• FORTES PRESSIONS ET STRESS INTENSE DANS LES BUREAUX


    Le travail ouvrier générait depuis fort longtemps et continue toujours d'occasioner des accidents physiques . Ce qui est relativement nouveau depuis 15 ou 20 ans c'est la
    montée des troubles "mentaux" dans l'ensemble du travail salarié, privé et public, toute catégorie confondue, cadres compris .


    - Bref rappel sur les dynamiques globales en arrière plan.


    La montée de l'idéologie de l'entreprise puis de la mobilité, puis du client-roi, etc...n'a pas été compensée, bien au contraire, par la montée en puissance du syndicalisme. Le rapport de force enclenché au moment des années Reagan-Thatcher s'est accru avec la chute du Mur du début des années 90. C'est au début des années 90 que s'est développé pleinement l'idée de la "modernisation de l'Etat" sur la base de la crise du service public théorisée elle dans les Universités au début des années 80. Un troisième mouvement nommé "mondialisation néolibérale" a encore renforcé ce rapport de force favorable au capital en favorisant trois processus lourds : l'a financiarisation, la marchandisation généralisé et l'appropriation privée.

    Au début des années 80 l'idéologie de l'entreprise unie, conçue comme lieu d'une mise en commun harmonieuse des facteurs de production, a supplanté la vision des lieux de production industrielle ou de service clivés par des rapports sociaux antagonique. Sur ce plan "la fin de l'histoire" a été annoncée avant l'ouvrage de Fukuyama et au lieu de poursuivre la combat pour l'autogestion socialiste certaines élites "de gauche" se sont tournèes vers la recherche de nouveaux modèles d'organisation du travail, au Japon notamment avec le toyotisme.


    - La crise de rentabilité du capital (2) impose une organisation plus "performante" (plus exploitante).

    Il n'y a pas de bonne organisation du travail sous la domination du capital, y compris dans les secteurs qui ne sont pas directement soumis à la concurrence. Reste que le néolibéralisme, qui procède à une généralisation du marché et de la concurrence, crée des organisations et une idéologie légitimante qui agrave les mauvaises conditions de travail tant dans le privé que dans le public.
    Certains services connaissent un "néotaylorisme de bureau" (1), combinaison du taylorisme classique en usine mais transféré dans le tertiaire avec des modifications comme la polyvalence (au lieu de la spécialisation) et l'individualisation qui laisse le salarié seul devant les contraintes du travail. S'y ajoute en arrière plan les évolutions contemporaines : intensification du travail notamment en compensation de la RTT, contrôle du travail en temps réel via l'informatisation des opérations. Ces processus sont aussi mis en application dans les Administrations.

    - Dans le public aussi.


    Ces dernières ont peu à peu intégré la logique du privé en faisant fonctionner les services non marchands comme s'il devait faire du profit. C'est l'application de la logique cout-rendement.
    Sans être exhaustif on voit que de nombreux changements ont aussi modifiés en profondeur le travail des fonctionnaires : outre l'intensification et le contrôle du travail il faut évoquer le "contrat d'objectifs", la réduction des effectifs, la mise en concurrence des agents via l'évaluation notation, et via la dégénérescence des doctrines d'emploi.

    Le statut des fonctionnaires tel qu'il est appliqué ne protège donc plus les agents du stress, du harcèlement. Au contraire le harcèlement est quantitativement plus présent et "qualitativement" plus long dans la FP. Dans la FPT, le statut est m^me un vecteur du changement ! Ce sont tous ces points qu'il faut reprendre approfondir et articuler pour faire un état de la dégradation des conditions de travail.

    Le mal vivre au travail provient donc de dispositifs complexes mis au point par les experts et les directions générales tant du privé que du public pour augmenter la rentabilité de la force de travail. Notamment les "stats" sont le nouveau Dieu qui sanctionne (négativement souvent) les salariés des lieux de production, les résultats qui en sont tirés sont le fétiche devant lequel tous doivent s'agenouiller .

