• ACTUALITE DE L'ALTERMONDIALISME

    Véritablement pour
    un "Autre monde, une autre Europe, une autre France".




    Version de Christian DELARUE qui ne reprend pas intégralement le "texte martyre" de Marc DELEPOUVE

    http://www.france.attac.org/spip.php?article6370


    Marc DELEPOUVE, alors membre fondateur FSU d'ATTAC, a écrit un texte destiné aux modifications (publié sur le site ATTAC France en juin 2006). Je le reprends dans ses grandes lignes mais je m'en dégage suffisamment pour présenter une version nouvelle.

    /L'autre monde, l'autre Europe, l'autre France à construire ne peuvent être décrits tels des univers de science fiction/ écrit Marc DELEPOUVE, mais ils ne sauraient non plus être fondés sur les mêmes bases que ce monde qui a pour caractéristique d'être toujours dominé par le capitalisme et l'impérialisme même si les formes de cette domination a changé. Lorsque la contestation s'attaque au cœur du système pour le renverser et non l'aménager c'est bien pour fonder une autre société sur d'autres bases . Les peuples le savent bien car la crise est là et ils y ont participé activement. En effet, un basculement véritable ne saurait au regard des expériences historiques se concevoir sans crise et affrontements entre ceux d'en haut et ceux d'en bas pour le dire rapidement . C'est que les couches sociales dominantes et dirigeantes qui ne cèdent déjà pas aisément sur l'accessoire ne cèdent surtout pas sans combat intense sur le principal.

    De sa présynthèse au Manifeste je reprends simplement l'idée des "quatre moteurs et des quatre exigences". Les rédacteurs du Manifeste d'ATTAC introduisent eux leur propos sur l'idèe de "Scier les 7 piliers du néolibéralisme", les scier à la racine... afin de faire germer autre chose . On pourrait proposer comme Marc de changer de "moteurs" ou de logiques . L'idée de base serait que l'altermondialisme d' ATTAC s'est constitué à partir d'un projet qui s'est étoffé ces dernières années tout comme le trajet qui mène au projet.

    Si l'on reprends la terminologie de "*dynamique altermondialiste*" issue du texte du comité local de Rennes on peut dire que la dynamique altermondialiste générale regroupe à la fois la question du projet et du trajet et même celle du sujet social porteur de la dynamique. Je renvoie à la fiche rennaise écrite pour le Manifeste sous le titre "Notre altermondialisme" (cf. lien ci-dessous).

    Le projet altermondialiste n'est évidemment pas sans sujet porteur et même sans sujet bénéficiaire : en théorie comme en pratique il s'agit *des peuples *et* des citoyens*. Cela mérite d'être discuté car évoquer « /des droits pour tous/ » tend à faire l'impasse sur cette question. Militant(e)s altermondialistes, nous ne sommes pas hors de ce mouvement, nous y participons activement avec tous les acteurs, notamment les syndicats de salariés, les syndicats de paysans, les associations féministes, antiracistes, écologiques. Le projet altermondialiste est donc à partager dans une démarche d'éducation populaire tournée vers l'action avec eux dans le débat et dans les luttes. Notre projet s'oppose frontalement aux choix des élites, des classes dominantes et dirigeantes du monde qui oublient l'intérêt général de la planète et de l'humanité pour satisfaire la corporation "patronale" internationale, disons franchement la bourgeoisie. L'exigence d'égalité est une valeur essentielle de notre combat d'émancipation au côté de la solidarité. Une solidarité sans égalité ne serait que reconduction d'un ordre hiérarchique et inégalitaire.

    Le projet contient *le but *altermondialiste sommairement mais clairement indiqué dans le titre alors que le trajet porte sur *les processus *à savoir les altermondialisations diverses que l'on nomme aussi "mouvement de mouvements" mais aussi *des contenus* opérant à divers niveaux "rupture franche" avec l'ordre actuel à dominante capitaliste et productiviste.



    I - LES 4 MOTEURS DE LA REGRESSION SYSTEMIQUE.



    "L'humanité s'est laissée emporter dans une course folle, propulsé par quatre moteurs contre lesquels il faut poser des actes de rupture. Le premier est le néolibéralisme, le second le productivisme et la société de consommation, le troisième l'individualisme et le quatrième la domination des relations internationales par la concurrence et les rapports de force" dixit Marc Delepouve. Pour ma part j'insère le productivisme dans le néolibéralisme afin de faire place à la régression démocratique.

