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Par ockren le 13 Janvier 2008 à 16:47
"D'autres mondes sont possibles"... Sur les trois, un seul radicalement autre est nécessaire !
par Christian Delarue
Il arrive de voir la formule au pluriel . Ce qui étonne parfois . Comme si il n'y avait que le monde que nous voulons qui était possible !
1. - Le mouvement altermondialiste se prononce "pour un autre monde possible".
C'est là la fameuse formule de Porto Alègre.
On sait que ce mouvement est tout à la fois antimondialiste (résistances contre le néolibéralisme) et altermondialiste (vers "autre chose") . Les références à des textes divers ne manquent pas sur cette nécessaire résistance à l'ordre du monde et sur la dynamique qu'elle porte. Dans la lutte contre le capitalisme mondialisé c'est bien en creux la perspective d'un monde radicalement différent de celui-ci qui est ressenti comme non seulement désirable mais nécessaire.
S'organiser simplement "pour une économie plus équitable" ne suffit manifestement pas à définir le mouvement altermondialiste sauf à vouloir le maintenir intégré au capitalisme et à à faire de lui un mouvement bridé et limité à l'accompagnement social du libéralisme à l'instar de ce que veut la CFDT et la CES et certaines formations politiques s'inscrivant dans la "fin de l'histoire" (cf. Fukuyama) et le socialibéralisme.
Ainsi nous avons affirmer clairement ailleurs (site Bellaciao) d'une part que l'altermondialisme n'était pas soluble dans le néosolidarisme et d'autre part qu'une critique amicale et compréhensive de l'économie sociale et solidaire (ESS) était nécessaire pour poser la perspective d'une sortie du capitalisme. Le solidarisme du début du XX ème siècle fondé par Léon BOURGEOIS et Célestin BOUGLE voulait surtout s'opposer à la montée des idées socialistes et communistes. Le néosolidarisme contemporain qui appuit l'ESS en critiquant le socialisme stalinien ayant existé n'a lui aussi d'autre but que d'empêcher la prise de conscience d'un autre monde, écosocialiste.
Le capitalisme contemporain que nous nommons néolibéral fonctionne pour une très petite minorité de riches sur la planète, planète qu'il entreprend aussi de détruire. Il importe donc de le remettre en cause et toutes les contributions pour ce faire sont bienvenues . Il convient ensuite de proposer une stratégie de transformation sociale claire qui ne peut donc s'accomoder du quasi maintien de l'existant avec plus de service public et plus d' ESS.
Certes aujourd'hui il n'est pas simple de préciser ce que nous entendons par appropriation sociale mais quelques auteurs ont clarifié les questions et les perpectives (lire Yves SALESSE sur cette question). Sortir de la "fin de l'histoire" suppose le dépassement du socialibéralisme . La récente campagne pour le NON suivie du succès du 29 mai 2005 puis le combat mené contre le CPE début 2006 ont montré que les peuples n'étaient pas dupes, qu'ils ne voulaient plus des politiques libérales de droite ou de "gauche".
2. - Il arrive de lire que "'autres mondes sont possibles" Que penser de cette étonnante formule au pluriel ?
"D'autres mondes sont possibles" signifie que trois grands mondes semblent concevables :
a) celui-ci, le présent monde connu, celui qui asseoit la domination capitaliste et impérialiste sur la planète tant au Nord qu'au Sud mais préserve encore difficilement certains droits et libertés . Dans quelques endroits de la planète, au Nord essentiellement, l'Etat de droit conjugué vec Etat social a formé dans la conscience populaire une forme d'Etat et une régulation sociale ou les contradictions systèmiques étaient amorties . Nous vivons depuis plus de vingt ans la fin de cette pranthèse.
b) et d'autres (au pluriel) : deux autres. Ce pluriel signifie en effet que peut survenir le progrés social et environnemental mais aussi la régression, la peste brune :
* l'autre monde possible, souhaitable et même nécessaire :
Nous voulons un autre monde réellement solidaire et démocratique, autrement dit postcapitaliste, un monde qui nous sorte de la logique dominante du profit, de la financiarisation, de la marchandisation du monde et de son appropriation privèe ; celui d'un nouveau socialisme du XXI siècle égal et solidaire, approfondissant et généralisant la démocratie et l'appropriation publique et sociale .
Cet autre monde serait à dominante écosocialiste à la fois socialiste et respectueux de la nature. On mesure mal encore les effots à accomplir en ce domaine .Il va falloir décroitre dans certains domaines et accroitre la production dans d'autres, l'offre de services notamment. L'altercroissance et l'alterdéveloppement sont à l'ordre du jour.
Cet autre monde accepte bien évidemment la pluralité des cultures : il est composé de sous-mondes ou les différences se vivent dans la laïcité, la liberté et l'égalité.
* mais aussi un monde mortifère, un monde "de monstres", un monde pire encore que celui que nous connaissons actuellement . Oui c'est possible ! Un monde ressemblant à celui du fascisme, du nazisme, et des dictatures diverses militaires, religieuses, de notables à fondement ethnique ou bureaucratique. Le MRAP et d'autres associations militent pour empêcher le retour des monstres... Un monde fondé sur l'épuisement du supplément d'âme social du capitalisme dans certains pays conquis par le mouvement ouvrier à l'issue de la seconde guerre mondiale (cf Etat providence)
Christian DELARUE
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Par ockren le 13 Janvier 2008 à 14:06
ALTERMONDIALISATION et ALTERMONDIALISME.