    Une recherche plus approfondie devrait faire place à l'ambivalence du comportement des cadres qui tout à la fois tendent à refuser le "sale boulot" (Christophe DEJOURS) mais néanmoins transmettent les consignes et la pression. Une distinction est à faire entre les cadres en fin de carrière et les nouveaux venus qui d'une part aspirent à monter dans la hiérarchie et d'autre part n'ont pas connu une administration fonctionnant principalement selon des règles juridiques qui orientaient l'activité vers l'intérêt général et qui ne faisaient quasiment pas intervenir les soucis de rentabilité.


    Christian DELARUE

    1 Lire "Quand le travail fait mal" dans Alternative économique de février 2007
    2 cf. Odile CASTEL prof sce éco rennes


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  • DE LA NECESSITE DE SORTIR DE LA CONCEPTION DE L'ETAT-NATION


    Mon topo sur le Manifeste à Rennes "Aller vers une autre démocratie, citoyenne et populaire" ( * ) ne pouvait être qu'une introduction relativement brève au regard de l'ampleur du sujet.

    (*) http://www.local.attac.org/35/Introduction-ALLER-VERS-UNE-AUTRE

    J'ai notamment volontairement occulté la problématique de la citoyenneté issue de l'histoire de l'Etat-nation pour m'en tenir à un définition de la démocratie issue du peuple. En fait je pense comme d'autres issus du mouvement de lutte pour l'insertion des immigrés que le mouvement altermondialiste doit sortir du modèle de l'Etat-nation. Daniele LOSCHAK a passé de longues années à expliciter cette nécessité. Cependant les propos qui suivent doivent beaucoup à Michel Terestchenko (1)

    I - UNE COMPREHENSION ISSUE DU MILITANTISME EN DEFENSE DES MIGRANTS


    * La situation présente et historique
    L'immigration est une manière de vivre, une manière douloureuse d'être au monde. La condition d'immigré au plan juridique et social - donc existentiel - est un mélange d'être et de néant. Plus précisément il est un être en chemin, en chemin vers la naturalisation, l'insertion, l'intégration. Du coup l'immigration peut se définir à la fois comme transition et comme fragilité.
    La conception de la nationalité comme condition de la citoyennté fait de l'immigré un être illégitime : il n'est pas le national dans lequel l'immigration l'a placé et l'a amené à vivre. Il est présent exclus.

    * Le mouvement pour en sortir
    Le national est le produit historique de l'Etat-nation. Au national le mouvement antiraciste et pour l'égalité oppose le résident, celui qui vit sur un territoire donné, qui produit et paie des impôts. Le résident a vocation a disposer des droits étendus de la citoyennté.Il circule librement, il s'installe et passé un certain temps - de 3 à 5 ans - il devient pleinement citoyen . C'est une revendication que les citoyens rabougris que nous sommes aussi ont intérêt à soutenir (cf l'altercitoyen 2)

    II - DE L'ETAT-NATION A LA CITOYENNETE

    * Etat-nation à nationalité :
    C'est l'Etat qui confère la nationalité et donc l'étrangeté soit en vertu du jus sanguinis, soit en vertu du jus solis. Le droit du sang détermine l'appartenance à la communauté sociale et politique par la filiation. Le droit du sol opère cet effet d'appartenance -exclusion par la naissance de l'individu sur le territoire (français).

    * Nationalité à citoyenneté
    L'attribution de la nationalité confère des droits civiques et politiques qui caractérisent la citoyennté stricto sensu. Mais la citoyenneté lato sensu comprends trois niveaux distingués par D. Loschak :
    - Citoyennté-égalité dans l'exercice des droits
    - Citoyenneté-participation à la vie sociale
    - Citoyenneté-exercice de la souveraineté nationale


    Christian DELARUE


    LE RACISME COMME ANTI-MOUVEMENT SOCIAL OU LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE L'ANTIRACISME.
    Note de lecture de "Philosophie politique, tome 2 : Ethique, science et droit" de Michel Terestchenko
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=50276
    ou sur ce blog
    http://www.blogg.org/blog-44839-date-2007-02-11.html

    2 ALTERCITOYEN.
    Citoyen confiné, séparé, exclus ou citoyen d'émancipation
    http://www.local.attac.org/35/spip.php?article731


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  • LA SEPARATION DES POUVOIRS : EN PRENDRE ET EN LAISSER !





