• 9 mai 1991, il n'y a pas juridiquement de "peuple corse" en France.

    Il n'y a pas de "peuple corse" en France, du moins avec des effets juridiques. Le peuple corse peut exister dans le réel, donc dans le vécu de ce territoire. Il suffit d'aller en Corse, au centre plus que sur le bord de mer pour s'en rendre compte. Mais juridiquement et constitutionnellement la France ne reconnait pas "les sections de peuple". Pas de communautarisme, ni de multiculturalisme. Plus fondamentalement, "La République est une et indivisible" et c'est cela qui interdit le multiculturalisme et donc la reconnaissance de plusieurs peuples ethnos.

    Mais, dans le réel, ces peuples différents peuvent exister, et donc avoir une culture et une langue. Cela n'est pas interdit. Cette interdiction a pu exister : on a réprimer les langues régionales jadis mais ce n'est plus le cas. On refuse désormais un monoculturalisme excessif sans pour autant adopter le multiculturalisme anglo-saxon. Cette réalité de la différence culturelle peut donc aujourd'hui être entretenue par des institutions particulières,  jusqu'à un certain point évidemment. Autrement dit la France n'est plus monoculturelle. Elle ne défend pas un modèle gaullois ou catho-laique. Elle ne théorise pas juridiquement le multiculturalisme car elle est interculturelle. Et c'est la citoyenneté qui assure l'interculturel, car l'interculturel est fondamentalement politique.

    Christian DELARUE


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  • Au Havre le 21 mai : Manifestation internationale contre le G8 de Deauville .

    ATTAC Le Havre


    Vous ne supportez plus la société que nous imposent les financiers internationaux ?

    Leur avidité à toujours plus accumuler, au mépris des conséquences désastreuses pour les populations de la planète, vous scandalise ?

    Le soutien ou pour le moins la passivité de la classe politique occidentale à leurs malversations vous révolte ?

    Le soutien ou pour le moins la complaisance des médias à leur égard vous indigne ?

    NOUS AUSSI !

    http://local.attac.org/lehavre/


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  • De Guillebaud et Chouraqui à Morin et Bihr.



    "Il est vulgaire de claironner des dogmes au milieu des âges des exténués" Cioran, Précis de décomposition, Gallimard, 1949. Pour autant, on ne saurait abonder dans la "montée de l'insignifiance" (Cornélius Castoriadis.  Seuil 1996) c'est pourquoi il y a lieu de remercier et admirer le travail de perspective civilisationnelle offert, par exemple,  par Edgar Morin (1) ou Alain Bhir (2) qui lui s'est interrogé sur la crise du sens en s'appuyant sur Marx. L'appel à l'indignation de Stéphane Hessel se limite à la nécessaire résistance plus en prise avec la situation actuelle mais qui, au dire même de l'auteur, n'avait pas l'ambition d'aller au-delà comme dans l'ouvrage d' Edgar Morin.

    On voudrait nous remettre le "ciel" des religions unifiées comme perspective alternative au culte du marché - rien moins - mais les religions monothéistes n'ont jamais su s'unir mais de plus elles se sont toujours bien accomodées du marché et du capitalisme, le protestantisme a même été théorisé comme matrice du capitalisme (Weber). La pensée athée n'est pas constemment en prise avec le marché et aux désirs qu'il réactive constamment, il est aussi porteur d'alternative, de transcendance du social. C'est ce que ce bref comparatif tend à soutenir.


    1) Jean-C
    laude Guillebaud et André Chouraqui ou le discours qui nous parle du ciel monothéiste unifié.

    La perspective de civilisation est absente dans "La refondation du monde" de Jean-Claude Guillebaud (3) qui est susrtout une longue défense d'une réforme et reformulation du judéo-christianisme dans la perspective d'alliance avec l'islam. Le volume de 370 pages débouche sur une défense difficile d'un droit mondial assez flou et posé hors toute référence aux mouvements sociaux ou aux groupes politiques favorables à une nouvelle internationale. A l'évidence, aucun projet visant à combattre les dominations, aliénations et oppressions du système capitaliste dominant dès lors que ce dernier n'est pas étudié.

