• LES LIMITES DE LA METAPHORE DU BOUNTY

    Les jeux dangereux de Pierre TEVANIAN

     

    « A nos yeux, la pire forme du mal

    consiste à juger un homme d'après sa couleur de peau »

    Malcom X « Ultimes discours » Dagorno1993

     

    Pierre TEVANIAN nous y invite dans son dernier ouvrage : parlons franchement de races . Le propos est osé . On comprend que l'auteur de « La République du mépris » n'ai pu poursuivre son militantisme au sein du MRAP association universaliste qui considère qu'il n'y a pas de races au sein du genre humain .

    La ligne critique des « Indigènes de la République » ne manque pas d'intérêt puisqu'elle se propose de débusquer ce qu'il appel « le racisme métaphorique » partout y compris chez les antiracistes. On comprendra qu'il faille lire encore un auteur qui pousse si loin le combat antiracisme... Nous verrons que ce n'est pas sans danger : le racisme renversé. Que dit-il ? Quel est depuis plusieurs années la dynamique de son travail critique ? « Dans chacun de ces discours que je déconstruis (le discours pseudo-sécuritaire, pseudo-féministe, pseudo-laïque, pseudo-libertaire...), on prétend toujours parler d'autre chose que de race ou de groupes racisés : on prétend parler de la condition des femmes, de la laïcité, de « la question de la mémoire », de la « liberté d'expression »...(1)

    La métaphore du bounty objet de ce texte s'inscrit dans ce dispositif critique . Le terme Bounty (et non boonty) - le fameux chocolat bicolore noir à l'extérieur et blanc à l'intérieur a fait notamment l'objet d'un usage métaphorique pour critiquer les positions de Malek Boutih au sein du PS il y a quelques années. Des critiques largement pertinentes sur lesquelles je ne reviens pas car le différent est ailleurs .

    En fait l'expression s'est étendue à la critique des "intégrés" par les « indigènes de la République » dont le slogan du site est "va te faire intégrer". Or c'est une chose de critiquer l'intégration c'en est une autre de stigmatiser les non-blancs "intégrés". Car la formule souligne "une trahison" des individus de couleurs qui se comportent comme des blancs » (au-delà de leur positionnement strictement politique).

     

    I - Ecartons l'interprétation première : le racisme renversé est toujours un racisme !

     

    La métaphore du bounty prête aisément à croire que "tout ce qui est noir est bon et que tout ce qui est blanc est mauvais". On est là dans une interprétation similaire à celle d'une certaine gauche qui dit que tout ce qui vient du peuple ou du salariat ou des ouvriers est bon et tout ce qui vient des dirigeants est mauvais (ouvriérisme culturel) ou à celle, plus actuelle aujourd'hui, qui renverse la valorisation en disant que tout ce qui est issu de l'élite et bon et ce qui vient du peuple est mauvais (corrélé avec l'apparition du terme de populisme).

    - Cette première interprétation donne lieu à deux travers:

    - La valorisation du « blanc » et la promotion de l'effort nécessaire du non-blanc!".

    Un article de Pierre TEVANIAN critique cette sollicitation de l'effort de la part de NPNS (2). Or, le « vivre tous ensemble » et égaux selon la formule du MRAP implique un effort de tous mais n'implique pas de promouvoir un assimilationisme de compensation un assimilationisme suradapté et vouloir (comme je l'ai lu en commentaire) "que les enfants d'immigrés se comportent davantage en bons petits Français que les Français de souche" en somme pour rester dans la métaphore qu'ils soient plus blanc que le blanc!

    - La valorisation du non-blanc et la critique du bounty !

    Il s'agit alors à l'opposé du travers précédent d'un parti-pris systématique en faveur du non-blanc : "black is beautiful" (avec une possible logique communautariste différente du séparatisme des « black power » aux USA) . Ce fut en France, un temps la critique de la « beurette émancipée » (cf débat MRAP –NPNS sur chrismondial) reconduit plus tard en provenances de voilées sous le stigmate « les jeunes filles émancipées sont des putes ». Rien moins ! Une telle interprétation s'éloigne d'un positionnement universaliste et tend au mieux vers le communautarisme quand ce n'est pas, au pire, l'affrontement des « races » mais dans une situation très différente des USA du temps des « black power » (3).

