• Manifeste d'ATTAC – Séminaire du grand ouest (janvier
    2007).

    <o:p> </o:p>


    <o:p> </o:p>


    Quelle démocratisation pour une autre démocratie, citoyenne et populaire ?

    <o:p> </o:p>


    <o:p> </o:p>


    Ici il s'agit d'expliciter notre projet et nos tâches sur la question démocratique ? La base de ce séminaire régional « grand ouest »
    du Manifeste d'ATTAC provient des travaux de la commission « démocratie » d'ATTAC qui a fournie un certain nombre d'analyses sur
    la démocratie réellement existante, ses méfaits et ses limites. Certains membres ont de plus dégagé des éléments de rupture en vue d'une autre démocratie. Le corpus initial a été présenté à l'Université d' ATTAC à Poitiers l'été dernier.
    La plupart des textes sont sur le site d'ATTAC France ou sur d'autres sites. Ma tâche introductive lors de cette séance sur ce thème ne va consister à tout dire mais à introduire la problématique générale et certains aspects. Je laisserai le soin à Jean TEZENAS de présenter le
    thème de la démocratie dans l'entreprise.

    <o:p> </o:p>


    1 - Altermondialisme et altermondialisation.

    <o:p> </o:p>


    Tout d'abord il convient d'avoir à l'esprit que l'altermondialisme signifie deux choses qui vont ensemble mais qu'il faut distinguer : le but
    qui est un autre monde, une autre Europe, une autre France et les processus sociaux concrets convergents vers cette perspective. L'ensemble ne forme pas un programme élaboré « par en haut » et mis en application par un parti discipliné à cette fin mais un projet non exhaustif, « non bouclé », construit collectivement « en avançant » par l'action et le débat.

    <o:p> </o:p>


    S'agissant de notre thème, j'ai appelé alterdémocratie le but recherché et démocratisation le processus qui conduit à cette autre démocratie citoyenne et populaire. La « généralisation de l'intervention citoyenne » évoquée par le Manifeste relève alors plus du
    moyen à proposer que du but. Cette généralisation mérite d'être précisée en notant qu'elle implique un changement structurel profond.

    <o:p> </o:p>


    Sur ce point, pour construire un autre monde, le Manifeste d'ATTAC propose de « scier les principaux piliers du néolibéralisme » ;
    ce qui signifie d'abord rompre avec trois logiques profondes du capitalisme que sont la financiarisation du monde, l'appropriation privée des moyens de production (sans la supprimer partout), la distribution des biens et services par le marché nécessairement sélective et inégalitaire car fonction de la demande solvable. Il ne s'agit pas de supprimer totalement le marché mais de réduire sa place et son influence qui place, via la concurrence généralisée et la « main invisible » du marché, les forces du profit avant tout et notamment des firmes multinationales au lieu et place d'un espace de décision démocratique pour le peuple et les citoyens ordinaires.

    <o:p> </o:p>


    Mais cela signifie aussi rupture avec les institutions politiques et administratives qui reproduisent le mode dominant de gestion-distribution du pouvoir et des pouvoirs. De nombreux changements à engager concernent les institutions du pouvoir d'Etat, du pouvoir décentralisé, du pouvoir répressif pénal et policier, du pouvoir d'influence idéologique médiatique.

    <o:p> </o:p>


    2 - La démocratie, c'est le pouvoir populaire !

    <o:p> </o:p>


    Le terme de démocratie a connu plusieurs définitions et s'est vu accompagné d'adjectifs divers venant préciser le type de démocratie évoqué. A s'en tenir à la racine, démocratie signifie pouvoir du peuple. Une définition forte qui oblige à engager une réflexion à la fois sur le pouvoir et sur le peuple.

    Le pouvoir dans les sociétés modernes se décline en deux sphères problématiques : le pouvoir d'Etat et les pouvoirs dans la société civile. A ce stade je dirais qu'on ne saurait l'envisager que d'un bout, soit du seul côté de la société civile, soit du côté de l'Etat. Par ailleurs on se trouve devant deux gros monstres problématiques - la nature de l'Etat et la division Etat/société civile – qui ne vont pas être abordé ce jour.

