• Le Polyamour : Nouveau romantisme ou échangisme branché (suite)


    Moins de frustration, plus de liberté

    Par Laurence Dray

    http://1libertaire.free.fr/PolyAmour03.html


    http://www.femme.lycos.fr/couple/polyamour

    Accorder plus de liberté à l'autre, s'autoriser des moments d'indépendance paraît naturel et nécessaire pour l'équilibre d'un couple. Mais accepter l'intrusion d'un tiers demande un dépassement de soi extrêmement fort. Paule Salomon confirme que le polyamour n'est possible que si les personnes ont une estime, une confiance en soi très solide.

    Le polyamoureux serait-il un être à part, doté de pouvoirs surhumains ? Selon Paule Salomon, non. C'est une question de personne et de structure interne mais aussi de conditionnement social. On accorde beaucoup trop d'importance à la sexualité et on exerce une jalousie possessive sur le corps de l'autre. Il faut désacraliser l'infidélité et sortir du dualisme fidélité/infidélité. Pourtant, 80 % des femmes demandent le divorce pour adultère. L'infidélité est souvent le symptôme d'une mésentente dans le couple ou d'une crise personnelle. Le dialogue et la tolérance doivent permettre au couple de gagner en maturité. Pour Paule Salomon, « on n'explique pas assez l'infidélité à partir du besoin d'évolution de l'autre ». Dans le polyamour, celui qui « subit » va s'apercevoir que lui aussi peut exercer sa liberté. C'est plus facile d'accepter la liberté de l'autre quand on peut jouir de la sienne. La réciprocité et l'authenticité distinguent le polyamour de l'adultère.

    Françoise Simpère, elle, est mariée depuis trente ans, et polyamoureuse depuis le même temps. Onze mois après son mariage, elle a rencontré un homme avec qui elle entretient toujours des liens. Avec chaque homme de sa vie, elle tisse des liens uniques et forts. Parfois, ce sont des liens affectifs et amicaux, d'autres fois passionnels ou seulement sensuels. Pour Françoise, le sexe est essentiel mais pas primordial. « C'est un langage des sens qui permet aux hommes de s'ouvrir et de se confier. Ce qui m'importe, c'est de nouer des relations longues et explorer les hommes. Mon rapport avec le polyamour a évolué avec le temps. Jusqu'à 30 ans, je charmais pour me prouver que j'existais, pour me rassurer sur mon pouvoir de séduction. Après, j'étais plus dans la curiosité de l'autre. Je m'intéresse avant tout aux hommes. C'est pour ça que je leur plais. Je ne suis pas une collectionneuse.

    Je suis sincère. » A 14 ans, à l'occasion de sa première déception amoureuse, Françoise s'est aperçue que « l'amour unique est un mythe » et « le prince charmant, une grande blague ». Dès le début de son mariage, elle et son mari ont vécu des histoires d'amour parallèles. Ils ont deux enfants, une maison familiale et chacun leur espace purement privé. « Dans mon studio, je reçois mes copines, mes amis, mes amants, je me retrouve seule quand j'en ressens le besoin. C'est l'endroit de ma vie à moi. Jamais je n'inviterai un homme dans la maison familiale. Je reste discrète sur ma vie privée. Je n'ai pas une vie débridée, nous y avons réfléchi ensemble, depuis trente ans. » Le polyamour permet donc à l'individu d'exprimer ses désirs et d'exercer sa liberté individuelle à l'intérieur du couple. Le couple ne phagocyte plus l'individu. »

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    Le Polyamour : Nouveau romantisme ou échangisme branché (suite)

    *Polyamour ou polydésir ?
    Par Laurence Dray*

    Le sexologue Pierre-Guillaume Lasnier s'insurge contre cette tendance à vouloir tout normaliser. Sous de jolis noms comme « polyamour » ou « polyfidélité » se cachent de simples désirs sexuels. Pour lui, l'idée d'aimer plusieurs personnes à la fois est un fantasme. « L'amour demande un investissement de temps considérable, c'est aussi un miroir de soi-même. Se pose alors un problème de réalisation et d'identité. Lorsqu'on aime plusieurs personnes, on se reconnaît dans toutes. » Il y a absence de repères et un amalgame entre désir et amour.