ATTAC a étendu sa sphère d'intervention originaire mais n'embrasse pas pour autant l'ensemble des questions qui se pose au citoyen dans la société contemporaine. La tendance semble à discuter de tout sans tabou dans ATTAC, de tout sauf de l'action de tel ou tel parti politique, objet associatif oblige (1). En fait ATTAC comme mouvement d'éducation populaire tourné vers l'action se rattache à la lignée des mouvements d'émancipation mais sur des bases nouvelles exigées par la crise relative du mouvement ouvrier tant dans sa composante politique que dans sa composante syndicale.
I. - ATTAC une association de masse pour l'émancipation citoyenne
Attac "de masse" signifie simplement qu'elle est ouverte à tous ceux et toutes celles qui veulent combattre la "dictature des marchés financiers" (1) et non réservée à une élite spécialisée dans l'économie ou le droit international comme je l'ai déjà entendu. Elle est un outil et un lieu de débat pour se libérer des contraintes du néolibéralisme par "l'aide au citoyen" (cf sigle d' ATTAC). Mais si cette démarche d'émancipation citoyenne rattache l'association à une "culture de mouvement" il faut reconnaitre qu'une certaine "culture de gouvernement" n'y est pas absente, du moins s'agit-il alors plus d'une culture d'alternative que d'une culture d'alternance.
- ATTAC entre altermondialisation et altermondialisme.
L'altermondialisation fait référence au processus, à la construction du mouvement réel. L'altermondialisme fait plus référence au but au projet, à la perspective d'un autre monde.
L'altermondialisation concerne les pratiques sociales alors que l'altermondialisme porte sur les conceptions du monde , celles portée par le mouvement tant en contre qu' en pour.
L'altermondialisme, qui ne se nomme plus antimondialisme, a néanmoins maintenu sa nécessaire composante de résistance à la mondialisation marchande, financière et d'appropriation privée. Le mouvement s'est dans son évolution doté d'une perspective positive matérialisée par une série dee tryptiques : une autre France, une autre Europe, un autre monde.
On peut aussi dire un alterdéveloppement, une alterépublique, une alterdémocratie. On peut enfin y ajouter les luttes transversalles contre les dominations et oppressions sexistes, racistes et intégristes religieuses. L'exigence d'égalité serait alors fédératrice : Gus MASSIAH évoque souvent l'égalité d'accès aux droits essentiels comme alternative au néolibéralisme. L'égalité hommes/femmes est toujours d'actualité. Mouloud AOUNIT appelle avec d'autres de ses voeux la constitution d'un mouvement civique fondé sur "l'égalité d'abord" une égalité "une et indivisible", ce qui vient rattacher plus fortement l'exigence d'antiracisme nécessaire à un 'altermondialisme conséquent.
- Une aporie : ATTAC contre le "mouvementisme" sans être avant-gardiste
L'enjeu est bien que l'altermondialisation ne sombre pas dans le mouvementisme, c'est à dire dans un mouvement qui "bouge" en ayant oublié ses buts tant en résistance "anti" qu'en perspective "alter". Un tel mouvement s'inscrirait alors plus dans la perspective infra-altermondialiste de la "fin de l'histoire". Elle se contenterait alors d'accompagner la dynamique du capital par des mesures sociales et écologiques qui préserve ce dernier dans ce qui le constitue radicalement. Pour autant l'atermondialisme ne précise qu'assez peu son "autre monde", son après-capitalisme dominant pour certains, son après-développement pour d'autres. ATTAC ne découpe pas en son sein des tendances pour les marginaliser voire les exclure. La vérité de vient pas d'en-haut mais du débat interne, parfois dur, car l'avant-gardisme (2) ne fait pas parti de son corpus théorique et pratique.
II. - Radicalité et élargissement : reprendre la problématique.
- Radicalité et élargissement Le terme de radicalité prête parfois à confusion. Il s'agit de proposer au mouvement social revendicatif des mesures qui s'attaquent "à la racine des choses", des mesures d'alternative en rupture franche avec le néolibéralisme, des mesures à la hauteurs des attaques portées par les acteurs du capitalisme contemporain. C'est un des enjeux du Manifeste d' ATTAC qui contient plusieurs niveaux de mesures. Le débat doit se poursuivre sur ce plan . Mais l'existence d'un texte satisfaisant n'épuise pas le sujet . En effet ces mesures doivent être partagée et portée par une dynamique sociale . Une dynamique large . Cette radicalité ne doit pas faire obstacle à l'élargissement du mouvement. L'élargissement du mouvement est à la fois la condition de son succès mais aussi le risque du dévoiement de sa perspective d'un "autre monde". L'enjeu est de tenir les deux bouts entre radicalité et élargissement.
- Une question lancinante La question n'est pas nouvelle , elle avait déjà été posée dans l'ouvrage collectif "Où va le mouvement altermondialisation ?" écrit dans la foulée de la manifestation anti-guerre du 15 février 2003. La question ressemble assez à celle posée dans le mouvement syndicale entre revendication et unité ou revendications et rassemblement. Mais au sein du mouvement altermondialiste, il n'y a pas fondamentalement de classe de travailleurs à défendre et à unir sur des revendications. Les salariés ne sont qu'une composante, certes massive du mouvement. Et encore que dans la réalité de ce dernier toutes les couches du salariat ne sont pas présentes et actives . Outre les salariés le mouvement "alter" mobilise des travailleurs indépendants, des artisants et des paysans . La confédération paysanne participe de cette mobilisation avec les syndicats de salariés . En théorie, le mouvement altermondialiste notamment celui français s'appuit sur l'idée de citoyenneté des individus, une citoyenneté inscrite dans la nation (3) pour les uns et dans une dimension continentale (européenne) et même mondiale pour les autres. Dans d'autres pays il s'appuit plus sur le sentiment d'appartenance des citoyens au peuple, cette communauté plus large que le salariat qui s'oppose aux élites, aux gouvernements en place de droite ou de gauche, aux dirigeants privés (le MEDEF) ou public (la Haute Administration).