    Quant au peuple, il est le sujet collectif de la démocratie comme le sujet de l'émancipation altermondialiste. Le terme ne figure pas dans le dictionnaire Alter. Patrick TORT inscrivait le peuple dans un rapport social dirigeant/dirigé, qui est plus large (car non réduit à la sphère étatique) que le rapport plus classique entre l'élite gouvernants et la masse populaire gouvernée. Pour les altermondialistes, le peuple est sur un territoire donné l'ensemble de la population résidente y compris celle d'origine étrangère.

    <o:p> </o:p>


    3 - La démocratie libérale

    <o:p> </o:p>


    Si l'idéal démocratique recoupe la formule de A Lincoln du « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple »alors il est
    aisé de remarquer que notre démocratie actuelle en est loin. Nous vivons dans une démocratie « peau de chagrin », très restreinte voire rabougrie tant dans le temps que dans son domaine d'exercice et ses modalités. Le domaine d'exercice de la démocratie représentative consiste à élire des délégués dans le champ politique. Les modalités de ce choix sont très encadrées par les grands appareils d'influence idéologiques qui réduisent de milles façons la portée du geste démocratique. Quant au temps démocratique est ridicule au regard du temps travaillé et du temps de récupération de la force de travail comme du temps consacré à la consommation marchande. Le temps aliéné et exploité est largement supérieur au temps ou l'on peut entrevoir en filigrane de l'acte démocratique « la maîtrise de son destin ». La démocratie est de fait confisquée par une minorité qui gère le processus démocratique en le mettant sous tutelle ainsi que le dit le Manifeste. Il ne s'agit pas seulement de critiquer une « démocratie formelle » pour la faiblesse de ce qu'elle affiche dans ses textes fondamentaux. Il s'agit aussi de critiquer les processus d'appropriation du fait démocratique par des couches sociales précises, élites politiques, élites médiatiques, dirigeants économiques le tout sur fond de crise sociale. Pour sortir de cette démocratie bourgeoise il nous faut ensuite faire des propositions pour contrecarrer ces phénomènes.

    <o:p> </o:p>


    4 - Nous voulons une autre démocratie !

    <o:p> </o:p>


    Les choix démocratiques peuvent porter non seulement sur des individus titulaires de mandats mais sur des stratégies d'investissement productif au niveau national ou régional. Modifier la nature des mandats et élargir le champ de l'intervention aux procédés de planification d'un alerdéveloppement (principalement producteur de valeur d'usage et moins de valeur d'échange) constitue deux ruptures franches avec la démocratie bourgeoise. On remarquera par rapport aux passages du Manifeste qu'il ne s'agit pas simplement de reconquérir les pouvoirs conquis jadis puis perdu avec la gouvernance néolibérale, un peu comme si un âge d'or démocratique avait précédemment existé. Il ne s'agit pas plus de se réapproprier un passé que le peuple n'a jamais conservé hors des rares périodes révolutionnaires.

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>


    5- Les sous-parties à étudier


    Jean TEZENAS va introduire le thème de la démocratie en entreprise. Nous ne pourrons discuter de l'ensemble des sous parties constitutive du volet "autre démocratie". Il faut choisir de débattre sur la gouvernance ou la démocratie européenne ou la démocratie participative, etc.


    6 - Quelle démocratisation ?

    <o:p> </o:p>


    Je vais reprendre ici les points du Manifeste pour discuter des modalités du trajet vers cette autre démocratie que nous voulons.

    <o:p> </o:p>


    Christian DELARUE
    Rennes

    votre commentaire
  • ENTRE RESPUBLICA ET LES INDIGENES DE LA REPUBLIQUE

    (à propos d'un débat résiduel mais récurrent au sein d' ATTAC)

    publié le 4 janvier 2007 sur Bellaciao

    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=40410

    Le débat antiraciste en France semble monopolisé par un affrontement des extrêmes avec d'une part les "indigènes de la République" et d'autre part les partisans de "Respublica" . Laisser croire qu'il n'y a aucune place pour penser l'antiracisme entre, par exemple, Pierre Tévanian animateur du site LMSI et Bernard Teper de "Respublica" est un mensonge dommageable pour la pensée libre et critique. De fait ces pensées organisées qui s'opposent si frontalement et parfois de façon caricaturale se trouvent souvent un point d'ancrage sur le thème de la République ; les uns pour l'encenser et en faire un étendard vertueux fournissant réponse à tout les problèmes de l'heure, les autres pour y voir un objet de haine (la République postcoloniale) et de combat libérateur.