    Elle serait une garantie contre l'arbitraire et la tyrannie. Pour la justifier, on évoque évidemment Montesquieu comme auteur d'une théorie de l'équilibre et de la séparation rigoureuse des pouvoirs que sont le législatif, l'exécutif et le judiciaire.



    - La mise au point de Charles Eisenmann (1).



    Charles Eisenmann a montré d'une part que cette théorie n'existait pas chez Montesquieu : L'exécutif empiète sur le législatif puisqu'une le roi dispose d'un droit de véto. Le législatif peut, exercer un droit de regard sur l'exécutif puisqu'il contrôle l'application des lois. Le législatif empiète sérieusement sur le judiciaire dans un certain nombre de circonstances. Charles Eisenmann a précisé d'autre part qu'il s'agissait plutôt chez Montesquieu d'une combinaison de pouvoirs, un partage des pouvoirs. Chez Montesquieu il y a trois puissances mais deux pouvoirs, le législatif et l'exécutif, le judiciaire n'étant pas à proprement parler un pouvoir. Enfin Montesquieu parle en terme de rapport de force, en terme de politique et non en terme juridique. Ce qu'il veut c'est un gouvernement modéré.



    - Au profit de qui s'exerce ce partage des pouvoirs?



    Le partage des pouvoirs s'opère-t-il en faveur du roi ou du peuple? La question que se pose Althusser (2) en 1959 reste d'actualité : il suffit de remplacer Président par Roi ou Exécutif au sens large par Roi. Pour Montesquieu, "si la puissance législative prend part à l'exécution, la puissance exécutrice sera... perdue" (XI 6) Mais l'inverse n'est pas vrai : le Prince a les deux pouvoirs mais la modération n'est pas menacé car la tyrannie ne peut selon lui venir que du peuple. Montesquieu défend la monarchie et la noblesse mais pas le tiers-état. Il dirait probablement aujourd'hui vive la démocratie représentative présidentielle (ou une de ses variantes notamment celle qui accepte deux chambres dont un Sénat) ; une formule démocratique qui verrouille la distribution du pouvoir au profit de couches sociales largement positionnées au-dessus du peuple, le peuple étant ceux qui sont dirigés, qui ne décident pas ni politiquement ni économiquement!



    - "Educ pop" : Que faire de la théorie de la séparation des pouvoirs?



    Mon propos ne vise pas au rejet complet de la séparation des pouvoirs mais à bien montrer qu'elle est un enjeu politique pour l'émancipation du peuple. Les élites ou l'aristocratie ou la classe dominante (la bourgeoisie ou la caste bureaucratique dans les régimes staliniens) se méfient du peuple - au besoin en se réclamant de lui - et veulent le tenir assujetti. La théorie de la séparation des pouvoirs constitue une entourloupe politico-juridique visant au maintien du peuple comme tiers-état exclus. Il ne faut sans doute pas "jeter le bébé avec l'eau du bain" mais il ne faut sans doute pas répéter naïvement le mythe de la séparation des pouvoirs. Il y a en la matière à prendre et à laisser pour qui souhaite aller vers une alterdémocratie.



    Christian Delarue



    notes:

    1) C. EISENMANN L Esprit des Lois et la séparation des pouvoirs in Mélanges Carré de Malberg Paris 1933

    2) Louis ALTHUSSER in "Montesquieu : La politique et l'histoire"

    3) Atelier Démocratie : rencontre du grand ouest sur me Manifeste : Introduction : aller vers une autre démocratie, citoyenne et populairehttp://www.local.attac.org/35/Introduction-ALLER-VERS-UNE-AUTRE
    ou Alterdémocratie cf. Bellaciao

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  • De la tare des trotkystes?

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    Alors que des trots se montrent unitaires (1) ce qui est aussi une stratégie connue sous le nom de front unique ouvrier (FUO) voici que d'autres se montrent diviseurs voire sectaires ! Or l'unanimisme de façade est aussi dangereux que la division reconduite. Comment éviter l'un et l'autre ? Entre opportunisme sans rivage et sectarisme nuisible ou se trouve la ligne juste ?

