• ALTERCITOYEN :
     
    CITOYEN CONFINE, SEPARE, EXCLUS   ou    CITOYEN D'EMANCIPATION


     

    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=34633

     

    Face à la mondialisation capitaliste sous ses trois formes marchande, financière et d'appropriation privée, ATTAC a placé le citoyen au centre de son dispositif intellectuel et militant afin d'une part d'en assurer sa promotion - le citoyen dispose d'un rôle mineur dans les démocraties réellement existantes - et d'autre part pour assurer la construction d'un autre monde vraiement autre par l'activité citoyenne.

    Un défi, une gageure ! Je tiens cette promotion du citoyen pour ambiguë dès lors que le peuple est ignoré (il ne figure pas dans Alter, le nouveau dictionnaire altermondialiste), que l'égalité n'est pas assurée et que la "démocratie participative" ne tend bien souvent qu'à des faux-semblant d'intervention citoyenne.

    La notion de citoyen qui fait le lien entre deux "cultures" présentes au sein d' ATTAC, la culture de mouvement et culture de gouvernement, semble s'accommoder de la vision libérale d'une société globale clivée entre société civile et Etat. Pour autant il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain : Contre le citoyen instrumentalisé par le néolibéralisme l'altermondialisme a raison de défendre et promouvoir le citoyen collectivement engagé pour la libération des peuples.

     

    I. - CITOYEN ENTRE SOCIETE CIVILE ET ETAT :

    LE CITOYEN INSTRUMENTALISE PAR LE NEOLIBERALISME.

     

    Le citoyen est le bouche-trou des théories libérales . Sans lui le vide de la séparation aliénante entre l'Etat et la société serait intolérable.

    A) Le citoyen comme masque de la séparation entre société civile et Etat :

    On ne voit pas d'emblée cette séparation entre société civile et Etat puisque l'accent est mis d'une part sur les notions englobantes, d'autre part sur les rapports de médiation qui masquent la séparation.

    Les libéraux aiment les notions englobantes, les entités unies sous un destin commun sans conflit ni rapports sociaux. Ils aiment la Nation, la famille, l'entreprise. Si structuration il y a c'est sur le mode de la complémentarité dans la hiérarchie : l'Armée et le drapeau pour la nation, le père pour la famille, le chef d'entreprise propriétaire et manager pour l'entreprise. Le seul clivage mis en avant par les libéraux mais qui camoufle tous les autres c'est celui de la société civile contre l'Etat. Il fait le bonheur des libéraux et sociaux-libéraux et ce quelque soit leur positionnement de part et d'autre de ce clivage, qu'ils soient acteurs de la société civile ( patrons ) ou acteurs étatiques (élu ou haut fonctionnaire).

    La théorie libérale est celle ou "tous les chats sont gris" ou il n'y a ni bourgeois ni prolétaire, ni Etat de classe .La théorie constitutionnelle classique enseignée dans les universités et tout particulièrement celle de la démocratie ignore les rapports sociaux qui clivent la société et donc les inégalités structurelles distributrices de pouvoirs institués, de dominations, d'exploitation, d'oppression .

    B) Les médiations entre société civile et Etat :

    Cette théorie et ses diverses variantes prend la société civile comme un tout et met en rapport cette société civile et l'Etat. A ce stade il sera évoqué soit les "corps intermédiaires" entre la société civile et l'Etat, autrement dit les associations, syndicats qui mettent en mouvement la société civile ; soit la théorie de la représentation qui légitime les pouvoirs de l'Etat démocratique et séculier . La théorie de l'Etat de droit ne vient qu'ensuite compléter ce dispositif.

    La médiation sociale : Les associations peuvent avoir un positionnement ambigu par rapport à l'Etat car soit elles viennent compléter bénévolement son action (jugée insuffisante au regard des besoins non satisfaits) tout en le percevant comme un outil neutre, soit elles portent une critique qui atteint la nature même de l'Etat, notamment son rôle de "Conservateur" de la propriété privée des moyens de production et d'échange ou son rôle de redistribution des richesses au profit des riches. Une association qui s'inscrit dans une perspective et une dynamique altermondialiste ne saurait s'accomoder d'un rôle d'accompagnement social du libéralisme. Cette ambiguîté n'épargne pas les syndicats de salariés pourtant inscrits au coeur du conflit de résistance face aux attaques de la classe patronale.

