• Un nouveau "consensus altermondialiste" pour répondre à la crise du néolibéralisme pourrissant.

    Commentaire au texte de Bernard CASSEN et Christophe VENTURA

    Quel altermondialisme après la fin du néolibéralisme ? par Bernard CASSEN et Christophe VENTURA

    http://blogbernardgensane.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/10/04/quel-altermondialisme-apres-la-fin-du-neoliberalisme.html

    et sur Centre tricontinental CETRI

    http://www.cetri.be/spip.php ?article833

    *
    - Que conclure de la "fin du néolibéralisme" ?

    Bernard Cassen et Christophe Ventura appuient le propos sur "la fin du néolibéralisme" de l'économiste et Prix Nobel américain Joseph Stiglitz, (publié le 7 juillet 2008) en affirmant qu'il "faut effectivement constater que la crise actuelle du capitalisme, dans sa phase néolibérale, prend des allures systémiques en cumulant des dimensions financière, monétaire, alimentaire et énergétique". Ces liens entre les crises a été mis en valeur lors de l'université d'été d'ATTAC à Toulouse . Mais plus particulièrement, pour nos deux camarades "post alter", la crise globale du capitalisme se manifeste par l'effritement d'une cohérence propre au néolibéralisme : "Alors qu'il incarnait une symbiose entre une dimension politique (les gouvernements, les institutions multilatérales et les « élites »), économique (les acteurs des marchés et les institutions bancaires et financières) et idéologique (les médias) dans les années 1990, il pâtit désormais de l'effritement de la cohérence capitaliste". Il ne faut donc pas s'étonner des nouvelles contradictions qui surgissent "dans le système et chez ses « élites ». Ils pointent successivement :
     remise en cause de l'hégémonie des Etats-Unis et du « Consensus de Washington », notamment en Amérique latine où des gouvernements progressistes sont arrivés au pouvoir ;
     recours aux nationalisations d'établissements financiers par des gouvernements aussi « libéraux » que ceux de Londres et Washington ;
     dépérissement des institutions financières internationales ;
     émergence d'un nouveau rapport de forces mondial multipolaire avec le poids économique et géopolitique grandissant des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) ;
     montée en puissance des fonds souverains ;
     guerres du Caucase en partie liées aux ambitions énergétiques concurrentes et aux velléités d'expansion de l'Otan ;
     enlisement en Irak, en Afghanistan ;
     tensions autour de l'Iran ;
     évolution de régimes politiques nationaux vers des formes d'autoritarisme en Europe, etc.

    A-t-il existé un « consensus altermondialiste » suffisamment fort qui oblige à parler de post-altermondialisme ?

    Certes, "au cours de la décennie passée, un grand nombre de mobilisations massives du mouvement altermondialiste se sont formées contre ces institutions multilatérales" représentatives du néolibéralisme que sont la Banque mondiale, le FMI et l'OMC . Mais l'altermondialisme a toujours critiqué aussi le rôle prédateur des grandes firmes multinationales - FMN - contre le social, l'environnemental et la démocratie partout mais aussi et surtout contre les pays de la périphérie (le Sud). Ce point - contre les FMN - est dans la Charte de Porto Alègre. Et ce n'est pas rien ! Rappelons avec Eddy Fougier (1) que " le « consensus altermondialiste » se caractérisait principalement par un accord des altermondialistes sur le rôle central des forums sociaux, sur les principes contenus dans la Charte des principes du Forum social mondial, texte fondamental pour eux, adopté après le premier FSM en 2001, et sur ce qui a été appelé l'« esprit de Porto Alegre ».

    Certes cette critique a été menée sans analyse des classes sociales en conflit mais à partir de la nécessaire promotion du citoyen à tous les niveaux :entreprise, local, national, continental et mondial . Certes du fait de l'existence d'une « forêt de rationalités politiques » en son sein, l es critiques furent plus ou moins radicales . Notamment, le rôle destructeur des Etats qui reproduisaient ces politiques néolibérales n'a pas toujours été dénoncé avec force par toutes les composantes du mouvement tant au nord qu'au sud . Le mérite de Bernard Cassen et ses amis qui ont eu les yeux rivés sur l'Amérique latine a été de voir que des gouvernements et des partis politiques pouvaient recevoir l'appui de l'altermondialisme quand d'autres alters restaient fermement positionné sur l'indépendance du mouvement par rapport aux gouvernements et sur la stricte solidarité entre les pauples. Nous sommes nombreux à penser que ces appuis possibles ont eu pour effet de déplacer la ligne des solidarités par la formation d'un nouveau consensus altermondialiste . L'ampleur du déplacement fait débat.

