007 actualité de la psychanalyse

    2) in « Le refus du féminin » PUF 1997

    AMOUR : ON EN SE CHOISIT PAS PAR HASARD ! 

    - Selon J.-G. Lemaire, l'idéalisation est le fondement de l'amour :" Il n'y a guère de rencontre amoureuse sans cette forme de surévaluation du partenaire, sans cette euphorie annulatrice d'anxiété. Si l'objet est totalement bon, le sujet aussi est heureux et tout-puissant. " Cette phase qui s'appuie sur le clivage et le déni de la réalité, à la limite du " pathologique ", fait peur à tous les frileux qui redoutent la fusion et diabolisent la passion.
     
    - Ils ne supportent pas de perdre la maîtrise de leurs émotions, mais ils ont tort, précise Alberto Eiguer, psychothérapeute de couple, car cet élan passionnel est une victoire de la libido, une dynamique d'Eros " pour la vie contre la mort, pour la fusion contre la séparation, pour le plaisir contre la souffrance " (3). Toute rencontre amoureuse tend à la fusion avec l'autre. Comme le rappelle Freud, aux prémisses de l'état amoureux, la démarcation entre moi et l'objet tend à s'effacer. Toi et moi ne font qu'un.
     
    http://www.psychologies.com/cfml/dossier/c_dossier.cfm?id=528

     


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  • "CARTE DU TENDRE" ET CHOIX DU PARTENAIRE

    Les deux courants de la "carte du tendre" posent souvent problème mais sont aussi source de joies. La lecture de Colette CHILAND et Danielle BASTIEN aide à comprendre les enjeux de nos rencontres loin d'une idéologie de l'amour désincarné.

    Christian DELARUE 


    1) Colette CHILAND

    Un des thèmes du livre "Le sexe mène le monde" de Colette CHILAND porte sur la "love map"



    Colette CHILAND aborde (1) la question (mystérieuse) du choix du partenaire et son propos est des plus intéressants. Nous ne suivons pas nécessairement les positions de l'auteur sur tous les thèmes abordés par ailleurs mais les précisions fournies sur la "carte du tendre" viennent donner du sens à des comportements courants. Ils ont une portée explicative forte.

    Ses réflexions sont celle d'une psychanalyste, qui rappelle que la sexualité humaine est d'abord une psychosexualité. Au contraire des sexologues, qui traitent les troubles du comportement sexuel, les psychanalystes, en effet, parlent d'une sexualité indissociable du psychisme parce que précisément elle organise celui-ci.

    A propos du choix du partenaire Colette Chiland évoque ici les travaux de John Money, les “sexual maps”, la “carte sexuelle” ou “carte du tendre” qui, comme ne l'indique pas son nom, ne concerne pas seulement l'aspect tendre de la de la sexualité et de la relation sexuelle, mais aussi son aspect sexuel, érotique. Une carte a deux faces donc.

    L'enjeu est double d'une part le "fonctionnement" tendanciellement différent de la "carte du tendre" chez l'homme et chez la femme et d'autre part l'ajustement des cartes dans le choix du partenaire. L'ensemble de la problèmatique de la "carte du tendre" explique la qualité ou l'insuffisance des rencontres de qualité comme les deuils difficiles.

    Ainsi que le remarque Jean-François Rabain (2) Collette Chiliand réconcilie Freud et Bowlby : la satisfaction pulsionnelle cherchant l'objet, la figure d'attachement, et non seulement la pure décharge mécanique. Elle montre, par
    ailleurs, qu'il n'existe pas d'amour aussi bienveillant soit-il qui ne soit mêlé d'ambivalence. L'ambivalence dans son inéluctabilité est pour les freudiens une “conséquence” de la dernière théorie des pulsions, Freud décrivant une force de déliaison à l'œuvre associée à une force de liaison. Face à Thanatos, face aux forces de destruction, Eros, Philia et Agapé “représentent notre espérance”.


    1) Colette Chiland, "Le sexe mène le monde" Éditions Odile Jacob, 1999.
    2) Note de lecture de Jean-François Rabain
    http://www.carnetpsy.com/archives/ouvrages/Items/cp46a.htm

     Pour aller plus loin à propos de la "carte du tendre" comme pièce maîtresse de la relation hétérosexuelle ou homosexuelle:

    2) Danielle BASTIEN

    dans son article "Le scandale du féminin" dans l'ouvrage collectif "Clinique du couple" ERES

     

    "Freud nous invite à penser les courants tendres et sensuels associés chez les femmes et plus volontiers dissociés chez les hommes" écrit Danielle BASTIEN

    Cette observation explique un certain décalage entre les hommes et les femmes dans les rencontres intimes. Cela explique aussi le sentiment intense de bonheur lorsqu'un homme voit s'unifier pleinement sa carte du tendre qu'il avait auparavant plus ou moins clivée. Ce bonheur se retrouve chez les femmes qui connaissent le désir "comme effet d'un amour inaugural"