    La médiation individuelle : Avec l'invention de la représentation, la société civile est individualisée sous la forme du citoyen, doté du pouvoir "un homme = une voix" . Cette théorie adopte ce faisant une vision contractuelle de la représentation par laquelle chaque citoyen opère délégation de souveraineté . Elle en vient alors à décrire les mécanisme de représentation, souligner les distortions, etc. Elle va étudier les rapports entre le mandataire et le mandant et la meilleure représentation possible. La population est y est conçue comme une addition de citoyens qui délèguent leur souveraineté en se faisant représenter.

     

    II. - POUR UNE CITOYENNETE D'EMANCIPATION ET DE LUTTE
     

    A ) Un engagement fondé sur la critique de la représentation et l'invention de l'Etat séparé (2) :

    Car il y a aussi un autre statut de la représentation, inspiré de Marx : celle-ci serait la forme d'organisation politique de la société civile-bourgeoise (1). C'est alors le mouvement d'organisation politique de la société qui est le point de départ : "L'élection est le rapport réel de la société civile bourgeoise réelle à la société civile bourgeoise du pouvoir législatif, à l'élément représentatif. Ou : l'élection est le rapport immédiat, le rapport direct, qui n'est pas simplement de représentation, mais d'être, de la société civile-bourgeoise à l'Etat politique" ( ) La représentation est d'abord ce par quoi s'institue l'Etat politique. Ce qui donne lieu à une double critique formelle et de contenu.
    Formelle : Les députés de la société civile bourgeoise sont une société qui n'est pas en liaison avec ses commettants par la forme de l'instruction de la commission. Formellement ils sont commis mais dès qu'ils le sont réelement ils ne sont plus des commis. Ils sont censés être des députés, ils ne le sont plus.
    Matérielle : En ce qui concerne les intérêts , c'est l'inverse qui a lieu. Ils sont commis en tant que représentant de l'affaire universelle mais représentent réellement les affaires particulières.

    B) Le citoyen engagé pour la libération du peuple et des peuples...

    Pareille critique aide à voire l'intervention de l'Etat dans la société sur le mode foncièrement inégalitaire, notamment dans son rôle essentiel et primordial de conservation et promotion de la propriété privée , rôle camoufflé par le discours socialibéral de "justice sociale" et de "démocratie participative" des élites politiques et administratives . L'Etat n'est pas neutre et la société civile est elle-même clivée entre peuple et dirigeants, entre salariés et patrons. Dès lors, la lutte citoyenne se mène contre le néolibéralisme agissant tant dans la société civile qu'au coeur de l'Etat . Car le néolibéralisme s'emploie à détourner les aspirations de chacun à la maîtrise individuelle et collective du destin commun, à la participation aux choix de la production sociale de l'existence.

    ...et pour l'égalité : Une telle participation ne saurait se concevoir avec les autres inégalités notamment racistes. Si des camarades d' ATTAC souhaitent se placer plus sous les auspices de Jaurès que de ce Marx-là afin d'en appeler à "lier le combat laic et le combat social" (cf B Teper ) alors soyons clair et faisons dire à Jaurès qu'il approuve ce qui est au coeur d'une dynamique citoyenne et républicaine à savoir l'égalité "une et indivisible". Il en va de la lutte contre le sexisme et le racisme. Et le racisme diffusé sous le discours sécuritaire contemporain est bien la dynamique radicalement anticitoyenne, antiégalitaire incompatible avec la construction d'un autre monde possible.

    Christian DELARUE Rennes
    Secrétaire national du MRAP Membre du CA d' ATTAC France

    notes :

    1) Lire "Marx, l'Etat et la politique" par Antoine ARTOUS Syllepse

    2) Sur la double séparation à surmonter : ATTAC mouvement anti/altermondialiste donc mouvement d'émancipation ! Christian Delarue http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=19670


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  • Le communisme ne saurait abolir la séduction et l'érotisation.

     

    L'histoire pèse lourd sur le comportement des femmes. Les prescriptions hygiénistes, qui ont complété celles des religieux, et des esprits étroits (1), s'adressaient surtout aux femmes qui devaient se montrer discrètes, afin d'éviter l'érotisation. Un certain féminisme a aussi milité en faveur de l'indifférentiation : le pantalon pour tous , aujourd'hui sorte de voile laïc, mais hier interdit aux femmes et réservé aux hommes.