    1- Le néolibéralisme combine trois processus contraignant pour les citoyens ordinaires et les peuples: la marchandisation généralisée, la financiarisation, l'appropriation privée des moyens de production et d'échange ainsi que des biens communs de l'humanité. Le néolibéralisme correspond à une nouvelle phase du capitalisme qui génère le productivisme et donc le consumérisme. Le productivisme consiste à produire toujours plus pour le profit, toujours plus de valeurs d'échange et moins de valeur d'usage. Produire pour le profit d'abord incite à la production de biens rapidement obsolescents voire peu utiles et même destructeurs des humains et de l'environnement, hors considération de la préservation de la planète.

    2 - La gouvernance comme processus de décision complexe réduit l'usage des procédures authentiquement démocratiques au profit des négociations entre les lobby et les experts éventuellement en y associant les dirigeants religieux et syndicaux. La gouvernance est le nouveau nom du gouvernement oligarchique qui ignore l'expression des peuples. La gouvernance néolibérale est un mode global de gestion du monde qui participe aussi de la montée de communautarisme et du recul de la citoyenneté. Elle s'accommode bien de la montée du religieux et piétine volontiers la laïcité.

    3 - La domination des relations internationales par la concurrence et les rapports de force. L'ordre du monde est hiérarchiquement structuré sur les plans économique, politique et militaire. La guerre économique se juxtapose aux guerres militaires et aux logiques sécuritaires. S'il y a bien un Nord et un Sud (cf "schéma de la coupe de champagne") il faut ajouter immédiatement qu'il y a du sud dans nord et du nord dans le sud. Autrement dit la bourgeoisie comme classe dominante et riche se trouve aussi bien au nord qu'au sud.

    4 - L'individualisme
    tend à ignorer de diverses manières les multiples rapports sociaux (capital/travail pour le plus antagonique) et à préférer la lutte des places aux luttes collectives dans ou hors travail. Au plan global il dénie les appartenances multiples et les solidarités, notamment les solidarités transnationales avec les sans papiers et les immigrés extracommunautaires. L'individualisme tend à un désintérêt à l'égard de la chose publique au profit de la famille et du proximal ; il manifeste la "crise du sens" évoquée par Alain BHIR. Sur ce terreau de crise du sens germe toutes les formes de racisme et de sexisme. Dés lors, le fascisme peut être l'autre monde que nous ne voulons pas. Evoquons ici deux versions pensables : une de « reprise » néocoloniale et une à base religieuse.


    "Ces moteurs se renforcent mutuellement, et constitue un système puissant, présentant une forte cohérence interne, mais aveugle au devenir de l'humanité, aveugle aux écueils et précipices vers lesquelles il la précipite : réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité, tarissement des réserves d'eau potable, épuisement de sols agricoles et de réserves de matières premières non renouvelables ; deux milliards d'êtres humains abandonné à la misère, à l'insalubrité, près d'un milliards à la malnutrition ; près d'un milliard vivant dans des zones de conflit ; des dizaines de millions forcés à migrer pour se réfugier ; développement des paradis fiscaux et des réseaux de trafic divers et de blanchiments d'argent sale ; développement des politiques sécuritaires ; etc."



    II - LES 5 EXIGENCES MOTRICES POUR UNE AUTRE SOCIETE.




    1 - L'exigence sociale vise à rendre ce monde juste et non pas plus juste car ce serait du misérabilisme ou de l'accompagnement social du libéralisme. Sans oublier les pauvres il faut remarquer (ainsi qu'une récente étude du CREDOC le signale pour la France) que les couches moyennes de la société tendent à l'appauvrissement quand les riches s'enrichissent toujours plus et exigent même des garanties de surprofits financiers élevés. La participation de tous à la production sociale de l'existence étant un principe fondamental ne souffrant que peu d'exceptions il importe de construire une société solidaire de plein emploi sans précarité ni intensification du travail via une réduction hebdomadaire massive du temps de travail le tout sans perte de salaires. La protection sociale, la sécurité sociale étant menacées il importe de défendre la cotisation sociale ainsi que le propose B FRIOT.


    2 - L'exigence écologique.
    Biosphère, climat, eau potable..., les dégradations avancent à grande vitesse, à bien des égards la qualité de vie sur notre planète serait irréversiblement détériorée, la survie de l'humanité pourrait être menacée. Les citoyens mais surtout les dirigeants politiques (les gouvernements) ou économiques (les patrons des entreprises nationales ou multinationales) doivent engager sous la pression sociale des mesures de rupture nécessaires.

    3 - L'exigence démocratique : Aller vers l'alterdémocratie .La démocratie dite représentative, est doublement restreinte par nature y compris en y ajoutant de la démocratie participative . L'ensemble du système démocratique représentatif/participatif actuel même amélioré est nécessairement limité dans son champ - le choix des représentants politiques pour l'essentiel – et dans sa périodicité – une fois de temps en temps. L'autre démocratie radicalement différente entend permettre l'intervention citoyenne dans les grands choix de la production tant dans l'entreprise que dans la société via la planification économique.