     

    - En sortir suppose une critique de l'intégration mais aussi une conception de l'émancipation.

    L'intégration - telle que la pensait Durkheim - concerne l'ensemble de la société et non pas l'effort des seuls immigrés. La cohésion sociale ne devrait pas se concevoir comme une politique de répression sociale et policière mais comme une politique de répartition des richesses, de développement harmonieux du territoire, de luttes contre les discriminations racistes, le tout dans le cadre d'une société laïque. Prendre en charge la question sociale, celle de la laïcité , celle du droit des femmes et la question des discriminations racistes nous parait la voie la plus pertinente. A ce titre l'émancipation des non-blancs participe de l'émancipation sociale de tous et toutes à l'encontre de toutes les oppressions, dominations, exploitations, lesquelles ne sont pas le fait unique des blancs.

     

     

    II - Contestons vigoureusement l'autre interprétation qui voit " les blancs tous malades de racisme "

     

    L'autre interprétation de "bounty" relève plus de la sociologie de la domination que de la valeur identitaire posée à priori . « La remarque vaut aussi bien pour des hommes, des hétéros et des bourgeois » écrit P. TEVANIAN qui précise qu'il "ne s'agit pas de détester sa couleur ou de détester les siens, mais de détester son privilège, et le système social qui le fonde". D'accord .

    Si le rapprochement avec le peuple par rapport à l'élite a une certaine pertinence c'est surtout pour montrer qu'un parti-pris est sans doute possible mais en se gardant de caricaturer, d'essentialiser . Il s'agit prudemment de ne pas oublier qu'en général les noirs comme le peuple ou le salariat sont en position dominée en France et dans les pays du nord. Mais tous les non-blancs ne sont pas racisés et en position d'opprimés. Ils subissent bien souvent la discrimination raciste mais pas toujours. Reste, il est vrai, que les non-blancs qui ne subissent pas le racisme peuvent à tout instant le subir! Nous sommes dans des sociétés ou le racisme n'est jamais réservé aux non-blancs d'en-bas ou aux non-blancs trop différents, non intégrés . Certes, le racisme ne demande qu'à s'étendre. Et les élites y poussent. Dont acte à ce stade. Avec néanmoins un risque de tendance à la victimisation non-blanc conforté par la stigmatisation du bounty intégré et l'insulte de celui qui y tend : « va te faire intégrer !. »

    Ici il importe de remarquer que Pierre TEVANIAN va nettement plus loin. Il écrit : « Les Blancs sont malades d'une maladie qui s'appelle le racisme et qui les affecte tous, sur des modes différents, même quand ils ne sont pas à proprement parler des racistes » D'ou chez Pierre TEVANIAN l'expression de « racisme vertueux » pour les blancs qui sont « racistes anti-racistes ». Ce n'est même plus une idéologie du soupçon mais bien du racisme, une accusation raciste du blanc intrinsèquement raciste . C'est ce qu'a bien relevé avant moi Gérard KERFORN et la fédération des Landes du MRAP . Autant on peut admettre que « ce racisme consiste en une oppression systémique » autant on ne peut généraliser sur le blanc nécessairement raciste. Ici P TEVANIAN fait ce qu'il critique par ailleurs chez Redeker notamment : il essentialise un racisme blanc, qui est donc le mal-être blanc.

    Mais le parallèle avec le salariat par rapport au patronat s'arrête là car pousser l'extrapolation plus loin tend à favoriser l'ethnicisation des problèmes sociaux et corrélativement à effacer la problématique issue de la dynamique des rapports sociaux contradictoires de classe entre les travailleurs salariés et le capital (ou plus largement entre le peuple et les dirigeants ou les élites). C'est une position qui tend aussi à transformer les discriminations racistes en discriminations raciales et à promouvoir la discrimination raciale positive comme aux USA. Cette racialisation est inadmissible et insupportable pour ceux qui fondent leur action sur l'universalisme qu'ils soient blancs ou non-blancs.