    On trouve l'alter-égo d'un Guillebaud venant du monde juif avec André Chouraki. Ce dernier s'est aussi employé à rapprocher les trois monothéismes. Il s'agit d'une entreprise difficile qui sollicite les compétence de toute une vie. L'ampleur de la tâche ne doit cacher ni l'échec de l'entreprise panreligieuse à ce jour, ni l'incapacité à formuler une perspective politique qui tienne compte des rapports sociaux, et des apirations sociales et démocratiques des peuples.



    2) Pour une politique de civilisation
    d'Edgar Morin (ed Arléa 2008)

    Il n'est qu'un chapitre d'un livre plus important écrit en 1997 avec Sami Naïr et intitulé Politique de civilisation.  Cette politique "permet de ressusciter une espérance concrète. Cette politique de résistance à la nouvelle barbarie porte en elle le principe d'une espérance. L'ingrédient vital dont nous avons besoin - et la politique aussi -, c'est l'espoir. La résurrection de l'espoir n'est pas ici la résurrection d'une Grande Promesse, c'est la résurrection d'une possibilité. Ni l'incertitude, ni l'angoisse ne sont supprimées, mais comme on ne peut supporter l'incertitude et l'angoisse que dans la participation, dans l'amour et dans la fraternité, dans l'action, la politique de civilisation porte en elle l'élan, la participation, l'espérance". Ainsi se termine l'ouvrage page 79.



    3) La triple aliénation
    au sein des sociétés capitalistes développées d’après Alain BIHR

    Les différents processus précédents se conjuguent donc pour plonger les sociétés capitalistes développées dans une crise chronique du sens : pour les priver d’un habitat imaginaire commun, d’un ensemble repérable, structuré et crédible de référentiels donnant sens à l’existence. On devine tout de suite qu’une pareille crise du sens ne va pas sans retentir profondément sur l’organisation psychique (affective et imaginaire autant qu’intellectuelle) des individus qui la vivent. Plus précisément, le défaut d’ordre symbolique collectif perturbe simultanément le rapport à soi, le rapport aux autres, enfin le rapport au monde. (suite  en note 2)


    Christian Delarue

    1) Edgar Morin : "La politique de civilisation ne doit pas être hypnotisée par la croissance"
    http://www.lemonde.fr/politique/chat/2008/01/02/edgar-morin-la-politique-de-civilisation-ne-doit-pas-etre-hypnotisee-par-la-croissance_995373_823448.html

    2) La triple aliénation d’ A BIHR
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article813

    3) Jean-Claude GUILLEBAUD, Darwin et le principe d’humanité. D Delarue
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1193

     

     

     


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  • Monde commun, écart de revenus , méritocratie, égalité des chances.


    Ou la cohésion sociale comme slogan creux !

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1007

    Les deux premiers rapports renvoient aux deux seconds : méritocratie et égalité des chances. Trop d’écart de revenus crée des mondes sociaux séparés. Deux France sont non seulement séparées mais opposées. Cinq ans après la révolte des banlieues délaissées de la République ces dernières demeurent éloignées de l’emploi et des richesses alors qu’ailleurs les riches sont encore plus riches, très riches, trop riches. Trop signifie que l’égalité des chances ne saurait légitimer une tellle situation.

    1) Monde commun et écart de revenus maxi : 1 à 5, 1 à 10, 1 à 40.

    Trois grandes propositions d’écart de revenu sont repérables. Proposer le 1 à 40 signifie ne pas vouloir aller vers un monde commun. Le 1 à 10 qui admet encore de fortes dominations de classe ne produit pas un tel "effet de monde différent".

    Ici la base est le SMIC revendiqué à 1500 euros perçus (net) ce qui modifie les calculs.

    Si le SMIC revendiqué est de 1500 euros (1)

    *l’écart souhaitable des revenus allant de 1 à 5 passe sur cette base à 7500 euros . Cette somme constitue la base de départ des revenus des 21 catégories de dirigeants. L’écart de 1 à 5 est clairement anticapitaliste.

    * L’écart de 1 à 40 ( 60 000 euros par mois !!!) évoqué il y a peu par Marianne ne touche que l’hyperclasse mondialisée et protège la bourgeoisie nationale tant sa composante rentière que capitaliste. Cette formule légitime ce qu’elle veut combattre. Vouloir un monde commun ne saurait s’accomoder d’un tel écart.