    Le post-altermondialisme se focalise sur le poids des USA et la montée en force contrastée de la révolution en Amérique latine mais laisse dans l'ombre d'autres secteurs géopolitiques.

    Les amis de B CASSEN et C VENTURA - j'en connais - ont été moins prolixes sur les rapports de l'Europe à l'Afrique ou à l'ensemble du pourtour méditerranéen. On pourrait en dire de même à propos des enjeux touchant la zone Iran-Irak- Afghanistan . Dans de nombreux débats certains voyaient surtout la domination des USA, de son gouvernement, de ses firmes et de son armée partout sur l'ensemble du reste du monde et négligeaient le fait que l'Uinion européenne comme les Etats européens se comportent à l'identique des USA sur des bases capitalistes propres, hors tout impérialisme nord-américain. Une telle politique de "second couteau" a d'ailleurs débouché un atlantisme renforcé et un élargissement de l'OTAN avec le nouveau Président Sarkozy. Nous voilà dans un "bourbier à l'algérienne" en Afghanistan sans que nous ayons comme au printemps 2003 une grande manifestation pour exiger le retrait des troupes de ce pays ! D'autres, dont je suis, plaidait pour une solidarité stricte entre les peuples. Un appui d'un quelconque gouvernement, fut-il progressiste ne pouvait qu'être conjoncturel et toujours passible de critiques, des critiques faites pour renforcer le poids du peuple-classe et notamment en son sein de sa principale composante : le salariat. En fait chacun dans ce débat est allé trop loin : trop national pour les uns, pas assez pour les autres.

    Le nouveau consensus altermondialiste en formation.

    Ce qui surgit - la crise de la finance provocant une grise globale et sévère du capitalisme - pose la question des solutions à proposer. Puisque nous entrons dit Gus Massiah (2) "dans un nouveau cycle des Forums sociaux mondiaux liant leur utilité à l'indispensable débat sur les débouchés de la transformation sociale" un nouveau consensus peut se former. Au plan européen, l'accord peut se faire sur le rejet de l'atlantisme (3), sur le refus de l'OTAN . Mais par ailleurs, veux-t-on sortir de l'Europe (au sens de n'être plus soumis aux règles de l'Union européenne) ou exige-t-on une autre Europe ? Débat inévitable ! Vouloir une "autre Europe" donne incontestablement un axe stratégique fort d'altermondialisation du monde . E Balibar parle d'Europe altermondialisatrice . Une telle position ne signifie pas - en tout cas pas pour moi - ne pas vouloir l'appropriation publique dans chaque Etat notamment par des nationalisations et pour l'heure par l'expropriations des capitalistes et la nationalisation des banques. On peut discuter de la pertinence de cette solution et surtout des modalités de sa mise en oeuvre. On peut lui préférer un pôle financier public. Reste que la dimension nationale n'est pas omise. Ce qui compte aussi c'est la transcroissance des luttes au-delà des frontières car le néo-socialisme démocratique et écologique sera continental ou ne sera pas.

    Christian Delarue ATTAC

    1) Où en est le mouvement altermondialiste ? Réflexions sur l'essoufflement - Eddy Fougier [03-03-2008] La vie des idées

    http://www.laviedesidees.fr/Ou-en-est-le-mouvement.html

    2) Évolution globale et altermondialisme - Gustave Massiah publié sur ATTAC France le 12/11/2007 Il y a un an Gus Massiah déclinait les grandes lignes d'un triple crise à laquelle est confrontée le monde de ce 21e siècle : celle de l'hégémonie des États-Unis en même temps que celle du néolibéralisme parallèlement à la crise écologique que l'on sait.

    http://www.france.attac.org/spip.php ?article7726

    3) Contre l'atlantisme

    http://www.local.attac.org/35/Contre-l-atlantisme.html


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  • Une dizaine de textes sur la même thématique : du court, du long...