    Christian DELARUE
    Secrétaire national. du MRAP
    Membre du CA d' ATTAC France

    1 Propos recueillis par Fatiha Kaoues du site Oumma.com.
    http://www.geostrategie.com/113/un-racisme-metaphorique-entretien-avec-pierre-tevanian

    2 Ce qu'on a pu voir, par exemple, le 4 mars 2004 à Fontenay-sous-Bois, était édifiant sur Bellaciao le mercredi 20 juin 2007 (22h21) :
    Ni putes ni soumises, ou la parole confisquée , Fadela Amara, de Badinter à Sarkozy...

    3 Sur le black power

    http://www.jcr-red.1901.org/IMG/pdf/brochure_bp.pdf

    4 Le mal-être blanc

    http://libertesinternets.wordpress.com/2008/02/01/etre-blanc-en-france-aujourdhui/

     

    ----------------------------------------------

     

    A propos d' un sale mensuel très... "menstruel" !

    Déconstruction appliquée du féminisme.... Voici ce que l'on peut lire comme critique "indigène" et religieusement féministe d'une revue sans doute fort contestable - je ne la lis pas - qui " s'est donné comme pieuse mission de mettre tous les bougnoules, qui hésitent encore, sales mécréants qu'ils sont, à croire aux bienfaits de la République, sur la voie de l'intégration". Voici comment est qualifié ce mensuel . "Le menstruel (sic) - le courrier de l'atlas - doit se lire comme un filtre qui passe au tamis les arabes pour séparer les bons arabes de ceux qui ne se laissent pas dicter leur conduite".

     

    Sans doute, un faute de frappe évocatrice d'un inconscient travaillé par le mythe de la pureté des femmes !

    CD

    Le sale mensuel très "menstruel"

    http://www.indigenes-republique.org/spip.php?article1257

     


    1 commentaire
  • BOUNTY INVERSE : REPONSE DE CHRISTIAN DELARUE A PIERRE TEVANIAN auteur du « Mal être blanc»



    L'animateur du site LMSI a trouvé le moyen de reprendre un vieux message interne d'une liste du MRAP qui me fait dire le contraire de ce que je pense à propos des bounties. Le tout pour le mettre en début d'introduction de son texte le MAL ETRE BLANC.

    Je cite: « Un responsable national du MRAP a aussi jugé pertinent et spirituel d'écrire que j'étais « un bounty à l'envers : blanc à l'extérieur, noir ou arabe à l'intérieur, ou du moins se rêvant noir ou arabe, avec en prime un voile sur la tête. »

    Ce que j'en pense:

    1) La référence est incomplète.

    Il n' y a même pas l'année d'indiquée et encore moins le mois. Il est vrai que l'auteur n'est pas resté longtemps au MRAP ! Je ne peux donc vérifier le contenu exact de ce mail ni son contexte immédiat

    2) Que penser de la méthode : pas glorieuse !

    Que penser du fait d'exporter sur le web un désaccord se déroulant dans un cadre circonscrit et réduit (et daté) ? Mettre un tel contenu de mail sur un texte « scientifique » m'apparaît mesquin et guère plus digne et « spirituel » que le propos rapporté. L'auteur n'est est pas à son premier coup ! J'étais déjà mentionné - avec des propos non tenus nul part - sur son texte mémorable mis sur la toile à la suite de son conflit interne (avec une partie du MRAP).

    3) Le cadre est limite diffamatoire

    Mon propos rapporté est raccroché par proximité textuelle à ce qui constitue le fond du racisme ordinaire. C'est habile pour le discrédit mais heureusement il met des citations qui concernent d'autres individus.