    Danielle BASTIEN décrit ensuite les différentes formes de dissociation de la plus "soft" à la plus radicale :

    "CHEZ LES HOMMES en effet, pour qui, enfant, la mère à la fois incarne à la fois l'attachement tendre pré-oedipien pour devenir ensuite l'objet visé par le courant sensuel du désir oedipien, ce qui sera la plupart du temps problématique, c'est de voir rassemblés ces deux courants chez une femme : leur épouse, leur compagne, à la fois amante et mère des enfants. Se voit ainsi classiquement expliqué, voire justifié, le clivage mère / putain qui pousse certains hommes, sans doute nombreux, à dissocier aussi dans leur vie réelle les deux courants sous des modalités diverses :

    - celle de l'épouse et de la maïtresse clandestine, maïtresse qui attendra très longtemps de pouvoir prendre la place de l'épouse, alors que précisément si la situation est structurée sur ce mode, c'est pour dissocier ces deux figures et pas seulement pour varier les plaisirs.

    - Il y a aussi la figure de l'épouse et du recours aux prostituées ;

    - de l'épouse et des aventures multiples et répétitives annexes ;

    - voire dans une version plus moderne, de l'épouse et de l'utilisation d'Internet.

    Tout ceci venant une fois encore reproduire la même configuration : d'un côté, l'épouse respectable, idéalisée et éventuellement mère des enfants ; de l'autre, les femmes objet de désir". .../...

    La carte du tendre hyperclivée fournit une explication sur les déterminants masqués de "l'amour vrai". En fait La carte du tendre hyperclivée explique le caractère idéologique de l'amour désincarné de certains philosophes ou psychologues.

    Reprenons le propos de Danille BASTIEN : "Chez certains hommes d'ailleurs, dans une version encore plus radicale, c'est la dissociation obligatoire qui s'imposera : ils ne pourront aimer que celles qu'il ne désirent pas et ne désirer que celles qu'ils n'aiment pas. Dans une version plus symptomatique, des difficultés sexuelles, voire l'impuissance, apparaîtront dans un des couples, alors que pourra advenir une puissance sexuelle avec l'autre. On comprend dès à présent à quel point l'harmonie conjugale est si peu souvent aisée.

    CHEZ LES FEMMES par contre, c'est le clivage, tel qu'il a été conceptualisé par Freud et puis par Lacan, qui sera insupportable. Il le sera parce que l'amour seul pourra être le voile imaginaire qui permet de masquer la crudité du désir. Voilà aussi pourquoi la passion amoureuse est tellement valorisée et recherchée par les femmes.

    Celle-ci constituerait une sorte de preuve majeure, pour la femme, qu'elle est non seulement aimée et désirée, mais bien plus, aimée au point de devenir la seule et l'unique qui puisse susciter la force de ce sentiment. Ce qui est en effet très loin, voire opposé à l'objectalisation précédemment décrite, où elle ne serait "qu'un petit bout de corps". L'un - l'amour ou la passion -, proposent ces auteurs, permettant l'autre - le fait d'être objectalisée."

     


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    NEO-FROMM :

    POUR UNE ETHIQUE BIOPHILE LIBEREE

     

     

     

    Une lecture « marcusienne » de l'éthique biophile d'Erich Fromm

    chrismondial blogg

     

    Tout d'abord « qui parle ? » d'ou cette brève accroche sur un parcours : « Le cœur de l'homme » est le premier livre d'Erich FROMM que j'ai lu (1) avant de fréquenter pendant trente ans toute la littérature du psychanalyste proche de l'Ecole de Francfort. Eric FROMM comme Herbert MARCUSE n'ont pas été simplement pour moi des « passeurs » du christianisme vers le marxisme. Car la lecture de ces auteurs ouvre d'autres perspectives que de mener à Marx. J'ai donc continué de fréquenter longtemps Fromm malgré des réserves sur certaines de ces positions, malgré la lecture d'autres auteurs : BADIOU (les éthiques de situation), COMTE-SPONVILLE (aimer désespérément), etc...

    N'ayant pas voulu être trop long, je préviens que chaque paragraphe mériterait des nuances, des précisions. Voilà qui laisse place à des commentaires.

     

     

    1- L'éthique biophile d'Erich Fromm.

     

    La nécrophilie se déploie avec des intensités variables. Elle désigne au sens strict le goût prononcé pour la mort mais aussi de façon plus "douce" un goût pour ce qui est froid et mécanique. Préférer, sous l'influence de Thanatos, la « bagnole » aux fleurs n'est évidemment pas aussi morbide et dangereux que l'esprit et la pratique de destruction d'une fraction de l'humanité que Fromm décrit longuement chez Hitler . A un niveau intermédiaire, la nécrophilie manifeste une tendance à l'avilissement de soi et des autres. La sexualité placée sous le signe de thanatos cherchera à faire l'économie de la réciprocité, du consentement de l'autre, de sa participation, de son plaisir. Le prototype en est l'homme qui ne trouve son plaisir qu'avec une femme inconsciente (le nécrophile viole des femmes saoules comme si elles étaient mortes).<o:p> </o:p>