    Il ne faudrait pas croire que la publicité débridée actuelle a changé profondément cela. La séduction est certes admise et même encouragée par les marchands mais pas l'érotisme (2). Là le mépris régne, le respect de l'altérité est oublié . Du coup c'est dans la publicité que la séduction érotique apparait.

    Le communisme devrait inverser les choses. La séduction et l'érotisme devront quitter l'affiche pour passer dans la réalité de la vie. L'érotisme et le plaisir qui lui est lié ne semble pas aller sans contrainte et sans rituel (3) mais ces codes sont librement adoptés. Ce que le communisme devra par contre éradiquer c'est la prostitution .

    (1) Contre le puritanisme, la pudibonderie et l'ordre moral

    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=50505

    (2) Pour l'érotisme et mai 68 sur ce blog

    (3)A lire Jean-Claude KAUFMANNN dans Corps de femmes, regard d'hommes. Nathan 1995


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  • CONTRE LE PURITANISME, LA PUDIBONDERIE ET L'ORDRE MORAL.

    La police du string ostensible et la chasse aux nombrils visibles...

    ...font dans de nombreux pays les beaux jours de l'ordre moral qui combine l'alliance de la police, des religieux et des esprits étroits. Ce n'est pas un sujet secondaire car il n'y aura pas d'émancipation de tous et toutes sans avancées sur cette question!

    Le reproche de "l'allumeuse" irresponsable est récurrent et inadmissible . Il procède par inversion, celle qui consiste à faire porter sur les femmes "sexy" la responsabilité du harcèlement et des violences "sexuelles" qu'elles peuvent subir de la part de certains hommes . Cette logique est sexiste et profondément réactionnaires mais elle fonctionne y compris chez les femmes. Elle traverse toutes les couches sociales tant chez les "élites" que chez les jeunes des banlieues.

    Et ce qui est arrivé au Congo peut arriver ailleurs pour peu qu'il n'y ait pas d'opposition.

    Par ailleurs, il ne faut pas confondre liberté de s"habiller sexy sans remarque des hommes et... des femmes et acceptation des publicités sexistes. Ici, par exemple, le conseil général des Yvelines ne fait guère preuve d'imagination pour donner du département une image moins sexiste et ringarde que cette « technolologie ». Voir le slogan sur la poitrine de la jeune femme - une femme ordinaire mais en tronc sans tête - sur le site

    http://www.yvelines.fr/actu2007/i_love_techno/

    Il y a bien pire que ce slogan signalé par La Meute. On trouve toujours trop de photos de femmes nues sans rapport avec le produit. Pour vendre des sous-vêtements çà se comprends, pour vendre des biscuits c'est du sexisme.

    Christian DELARUE


    La police du string
    Les Congolaises ne doivent plus laisser dépasser ce sous-vêtement par Habibou Bangré *

    Certains agents de police congolais arrêtent les jeunes femmes qui laissent leur string dépasser de leur pantalon. Une mode, inspirée des Etats-Unis et jugée indécente par Brazzaville. Les policiers qui interpellent les « contrevenantes » utilisent tous les moyens pour les décourager de recommencer. Des plus pédagogues aux plus violents.

    http://www.afrik.com/article7101.html

    Cachez ce string que je ne saurais voir. Depuis plusieurs mois, des agents de police du Congo Brazzaville interpellent les jeunes femmes qui laissent dépasser de leur pantalon ce sous-vêtement sexy. Cette mode n'est pas du goût des autorités, qui la jugent malsaine et potentiellement dangereuse pour l'ordre public. Sans l'interdire légalement, ils s'emploient à chasser cette coquetterie brocardée comme « déplacée ». Tous les moyens sont bons pour dissuader les contrevenantes : des cours d'instruction civique, aux insultes, en passant par les violences physiques.

    *C'est la faute aux Etats-Unis*

    Ceux qui s'opposent au port du string ostensible accusent les vedettes américaines de détourner du droit chemin les Congolaises. « Des jeunes filles de 13 à 18 ans se lancent dans cette mode. Mais pas seulement : des femmes d'une trentaine d'années la suivent aussi », certifie Béatrice, 40 ans. Comme la majorité des parents, elle est scandalisée par la visibilité que prend ce sous-vêtement et n'autoriserait jamais sa fille de 13 ans à adopter un tel style vestimentaire. Toutefois, elle considère que « cela constitue surtout un problème lorsque la fille est majeure. Dans ce cas, c'est un vrai manque de pudeur ».