    « Le désir se multiplie car les images sont de plus en plus nombreuses. Mais il n'y a pas plus d'amour qu'avant. C'est un arrangement de l'esprit que de croire que tout le monde s'aime et que la relation est équilibrée. » Paule Salomon reconnaît que le polyamour n'est viable au sein du couple que si chacun conserve une place privilégiée. « L'autre ne doit pas se détourner du conjoint, il doit le rassurer sur son amour. Sinon l'absence est assimilée à un désamour. »

    Aujourd'hui, Léa, 31 ans, pense que le polyamour est un joli mythe. Pourtant, elle n'a pas toujours été de cet avis. A 25 ans, elle rencontre Michel, plus âgé, dont elle tombe amoureuse. « Il m'a permis de me révéler à moi-même, de prendre confiance en moi. C'était un peu comme un père. J'avais besoin de lui. Notre relation n'était pas fondée sur la sensualité mais plus sur l'intellect. Puis, je rencontre Thierry, l'amant dans toute sa splendeur. Il était beau, jeune. Notre relation était charnelle. Officiellement, je n'étais plus avec Michel. Mais j'habitais toujours en face de chez lui. Je n'ai jamais réussi à le quitter. Je l'ai imposé à Thierry car je ne voulais pas faire une croix sur mon passé. Pendant trois ans, j'ai vécu le polyamour sans le savoir. J'étais heureuse, comblée. Puis, Thierry a connu une autre femme. Mais là encore, nous n'avons pas réussi à nous quitter. Je rencontre alors Thibault, mon grain de folie, le piment de la vie. Je ne voulais pas couper mes liens avec Michel et Thierry. J'avais trop peur de les perdre. Thibault devait accepter ce qu'il appelait “ces deux fantômes”. Pendant deux ans, je vivais sur un nuage. J'avais trois hommes dans ma vie. »

    Dans la réalité, est-ce que c'est de l'amour ? Pas sûr. L'amour, ce n'est pas seulement admettre que l'autre ne nous appartienne pas. C'est aussi la capacité à surmonter les conflits et à accepter la frustration. Selon le docteur Lasnier, « les adolescents sont incapables de vivre une frustration. Il faut que la satisfaction soit immédiate. Un adulte qui a un projet peut accepter des sacrifices, des contraintes pour le réaliser. » »

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    *Le Polyamour : Nouveau romantisme ou échangisme branché (suite)
    Choisir de ne pas faire de choix *

    Martine Teillac, psychanalyste, souligne qu'avoir besoin de plusieurs amours indique un manque de maturité affective et de confiance en soi. C'est éviter de faire un choix, éviter la rupture et l'abandon. Mais cela peut aussi représenter un désir de toute-puissance. La démarche adulte, c'est concevoir que personne ne peut satisfaire tous les besoins de l'autre au sein du couple. Le couple ne doit plus être idéalisé comme un lieu de bonheur absolu. Léa admet que le polyamour est le meilleur moyen de ne pas s'engager. « Ne pas choisir, c'est ne pas prendre de risque. Chaque homme m'apportait quelque chose de différent. Finalement, j'ai pris dans chacun d'eux ce que j'avais envie de prendre. Inconsciemment, je les ai manipulés, car je faisais en sorte d'être l'élue de chacun. Je savais que Michel voulait construire sa vie avec moi, je l'imaginais père de mes enfants. Thibault entretenait des relations avec d'autres femmes. Là encore, je savais qu'il m'aimait plus qu'elles. Pendant deux ans, j'étais une reine pour ces trois hommes. C'est extrêmement jouissif pour l'ego. C'est terriblement narcissique. »