La réponse semble tenir dans le souci de diversité et pluralisme des adhérents des comités locaux ainsi que des thèmes abordés par eux. La nature d' ATTAC entre aussi en jeu, notamment sa gouvernance particulière qui fait cohabiter dans un ensemble sous tension un Conseil scientifique, un collège des "fondateurs" et un Conseil d' Administration qui est ouvert à la fois aux élus des adhérents "personne physique" et aux élus des adhérents "personne morale".
Christian DELARUE
Membre du CA d'ATTAC France
Secrétaire national du MRAP
- Notes :
1 Je me suis essayé à un exercice "limite" sous le titre "ATTAC et Unitaire 2007" publié sur krismondial.blogg et sur Bellaciao
2 A propos d'avant garde, j'ai publié sur Bellaciao un extrait d'Alain BHIR
3 avec une extension à la citoyenneté de résidence pour les ressortissants extra-communautaires durablement installés en France 4 "Egalité d'abord" , l'appel a circulé sur les listes d' attac . Il est en cours de constitution
Mon propos est plus tranché dans : "L'altermondialisation n'est pas l'altermondialisme "
http://altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article1333
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Par ockren le 10 Janvier 2008 à 23:06
FSM 2008 : DE TOUT SANS TABOU
PARLER AUSSI D'UN NOUVEAU SOCIALISME
Tribune libre;
*ACCROCHE* : « FSM 2008 : Altermondialisme : de la résistance au socialisme ! »
http://www.france.attac.org/spip.php?article8036Ce texte reprends pour une part certaines remarques écrites pour défendre les collectifs mixtes individus / organisations (à propos du combat contre le traité simplifié) :
L'ALTERMONDIALISME ET LES INTERNATIONALES COMMUNISTES ENSEMBLE
Bellaciao : mardi 8 janvier 2008 (03h15) : *
http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=58960
PLUSIEURS DEFIS: D'abord évoquer un autre monde quand nous subissons jour après jour la politique néolibérale de Sarkozy c'est vouloir décoller fortement des questions du présent. Mais les forum peuvent laisser place à divers débats. Ensuite et surtout, il n'est pas évident ni facile d'avancer sur ce nouveau monde que l'on pense à partir des expériences de luttes des socialistes critiques du monde présent et ancien. D'une part, il n'y a pas nécessairement dans les FSM décentralisés des personnes ressources qualifiées pour baliser le terrain . D'autre part le mot même de « socialisme » peut apparaître provocateur, voire repoussant. Il constitue donc un obstacle épistémologique à la pensée critique et dialectique.
DEBATTRE : Mon propos n'est pas ici « scientifique » mais citoyen, citoyen altermondialiste car toute pratique sociale nouvelle n'est pas en soi altermondialiste c'est à dire débouchant sur un autre monde et que donc il faut débattre de ce qui fait réellement « rupture franche » qui a évoquer une convergence de ruptures partielles. Personne n'a la vérité assurée. Pour autant il faut quand même avancer des hypothèses, des lignes d'orientation qui méritent approfondissements.
APRES <st1:PersonName w:st="on" productid="LA CRISE">LA CRISE</st1:PersonName> : Pour le dire d'emblée l'autre monde que nous voulons se veut nouveau. Des éléments de l'ancien subsisteront après la crise opérant le passage de l'ancien au nouveau. Nouveau car les rapports sociaux capital / travail, propriétaires/locataires, appareil d'Etat / citoyens devront être largement réduit et transformer de même que les rapports à la nature. Cela est d'une nécessité absolue pour éradiquer les dégâts sociaux et environnementaux. Ce monde nouveau n'est pas abouti, car nous avons ne pas savoir le penser intégralement : il n'est plus capitaliste dominant, il n'est pas socialiste hyper-productiviste mais éco-socialiste. Il construit un développement économe et harmonieux respectueux des humains et de la nature.
Pour certains altermondialistes, il ne faut pas nier l'existence de différences entre L'altermondialisme et les internationales communistes (<st1:PersonName w:st="on" productid="la III Internationale">la III Internationale</st1:PersonName> de Lénine et <st1:PersonName w:st="on" productid="la IV Internationale">la IV Internationale</st1:PersonName> de Trotski ) mais ils faut aussi mettre l'accent sur les points de convergence possibles, notemment sur l'autre monde nécessaire et possible.
I ADMETTRE LES DIFFERENCES ENTRE ALTERMONDIALISME ET INTERNATIONALES COMMUNISTES
Elles sont visibles au plan de l'organisation comme au plan des contenus.
A) DES MODELES ORGANISATIONNELS DIFFERENTS
Les Forum « alter » se veulent un espace horizontal ouvert aux personnes et organisations engagées dans des luttes pour « un autre monde ». Un Forum Social Mondial se veut sans construction pyramidale et même sans leader ce qui suppose une organisation démocratique, l'égalité des participants étant un construit et non un état naturel.
Reprenons alors la distinction de Raoul JENNAR (1) pour mieux saisir la différence.
« Par nature, l'altermondialisme est une forme nouvelle d'internationalisme dont la particularité par rapport aux quatre internationales qui l'ont précédé est de ne pas être soumis à un centre qui dicte la pensée et les actes. L'altermondialisme est en soi un rejet de la forme d'action proposée par le léninisme et pratiquée par les deux internationales qui s'en sont réclamés. Les altermondialistes récusent les organisations hiérarchiques pyramidales. Ils fonctionnent en réseaux.
