• Archive textes sur Agoravox

     


    SOCIAL - DEMOCRATIE - EMANCIPATION

     

    L’économie, les économistes et la démocratie.

    http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/l-economie-les-economistes-et-la-62132


     17 octobre : Le second fossé de la misère et de la paupérisation partout.

    http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/17-octobre-le-second-fosse-de-la-63358


    Emancipation globale : Stratégie, alliances au sein du peuple-classe
        

    L’entrepreneur ou l’individu appelé à se concevoir comme une (...)
        

    Crise systémique : pour qu’une branche de l’altermondialisme (...)
        

    La compassion sociale conservatrice
        

    Racisme anti-fonctionnaire(s). Des privilégiés, des fainéants et des (...)
        
    En défense des 3000 euros par mois et moins !
        

    Césarisme, un populisme contre le peuple
        
    Sarkozysme : Déconstruire le césarisme démocratique
        

    Sobriété, d’abord la demander aux riches !
        

    La sécurité n’est pas le sécuritarisme    


    Orelsan : question d’expression, question de rupture
        

    Satisfaire la sexualité des handicapés ?

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/etre-inventif-mais-sans-61928



    RELIGIONS - LAICITE - DISCRIMINATIONS

     

    Clochers et minarets : Autorisation en équilibration contre emprise

    http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/clochers-et-minarets-autorisation-66176

     

    Le "carré républicain" : Liberté, Egalité, Adelphité, Laïcité *
    http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/le-carre-republicain-liberte-64065


    Contre l’islamophobie, pour la laïcité et le droit des femmes.

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/contre-l-islamophobie-pour-la-63774

    La peste intégriste contre les femmes

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-peste-integriste-contre-les-61826


    Diversité, laïcité, discrimination et fêtes religieuses
        

    Relativisme culturel : Voile religieux intégral et nudisme
        

    Emprise du religieux « par en-haut » et « par en-bas ». Quelle laïcité (...)
        

    Mécréant contre les fétiches : Qui sème le sacré récolte le (...)
        

     En défense de l’Islam d’émancipation !
        

    15 jui. 2009 |


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  • Promotion de deux alliances de couches sociales au sein du peuple-classe.  

    Le peuple-nation distingue la bourgeoisie nationale et internationale du peuple-classe qui lui en outre intègre les migrants (à l'exception des touristes). Toute pensée démocratique se doit aujourd'hui plus encore qu'au siècle passé d'intéger les résidents étrangers car les migrants sont devenus un phénomène mondial massif sans commune mesure avec le phénomène observé il y a 20 ans.

    La notion de peuple-classe pose un cadre d'alliance interne car il s'agit d'une proto-classe, d'une classe en puissance car hétérogène, très divisée. La bourgeoisie est très unie pas le peuple-classe. Penser la convergence des intérêts et l'unification sur un commun malgré les différences existantes procède donc d'une analyse et d'une stratégie.

    Quelles couches sociales? Quelles alliances? Comment ?


        I - Présentation d'une nouvelle vision stratificationniste de la société française.  

     

    Cette approche n'exclue pas une compréhension en terme de lutte de classe. Ces approches sont complémentaires.  

    A ) Quelques repères  

    D’après les chiffres donnés par le magazine L’expansion de sept 2009 « spécial cadre » on repère la grille des salaires de deux catégories distinctes celle des dirigeants et celle des cadres du secteur privé. Deux tranches de rémunération moyenne brute sont clairement perceptibles. On voit

    - toute la palette des directeurs (18 types recensés ) payés entre 85 000 euros et 150 000 euros par an .

    - les ingénieurs et cadres plus « modestement » payés entre 35 000 à 45 000 euros par an.


    B ) La hiérarchie sociale : par ordre décroissant nous trouvons 4 couches:  

    4 - LES NANTIS : Ils sont dans la zone entre peuple-classe et bourgeoisie ; ce sont les dirigeants de sociétés anonymes. Il gagnent de 8500 euros à des sommes exhorbitantes.  Ils sortent rapidement du peuple-classe pour passer dans la classe bourgeoise, celle la plus collectiviste qui est prêt à tout pour défendre ses intérêts, ses privilèges et ses pouvoirs.  