    Etre libre, c'est avoir la capacité de faire un choix pour construire un projet. Refuser de choisir entre plusieurs amours, c'est refuser de se responsabiliser et nier l'imperfection de la nature humaine. Lionel, 40 ans, a toujours enchaîné et multiplié les conquêtes amoureuses. Pour lui, le polyamour est le remède à la routine. « J'avais vraiment l'impression d'être en avance sur mon époque, jusqu'au jour où je me suis aperçu que ce mode de vie cachait un profond malaise. J'aimais deux femmes depuis quatre ans. Elles se connaissaient et avaient aussi d'autres aventures. Tout semblait équilibré. Du moins en apparence. Elsa était en fait malheureuse, elle souffrait de ce non-choix. Elle voulait avoir des enfants. Elle me quitta. Ce fut un choc pour moi. C'était la première fois que j'avais l'impression de ne pas maîtriser ma vie. Cette rupture m'a permis de comprendre qu'en ne choisissant pas j'avais peur d'aimer. J'ai fait, depuis, le ménage dans ma vie. »

    Pour ou contre le polyamour ?

    Le débat n'est pas de porter un jugement moral sur ce qui relève de la liberté de chacun. On peut considérer simplement le polyamour comme une façon non traditionnelle de vivre ses sentiments. Il est également une occasion de remettre en question le modèle dominant du couple monogame qui au vu des statistiques sur le divorce et l'adultère, bat de l'aile. C'est aussi peut-être un nouveau code amoureux à découvrir mieux adapté à notre époque où beaucoup de personnes souffrent de la solitude. Quoi qu'il en soit, l'amour a toujours le dernier mot... Comme le souligne Françoise : « C'est difficile d'admettre que l'on est pas l'unique. Mais aimer, c'est admettre que l'autre ne nous appartient pas. »

    Désir, plaisir et amour

    L'activité sexuelle d'un couple est d'en moyenne :
    • les deux premières années, de treize rapports par mois ;
    • au bout de cinq ans, de neuf rapports par mois.

    Pour 86 % des Français, la sexualité est indispensable pour la réussite du couple.
    4 % des hommes et 1 % des femmes pratiquent l'échange de partenaires entre couple.
    80 % des hommes et 87 % des femmes déclarent avoir besoin d'éprouver un sentiment amoureux pour avoir une relation sexuelle.
    41 % des Français estiment que l'on peut être amoureux de deux personnes à la fois. Source BVA/Francoscopie

    Le Polyamour : Nouveau romantisme ou échangisme branché (suite)
    Serge Chaumier , sociologue et auteur de la Déliaison amoureuse, éditions Armand Colin.
    Intérrogé par Diane Valembois


    Le polyamour est-il un nouveau phénomène ?

    Non, on en trouve des traces depuis longtemps, notamment avec Fourier et les sociétés utopistes du XIXe siècle, les mouvements communautaires ou les mouvements intellectuels des années 1920 et 1930. Le couple Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir est un bon exemple de couple polyamoureux. Leur couple n'était pas fusionnel, ils avaient chacun leur appartement, chacun leur vie sexuelle. Ce qui est nouveau, c'est que ce phénomène se démocratise. Le sida a mis un frein à ce qui se développait depuis une trentaine d'années. On est passé du mariage de convenance de la fin XIXe-début XXe au mariage d'amour des années 1950. Ce modèle traditionnel, dit « fusionnel », a des difficultés à perdurer car tout éloignement est synonyme de désamour. Avec le mouvement d'émancipation des femmes, le modèle romantique explose. Le couple connaît une crise de conjugalité. Apparaît alors l'amour fissionnel où l'autonomie de chacun est le garant de l'équilibre du couple. On est passé d'un modèle unique à une pluralité de modèles.

    En quoi le polyamour est-il différent de la liberté sexuelle des années 1970 ?
    Le contexte historique permet de comprendre ces différences. Dans les années 1970, il y avait une volonté radicale de rompre le modèle familial des années 1950. La rupture était trop brutale. Aujourd'hui, nous avons plus de recul, de maturité affective. L'évolution s'est faite en douceur. L'intégration de la contre-culture des années 70 permet de vivre le polyamour de façon plus équilibrée et sereine. Aussi, dans ces années-là, l'égalité entre les hommes et les femmes n'était pas encore acceptée. Aujourd'hui, on reconnaît pouvoir vivre sans l'autre. Les couples ont des moments d'autonomie, d'indépendance et admettent plus facilement une ouverture à l'altérité du tiers. Dans ce modèle fissionnel, l'autonomie peut s'exercer de différentes manières. Certains passent un week-end sans l'autre, d'autres vivent un amour parallèle. Tout est question de degrés.