L'altermondialisme est né d'une convergence : celle d'associations et d'ONG, issues de la société civile - au sens gramschien et non pas anglo-saxon de l'expression - chacune active dans un domaine bien précis (genre, enfance, droits humains, écologie, développement, actions humanitaires,...) et découvrant progressivement qu'elles se heurtent au même mal : la mondialisation, nom donné à la phase présente du développement du capitalisme caractérisée par une dérégulation et une financiarisation à l'échelle de la planète. »
B) DES NOTIONS FONDATRICES DIFFERENTES MAIS EN DEBAT
La différence de contenu programmatique saute au yeux d'emblée car la référence au communisme et même au socialisme est marginale. Le marxisme s'il n'est pas rejeté n'est pas la base de tout sur lequel on ajoute un arbre doctrinal qui porte le nom des grandes figures du mouvement ouvrier international : Lénine, Rosa Luxembourg, Gramsci, puis ici Staline, Trotski ou Mao ou autre chose. Dans l'altermondialisme Marx sera évoqué avec beaucoup d'autres penseurs contemporains ou anciens. Par exemple, la sociologie de la domination de Bourdieu y voisine avec la sociologie de la contradiction de Marx. Il en va de même en économie.
Elle ne s'arrête pas là : L'altermondialisme a pour figure centrale le citoyen qui veut faire valoir ses droits démocratiques et républicains dans le cadre national ou européen voire au plan mondial.
La classe ouvrière est effacée. Mais derrière l'abstraction des marchés ce que chacun repère ou imagine c'est une « bourgeoisie », une classe sociale dominante qui agit contre le reste de l'humanité (et de la nature). Ce reste de l'humanité pourrait se nommer « le peuple » comme je l'ai proposé après Patrick TORT (2) mais le dictionnaire Alter ignore le mot. On y évoque pas les masses mais seulement la nation. Et la nation est un objet conflictuel (3 ).
II ...MAIS NE PAS NIER LES POINTS COMMUNS ENTRE ALTERMONDIALISME ET INTERNATIONALES COMMUNISTES
Il importe d'abord de repérer l'altermondialisme de l'altermondialisation et des mouvements divers qui en sont éloignés plus ou moins. Etape nécessaire pour repérer des points communs entre altermondialisme et internationales communistes (III et IV).
A) PREALABLE : ALTERMONDIALISATION et ALTERMONDIALISME
Il faut distinguer les forums, les réseaux et ATTAC.
- Le risque du réseau et des forum : la pente de l'altermondialisation...
On pourrait penser que le risque de ce type d'organisation est l'altermondialisation, le mouvementisme sans but unique mais avec de multiples micro-projets voire parfois des pratiques purement individuelles sans actions collectives pour changer les structures. L'altermondialisation est donc le nom d'un processus multiforme de construction d'un monde qui n'est pas radicalement différent de celui-ci. On peut dire que l'altermondialisation veut aménager l'existant, le modifier plus ou moins mais pas en changer les base, notamment pour passer de la propriété privée des moyens de production et d'échange à l'appropriation publique (nationalisations) puis sociales. L'altermondialisation s'en prendra à certains effets du capitalisme sans vouloir remettre en cause la dynamique et les rapports sociaux qui en sont à la racine : la critique portera par exemple contre la concurrence, la « compétition » ou le « consumérisme » sans affronter le cœur de la logique capitaliste.
En fait, l'altermondialisation milite pour d'autres mondes aux marges du mode de production dominant régulé. Deux choses donc dans l'altermondialisation : d'une part une croyance qu'il est possible de réguler le capitalisme et d'autre part la volonté de construire des archipels de « mondes » plus ou moins dégagés des logiques marchande avec la promotion du seul néosolidarisme, du seul coopérativisme, de la seule économie sociale et solidaire (ESS).
- ATTAC résolument tourné vers l'altermondialisme
Mais ce qui s'est déployé dans ATTAC notamment depuis ce qui a été nommé en 2003 « la nouvelle dynamique » et réaffirmé plus encore par la suite avec le Manifeste altermondialiste c'est la volonté de dégager des « ruptures franches » avec le capitalisme dans sa phase actuelle dite néolibérale. « L'altermondialisme milite lui pour un autre monde car « il n'y a pas de fatalité, cette mondialisation n'est qu'un choix politique auquel on peut lui en opposer d'autres, qu'il y a des alternatives et qu'un autre monde est possible. » ainsi que le dit RMJ
Mon propos ne vise pas à délaisser les forums mais à y intervenir vigoureusement pour y donner un contenu autre que la vente du café équitable !
B) NOUVEAU MONDE : UNE NOUVELLE PEDAGOGIE DU SOCIALISME ECOLOGIQUE
1. DISTINGUER LES BUTS ET LES MOYENS*
Le projet socialiste vise la satisfaction des besoins ce qui diffère de ce qui se fait sous le capitalisme dominant à savoir répondre surtout et principalement à une demande solvable via le(s) marché(s) en vu d'un profit .Le capitalisme subordonne la production de valeurs d'usage à la valorisation marchande, à la réalisation d'une valeur d'échange. Le socialisme se dégage largement de cette subordination. Une "autre démocratie" fait partie des objectifs du projet socialiste.
Cet objectif du socialisme se réalise d'une part via une large et profonde démocratisation aboutissant à une "autre démocratie" et d'autre part au moyen d'un outil qui permet une distribution égale et rationnelle des biens et services, des accès aux droits sur tout le territoire. Cet outil qui n'est pas que bureaucratie rationnelle se nomme "Etat socialiste" puisque la démocratie économique est mise en place d'une façon impensable sous le capitalisme. Démocratisation et Etat socialiste redistributif sont des moyens important de réalisation des objectifs mais ce ne sont que des outils : Pas de fétichisme de l'Etat socialiste ! Il ne doit être désiré que pour la réalisation de l'alterdémocratie (4) qui est un but quasiment de même niveau que la satisfaction des besoins.