    Voile et situation de formation - la Halde et l'Anaem
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article427

    SOMMET DE L'EGALITE - NPNS
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article425

    L'affaire Sabeh Kadi, musulmane voilée, contre une auto-école des Pavillons-sous-Bois - Débats du MRAP
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article424

    Lieux de cultes pour tous et fin du grandiose pour tous - C Delarue
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article421


    Voile, kippa : le fétiche et la personne - C Delarue
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article419

    Pakistan : un crime d'horreur - A Sugier
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article416

    DISCRETION donc NEUTRALITE donc LAICITE - C Delarue
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article409

    Belgique : Signes religieux à l'école : le point sur la situation - N Geerts
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article361

    Cinq ans après, retour sur le rapport de 2003 de la CNCDH (Islam en France)
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article300

    L'islamisme contre les femmes partout dans le monde - M Hadjam
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article164


    UN SIMPLE FOULARD ? UN VULGAIRE FICHU ? ou AUTRE CHOSE...
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article65

    QUE PENSER, QUE PROPOSER SUITE AU VERDICT "JULIENRUPT" (VOILE VOSGIEN) ?
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article22

    *LE "VOILE VOSGIEN" : M AOUNIT – C DELARUE – G KERFORN et la Fédé 40 *
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=53393


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  • LIEUX DE CULTES POUR TOUS ET FIN DU GRANDIOSE POUR TOUS


    L'affaire du rassemblement (contrarié) anti-islamisation et anti-mosqués de Cologne le 20 septembre 2008 permet ou devrait permettre de mettre à jour une injustice. Il n'y a pas assez de lieux de prières en Europe pour les musulmans. Vouloir trouver une solution à une inégalité de situation par des facilitations politiques ce n'est pas faire du communautarisme. En tout cas pas plus que se taire sur la présence exhorbitante et massive des églises et cathédrales en Europe. Mais il est plus facile d'ignorer que nous vivons dans une Europe des cathédrales et supermarchés, y compris pour les athées, car cela constitue le paysage commun de nos vies.

    Que valent les arguments contre la construction de lieux de prière pour les musulmans.

    Je reprends ici certaines "perles" relevées par Marc Cohen (1) :

    1 - Admission de la prière mais sous réserve.

    - Il faudrait d'abord chercher la réciprocité (entre les continents et les civilisations). Ce à quoi on pourrais rétorquer qu'il faut bien qu'un religion montre l'exemple. Mais à vrai dire je me sens pas concerné par cet argument. Eglise ou mosquée, tout çà c'est du religieux ostentatoire ! Pas pour Mgr Mixa, l'évêque d'Augsbourg, qui s'est posé la question des édifices religieux en termes de réciprocité : “Dans les pays et cultures majoritairement musulmans, a-t-il rappelé, les chrétiens n'ont à ce jour quasiment pas le droit d'exister. En Allemagne, on serait en droit de dire aux musulmans, en toute amitié : il n'y a pas lieu d'avoir de grandes mosquées, d'aspect ostentatoire, avec de hauts minarets, car il devrait suffire pour les musulmans dans un pays de tradition et de culture chrétienne d'avoir des lieux de prière modestes.”

    - Il faudrait pour l'islam des lieux de prière modeste dans l'Europe chrétienne! Tel est la concession du prélat. En somme, il veut maintenir les camps, les zones d'influence historique acquise . Ne faut-il pas au contraire en finir avec ces présupposés . N'est-ce pas la "lutte des civilisations religieuses" qu'il faut remettre en place. Car les une ou les autres ne pensent qu'à accroitre leur emprise sur les territoires comme sur les conciences . Autant j'estime qu'il faut des lieux de prière pour tous, musulmans compris, autant je pense que le temps des grandes constructions ostentatoires à sonner pour toutes les religions. La pollution de l'espace public par l'ostentatoire religieux est le fait de toutes les religions. C'est toutes les religions qui doivent envisager la modestie urbaine, ce qui, au passage, devrait convenir à leurs préceptes. Je remercie le sieur Mixa de permettre enfin cette clarification : çà suffit le grandiose et l'impérialisme urbain religieux ; modestie dans toutes les constructions religieuses.