    Peut-on dire alors que le polyamour est le couple du futur ?
    Le mouvement général semble se dessiner vers un couple fissionnel. À l'intérieur de ce modèle, il y a des degrés d'acceptation différents. Le polyamour est le stade ultime de l'autonomie de chacun. Les professions intellectuelles et artistiques affirment plus facilement un projet de vie autonome. On ne peut pourtant pas restreindre le polyamour aux classes privilégiées. Il concerne toutes les couches sociales mais de façon encore minoritaire.

    Selon vous, le couple est-il naturel ?

    Non, je ne le crois pas. Dans de multiples sociétés, la vision du couple est différente. Tellement différente que l'on ne peut pas parler de couple selon nos critères. Dans toutes les sociétés, il y a des rencontres entre hommes et femmes. Dans certaines sociétés, la polyandrie est le modèle dominant. En Chine, les femmes Na vivent avec plusieurs hommes. Dans certaines sociétés du Moyen-Orient, pourtant imprégnées par l'islam, le couple fixait une durée temporaire de mariage, par exemple de trois ans, trois mois ou trois semaines. La notion de couple est donc relative. C'est une notion modulée socialement et culturellement.

    Pourquoi les hommes et les femmes aspirent-ils à vivre à deux ?

    Dans nos sociétés, ceux qui sont seuls rêvent d'une vie à deux et ceux qui sont en couple rêvent bien souvent d'aventures... bref, chacun est insatisfait de sa condition ! En fait, nous sommes socialisés depuis l'enfance, nos rêves, nos désirs, nos fantasmes sont orientés vers le couple. « Pourquoi représente-t-on l'amour aux enfants dans les livres de jeunesse entre un petit garçon et une petite fille ? se demandait déjà le philosophe René Scherer il y a vingt ans, pourquoi pas en groupe, alors que les enfants vivent plutôt en bande ? » Pourquoi fait-on rêver les petites filles sur le prince charmant, les nourrissons et les poussettes ? Regardez un catalogue de jouets de Noël, c'est instructif ! Après, on comprend mieux pourquoi on éprouve le désir d'être en couple, quand tout discours asséné depuis l'enfance tend à présenter le modèle traditionnel comme le modèle normal. Il faut beaucoup de volonté pour prétendre vivre autre chose, inventer d'autres possibles.

    L'infidélité
    Il y a une augmentation du nombre des personnes vivant une double, voire une triple vie sentimentale. Ceci concerne surtout des hommes âgés de 40 à 55 ans. L'allongement de la durée de vie, le besoin de changement et la volonté de concilier la stabilité du mariage avec le piment de la vie extra-conjugale sont des explications à ces comportements.
    • 93 % des Français estiment qu'il est indispensable d'être fidèle pour réussir sa relation sentimentale.
    • 14 % des femmes de 25 à 49 ans déclarent avoir été infidèles (7 % une seule fois).
    • 20 % des femmes ont été tentées par une relation extra-conjugale. Source Francoscopie
    Epicure prodiguait ce conseil : « A propos de chaque désir, il faut se poser cette question : quel avantage résultera-t-il pour moi si je le satisfais et qu'arrivera-t-il si je ne le satisfais pas ? »

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    À lire
    • Paule Salomon, Bienheureuse infidélité, éd Albin Michel, 2003
    • Françoise Simpère, les Latitudes amoureuses, éd Blanche, 2003
    • Françoise Simpère, Il n'est jamais trop tard pour aimer plusieurs hommes, éd de la Martinière, 2002
    • Philippe Brenot, Inventer le couple, éd Odile Jacob, 2001
    • Michel Onfray, Théorie du corps amoureux, Le Livre de Poche, 2000
    • Serge Chaumier, La Déliaison amoureuse, éd Armand Colin ,1999
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    Sites :
    http://www.polyamour.net <HTTP: www.polyamour.net>

    http://www.polyamorysociety.org <HTTP: www.polyamorysociety.org>

    http://www.lovemore.com <HTTP: www.lovemore.com>

    Origine : http://www.femme.lycos.fr/couple/polyamour

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    Sexe librement consenti mais sans norme:<?xml:namespace prefix = o /><o:p> </o:p>Un texte de Monique AYOUN

    Qu'est-ce qu'une sexualité épanouie ?