2. VAINCRE LES TROIS « BETES NOIRES » OBSTACLES A <st1:PersonName w:st="on" productid="LA PENSEE DU">LA PENSEE DU</st1:PersonName> SOCIALISME
Etat socialiste redistributif et égalitaire signifie-t-il totale planification ? totale nationalisation ? suppression total du marché ? Non. Soupir de soulagement pour celles et ceux pour qui ces termes signifient Léviathan totalitaire. Mais aussi tôt une question surgit : quel est alors cet Etat socialiste? Ne s'agit-t-il pas d'un Etat capitaliste démocratisé et fonctionnant au profit du peuple, du salariat? Non ! Un saut qualitatif très important est nécessaire pour accéder à la satisfaction des besoins et à l'alterdémocratie. De nombreuses ruptures franches avec effets cliquets sont nécessaires et in fine un basculement dans l'autre société avec notamment la planification, de nombreuses nationalisations, et une vaste démarchandisation notamment avec des services publics fonctionnant à partir de leur logique propre mais aussi démarchandisation de la force de travail.-
Pour conclure, débattons bien de tout y compris de ce qui est le moins évident, le plus discutable. Car la lutte sera dure avant comme après la crise. Car crise sociale et politique il y aura ! Parions pour un autre « Mai 68 » avec transcendance des luttes au-delà des frontières et autre débouché en terme de « nouvelle société ».
Christian DELARUEMembre du CA d'ATTAC France
1 Raoul JENNAR in « L'altermondialisme et les gauches »
http://wb.attac.be/L-altermondialisme-et-les-gauches.html
2 Patrick TORT in Le marxisme aujourd'hui
3 NationATTAC France n'a pas, je crois, mis à part un socle commun minimal, de positions bien développées sur la Nation. La Nation est le cadre reconnu - sous couvert de profonde démocratisation - pour un projet l'appropriation publique et de façon générale pour l'application des principes de service public partout sur le territoire. Les syndicats - comme l'UGFF CGT par exemple - y sont attachés comme cadre de mission. Mais il y débat par rapport à la citoyenneté des résidents d'origine extracommunautaires tout comme sur le rôle de la Nation comme obstacle à la mondialisation capitaliste. De même l'Etat ne fait pas l'objet d'une conception partagée : capitaliste pour les uns, contradictoire pour d'autres, républicain d'abord pour d'autres encore. Quand à la notion de peuple, plus concrète, plus en contestation des élites ou la classe dirigeante qui se cache derrière la Nation ne figure pas dans le dictionnaire Alter. C'est un manque pour avancer sue la démocratie populaire et économique que j'ai nommé alterdémocratie.
4 Alterdémocratie sur site ATTAC 35, Bellaciao, ce blog
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Par ockren le 2 Janvier 2008 à 22:22
article publié le 3/01/2008 sur ATTAC France
http://www.france.attac.org/spip.php?article8036
et Bellaciao
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=58704SZVF (FSM) 2008 : Altermondializmus : az ellenállástól a szocializmusig !
: http://www.gondolkodjunkegyutt.hu/spip.php?article350
Szombat 2008. január 5. , írta Christian Delarue
LÖWY számára az általa írt Az altermondialista mozgalom mint tagadás és utópia című esszéjében [1] a mozgalom három momentumban bontakozik ki: az első volt az ELUTASÍTÁS, de természetesen mint a létező dolgok állásával szembeni ellenállás parancsoló szükségesség.
SZVF (FSM) 2008 : Altermondializmus : az ellenállástól a szocializmusig !
2008. január 3.
Christian Delarue
Megjelenik-e a Szociális Világfórumon 2008-ban a Michael Löwy* által leírt három különböző és egymást kiegészítő momentum ?
Összefoglalás
* AZ ALTERMONDIALIZMUS HÁROM MOMENTUMA
* AZ UTÓPIA NEVE : SZOCIALIZMUS
* SZOCIALIZMUS VAGY KÁVÉHÁZI VITAFÓRUM
AZ ALTERMONDIALIZMUS HÁROM MOMENTUMA
LÖWY számára az általa írt Az altermondialista mozgalom mint tagadás és utópia című esszéjében [1] a mozgalom három momentumban bontakozik ki: az első volt az ELUTASÍTÁS, de természetesen mint a létező dolgok állásával szembeni ellenállás parancsoló szükségesség. Az első momentum nem tűnt el, miközben a mozgalom, egy második időszakban előállt a maga konkrét alternatív JAVASLATAIval, melyek nagyrésze egyszerűen elképzelhetetlen a neoliberális gondolkodás és elfogadhatatlan a tőke képviselői számára. Ehhez, mint harmadik momentum, jön hozzá az UTÓPIA.
AZ UTÓPIA NEVE : SZOCIALIZMUS
A fórum és a tüntetések résztvevői számára ennek az utópiának a neve szocializmus. Ez az a remény, amelyben bíznak a marxisták és liberter baloldaliak, baloldali keresztények és környezetvédők, akárcsak a munkás- paraszt- feminista vagy bennszülött mozgalmak jelentős számú aktivistája.
Egy szocialista demokrácia azt jelenti, hogy a társadalmi-gazdasági választásokat, a beruházások prioritásait, a termelés és elosztás alapvető orientációit maga a lakosság vitatja meg és dönti el demokratikus módon nem pedig egy maroknyi kizsákmányoló vagy úgynevezett < piaci törvények > (vagy egy már csődöt mondott változatában egy mindenható Politikai Bizottság).