    4) Venons-en au fond, ce message rapporté est faux et non sincère sur l'esprit.

    a) Je me souviens très bien de mon désaccord : Ce que j'ai alors contesté c'est l'usage stigmatisant de "bounty" comme injure méprisante adressée aux étrangers assimilés. Le "bounty" est bronzé à l'extérieur et blanc à l'intérieur (assimilé) . Les anti-boonty sont alors ceux qui n'approuvent pas les assimilés voir et qui les culpabilisent.

    Mais me faire dire aujourd'hui autre chose que ce que j'ai dit est une manipulation, une manipulation qui joue sur le fait que les lecteurs ignorent les faits, y compris d'ailleurs la plupart des membres du MRAP s'agissant de ce point précis.

    b) Par rapport à sa version, eh bien disons qu'il n'est pas le seul à se montrer sympathique (philie) envers les « autres ». J'ai d'ailleurs écrit cela à l'égard de la théologie de la libération sur Bellaciao y compris sur un islam de libération.

    c) Le "avec en prime un voile sur la tête" ne me ressemble pas. Je n'éprouve pas le besoin d'écrire des choses pareilles sur quelqu'un qui ne partage pas mes idées. Quel besoin de rapporter cela sur un texte "scientifique" . Mesquin!

    Christian DELARUE

    L' article en question est paru dans le numéro 10 de notre journal “L'Indigène de la République”

    http://www.indigenes-republique.org/spip.php?article1230

    Les limites de la métaphore du bounty

     


    votre commentaire
  • LE RACISME POST-COLONIAL EN FRANCE AVANT 1972

     

    Sur Bellaciao le dimanche 2 mars 2008 (17h36) : 
    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article62421

     
    Extrait de "Les minorisés de la République" Ed La Dispute.p 143 (cf note de lecture de J Trémintin)
     
     
    Avant l'adoption de la loi antiraciste de 1972, une forme d'apartheidisation des étrangers avait cours dans le pays. Les refus de servir un étranger dans les cafés ou restaurants étaient fréquents comme à la brasserie Paris-Londres à Paris, en 1963, au café La Puce à Paris, en 1965, au restaurant Orion à Mulhouse, en mais 1965, ou au café des Deux-Hémisphères à Nancy, en 1970. Des salles réservées aux travailleurs étrangers existaient dans certaines gares parisiennes. Les offres d'annonces d'emploi des grands quotidiens invitant Noirs et Arabes à s'abstenir étaient ordinaires, de même qu'à l'entrée d'un établissement privéla mention "Etranger s'abstenir" ou " Pas de gerns de couleur". En fin les offres d'emploi diffusées dans les grands quotidiens ou par l'ANPE comportaient la mention "Nord-africain ou Africain s'abstenir" ou "Nationalité française seulement" étaient courantes.
     
    La loi de 1972 n'a pas éliminé les discriminations racistes qui perdurent sous des formes plus pernicieuses notamment dans l'emploi et le logement.
     

    Les minorisés de la République

     

    Auteur(s): Fatiha et Hacène Belmessous, Laure Chebbah-Malicet, Franck Chignier-Riboulon - éd. La Dispute, 2006 (180 p. ; 14 €)

    Si l'on s'en tient à notre modèle républicain d'intégration, l'insertion dans la société relève d'une bonne volonté individuelle facilitée en cela par une école qui socialise et favorise l'assimilation aux normes sociétales et culturelles collectives. Or, si l'on assiste effectivement à un processus de fusion sociologique qui voit se multiplier les mariages mixtes, s'accroître l'évolution anthroponymique des prénoms, se développer l'obsolescence de certains interdits religieux et se poursuivre l'appropriation matérielle et symbolique de la culture commune, un certain nombre de pratiques discriminatoires persiste. Il ne suffit pas d'adopter les règles du groupe dominant pour s'en faire accepter.