    2 - Réserve par dénonciation de la nature de la prière islamique et de la mosquée : il s'agit en fait d'un meeting politique!

    La sociologue allemande d'origine turque Necla Kelek qui, le 5 juin 2007, se montrait pour le moins réservée <HTTP: ARTICLE17600-Necla-Kelek-insiste-sur-la-fonction-politique-de-l-islam archiv_article results search fr www.eurotopics.net>sur le projet dans les colonnes de la /Frankfurter Allgemeine Zeitung/ : “Pour les musulmans, les mosquées ne sont pas des lieux sacrés comme les églises ou les synagogues, mais des “bâtiments multifonctions.” L'islam ne se perçoit pas seulement comme une vision spirituelle du monde. La vie quotidienne, la politique et la foi, sont perçues comme un tout indissociable. Ainsi, de nombreuses associations musulmanes en Allemagne jouent le rôle d'un parti religieux et représentent des intérêts politiques. C'est pourquoi la construction de la mosquée n'est pas une question de liberté de culte, mais une question politique.”

    L'argument est sans doute plus pertinent que le précédent. L'islamisme radicale trouve dans les mosquées le moyen de se développer. La sociologue citée le sait bien . Reste que combattre la racine de l'islamisme radical ne consiste pas à éradiquer les mosquées ; c'est même la meilleure façon de reproduire les ayatollahs ! En fait, il faudrait des recherches et analyses sérieuse sur le sujet ! A défaut, il convient de se garder de préjugés . Dès lors, à défaut de certitudes on ne peut qu'émettre des réserves mais pas des interdits. Contre l'islamisme radical il faut promouvoir une politique sociale anti-crise qui ne cède pas sur les droits des femmes et la laïcité. Sur l'aspect laïcité, se pose la question des fonds qui paient les lieux de prière. Les contribuables n'ont pas en principe à participer à ce genre de dépense, somputaires ou non. L'exception au principe serait l'invocation d'un intérêt général à le faire ; ce qui n'est pas évident;

    Christian Delarue


    1) Nous sommes tous des musulmans allemands Marc Cohen

    A Cologne comme ailleurs, faut-il avoir peur de l'islamophobie ?

    http://www.causeur.fr/nous-sommes-tous-des-musulmans-allemands,965



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  • Pour une approche du peuple-classe

    Brève trame pour approfondissement et débat.

    http://www.amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article408

    Contributions à envoyer à Christian DELARUE, membre du CA d'ATTAC et du MRAP, à l'adresse suivante : chrisdelarue-snmrap@wanadoo.fr Les contributions les plus pertinentes seront publiées sur amitie-entre-les-peuples.org

    *

    Le peuple ne figure pas dans le dictionnaire altermondialiste Le Petit Alter. La définition que l'on trouve dans les interventions - quand on en trouve - est variable. Celle des juristes de droit international ne correspond pas à toutes les situations ou le terme est employé. Bref il existe un manque aussi bien dans ATTAC qu'au MRAP (alors que le terme peuple figure dans son intitulé). Mais ce n'est pas la seule raison de ce lancement de réflexion sur ce thème. Il s'agit de tester et développer la pertinence d'une nouvelle définition, ou du moins pour être moins prétentieux, d'une nouvelle approche.

    Cette approche du peuple en tant que quasi classe sociale ou comme classe sociale plurielle me vient à la fois de réflexions militantes issues du MRAP et des lectures diverses, certaines remettant en cause la notion de classe sociale - Patrick TORT, Gérard DUMENIL - d'autres admettant un flou dans la délimitation des classes au profit de la lutte et du rapport de conflictualité. C'est là une lecture que j'ai fait du Marx intempestif de Daniel Bensaïd qui me parait pertinente, notamment pour saisir le rôle particulier des fonctionnaires, non seulement comme classe pour soi mais aussi, sans messianisme outrancier, comme classe en lutte globalement pour la défense d'une société politique d'intérêt général et de satisfaction des besoins sociaux non pervertis par la main invisible du marché, des marchés. on marchande.

    Pour cerner la notion de peuple classe sociale il faut d'abord porter une appréciation critique de la notion de citoyenneté qui fonctionne comme obstacle épistémologique à la notion de peuple-classe.