    Ainsi pris dans cette opposition les antiracistes seraient sommés de choisir entre le camp des anti-républicains islamo-gauchistes (car ils font le jeu de l'intégrisme islamique en ne défendant pas la République) et des républicanistes dogmatiques haineux et sectaires pour qui la République est le cache sexe d'un discours essentialiste sur la religion musulmane et les musulmans ce qui les amènent tel Redeker à tenir un langage clairement raciste.

    Le MRAP ne se réclame d'aucun de ces courants . Certes des membres du MRAP se reconnaissent dans chacun de ces deux courants et ils en ont le droit bien évidemment. Mais d'une part l'immense majorité des adhérents du MRAP se positionnent clairement entre ces deux extrêmes et dans un spectre variable selon les thèmes abordés ; d'autre part le MRAP lui-même procède à des analyses qui ne sauraient le rattacher à l'un de ces deux courants extrêmes.

    Ainsi,on ne saurait accuser le MRAP d'être "le cheval de Troie de l'islamisme politique" (1) même si le MRAP a mis du temps à reconnaître l'existence de l'intégrisme religieux, lequel ne se réduit d'ailleurs pas à la version maximaliste de l'islamisme politique . La position du > MRAP contre les propos racistes de Redeker prend en compte cette dimension. De même les militants du MRAP ne sauraient faire "le lit des zélateurs d'une idéologie sexiste, homophobe, et antisémite". Le MRAP "ne cèdera pas à l'idée selon laquelle la spécificité des traditions culturelles, des conditions sociales,des convictions individuelles peuvent autoriser le sexisme, l'homophobie, ou l'antisémitisme".

    Ceci dit, l'avancée - ignorée par les partisans de Respublica - du combat contemporain du MRAP consiste à montrer que les musulmans ne relèvent pas d'un ensemble homogène tenté par le sexisme, l'homophobie et l'antisémitisme. La présence d'une minorité d'individus particulièrement réactionnaires ne sauraient frapper l'ensemble des croyants de cette religion qui ne sont ni plus ni moins sexistes que les autres (chrétiens,juifs, athées). Le MRAP n'ignorent pas non plus que de nombreux musulmans et musulmanes sont attachés à la laïcité. Ils n'ont pas non plus un sens de la communauté si intense qu'il empêcherait une participation citoyenne à l'identique des autres citoyens français. Le MRAP revendique à ce propos le droit de vote et d'éligibilité aux résidents étrangers extracommunautaires (d'origine non européenne).

    Pour ma part au lieu de me focaliser sur une République sans adjectif, une République-rempart incertaine je préfère articuler altermondialisme, antisexisme, antiracisme et laicité ; une laïcité qui ne saurait effectivement être confondue avec une tolérance aveugle et sans principes car " en affirmant le principe de séparation entre la sphère privée et la sphère publique, la laïcité fait cran d'arrêt à toutes les forces qui travaillent à communautariser le lien politique". La République à laquelle je me réfère dépasse son horizon borné couramment assigné : elle serait simplement "sociale et laïque" .

    La République est porteuse d'une dynamique forte qui va au-delà de sa version bourgeoise. Elle est potentiellement altermondialiste si l'on veut bien se souvenir que ce mouvement se fixe un but : un autre monde, une autre europe, une France non dominé par le capital et le marché. Elle peut s'ouvrir à l'éco-socialisme (2).

    Christian DELARUE

    Secrétaire national du MRAP

    Membre du CA d'ATTAC France

    1 in " Redonner son sens à la lutte contre tous les racismes" appel signé par : > Catherine Kinztler, Philosophe > Antoine Peillon, membre fondateur de "J'Accuse" > Marie Perret, Présidente du Conseil Scientifique de l'UFAL > Alain Policar, Professeur de Sciences Sociales > Pierre-André Taguieff, Philosophe et historien des idées > Bernard Teper, Président de l'Union des Familles Laïques

    2 Sur l'écosocialisme voir texte personnel sur Bellaciao

    - - - - - - - -  

    La réponse à ce texte s'intitule LE MRAP ATTAC Bien vu, Monsieur Delarue !

    Voici la réponse que j'ai rédigée pour ResPUBLICA.

    http://www.nouvel-islam.org/article.php3?id_article=87

     Delarue a bien évidemment un droit de réponse imprescriptible.