    Par opposition, la biophilie et le bien ce sont le respect pour la vie et la recherche de tout ce qui favorise la croissance et l'épanouissement de soi et de l'autre, le tout sans remords et sans culpabilité. Le mal vise à brider l'existence humaine, à la rétrécir, à l'atrophier. Il empêche de grandir, de s'épanouir. <o:p> </o:p>

    Le lien avec Spinoza est constamment réalisé chez Fromm : être et non avoir, vivre et non posséder c'est connaître la joie. Des philosophes contemporains comme Comte-Sponville ou Mishari ont vulgarisé cette opposition spinozienne joie / tristesse. J'y renvoie. Une lecture inspirée de Marcuse (2) et Reich incline à dire sensiblement la même chose mais en moins "conformiste", en moins austère de par l'introduction du plaisir, ce qui donne le propos suivant : Mener une existence misérable incline à la tristesse alors que le mouvement vers la vie et le plaisir est source de joie. En fait l'intégration du plaisir pour aller vers la joie est plus explicite chez Alexander Lowen disciple de W Reich. Ce même W Reich a aussi conservé une référence plus forte au marxisme.

     

     

    2 - Contre l'intensification du travail et le familialisme.

    La restriction du moi sur du quotidien répétitif, ennuyeux et aliénant est source de tristesse. Cette misère est triple, elle concerne la vie au travail, la vie de couple et notre façon d'utiliser le temps libre (la fréquentation de la télévision ou des temples de la consommation marchande). Je souligne deux champs ou le choix d'une éthique biophile se pose.

    a) Dans le champ du travail salarié: Pour FROMM l'individu libre et épanoui est créatif et productif mais à la suite de Spinoza il ne confond pas actif et activisme . Par ailleurs, il s'agit d'une productivité non contrainte, loin des subordinations du monde du travail salarié, en tout cas, loin du travail à la chaîne ou sous la pression des statistiques, . Le prototype de l'individu productif pourrait être soit l'artisan (en voie de disparition face à la généralisation du salariat et à l'extension du capital) soit (ainsi que le répète Bernard FRIOT) le « jeune » retraité de 55 ans qui poursuit ou qui s'engage dans des activités citoyennes et solidaires pour la construction d'un "autre monde".

    b) Au sein de la famille patriarcale : Au sein du couple la restriction appauvrissante de la vie et du moi serait la situation de simples cohabitants froidement "ensemble" pour gérer les biens patrimoniaux et l'éducation des enfants le tout sans tendresse. A la suite d'Yves Prigent (Vivre la séparation) j'ai évoqué les "couples simplement cohabitants sans passion et peu d'amour". Sans passion au sens de vie affective et libidinale au sein du couple éteinte. Pour Fromm, qui suit ici Spinoza, la passion est de l'ordre du négatif. La passion relève de la passivité et non activité. Il convient de se souvenir de cela mais sans dogmatisme rigide . Pour relativiser une position par trop rigide la lecture d'Alexander LOWEN, (celui de ses premières oeuvres pas celui d'aujourd'hui) est des plus utiles. Un trop fort ressentiment contre la passion ne permet pas, par exemple, de comprendre positivement le « tomber amoureux ». C'est bien un usage tranché de Spinoza donne une teinte rigide et conventionnel « l'art d'aimer » de Fromm notamment avec l'importance donnée à l'entraînement et à la discipline. A tel point que, si Fromm avait moins cité dans ses ouvrages des auteurs athées - comme Freud, Marx et Spinoza - les grandes religions monothéistes auraient pu s'approprier Fromm aisément. Car « l'art d'aimer » peut être lu comme une charte du mariage bourgeois ou du couple chrétien fidèle ad vitam aeternam!

    - L'éthique biophile n'est pas mobilisable de façon absolue contre l'avortement . Se déclarer au nom de FROMM ou de l'éthique biophile contre l'avortement, tout simplement parce-que l'on n'a aucun droit de vie ou de mort sur une personne, un bébé, ou un embryon humain c'est oublier rapidement au moins deux choses : - d'une part que l'avortement n'élimine qu'un embryon ( passé un certain nombre de mois variable selon les pays l'avortement n'est plus autorisé car l'embryon devient réellement être vivant) ; - d'autre part l'embryon n'est pas dans une éprouvette mais dans un ventre, dans un corps vivant, un corps de femme. C'est donc fondamentalement à la mère de se déterminer librement car c'est elle qui porte l'embryon puis l'enfant en gestation, car c'est elle encore qui devra éduquer l'enfant (avec le père biologique éventuellement).