    I – DERRIERE L 'AMBIGUÏTE DE LA CITOYENNETE

    Pour comprendre la portée cachée du peuple classe il faut d'abord admettre l'ambigüité de la citoyenneté. La citoyenneté institue le lien juridique entre le peuple à la nation, entre le peuple et les élus. Ce pont masque aussi un fossé, une distance et même un rapport social conflictuel. La citoyenneté fait aussi écran à la séparation de la société civile et de l'Etat, du peuple et de l'Etat.

     La citoyenneté entre participation et dépossession

    Contre une vision unilatérale je pose la citoyenneté comme ayant deux faces comme janus . La face lumineuse est celle qui fait passer une communauté humaine au statut de peuple politique via le droit de vote. Ce faisant c'est l'égalité de chaque citoyen au travers de la règle un homme = une voix, une femme = une voix qui est promu . C'est là une conquête historique à ne pas sous-estimé . Pour autant il ne s'agit pas de la survaloriser, de la fétichiser.

    Ainsi les résidents extracommunautaires qui n'ont pas de droit de vote et de citoyenneté font bien parti du peuple alors que des dirigeants politiques ou de grandes firmes multinationales disposant de la citoyenneté n'appartiennent pas au peuple. C'est là une première approche du peuple-classe qui opère une distinction entre peuple et nation . Par ailleurs, dans la démocratie libérale, la citoyenneté n'est activée qu'un laps de temps, celui du vote et par extension le temps de la campagne électorale (du moins lorsque les dites campagnes mobilisent l'attention populaire !) Autant dire alors que la citoyenneté a aussi une face sombre, celle qui permet le passage ambigu du peuple concret à la nation abstraite, englobante et mystificatrice ; passage qui masque les conflits de classes sociales ; passage qui masque le rapport social entre les élus, les élites politiques qui représente le peuple devenu nation et qui par ce biais monopolise l'activité politique. En ce sens, la citoyenneté telle qu'elle est organisée par la démocratie libérale assure plus la dépossession du peuple et des citoyens que leur participation au destin commun. La face lumineuse est célébrée, la face sombre continue de faire l'objet de recherche critique et scientifique . En fait la citoyenneté dans ses modalités engage une conception de la démocratie.

     De la nécessité de rapporter la citoyenneté au type de démocratie réellement organisée

    Le terme démocratie est galvaudé, pétri d'idéologie ( ). Pour être bref, l'erreur la plus courante consiste à confondre le processus démocratique (la démocratisation d'une société et de ces institutions) et la configuration démocratique existante (démocratie libérale) ou revendiquée à gauche (démocratie socialiste, démocratie prolétarienne, alterdémocratie) ou à droite (post-démocratie, gouvernance) . Cela vise à masquer des différences radicales et donc des changements importants à enclencher pour changer de configuration démocratique. Car la démocratie libérale est fondamentalement d'essence très restreinte.

    La démocratie libérale s'accommode d'un usage restreint de l'activité citoyenne limité à la votation après s'être longtemps accommodé d'un vote masculin, d'un vote censitaire, d'un vote dess nationaux. Dans une version moins restreinte que l'on nomme démocratie participative conçue comme complémentaire à la démocratie représentative les citoyens sont autorisés à participer à des processus souvent très localisés (le quartier) de débats et de décisions. La démocratie libérale reconnaît les conflits de classe à sa manière en permettant la grève et les manifestation. Cet ensemble le plus avancé ne forme qu'une démocratie rabougrie eu égard au champ d'intervention comme au temps consacré. Rien à voir avec l'alterdémocratie ou l'autre démocratie ( ).

    II - LE PEUPLE-CLASSE ENTRE OBJET ET SUJET POLITIQUE

    Le peuple classe n'est plus ici envisagé comme objet des politiques diverses de la classe politiques mais comme sujet de son auto-émancipation politique et sociale car conçu comme inséré dans un rapport social de domination sous couvert de démocratie représentative.

     Le peuple classe entre notion très englobante et individualisation.

    Le peuple classe se distingue du peuple-nation des Etats nation. Dans certains Etats comme l'Espagne on considère qu'il y a plusieurs peuples . La notion de peuple recouvre alors une autre dimension qui ne fait pas l'objet de mon propos. Pour le dire sommairement on a des peuples-nations qui se heurte à la domination d'un Etat central . La dimension de classe disparaît ici relativement au profit de sa dynamique historico-culturelle.