SZOCIALIZMUS VAGY KÁVÉHÁZI VITAFÓRUM
Az egyszerű altermondializmus hívei [2] akik csak marginális változásokat akarnak a rendszerben anélkül, hogy azt magát megváltoztatnák megnyugodhatnak, mert nincs szó arról, hogy M. LOWY a szocializmust mozgalmi programmá akarná tenni; a szocializmusról folytatott vitáról [3] van szó, amely legitim alkotórésze az alternatív gondolatok ütköztetésének.
A vita néha természetesen létrejön, mert konkrét javaslatok és utópiák között mint részvételi demokrácia jelenik meg mint az állampolgári gyakorlat legmagasabb szintje, túl a hagyományos képviseleti demokrácia határain; ezt a magam részéről alterdemokráciának [4] nevezem, hogy ezzel világosan megmutassuk a különbséget a jelző nélküli demokráciától, valamint azért is, hogy ne keverjük össze azzal a részvételi demokráciával, amelyet a domináns képviseleti demokrácia egyszerű kiegészítőjének tartanak.
Christian DELARUE
altermondialista Az ATTAC France Adminisztratív
Tanácsának tagja A MARP (francia rasszizmus-ellenes szervezet) vezető aktivistája
Hivatkozások:
[1] « Négativité et utopie du mouvement altermondialiste » a Contretemps c. baloldali folyóiratban jelent meg (Radikális baloldaliként gondolkodni)
[2] Az altermondializálás bírálata :
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<v:shape id=_x0000_i1027 style="WIDTH: 6pt; HEIGHT: 8.25pt" alt="-" type="#_x0000_t75"></v:shape><!--[if !vml]--><!--[endif]--> Bíráljátok a szociális és szolidáris gazdaságot, de ne merjétek magatokat ökoszocialistának nevezni !
<v:shape id=_x0000_i1028 style="WIDTH: 6pt; HEIGHT: 8.25pt" alt="-" type="#_x0000_t75"></v:shape><!--[if !vml]--><!--[endif]--> Az altermondializmus nem oldódik fel a neoszolidaritásban[3] Az alterdemokrácia számára szükséges szocialista államról lásd: POUR UNE ALTERDEMOCRATIE , BESOIN D'UN ETAT ECO-SOCIALISTE ! (Az alterdemokrácia ökoszocialista államot igényel !) - chrismondial blogjában
[4] Az alterdemokráciáról. Bevezetés a Rennes-i nagy nyugati gyűlésen kiadott demokrácia-kiáltványhoz: lépjünk tovább egy másfajta, állampolgári és népi demokrácia felé (Rencontres du Grand Ouest) vagy « alterdemokrácia / másféle demokrácia : az úttól a célig » a Bellaciao-ban bellaciao
Az Attac kiáltványának szakítási intézkedései-hez képest a szuverenitás-megbizatási teória nem mutatja meg kielégítően, hogy milyen demokrácia szükséges egy olyan demokráciában, amely a gazdasági területeken és a vállalkozásokon kívül bontakozik ki (tervezet). Lásd: « La souveraineté-commission, une théorie transitoire vers l'alterdémocratie ? » lásd *Michael Löwy (1938- ) brazil születésű francia filozófus, szociológus, az Ökoszocialista Kiáltvány (2001) egyik szerzője, a trockista IV. Internacionálé tagja. Számos politikai és szellemtörténeti könyv szerzője. Az említett, 2004-ben megjelent írás hozzáférhető: Lowycikk
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Par ockren le 3 Mai 2007 à 19:17Du SOCIAL au POLICIER :
Textes sur les mutations au sein de l'Etat et de la société.
La remise en application de la loi du 3 avril 1955 sur l'Etat d'urgence est symptômatique d'une évolution et même d'une longue mutation concernant le rôle de l'Etat. Les réformes de l'Etat se succèdent pour tansformer les services publics, les Administrations et les fonctions publiques. Parallèlement à cette casse de l'Etat social s'instaure un Etat policier connu sous le d'Etat sécuritaire qui donne un rôle nouveau et accentué de la fonction pénale et policière.
Voici une première explication, non sur sur la crise de l'Etat Providence ou sur la fin de l'Etat social mais sur la différenciation théorique Etat / régime politique (I) . Pour cela je reproduis tel quel un passage d'un livre de Nicolas Bénies . Ensuite, pour entrer plus dans le sujet, c'est chez Alain Bertho que je vais puiser un historique de l'évolution vers un régime d'exception (II) . L'article complet est paru dans Variations printemps 2005 . Une troisième partie, personnelle, fera le lien avec l'international (III). Il complétera un de mes textes sur les "trois mondes" (site yonne.lautre) (IV) .
I - DIFFERENCIATION ETAT / REGIME POLITIQUE.
Nicolas BENIES in L' Après libéralisme (PEC La Brèche 1988 p 30 et 31)
Dans les faits la politique d'austérité est contradictoire avec la nécessité pour le régime politique d'apparaître légitime aux yeux de la grande masse des citoyens . Les nécessités de l'accumulation obligent l'Etat à remettre en cause les conquêtes de la classe ouvrière, et donc à ne plus apparaitre comme l'arbitre entre les classes . C'est pourtant l'intérêts des régimes politiques.
La différenciation Etat / régime politique est issue de l'analyse de Marx dans le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte qui montre que le régime politique incarnant l'Etat à un moment donné peut se constituer contre la bourgeoisie et s'appuyer sur la classe moyenne. C'est la quintessence de cet adage : "La bourgeoisie règne mais ne gouverne pas "(1), du moins le plus souvent. La bourgeoisie délègue ses pouvoirs politiques pour conserver l'essentiel : les rapports de production capitalistes. Ainsi, et Marx en fait une brillante démonstration le régime politique apparait au-dessus des classes alors que la nature de l'Etat reste capitaliste.