    Avec tous mes respects

    Mohamed Pascal Hilout

    Initiateur du nouvel islam en France

    Site : http://nouvel-islam.org


    votre commentaire

  • Ce sujet difficile abordé par le biais militant facilite quelque peu l'introduction de la problématique mais pas pour autant la clarification thématique. Je fais état de débats internes au MRAP mais je n'engage que moi dans ces propos.

    Le racisme s'exprime au XXI ème siècle toujours aussi brutalement qu'au XIX ème siècle mais il se diffuse aussi de façon sournoise par le biais de vecteurs à l'apparence plus légitime qu'il convient de débusquer. Chaque période historique charrie sa vision du monde porteuse de racisme. Les élites ont une responsabilité majeur dans la diffusion des cadres de pensée qui permettent ensuite la diffusion de formes particulières de racisme . Bien souvent, il va s'agir 1) de généraliser négativement sur des pratiques ou des croyances (phase de critiques sommaires et unilatérales) puis 2) d'essentialiser un groupe personnes sensées les adopter (phase de racisation) puis enfin 3 opérer un lien causal et unilatéral, explicite ou non, entre le groupe racisé et les moeurs stigmatisées (phase d'attribution). Bien souvent s'y ajoute pour "enfoncer le clou" une comparaison avec le groupe d'appartenance qui renforce la valeur du "nous" au détriment du "eux".

    La tolérance au racisme s'exercera d'autant plus aisément que les valeurs d'appuis seront à protéger, que d'autres causes seront à défendre. S'il faut combatre cette tolérance inacceptable au racisme, il est évident en théorie qu'on ne saurait basculer pour autant, par négligence ou par inadvertance, dans une intolérance contraire qui mettrait à mal d'autres droits, d'autres valeurs. Un exercice périlleux en pratique.

    Le MRAP et la tolérance.

    Certaines institution internationales affichent d'emblée vouloir lutter contre le racisme et l'intolérance (1). Ce n'est pas le cas du Mouvement contre le Racisme et l'Amitié entre les Peuples.

    Le MRAP depuis fort longtemps défend le " vivre ensemble avec nos différences ". Les différences sont donc non seulement d'ordre factuel mais encore tenues comme un bienfait social, un enrichissement pour tous. L'exigence du " vivre ensemble " vise à répondre à une certaine extrême-droite " différentialiste " admettant certes " le respect des différences " mais dans la séparation dans le " chacun chez soi " ce qui est une façon de refuser tant ici qu'au plan mondial la diversité culturelle, sauf à pratiquer les exclusions, les ghettos, le communautarisme et les discriminations ethnico-culturelles. Avec Christian DELACAMPAGNE (2) affirmons ici que le racisme, la xénophobie, le négationnisme n'étant pas une opinion comme une autre mais une " opinion criminelle " il ne saurait être toléré.

    Par ailleurs le respect des différences dans un vivre ensemble inclusif pouvant parfaitement s'accommoder d'un ordre inégalitaire et hiérarchisé, on y ajouta l'exigence d'égalité, égalité des droits et des conditions et pas seulement l'égalité des chances.

    Les différences pouvant ne pas être aussi enrichissantes que postulé dans le slogan initial de la première moitié des années 80 la formule put prendre parfois la tournure du " vivre ensemble malgré nos différences " ce qui fit admettre l'idée de tolérance face à des différences gênantes. En fait au problème des " différences culturelles " entendues simplement comme les diverses façons de vivre (3) s'est ajouté la question des différences religieuses ce qui a modifié la réponse classique en terme de tolérance pour lui substituer celle de laïcité.

    1 – TOLERANCE ET DIFFERENCES.

    Quid aussi des différences non seulement gênantes mais aliénantes et oppressives ? La question culturelle, notamment lorsque l'on y intègre les phénomènes religieux, porte en elle, on le sait, le passif de l'oppression de genre et de la volonté d'emprise forte des religions sur l'ensemble de la société. Mais qui déclare aliénantes ces différences culturelles et religieuses? Face à l'oppression ou doit s'arrêter la tolérance ? Jusqu'ou se résigner ? Au nom de quoi ? De l'ouverture d'esprit ? De la diversité du monde et des valeurs ?