    Les sexologues sont d'accord : il n'y a pas de norme. « Une sexualité réussie ne se mesure pas au nombre d'orgasmes » assure Xavier Boquet. Philippe Brenot renchérit : « Cela varie selon les individus. Certains s'épanouissent dans le couple monogame, d'autres dans des relations multiples. L'important réside dans la liberté d'exprimer ses désirs ou ses fantasmes sans qu'il soit forcément nécessaire de les réaliser. La non-contrainte de l'autre est essentielle à l'épanouissement sexuel. En clair, c'est très bien si tout est permis, mais à condition que les deux partenaires en aient autant envie » Selon Robert et Claire Gellman, une sexualité épanouie « est tout simplement une sexualité qui ne génère pas de frustration. Ce qui suppose de pouvoir établir avec le partenaire une bonne communication où chacun peut tenir compte des désirs et limites de l'autre en respectant ses propres désirs et limites. Cela suppose également de pouvoir se départir des a priori normatifs, et de s'intéresser plus à la qualité de la relation amoureuse qu'à la compétitivité, la réussite ou l'échec. »

    Autres références:

    - Aimer d'amitié. L'amour véritable commence avec l'amitié de Jacqueline KELEN - Robert LAFONT

    - "Libres extraits de "Qui est l'autre ?" (de Robert MISRAHI) par Christian Delarue*
    http://rennes-info.org/Libres-extraits-de-Qui-est-l-autre

    - La "mère" et la "putain"
    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=29304


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  • MISERE DE L'APOLOGIE DE L'ARTISANAT



    Les indépendants forment un groupe social restreint mais très hétérogène (1) hors des classes fondamentales du capitalisme. On pourrait souligner aussi la diversité du salariat mais le point commun reste que les travailleurs salariés sont tous exploités à l'exception d'une minorité de "faux salariés". Les ouvriers, techniciens, employés du privé ou du public sont exploités en intensité de travail ou en durée du travail ou en moindre rémunération par le patronat. C'est une nécessité pour le capital d'exploiter la force de travail afin de faire du profit, la plus-value est
    extraite sur leur dos à cette fin. C'est la base de l'injustice du fonctionnement capitaliste.

    Ajoutons maintenant, qu'on ne trouve pas cela de façon structurelle chez les indépendants. Bien sûr il y a les "faux indépendants" soumis via le droit commercial et les contraintes économiques marchandes à des donneurs d'ordre puissants. Bien sûr il y a des indépendants pauvres tout comme on trouve une petite bourgeoisie libérale riche et surtout soucieuse de payer moins d'impôt afin de s'enrichir toujours plus.

    Ainsi comme Tom Thomas (2) je pense qu'on ne saurait faire l'apologie de l'artisanat sans évoquer ces divers problèmes. Mais contre Tom Thomas je soulignerais volontiers qu'il y a plus d'activités parasitaires chez les
    indépendants que dans la fonction publique.


    I - QUID DE L'AUTOPRODUCTION?


    A - Les avantages mis en avant de l'auto-production.


    Pour Guy Aznar (3) malgré « l'invention du travail » (4), « ce qu'il faut retenir de l'autoproduction .../... c'est ce qu'on appelle l'économie d'usage où la richesse est produite sans transiter par l'argent ». Autre avantage de l'autoproduction est la qualité des biens produits, pas forcément beaux mais durables alors que les biens industriels sont à durée réduite et à obsolescence rapide.

    L'idée avancée par d'autres encore est qu'il vaut mieux des individus qui fassent leur pain, tissent leurs vêtements, réparent leurs voitures, cultivent leurs légumes que de multiplier les travailleurs exploités et aliénés dans les boulangeries industrielles, les usines textiles, les garages et fermes. A la place, on a des individus heureux de "faire eux-mêmes". Il paraîtrait qu'ainsi on gagne de l'argent et du temps et du bonheur.