     

     

    3 - L'amour source de vie

    Si l'amour est tant recherché, si l'on a tant de peine à l'oublier quand on l'a rencontré, c'est probablement, dit Patrick De Neuter, parce qu'il apporte tout à la fois la reconnaissance de soi comme être aimable et, lorsque la sexualité s'y conjoint, la reconnaissance de soi comme être désirable. Dans « reconnaissance » il y a « naissance » et les amoureux décrivent fréquemment leur amour naissant comme une naissance, du moins une nouvelle jeunesse. Il est le surgissement miraculeux d'un nouvel élan vital, une découverte d'une partie de soi méconnue ou encore l'ouverture à de nouvelles possibilités créatrices.
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    Dire à quelqu'un « je t'aime », sauf en cas de clivage du mouvement tendre et du mouvement sensuel, signifie souvent « je te désire ». Pour Jacqueline SCHAEFFERT (1) : la rencontre d'un amant amoureux effracteur est nécessaire à la femme pour accéder à sa féminité. Et l'homme ajoute Patrick De Neuter ne deviens vraiment homme que s'il rencontre une femme qui peut ainsi l'ouvrir à la plénitude de sa virilité.

     

    L'importance psychique immense de l'objet d'amour. Ces expériences d'amour et de désir amoureux sont d'une importance psychique considérable pour chacun de ceux qui les vivent et l'on comprend que la pulsion d'emprise se développe inévitablement à l'égard de celui ou celle qui en est l'occasion ou la cause. On peut aussi comprendre l'angoisse du déclin et de la fin de l'amour ainsi que celle de l'abandon. La jalousie à l'égard de qui pourrait détourner l'aimé€ prend ici tout son sens, ainsi que l'extrême dépendance de l'amoureux(se) à l'égard de l'aimé(e).
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    1) in « Clinique du couple » ouvrage collectif ERES 2007 actualité de la psychanalyse

    2) in « Le refus du féminin » PUF 1997

     

    4 - Ouverture : Le projet d'amour libre de Jean ZIN !


    « La question de la liberté en amour est ce qui nous passionne vraiment et reste notre actualité, l'exigence de s'engager dans un amour libre ». dit Jean ZIN (3)

    Il précise car l'amour libre ce n'est pas n'importe quoi avec n'importe qui : "Contrairement à ce qu'on a pu croire, dans l'enthousiasme de Mai 68, il ne s'agit pas de multiplier les partenaires sans rien partager ni construire, sans compagnon pour vivre ensemble, de plus en plus seul et détaché de tous, mais il ne suffit pas d'en dresser un constat d'échec comme s'il suffisait de revenir en arrière et renoncer à ces folies de jeunesse, car nos pratiques amoureuses ont réellement changé, elles ont gagné en authenticité et chacun éprouve dans sa vie les contradictions des exigences d'un amour libre, sans arrêter de le pratiquer (mal). Il faudrait donc bien reprendre le projet d'une libération de l'amour qui ne s'épuise pas dans la dispersion et la solitude mais permette la continuité et la profondeur de fidélités multiples.

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    Eros ou la force des sentiments tendres.

     

    Trois phases de la vie amoureuse sont déterminantes :

    - les débuts (le « tomber amoureux »),

    - le passage à l'amour relativement durable,

    - la fin : la rupture amoureuse.

     

    1) LA RENCONTRE AMOUREUSE

    (10/07/1998)

     

    A) LE « TOMBER AMOUREUX »

    Une "chute" certes mais qui peut être, plus qu'une aventure, le point de départ d'une élévation, d'un amour véritable, sublime.

    Contre la solitude, solitude réelle ou solitude dans le couple ou la famille, certains ou certaines cherchent
    activement un(e) partenaire. D'autres non . Ils ou elles préfèrent la surprise de la rencontre amoureuse. Cela laisse encore à penser qu'ils attendent "la surprise", ce qui sans doute modifie l'effet de surprise. Mais peu importe ici. Mon propos est le "tomber amoureux" (et secondairement sa transformation en amour).

    Je vais l'aborder positivement car le « tomber amoureux » a été critiqué notamment par E Fromm au nom du concept spinozien de la passivité. Il est des individus, hommes ou femmes, hétéro ou homo, jeunes ou vieux, qui ne sont jamais vraiement «tombés amoureux » conjointement, ensemble . Il n'ont donc jamais connu cette expérience partagée de transcendance, cette surabondance de joie et de bonheur, ce surcroit de vie autant que de « plus-jouir » (Lacan). Et celles et ceux qui l'ont connu n'ont pas toujours pu ou su le faire vivre, ce qui est autre chose. L'amour n'est pas un long fleuve tranquille.

    Cela va peut-être étonner mais c'est à Freud et non à Misrahi que je recours pour expliquer cette avantageuse émotion fusionnelle qui, si elle perdure, va se métamorphoser en amour En effet la référence à la tendresse est présente dans toute l'œuvre freudienne.

    Mais la tendresse n'est qu'un élément de la « love map » (ou « sexual-maps » selon Money) traduit en « carte du tendre » par Jean-Didier Vincent. Un texte de Freud, en 1912, « Deuxième contribution à la psychologie de la vie amoureuse. » distingue à ce propos nettement deux courants dans la psycho-sexualité, le courant tendre et le courant sensuel et érotique . Si l'amour ne se réduit pas à la sensualité, il ne peut pas non plus totalement l'éliminer. On ne peut tout sublimer.