    4- L'exigence d'égalité
    ; égalité antiraciste entre tous et égalité antisexiste entre les femmes et les hommes.* La solidarité doit s'accompagner d'égalité . Les réseaux internationaux de proxénétisme, forme extrême de marchandisation et de libre-échange, se développent, tirant profit de la libre circulation des capitaux et de la confidentialité assurée par les paradis fiscaux. La femme y est placée dans une situation extrême, qui n'est pas étrangère à l'organisation patriarcale de nos sociétés, et qui donne à penser sur la nature de celles-ci. Si le 20e siècle a vu un recul des inégalités entre femmes et hommes, ce mouvement a été stoppé et inversé avec l'arrivée du néolibéralisme du début des années 1980. Le retour d'intégrismes religieux et le développement des réseaux proxénètes internationaux en sont les formes les plus extrêmes.

    5 - L'éxigence de solidarité entre les peuples
    : vise à introduire à la place de la concurrence et du rapport des forces un droit fondamental et appliqué qui ne soit pas le cache sexe de la raison d' Etat force d'appui du capital. Le droit mondial doit fonder et appuyer la redistribution des richesses ainsi qu'un autre développement, harmonieux aux plans géographique, social et écologique, et non l'institution de mécanismes de correction du développement inégal et combiné du capitalisme. La solidarité des peuples face aux différentes bourgeoisies est une idée force qui milite pour l'autre monde que nous voulons.



    Afin d'apporter à ces exigences des premières réponses aux niveaux international, européen et français, le manifeste présente des propositions concrètes qui constituent des ruptures avec la mondialisation libérale. Elles demandent parfois à être développées, ou précisée ; et elles sont à compléter par d'autres mesures.



    Christian Delarue
    Membre du Conseil d' Administration d' ATTAC France

    Représentant du MRAP comme membre fondateur d'ATTAC





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  • SE REAPPROPRIER LA MONNAIE :
    DE LA BCE A LA BANQUE DU SUD.
     
    L'idée d'un service public de la monnaie (1) semble assuré dans le mouvement altermondialiste mais c'est le cadre territorial qui fait débat.La création récente d'une banque publique pour l'amérique latine (2) relance l'idée d'articuler reprise en main para étatique et espace d'intervention élargie des mécanismes de régulation.
     
    1- ATTAC Suisse: "Faut-il réformer les banques centrales pour lutter contre le chômage ?" (Réformes qui iraient à l'encontre des préceptes monétaristes.)
     
     
     
    I- LE DEBAT SUR LES MODALITES DU "SORTIR DU FEODALISME MONETAIRE"
     
    - Dépasser la vision classique en conservant ce qui est pertinent...
    Pour "sortir du féodalisme monétaire", pour en finir avec les crises financières et bancaires, les faillites et le chômage... il importe que ce soit l'Etat qui crée la monnaie et non les banques privées. C'est un principe qui avait toute sa pertinence en 1992 lorsque "les Européens ont abandonné (le 7 février 1992), le droit "régalien" de l'État de création monétaire, au profit des seules banques". La revendication était encore juste en 1993 quand "l'article 104 du Traité de Maastricht, transposé en France dans la loi du 4 août 1993, a interdit aux Banques centrales d'autoriser des découverts, d'accorder tout type de crédit au Trésor public et à tout autre organisme ou entreprise publique.Et que "parallèlement, les banques peuvent quasiment allouer autant de crédits qu'elles le souhaitent (que demandé) en créant, à cette occasion, la monnaie sur laquelle elles feront payer des intérêts".
     
    Cf. Bellaciao 1 fevrier 2008 : Ce n'est pas aux banques de créer la monnaie
     
    - ...en l'articulant avec les institutions des espaces continentaux et mondial.
     
    Le problème est que depuis 2005 les peuples européens ne veulent pas revenir à 1993. L'euro est la monnaie des européens. Mais les européens ne veulent pas pour autant de l'Europe oligarchique et libérale. Si ces deux éléments de la situation sont admis alors l'enjeu est de construire une Europe démocratique, sociale et solidaire disposant d'institutions para-étatiques de régulation . Mais ilne s'agit pas d'une régulation du coeur capitaliste visant à l'adoucir ou l'humaniser en laissant sa logique d'accumulation et de production de valeur intact . Non il sagit d'une autre régulation radicalement différente . Pour le dire plus nettement il faut aller vers les Etats unis socialiste d'Europe même si la formule laisse encore des zones d'ombre. Tout cela ne se fera pas sans passer par une crise révolutionnaire en Europe.
     