    La sociologie contemporaine a poursuivie au plan de la théorie le travail de réhabilitation de l'individu. Même les courants marxistes ont abondé dans ce sens mais sans cependant faire l'apologie de l'individu isolé , en quelque sorte "hors sol", comme totalement dégagé des rapports sociaux qui structurent le temps et l'espace de la société civile. C'est heureux car dans le même mouvement la dictature de la finance a elle poursuivie son travail d'individualisation fragilisante face aux crises qu'elle suscite.

     Le peuple classe est tel car il subit et s'affronte à ...

    C'est par facilité de langage que l'on parle de dictature de la finance, car la formule omet de dire qu'une classe sociale est bien soudée pour la défense de ses privilèges. On parlera l'oligarchie financière ou de bourgeoisie selon le spectre plus ou moins large de cette classe sociale active en matière de développement des politiques néolibérales. On sait que ses membres agissent au sommet des grandes sociétés transnationales (STN) mais aussi dans les entreprises de moindres envergures néanmoins inscrites sur les marchés boursiers et des grandes institutions mondiales (OMC, FMI, BM) ou continentales (UE), dans les lobbies patronaux, de destruction des collectifs

    Christian Delarue

    "Les peuples se décomposent en meutes, les classes en masses." écrit Daniel Bensaïd dans Eloge de la politique profane

    L'idéologie démocratique Jean-Jacques LAKRIVAL

     http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php ?article114



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  • LE VOILE, LA KIPPA ; LE FETICHE ET LA PERSONNE : LA DOUBLE DISTINCTION
     

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article419

    VOILE, KIPPA ; LE FETICHE ET LA PERSONNE : LA DOUBLE DISTINCTION

     

    A peu de chose près, comme Ralph Giordano, je pourrais reprendre son propos : “Je ne veux pas voir des femmes portant la burqa dans la rue. Je me sens insulté quand je vois cela. Pas par les femmes elles-mêmes, mais par ceux qui les ont transformées en pingouins humains.” Pour ma part, ce serait plus en lieux de proximité obligé (travail) que cela deviendrait insupportable et moins dans la rue.

    http://www.causeur.fr/nous-sommes-tous-des-musulmans-allemands,965

    1 - La haine du fétiche et du voile islamique.

    Le voile islamique comme signe ostentatoire constitue une affiche publicitaire constante de l'islam que l'on devrait pouvoir fuir (et le phénomène est ici identique pour les "femmes-sandwicht" de l'islam ou pour la kippa des juifs). Le voile a une autre dimension qui porte sur les rapports hommes-femmes et femmes respectables (musulmanes voilées) - femmes non respectables (occidentales et occidentalisées). Les niqabs ou burquas transforment, encore plus que le voile islamique ordinaire, les femmes en objet sexuel honteux, ce qui est plus grave encore. Elles sont bâchées intégralement contre le regard masculin. Dans les pays de violence masculine forte le voile est devenu un moyen de protection contre l'absence généralisée et légitimée de maitrise des hommes à l'égard des femmes (1). Dans les pays occidentaux le port du voile opère un retour en arrière sur la conquête d'égalité vestimentaire entre hommes et femmes puisque les femmes ne sont pas massivement agressées dans la rue - y compris lorsqu'elles portent des jupes courtes - mais chez elles, là ou la légitimité tombe du fait de l'invisibilité . Se cacher des hommes là ou le machisme est relativement illégitime semble faire reculer l'ensemble des rapports hommes-femmes au lieu de l'améliorer.

    Les signes ostensibles ou ostentatoires des religions heurtent la mentalité laïque (2 ) qui plaide pour une affirmation discrète . Pour autant l'islam m'indiffère comme les autres religions et les musulmans n'ont pas moins de dignité que les chrétiens ou les athées. Bref je ne suis pas islamophobe global. Le schéma de la double distinction aide à circonscrire la critique et à se prémunir d'une accusation trop facile.

    2 - Respect des personnes et des croyances


    - la séparation verticale distingue les musulmanes voilées et non voilées.