    3 - LES TRAVAILLEURS AISES : ils appartiennent au peuple-classe. Ce sont les cadres, les indépendants et le petit patronat. Ils gagnent entre 3200 et 5000 euros. Ils gagnent beaucoup moins que les riches, les nantis.

    2 - LES PROLETAIRES: Ils épuisent leur revenu mensuel en fin de mois ou pour les "plus aisés" arrive à épargner modestement. Ils gagnent tous moins de 3000 euros par mois. La zone frontière du prolétariat tourne entre 2800 et 3200 euros par mois selon les situations, les modes de vie et les lieux de vie.  

    1 - LE SOUS-PROLETARIAT: Ils gagnent moins que le smic.Ils peuvent travailler et être pauvre. C'est la honte des pays riches. Chaque matin en se levant il est bon d'y penser pour agir.


    II - Les deux alliances fondamentales.

    La première alliance est vitale, impérieuse mais il faut la seconde pour la réussite du projet émancipateur global (texte précédent)

    A) L'alliance impérieuse  

    Il s'agit d'améliorer le sort de ceux-d'en-bas disposant de quasiment rien à moins de 3000 euros par mois. Il faut alors travailler à l'union des sous-prolétaires et des prolétaires  Cela passe par des revendications concernant l'accès au travail, l'accès au revenu décent, une certaine fiscalité protectrice des moins de 3000 euros par mois, une possibilité de ne pas rester coller à vie au smic pour monter vers le double ou le triple dans la seconde partie de sa vie.

    B) L'alliance du succès  

    Il s'agit d'unir les prolétaires avec les "travailleurs aisés". Les revendications à poser vise à faire reporter au-dessus du "seuil hédonistique" (4500 euros par mois) le paiement de la redistribution primaire (salariale) et secondaire (fiscale)  

    Christian Delarue

    En défense des prolétaires à 3000 euros par mois et moins !
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article789

    Racisme anti-fonctionnaire(s). Des privilégiés, des fainéants et des improductifs !
    http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/racisme-anti-fonctionnaire-s-des-60108

    Sobriété pour les très riches de tous les pays.
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article717

    Eléments de critique de la compassion sociale
    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article704


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  • Photo église de Bouseul - La Bretagne respire la subculture chrétienne alors que d'autres régions sont passés au post-judéochristiannisme.

    Quand le peuple "demos" supplante difficilement le peuple "ethnos".

    Contre la "montée des identités", défendons le social (la rue) et la démocratie (les urnes)

    Christian Delarue

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article919

    Avec la crise globale monte les "nouveaux monstres et les vieux démons". *La crise démocratique* - issue de la montée de la gouvernance elle-même effet de la crise de la représentation (le tout se manifestant notamment par de forts taux d’abstention aux élections) - *et la crise sociale -* faite de précarité, de chômage et de déclassement social - *se combinent pour faire émerger un peuple /ethnos/, celui qui se focalise sur des racines lointaines et mythiques*, celles exhumées par Nicolas Sarkozy pendant sa campagne de 2007.

    *

    I - *Retour sur une distinction majeure : Peuple "ethnos" et peuple "demos"*

    A ) *Le peuple ETHNOS* est celui qui partage une culture commune issue de l’histoire. Il a des variantes une éthnique, l’autre religieuse. Mais l’histoire avec ses évènements, ses bouleversements - guerres, migrations, révolutions, etc . - a introduit de la conflictualité dans la culture commune. Du moins en France. Autrement dit ce qui est partagé ne l’est pas nécessairement en toute harmonie.