    II - ARTICULER SERVICES PUBLICS ETATIQUES BANCAIRES ET AUTORITE CONTINENTALE PUBLIQUE DE CREATION DE LA MONNAIE (BCE et Banque du sud)
     
    Au niveau européen il n'y a pas encore à proprement parler d'Etat c'est donc une autorité publique fonctionnant comme un service public de la monnaie et du financement qui doit assumer la mission publique de création monétaire. Pour autant au niveau de chaque Etat européen une reprise en main de chaque secteur bancaire privatisé est possible à commencer par la modification des fonctions et missions du Trésor. Une articulation complexe de services publics étatiques bancaires et d'autorité européenne publique de création monétaire est à construire.
     
    - Retour sur la nature de la monnaie : la démarchandiser et en faire un bien commun.
     
    Pour le salarié public ou privé, l'argent - la monnaie - n'est qu'un simple moyen de paiement pour l'achat d'un bien ou d'un service . Du coup la distinction qui lui sera importante résidera dans le caractère marchand ou non marchand du bien ou du service produit. Puisque derrière le marché il y a la logique de profit des entreprises privées il sera porté - outre la revendication de l'augmentation des salaires d'une part à réduire la place du marché et de l'appropriation privée et d'autre part à souhaiter l'extension des services publics et entreprises publiques.

    Mais la monnaie est bien plus qu'un simple instrument dans l'échange marchand.

    1) Pour ceux qui peuvent transformer l'argent en capital - le capitaliste donc - il a des vertus que non capitaliste ne voit pas . C'est ce que Marx a appelé le fétichisme de largent comme survalorisation symbolique qui masque les rapports sociaux derrière l'échange marchand.

    2) Au-delà pour la reproduction du système capitaliste, pour son financement ou pour l'accumulation du capital la monnaie doit être une création permanente ce qui pose problème .

    Jean-Marie HARRIBEY insiste sur le fait que la monnaie qui n'est pas une chose sans histoire mais bien une construction sociale au service de l'accumulation privé.

    Alain VIDAL précise "Longtemps, la monnaie fut gratuite, au service de tous, ce fut une formidable invention pour faciliter et pacifier les échanges (payer, de « pacare »... faire la paix). Mais elle fut transformée en marchandise par les banquiers modernes. Le poids des intérêts cause une pénurie artificielle d'argent générant la misère. Les intérêts dépassent d'infiniment loin, les dépenses de fonctionnement des banques".

    Dans de nombreux pays la non possession de monnaie signifie non accès à la nourriture et donc à la vie et pour ceux qui vivent sans cette angoisse quotidienne posséder suffisamment "d'argent" est nécessaire pour se loger convenablement que ce soit comme propriétaire ou comme locataire.

    Mais c'est sous un autre angle que se pose le problème de l'appropriation privée de la monnaie. On l'a vu en 2005 au moment du rejet du TCUE, et la question réapparait avec le traité de Lisbonne, l'indépendance de la BCE correspond à une quasi privatisation puisque le bien public monnaie est mis au service quasi exclusif de l'accumulation privée. La BCE n'est pas véritablement une institution en capacité de mener des politiques publiques au service des peuples d'Europe. C'est le moins qu'on puisse dire !

    - L'exemple de la création de la banque du sud à Buenos Aires en Amérique latine

    Elle montre qu'une alternative est pensable pour financer à l'échelle continentale un alterdeveloppement harmonieux qui soit à l'opposé du développement inégal et combiné constitutif de la logique d'expension du capital. En effet; cette banque doit être le premier pas vers la création d'une monnaie propre à l'Amérique du Sud. L'organisme suprême de décision de la Banque du Sud sera un Conseil d'administration composé des ministres des Finances et de l'Economie.

    Voir le site ATTAC Suisse et le document en cliquant sur le lien


    La Banque du Sud est née à Buenos Aires






    http://www.suisse.attac.org/La-Banque-du-Sud-est-nee-a-Buenos

     

    Christian DELARUE











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  • RADIO CAMPUS RENNES ET FSMd rennais
     
    Ce lundi midi Soizig LESEIGNOUX et Christian DELARUE sont passés sur l'antenne de Radio campus Rennes pour présenter le FSMd rennais (forum social mondial décentralisé) et l'altermondialisme. Ambiance sympa ! Avant de commencer nous apprenions que le dernier "poilu" de la première guerre mondial né en 1897 (de mémoire) était un immigré italien sans papier ! Et crime de lèse-majesté, il n'a pas voulu des honneurs !
     