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    Vous connaissez la formule célèbre : « Deux trotskystes se rencontrent, ils forment un parti, avec un troisième c'est la scission ». Il existe des variantes à la formule pour faire apparaître le goût immodéré des trotskystes pour les tendances. Face à une conception monolithique du parti les trotskystes, suivant sur ce point Lénine, firent l'apologie du débat clair et organisé en tendances. Mais souvent contre le monolithisme ils tordirent le bâton dans l'autre sens : c'est ainsi que les tendances se transformèrent en fractions et en scissions.

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    « Cette propension des trotskystes à trancher leurs désaccords par la création de nouvelles organisations découlent directement de l'incapacité dans laquelle ils se trouvent de mettre à l'épreuve leurs orientations, défend Daniel Bensaïd. “ Bien des polémiques entre trotskystes peuvent [...] apparaître, avec le recul du temps, excessives ou dérisoires » (2).

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    Sans vouloir nier les efforts réels à l'entente et à l'unité (3), la période semble montrer une prolifération pour le durcissement dans la durée de divisions internes. Ces divisions sont hélas bien visibles dans la sphère antilibérale entre MGB, JB et OB mais on peut espérer ou rêver d'un accord de rassemblement pour les législatives car une volonté unitaire existe réellement dans les trois formations politiques comme dans le mouvement diffus qui milite pour une vraie gauche en France.

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    On remarque aussi que ces divisions sont bien inscrites dans les associations comme ATTAC avec la création récente d'Avenir d'Attac mais aussi et surtout dans le MRAP avec les opposants à Mouloud AOUNIT et son équipe qui ont formé « Avenir du MRAP » puis « MRAP Pluraliste ».

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    Comme dans les partis politiques et notamment dans les petits partis se réclamant du trotskisme on va répétant qu'il ne s'agit pas d'une question de personne ni de pesanteurs bureaucratiques mais de lignes politiques incompatibles. Certes, dans les petites associations la personnalité et le rôle des dirigeants possèdent une fonction plus importante que dans les grande pour la dynamique d'unification ou de division. Mais dans les grandes organisations les débats de structures s'articulent sur des débats idéologiques, lesquelles peuvent donner lieu soit à accord autour d'une base commune quitte à montrer les divergences (cf. l'usage des textes d'orientation à fenêtre) soit à opposition persistante.

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    Si l'on suit Daniel BENSAID, ce sont les épreuves du réel qui permettent de valider les lignes justes et qui par la même occasion tranchent les débats trop durs sources de scissions inutiles.

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    - Dans ATTAC la question de la fraude électorale a bien constitué une épreuve clarificatrice à l'avantage de la direction actuelle, celle issue des élections de novembre-décembre 2006. Pour autant le clivage perdure sur d'autres questions, plus programmatiques celles-là, comme la conception et le contenu du Manifeste ou la conception de « Notre Europe » mais il perdure peut-être avec moins d'enjeux en terme de scission. L'avenir confirmera ou non ce pronostic.

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    - Dans le MRAP, petite association de 4000 adhérents, le rapport de force semble hélas stabilisé dans la durée au détriment d'une opposition hétéroclite elle-même divisée avec une aile dure animée par Gérard KERFORN, Horiya MERKELOUF, Nadia KURIS etc.. et une aile « différente » avec Jean-Marc BOURQUIN notamment. Reste que ce rapport de force régulièrement très apparent dans les médias risque de nuire au combat que doit mener le MRAP qui faut-il le rappeler lutte contre le racisme sous ses formes (3). Faut-il agir fermement pour l'unité mais dans la clarté des positions ou faut-il trancher dans le vif une incompatibilité de lignes lors du prochain congrès ? Pour ma part je travaille à l'unité en cherchant des lignes de compromis (3), mais je vois bien les limites de l'exercice au regard de la montée de la forte conflictualité interne sur de nombreux sujets. Ce n'est pas ici que je peux développer.