    Problème moral, donc, mais aussi social. La population estime qu'il y a deux types de femmes qui portent le string de cette façon. D'une part, les jeunes Congolaises qui veulent s'identifier aux chanteuses américaines, comme « Janet Jackson ou Madonna ». Dans ce cas, elles portent surtout la tenue incriminée pour sortir en boite de nuit. L'autre catégorie est celle des prostituées. « Elles rôdent autour des hôtels et des boites de nuits pour attirer et séduire les hommes », explique Célestine Kouakoua, maire de Moungali, quatrième arrondissement de Brazzaville. Et d'ajouter que « les filles de bonne famille ne s'habillent pas de cette façon ».

    *Opération Espoir*

    Afin d'encadrer cette mode jugée indécente, les autorités ont pris les devants. Des agents de police de l'Opération Espoir, lancée il y a quelques mois pour en priorité lutter contre le grand banditisme, peuvent interpeller les Congolaises « en infraction ». Bien que médiatisée, cette nouvelle fonction policière ne semble pas avoir fait grand bruit dans les plus hautes sphères politiques. Au cabinet du ministère de la Sécurité et de la Police, l'une des administrations en charge de l'Opération, on assure ne pas être au courant de ce que des agents de police arrêtent des jeunes filles pour ce motif. Mais on n'exclut pas qu'il puisse exister des cas isolés.

    Des cas isolés, mais qui alimentent certaines conversations dans la rue congolaise. « Depuis que l'Opération espoir est entrée en vigueur, les filles qui portent des strings qui dépassent du pantalon sont parfois sévèrement punies. Elles peuvent être envoyées en prison ou frappées. Les policiers se montrent parfois vraiment méchants et brutaux si les filles protestent contre leur interpellation », commente Rosalie, 41 ans.

    *Retour au « civisme »*

    Célestine Kouakoua n'a pas connaissance de ces méthodes violentes. « Dans mon arrondissement, il n'y a pas beaucoup de jeunes filles qui s'habillent de la sorte. Elles sont surtout aux frontières de ma circonscription. Mais quand les agents de police interviennent, c'est surtout pour les rappeler à l'ordre », explique-t-elle. Un rappel à l'ordre qui peut prendre plusieurs formes. Un simple avertissement verbal, un détour par le commissariat, en passant par une amende ou l'obligation de suivre des cours d'instruction civique.

    Les églises se sont jointes aux efforts des autorités. « Elles refoulent les femmes qui ne sont pas habillées comme il faut », explique Béatrice. Ces mesures semblent être efficaces. « Je vois de moins en moins de filles qui portent le string dépassant de leur pantalon dans la rue », assure Rosalie. A la chasse aux strings ostensibles, pourrait bientôt s'ajouter la chasse aux nombrils visibles. Les ventres trop dénudés sont également perçus comme indécents.


    http://www.afrik.com/article7101.html


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  • LES BLASPHEMES DU MECREANT

     

    Blasphème, démocratie et émancipation : un sujet délicat.<o:p>
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    Courte contribution à débat pour la commission nationale DEMOCRATIE d'ATTAC France

     

     

    - Le blasphème d'abord.
    Il possède une dimension émancipatrice, qui dépasse le cadre de « la liberté de critique des religions », thème que j'ai abordé récemment à partir de la problématique du MRAP. Pour conserver cette fonction critique et libératrice il ne saurait couvrir une forme quelconque de racisme . En fait, il a une dimension anti-autoritaire que l'on ne saurait évacuer et plus largement encore on peut y déceler une dimension anti-fétiches . Et, à lire Alain BIHR par exemple, ils sont nombreux les processus contraignants échafaudés hors de l'intervention citoyenne ainsi que les dispositifs abstraits ou institutionnels déifiés fétichisés, placés au-dessus des humains rabaissés par le même coup au rand d'objet ou de serviteurs dociles.

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    La question du blasphème suppose donc une première réflexion sur l'amour et le respect mais aussi sur la place de l'humain dans son environnement institutionnel. Elle suppose à la suite d'admettre avec prudence que l'amour et la tolérance n'est pas possible partout. En somme il convient de savoir sûrement ce que l'on n'aime pas, ce que l'on ne saurait tolérer. Je donne une indication de Max PAGES sans la poser comme modèle : « Aimons ceux qui se laissent aimer et qui aiment de façon non-répressive et combattons les autres, c'est-à-dire toutes les autorités, sans les aimer ».