    D'abord, que signifie " tolérer " ? Si l'on fait l'économie d'un retour sur l'histoire on dira par exemple que " Tolérance signifie pour nous aujourd'hui attention à l'autre, souci de la différence " nous dit Patrick THIERRY (4). Soit, mais ce noble souci signifie-t-il :
    - abstention d'interdire et laisser-faire dans la critique maintenue d'une erreur ou d'un abus sans grande conséquence ou - admission de la différence par une reconnaissance fut-elle minimale ? On reconnaitra ici la summa divisio qui sépare la simple tolérance passive et sélective de l'attitude de respect et de reconnaissance de toutes les différences.

    En fait les démocraties modernes, plurielles, anomiques et sécularisées ont généralisé l'emploi du terme de tolérance mais en changeant paradoxalement de signification, en basculant sur le sens fort d'admission-reconnaissance. Ainsi La Lettre de la tolérance de Locke qui parait en 1689 développe le thème et annonce " la fin de la République chrétienne, du pouvoir du magistrat en matière de religion, mais s'accompagne d'une volonté d'uniformité minimale qui permette à une société chrétienne de se conserver " (5).

    2 – TOLERANCE ET LAICITE

    Les affaires du voile islamique et plus largement le " retour du religieux " au XXI siècle renouvela l'exposé de la question en mettant en rapport la tolérance et la laïcité.

    La tolérance suppose non seulement la concurrence et le conflit des opinions maintenus mais aussi l'acceptation d'un rapport de force inégal au détriment de celui ou celle qui tolère. L'idée de laïcité viendra mettre fin à cette idée de tolérance-concession en proposant une suspension du conflit des croyances. Avec la laïcité la tolérance ne disparaît pas de la société civile mais ne pénètre pas l'espace public.

    La laïcité permet l'égalité de droit car un droit doit être respecté. Il ne suppose pas un effort particulier pour coexister avec l'autre mais s'impose.

    La laicité pour peu qu'elle se dégage d'une conception frileuse de la Nation peut déboucher sur la participation démocratique de l'ensemble des populations résidentes y compris les étrangers non européens ce que ne fait pas la tolérance qui peut s'accommoder plus aisément du maintient sans droit des résidents étrangers extra communautaires. Il va de soi que l'intolérance produit des conditions d'exclusion qui vont à l'encontre de l'intégration citoyenne et de l'insertion économique et sociale via la répartition des richesses et le développement des services publics.

    3- TOLERANCE ET MIXITE

    L'exhibition de signes manifestement religieux interroge aussi les rapports entre égalité (d'accès), diversité et mixité (ou non). La diversité reconnue dans l'égalité n'implique pas nécessairement la mixité. Ainsi la loi (7) autorisant dans l'école publique les signes religieux discrets (SRD) mais refusant les signes religieux ostensibles (SRO) opère un compromis social dans l'expression du religieux., un compromis qui respecte ce que l'on pourrait appeler, dans une perspective historique du progrès humain, " la mentalité laïque " (8), laquelle tolère les signes discrets mais pas les signes ostensibles. On observera que la stricte laïcité est ici transgressée mais de façon bénigne, d'où l'emploi du terme de tolérance. Remarquons, à propos de l'égalité et de " l'intégration séparée ", que dans cette histoire, la République laïque française n'a pas su offrir réellement un accès à l'école aux jeunes filles voilées. A quoi servent alors les écoles privées ?

    La question se pose pour les autres espaces publics fermés comme les entreprises. Comment " accepter dans un bureau à longueur de journée trois jeunes filles voilées quand on a refusé d'avoir constamment sous les yeux un crucifix " ? On voit ici que l'accusation islamophobie peut provenir d'une religiophobie fondée sur l'expérience historique de la tendance naturelle des religions à l'expansion. La référence classique entre ce qui appartient à l'Etat (pas de signe y compris discret) et ce qui appartient à une personne physique ou morale privée (signes permis y compris ostensibles) ne semble pas suffire comme réponse pertinente. Reste qu'une loi interdisant le port de signes religieux ostensibles en entreprises serait inopportune voire dangereuse. Pour autant le recours à la tolérance apparaitrait à beaucoup comme inadmissible. Une aporie ? Reste alors pour résoudre le conflit l'application de compromis locaux permettant de satisfaire au mieux les parties prenantes. Mais on quitte alors la stricte application des principes pour un "management pragmatique" qui n'est pas aussi "gagnant-gagnant" que préconisé.