    B - La critique de l'autoproduction.


    - La critique soft:
    Malgré ses intérêts il faut remarquer que dans le mode de production actuel la place de l'autoproduction est réduite. Le vœux du « partage du travail » avec la généralisation des mi-temps n'a pas suffit à la montée de l'autoproduction ni de l'artisanat. Ce sont les salariés pauvres qui sont apparus. Par ailleurs la valorisation d'une économie sans monnaie aboutie à passer sous silence la distinction capitale entre économie marchande (de valeur d'échange) et économie non marchande (de valeur d'usage comme celle des services publics) car ces deux types de productions ont l'inconvénient d'utiliser la monnaie comme mesure. La petite autoproduction passe en principe par le troc mais avec l'autoproduction plus massive et l'artisanat professionnel c'est bien d'économie marchande qu'il s'agit.

    - La critique hard ou l'escroquerie de l'artisanat libre.
    *Pour Tom Thomas (p135) "l'escroquerie est un peu grosse. L'artisanat est tout le contraire. Certes "faire soi-même" correspond à l'aspiration de s'impliquer, de créer soi-même, de se satisfaire dans un travail. Mais cette façon de refuser le travail parcellisé, aliéné, où le producteur est dépossédé de toute maîtrise sur ce qu'il fabrique, n'est pas une solution au problème posé! Revenir vers l'autarcie, ce serait revenir à un mode de production arriéré, ou l'homme doit passer ses journées à produire tout juste de quoi vivre. Il ne développe pas ses capacités intellectuelles, scientifiques, artistiques, mais il est voué à une production de type primitif, à une activité étroite, d'avoir à passer tout son temps à produire juste de quoi vivre. Il est limité à un petit monde individuel, replié sur lui-même, au lieu d'organiser l'avancée de la civilisation, de la libération de l'humanité".


    II - OUVERTURES CRITIQUES


    - Rien n'échappe au marché sous le capitalisme.

    Les indépendants ne sont pas inscrit dans le rapport social capital/travail mais ils ne sont pas pour autant hors du capitalisme. S'ils ne subissent pas la loi du capital industriel ils subissent celle du capital marchand et du capital financier. Les échoppes artisanales meurent face à l'extension des grandes surfaces car soit ces ventes-là coûtent plus chères (prix élevés) que celles des grandes surfaces, soit elles se transforment en petites structures capitalistes et les nouveaux patrons exploitent alors des ouvriers et employés pour survivre et parfois selon des conditions pires que dans les firmes ayant des syndicats.

    - Que veux-t-on ? La fin du travail ou l'abolition du salariat ?

    Je renvoie ici à ce texte de 1996 de Michel HUSSON « La fin du travail ou l'abolition du salariat ».(6)
    Il faut lutter dans et hors les lieux de production privée ou publique contre le capitalisme en libérant le travail salarié de l'exploitation . Le moyen le plus connu est d'engager en Europe et dans les pays riches une réduction drastique du temps de travail sans perte de salaire ni augmentation de l'intensité du travail salarié. Les politiques social-démocraties se sont arrêtées à mi-chemin avec la RTT Aubry. Il faut reprendre la revendication d'une loi cadre privé public pour aller vers les 30 heures. Les heures libres dégagées seront offertes aux privés d'emploi.


    Christian DELARUE - ATTAC

    1) cf sur Bellaciao « Les indépendants » http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=46244

    2) Crise, technique et temps de travail 1988 imprimé par l'auteur

    3) Le capitalisme a véritablement « inventé le travail » au sens du travail salarié. Guy AZNAR le reconnaît à sa façon car il écrit et à propos d'autoproduction dans « Travailler moins pour travailler tous » (Syros 1993 en page 246) : « Le principe de l'autoproduction est simple : il consiste à assurer soi-même la production de ses propres besoins. Si je vais au bureau à pied au lieu de prendre le bus, si je me rase au lieu d'aller chez le barbier, si je garde ma fille à mi-temps au lieu de la conduire à la crèche, je fais de l'autoproduction. C'est un principe vieux comme le monde qui fonctionne encore dans la plupart des pays non industrialisés où les cultures vivrières et l'économie villageoise autoproduisent une grande partie des biens vitaux. Dans nos pays industrialisés, il n'y a pas si longtemps que nous avons quitté l'autoproduction. Dans les fermes de nos arrière-grands-parents, on autoproduisait une bonne part de l'alimentation, de l'énergie, de la santé, des soins aux personnes âgées, etc. »