    - Le mécréant ensuite :
    Je ne sais si je reste ici dans l'esprit qu'en a fait récemment le philosophe Daniel BENSAID dans son ouvrage *Fragments mécréants : sur les mythes identitaires et la République imaginaire *mais celui-ci m'a inspiré.

    Le mécréant passe pour un être paradoxal : il est sans Dieu ni morale (mais pas sans éthique) et pourtant il est très engagé pour se libérer et libérer le monde de ses maux privés et publics. Etrange! Le mécréant blasphème contre le sacré mais respecte et valorise les être humains réels . Ainsi un mécréant masculin ne blasphémera pas (sauf par jeu bien compris comme tel) les filles sexy, il soutiendra "la journée de la jupe" (voir sur ce blog ) et il critiquera les pub sexistes. Une publicité n'est pas une femme réelle comme la religion n'est pas le croyant. Donc point de "pétasse" ou de "pute" dans le langage ordinaire du mécréant, pourtant ces dernières peuvent à l'occasion faire fantasmer sans la moindre culpabilité. Mais l'image fantasmée n'est pas, et de loin, la vie réelle aliénée et bien souvent misérable des prostituées. Le réel n'est pas pleinement acceptable.



    1 - Blasphème contre la religion et certaines pratiques des croyants.

    Les blasphèmes contre la religion sont autorisés puisqu'il ne s'agit que de se moquer d'une croyance ou d'un ensemble de croyance alors que les blasphèmes contre les croyants eux-mêmes ne sont pas tolérés. Encore qu'il faille analyser plus précisément la portée critique du blasphème. Ainsi dire "Je pisse (verbalement) sur tous les signes religieux ostensibles (sans discrimination entre eux)" ce n'est pas mépriser les croyants, surtout pas les croyants de mentalité laïque qui adoptent une attitude discrète et pacifique. Ce n'est même pas mépriser les différentes religions, c'est critiquer une attitude jugée excessive, c'est blasphèmer le comportement publicitaire des personnes qui s'apparente à des "hommes sandwicht" qui font de la pub pour leur produit religieux .



    2 - Blasphème contre le marché?


    Le marché n'a pas de religion. Il ne porte aucune dimension sacrée susceptible d'être rabaissé à un niveau humain et terrestre. C'est plutôt ici l'inverse qui serait critiqué dans la mesure ou l'humain est rabaissé au rang infra humain d'objet. En fait, la société marchande est vide de sens ou plutôt laisse à voire une "foire au sens" (A Bihr) ou chacun prend ce qu'il veut ou ce qu'il peut (principe de solvabilité pour l'acquérir). La société marchande est aussi criticable par ce qu'elle n'offre pas, ce qu'elle empêche de produire (des services publics par exemple) mais pas par ce qu'elle impose car elle ne fait que proposer à des individus libres, qu'offrir à un demandeur potentiel. Lorsqu'elle le fait mal (pub sexiste par exemple) ou avec trop d'insistance (multitude de panneaux publicitaires par exemple) elle est aussi critiquée et bridée.



    3 - Blasphème contre le républicanisme.

    Faire un bras d'honneur à la messe républicaine, qu'est l'hymne national c'est refuser les embrigadements sans abandonner l'esprit citoyen, sans nécessairement méconnaître les avantages du régime républicain.
    M. JérÔme RIVIÈRE député voulait que l'hymne national soit obligatoirement enseigné à l'école pour favoriser l'intégration. Il n'a heureusement pas été suivi.
    http://www.assemblee-nationale.fr/12/propositions/pion0786.asp
    Pisser (en parole) sur le drapeau tricolore ce n'est pas plus ignorer l'existence de la Nation.Je préfèrerais quant à moi qu'une réflexion soit menée sur le triptique républicain "liberté,égalité, fraternité" mais avec esprit critique, sans fétichisme ni dogmatisme.

     

    4 – Blasphème contre l'autorité (le père, le chef, etc...).