    4 - TOLERANCE ET COMMUNAUTES

    Les débats contemporains laissent apparaître une " tolérance-reconnaissance " des " communautés faibles ", celles qui se forment dans le respect des règles générales et des principes de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité mais un refus franc ou une tolérance-admission réservée à l'encontre des " communautés fortes ", celles qui exigent la reconnaissance de leur particularité comme devant se traduire juridiquement comme un droit à la différence dans la sphère publique. On reconnaîtra ici, malgré le flou de la distinction, le refus du communautarisme.
    Mais de quelles communautés parle-t-on ? Les corses, les bretons et les basques forment-ils une communauté forte, disposant d'une culture historique propre à produire une sorte de communauté nationale susceptible de concurrencer la communauté nationale au point de vouloir introduire un droit spécifique qui supplante le droit national. Les tziganes, les maghrébins, les turcs forment-ils une communauté forte ? Albano CORDEIRO (10) a tordu le cou à la notion de " communauté maghrébine " . Les juifs croyants (11) comme les musulmans (l'oumma) et les chrétiens évoquent une communauté propre. Le partage d'une croyance déterminée crée une affinité qui dépasse bien souvent les frontières ce qui n'empêche nullement le souci de participer ici et maintenant à la vie matérielle et citoyenne de résidence. D'aucuns participent (ou non) à la vie de la cité sans faire état de leur religion qui reste pour eux une affaire privée (même si elle motive fortement leurs actes) alors que d'autres le font au nom de cette dernière et pour l'affirmer publiquement et politiquement . Cette dernière pratique souvent politisée suscite la réprobation légitime. Pour autant la critique ne saurait être extraite du contexte qui peut mettre en avant une situation internationale relativisant cette réprobation et justifiant en premier lieu une autre critique.

    5 - TOLERANCE ET RELIGION

    L'intolérance radicale contre les musulmans.
    Affirmons d'emblée qu'une religiophobie (V Geisser) non raciste et légitime existe . Elle a sans doute ses racines intimes dans l'expérience douloureuse de l'emprise du religieux . La religiophobie légitime débouche alors sur la critique des religions, de toutes les religions et pas d'une seule . La critique des idées, des doctrines mais aussi des pratiques sociales publiques ou privées qui en dérive est possible et même utile . Stigmatiser sévèrement les simples "excès" des religions et, à fortiori, les exactions intégristes caractérisées en usant de caricatures est aussi possible mais il convient sans doute d'éviter les amalgames . La critique de l'amalgame ne doit pas se confondre avec la critique de la stigmatisation qui doit rester libre. L'intolérance radicale contre les musulmans porte un nom qui fait débat : l'islamophobie raciste . Ainsi, la critique du port du voile par les musulmanes est une chose parfaitement compréhensible et possible voire nécessaire à la progression historique de "la mentalité laïque" qui tolère les signes religieux discrets mais pas les signes religieux ostensibles. Par contre subir la menace et les invectives à cause de cette pratique religieuse en est une autre. Que penser de l'assimilation effectuée lorsqu'un jeune élève ingénieur se voit interroger sur "ce qu'il pense de Ben Laden" lors d'un entretien professionnel? Suis-je "islamo-gauchiste" ou "tiers-mondiste primaire"si je consteste ce type de recrutement comme étant de nature raciste?. Ne faut-il pas combattre les vexations et les pressions subies des musulmans et présumés musulman travaillant à Roissy depuis les élucubrations haineuses et mensongères d'un certain de Villiers? S'en prendre aux mosquées à l'aide de graffitis haineux ou pire de bombes destructrices relève aussi d'une islamophobie aussi primaire que condamnable. Et ce d'autant plus que les mêmes s'accomoderont par contre d'une contruction chrétienne en centre bretagne.

    La tolérance à l'expression antisémite sous couvert de critique du sionisme.
    Je renvoi ici au colloque du MRAP sur sionisme et antisémitisme avec une expression personnelle sur bellaciao.