    4) «L'invention du travail par » Michel Freyssenet
    <HTTP: auteur379.html="" multitudes.samizdat.net=""></HTTP:>
    http://multitudes.samizdat.net/L-invention-du-travail.html

    5) Michel HUSSON « La fin du travail ou l'abolition du salariat »
    http://hussonet.free.fr/travail.pdf

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  • *lundi 23 avril 2007 (22h29) : *
    *CONTRE LES GÄCHIS INDUSTRIELS DU CAPITAL*
    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=46949

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  • Commentaire perso à l'analyse d'Alain KRIVINE postée sur Bellaciao
    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=47233


    Nombreux sont celles et ceux qui dans ATTAC ont suivi de près ou de loin l'aventure des comités antilibéraux. Ce la n'étonne pas dans la mesure ou Attac lutte contre le libéralisme non seulement dans sa version « dure » ultralibérale comme dans sa version « soft » socialibérale ou social-démocrate (j'élude ici la distinction). Cela n'étonne pas non plus du fait de la dynamique initiale qui était particulièrement enthousiasmante (1).

    Mais la division est apparue. Il a fallu choisir entre plusieurs prétendants antilibéraux ou bien voter « utile » pour certains déçus de l'unité brisée. Si l'on veut bien oublier Clémentine AUTAIN, Yves SALESSE dépourvu d'appareils de soutien, c'est est à une sévère bataille de légitimité qu'il a fallu assister entre les « trois B » (MGB, OB, JB). La désespérance est survenue. Mais ce n'est pas une fatalité. Il y a toujours une attente.

    Contre l'ultralibéralisme musclé de « Sarkopen » il falloir l'unité. C'est possible. D'autant qu'il n'est nullement besoin de faire l'apologie du socialibéralisme de Ségolène. ATTAC (comme d'autres) continuera de critiquer l'inconséquence d'un « capitalisme à visage humain » qui développe le chômage, la précarité, l'inégalité des richesses etc..

    Il faudra aussi des candidatures unitaires aux législatives, avec des candidats issus du PC, de la LCR, des Verts « à gauche » et des militant(e)s issu(e)s du mouvement social. A ce propos, ce qui est annoncé par la LCR au titre des candidatures unitaires est trop résiduel pour être sérieux. Contre le sectarisme, soutenons ici Christian PIQUET et les « unitaires LCR » comme tous les autres unitaires. Quand au PCF, s'il y en a qui ont du mal a quitter la proximité du PS à cause des sièges et bien qu'ils changent de parti !

    Christian DELARUE militant altermondialiste

    jeudi 19 octobre 2006 (18h28) : Meeting "UNITAIRE 2007" : envie de politique ! http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=35658

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  • ALTER-DEMOCRATIE ET ALTER-ECONOMIE
    http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=47228

    Cette contribution au Manifeste d'ATTAC vise à insérer le souci de généralisation des mécanismes démocratiques dans une compréhension des différents niveaux de vie démocratique. Il s'agit d'un essai sur des repères qui sont autant de points de ruptures pour une vie démocratique supérieure.


    I - LES SYSTEMES DEMOCRATIQUES RESTREINTS


    A) Les deux niveaux de démocratie restreinte.


    Il y a deux niveaux de démocratie restreinte : une vraiement très rabougrie, une autre moins restreinte mais toujours très limitée .

    - La démocratie très rabougrie se nomme "démocratie représentative" telle que mis en place dans la plupart des régimes dit démocratiques .

    - La démocratie restreinte s'apparente elle à la démocratie représentative avec une "alterdémocratie" complémentaire, sorte de béquille de la démocratie représentative. L'ensemble forme encore une démocratie restreinte.

    B) Les deux conceptions de l'alterdémocratie.