    Le temps opère passage de la passivité du "tomber amoureux" à l'amour actif ("se tenir dans l'amour" selon Fromm). Si l'émotion relève de formes explosives de l'affectivité , les sentiments participent eux de phénomènes affectifs plus tempérés, plus stables (J Maisonneuve) . Mais les premiers états affectifs perdurent, et la passion s'inscrit alors dans la durée . L'émoi initial est entretenu, par des rites notamment (Neuburger), portant sur les deux désirs amoureux (R Barthes) le pothos, désir de l'amant absent et l'himeros désir plus ardent pour l'amant présent.

    Revenons alors à l'émoi initial . "Par quels indices ténus, subliminaux, les deux partenaires sentent-ils la correspondance ?" La magique rencontre amoureuse se traduit par la rencontre de deux « cartes du tendre ». C Chiliand précise que «la sexualité de chacun a des particularités idiosyncrasiques, que nous appelons « cartes du tendre » . Elles incluent les particularités de l'excitation sexuelle, de sa montée et de sa résolution finale, le choix du partenaire et la formation du couple »

    La rencontre amoureuse opère l'ajustement, si difficile bien souvent, des deux ordres de la psycho-sexualité de chacun(e), homo ou hétéro, celui du désir érotique et celui de la tendresse. Car, comme l'écrit Pasini "pour certains la tendresse est la "rampe de lancement de l'érotisme" pour d'autres elle ressemble à un doux somnifère. Elle entre alors en conflit avec l'érotisme qui implique non seulement jeu et communication, mais aussi surprise et transgression".

    La rencontre amoureuse favorise donc au travers du plaisir sexuel "une synthèse du corps et de l'esprit" (R Misrahi) d'une part par une confluence paradoxale tendresse/animalité et d'autre part par fusion réconciliatrice ou même parfois régénératrice . Une confluence paradoxale car la sensualité ne peut se manifester qu'à l'égard de personnes rabaissées dit Freud et les cliniciens qui le suivirent . Ainsi tel homme est puissant avec des prostituées et impuissant avec des femmes estimées . Fusion réconciliatrice de "la mère et de la putain", de l'estime et de la vulgarité et même relativement régénératrice car les problèmes «sexuels » éventuels liés à la dissociation de la tendresse et de la
    sensualité peuvent disparaitre.

    Alors rédemption de la rencontre amoureuse ? Si "la passion amoureuse implique un investissement corporel et fantasmatique total dans un sensualité libéré de la peur, de la posséssivité, desscrupules perfectionnistes et de la volonté de dominer" alors il ne faut pas attendre de la rencontre amoureuse un miracle. Mais G Tordjman met-il peut-être la barre un peu haut ? Reste que la rencontre amoureuse n'efface pas tout le passé et ne peint pas nécessairement "en rose" l'avenir . Ce que les psychanalistes entendent trop souvent, notamment P Babin, c'est la blessure "de femmes bafouées, de femmes violées, de violences sexuelles faite par les hommes sur les femmes" Mais il ne s'agit plus là d'amour, mais d'invitation au combat pour l'égalité des sexes.

    Erich Fromm "L'art d'aimer"

    Colette Chiliand "Le sexe mène le monde" Calman Lévy

    Robert Neuburger "Nouveaux couples" O Jacob

    Robert Misrahi "Qui est l'autre ?" A Colin

    Docteur Gilbert Tordjman "Le couple: réalités et problèmes" Hachette

    "Eloge de l'intimité" Willy Pasini Payot

    "La fabrique du sexe" Pierre Babin Textuel

    X

    B - LA GRACE AMOUREUSE ELEVE l'être humain

    Il ne s'agit pas ici de l'expérience d'une grâce divine qui vient d'en haut. Non il s'agit d'une grâce humaine ordinaire qui part d'en-bas, du corps et de l'âme humaine. Car derrière le regard et le timbre d'une voix c'est l'âme humaine que l'on rencontre et c'est la grâce humaine qui nous frappe.

    a) - EXPERIENCE DE GRÂCE : LA VOIX ET LE REGARD comme point de départ d'une transcendance ou plutôt d'une ascendance.

    Au-delà d'un éventuel effet physique, qui peut toujours survenir, ce qui importe de comprendre c'est l'effet de grâce global généré par la rencontre amoureuse première. La voix et le regard de l'autre ont un effet de grâce qui va au-delà de la séduction ordinaire. La voix et le regard reflète l'âme et s'adresse au cœur et à l'âme de l'autre.

    Cet effet a une double dimension : une dimension corporelle car inscrite profondément et durablement dans le corps comme attachement (donc bien au-delà d'un effet sexuel) et une dimension de valeur sacrée et transcendante qui place la relation au-delà du présent et du vulgaire.