    Retour au FSMd 2008 avec un rappel que personne - ni Soizig ni moi-même ni quiconque ne représentait ici son association, son organisation et encore moins le forum qui n'avait pas de porte-parole. D'ailleurs pour exprimer la pluralité nous étions deux, une femme et un homme, avec des trajets différents et une culture "politique" différente.
    Soisig a présenté le programme du Forum décentralisé rennais du 26 janvier prochain et ses particularités et pour ma part j'ai présenté l'altermondialisme sous différents aspects. Chacun de nous a dans un second temps répondu aux questions des journalistes.
     
    RADIO CAMPUS
    Bât EREVE Campus de Villejean
    02 99 14 19 61

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  • L'ALTERMONDIALISATION N'EST PAS L'ALTERMONDIALISME!

     

    <o:p>sur le site altermonde-sans-frontière:</o:p>

    http://altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article1333



    Il y a peu le débat portait sur anti-mondialisation ou/et altermondialisation avec sa variante anti-mondialiste ou/et altermondialiste . Il perdure mais un autre débat se fait plus incisif : altermondialisation / altermondialisme. Relativement mélangées dans la pratique ces deux notions sont différentes dans la théorie. Brève explication.

    <o:p> </o:p>

    Ainsi qu'il a déjà été souligné "Les grandes mobilisations (Seattle, Gênes, Evian) contre les décideurs de la planète, les forums sociaux (comme Porto Alegre), regroupent des forces très diverses non exemptes de contradictions. Néanmoins, ils fédèrent les résistances aux politiques néolibérales et élaborent des propositions" (1). Cette diversité est une force qui ne doit pas faire l'objet de sectarisme. Il convient d'en saisir toute la force pour éviter de tomber dans ce travers.

    <o:p> </o:p>

    François Houtart comme tant d'autres appuie ce fait : "Petits producteurs de coton de l'Afrique de l'Ouest, peuples autochtones du Chiapas ou d'Equateur, paysans sans terre du Brésil, « pauvres urbains » de Bangkok, consommateurs d'eau de Cochabamba (Bolivie) ou de Sri Lanka, femmes du secteur informel portant le poids de la survie familiale, chômeurs de longue durée, nouveaux nomades que sont les migrants... Tous sont soumis à la même loi de la valeur, mais tous, à travers des modalités différentes, ont été vulnérabilisés. Les uns par les relations salariales avec le capital, les autres par le biais de mécanismes d'ordre financier et juridique auxquels la globalisation de l'économie a ajouté une dimension insoupçonnée : prépondérance du capital financier, poids de la dette, paradis fiscaux, taux d'intérêt astronomiques, programmes d'ajustement structurel, atrophie de l'Etat social, règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), etc. La sous-traitance s'est accrue dans les périphéries, la dérégulation, la diminution de la couverture sociale et parfois celle des salaires réels sont devenues la règle. Ces trente années d'offensives contre le travail et contre l'Etat pour accélérer l'accumulation du capital (en suivant les préceptes du Consensus de Washington), ces dix ans de néolibéralisme triomphant après la chute du mur de Berlin ont créé de nouvelles conditions de luttes sociales.

    <o:p> </o:p>

    Cette diversité est aussi une faiblesse car les convergences y sont difficiles et les courants modérés s'affrontent aux courants plus radicaux. François Houtart souligne d'ailleurs l'aspect fragmenté comme première difficulté : "Face à la concentration des décisions économiques, ces luttes sont restées d'autant plus fragmentées, dans un premier temps, que l'échec du « socialisme réel », les faiblesses de la gauche existante, le « verticalisme » du fonctionnement des partis, l'extinction des partis communistes et les compromissions de la social-démocratie ont réduit la crédibilité des acteurs traditionnels de la contestation". Du coup, "Faire converger des éléments de résistance aussi hétérogènes n'était pas chose évidente. Si la base de tels rassemblements est clairement exprimée dans la charte du FSM de Porto Alegre, la grande diversité géographique, sectorielle et culturelle de ceux qui luttent contre le néolibéralisme et recherchent d'autres voies fait à la fois leur force et leur faiblesse. Il faut y ajouter, partout dans le monde, la tendance à prendre ses distances vis-à-vis des formes organisées de résistance et à privilégier les initiatives spontanées. C'est notamment le cas de nombreux jeunes participant aux forums".

    - L'altermondialisation mouvementiste... 