    1 - La première conception : l'alterdémocratie de complément .
    Quelle est cette démocratie complémentaire ou différente de la démocratie de base ? Voici ce que dit La Revue du MAUSS (1) de l'alterdémocratie de complément: "Le précédent numéro de /La Revue du MAUSS dressait le constat de l'existence d'un malaise, à tout le moins, dans la démocratie. Le doute sur ses potentialités et sur sa réalité s'étend chaque jour un peu plus. Mais jusqu'où convient-il de désespérer ? La seule chose sûre est que, dans leur état actuel, les mécanismes de la démocratie représentative ne peuvent plus se suffire à eux-mêmes et qu'il faut revigorer l'esprit même de la démocratie. Ce sont les modalités, les potentialités et les limites de ces alternatives à la démocratie représentative – démocratie participative, associationniste ou directe, forums plus ou moins hybrides, organisations ou coopérations en réseau, etc. –, bref, de tout ce qui relève de l'alterdémocratie, que le présent numéro se propose d'examiner et d'évaluer, avec une réouverture symétrique du débat sur l'alteréconomie.

    2 - La seconde conception : l'alterdémocratie globale et alternative .

    Ici l'alterdémocratie est conçue comme un ensemble totalement différent des systèmes démocratiques existants qui sont à "démocratie restreinte". L'alterdémocratie est une visée et non pas simplement la béquille de la démocratie représentative. La conception réellement alter de la démocratie ne saurait s'accomoderde l'alterdémocratie complément d'âme de la démocratie représentative existante.


    II - RUPTURE FRANCHE : L'ALTERDEMOCRATIE POUR UN ALTERDEVELOPPEMENT.


    L'alterdémocratie systèmique fonctionne sur un champ élargi et embrasse le champ économique et donc provoque la décision citoyenne au-delà ce que l'on nomme ordinairement le champ politique. Elle relève de l'altermondialisme (un autre monde) et non de l'altermondialisation (les processus vers un monde meilleur).

    - L'alterdémocratie suppose une économie généralisée de la valeur d'usage .

    Une telle alteréconomie implique donc l'appropriation publique, la généralisation des services public et la réduction de la sphère marchande, autrement dit de l'économie de la valeur d'échange, laquelle économie masque une économie de profit du capital alors qu'il s'agit de favoriser une économie de satisfaction des besoins. L'alterdémocratie n'est donc pas seulement afférente à l'économie sociale et solidaire, complément d'âme de l'économie capitaliste (3).

    - L'alterdémocratie suppose la mise en place d'une planification démocratique de la production .

    Il s'agit de réaliser un réel "développement durable" qui combine une autre production et une autre consommation. L'alterdéveloppement nomme un développement équilibré au plan écologique, territorial et un développement socialement postcapitaliste - écosocialiste - donc réduisant fortement les mécanismes liés à l'exploitation de la force de travail ainsi que toutes les autres formes de domination et d'oppression que le capitalisme a "trouvé" en chemin et a maintenu voire amplifié.

    Christian DELARUE Com. nat démocratie ATTAC France


    Note:
    (1): _http://www.yodawork.com/websp/SW2_consult_ref?F_refid=26471&F_ent_diff_id=1_ <http: www.yodawork.com="" websp="" sw2_consult_ref?f_refid="26471&F_ent_diff_id=1"></http:>

    (2 ) [ATTAC 35] Introduction : aller vers une autre démocratie, citoyenne et populaire
    http://www.local.attac.org/35/Introduction-ALLER-VERS-UNE-AUTRE
    [ATTAC 35] Alterdémocratie
    http://www.local.attac.org/35/-Alterdemocratie-


    (3) L'altermondialisme n'est pas soluble dans le néosolidarisme - Par Christian Delarue
    http://www.pag69.org/article.php3?id_article=352

    Complément : mercredi 21 février 2007 (13h01) : ALTERCAPITALISME et/ou POSTCAPITALISME http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=43293

    (4) Sur l écosocialisme lire Mickaël LOWY Essai personnel sur Bellaciao : Un postcapitalisme écosocialiste mardi 14 novembre 2006 (08h04) : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=36838


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