    On évoque facilement celles qui se déploient sur le marché du travail, moins souvent celles qui s'imposent sur celui du logement. Malgré les tensions de l'emploi et le déclassement de la valeur des diplômes dont elles sont les premières victimes, les jeunes générations issues de l'immigration ont réussi à percer au niveau socio-économique. Une couche moyenne a émergé, nommée « beurgeoisie », qui a manifesté une légitime aspiration à concrétiser cette réussite sociale par l'accession à une mobilité résidentielle. Cette demande d'installation sur des territoires jouissant d'un certain prestige s'est heurtée à la permanence des stéréotypes qui amalgament immigration, Maghreb, surpopulation, insécurité, délinquance et depuis peu terrorisme islamique. Le législateur a donné les moyens de combattre des pratiques qui jusqu'alors permettaient d'interdire un commerce ou un poste de travail à une catégorie de la population (loi de 1972 et de 1982). Mais le nombre d'affaires faisant l'objet d'un traitement judiciaire n'a guère décollé comparativement à la fréquence de ces infractions (elles sont passées de 3 en 1997 à... 29 en 2002). Découragées, les populations concernées ont fini par penser la discrimination comme inéluctable, la banalisant et utilisant des stratégies d'adaptation pour y faire face. Première réaction, l'évitement spatial : l'autocensure ainsi adoptée aboutit à ne pas poser de candidature de location dans les quartiers réputés peu accueillants. La seconde correspond à une justification de la discrimination (en évoquant d'emblée ce « handicap » face au bailleur). La dernière démarche consiste à utiliser d'autres biais (sous-location, achat, communautarisation des lieux des résidence).

    La persistance de cette discrimination raciale est un vrai défi lancé à notre modèle républicain. Mais tant que l'on continuera à l'attribuer aux seules réactions individuelles et qu'on ne s'attaquera pas à la construction différentialiste qui gît au cœur même de l'universalisme français, il n'y aura guère d'évolution. « La lutte contre les discriminations exige de travailler à changer la société française, pas ses moutons noirs » (p.173).

    Jacques Trémintin


    votre commentaire
  • COMMUNAUTARISME :

    ** 

    USAGE VULGAIRE / USAGE SCIENTIFIQUE.
     
    Catherine Kintzler sur l'essai de Julien Landfried : Une ontologisation des différences, (blog Mezetulle)


    Face à la profusion des articles sur le communautarisme abondent, l'idée surgit de distinguer un usage vulgaire d'un usage "savant" disons scientifique. L'usage vulgaire n'est pas nécessairement sans contenu argumentatif mais son objet polémique tend à le réduire à de l'idéologie acritique, dogmatique. Comme le communautarisme fait un retour sur scène publique d'une part avec les usages qu'en a fait Nicolas SARKOZY pendant sa campagne et d'autre part avec la parution du livre de Julien Landfried Contre le communautarisme (Paris : Armand Colin, 2007) il n'est pas sans intérêt de reprendre une nouvelle fois la problématique.

    Catherine Kintzler dans sa note de lecture sur l'essai de Julien Landfried précité : Une ontologisation des différences, (blog Mezetulle, 16 nov. 2007) suscite déjà des questions. Pourtant on y lira des clarifications conceptuelles utiles. A l'instar de Patrick TORT j'essaie de lire un texte scientifique en distinguant le discours de la science du discours de l'idéologie. Est-il scientifique d'affirmer les deux thèses de son introduction : un anti-modèle et un mode de pensée. "Le communautarisme n'est pas un phénomène de mode importé des sociétés où le "lobbying" est une façon de peser sur les décisions politiques: c'est un véritable modèle anti-politique destiné à court-circuiter le modèle républicain et par lequel le clientélisme, supplantant l'assemblée des citoyens et de leurs représentants élus, se substitue à la volonté générale. Au-delà d'un modèle aux antipodes de l'association républicaine (qui ne connaît que des individus souverains) et ouvertement destiné à la détruire, c'est aussi un mode de pensée et une façon de vivre qui s'installent, avec une morale fondée sur le ressentiment dont le ressort principal est la culpabilité". La réponse vient en premier lieu de l'explicitation des concepts de communauté et de communautarisme.