    <o:p> </o:p>

    Il est évident que "La création d'un discours politique alternatif ne va pas sans contradictions ni tensions". "Les solutions proposées oscillent entre « humaniser » le marché capitaliste ou le « remplacer » par une autre logique". Certains s'inscrivent dans un processus déconnecté du but : ils se contentent d'un monde "meilleur" car ce qui compte ce sont les pratiques très sectorielles qui ici et là se démarquent du modèle dominant sous tel ou tel aspect. Cette stratégie - dite mouvementiste (bouger sur une courte vue voire bouger pour bouger) - des "petits pas" ne s'inscrit pas nécessairement (souvent mais pas toujours) dans la "fin de l'histoire" de Fukuyama ou dans le "no alternativ" de Mme Margaret Thatcher. C'est bien pourquoi le sectarisme n'est pas de mise.

    - ...avec l'altermondialisme de rupture pour "autre monde"

    Cette stratégie d'ouverture est nécessaire au "mouvement des mouvements" mais elle ne saurait suffire ou prétendre constituer à elle seule l'armature stratégique du mouvement. En effet, tout un courant, lui-même très composite, porte une dynamique non pas d'altermondialisation mais d'altermondialisme conséquent. Autrement dit, ce militantisme agit pour un but précis, une perspective d'alternative globale au capitalime. Ses partisans agissent pour un "autre monde" radicalement différent de celui-ci et non pour celui-ci légèrement amélioré ici ou là. Certains veulent un postcapitalisme non productiviste décroissant, d'autres un écosocialisme, d'autres encore militent pour le sociétalisme dans sa version non capitaliste.

    <o:p> </o:p>

    Ce qui change des configurations militantes antérieures c'est l'effort réel accompli pour militer ensemble. Car changer le monde ne saurait se payer de mots. Il faut agir ensemble mais sans se cacher les désaccords. Sans opportunisme ni sectarisme mais pour être efficace, le mouvement doit avancer dans l'action et le débat sur des contenus.

    <o:p> </o:p>

    Christian DELARUE

    <o:p> </o:p>

    1) François Houtart

    http://www.monde-diplomatique.fr/2003/11/HOUTART/10661


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  • FSM 2008 : ALTERMONDIALISTES, PARLONS CLAIREMENT POUR RESISTER, POUR ALLER VERS UN AUTRE MONDE !

    Le texte ici rapporté a été écrit sous un autre titre dans un autre contexte par Stephen Bouquin (*), mais il est adapté (sauf les passages de la fin sur parti/mouvement) comme une des expression de l'altermondialisme.


    http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article59393

    On ne pourra résister à l'offensive du MEDEF, de Sarkozy, qu'en parlant clairement. Pour maintenir ce système, il applique les mêmes recettes : diviser pour régner ; la carotte et le bâton.

    J'étais il y a quelques mois en Amérique Latine et ce qui m'a frappé là-bas, c'est la clarté du langage politique. A gauche, on n'a pas peur d'employer certains mots. Ici, on parle de transformation sociale, là-bas, de révolution. Ce n'est pas du grand soir que l'on parle mais d'un processus, qui implique néanmoins une rupture. Un saut qualitatif si on veut. D'où les constituantes en Bolivie, en Equateur et il y a une dizaine d'années, au Venezuela. Ici, on parle de nantis, d'élites, là-bas on nomme l'adversaire avec clarté ; c'est l'oligarchie, la bourgeoisie.

    - A FORCE DE NUANCER ON DEVIENT INAUDIBLE

    Ici un tel langage sera rapidement qualifié de « langue de bois ». Pourquoi ? Parce que ce langage est faux ? Non, parce qu'il a perdu sa crédibilité lorsque les actes posés contredisaient les mots. Bref, quand la gauche n'a pas tenu ses engagements, au pouvoir mais aussi dans les luttes. La « langue de bois », c'est aussi manquer de nuances, certes, mais à force de nuancer, on devient inaudible. Sur la défensive, la gauche a tenté de changer de vocabulaire, de renommer les choses autrement afin de contourner la disqualification dont elle est l'objet. Même dans la gauche radicale, ce phénomène s'est développé. On ne parle plus de nationalisations mais d'appropriation sociale. On parle de souffrance au travail et non d'aliénation, d'exploitation. Je ne vais pas en faire l'inventaire ici ce serait trop long. Mais je pense que notre langage a été saturé par des euphémismes, ce qui tend à le rendre incompréhensible. Or, en face, avec ou sans Sarkozy, on avance masqué, on ment, on trompe, on détourne l'attention. Et si on veut démasquer les mensonges de la droite, il faut parler clairement, il ne faut pas avoir peur d'être caricatural. D'autant que les actes sont là : oui il y a bien une lutte des classes et elle se mène de deux côtés.

    C'est mon premier point : on ne pourra résister à l'offensive du MEDEF, de Sarkozy, qu'en parlant clairement.