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    « Nique ta mère » disent ceux qui provoquent le scandale contre ce qu'il y a de plus sacré après Dieu (pour ceux qui y croient) ? Pourquoi pas « nique ton père » ? Après tout si le père représente l'autorité et surtout l'autorité répressive et le pilier de la famille patriarcale alors le blasphème du père est essentiel pour grandir. Du moins à condition de ne pas oublier aussi que l'adolescent a besoin du père pour se construire et se socialiser. Max PAGES encore : « Les autorités parentales sont à la fois répressives et aimantes. Il en résulte un lien psychologique indissoluble entre l'expérience du plaisir et celle de la répression, un lien indissoluble avec les autorités qui fait que les autorités même répressives sont aimés ». Ce qui explique pourquoi certains vénèrent le père, la famille patriarcale, l'autorité policière ou militaire quand d'autres, aux esprits plus libertaires, blasphèment le patriarcat, la police répressive.

     

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    - Au-delà du blasphème.<o:p>
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    En fait au-delà du blasphème et de sa dimension individualiste c'est une critique théorique et pratique sérieuse qui est requise ici. Il y a certes besoin de police et de sécurité mais l'évolution de la police en France disons depuis le rapport Bonnemaison et l'ouvrage « Le désordre policier » inquiète les personnes éprises de liberté. La question de la société de contrôle est posée et elle dépasse désormais le simple cadre du comportement de la police.

     

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    Christian DELARUE

     

    Notes:

    1) SUR <st1:PersonName productid="LA LIBERTE DE" w:st="on">LA LIBERTE DE</st1:PersonName> CRITIQUE DE TOUTE RELIGION
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=41768

    2) Du « grand soir » à lAlternative – Le mouvement ouvrier européen en crise d'Alain BIHR Editions ouvrières 1991. Lire notamment le chapitre sur la crise culturelle.
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    3) Le travail amoureux – Eloge de l'incertitude de Max PAGES Dunod
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    4) « Le désordre policier » Jean Jacques GLEIZAL PUF et contribution personnelle:

    Du SOCIAL au POLICIER ou LE "DESORDRE POLICIER" AGGRAVE samedi 19 mai 20
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=48521

    30 juin 2007


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  • VOILE, UNE RUPTURE D'EGALITE

    J'appuie Nadia KURYS et Emmanuelle LE CHEVALIER, membres de la direction du MRAP, qui viennent de publier le texte ci-dessous, pour se démarquer et même s'opposer à l'initiative intempestive du MRAP, initiative qui relance la polémique interne.

    Sans nécessairement partager l'intégralité du texte "Femmes, droit de l'homme et Islam" ci-dessous mais en tant que signataire de l'appel "l'égalité d'abord", je considère le voile dans les lieux privés, école ou entreprise, comme une rupture d'égalité et l'instauration d'un rapport supplémentaire de domination et d'oppression.

    Le voile en tant que "signe" ostensible est là objectivement (donc quelque soit le degré de prosélytisme de la femme qui le porte) pour te rappeler constamment et faire "enter dans les têtes" que :

    1 - Dieu existe : en quelque sorte, il est parmi nous, il vous regarde, vous ne pouvez l'oublier à cause de nous (un peu comme un crucifix sur un mur). Ce que l'on peut supporter au titre de la tolérance (lorsque le fait est rare et non massif) mais pas dans un endroit clôt ou l'on ne peut sortir : il y a alors imposition d'une conception du monde.

    2 - tu es un mec - pour les hommes - fondamentalement concupiscent dont il faut non seulement se cacher mais anticiper le défaut congénital de manque de maîtrise de soi . Je ne saurais donc rester durablement dans une pièce ou travaillent devant moi à longueur de journée des femmes voilées.

    L'égalité passe par la laïcité et l'instauration de relations à égalité entre les sexes, non empreintes d'une conception inégalitaire et patriarcale.

    Par ailleurs, la mentalité laïque chez tous les croyants de toute religion sera plus forte et plus génératrice de paix et d'égalité partout lorsque les signes discrets du religieux seront préférés partout dans le monde aux signes religieux ostensibles. C'est là le noyau dur de la philosophie implicite de la loi du printemps 2004 interdisant les signes religieux ostensibles à l'école.

    lire 14 theses contre le patriarcat

    http://www.blogg.org/blog-44839.html.

    Christian DELARUE

    Secrétaire national du MRAP Membre du CA d'ATTAC France

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    Combat Féministe

    Femmes, droit de l'homme et Islam

    Nous, membres du Conseil d'Administration du MRAP, sommes particulièrement attachées au principe de laïcité dans l'espace public, et en particulier à l'école.

    Dans la poursuite de sa politique de défense des femmes voilées, le MRAP national a saisi la HALDE des cas de refus opposé aux femmes voilées d'accompagner les sorties scolaires et d'encadrer des activités extra-scolaires. Il se félicite de la récente délibération de la HALDE sur le sujet.