Cette analyse eminamment dialectique a été souvent mal perçue, beaucoup d'auteurs ont cru discerner deux définitions de l'Etat (2), alors que Marx part de la définition abstraite de l'Etat, "capitaliste collectif en idée", pour appréhender le régime politique qui représente la forme de l'existence de l'Etat. Il s'agit donc de deux niveaux d'abstraction différents, mais qui ne se conçoivent pas l'un sans l'autre.
Ce qui permet de comprendre que la politique étatique qui correspond aux nécessités de l'accumuation du capital, de sa valorisation, prime sur les nécessités de la légitimation. Car pour apparaître légitime, un gouvernement doit pouvoir satisfaire quelques revendications des travailleurs ("le grain à moudre" pour parler comme les dirigeants syndicaux réformistes) et, plus généralement, être perçu comme le garant des acquis, par l'intermédiaire de lois et donc du développement du droit, en particulier du droit du travail. Toutes choses qui expliquent l'abandon des politiques de relance keynésiennes, adéquates à la longue période decroissance mais qui ne répondent plus aux nécessités de l'accumulation en période de crise. Et aussi ce que les politologues appellent "l'usure des équipes au pouvoir", qui provient directementde la mise en oeuvre de la politique d'austérité, conduisant aux attaques répétées cotre le niveau de vie et les conditions de travail de la majorité de la population. Ce n'est que pendant la période dite de prospérité (les "Trente Glorieuses", qui n'ont pas duré trente ans et n'ont pas été glorieuses, sinon pour l'accumulation capitaliste) que les impératifs de l'ccumulation et de la légitimation ont pu coïncider.
II - LA BANLIEUE DANS LA GUERRE GLOBALE
d'Alain BERTHO in Barbaries, résurgences, résistances - Revue "Variations" printemps 2005 . Ici juste une trame incitant à lire le texte.
Voici longtemps que le processus qui conduit à faire du nom de "banlieue" le nom d'une vraie guerre sociale est engagé . Il y a bientôt vingt ans maintenant que la problématique du désordre a envahi l'espace du discours social . Alain Bertho en décrit les étapes :
1) De l'Etat social à l'Etat d'exception
La première étape est celle audébut des nnées quatre-vingt de la "découverte" que les tensions sociales contemporaines sont productrices de nouveaux désordres . (cf Minguettes 1981) . Des dispositifs expérimentaux, localisés et contractuels se mettent alors en place pour prendre le nom de "politique de la ville". Un social d'intervention et d'exception s'instlle sans ambition ni dispositif d'ensemble. Les exclus sortent du droit commun et entrent dans des dispositifs particuliers et conditionnels. Ces derniers sont vite rendus responsables de leur propre malheur et même rapidement soupçonnés d'être potentiellement coupables du malheur des autres. La différence et la disqualification sociale semblent considérées comme des maladies transmissibles. Le rejet se substitue à la solidarité. Après la stigmatisation vient la pénalisation.
2) De l'exception sociale à l'exception policière
Le tournant sécuritaire est franchi en 1997 avec une compréhension qui écarte l'explication sociologique des phénomènes au profit d'une analyse en terme de responsabilité donc de répression. La logique sécuritaire n'est pas "police partout" mais hiérarchisation des actions de cette police : la sécurité quotidienne avant toute chose, la vitre cassée avant la délinquance financière, l'ordre "en public" avant "l'ordre public".
La "nouvelle raison pénale" née à New York est celle de "la tolérance zéro". Et la question n'est pas la masse ou la gravité des délits mais le niveau de leur visibilité. Il s'agit moins de faire baisser la criminalité dans son ensemble que de faire baiss er le niveau d'inquiétude de "l'opinion". Les premiers visés sont les aliens, les étrangers et considérés comme tels. Sont concernés les sans papiers (qu'il ne s'agit pas "d'intégrer", ce discours n'est pas fait pour eux!)