    - PAUPERISER, MARCHANDISER, DESOLIDARISER

    Le capitalisme ne surmonte ses crises périodiques que par une fuite en avant, l'accumulation du capital a besoin de paupériser les classes laborieuses ; le capitalisme a besoin de nouvelles marchandises et va donc marchandiser la terre, l'eau, l'oxygène que l'on respire (je pense aux droits de pollution qui s'achètent et se vendent) ; le corps, le cerveau, c'était déjà le cas sous la forme de la force de travail. Maintenant, cela va plus loin.

    Pour maintenir ce système, il applique les mêmes recettes : diviser pour régner ; la carotte et le bâton. La « carotte », pour moi, c'est la féerie marchande (Marx parlait du fétichisme de la marchandise) qui répond à l'aspiration de bien vivre par une consommation aliénante. La jeunesse, le monde ouvrier aussi, sont soumis à cette offensive culturelle où les objets de consommation de luxe sont les uniques marqueurs de l'existence sociale. Et puis il y a le bâton, pas seulement les CRS mais aussi la sanction sociale, la stigmatisation des faibles, des pauvres, comme parasites, les loosers, les handicapés sociaux. L'incantation de la valeur travail sert a nous désolidariser les uns des autres. Avec la valeur travail façon Sarkozy, on occupe la position sur l'échelle sociale que l'on mérite... Bref, l'hiérarchisation sociale est une donnée naturelle et la compétition un facteur de dynamisme, de sélection. En haut les forts, en bas, les faibles...

    - PRENDRE SOIN DE...

    Pour résister à cette offensive culturelle, il faut défendre d'autres valeurs, une culture du vivre ensemble où chacun prend soin de soi et des autres ; la solidarité, la fraternité, la sororité ; dans le présent comme dans le présent à venir. Dans la vie quotidienne comme au niveau d'un projet politique. Le communisme (ou le socialisme) prend ici tout son sens. Il est d'une actualité absolue. C'est mon second point.

    Au 19ème siècle, la solidarité était une nécessité. Solidarité de classe, solidarité entre opprimés et exploités. Aujourd'hui, la solidarité redevient indispensable et petit à petit la conscience que l'on ne peut pas s'en sortir tout seul gagne du terrain. C'est pourquoi en face, on cherche tellement à diviser pour régner. Car il faut désunir le monde de celles et ceux qui pourraient se révolter, et qui inéluctablement se révolteront. Diviser pour régner, c'est opposer français aux résidents étrangers, travailleurs avec et sans papiers, actifs et chômeurs, jeunes et personnes âgés ; c'est agiter l'épouvantail des classes dangereuses, aujourd'hui ce sont les habitants des cités.

    - NOUS SOMMES DES SEMBLABLES DIFFERENTS

    La volonté de diviser pour régner est masquée par une idéologie, le libéralisme autoritaire. Or, l'idéologie dominante colonise peut-être les esprits, mais elle ne change pas la réalité. Gramsci, que Sarkozy aime citer pour dire que les batailles se gagnent d'abord par la lutte des idées ; et bien, Gramsci disait aussi que l'hégémonie idéologique du capitalisme se fissure à partir de l'expérience concrète, le vécu quotidien. Et le vécu d'un très grand nombre – en fait, le vécu de la majorité de la population — est un vécu où l'on perd sa vie à la gagner, où les conditions d'existence se durcissent et se dégradent, mêmes pour les bacs +5, pour les techniciens, les cadres. Une condition sociale où les choix se réduisent ou requièrent des sacrifices. Les économistes disent que l'ascenseur social est en panne, les jeunes des cités disent « on est dans la nasse ». Il existe donc une communauté d'intérêts entre ce gens-là ; ils appartiennent à une même classe, la classe « en soi ». Ce sont, nous sommes, des semblables différents. Objectivement, nous sommes unis par le sort que le système nous impose.

    Vous, ici rassemblés, savons pourquoi il en est ainsi ; pourquoi les conditions de vie se dégradent. Mais celles et ceux qui ne savent pas, qui pensent peut-être que les inégalités et les injustices ont toujours existé, et bien ces mêmes personnes n'accepteront pas éternellement les injustices qui leur sont imposées. C'est pourquoi on a connu et on connaîtra des révoltes, surtout en France où c'est une tradition.

    - ALLER PLUS LOIN : METTRE EN CAUSE LE SYSTEME !