    En France il est assez aisé de repérer, même pour un étranger, quelques conflits "identitaires" majeurs . Ainsi pourra-t-on voir un conflit entre la volonté forte d’unité et d’indivisibilité de la Nation et la survivance de quelques cultures "régionales" encore fortes. L’autre exemple à noter est celui de la survivance d’une subculture chrétienne face à une forte culture laïque. La France est un pays marqué tout à la fois - et contradictoirement - 1) par l’esprit de la Révolution de 1789 qui a donné lieu à la perspective d’une révolution non terminée et à tous les courants de transformation de la société (anarchistes, socialistes, communistes,etc.) et 2) par le maintien d’un fil historique pré-révolutionnaire que l’on retrouve dans l’appel à la terre de Méline ou dans le Travail, Famille, Patrie de Pétain ou dans le gout récurrent pour l’aventure coloniale et postcoloniale (discours de Dakar du Président Sarkozy) ou guerrière (Afghanistan) .

    ** Ethnos d’émancipation ?*

    Le peuple "ethnos" n’est pas uniquement celui ancré sur les structures autoritaires faisant tout à la fois appel à un /conducator/ et à la religion sous ses formes les plus réactionnaires. Mais avec la crise, la "montée de l’identité" peut prendre la forme réactionnaire déjà présente tant dans les espaces régionaux (extrême-droite en Bretagne) que dans les replis communautaires religieux ou pour la communauté nationale dans les tentatives de la droite sarkozienne d’instrumentaliser par en-haut l’identité nationale comme d’autres instrumentalisent les pratiques religieuses archaïques aux fins de critique de l’intégration républicaine. L’ethnos peut se marier à une logique émancipatrice, sociale et citoyenne comme le "demos", en revendiquant une France pluriculturelle voire plurinationale pour les cultures ou les peuples dominés - Bretons, Corses, Kanaks, Martiniquais, .... Une perspective sociale et même socialiste peut se couler dans une République faisant sienne le "carré républicain" Liberté, Egalité, Fraternité, Laïcité mais en aménageant le volet "une et indivisible" et en réalisant la formule démocratique quasiment utopique du "gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple". Hypothèse d’école pour l’heure... **

    ** Ethnos des dominés : victimes ethniques ou sociales et de genre ?*

    Il faudrait ici distinguer un ethnos dominant d’un ethnos dominé. Mais c’est là une problématique qui ne se règle pas en quelques lignes. Pour faire court, disons qu’un ethnos dominé mais actif subjectivement et sur un mode démocratique et social ("de gauche") tiendrait une légitimité à l’autodétermination de la dite communauté. Renvoyons ici au débat sur les minorités nationales.

    A propos de la burqa, il semble avéré que la constitution de la commission dite Gérin suffisait amplement pour s’interroger sur ce phénomène religieux mineur - soumission passive ou affirmation identitaire religieuse ? - et que le lancement d’un "grand débat" sur l’identité nationale avec le voile intégral pour toile de fond est démesuré et dangereux ; dangereux pour deux raisons : il vient d’en-haut (instrumentalisation forte) et il porte une forte logique d’exclusion. Si des mesures particulières sont à prendre, nul besoin de mobiliser la Marseillaise, la cocarde et encore moins "la terre" façon Méline.

    B) *Le peuple DEMOS* est celui qui a relativement lâché ses pesanteurs archaïques du passé au profit d’une double orientations : le démos social et le démos démocratique. Risquons une version sujective et militante en distinguant le demos des urnes (citoyen) et le démos de la rue (social) !

    * Le *démos social* n’est pas que "la rue" c’est à dire la mobilisation et la lutte de ceux-d’en-bas hors des procédures formelles de la démocratie représentative ou participative . Le demos social c’est aussi l’état des droits et des garanties protégeant les prolétaires, ceux qui épuisent leur salaire dans le mois ou qui n’épargnent que des sommes modestes en fin de mois (moins de 3000 euros par mois en Europe de l’Ouest). Le demos social existe enfin au titre de représentation du monde servant à l’action . A ce titre il pose une division verticale du peuple toute différente de la division horizontale et territoriale des ethnos et des communautarismes pour qui l’autre est "à côté"( l’autre département que le 93) ou "dehors" (l’autre communauté). Il se pense soit en terme de couches sociales (vision stratificationniste) soit en terme de lutte de classes sociales antagonistes. Ainsi, la subdivision du peuple entre un peuple-classe et une bourgeoisie nationale relève d’une appréhension du peuple comme démos versus social.