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    Christian DELARUE

    Membre du BE et du CA du MRAP et du CA d' ATTAC France<o:p> </o:p>

     

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    1) Le combat pour l'unité continue

    http://www.lcr-rouge.org/article.php3?id_article=5683

    2) Formule retenu par Serge Godard qui commente le livre de Bensaïd sur « Les trotkysmes »

    http://egalite.free.fr/gazette/alire.php<o:p>
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    3) "UNITAIRE 2007" : ENVIE DE POLITIQUE !
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=35658<o:p>
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    4) Le MRAP 1977- 2007 : contre le racisme sous toutes ses formes.

    http://rennes-info.org/Le-MRAP-1977-2007-contre-le.html

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  • Pour accomplir une pareille tâche - En finir avec une France impérialiste par Sébastien Laurent et Christian Rialto - il faudra aller au-delà des divisions politiciennes de la présidentielle . Il faudra l'unité du mouvement social (ATTAC et les associations de solidarité international) et du mouvement ouvrier : l'unité des syndicats CGT, FSU, SUD et l'unité des partis politiques "anti-libéraux" (le PC de Marie-George BUFFET, la mouvance de José BOVE, la LCR d'Olivier Besancenot) plus les militant(e)s du PS et des Verts qui ont conservé une conscience internationaliste et anti-impérialiste. Sans ostracisme non plus à l'encontre les libertaires, les anarchistes comme des trotskystes de LO. Bref le rassemblement sur quelques exigences propres à renverser la situation insoutenable.
    CD

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    Politique extérieure
    EN FINIR AVEC UNE FRANCE IMPERIALISTE


    Loin des clichés relatifs au « pays des droits de l'Homme », la France mène une politique militaire offensive afin de préserver les intérêts de ses multinationales sur la planète. Un modèle qu'il convient de casser, afin d'instaurer de nouveaux rapports internationaux.**

    La France d'aujourd'hui, loin d'être une « puissance moyenne honnête », en butte à l'agressivité des États-Unis, est bien l'un des principaux acteurs du système impérialiste mondial. Ce système de domination politique, économique et militaire est aujourd'hui comptable de la pauvreté endémique, des guerres et de la destruction de la planète. Les confrontations, plus ou moins houleuses, avec d'autres impérialismes, comme celui des États-Unis, ne se font pas au nom d'une ambition plus respectueuse des droits humains et environnementaux, mais avant tout par souci de préserver des zones d'influence, des marchés privilégiés, des alliés précieux, lorsqu'il s'agit de se partager le monde. La France a un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Avec quatre autres États, elle peut ainsi décider, par-delà l'Assemblée générale de l'ONU, qui compte plus de 190 membres, de s'opposer à des résolutions progressistes proposées par les pays du Sud et décider de sanctions contre d'autres nations. De même, les élites de notre pays se sont garanti un rôle prééminent au Fonds monétaire international (FMI) et à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

    Pour asseoir sa puissance et assurer la présence de ses soldats dans le monde, la France s'est dotée d'un arsenal militaire qui, en retour, enrichit les trusts de l'industrie militaire privée. La France réclame des comptes aux pays souhaitant développer l'énergie nucléaire, alors qu'elle dépense des milliards d'euros pour des porte-avions nucléaires et qu'elle est l'un des rares pays du monde à posséder la bombe atomique qu'elle a, de plus, fait exploser dans les colonies polynésiennes... après avoir commencé, dans les années 1950, dans le désert algérien ! De retour depuis 1996 dans l'ensemble des structures de l'Otan (à l'exception du commandement intégré), la France est partie prenante de la force de frappe militaire des pays impérialistes, comme en Afghanistan ou au Liban en ce moment.

    La LCR veut en finir avec les liens de domination qu'entretient la France avec les deux tiers de la planète. Or cette domination néocoloniale est rarement un enjeu des campagnes électorales, car les dirigeants, de droite comme de gauche, ont toujours été des fidèles serviteurs de cette politique.