    * Un écart de 1 à 10 (1500 à 15 000 euros par mois) parfois proposé frappe l’hyper-classe et une partie de la bourgeoisie mais protège les "grands élus", les professions libérales et les capitalistes entre 7500 et 15000 euros. Il s’agit là d’une formule intermédiaire de type social-démocrate fondée sur une alliance de classe entre le gros du salariat (moins de 3000 euros) et les cadres supérieurs et une fraction de la bourgeoisie nationale. Elle est jugée " réalisable " car susceptible d’être soutenue démocratiquement au plan national.


    2) Méritocratie républicaine, néolibéralisme et égalité des chances.

    * La méritocratie comme son nom l’indique défend l’idée de placer sur les postes de la division hiérarchique du travail les individus compétents. Dans un régime républicain ces compétences sont d’une part validées au titre de la qualification (2) et d’autre part ne seront pas prétexte à sursalaire. Autrement dit la méritocratie républicaine attribue des fonctions et des postes dans la société mais pas une affectation aristocratique des revenus. S’ajoute un autre argument : le travail pénible pas nécessairement employeur de grandes compétences devrait lui être bien payé.

    * C’est le système capitaliste qui inverse l’ordre des choses, ce n’est ni la méritocratie, ni la logique républicaine. Le néolibéralisme a renforcé cette dynamique inégalitaire. Il a détruit ce que le régime républicain social avait pu construire contre le capital dans une période favorable. Cela ne signifie pas que la république sociale d’alors avait radicalement circonscrit et encore moins éliminé le capitalisme.

    * L’égalité des chances, discours apparu avec le néolibéralisme, vient casser l’ascenseur social et légitimer la prédation des riches. Les néolibéraux ont cassé les normes juridiques protectrices sous le terme de libéralisation et privatisation. Tous est soumis à la logique marchande, ce qui intégré au marché comme ce qui ne l’est pas. Les grandes firmes profitent de cette marchandisation néolibérale. Dans cette anarchie de marché le thème de l’égalité des chances vient autoriser les forts à devenir prédateurs et cupides et les faibles à ne recevoir que la charité et la comùpassion.

    * Confrontation avec François Dubet. Cet universitaire sympathique et fort compétent sur ces questions (3), n’a pas le même point de vue. Il écrit : "L’égalité des chances et la méritocratie qui lui ressemble comme une sœur sont les seules figures de la justice acceptables dans une société où nous sommes égaux tout en occupant des positions sociales inégales". Sont-elles vraiment si ressemblantes ?

    Il ajoute : "L’ensemble des recherches sociologiques conduites en France et ailleurs montre que ni l’école ni le marché du travail ne parviennent à effacer les effets des inégalités sociales". Surtout pas le marché ! L’école républicaine s’y emploieen vain face au marché.

    "L’égalité des chances ne vise pas à produire une société égalitaire, mais une société dans laquelle chacun peut concourir à égalité dans la compétition visant à occuper des positions inégales". "Le principe de l’égalité des chances n’est acceptable que si l’on prend soin de le situer dans un espace des inégalités sociales elles-mêmes acceptables. Sans cela, l’égalité des chances peut n’être qu’une idéologie de vainqueurs justifiant leur succès au nom de leur mérite". Certes.

    * F Dubet semble ici placer le marché à la place de la logique méritocratique républicaine : Dans le monde du marché, la croyance est la même : la prise de risques, les responsabilités et le travail doivent être sanctionnés parce qu’ils mesurent le mérite de chacun. On croit d’autant plus à l’égalité des chances et au mérite que l’on pense souvent que cette forme de justice est efficace : les élites sont les meilleures possibles, chacun est à la place qui lui convient, chacun a intérêt à être efficace, ce qui contribue à l’efficience collective et à « la richesse des nations ».

    L’ambigüité tient au montant de la "sanction" : si très très élevée en terme de rémunération alors il s’agit du marché mais pas du mérite puisque la méritocratie ne pose que des affectations de postes mais pas des affectations financières. Certes il y a une hiérarchie des salaires et traitements mais cette dernière s’effectue de façon progressive sans grand saut qui soudainement place les "compétents" dans un autre monde, celui des grands possédants.

    Christian Delarue

    1) Des syndicats proposent 1600 euros mensuels pour le smic.

    On peut aussi plaider pour un revenu minimal de mi-carrière entre 40 et 45 ans autour de 2000 euros perçu. Une idée à creuser.

    2) Le fondement républicain de la qualification.

    3) Redoutable égalité des chances par François Dubet , Libération, 12 janvier 2006


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