    En France la dynamique populaire s’est manifesté sur les deux derniers siècles en terme de conquêtes sociales et démocratiques, en terme de libération, d’égalité, de fraternité et de laicité, le tout constitutif du "carré républicain". Il a donné lieu peu à peu et dans le conflit à une compréhension particulière de la République comme chose commune ("res communis"), comme comme gestion publique du bien public . Un compréhension qui a gagné du terrain face à la propriété privée du Code civil de 1804 mais qui bute aujourd’hui à la reprivatisation du monde par le néolibéralisme.

    * *Le démos démocratique* est celui qui met l’accent sur la volonté de participer au débat et de décider.

    Le démos démocratique se comprend dans un cadre national mais aussi dans un cadre post-national (perspective européenne) bien que les réflexions sur ce cadre soient plus complexes. Lire ici Des appartenances aux identités : vers une citoyenneté politique européenne de Margarita Sanchez-Mazas et Raphaêl Gély. Voir aussi la table ronde Citoyenneté et institution européennes de Mouvements 2007 (texte payant sur internet)

    Le demos démocratique donne lieu à deux autres variantes, l’une citoyenne avec élection de représentants du peuple, l’autre autogestionnaire ou le peuple s’approprie les outils et la gestion des affaires soit dans l’entreprise, soit dans la société. Le demos democratique est en France le fait historique des forces sociales des différentes composantes de la gauches. C’est contre la vision restrictive des libéraux que la démocratisation s’est effectuée. Ce processus est aujourd’hui bloqué par le néolibéralisme.

    *

    II - *Crise et appel à l’ethnos : C’est le "démos" citoyen et social qui régresse.*

    Nul progrès n’est à attendre de cette régression. Pour Yves CUSSET (1) que nous allons ici citer longuement , "l’idéal démocratique serait de rendre effective et d’élargir la sphère de l’égalité selon les deux axes, axe vertical de l’exclusion sociale et axe horizontal de l’altérité de l’étranger".

    Il poursuit ainsi son propos :

    Mais la réalité moderne est tout autre ; comme n’a cessé d’y insister Etienne Balibar, l’histoire des démocraties modernes est plutôt celle d’une collusion entre citoyenneté et nationalité, plus encore d’une fondation de la citoyenneté sur la nationalité, du peuple-démos sur le peuple ethnos, de l’égalité des citoyens sur l’identité collective. C’est ce qui n’a cessé de rendre en partie inefficient les droits de l’homme (leçon de H. Arendt réitérée aujourd’hui par G. Agamben8), dans la mesure où celui qui n’est qu’homme, l’homme nu qui n’est d’aucune nation (réfugié, déplacé, apatride), celui qui devrait être par excellence le bénéficiaire des droits de l’homme, ne peut en aucun cas jouir de droits égaux à celui du national. Le plus humain dans les faits, celui qui n’apparaît à l’autre que dans l’éclat de son humanité nue, se retrouve considéré comme le moins humain du point de vue du droit : incivilité du droit jusque dans son expression la plus démocratique, celle des droits dits de l’homme. Et lorsque l’égalité du peuple-démos est en crise, du double fait de l’accroissement du peuple des exclus et de la désaffection de l’espace public, on assiste à un renforcement du peuple ethnos, du sentiment d’appartenance, qui traverse en particulier le discours politique sous la forme discrète d’un certain paternalisme républicain (« que les fils et filles de la République retrouvent les bras de leur mère ») ou moins discrète des divers populismes (que certains appelleront poliment souverainistes) de droite et de gauche. Derrière ces discours où se déploie une idéologie de l’égalité, la réalité des mesures de plus en plus inégalitaires : durcissement du code de la nationalité et des conditions de naturalisation, multiplication des expulsions et des dits renvois aux frontières, conditions d’exception du traitement des clandestins, durcissement des frontières et du contrôle de l’immigration ; il s’agit d’immuniser toujours plus la communauté face à son dehors plus ou moins menaçant, dehors des barbares et des étrangers, mais aussi dehors intérieur des exclus, des désaffiliés, des sauvageons, de la racaille. Politiques de la sécurité et de la répression comme camouflet du vide démocratique. Cohésion nationale et ordre républicain valent-ils une heure de peine si c’est pour justifier l’incivilité d’un déni de démocratie ?