    Christian DELARUE
    Secrétaire national du MRAP
    Membre du Conseil d'Administration d'ATTAC France

    Notes
    1 - Les institutions européennes et mondiales
    2 - Introduction au texte de Madeleine Rebeérioux sur LMSI
    3 - Christian Delacampagne in "Quand la philosophie rencontre la politique"
    4 - Christian Delarue - Université d'été d'ATTAC 2006
    - Pierre Fougeyrollas document sur rennes-info.org et bellaciao
    5 - Patrick THIERRY in La tolérance PUF Philosophie p
    6 - ibid p
    7 - Le MRAP a critiqué le recours à la loi d'avril 2004 pour exclusion stigmatisante.
    8 - Sur la mentalité laïque cf rennes-info.org et la gauche
    9 - Un article de la revue de la LDH en fait état.
    10 -
    11 - Remarquons qu'il existe des juifs non croyants et des individus athées de culture musulmane.


    votre commentaire
  • Intervention lors de la réunion "Unitaire 2007" du 14/12/06 à Rennes

    (en partie deux, sur le débat de fond, pas sur les candidatures)

    LE DEVELOPPEMENT D'UNE CULTURE DE PAIX



    Une conception forte de la "culture de paix", telle qu'évoquée par Roland NIVET (1), doit être offensive dans le domaine de la répartition des richesses dans le monde et dans la mise en place de structures qui favorisent d'emblée la satisfaction des besoins sociaux et non la satisfaction du profit d'abord. Je n'ai pas le temps de développer ces aspects mais ils doivent constamment être soulignés afin d'éviter de porter la soumission à l'ordre inégal derrière la culture de paix .

    Par ailleurs, le développement inégal et combiné du capital génère des inégalités aux plans social, territorial, etc mais une uniformisation au plan culturel, le repect de la diversité culturelle est donc une exigeance de la "culture de paix" . Mais avec la diversité culturelle de nouvelles formes d'oppression surgissent notamment avec la montée du religieux et des intégrismes, dès lors la laïcité doit faire partie des exigences à promouvoir. Il ne s'agit pas d'aller imposer la laïcité à l'étranger mais de l'encourager tout comme la promotion de l'égalité homme-femme et la promotion des droits des femmes partout dans le monde.

    A propos d'égalité, je réfute l'idée de tolérance qui justement admet un ordre inégal au détriment un ordre équilibré plus en lien avec la notion d'égalité. L'égalité d'abord et la diversité culturelle sont deux notions tout à fait compatibles entre elles et avec le respect des différences qui enrichissent, mais pas de celles qui oppriment.


    Christian DELARUE

    Secrétaire national du MRAP,

    Membre du Conseil d'Administration d'ATTAC France

    1) Roland NIVET est responsable national du Mouvement de la Paix 


    votre commentaire
  • Henri RACINE (à gauche) Christian DELARUE (au centre) Michel GICQUEL (à droite)

    Débat sur les trois orientation d'ATTAC.

    Réunion "spéciale élection" des adhérents du Finistère à Morlaix le16 novembre 2006


    Programme et extraits vidéo des débats


    lundi 27 novembre 2006.


    L'évènement :

    En vue des prochaines élections du CA d'Attac, le Comité Local Attac Finistère a organisé au Cinédix de Carhaix le 18
    novembre 2006 une réunion d'adhérents au cours de laquelle ont été présentées les 3 "tendances" qui se sont exprimées durant l'été au sein de notre association.

    Des représentants de chaque tendance étaient présents pour répondre aux questions des adhérents.
    Il s'agissait de

    - Henry Racine

    - Christian Delarue

    - Michel Gicquel


    Une vidéo [1] de leurs présentations est disponible en moyenne et en basse résolution en bas de cette page.



    Le programme :

    13h30 - 15h : ateliers d'adhérents sur les thèmes suivants en vu de formuler des questions :

    1. la question de la répartition des pouvoirs au sein d'Attac ;
    2. les articulations d'Attac avec le mouvement social, politique, altermondialiste ;
    3. quels thèmes prioritaires pour Attac.

    15h15 - 17h15 : échanges avec Christian Delarue, Michel Gicquel et Henry Racine à partir des questions élaborées en atelier.

    17h30 - 19h : échanges entre adhérents.

    19h - ... repas/soirée



    Présentations des intervenants - 269.8 Mo
    Présentations des intervenants
    Video durée 39', format Real -media
    Nécessite un accès 1 Mb/s


    Présentations des intervenants - 60.9 Mo
    Présentations des intervenants
    Même séquence mais en résolution plus faible compatible avec un accès à 250 Kb/s


    Présentations des intervenants - 13.7 Mo
    Présentations des intervenants
    Même séquence mais en basse résolution : un accès à 50 Kb/s suffit



    [1]
    Ces vidéos sont au format Real-Media. Sous Windows, on peut utiliser le
    logiciel libre Media Player Classic (MPC) pour les visualiser.
    Site de teléchagement : https://sourceforge.net/project


    votre commentaire