    Pour nous, le voile est et reste un signe de l'oppression des femmes par la loi religieuse.

    Nous constatons avec regret que le port du voile se développe chez les femmes de culture musulmane en France. Cette évolution, impulsée par les mouvements fondamentalistes, est relayée par les pressions sociales et familiales. Le port du voile est présenté par les islamistes et est vécu comme une revendication identitaire. Il prospère sur le terreau de la relégation sociale et territoriale et des discriminations.

    Comment renverser cette évolution ? Comment faire tomber ces voiles, véritables murs qui se dressent entre communautés et entre sexes ? Le voile est l'étendard des militantes fondamentalistes. Il est à la mode chez certaines jeunes filles musulmanes. Symbole de l'islam fondamentaliste, le voile est et reste une prison pour l'identité féminine.

    Les femmes qui se disent discriminées sont-elles dans une démarche revendicatrices de cet étendard, ou au contraire sont-elles des femmes qui cherchent à s'ouvrir sur l'extérieur ? Face à ces femmes, quelle attitude avoir ?

    Il appartient à la société française et aux pouvoirs publics de réfléchir et d'agir pour faire évoluer la société pour que chacun y ait sa place, sans discrimination, et pour que toutes les identités soient reconnues, y compris la culture musulmane, sans que les uns et les autres aient besoin de faire pousser barbes et voiles.

    Le principe de laïcité est posé à l'école, pour les personnels comme pour les enfants scolarisés.

    Et, quoi qu'on en dise, le bilan de la loi Stasi est positif. Il a permis à de nombreuses jeunes filles de poser leur voile, et de mettre à distance, le temps de leur scolarité, le joug religieux.

    Pourquoi ce principe ne serait-il pas appliqué aux accompagnants ?

    Pourquoi accepterions-nous que les jeunes filles scolarisées aient pour modèles ces femmes voilées, emmurées ? Et, non seulement qu'elles accompagnent, mais aussi qu'elles encadrent des activités périscolaires...d'enseignement religieux ou de couture de foulards ?

    Il est vrai que le risque existe de stigmatiser ces femmes, si on leur refuse d'intervenir dans le cadre des activités péri-scolaires. Mais le voile n'est-il pas en lui-même un marqueur social et communautaire qui les stigmatise ?

    Si la question des femmes voilées est particulièrement sensible, nous regrettons que le MRAP se pose une nouvelle fois du côté de la défense des religions. Le MRAP ne peut se réjouir d'une décision de la HALDE qui reconnaît implicitement le symbole d'oppression de la femme, et le transmet comme symbole aux enfants. Prendre fait et cause pour les femmes voilées est-il d'ailleurs un service à leur rendre ?

    Au-delà du cas particulier des accompagnements péri-scolaires, c'est la question du vivre ensemble qui est posée.

    Comment une société peut-elle supporter que des femmes portent une burka complète, masquant le visage, comme on en croise en banlieue? Quel espace de liberté pour ces femmes au sein de notre société ? Alors que c'est à la société de garantir les mêmes libertés pour tous.

    Il y a aussi cette violence observée dans certains services de gynécologie obstétrique en région parisienne et dans plusieurs grandes villes. Des maris fondamentalistes refusent que leurs femmes soient examinées, soignées, accouchées par un homme. Ils l'exigent avec vigueur, quitte à mettre en danger leurs épouses et à s'en prendre physiquement aux praticiens et aux personnels hospitaliers. Ces faits sont inacceptables.

    Le voile, la burka, et ces pratiques de refus de soins sont avant tout des violences faites aux femmes, même si celles-ci, sous l'effet de la mode et de la pression communautaire et sociale, peuvent être consentantes.

    La lutte contre le racisme et les discriminations doit s'articuler avec une lutte contre tous les intégrismes, avec en particulier la revendication d'une égalité réelle des droits entre les sexes.

    Car la société française ne peut faire l'économie d'un travail sur elle-même pour aller vers plus de liberté, d'égalité et de fraternité. C'est le vivre ensemble d'une société laïque qu'il s'agit de refonder.

    Nadia Kurys Vice-présidente du MRAP

    Emmanuelle Le Chevallier membre du Conseil d'Administration du MRAP

    http://www.gaucherepublicaine.org/lettres/546.htm


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