    Ce déni c’est celui d’un autre scandale de la démocratie qui n’est que le prolongement du scandale de l’égalité - mais qui est peut-être plus scandaleux encore - dans le rapport horizontal aux étrangers : scandale cosmopolitique de l’accueil qui stipule que personne n’a plus qu’un autre un titre à occuper telle ou telle parcelle de la terre, que la citoyenneté n’est pas une immunité mais un co-partage, le partage, la responsabilité et la dette du cum, de l’être-avec9. On objectera bien sûr, parce qu’il faut quand même être raisonnable, et nous avons tous intériorisé qu’il est difficile d’être à la fois démocrate et raisonnable : « Soyons sérieux, tout ceci est très beau mais à toute communauté il faut des frontières et des principes, un gouvernement a la charge d’une politique de l’immigration et l’on ne peut raisonnablement accueillir tout le monde ». Mais la démocratie n’est pas réductible à un régime de gouvernement, c’est l’une des formes de son aporie inaugurale, elle n’est pas affaire de police, mais bien de politique, pour reprendre l’évocatrice dichotomie de Rancière10, et la politique n’est pas le monopole du gouvernement. La police, c’est le gouvernement et l’administration de la société selon des lois et des principes qui permettent d’en stabiliser et d’en reproduire l’ordre, la politique est visée de l’émancipation au nom de l’égalité, tentative de reconfigurer un ordre social producteur d’injustice que la police et le gouvernement ont pour but de légitimer et de stabiliser, ou plutôt tentative de montrer, d’exhiber une configuration que la reproduction de l’ordre existant doit nécessairement occulter, de s’auto-instituer en acteurs d’une parole dont l’ordre de la police a pourtant démontré l’inacceptabilité. On pourrait dire qu’il y a démocratie quand il y a place pour la politique en ce sens, ou comme dirait Rancière, place pour la rencontre des hétérogènes, de la police et de la politique, du gouvernement et de la question de l’égalité, heurt entre la demande d’élargissement de la sphère de l’égalité par en bas et le renforcement de l’ordre social par en haut, quand il y a place pour la subjectivation de ceux que l’ordre des lois et du gouvernement maintient dans un état d’irréductible inégalité au nom du juste partage des parts de la communauté : tiers-état au XVIIIe, prolétaires au XIXe, femmes au XXe, etc. Pour reprendre la jolie formule de Rancière : la démocratie est le régime de la mésentente (entre police et politique, entre ordre et égalité). La question démocratique de l’accueil n’est donc pas l’affaire du gouvernement qui se charge des lois sur l’immigration (et il est d’ailleurs assez incivil de dire qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde) mais beaucoup plus celle de ceux que de telles lois laissent hors de la possibilité de tout accueil et qui le font voir dans l’espace public : le mouvement des sans-papiers est démocratique, pas les lois sur l’immigration et le séjour des étrangers. Il donne même une leçon de civilité démocratique, dans sa capacité à saisir l’espace public par la question de l’égalité à travers celle du droit de séjour, contre ceux qui voudraient un espace public policé et immunisé contre toutes les interférences démocratiques, contre la mésentente. On peut s’accorder avec Balibar pour dire que tous ceux qui croient encore à la démocratie doivent retenir la leçon des sans-papiers : « Nous leur devons d’avoir forcé les barrières de la communication, de s’être fait voir et entendre pour ce qu’ils sont : non des fantasmes de délinquance et d’invasion, mais des travailleurs, des familles à la fois d’ici et d’ailleurs, avec leurs particularismes et l’universalité de leur condition de prolétaires modernes [...]. Ainsi nous comprenons mieux ce qu’est une démocratie : une institution du débat collectif, mais dont les conditions ne sont jamais données d’en haut. Toujours il faut que les intéressés conquièrent le droit à la parole, la visibilité, la crédibilité, courant le risque de la répression »11. Ces mots qui ont aujourd’hui quelques années demeurent roboratifs face à l’incivilité des néo-tocquevilliens et autres melons pas très mûrs ; ils nous rappellent qu’il existe une civilité du refus et de la résistance, une civilité du combat contre l’incivilité politique, contre la terrible absence de vergogne, pour reprendre la belle expression de Bernard Stiegler12, des dits responsables politiques.