    <?xml:namespace prefix = o />

    Qui parle ? Je ne suis nullement scientifique mais militant (*) donc largement idéologue mais favorable à la diffusion le plus possible d'un esprit critique, d'une pensée dialectique qui voie les mouvements contradictoires agissant derrière les apparences.

    Citons l'auteur:

    Communautés et communautarisme

    Situons d'abord les concepts. Nul ne songe à remettre en cause l'existence, partout répandue, de communautés - sauf lorsqu'elles s'inspirent explicitement de motifs prohibés comme le racisme, l'antisémitisme, etc. Présenter <?xml:namespace prefix = st1 /><st1:PersonName w:st="on" productid="la R←publique">la République</st1:PersonName> française comme un lieu d'uniformisation et de nivellement est profondément faux : toute communauté peut non seulement se former librement mais peut recevoir un statut juridique grâce notamment à la
    loi sur les associations.

    Dire que <st1:PersonName w:st="on" productid="la R←publique">la République</st1:PersonName> française a "persécuté" les langues régionales est également une contre information - on sait peu que ces langues ont largement prospéré sous <st1:PersonName w:st="on" productid="la IIIe R←publique">la IIIe République</st1:PersonName> par le biais d'associations et d'académies locales, et aujourd'hui elles sont enseignées. Cet exemple permet de construire le concept communautarisme : une langue,
    puisqu'elle peut s'enseigner et se transmettre, n'est pas "par nature" réservée à un groupe particulier sur critère d'origine ou de naissance. Si par exemple le corse est enseigné dans des établissements publics, je dois pouvoir, moi qui ne suis pas d'origine corse et qui n'habite pas en Corse, passer une licence de corse et, si mon niveau me le permet, passer un CAPES
    me permettant d'enseigner cette langue, en Corse ou ailleurs. M'interdire de le faire au prétexte que je n'ai pas de "racines", vouloir réserver ces emplois à un groupe particulier, proposer une "corsisation" de certaines fonctions, c'est du communautarisme.

    Ainsi le communautarisme consiste à ériger une "communauté" préalablement constituée comme un fait (et sur des critères souvent discutables) en force politique, en autorité politique dont la fin est d'établir des droits réservés aux membres de ladite "communauté" ou de les exempter de devoirs imposés au reste des citoyens. Avec le communautarisme, c'est bien la
    question de la reconnaissance politique et celle de la déclinaison des droits qui est posée, avec lui, c'est le régime commutatif de l'égalité qui est remis en cause au profit d'un régime distributif d'"équité" - autrement dit de droits différenciés. A l'horizon se profile l'obligation
    d'appartenance, donc l'abandon de celui qui souhaite se détacher de toute communauté et n'être qu'un citoyen, et, avec les appartenances, l'inévitable rivalité qui les met en concurrence. Le communautarisme, non content de river les individus à des groupes, non content de subordonner les droits de l'individu à ceux de la communauté plus ou moins puissante à laquelle il se doit d'appartenir, installe une mosaïque de revendications concurrentes dans laquelle l'intérêt général se perd. La collectivité ne tend plus vers
    l'universel, mais est rabattue vers une multiplicité de "minorités" jalouses qui la divisent et l'opposent à elle-même.

    Fin de citation

    Refuser l'ethnicisation du social n'oblige pas à tout ramener au national.

    Catherine Kintzler : "Quand les classes sociales passent à la trappe, les minorités visibles font leur apparition" - du reste le communautarisme, ici comme ailleurs, fait bon ménage avec les multinationales. Devant des inégalités, susbstituer l'explication ethnique à l'explication sociale (comme cela a été fait lors des émeutes de 2005) est une forme de diversion en même temps qu'une opération de subreption où les rapports structurels entre dominants et dominés sont convertis en rapports ontologiques: dès lors, les luttes sociales sont discréditées, il n'y a plus qu'à s'affronter entre "différences" irréductibles. Il en résulte un escamotage quasi-total des ouvriers et des employés de l'espace politique bien pensant.