    Il est bon de rappeler d'une part qu'il y a de nombreuses musulmanes de mentalité laïque et d'autre part que le voilage n'est pas une essence liée organiquement à l'islam. Autrement dit il s'enlève. Et il s'enlève sans perte de religion . Ce n'est pas moi qui interprète la religion mais c'est le réel de la distinction qui le pose. La preuve du pudding est qu'il se mange !


    - la séparation horizontale distingue le voile (en haut) de la personne humaine (en-dessous).

    La critique et le combat contre le haut - le voile - ne signifie pas mépris contre le bas, la personne en dessous. Si bien que je peux être solidaire d'une femme voilée contre une non voilé qui est pour l'atlantisme, le sécuritarisme. Si bien que je puis dire "je pisse sur tous les signes ostensibles" (car je n'ai aucun respect pour les fétiches, les objets à signification qui rabaisse l'humain face à un autre humain ou face à une puissance surnaturelle) mais cependant défendre les personnes qui les portent sur d'autres aspects et même d'ailleurs défendre les signes discrets de religion puisque je ne suis pas contre les religions mais contre leur emprise dans la société, leur impérialisme.

    - La tolérance abusive refusée au profit de la laicité pacifique et respectueuse des personnes.

    Vouloir l'exclusion du voile dans certains lieux, ce n'est pas vouloir l'exclusion de la personne qui la porte car elle peut entrer sans voile. Bienvenu Madame mais sans voile ! Il va falloir des lois pour protéger les lieux publics de l'envahissement du voile islamique. Car ce voile comme une kippa a une nature religieuse. Et comme ce signe est porté à hauteur de personne de façon continue, il est plus agressif qu'une croix sur un mur. Que la personne le veuille ou non elle vous pète sa religion en pleine figure. C'est ce que l'on appelle la signification objective. Ce n'est d'ailleurs pas la seule, je renvoie aux critiques féministes. Donc, nul n'est obligé de supporter ; mais en l'état de la législation : soit on fuit l'agression, soit l'autre se découvre !

    Christian Delarue MRAP

    1) Pakistan : un crime d'horreur - A Sugier

    Sur Riposte laîque ce point de vue de Bat Ye'Or qui sait de quoi elle parle quant à l'ampleur du phénomène hypersexiste même si le désaccord apparait sur l'explication et la portée : Le harcèlement existe aussi au nord et la nourriture ou le climat ne sont effectivement pas à la racine de cet hypersexisme. Religion et patriarcat font ici cause commune.

    Bat Ye'Or : en islam, il n'y a pas de distinction entre politique, loi civile et religion

    Que pensez-vous du foulard islamique, du voile des femmes ?

    BY : Moi, si j'étais une jeune fille et si je vivais dans un pays musulman, je me couvrirais du voile de la tête aux pieds ne serait-ce que pour me protéger de l'agression masculine. Parce que toute jeune fille, un peu jolie, un peu attirante, est soumise à un tel harcèlement sexuel à chaque moment de son existence dès qu'elle franchit le seuil de sa maison, qu'une vie normale est absolument impossible. On devient obsédé par le harcèlement sexuel que l'on supporte, par les attouchements continuels d'inconnus qui vous bousculent, qui vous touchent, dans les lieux publics, dans les cinémas, dans la rue, surtout dans les transports publics où les gens sont serrés comme des sardines en boite. Je me place sur le plan pratique de la femme qui veut se protéger de l'agression des mâles.

    RL : Quelles sont les raisons de ce harcèlement sexuel dans les pays arabo-musulmans ?

    BY : J'ignore pourquoi les hommes dans les pays musulmans sont aussi agressifs envers les femmes. Serait-ce le climat, serait-ce la nourriture ? Ce sont des comportements que l'on retrouve à divers degrés dans les pays du Sud. En Europe, le voile ne se justifie pas, sauf si l'on veut suivre absolument les préceptes de la Charia, car en Europe, ce harcèlement sexuel n'existe pas. Je trouve que le voile ne devrait pas être autorisé dans les lieux publics et surtout sur les pièces d'identité. On doit pouvoir montrer son visage, car on ne sait pas qui se cache derrière le voile, ce pourrait être un criminel ou un terroriste.

    http://www.ripostelaique.com/

    2) Essai sur la mentalité laïque

    DISCRETION donc NEUTRALITE donc LAICITE - C Delarue


     


     


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