3) Logiques de normalisation
De proche en proche c'est toute la vie sociale qui est concerné. L'ultime étape, celle d'aujourd'hui, est celle du traitement policier de la question sociale, de la criminalisation des comportements hors normes et des incivilités. C'est là que l'on passe de la problématique du désordre à l'anormalité . Le glissement de la notion de délinquance à celle d'incivilité est lourd : l'incivilité est une infraction à la norme pas à la loi et au délit. On va passer de la stigmatisation des actes à la stigmatisation des personnes. Ainsi, les "inemployables" relève non d'un stage qualifiant mais d'une mise aux normes du "savoir être" de l'entreprise.III - UNE SOCIETE DISCIPLINAIRE.Le tournant sécuritaire de la campagne de 2002 n'a pas trouvé une solution "de gauche" portant sur la sécurité de l'emploi et de meilleures conditions de travail pour tous et toutes . Bien au contraire le racisme, le mépris des RMIstes et des fainéants s'est développé dans certains milieux populaires, sous l'influence des discours de la droite . Aujourd'hui cela débouche sur une solution de type bonapartiste ou un démagogue prend appui sur une fraction du peuple pour satisfaire les intérêts des dominants (1) en soumettant le peuple et le salariat. N. SARKOZY va oeuvrer à former une société d'individus assujettis par le pouvoir politique comme par les dirigeants d'entreprise. Il s'agit de soumettre, de faire plier, de faire "courber l'échine", d'avoir des travailleurs dociles en entreprise et ayant "peur du gendarme" dans les quartiers. D'ou l'émergence des résistances, d'ou la nécessité d'aller au-delà sur un projet émancipateur et rassembleur .A - LA SOCIETE DISCIPLINAIRE "HORS TRAVAIL", DANS LES QUARTIERS.l'exemple du projet de loi "prévention de la délinquance"1 - Qu'est-ce qu'une société disciplinaire?Une société disciplinaire ce n'est pas le fascisme ni l'Etat policier même si l'on y tend. C'est une société qui pratique le contrôle social (1), donc une société qui restreint la liberté d'aller et de venir en accroissant le dispositif pénal et les pouvoirs de police. C'est une société qui pénalise les problèmes sociaux, qui pénalise aussi bien les pauvres que les immigrés. C'est une société qui ne sait plus distinguer la prévention de la répression.Elle se met en place avec l'aval des masses (2) obsédées par la peur de l'autre et sensible au discours sécuritaire des libéraux impuissants à répondre à l'insécurité économique crée par les licenciements. En effet, au lieu de chercher une réponse économique et sociale protectrice qui s'attaquent directement aux inégalités et au chômage les artisants de la société disciplinaire choisissent au contraire les solutions économiques et sociales néolibérales qui précisément accroissent le chômage et l'exclusion . Il ne reste alors que la répression, l'excusion et l'enfermement voire l'élimination : que la "racaille crève" ! Vive l'eugénisme!2 - Danger, le pire est qu'ils n'ont pas d'autres solutions: il n'y a que la fuite en avant!La société disciplinaire met la justice et les agents des services publics sous les ordres des maires et des préfets pour faciliter les opérations de police. Fondamentalement le coeur et la raison chavire car il "faut punir les individus et non pas rechercher les causes sociales ou psychologiques de leurs difficultés".C'est cette ignorance volontaire des causes sociales de la délinquance qui constitue une régression considérable . Nul ne pense qu'il faut abolir les prisons. C'est tout au autre chose que de penser que la prison est la solution ! La société disciplinaire est une société carcérale ou la police et la justice enferme aisément car la prévention n'existe plus comme remplacée par tout un discours sociobiologisant et fataliste sur la délinquance . Ici l'histoire n'indique-t-elle pas qu'elle peut mener au pire. D'autres peuvent ici prolonger mon propos.En attendant, contre la barbarie, il va falloir s'engager et voter contre Sarkopen. Puis montrer qu'une autre orientation est possible dans le discours mais aussi dans les actes.B - AU TRAVAIL : LA GENERALISATION DE LA VIEILLE "DISCIPLINE D'USINE"Extrait d'un texte de Philippe ZARIFFIAN (3):Ce qui frappe d'abord, dans toute une série d'emplois, c'est la perdurance de dispositifs disciplinaires de type taylorien, à savoir : disciplinarisation des opérations de travail, contrôle direct du temps, contrôle de la présence du salarié à son poste au sein du temps dit " effectif ", contrôle des mouvements du corps. Néanmoins, la technologie informatique apporte du nouveau, non sur la visée, mais sur les moyens, dans tous les emplois pour lesquels l'ordinateur devient un outil central de travail. Plusieurs points sont à noter à ce sujet :
- un affinement considérable du contrôle de chaque acte de travail et de sa durée, grâce à la précision des relevés d'informations, - le fait que c'est le salarié lui-même qui déclenche les informations de contrôle, tout simplement parce que l'ordinateur ou le terminal qu'il utilise est en même temps son moyen obligatoire de travail, structuré selon des procédures précises. Le salarié ne peut faire autrement que de déclencher ces opérations de contrôle (qu'il ne connaîtra pas nécessairement),
- cela engendre, pour la direction, une forte économie de personnel de contrôle, en particulier du côté de la hiérarchie directe, donc une économie en salaire et en facteurs de tension sociale, malgré, en contrepartie, un investissement dans le système d'information et son exploitation,
- enfin, et surtout, la technologie informatique utilisée offre une occasion, probablement sans équivalent historique, de développer un pouvoir disciplinaire qui porte à la fois sur chaque individu et sur des ensembles de population (ce que Foucault considérait comme impossible). Par exemple : l'occupation du temps de travail de chaque salarié peut être contrôlée, mais on peut aussi, à partir des mêmes données de base, établir des statistiques qui permettront, pour une population donnée (de guichetiers à La Poste par exemple) de réélaborer les normes standards de travail et de calculer les effectifs " nécessaires " (de chaque bureau de Poste) avec une extrême précision, à des fractions d'individus près. On assiste donc à un affinement considérable de la disciplinarisation, le " moule " étant défini et suivi avec une précision inédite.Christian Delarue1) L'unité dans la clartéFace à une droite dure construisons l'unité sur des exigences claires.Sur Bellaciao et Europe sans frontières2 ) Lire : Surveiller et Punir :
l'exemple du projet de loi "prévention de la délinquance"
Texte de l'intervention de Evelyne Sire-Marin,
magistrat, coprésidente de la fondation Copernic
et membre du Syndicat de la magistrature
au colloque du 17 juin 2006
"pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans"*.
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publié dans COPERNIC FLASH
le 13 Septembre 2006 (en version pdf)
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Fondation CopernicBP 3275921 Paris cedex 19
Tel : 06.75.25.77.76
Email : fondation.copernic@ras.eu.org
www.fondation-copernic.org3) "Masse" car toutes les classes et couches sociales peuvent connaitre ces craintes y compris les ouvriers et employés. Mais comme pour le racisme, ce sont les élites adeptes du néolibéralisme qui alimentent ces craintes.4) Des sociétés disciplinaires aux sociétés de contrôle Zarifianhttp://perso.orange.fr/philippe.zarifian/page111.htm
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