    Le peuple n'est pas la nation, le peuple n'est pas non plus les couches sociales « smicardisées »

    Catherine Kintzler : On reconnaît là, avec l'invention de fausses divisions qu'on jette au peuple comme un opium autodestructeur, un archaïsme que l'ouvrage situe parfaitement - le comble est que l'accusation de ringardise vient désormais frapper perpétuellement les classes populaires (les "beaufs"). C'est la réintroduction des "corps intermédiaires" dont <st1:PersonName w:st="on" productid="la R←volution">la Révolution</st1:PersonName> française nous a délivrés. Encore que cette comparaison fasse bien de l'honneur au communautarisme contemporain qui, comme le montre l'auteur, est bien souvent fondé sur des projections fantasmatiques.


    Fin de l'usage scientifique passage à l'usage vulgaire :

    1 Le MRAP ne défend pas des identités fantasmées ou non.


    Le problème est que ces identités sont bien souvent fantasmées. On pense à l'exemple du mariage homosexuel pour ainsi dire jamais réclamé par les prétendus "intéressés", à la très
    grande faiblesse numérique des organisations "antiracistes", à celle des ethnonationalistes corses à peine capables de rassembler quelques centaines de personnes lors des "journées internationales" de Corte. On songe à l'UOIF - organisation islamique supposée la plus populaire - qui ne rassemble que 0,5% des musulmans pratiquants, ou au CRIF qui, dans
    l'hypothèse la plus favorable, ne rassemble qu'un sixième des Juifs de France...

    Réponse : Le MRAP s'est prononcé contre les statistiques ethniques car racistes ce qui montre implicitement mais l'avenir le confirmera qu'il s'engage contre les "discriminations positives" qui est d'après Catherine Kintzler « le chantier le plus fécond de la déconstruction républicaine, puisqu'il s'agit tout simplement de récuser l'égalité des droits au profit d'une stratégie statistique qui nie le corps politique pour lui substituer une représentation destinée à "refléter" une prétendue composition de la population, composition que celle-ci ne définit
    pas elle-même, mais qui lui est fournie par une expertise douteuse qui lui
    échappe.

    2 Le MRAP contre l'antiracisme tribal, contre toutes les formes de racisme

    - Population, peuple ethnique, peuple politique.

    Catherine Kintzler : La notion même de "population", pertinente en sciences humaines, ne l'est pas en politique, laquelle a pour fin de lutter contre les données et les pesanteurs sociales. Suffit-il de former un groupe pour constituer un peuple et n'y a-t-il pas un abîme entre un peuple ethnique et un peuple politique ? Il faudrait tout de même poser la question : en quoi
    puis-je faire confiance à un représentant sur le seul motif qu'il me ressemble ?

    Pourquoi une femme devrait-elle nécessairement mieux se reconnaître dans une femme, un Blanc dans un Blanc, un Noir dans un Noir ? Il y a là une accréditation des différences et une négation de toute circulation du débat politique, autrement dit une négation même de l'objet
    politique, réduit à des cristallisations intangibles, ramené à une tribalisation dont nous ont délivré les fondateurs de la pensée politique classique, Locke et Rousseau.

    - Réponse : Le MRAP pour la citoyenneté des résidents et favorable à plus de diversité

    Le peuple est plus concret que la nation qui elle est abstraite et unifie peuple et bourgeoisie. Le peuple c'est ceux-d'en bas, entendu largement, les dirigés (P TORT), les salariés et les paysans et autres indépendants.. J'ai le même soupçon quand je vois peu de femmes au sommet de la hiérarchie administrative ou de celle des grandes entreprises privées que quand je vois que des blancs parmi les élus.

    <o:p>Christian DELARUE</o:p>

    BE et CA du MRAP

    mercredi 19 décembre 2007 (14h57) :
    <st1:PersonName w:st="on" productid="LA DIVERSITE">LA DIVERSITE</st1:PersonName> : REFLEXIONS SUR UN COMBAT NECESSAIRE MAIS AMBIGU
    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=58112

    Lire la note sur le blog Mezetulle.


    votre commentaire