    Le fait que cet effet ait été réciproque mais aussi et surtout durable légitime le fait que cette relation relève indéniablement de l'amour et non du coup de foudre "sans travail" ou de l'aventure sans lendemain ou du "prendre soin" dans le cadre un peu froid des cohabitants "familialement correctes".

    b)- COMPREHENSION COMPAREE : Théologie et philosophie matérialiste de la grâce.

    D'abord que disent les chrétiens sur la grâce : "La grâce ne s'éprouve pas seulement passivement. Accueillie comme un don, la grâce nous invite à la faire rayonner à travers notre esprit et notre corps ; à l'exprimer par nos attitudes et nos pratiques, et pas seulement par la parole. L'expérience de la grâce ne se limite pas à des émotions ou à des états d'âme. C'est quelque chose de profond qui transforme et renouvelle la conscience, le corps et le mode de vie de ceux qui l'accueillent".

    Je serais assez d'accord pour reprendre ce passage à condition de préciser que pour un athée matérialiste (1) le "haut" ne préexiste pas pour descendre ensuite sur les humains. C'est le processus inverse qui se produit. Les humains, comme Icare, produisent leur propre élévation et transcendance. "Icare fabrique ses ailes, monte, puis tombe ; l'âme de Platon perd ses ailes, tombe puis remonte"(2).

    Christian DELARUE (signé alors sous le pseudonyme de Leo Jogiches le compagnon de Rosa Luxembourg)
    * (p 60 et suiv.) PUF- Quadrige

    1) Je m'inspire ici de la philosophie du matérialisme d'André COMTE-SPONVILLE notamment son "Traité du désespoir et de la béatitude" T1 Le mythe d'Icare, T2 Vivre. "Grâce" à André Comte-Sponville je peux relier deux penseurs que je fréquente en amateur Erich FROMM et son rigoriste ouvrage « L'art d'aimer » et R. MISRAHI, plus précisément celui qui s'est fait le philosophe de la rencontre amoureuse.

    Cf. « Libres extraits de "Qui est l'autre ?" » (de Robert MISRAHI), par Christian Delarue http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=47492

    http://rennes-info.org/Libres-extraits-de-Qui-est-l-autre.html

    2) "Traité du désespoir et de la béatitude" p85 dans la version PUF Quadrige

    3) : Mon appréciation mériterait étude mais il me semble que le premier André Comte-Sponvile du Traite du Désespoir... publié en 1984 est plus rigoureusement matérialiste que l'A.Comte-Sponvile qui écrit aujourd'hui des billets dans Psychologies et autres revues contemporaines et qui se dit « fidèle » à la tradition chrétienne . Il a avancé que « la présence ou non d'une foi religieuse [il est question essentiellement ici du catholicisme] ne change « presque » rien à la morale » (a). Comme Nadine de Vos (b) je ne partage pas ce point de vue.

    a) André Comte-Sponville, /L'esprit de l'athéisme – Introduction à une spiritualité sans Dieu/, Albin Michel, 2006, page 55.

    b) Nadine de Vos : L'esprit de mon athéisme http://prolib.net/chroniques/201.061230.athee.ndv.htm

    Sur la nécessaire mécréance lire « Fragments mécréants » de Daniel Bensaïd et "A rebrousse-poil de l'idéologie dominante" http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article1274

     

    2) L'ENGAGEMENT AUTHENTIQUE ET DURABLE de l'individu moderne


    Je renvoie ici à :
    - « AUTHENTICITE DE LA PASSION », un extrait de l'ouvrage de Valérie DAOUST « De la sexualité en démocratie – L'individu libre et ses espaces identitaires. » PUF 2005 posté sur bellaciao sous le titre
    S'engager pleinement, sans retenue...

    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=52684

    - « La rencontre et l'amour » (de Robert MISRAHI), » lire : « Libres extraits de "Qui est l'autre ?" » de Christian Delarue
    >http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=47492
    >http://rennes-info.org/Libres-extraits-de-Qui-est-l-autre.html

    X

    3) LA RUPTURE AU TEMPS DE LA MODERNITE :

    Plus on s'engage, plus on partage et plus la séparation est difficile voire traumatisante. Une agressivité surgit, pas nécessairement ouverte, car le masochisme versus dépression ou versus mélancolie peut remplacer l'agression ouverte. Chez les femmes cette agressivité, cette haine ne sont pas plus absents que chez l'homme : elles se réalisent dans certains abandons "durs" de l'homme aimant dit Patrick de Neuter.

    Le durcissement du coeur, mélange de masochisme et de sadisme, manifeste le retour de Thanatos.

    a) (sa) dépression ou (ma) mélancolie.

    Outre l'effet d'un même évènement traumatisant, il y a d'après Alain EHRENBERG in « La fatigue d'être soi » (4) « un rapport entre la mélancolie et la dépression, elles sont toutes deux le malheur d'une conscience de soi aiguisée à l'extrême, une conscience de n'être que soi-même. Si la mélancolie était le propre de l'homme exceptionnel, la dépression est la manifestation de la démocratisation de l'exception (p 235).