    Mais pour aller plus loin que la révolte, que l'indignation, il faut aussi lui donner un sens, politique bien sûr. C'est dire contre quoi l'on se révolte, dire ce que l'on combat. Certains seront tentés de prendre le néo-libéralisme pour cible. OK, mais on sait aussi que le « néo-libéralisme » est un programme de combat dont la finalité est de pérenniser un système inhumain qui menace désormais la survie même de notre écosystème qu'est la terre. En parlant de néo-libéralisme, on a mis en évidence la cohérence d'une période de contre-réformes visant à démanteler les conquêtes sociales. Mais, en ne parlant qu'en ces termes de libéralisme et d'anti-libéralisme, on s'interdit de porter la critique plus loin, de remettre en cause le système et on s'interdit donc de proposer une vraie perspective révolutionnaire qui propose une alternative, un autre horizon, le socialisme.

    Et sans la perspective d'un autre système social, économique, politique, on ne peut faire que trois choses : 1). courber l'échine et se résigner ; 2). passer dans le camp adverse et défendre le système 3). le corriger, l'amender, bref jouer à l'ambulance sociale.

    Mais cette troisième option, celle du réformisme, ne fonctionne plus. Pourquoi ? Deux raisons l'expliquent. Primo, historiquement, les réformes ont été concédées ou arrachées, sous le rapport de force ou lorsqu'il fallait faire des concessions. L'Etat-providence, la sécurité sociale, l'échelle mobile des salaires, les services publics ont été crées peu après la seconde guerre mondiale. Il fallait éviter que le communisme gagne les masses et accède au pouvoir en Europe de l'Ouest. Il a donc fallu faire des concessions de type structurelles. Aujourd'hui, bon nombre de ces concessions sont dysfonctionnelles par rapport à la guerre de concurrence économique mondialisée.

    Le réformisme de la social-démocratie, c'est se limiter aux réformes que le capital veut bien concéder et c'est refuser d'aller plus loin. Aujourd'hui, le capital ne peut et ne doit plus rien lâcher. La social-démocratie n'est donc plus réformiste. Pour l'être, il faut oser penser une alternative à ce système et il faut donc être révolutionnaire. Ceci est surtout vrai pour les organisations politiques, pour les salariés, changer leur conditions de vie est une nécessité, même et surtout pas de réformes immédiates.

    Dire les choses telles qu'elles sont, offrir une vision de société, n'est pas qu'une question sémantique, c'est une question de positionnement. Être en opposition à ce qui fait système, c'est devenir audible, visible et donc potentiellement écouté.

    - NECESSITE DE COLLECTIFS MILITANTS INSCRITS DANS LA DUREE

    Faut-il un parti pour faire cela ? A cette question, je répondrai de manière positive. Roberto Michels a montré que la forme-parti est née avec le mouvement ouvrier. Le syndicalisme ne suffisait pas, même révolutionnaire. La démocratie délibérative est un élément de régulation du système mais aussi un champ de bataille. Les institutions le sont également. La forme-parti n'est pas nécessairement verticale, ni hégémonisante à l'égard des mouvements sociaux. L'expérience montre que, par-delà les fluctuations des luttes sociales ou des échéances électorales, un collectif militant doit perdurer. Faire des bilans et proposer des perspectives, programmatiques, revendicatives. Conserver et engranger des forces pour la bataille suivante. Certes, tout cela est un peu militaire. L'alternative est de recommencer à zéro à chaque fois et surtout répéter les mêmes erreurs.

    Refuser la forme parti et lui préférer la forme mouvement, c'est un peu comme vouloir changer la société sans prendre le pouvoir. C'est une option mais elle relève d'abord d'une sorte de syndicalisme sociétal. Le syndicalisme est un contre-pouvoir, dans les entreprises ou sur le plan interprofessionnel. Dès lors que le syndicalisme cogère, il se dénature. Sur le plan politique, la question me semble différente même si on sait d'expérience qu'il ne suffit pas d'occuper un ministère ou deux pour changer la donne. Mener une lutte politique jusque y compris dans les institutions du système que l'on combat est un risque. Mais ne pas prendre ce risque, c'est aussi laisser d'autres remplir le vide. On ne peut le faire qu'en développant en parallèle d'autres institutions, nées de la mobilisation et qui démocratisent donc le pouvoir là où il est aujourd'hui monopolisé par une minorité. Dire cela, c'est dire également qu'un parti des communistes ne peut pas être un parti comme les autres. Qu'il est essentiel qu'il soit de toutes les luttes démocratiques et sociales, qu'il entretienne avec les mouvements sociaux un rapport dialectique, sans se diluer en leur sein ni masquer ce qui est sa spécificité, sa raison d'être, à savoir, agir pour un société libérée de la logique de profit, une société avec autant de libertés que d'égalité, une société socialiste, ici et ailleurs dans le monde.

    (*) Discours de notre camarade Stephen Bouquin à l'Assemblée du PCF
    http://www.unitesocialiste.be/content/view/94/1/


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