    Faut-il haïr la démocratie ?

    http://www.sens-public.org/spip.php?article335

    *Libres réflexions autour de Jacques Rancière sur l’incivilité politique contemporaine* Yves Cusset | 30 janvier 2007 | COSMOPOLITIQUE |



     

     

     

     

     

     

     


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  • Christian DELARUE, Pierre KHALFA (au centre), Bénédicte VEILHAN au micro.  AG ATTAC juin 2006


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  • Une critique (concentrée) de la HFP (Ens Sup Rech)


    La logique de privatisation, de marchandisation et d'autonomie décisionnelle et budgétaire ne va pas vers la socialisation et encore moins l'autogestion c'est évident . Les mesures de décentralisation et d'autonomie fonctionnelle visent au contraire a faire reculer la démocratisation et la citoyenneté au profit d'une logique d'obéissance aux normes du libéralisme: plus de concurrence moins de solidarité, plus de diktat moins de concertation, plus d'austérité et moins de moyens . La logique des réformes de l'enseignement public supérieur pousse vers l'installation d'un chef adoubé pour sa loyauté (avec augmentation des primes à l'appui- c'est l'aspect caché et à dévoiler) et pour sa fermeté dans l'exercice du "sale boulot" (reconnaissance d'appartenance à l'élite sur la base de la domination) . On va donc globalement vers un autoritarisme accru comparable à celui que l'on connait chez certains patrons d'entreprises privées très enclins à imposer leur ordres mais peu disposé à écouter leur salariés. L'Enseignement public supérieur n'est plus vraiment public mais réservé tant à l'égard des usagers qu'au regard des gestionnaires. La réforme assure la mainmise et l'appropriation par la haute bureaucratie parasitaire acquise au néolibéralisme par le jeu des primes et du pantouflage.


    Il ne s'agit pas là d'une critique unilatérale et dogmatique de la haute fonction publique. L'autre Etat souhaité (car l'Etat ne disparait pas soudainement) pour enclencher la socialisation des entreprises nationalisées aura besoin d'une haute fonction publique mais orientée vers une autre compréhension de ses missions. Cette critique est donc plus particulièrement concentrée vers une évolution marquée par le pantouflage avec les organes de direction des grandes entreprises privées . Et au-delà par une logique de mimétisme ambiant renforcée par la logique de rentabilité les diverses réformes de l'Etat dont la LOLF (qui est un succédané de marchandisation introduit artificiellement dans des institutions fonctionnant sur une autre logique ; la valeur d'usage, la généralisation du service gratuit pour tous) Ces directoires ou gouvernances du privé sous l'effet de la financiarisation et du nécessaire taux de rentabilité pour les actionnaires ont connu une dérive parasitaire marquée par l'abandon de l'investissement productif industriel et la surexploitation salariale. Voilà, en résumé, "l'école de la vie" d'un certain nombre de hauts cadres de la fonction publique : ils reproduisent dans le public la logique de domination du privé. Cette perversion des règles du public est méprisable mais n'atteint pas toute fonction publique supérieure. La seule fonction proprement noble d'une administration non parasitaire est de servir l'intérêt général au sens de satisfaction des besoins de l'ensemble des usagers. Elle devient parasitaire lorsqu'elle travaille pour un intérêt réduit, celui de la reproduction d'une couche sociale privilégiée sur la base d'une sélection toujours plus forte. Tout cadre supérieur qui annonce vouloir s'inscrire dans une ligne de satisfaction la plus élargie des besoins d'éducation suscite admiration et respect . Car la compétence des cadres ne suffit pas à leur assurer le respect réel puisque leur mission est d'imprimer une direction, une orientation.

    Christian Delarue

    Pas de notes alors que bourré de présupposés mais ce texte était simplement destiné à une liste spécialisée enssuprech d'attac



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