    Dans le chapitre « Mélancolie : de la grandeur d'âme au sentiment d'impuissance » l'auteur rappelle la définition de la mélancolie d'Esquirol (1819) « comme une monomanie : tristesse, abattement ou dégoût de vivre s'accompagne souvent d'un délire sur un seul thème, la raison étant conservée par ailleurs. Le mélancolique est poursuivie par une idée fixe, différente du délire général qui caractérise la manie ». La modernité a fait apparaître l'idée d'une mélancolie sans délire : « une passion triste et dépressive » sans signe de déraison. L'état mélancolique est entre le normal et le pathologique, il est une « douleur morale ».

    Pour résorber ces états « mélancoliques » issus de ruptures amoureuses les psychanalystes ne sont pas sans repères. Ils ont écrit EHRENBERG (p 139) « un outil pour compenser la fragilité narcissique c'est l'idéal du moi. L'idéal du moi est lié au narcissisme comme le surmoi est lié à l'interdiction. Le sentiment d'infériorité est au premier ce que le sentiment de culpabilité est au second. Si le surmoi invite à ne pas faire, l'idéal du moi, à l'inverse, convie à faire. »


    b) Rester humain dans la rupture : contre le durcissement du coeur!

    Si le mélancolique doit en faire moins (ne pas agir constamment pour résoudre une situation, ou conjurer une angoisse), la dépressive doit en faire plus.

    - Respect humain : Saluer l'autre, ne pas changer de trottoir reste le SMIC de la non violence.

    - La responsabilisation selon SALOME : se quitter en reconnaissant aussi auprès du partenaire tout le bon de la relation passée.

    - Envisager l'amitié . L'amitié après la rupture me parait être à la fois le moyen et le but, comme processus et comme état "conquis" . Dans un premier temps il s'agira de transformer de puissants affects amoureux en amitié, dans un second temps il s'agira de rejouir de l'autre comme ami, comme ami libre vivant avec un autre une relation importante.

    L'amitié comme processus de "sortie de crise" fait débat : les "mélancoliques" seront volontaristes en engageant d'emblée une relation qui met l'amitié au coeur de la transformation (sans confondre relation et sentiments). Les "déprimés" seront dans le "lâcher prise" et demanderont une forte baisse de l'intensité des affects et donc une période variable de sevrage avant d'envisager l'amitié.

    Christian DELARUE

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    Notes :

    1 : Ce sont des difficultés récentes qui m'ont amené à relire Eric FROMM. J'ai connu vers 23 ans une conversion spirituelle et idéologique qui me faisait abandonner dans un même mouvement l'enrôlement militaire et le christianisme familial. C'est par la lecture et les discussions que j'ai peu à peu remplacé ma conscience dogmatique d'autrefois par une conscience athée et critique.

    nb : On trouve sur le web un résumé rédigé par Yvon PESQUEUX de "Le coeur de l'homme" d'Eric Fromm

    2 Marcuse use des catégories marxistes de façon dialectique mais en demeurant dans l'abstrait. Il est cependant moins un sociologue de la domination tel Bourdieu et plus un penseur de la contradiction et de la libération. Mais les forces sociales sont très souvent absentes de son discours car la conflictualité ne met pas aux prises pas des classes sociales. Dans "Eros et civilisation" il fait appel à Freud en plus de Marx pour penser la liberté. Marcuse s'est surtout adressé à la jeunesse pour sortir de l'aliénation. Erich Fromm quand à lui cite Marx, Spinoza et Freud plus qu'il ne met en application sa méthode.

    – L'invitation à relire Marcuse n'est pas nouvelle. 

    Marcuse s'est engagé "à combattre la psychanalyse révisionniste néofreudienne à l'américaine qui visait à effacer tout ce que Freud pouvait avoir de révolutionnaire et à promouvoir une thérapeutique de fabrique d'individus « adaptés » à leur environnement en optimisant leur réseau « d'interactions humaines ». Avec plus de quarante ans d'avance, Marcuse avait bien vu tout l'enjeu de cette « adaptation » socio-culturelle : « Cet exploit intellectuel s'accomplit en édulcorant la dynamique des instincts et en réduisant la portée de la vie mentale. Ainsi purifiée, » l'âme « peut à nouveau être sauvée par une éthique et par la religion ; ainsi la théorie freudienne peut être réécrite par une philosophie de l'âme"



    L'introduction en France d'Herbert MARCUSE a pour origine la rencontre en Suisse de trois marxistes Boris FRAENKEL, Lucien GOLDMAN et Kostas AXELOS qui s'installent en France. Lucien GOLDMAN invitera Marcuse en France. Kostas AXELOS marxo-heddeguerien fonde avec Edgar MORIN la revue Argument qui intégrera les apports de Marcuse dans leurs analyses. AXELOS publiera des ouvrages de Marcuse. Boris FRAENKEL non universitaire, membre de l'OCI et connaisseur de Wilhem Reich, puis plus tard Jean-Marie BROHM, déploieront la pensée freudo-marxiste avec des recours à Luckacs et Marcuse pour une critique du sport. Emile COPFERMANN et Boris FRAENKEL produiront chez Partisans une théorie critique de la sexualité : "Sexualité et répression".