    *Néocolonialisme*

    Avant l'émancipation des colonies, l'Empire français s'étendait sur une surface vingt fois plus grande que la métropole, apportant de nombreuses matières premières et jouant le rôle de bouée de sauvetage lors des grandes crises économiques, tout en écrasant les peuples à sa botte. Aujourd'hui, il reste, comme colonies, les départements et territoires d'Outre-mer (DOM-TOM) pour servir les intérêts stratégiques de l'État français : la Gua-deloupe, la Martinique et la Réunion, marquées par l'échange inégal, les bidonvilles et les minima sociaux discriminants, servent à contrôler les mers du Sud ; la Polynésie française, vestige de l'État-RPR corrompu, s'est transformée en poubelle de nos expérimentations nucléaires ; la Nouvelle-Calédonie, grande productrice de nickel, est une colonie de peuplement qui étrangle le peuple kanak ; et la Guyane, base de lancement de l'industrie spatiale européenne, se caractérise par ses milliers d'enfants non scolarisés et un profond mépris pour les peuples indigènes et l'environnement.

    Dans bien d'autres parties du monde, la France assoit sa domination par sa puissance militaire, le mécanisme de la dette et la « coopération ». Le scandale de la politique étrangère de tous les gouvernements français, c'est le maintien du système de la « Françafrique », pour le plus grand profit des multinationales françaises et de leurs « amis » de tout poil : producteurs d'énergie (Total-Elf, Areva), d'infrastructures (Bouygues), de produits précieux (Bolloré ou Rougier), etc.

    Près de 8 000 soldats sont affectés à la présence militaire permanente de la France en Afrique, qui porte une lourde responsabilité dans le génocide au Rwanda, ayant même servi à protéger directement la fuite des responsables des massacres. La France pratique des interventions armées directes - en Côte-d'Ivoire, au Tchad -, en ayant toujours pour but de préserver les intérêts français et le maintien de gouvernements dévoués à cette tâche. Pour ce sale boulot, la France n'a jamais hésité à attiser les divisions communautaires, voire même à les créer.

    *Intérêts économiques*

    Le mécanisme de la dette et le contrôle monétaire exercé par la France sur le franc CFA ont toujours été un fort moyen de pression, notamment afin d'imposer les politiques de la Banque mondiale et d'obtenir la privatisation de secteurs économiques permettant la mainmise des capitaux français : ceux-ci représentent 40 % des investissements directs à l'étranger dans la zone CFA... Par le biais de l'aide publique au développement (APD), le capitalisme français détourne, vers les entreprises privées bénéficiaires de contrats publics en Afrique, une partie de l'argent destiné au développement. Enfin, la dette permet de maintenir les pays du Sud sous la domination financière des pays du Nord et le transfert de capitaux de l'Afrique vers la Banque centrale européenne, quand les pays de la zone CFA (le franc CFA est désormais indexé sur l'euro) ne sont pas obligés de déposer 65 % de leurs recettes d'exportation sur un compte du Trésor français. Ainsi, l'impérialisme français n'est pas seulement un reste suranné et poussiéreux : c'est un point d'appui économique, militaire et politique d'une des principales puissances vampirisant le monde. Quinze ans de gouvernement de gauche, depuis 1981, n'y ont strictement rien changé !

    La fin de la Guerre froide a relancé la compétition entre puissances pour le contrôle de l'Afrique. Mais le jeu s'est aussi rouvert en Amérique latine, où la France est devenue l'un des principaux investisseurs étrangers. On parle aujourd'hui d'une école française de l'eau pour qualifier la stratégie de contrôle, par la France, de la richesse aquatique du sous-continent. Deux des quatre entreprises leaders au niveau mondial dans le domaine de l'eau sont françaises : Veolia (ex-Vivendi, ex-Générale des eaux) et Ondeo (filiale de Suez-Lyonnaise des eaux). D'autres entreprises françaises sont aux avant-postes des prédateurs de l'économie latino-américaine, comme Carrefour-Promodès, EDF et GDF, Total, Danone, sans oublier France Télécom qui, après avoir retiré de substantiels bénéfices de Telecom Argentina, a poussé à une baisse des salaires et à une augmentation des tarifs lors de la dévaluation du peso en 2001... avant de se désengager d'une entreprise qui ne lui rapportait plus assez d'argent.