    cf. Une perspective "argumentativiste" en sociologie de la connaissance philosophique.
    Le cas de la réception française d'Herbert Marcuse.
    par Manuel QUINON
    tmquinon.pdf (Objet application/pdf)
    http://www.cess.paris4.sorbonne.fr/dossierpdf/tmquinon.pdf

     

    3 In « Amour libre » de Jean ZIN

    http://jeanzin.fr/ecorevo/psy/amourlib.htm

    4 « La fatigue d'être soi » d' Alain EHRENBERG Ed Odile Jacob 1998

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    En deux mots

     

    La philosophie résumée d'Eric FROMM :

     

    a - La critique des insuffisances de la philosophie classique :

    Est-il possible de parler d'essence humaine, de nature humaine? La question se pose sérieusement car pour E Fromm, la conception classique de l'homme pose un dilemme :

    • soit l'homme est une substance . Alors soit l'homme porte le mal en lui , soit inversement il est "homme de bien", mais il ne peut évoluer.
    • soit l'homme est en perpétuel devenir mais il n'a plus de définition.

    b - Erich FROMM propose de sortir du dilemme par une conception dialectique et matérialiste particulière:

    - Sa définition de l'humain : Ce dernier vit en permanence dans une contradiction qui prend racine dans les conditions de l'existence humaine . La contradiction est inhérente à l'espèce humaine.
    L'homme est :

    • à la fois animal et intelligent
    • à la fois dans la nature et transcendant celle-ci.

    L'homme est donc en proie à un conflit :

    - Choisir la solution positive : Ce n'est pas tout de dire que l'homme est dans le conflit, il convient d'indiquer une solution:

    - la solution régressive consiste à rejeter sa part humaine, sa conscience

    - la solution progressiste vise à développer son humanité.

    L'homme doit donc lutter contre les tendances régressives. C'est un art, une discipline. Et constamment à chaque étape de sa vie il doit faire des choix de développement humain.
    Toute personne, ou presque, est susceptible de régresser dans un état archaïque (p 173 Le cœur de l'homme)

     


    1 commentaire
  • FRANÇAIS-IMMIGRES, CONTRE LE TRAITE SIMPLIFIE

    Droit des étrangers non communautaires : l'hypocrisie doit cesser !

    Pour l'égalité des droits, pour la citoyenneté européenne à tous les résidents,

    ABROGATION DU TRAITE DE MAASTRICHT ! NON AU TRAITE SIMPLIFIE !

     

     

    A l'heure ou les migrations internationales sont croissantes et n'épargnent aucun pays (mondialisation des migrations)la liberté de circulation signifie aussi liberté d'installation. Le critère de la résidence et de l'égalité des droits doit l'emporter. D'autant que la notion d'égalité des droits n'est pas absente de certains textes européens.

     

    En fait, l'égalité des droits n'est pas bafouée franchement ; elle est refusée à partir d'une l'hypocrisie juridico-institutionnelle de l'Union. Plus qu'une hypocrisie une contradiction. D'un côté de beaux et généreux principes qui sont censés assurer cette égalité des droits mais de l'autre un traité, celui de Maastricht qui les bafoue franchement.

    Les dispositions de ce traité vont à l'encontre des principes fondamentaux affichés au fronton de l'Union européenne. Ainsi <st1:PersonName productid="la Charte" w:st="on">la Charte</st1:PersonName> européenne des droits fondamentaux, affirment l'égalité des personnes. Le principe n'est pas affirmé sans fondement, sans motivation. En effet, l'Union " se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d'égalité ". Que c'est beau !

    Dés lors comment comprendre la validité d'un traité qui s'analyse comme une machine à diviser et subdiviser , une machine de ségrégation inouïe génératrice de multiples inégalités : inégalité des droits politiques, inégalité dans les possibilités d'accès à la nationalité du pays de résidence et donc à la citoyenneté de l'Union.

    Ce traité de Maastricht divise la population qui vit sur un même territoire en catégories de citoyens ayant les mêmes devoirs mais des droits différents : - les nationaux, - les citoyens de l'Union, ressortissants d'un Etat de l'Union autre que celui de résidence, - les étrangers non communautaires (hors Union)- les sans papiers. Les étrangers vivant dans un pays de l'Union n'ont donc pas les mêmes droits suivant leur nationalité. De plus, les étrangers de même nationalité n'ont pas les mêmes droits suivant le pays dans lequel ils sont résidents !

    Dans l'Union, le droit de participer aux élections " politiques " varie beaucoup en fonction de la nationalité et du pays de résidence. Dans certains pays, tous les étrangers ont le droit de vote avec ou sans éligibilité à certaines élections locales, variables suivant les pays. Dans d'autres, ils n'ont ni droit de vote, ni éligibilité...

    Christian DELARUE

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