    *Autre monde*

    Enfin, la « politique arabe de la France » n'est vraiment pas une alternative à celle des États-Unis. Ainsi, si on peut dénoncer l'alliance solide qu'ont entretenue les États-Unis avec la monarchie saoudienne, au nom de la sûreté de l'approvisionnement en pétrole, il faut également parler des excellentes relations - passées sous silence - que la France a entretenues avec Saddam Hussein, expliquant les réticences de la diplomatie française à participer à une guerre qui remettait en cause ses intérêts. De même, nous ne devons pas taire l'aide française à la mise sur pied d'une industrie nucléaire en Iran, avant d'être supplantée par la Russie ; ou les bonnes relations diplomatiques et commerciales qu'entretient la France avec les pays du Golfe peu soucieux du respect des libertés civiles et des droits sociaux. Il s'agit là de clients importants pour l'industrie de l'armement, des télécommunications, pour les infrastructures ou pour Airbus... Tout en affirmant, la main sur le cœur, son attachement aux droits des Palestiniens, la diplomatie française a été d'un soutien sans faille à la politique sioniste israélienne et elle ne s'est jamais distinguée pour condamner les crimes de guerre de l'armée israélienne en Cisjordanie, à Gaza et au Liban. Elle a été complice de toutes les capitulations de l'ONU.

    Le monde arabe ne se résume pas au Proche-Orient. La France mène une politique très fraternelle à l'égard de la dictature tunisienne de Ben Ali, elle soutient en Algérie les militaires au pouvoir, et elle a entretenu d'excellentes relations avec le roi marocain Hassan II, puis avec son fils, Mohammed VI. À eux seuls, Tunisie, Algérie et Maroc représentent plus du tiers des exportations françaises vers l'ensemble du sous-continent africain.

    Alors, bien sûr, lorsque le business est en jeu, les résistances sociales, les libertés civiles et démocratiques sont mises à mal, et les peuples voient leurs espoirs de solidarité de la part des prétendues démocraties occidentales s'envoler. De l'UMP (ex-RPR) au Parti socialiste, les principaux responsables politiques français ont perpétué, grosso modo, la même politique extérieure et les mêmes réseaux d'influence. Alors que les critiques et les projecteurs se tournent le plus souvent vers l'impérialisme éhonté que les États-Unis ont mis en œuvre au Moyen-Orient et en Amérique latine, les diplomates et capitalistes français tissent leur toile de domination, discrètement et sûrement. C'est tout cela qu'il faut remettre en question de fond en comble ! C'est le sens de la participation de la LCR à toutes les mobilisations de solidarité internationale, à tous les forums sociaux et contre-sommets européens et mondiaux depuis leur apparition, afin de construire une alternative et de rendre palpable l'« autre monde possible ».

    Sébastien Laurent et Christian Rialto


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    *Quatre axes pour une politique du développement humain en rupture avec l'impérialisme français

    **1)* Refuser toutes les logiques de guerre : retirer les troupes françaises de tous les pays étrangers, réduire le budget militaire à sa plus simple expression et rompre avec tous les mécanismes de dissuasion nucléaire ; utiliser les moyens financiers ainsi dégagés au développement de l'éducation, de la santé, de la recherche et de la coopération civile internationale.

    *2)* Rompre avec l'échange inégal et avec la libéralisation financière : taxation des échanges de capitaux à court terme et abolition de la dette du tiers monde, droit à la souveraineté alimentaire et défense d'une agriculture durable, nationalisation des trusts impérialistes qui pillent l'Afrique et spolient l'Amérique latine, remise des actifs possédés dans ces continents aux populations locales.

    *3)* Soutenir le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, en commençant par favoriser l'expression des courants indépendantistes des dernières colonies françaises, et en prenant les moyens d'obtenir l'accès des peuples écrasés, comme le peuple palestinien, à leur État.

    *4)* Remettre en cause la structure inique du Conseil de sécurité de l'ONU, comme celle de l'Organisation mondiale du commerce, du FMI et de la Banque mondiale. De même que nous voulons construire une autre Europe, au service des peuples, nous voulons de nouveaux pactes internationaux pour les droits sociaux, politiques et environnementaux de toutes et tous, au Nord comme au Sud !


    http://www.lcr-rouge.org/article.php3?id_article=5681


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